Structure des réseaus de transport et déréglementation
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Structure des réseaus de transport et déréglementation
Flux n° 62 Octobre - Décembre 2005 pp. 21-30 Structure des réseaux de transport et déréglementation Pierre Zembri L e terme de déréglementation (traduction de l’anglais « deregulation ») est apparu dans la décennie 1980 en Europe. Dans l’esprit de nos concitoyens, il a été largement associé aux réformes d’inspiration ultra-libérales menées aux États-Unis par l’administration Reagan et au Royaume-Uni par les gouvernements Thatcher puis Major. Cette identification est quelque peu abusive dans la mesure où ces réformes particulièrement brutales ne constituent pas le seul moyen de remettre en cause des monopoles ou des positions dominantes jugés abusifs. En pratique, même si les principes sont communs, les évolutions regroupées sous ce vocable se traduisent dans les faits par différents degrés de remise en cause. Il faut avant tout interpréter ce terme comme toute action de modification du cadre réglementaire de la gestion et du développement des réseaux. Il ne s’agit pas d’un abandon pur et simple de ce cadre réglementaire : aucun système ne vit sans règle… Le sens général des réformes observées est celui du passage d’un rôle de gestionnaire à celui de régulateur et/ou d’instance d’arbitrage pour les collectivités publiques. Du point de vue du législateur, la grande variété de réformes dont nous tenterons de rendre compte sous forme typologique dans un premier temps, vise à rationaliser la gestion des services (qu’ils soient organisés en réseaux ou non) et à la rendre in fine moins dépendante de financements publics, tout en facilitant l’accès des utilisateurs à des prestations mieux adaptées à leurs demandes. On cherche donc autant que possible à supprimer toute rigidité (souvent synonyme de gestion publique) en rapprochant le niveau de décision du terrain et en faisant appel le cas échéant à des entrepreneurs privés, considérés a priori comme plus réactifs et plus soucieux que la puissance publique de l’efficacité de leurs investissements. Nous nous intéresserons plus particulièrement aux réseaux de transport. La structure des réseaux, au sens d’ordonnancement de l’offre dans l’espace et dans le temps, bien que non visée spécifiquement par les réformes, est révélatrice des formes d’adaptation des gestionnaires aux nouvelles règles. Elle révèle également des difficultés non envisagées, qu’elles soient d’ordre technique ou organisationnel. Nous en envisagerons quelques-unes dans les domaines ferroviaire et aérien. Un survol de la littérature spécialisée (1) montre que l’analyse des effets de la déréglementation semble être du ressort quasi-exclusif d’économistes et de quelques géographes anglosaxons dont les approches sont souvent proches de celles des premiers cités. Elle est généralement fort peu territorialisée, le réseau semblant être déconnecté de son environnement géographique. Ce type d’approche doit être complété par des travaux davantage axés sur les conséquences spatiales de la déréglementation, ce d’autant plus qu’un certain nombre de réformes ont eu pour effet de redécouper les réseaux selon une base géographique (le territoire peut alors devenir une contrainte) et que les choix opérés par les exploitants (qu’ils soient « historiques » ou nouveaux entrants) ont loin d’avoir été neutres pour les territoires desservis. A FAIT LE CHOIX D’UNE DÉRÉGLEMENTATION NE REMETTANT PAS EN CAUSE LA POSITION DES EXPLOITANTS « HISTORIQUES » L’EUROPE Nous utiliserons la terminologie établie par Nicolas Curien dans sa théorie dite des trois couches (résumée dans l’encadré page suivante). Trois types principaux de réforme ont pu être observés dans le domaine des transports depuis les années 1970 : Dossier 21 Flux n° 62 Octobre - Décembre 2005 La théorie des trois couches (Nicolas Curien, 1992 et 1993) Trois éléments constitutifs de tout type de réseau technique sont identifiables : 1/ Le réseau-support : C’est le support physique des transactions permises par le réseau : rails, chaussée, etc. ; 2/ Le(s) réseau(x)-service(s) : C’est l’ensemble des services offerts par un réseau donné. Une infrastructure peut permettre l’acheminement de services différents, offerts par des opérateurs différents. 3/ Le réseau de commande : Il s’agit d’un réseau téléinformatique visant à optimiser l’utilisation de l’infrastructure. Il recueille, traite et transmet l’ensemble des données nécessaires à la gestion du réseau-support. On peut citer dans cette catégorie le suivi des circulations, la régulation, les systèmes de réservation, etc. Ce sont des services intermédiaires au sens économique du terme, c’est-à-dire auto consommés par le réseau afin d’assurer son propre fonctionnement. - la désintégration (au sens littéral du terme) des opérateurs jusque-là en position de monopole : il s’agit de faire correspondre l’organisation des opérateurs de réseau avec le découpage fonctionnel souhaité, en découplant par exemple la gestion du réseau-support de celle des réseaux-services. C’est le principe sur lequel s’appuie la déréglementation des chemins de fer en Europe, initiée par la directive n° 91/440 de 1991 : doivent désormais être dissociés un exploitant de services (appelé à être concurrencé par de nouveaux entrants ou des compagnies tierces) et un gestionnaire d’infrastructure. Ce dernier doit attribuer des sillons sans favoritisme, tout en percevant un droit de péage. En France, ces deux rôles sont respectivement dévolus à la SNCF et au Réseau ferré de France (RFF), créé en 1997 ; en Suède. Le second cas de figure se rencontre couramment dans l’aérien, avec des fortunes diverses pour les nouveaux entrants, trop souvent pénalisés par le maintien des compagnies en place dans leurs droits de trafics antérieurs. - la privatisation, avec ou sans démembrement du réseau : on change le statut de l’opérateur en place. La compagnie nationale, bénéficiant jusque-là du monopole naturel, est mise en vente soit en entier, soit après découpage en un nombre variable d’entités. C’est arrivé aussi bien dans l’aérien que dans le maritime et le ferroviaire, voire même pour le transport routier de voyageurs ou de marchandises. La privatisation ne signifie pas nécessairement un désengagement brutal de l’État, ce dernier reprenant fréquemment les dettes des opérateurs et maintenant des concours financiers pour l’équilibrage des comptes d’exploitation ; La voie privilégiée en Europe pour la déréglementation des transports a été une combinaison de la première et de la troisième citées ci-dessus, à savoir la désintégration et l’ouverture du marché. Le choix a été fait d’un maintien en place des exploitants « historiques » et de leurs droits d’accès au réseausupport, les nouveaux entrants devant s’accommoder des capacités résiduelles de ce dernier que les États n’ont pas forcément cherché à développer. On peut donc se demander comment une concurrence a pu se mettre en place et se maintenir dans des conditions d’accès aussi peu favorables. - l’ouverture du marché à la concurrence sans remise en cause formelle des opérateurs en place : cela passe par exemple par la mise en appel d’offres de lignes ou de sousréseaux jusque-là gérés par une compagnie en situation de monopole ou par l’introduction de nouveaux entrants sur un marché sans remise en cause des droits de desserte des opérateurs « historiques ». Le premier cas de figure concerne par exemple les transports ferroviaires régionaux en Allemagne ou 22 Dossier Certaines opérations combinent plusieurs types de réforme. Ainsi, dans le cas des chemins de fer du Royaume-Uni, on a assisté en même temps à une privatisation avec démembrement (2), à une désintégration et à une mise en concurrence par appel d’offres des repreneurs avec des franchises à durée limitée (à 7 ou 14 ans au départ). On a même été jusqu’à privatiser – cas unique – le gestionnaire de l’infrastructure avant de revenir en arrière en 2002, suite à de nombreux problèmes de sécurité sur le réseau. La fin d’un système à opérateur unique soumis à une très forte réglementation oblige les États à mettre en place de nouveaux garde-fous afin de préserver un traitement égal des différents intervenants et le respect des obligations énoncées par les cahiers des charges. Ainsi, en cas de désintégration et de mise en concurrence des services, on crée le plus souvent une instance de régulation chargée de veiller au traitement équitable de l’ensemble des exploitants par le gestionnaire de l’infrastructure (dans l’attribution des sillons ferroviaires par exemple) Zembri - Réseaux de transport et déréglementation mais aussi au respect par l’ensemble des exploitants de leur cahier des charges et de leurs obligations de service public. C’est le rôle du « Rail regulator » en Grande-Bretagne par exemple. Ce type d’organisation n’est pas propre aux transports. On le retrouve également dans le domaine de la distribution d’électricité, d’eau ou de gaz, des télécommunications, etc. (3) DES LIMITES TECHNIQUES PEUVENT-ELLES CONTRARIER LES EFFETS D’UNE POLITIQUE DE DÉRÉGLEMENTATION ? Elles sont de plusieurs ordres : limites de capacité des réseauxsupports, risques liés à la désintégration des réseaux, risques de remise en cause de dessertes jugées non rentables ou de dépéréquation tarifaire, etc. - La capacité des réseaux-supports peut limiter les effets d’une politique d’ouverture aux tiers : Les réseaux sont riches en goulets d’étranglement qui déterminent de fait la capacité de l’ensemble d’un axe. C’est le cas des nœuds ferroviaires majeurs et des aéroports les plus importants. C’est dans le domaine du transport aérien que les limites ont été le plus rapidement atteintes, du fait des stratégies suivies. Les aéroports des grandes métropoles, recherchés par une partie des nouveaux entrants, ont rapidement atteint leur plafond de capacité. Cette limite est d’autant plus facilement atteinte que la demande des transporteurs porte toujours sur les mêmes périodes de pointe. S’y ajoute la quasi-impossibilité de reprendre des créneaux horaires aux compagnies en place contre leur volonté (« droit du grand-père ») et la difficulté d’agrandir les aéroports compte tenu de la résistance des populations riveraines et de la montée de la sensibilité environnementale. Toute opération d’extension des infrastructures aéroportuaires prend de toute façon un minimum de temps voisin de cinq années, et qui peut largement dépasser la décennie dans de nombreux cas de figure. Dans ce contexte de pénurie, les nouveaux entrants ont pu préférer une implantation dans des aéroports secondaires jusque-là voués à l’aviation générale et aux charters (Londres-Luton, Beauvais, Francfort – Hahn, Charleroi, Bergame, etc.) ou dans des aéroports en position « barycentrale » par rapport au territoire desservi, bénéficiant d’un espace aérien dégagé : Clermont-Ferrand en France, Memphis (Tenessee) ou Louisville (Kentucky) aux États-Unis. Ceux qui ont préféré rester dans les grands aéroports n’ont pas bénéficié d’un nombre suffisant de créneaux (ou slots) pour s’imposer, tandis que les compagnies en place pouvaient jouer la carte de la fréquence en opérant des réaffectations de créneaux en interne. Ainsi, Air France a pu réagir efficacement en 1996, pour contrer une concurrence de plus en plus agressive, en fermant 18 liaisons au départ de Paris et en réaffectant les créneaux ainsi récupérés sur les lignes intérieures les plus importantes qui bénéficient désormais d’une navette cadencée à l’heure ou à la demi-heure. Dans le domaine du transport ferroviaire, ce sont les nœuds principaux, quelques corridors saturés et certains points-frontières qui constituent des obstacles à l’ouverture des réseaux à la concurrence. Seule leur (coûteuse) résorption permettra de créer des capacités résiduelles d’importance suffisante pour susciter une compétition conforme aux espérances des décideurs politiques. On peut d’ailleurs considérer que le rôle de l’Étataménageur sera désormais de créer ces capacités supplémentaires. - La désintégration des monopoles « naturels » peut créer des difficultés de fonctionnement : c’est un risque que soulevaient dès le début des années 1990 les compagnies ferroviaires européennes, généralement hostiles à la dissociation entre gestionnaires d’infrastructures et exploitants. Le bon fonctionnement d’un réseau repose en effet sur l’adéquation la plus grande entre l’infrastructure et les mobiles qui la parcourent. Si l’on souhaite accélérer les trains sur un parcours donné, on peut jouer sur l’infrastructure (tracé, qualité de la voie, système d’espacement des trains) mais aussi sur le matériel roulant ou sur les deux en même temps. Le choix de la combinaison à retenir repose sur un calcul économique global. En cas de remise en cause de l’intégration, on s’expose à ce qu’il y ait des divergences de vue entre gestionnaire du réseausupport et exploitants des services. Le premier a une vision globale du réseau, il raisonne à long terme et développe de fait ses propres critères de choix d’investissement. Les seconds visent à augmenter les performances sur le court terme pour faire des gains de productivité et pour fiabiliser leur exploitation. Ils raisonnent à l’échelle de leur réseau-services. Dans le cas –extrême, rappelons-le- du chemin de fer au Royaume-Uni, des conflits ont pu éclater entre les Train Operating Companies (TOCs) et le gestionnaire des infrastructures, à propos de retards d’investissement pénalisants (4). Le choix japonais de nondésintégration visait à éviter ce type de discordance. On constate enfin qu’en Allemagne éclosent de nouvelles formes de par- Dossier 23 Flux n° 62 Octobre - Décembre 2005 tenariat régionalisées entre gestionnaire d’infrastructures et exploitants (5) afin de coordonner les investissements dans le temps et dans l’espace. - Les risques liés à la dépéréquation : l’existence d’un opérateur national en situation de monopole et soumis à des obligations de service public permettait de tolérer des déficits d’exploitation sur une partie du réseau au nom du lien social ou de l’aménagement du territoire, en contrepartie d’excédents substantiels sur le reste des lignes desservies. Cette combinaison avait l’avantage de limiter la charge financière du soutien aux liaisons déficitaires par la puissance publique (6). Dans la mesure où l’objectif politique devient la facilitation de l’accès des tiers au réseau et la mise en concurrence de l’exploitant en place, ce dernier ne peut plus se permettre d’opérer la péréquation de fait entre liaisons rentables et déficitaires, sous peine d’être pénalisé dans la compétition qui s’annonce. Un contrat de service public s’avère donc nécessaire entre la collectivité et l’opérateur retenu pour assurer le financement d’un service déficitaire. C’est la philosophie de la réforme des chemins de fer dans l’Union Européenne. Même si un appel d’offres peut être réalisé avec sélection du prestataire demandant la moindre subvention d’exploitation, cette nouvelle situation implique de nouveaux coûts pour la puissance publique. Dans un contexte de rareté budgétaire, la dépéréquation peut déboucher in fine sur l’écrémage des dessertes non rentables ou sur une substantielle augmentation des tarifs. LA DÉRÉGLEMENTATION AINSI CONTRAINTE SUSCITE-T-ELLE DES STRUCTURES DE RÉSEAUX ORIGINALES ? La combinaison entre les formes de déréglementation choisies et la plus ou moins grande facilité technique de mise en œuvre peut déboucher sur des organisations nouvelles, plus ou moins originales par rapport à ce qui était pratiqué jusqu’alors. L’organisation en « hubs & spokes » en constitue l’exemple le plus emblématique, dans la mesure où elle est présentée par plusieurs auteurs comme une conséquence de l’ouverture du marché (Mouhot, 1990 ; Molin, 1997 ; Varlet, 1997 ; O’Kelly, 1998 et DGAC, 1999). Mais on a également pu noter des « stratégies d’évitement » par rapport aux goulets d’étranglement et autres obstacles techniques déjà évoqués. La combinaison des deux peut déboucher sur une concurrence qui ne s’exerce pas 24 Dossier forcément là où on l’attendait au départ. Nous focaliserons principalement notre analyse sur les cas de figure où il y a remise en cause d’opérateurs en place par de nouveaux entrants sans redistribution des droits d’accès au réseau déjà acquis. - Les stratégies des opérateurs « historiques » s’appuient sur la maîtrise des droits de trafic au droit des nœuds les plus importants du réseau. Que l’on se situe dans l’aérien ou dans le ferroviaire, la maîtrise des droits de trafic sur les axes les plus importants ou sur les plaques tournantes majeures du réseau confère un avantage décisif dès le départ vis-à-vis de la concurrence. Dans le domaine de l’aérien, elle a permis la constitution des grands « hubs » intercontinentaux (ou gateways) sur les plates-formes aéroportuaires largement dominées par une compagnie (Heathrow pour British Airways, Roissy pour Air France, Amsterdam Schiphol pour KLM, etc.). La quasi-saturation de ces aéroports par un seul groupe (compagnie + filiales régionales + partenaires et franchisés alimentant le « hub ») interdit le déploiement d’un pôle de concurrence suffisamment important pour être crédible. L’échec cuisant sur le marché français du groupe SAir (7) en 2002, qui n’a pas pu aller au-delà des 30% de droits de trafic sur la plate-forme d’Orly et qui n’a pu accéder convenablement à Roissy, montre que le « ticket d’entrée » sur le marché des grands réseaux est quasi inabordable sans une remise en cause des droits acquis qu’aucun pays, aussi libéral fût-il, ne s’est risqué à entreprendre (Zembri, 2000 & 2003). Les compagnies en place profitent également de leur important capital de droits de trafic pour le redéployer d’une liaison à l’autre, instaurant notamment des navettes cadencées là où les concurrents ne peuvent aligner qu’une poignée d’allers-retours par jour. Ces réactions sont de nature à pérenniser la fréquentation de la clientèle Affaires qui est, comme chacun le sait, la plus rémunératrice. Dans le domaine du ferroviaire, les nœuds importants des réseaux et leurs abords sont le plus souvent à limite de saturation, ce qui limite les possibilités de création de sillons supplémentaires (figure 1). Il en est de même, linéarité des infrastructures oblige, sur les axes les plus importants des réseaux ferrés, avec une différence entre ceux à dominante fret (la saturation est plutôt un phénomène nocturne) et ceux dont le trafic est mixte. Les lignes nouvelles à grande vitesse connaissent des saturations ponctuelles aux heures de plus forte demande, mais ont des réserves de capacité le reste du temps, ce qui permet de Zembri - Réseaux de transport et déréglementation Dunkerque Lille Valenciennes Charleville Amiens Cherbourg Laon Le Havre Rouen Reims Caen Chartres Brest Quimper Lorient Rennes Nantes Le Mans Strasbourg Troyes Mulhouse Orléans Tours Angers Metz Nancy Chalons PARIS Dijon Vierzon Nevers Bourges Moulins Poitiers Besançon Mâcon La Rochelle Limoges Angoulême Annecy Lyon ClermontFerrand Chambéry Grenoble Brive Bordeaux Avignon Nîmes Dax Bayonne Nice Montpellier Toulouse Pau Aix Marseille Toulon N PZ-2005 Légende : Source : RFF, -Ligne classique ne posant pas de problème de capacité -Ligne à grande vitesse (avec réserve de capacité) -Ligne saturée à dominante de trafic fret (la nuit) -Ligne saturée en permanence (mixité des trafics) -Noeud se comportant en goulet d’étranglement Document de rfrence du rseau ferr national , 16 déc. 2004 Figure 1 : La saturation du réseau ferré français en 2004 (source : Réseau ferré de France, cartographie par l’auteur) lancer des TGV « low cost » comme l’ID TGV qu’expérimente actuellement la SNCF. Subsisterait-il des possibilités qu’elles ne permettraient pas forcément les meilleurs temps de parcours. Par ailleurs, les sillons les plus rares étant les plus coûteux, il serait là aussi suicidaire pour un nouvel entrant de se risquer à concurrencer les meilleurs trains des opérateurs en place sur les lignes les plus fréquentées. - Les stratégies des nouveaux entrants sont avant tout des stratégies d’évitement ou de niche. Il s’agit d’éviter les limites techniques (saturation, provoquée ou réelle) et une concurrence frontale avec les opérateurs en place (du moins en usant des mêmes armes comme la fréquence). Cela n’exclut pas le recours à des structures en « hubs and spokes » (au sens de réseau en étoile au sein duquel les correspondances sont systématisées) comme le montre l’exemple de nombreuses compagnies aériennes nord-américaines nées de la déréglementation comme America West ou Jet Blue, et celui de Virgin Express en Europe. Mais on note aussi le développement d’une structure inédite de réseau en étoile ne ménageant pas de correspondances (les compagnies parlent alors de « base » et non de « hub »), adoptée par la quasi-totalité des « low cost » européennes : le transporteur se concentre sur le point à point et ne se crée pas de facteur récurrent de retard (Bootsma, 1997). Le choix d’aéroports secondaires jusque-là peu fréquentés entre aussi dans cette logique d’évitement : on s’affranchit des coûts de traitement jugés prohibitifs des grands aéroports et de leur saturation constante, génératrice de retards et de moindre productivité des appareils. En revanche, il ne s’agit pas d’alimenter un réseau intercontinental (les grandes compagnies, organisées en alliances, bénéficient d’un monopole de fait à cette échelle) : les nouveaux entrants travaillent à leur échelle, sur des marchés bien précis. Ils peuvent viser la clientèle point à point sans cor- Dossier 25 Flux n° 62 Octobre - Décembre 2005 respondance, moins sensible à la fréquence et à la qualité de service qu’aux prix (les touristes par exemple), en Europe. Ils peuvent également viser une clientèle d’affaires désireuse de gagner du temps sur des parcours interrégionaux ou internationaux court et moyen-courrier en évitant le transit par des platesformes importantes, comme le fit en son temps, et avec un évident succès, Régional Airlines en France, à partir de son hub de Clermont-Ferrand (8). Des compagnies comme MyTravelLite ou Hapag Lloyd Express concurrencent à la fois les compagnies nationales sur leurs marchés domestiques, sans toutefois offrir des fréquences importantes, et les compagnies charter sur la desserte du pourtour méditerranéen (Zembri, 2005). Dans le domaine ferroviaire, les quelques exemples d’ouverture des marchés sans remise en cause des exploitants nationaux en place (en Allemagne notamment) montrent aussi qu’il ne s’agissait pas de les affronter sur leurs marchés les plus rémunérateurs. La concurrence dans le fret a été essentiellement le fait de gros chargeurs ou de groupements de chargeurs devenant tractionnaires pour maîtriser et fiabiliser leurs acheminements : Rail4Chem associe par exemple des chargeurs dans le domaine de la chimie et de la pétrochimie. On imagine qu’à très court terme, de gros opérateurs du transport maritime, associés à des communautés portuaires, exploiteront en direct des services ferroviaires réguliers entre des ports et des points de concentration/dissociation (ports secs) situés assez loin dans leur arrière-pays. Il s’agit donc de marchés ciblés, avec un nombre limité de parcours point à point : on s’affranchit ainsi de plans de transport complexes et du passage obligé par des triages. Les très rares cas de concurrence dans le domaine des voyageurs montrent l’impossibilité de concurrencer les compagnies nationales sur leurs lignes les plus importantes. L’échec de Connex aux Pays-Bas (il s’agissait de concurrencer les NS sur Amsterdam – Harlem, mais avec un nombre très limité de sillons) est désormais compensé par une expérience plus réussie sur des trains de cabotage interrégionaux à longue distance en Allemagne (les InterConnex), ce marché ayant été progressivement abandonné par les chemins de fer nationaux allemands. Il s’agit d’axes transversaux peu fréquentés, aux sillons peu coûteux. La vitesse commerciale n’est pas l’élément prédominant. En revanche, la finesse de desserte et l’originalité de l’itinéraire par rapport à l’offre habituelle de la DB permettent de séduire des utilisateurs qui n’utilisaient plus le chemin de fer pour ce type de déplacements. La qualité du service à bord fait également partie des arguments de vente de ces services atypiques. 26 Dossier VERS DES STRUCTURES PLUS COMPLEXES ? LE SINGULIER EXEMPLE DU TRANSPORT AÉRIEN AUX ÉTATS-UNIS On tirera donc de ces premiers constats la conclusion provisoire que les nouveaux entrants rivalisent d’imagination pour ne pas concurrencer les exploitants « historiques » sur leur terrain, sachant qu’ils y sont imbattables dans les conditions actuelles d’organisation du marché. On voit donc se dégager davantage de complémentarités que de redondances, ce qui permet de donner quelque crédit aux propos régulièrement tenus par le PDG d’Air France sur le non-événement que constitue pour sa compagnie l’arrivée des compagnies à bas coûts en Europe : les EasyJet, Ryanair, bmibaby et autres Deutsche BA ont davantage contribué à élargir le marché à des clientèles moins solvables ou effectuant d’autres trajets qu’à « écrémer » les clientèles à haute contribution des compagnies en place. Or, c’était la crainte des observateurs attentifs du marché au début du processus de déréglementation ! Mais ne faut-il pas craindre une évolution par la suite de ces nouveaux entrants vers des positionnements davantage généralistes ? C’est la réflexion qu’inspire le cas de Southwest Airlines et d’autres ex-nouveaux entrants aux États-Unis. Assez étrangement, la littérature (9) reste bloquée sur les structures de réseaux originales des nouveaux entrants, faisant souvent état d’un « modèle Southwest » de dessertes « point à point », excluant toute correspondance, modèle repris d’ailleurs par la plupart des compagnies « low cost » européennes. Or, l’étude des réseaux actuels des quatre principales compagnies nord-américaines qualifiées de low cost montre que leurs réseaux se différencient très peu de ceux des compagnies préexistantes pour ce qui concerne les principes de desserte (tableau 1). Seule l’échelle peut être différente, les grandes compagnies sachant mobiliser davantage de compagnies régionales pour alimenter leurs hubs. La structure de hub permet la vente de billets de n’importe quel point du réseau à n’importe quel autre. Ce n’est pas qu’une possibilité anecdotique ainsi que nous avons pu le constater en effectuant un certain nombre de requêtes sur le système de réservations de Southwest : l’ensemble des propositions (vol direct ou passage par les différents hubs de la compagnie) représente en général quatre à cinq possibilités quotidiennes les jours ouvrés, mais il peut y en avoir bien davantage (11). Southwest se distingue de ses consœurs par un système de hubs Zembri - Réseaux de transport et déréglementation Tableau 1 : Comparaison des structures de réseaux de compagnies classiques et low cost aux États-Unis (source : sites Internet des compagnies, consultation en février 2004). Catégorie Nombre de hubs Nombre total d’escales Lignes point à point aux États Unis (10) Southwest Low Cost 5 principaux (Baltimore Washington, Chicago Midway, Houston Hobby, Las Vegas, Phoenix) 57 Oui (navettes au Texas, en Floride et en Californie) JetBlue Low Cost 2 (JFK, Long Beach) 23 2 seulement AirTran Low Cost 1 (Atlanta) 41 30 (Nord-Est - Floride) America West Low Cost 2 (Las Vegas, Phoenix) 105/21 4 seulement (de New York et Boston à Los Angeles et San Francisco) Northwest Classique 3 (Detroit, Memphis, Minneapolis) 184/68 Oui, très minoritaires Delta Classique 7 (Atlanta, Cincinnati, Salt Lake City, New York JFK, Orlando, Dallas DFW, Los Angeles LAX) 104/108 Oui, très minoritaires Compagnie hiérarchisés (deux niveaux) et par une politique d’itinéraires très originale. En termes de couverture territoriale, les compagnies low cost les plus développées se différencient de moins en moins des majors. On observe le même phénomène de partenariat (franchise ou partage de codes) avec des compagnies locales assurant des rabattements sur certaines escales voire sur l’un des hubs de la low cost. C’est notamment le cas d’Air Tran qui travaille en partenariat avec Air Wisconsin, et d’America West qui travaille avec Hawaiian Airlines, Mesa Airlines, Freedom Airlines, Air Midwest (franchisés sous la marque America West Express). Seule Southwest ne recourt à aucun type de partenariat. LE RÉSEAU SOUTHWEST Les résultats en termes de trafic sont désormais à l’avantage des compagnies low cost. Southwest est devenue en 2001 la quatrième compagnie nord-américaine par son trafic avec 71,6 milliards de passagers.kilomètres, soit un peu plus de 10% du marché, ce qui la place juste devant Northwest. Les compagnies low cost ont représenté en 2003 46% du trafic. À elle seule, Southwest a contribué à 37% de la croissance totale du marché aérien à prix réduits ces cinq dernières années (USDoT, 2004). Southwest et JetBlue ont dégagé des bénéfices sans interruption depuis 2001 alors que les compagnies classiques (Continental, American, US Airways,…) subissaient de plein fouet la crise consécutive aux attentats du 11 septembre 2001, puis à l’épidémie de SRAS en 2003. ACTUEL : UN MODÈLE DE COMPLEXITÉ Il s’agit d’une structure à deux étages (figure 2). Au sommet, sept plaques tournantes offrent des correspondances systématiques à la fois vers leur environnement immédiat, d’autres plaques tournantes équivalentes ou de niveau inférieur et quelques destinations ciblées (les plus grandes villes ou des espaces touristiques). Au niveau immédiatement inférieur, on trouve des étoiles moins étoffées, qui n’offrent pas systématiquement des correspondances et dont le choix de destinations est plus limité, mais qui permettent des redistributions intéressantes à l’échelle régionale. En général, une destination Southwest est desservie au départ d’au moins deux étoiles, quel que soit leur niveau dans la hiérarchie. La clientèle se voit proposer des combinaisons avec au plus un changement d’avion, pas toujours au même hub, mais parfois jusqu’à trois stops, les appareils pouvant effectuer du cabotage au long cours, avec des temps d’escale limités à 25-30 minutes (figure 2). Cette organisation originale permet d’offrir un maximum de combinaisons en jouant sur la connectivité du réseau : l’horaire février-mars 2004 ne compte pas moins de 114 pages très serrées. On est bien loin de la stratégie de refus de l’organisation en hub and spokes évoquée dans de nombreuses sources européennes sur les compagnies low cost… Dossier 27 Flux n° 62 Octobre - Décembre 2005 Figure 2 : Structure du réseau Southwest (février-mars 2004). Chicago Midway 122/18 184/44 70/21 St-Louis Dallas Love Field 185/38 Birmingham 27/12 Orlando 130/13 Austin 47/14 161/35 86/28 68/21 Phoenix Baltimore Washington (BWI) Nashville 58/19 Albuquerque Los Angeles 109/18 134/29 Kansas City Las Vegas Oakland 64/24 Houston Hobby Hub de 1er rang 143/22 Hub secondaire 50/12 Desserte systŽmatique sur un ƒtat (navettes ˆ fortes frŽquences) Nombre de vols directs journaliers / nombre de Le hub de premier rang se dŽfinit selon deux crit•res cumulatifs : -plus de 100 vols directs par jour -plus de 20 destinations desservies jour ouvrable, N Figure 3 : Deux exemples de vols de cabotage au long cours de Southwest (février-mars 2004) Escale simple Hub de second rang Albany Hub de premier rang Vol 1985 Vol 1599 16.50 S.Jose e 7.25 12.45/13.15 Las Vegas Nashville Burbank 14.20 Phoenix 10.00/10.25 15.30/15.55 8.35 /9.00 9.10 BWI 10.20/ /10.45 13.35 /14.00 N Austin CONCLUSIONS La déréglementation est un processus qui recèle bien des surprises ! Nous n’avons pourtant pas parlé des tarifs, des alliances ou des relations entre compagnies aériennes et aéroports desservis, qui auraient pu en fournir un lot conséquent. Dans le seul domaine de la structure des réseaux, on note des évolutions non négligeables, mais pas forcément conformes aux pronostics initiaux. 28 Dossier La structure reine dans le domaine du transport aérien déréglementé, la plus efficace, est celle de l’étoile, mais qu’il ne faut pas limiter au « hub and spokes ». Elle permet d’optimiser au maximum les correspondances si la compagnie qui l’a adoptée entend les favoriser avec un système de vagues ou pulsations. Sinon, dans le cas d’une stratégie « point à point », elle permettra la rotation la plus rapide des appareils d’une ligne à l’autre (on parlera alors de base ou de « hub technique »). On Zembri - Réseaux de transport et déréglementation peut composer des réseaux à une ou plusieurs étoiles (EasyJet comptait 12 bases début 2004), avec des nœuds principaux et des nœuds secondaires (c’est le cas détaillé plus haut de Southwest en 2004), donc avec des degrés de raffinement divers. On peut également exploiter des étoiles sans offrir de fortes fréquences : les compagnies « low cost » européennes montrent que ce n’est en rien antinomique, avec des fréquences moyennes comprises entre 0,83 et 4,84 allers-retours par jour ouvrable en 2004 (Zembri, 2005). Compagnies en place et nouveaux entrants sont passés maîtres dans la rotation des appareils d’une ligne à l’autre, selon des programmes de plus en plus complexes. Mais on construit des étoiles selon ses moyens : les compagnies en place « bétonnent » leurs grandes plates-formes appuyées sur un marché local de grande métropole, sans éveiller d’opposition audible des autorités nationales de régulation du marché, les nouveaux entrants s’installent dans des plates-formes « alternatives » un peu moins proches des marchés locaux précités et/ou dans des aéroports « barycentres » où le marché local représente nettement moins de la moitié des embarquements. Mais ce dernier cas de figure n’empêche pas de se développer : on ne vise tout simplement pas le même marché. La question est de savoir si on peut évoluer de cette stratégie de niche vers un profil plus à même d’inquiéter les « opérateurs historiques ». Cela semble possible si l’on se réfère aux désormais très mature marché nord-américain. Mais toutes les conditions sont-elles remplies pour que l’on puisse transposer cette évolution ailleurs ? les voyageurs que le fret. Mais les nouveaux entrants ne représentent qu’une part encore faible du trafic total (8% au mieux en Allemagne dans le domaine du fret en 2003), et qui devrait encore se développer d’ici quelques années. Une organisation originale est actuellement développée en Allemagne par Connex avec un système de « clusters » : la réponse aux appels d’offres se fait dans des secteurs précis (quatre au total) (12) de façon à dégager un maximum de synergies entre les exploitations et centraliser la maintenance du matériel. Les bases ainsi constituées sont ensuite mises à profit pour développer du trafic voyageurs interrégional aux risques et périls de l’exploitant (InterConnex) et du trafic de fret. L’évolution inverse existe également : le rachat de compagnies ayant un portefeuille de dessertes marchandises permet ensuite de postuler à l’exploitation d’autres dessertes fret ou à des services voyageurs subventionnés. Le tout sans perdre la dimension PME qui favorise les nouveaux entrants par rapport aux lourdes structures des compagnies en place. Mais Connex est à ce jour le seul compétiteur des chemins de fer nationaux allemands qui ait une telle palette de métiers et de prestations. Il reste donc à voir si cette stratégie est reproductible par d’autres, dans d’autres pays. La base existe en tout cas en France pour que la même compagnie ait une stratégie similaire (Les CFTA, filiale de Veolia Environnement, exploitent en affermage des lignes marchandises en France depuis plusieurs décennies et même deux lignes voyageurs). Pierre Zembri Laboratoire Mobilités, réseaux, territoires, environnement (MRTE), J.E. 2279 Université de Cergy-Pontoise 33, boulevard du Port 95011 CERGY-PONTOISE CEDEX Mél : [email protected] La déréglementation du transport ferroviaire en Europe montre également le développement de stratégies de niche, mais avec des types de structures de réseaux moins affirmés. Le point à point demeure prépondérant, tant pour ce qui concerne BIBLIOGRAPHIE BOOTSMA (P.D.), 1997, Airline Flight Schedule Development ; analysis and design Tools for European Hinterland Hubs, Utrecht, Elinkwijk. BUTTON, (Kenneth) (ed.), 1991, Airline Deregulation : International Experiences, New York : New York University Press, 191p. CEDERLUND (Kerstin) (ed.), 2003, New trends in the European Air Traffic, Rapporter och Notiser 164, Lund University, 157 p. CURIEN (Nicolas) (dir.), 1992, Économie et management des entreprises de réseau, ENSPTT-Economica. CURIEN (Nicolas), 1993, « “Réseau” : du mot au concept », Flux, n°13-14, juillet-décembre, pp. 52-55. DGAC, Direction des transports aériens, 2003, L’envolée des compagnies à bas coûts en France, Note de synthèse et d’actualité n°11, février, 5 p. 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(2) Les anciens British Railways ont été initialement découpés en 80 nouvelles entités pour partie à base territoriale (25 compagnies de voyageurs) et pour le reste opérant à l’échelle nationale (5 compagnies de fret, l’exploitant de l’infrastructure, les loueurs de matériel roulant, etc.). (3) Voir à ce sujet l’article de Stéphane Rodrigues dans le même numéro. (4) Un cas de figure classique est l’achat de matériel plus rapide par l’exploitant et l’absence des travaux de relèvement des vitesses nécessaires sur l’infrastructure. (5) Ces partenariats prennent la forme d’une filiale commune à la société en charge de l’exploitation et du gestionnaire d’infrastructures, qui reçoit les péages et les subventions publiques relatives au réseau géré. (6) Ainsi, une bonne partie du réseau Grandes Lignes de la SNCF est considérée comme déficitaire, alors qu’il est exploité aux risques et périls de la SNCF. Tout l’enjeu du débat actuel avec l’État et les Régions est de faire prendre en charge par ces derniers tout ce qui n’est pas exploité par TGV ou par Corail Téoz. 30 Dossier (7) Holding regroupant entre autres Swissair, Sabena, Air Liberté, AOM, Air Littoral, LOT, TUI, etc. (8) Le succès du hub de Clermont-Ferrand, développé à partir de 1996, a été tel qu’Air France s’est sentie obligée de racheter Régional et de maintenir la plate-forme de correspondances la plus efficace de France, avec des temps de transit compris entre 25 et 35 minutes. (9) Deux exemples émanant d’institutions françaises faisant référence dans le transport aérien ignorent l’évolution ultérieure des réseaux nord-américains : Enac, 2002 et STBA, 1999. (10) Le premier chiffre est celui des escales desservies en direct par la compagnie et/ou par des compagnies franchisées. Le second chiffre est celui des destinations desservies en partage de code par une autre compagnie. (11) Une requête pour un trajet d’Oakland à Baltimore donne neuf possibilités par jour de semaine courant : trois avec une escale (sans changement d’avion), une avec deux escales, deux combinaisons via Phoenix, deux via Chicago (Midway) et une via San Diego. (12) L’organisation originale de Connex est accessible sur Internet à l’adresse : http://www.connex.info/PortalPage____2001.aspx