Les opérateurs se mettent aux abris
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Les opérateurs se mettent aux abris
entreprise piscines Levage et manutentions Les opérateurs se mettent aux abris Il n’existait pas sur le marché de machine dédiée au levage et au transport des abris de piscine. Safe Tech l’a créée de toutes pièces. À SaintSulpice-sur-Lèze (31), pour déplacer les structures qu’elle fabrique depuis ses ateliers aux quais de chargement, l’entreprise a mis au point un outil innovant grâce auquel elle évite les manutentions de charges lourdes à force d’hommes. J e me souviens d’une époque où, lorsqu’il fallait charger les abris de piscine dans les camions, tout le monde quittait son poste pour s’y mettre. Aujourd’hui, je fais ça seul, sans effort physique, et le chargement est prêt avant même l’arrivée du camion. » Plus qu’un outil d’aide à la manutention, c’est un changement radical dans les pratiques et l’organisation du travail qu’évoque Marc Garcia, représentant du personnel de l’entreprise Safe Tech. À 35 km au sud de Toulouse, dans une région où la baignade est de mise une bonne partie de l’année, l’entreprise fabrique des abris de piscine aussi utiles pour se protéger des intempéries que pour réduire la corvée d’entretien. Chaque abri, construit de A à Z dans l’entrepôt, pèse entre 600 kg et deux tonnes. Structure en aluminium, toiture en poly carbonate, façades en verre : Safe Tech s’est spécialisée dans le haut-de-gamme. « Le passage au verre, une décision avant tout écologique Grâce à la mise au point d’une machine rigide et compacte qui passe sous l’abri et le soulève, les manutentions ont été facilitées. 32 Travail & Sécurité – Mai 2010 prise il y a sept ans, a introduit une réflexion sur le port de charges. En montant en puissance, on demandait de plus en plus de manutentions qui exposaient le personnel à des risques de troubles mus- culosquelettiques », explique Emmanuel Perrot, gérant de l’entreprise. Les abris sont des structures télescopiques qui, une fois refermées sur ellesmêmes, représentent une surface au sol de 2,35 mètres de large pour une longueur qui varie de 4 à 14 mètres. Leur hauteur est comprise entre 0,8 et 2,7 mètres. À Saint-Sulpicesur-Lèze, en Haute-Garonne, l’entreprise dispose de 8 000 m2 d’ateliers et entrepôts. L’usine comprend plusieurs bâtiments dans lesquels les abris doivent être déplacés pour rejoindre la zone de char- gement, avant d’être installés dans les camions de livraison à une hauteur de 0,8 à 1,3 mètre. Longtemps, ces opérations ont nécessité la participation de l’ensemble des opérateurs de production, soit plus d’une quinzaine de salariés portant les pièces à la force des bras. Une solution composite À la recherche de solutions d’aide aux manutentions, Safe Tech se tourne vers l’extérieur : spécialistes du levage, École des mines de Carmaux… sans © Dominque Delpoux pour l’INRS succès. L’entreprise envisage l’utilisation de chariots automoteurs à conducteurs portés, mais ceux-ci gênent lors du chargement de l’abri dans le camion et ne permettent pas d’éliminer toutes les manutentions. Il est en effet nécessaire de soulever chaque élément à la main, du sol au chariot puis du chariot au camion. De plus, ce système a un coût prohibitif et ne permet pas de monter l’abri complet dans l’usine à cause des fourches, qui risqueraient d’endommager le fond de la structure. L’entreprise développe alors un appareil © Dominque Delpoux pour l’INRS Une fois la structure installée sur l’outil de manutention, l’ensemble est amené par roulage au niveau du quai de chargement. de levage et de mise à niveau composé de deux parties indépendantes. Mais l’ensemble est complexe, lourd et difficile à manier, car les deux parties ne sont pas solidaires. « Nous avons finalement développé une solution composite qui s’adapte à nos besoins et règle les problèmes de manutentions d’objets lourds et encombrants devant être chargés latéralement dans des camions, poursuit Emmanuel Perrot. Il s’agit d’une machine rigide et compacte qui vient soulever l’abri par en dessous, grâce à une table élévatrice posée sur un chariot mobile. L’ensemble est ensuite amené par roulage au niveau du quai de chargement et placé à hauteur sur une table d’où il est poussé sur le plateau du camion. » Coût de l’opération : 70 000 euros, hors temps d’étude. L’investissement a été subventionné à hauteur de 50 % par la CRAM MidiPyrénées via un contrat de prévention. « J’ai dessiné les objets qui composent la machine puis travaillé avec deux bureaux d’études afin, notamment, de vérifier le dimensionnement des pièces soumises aux charges. La modélisation des déplacements a été réalisée avec le bureau d’études “Conception de systèmes et de technologies mécaniques”. Une fois tous les paramètres validés, ce n’est ni plus ni moins qu’un Lego à assembler », souligne le gérant. « L’entreprise s’est présentée à nous avec le projet d’étude préalable démontrant la nécessité de créer l’objet de toutes pièces, poursuit Didier Durrieu, contrôleur de sécu- Safe Tech en bref • Naissance de l’entreprise : 1995. • Lieu : Saint-Sulpice-surLèze. • Activité : fabrication d’abris de piscine nécessitant la manutention de charges lourdes et instables. • Effectif : 28 personnes dont 17 en production. rité à la CRAM Midi-Pyrénées. La machine est suffisamment basse et étroite pour passer sous les portes, maniable et simple d’emploi. Son principe de mise en œuvre peut être décliné dans l’industrie dès qu’il s’agit d’attraper avec précaution de gros objets sans possibilité de passer des fourches par dessous. » Lors de la mise en place du contrat de prévention, la CRAM en a profité pour insister sur un certain nombre d’autres points, comme la captage des poussières, afin que rien ne vienne gêner les déplacements. En juillet 2009, trois machines permettant de déplacer les abris télescopiques ont été introduites dans l’usine, l’une d’entre elles étant dédiée aux petites structures. En hiver, l’entreprise a en moyenne deux chargements par semaine. En été, c’est deux ou trois fois par jour. Bien sûr, une réorganisation du travail et la formation des opérateurs ont été nécessaires. « Les déplacements sont facilités, mais ce n’est pas tout. Aujourd’hui, nous n’avons plus à soulever l’abri à la main pour mettre en place les plinthes en partie basse », évoque notamment Fabien Cassoulet, salarié de l’entreprise. Au-delà de la technique, Safe Tech est entrée dans une démarche intellectuelle qui tend vers une prise en charge globale de la prévention des risques professionnels. Un nouvel accompagnement par la CRAM est prévu sur plusieurs points : aménagement du poste de poinçonnage-assemblage des arches ou encore mise en place d’un robot manipulateur pour la pose de vitrage. Des aspects qui contribuent une nouvelle fois à réduire les manutentions et limiter le risque de troubles musculosquelettiques. Grégory Brasseur Travail & Sécurité – Mai 2010 33