TRUMP vs CLINTON - Amundi Research Center
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TRUMP vs CLINTON : enjeux et stratégies d’investissement Octobre 2016 US PRESIDENTIAL ELECTION 2016 Achevé de rédiger le 26 octobre 2016 Didier Borowski Philippe Ithurbide Responsable de la macroéconomie Directeur Recherche, Stratégie et Analyse Avec la contribution de Valentine Ainouz, Sergio Bertoncini, Bastien Drut, Roberta Fortes, Eric Mijot, Anne-Charlotte Paret, Tristan Perrier, Ibra Wane, Recherche, Stratégie et Analyse Q uelle que soit l’issue pour la Maison Blanche, l’impact économique dépendra grandement de la couleur du Congrès ! Les élections américaines du 8 novembre opposeront Hillary Rodham Clinton (démocrate de New York) contre Donald Trump (républicain, New York), Gary Earl Johnson (libertarien, Nouveau-Mexique), et Jill Stein (Parti Vert, Massachusetts). Le prochain président prendra ses fonctions le 20 janvier 2017. Depuis quelques semaines, H. Clinton a pris un net ascendant dans les sondages. Il serait prématuré de conclure à une élection toute tracée (car des fuites embarrassantes, un incident de santé, ou le précédent du référendum britannique rappellent qu’une élection n’est jamais acquise), mais nombreux sont ceux qui considèrent déjà que D. Trump n’a pratiquement aucune chance d’être élu, parce qu’il sera incapable de recueillir les 270 délégués nécessaires pour entrer dans la Maison Blanche. Il y a cinq raisons essentielles : • La carte électorale favorise fortement Clinton ; • Aucune minorité (hispanique ou afro-américaine) n’a été épargnée pendant la campagne électorale de Trump, et nous savons à quel point les votes minoritaires sont importants ; • Ses propos sur les femmes vont laisser des traces… ; • Sur le plan géographique, sa base électorale n’est pas assez diversifiée ; • Ses positions ont été jugées tellement excessives que de plus en plus de représentants républicains se désolidarisent de sa campagne. TRUMP vs CLINTON: enjeux et stratégies d’investissement Octobre 2016 À l’heure actuelle, les républicains contrôlent la Chambre des représentants (246 sièges sur 435), et le Sénat (54 sièges sur 100). Le 8 novembre, auront également lieu les élections pour tous les sièges à la Chambre des représentants et 34 sièges au Sénat, et il est possible que les démocrates reprennent le contrôle du Sénat. En effet, parmi les 34 sièges à pourvoir, 24 sont actuellement détenus par les républicains. En termes de programmes, celui de Donald Trump est celui qui aura probablement fait couler le plus d’encre (programme mouvant et prenant à contre-pied son propre camp). Du côté d’Hillary Clinton, les propositions sont plus consensuelles et prêtent moins à polémique : on y retrouve les grandes orientations démocrates, avec quelques concessions à l’aile gauche de son parti (taxation sur les successions notamment). En Europe et dans le monde, c’est très clairement le risque protectionniste et la politique migratoire qui retiennent le plus l’attention dans le programme de Donald Trump. Sur le plan domestique, c’est le déficit budgétaire (nature et ampleur de la baisse d’impôts pour les ménages et les entreprises) et son financement qui sont les éléments les plus déterminants. Il est néanmoins très difficile d’en évaluer l’impact, du fait des imprécisions du candidat, mais aussi parce que les mesures proposées ne seront jamais acceptées telles quelles par le Congrès, même s’il est entièrement dominé par les républicains. Les propositions des candidats sont sans surprise très différentes dans leur idéologie. D’abord, sur l’immigration et les accords commerciaux, l’opposition entre les deux camps est frontale. Même s’il est difficile d’imaginer qu’il mette en pratique ses propos, D. Trump a fait des déclarations agressives envers l’Europe, la Chine, le Mexique et l’Islam (i.e. proposition d’expulsion d’immigrés et construction d’un mur à la frontière mexicaine, sévères critiques d’accords commerciaux, hausse des droits de douane…). Ces mesures se traduiraient par une économie américaine plus isolée. Le commerce transfrontalier et l’immigration seraient considérablement diminués, et avec moins de commerce et d’immigration, les investissements directs étrangers seraient également réduits. À l’opposé, H. Clinton a des positions beaucoup plus consensuelles sur ces thématiques et sa politique extérieure et commerciale s’effectuerait probablement dans le prolongement de celles menées par Barack Obama ces dernières années. Ensuite, même si les deux programmes proposent une relance budgétaire, ils diffèrent sensiblement sur les bénéficiaires des mesures en question. Les baisses d’impôts proposées par Trump sont concentrées sur les ménages les plus riches (les ménages aisés bénéficieraient sensiblement de taux d’imposition marginaux plus faibles sur le revenu, et des mesures sur les dividendes et les gains en capital). Au contraire, les mesures proposées par Clinton seraient financées par une augmentation de la pression fiscale sur les plus nantis, de manière à préserver la « middle class ». Du côté des entreprises, Hillary Clinton veut réduire les impôts sur les petites entreprises et taxer les grandes entreprises qui délocalisent. Enfin, seulement sur certaines dépenses, les propositions de Donald Trump rejoignent celles d’Hillary Clinton (dépenses en infrastructures, salaire minimum1). Les mesures d’Hillary Clinton sont globalement financées, pas celles proposées par Donald Trump. Même si de nombreuses zones d’ombre persistent encore 2, la baisse de la fiscalité est plus marquée dans le programme Trump, s’inscrivant dans la doxa républicaine (simplification du code des impôts, fiscalité allégée avec, en particulier, une suppression de l’impôt sur les successions). Le programme de Donald Trump s’en éloigne néanmoins en ce qui concerne les modalités de financement : loin de songer à couper drastiquement dans les dépenses pour financer les allégements de fiscalité (ce qui nécessiterait une baisse de 20 % des dépenses), il propose d’augmenter parallèlement certaines d’entre elles et de relever le salaire minimum si bien que son programme conduit à accroître très substantiellement le déficit public (ex-ante). Plus précisément, les recettes fiscales baisseraient de 1 ur le salaire minimum fédéral, Donal Trump aura tout dit et son contraire durant la Campagne. Ses dernières S déclarations (datant de l’été) étaient en faveur d’une augmentation. 2 n particulier, le statut fiscal des « pass-through businesses » reste ambigu, y compris dans ses toutes dernières E propositions de septembre 2016. 2 TRUMP vs CLINTON: enjeux et stratégies d’investissement Octobre 2016 5,3 trillions $ sur la décennie tandis que les dépenses diminueraient de seulement 1,2 trillion $ en net (la baisse des dépenses de 3,2 trillions $, en grande partie en raison de l’annulation programmée des dépenses liées à « l’Obamacare », serait amoindrie par les hausses de dépenses de 2 trillions $ prévues notamment pour la défense, les infrastructures, les vétérans, et Medicare). Une telle dérive budgétaire serait inadmissible dans le camp républicain (tout comme dans le camp démocrate d’ailleurs). En revanche, le programme de Clinton augmenterait à la fois les dépenses (1,65 trillion $) et les recettes fiscales (1,5 trillion $) dans les 10 prochaines années, assurant peu ou prou l’équilibre budgétaire. En définitive, sur la décennie à venir, la dette augmenterait (en tenant compte du surcroit de charges d’intérêt) de 200 Mds $ dans le programme Clinton et de 5,3 trillions $ dans le programme Trump. Ceci dit, il est important de noter qu’aucun des candidats n’est susceptible de faire passer son programme en l’état. Le pouvoir du Président est très limité en matière budgétaire aux États-Unis où le Congrès a le dernier mot. Dans tous les cas de figure, le Congrès sera donc amené à jouer un rôle central. Par conséquent, les résultats des élections à la Chambre des représentants (qui sera entièrement renouvelée le 8 novembre) et au Sénat (renouvelé au tiers) seront tout aussi importants que ceux de l’élection présidentielle. En effet, selon les derniers sondages Donald Trump et Hillary Clinton ont à peu près une chance sur deux de devoir composer avec un sénat qui leur est hostile 3. La couleur du Sénat affectera la nature des compromis budgétaire possibles. L’impact sur l’économie de chacun des programmes dépendra donc de la constellation politique qui s’établira dans les deux Chambres. Quels scénarios ? Quels impacts ? Il existe trois scénarios : Scénario #1 Hillary Clinton est élue présidente. Très probable à ce stade - PROBABILITÉ : 80 %. Si la Chambre des représentants devait demeurer sous contrôle des Républicains, en revanche, le Sénat, dont un tiers des sièges est à renouveler, pourrait repasser sous le contrôle des Démocrates (les prédictions en leur faveur étant de l’ordre de 60 %). C’est ce dernier scénario que nous privilégions ici. Scénario #2 Donald Trump est élu et est forcé de modifier ses propositions. Si Trump est élu, tel est le scénario le plus probable - PROBABILITÉ : 19 %. Scénario #3 D onald Trump est élu et met en pratique les politiques qu’il a annoncées au cours de sa campagne électorale. Très peu probable à l’heure actuelle - PROBABILITÉ : 1 %. Quelle que soit la majorité au sein des deux Chambres, les marchés répondront plus favorablement à une victoire de H. Clinton. Une élection de Donald Trump représente un véritable « choc d’incertitude ». Scénario #1 Hillary Clinton est élue présidente des États-Unis. Scénario très probable à ce stade. PROBABILITÉ : 80 %. La politique économique de Mme Clinton met en avant l’augmentation des dépenses aux États-Unis - afin de soutenir consommation et création d’emplois- financées par des impôts plus élevés sur les 3 elon les derniers sondages, démocrates et républicains sont au coude à coude au Sénat - avec une légère S avance des démocrates néanmoins - tandis que les républicains conserveraient le contrôle de la Chambre des représentants. 3 TRUMP vs CLINTON: enjeux et stratégies d’investissement Octobre 2016 ménages les plus aisés et les entreprises. Un tel programme, s’il était mis en place, aurait un effet économique positif conséquent, y compris à court terme. En juillet, l’Agence Moody’s chiffrait le gain potentiel à 1,7 % du PIB d’ici la fin du mandat en 2020, les dépenses ciblées vers les infrastructures et les ménages modestes générant plus d’activité que les hausses d’impôts et celle du salaire minimum n’en détruiraient (les changements apportés au programme depuis ne devraient pas radicalement modifier cet ordre de grandeur). Néanmoins, un tel scénario, où toutes les mesures proposées seraient mises en place, repose sur l’hypothèse peu probable que les deux chambres soient à majorité démocrates. Or, la plupart des sondages semblent indiquer que la chambre des représentants devrait rester pour majorité républicaine. Dans le cas où la majorité au Sénat et à la Chambre des représentants reste républicaine (40 % de chances), Hillary Clinton ne serait pas en mesure d’imposer son programme. On aboutirait à une situation de paralysie fiscale qui rendrait une relance budgétaire impossible (sauf à considérer une menace de récession 4) et nous conduirait à ne pas modifier notre scénario économique. La reprise se poursuivrait, mais à un rythme de croissance affaibli, compris entre 1,5 % et 2 % par an (proche du potentiel à long terme de l’économie américaine). L’attentisme politique serait de mise : il faudrait que l’économie ralentisse fortement pour que le pragmatisme l’emporte au Congrès et que ce dernier accepte de voter des mesures de stimulation. Une telle situation serait mal perçue par les marchés. Dans le cas où les démocrates reprennent le contrôle du Sénat et/ou de la Chambre des représentants (60 % de chances), cela ouvrirait la voie à des possibilités de compromis bipartisans au Congrès (concernant les dépenses en infrastructures par exemple), permettant à H. Clinton d’exécuter tout ou partie de son programme de relance économique. Dans ce cas, il serait raisonnable d’escompter un soutien de la politique budgétaire à l’activité économique (de l’ordre 0,5 % du PIB voire un peu plus) à l’horizon 2018. Sur les autres volets tels que le social ou les hausses d’impôts, les compromis seront beaucoup plus difficiles, dans un contexte où le Parti républicain, après l’épisode Trump, connaitra une période de remise en cause et d’intenses luttes de pouvoir internes. C’est ce scénario que nous privilégions dans le tableau récapitulatif des scénarios possibles (scénario 1). Scénario #2 D onald Trump est élu et contraint de revoir ses propositions. Les mesures sont globalement financées. Il s’agit du scénario beaucoup plus réaliste si Donald Trump est élu. Il reste néanmoins plus difficile à évaluer, car son impact dépendra des amendements apportés par le Congrès aux propositions de D. Trump. En effet, les républicains sont dans leur écrasante majorité opposés à financer les baisses d’impôts par la dette et non par des coupes claires dans les dépenses. Les changements apportés en septembre 2016 diminuent la facture mais ne changent pas la nature du problème. Très probablement, seules les politiques qui favorisent la croissance interne, comme les réductions d’impôts et la reprise des dépenses d’infrastructure seraient effectivement mises en œuvre. Compte tenu de leur impact sur les déficits, elles seront réduites à l’essentiel, ou ce que le Congrès considérera comme essentiel. PROBABILITÉ : 19 % Le Congrès, actuellement contrôlé par les Républicains, n’est pas hostile aux baisses d’impôts et aux réformes fiscales, ainsi qu’aux économies dans les dépenses non militaires, mais il est globalement ferme dans son opposition à des déficits plus importants. Il est difficile d’envisager un Congrès (qu’il soit dominé par les républicains ou les démocrates) acceptant une forte hausse de la dette publique. Dans ce scénario, le prochain Congrès ferait des contre-propositions à D. Trump qui se traduiraient par un impact plus neutre en termes de déficit (plus proche en termes de financement du programme de H. Clinton). Le coût statique des mesures de D. Trump serait réduit (car financé en partie, et amoindri d’autre part). Les deux tiers des réductions fiscales seraient abandonnées (et davantage concentrées sur les revenus les plus faibles), et la baisse du taux d’imposition sur le revenu des sociétés serait plus faible. 4 n cas de ralentissement marqué et/ou de menace de récession, on peut supposer que le pragmatisme l’emporterait E et que le Congrès finirait par voter des mesures de stimulation. 4 TRUMP vs CLINTON: enjeux et stratégies d’investissement Octobre 2016 En matière d’immigration, la feuille de route de D. Trump sera amendée, et il ne sera plus question de 11 millions de sans-papiers renvoyés, mais sans doute de reprendre le rythme pris lors de la grande récession (500 000 par an). Les importations chinoises et mexicaines vers les États-Unis ne devraient pas non plus subir les droits de douane envisagés initialement. Les législateurs américains sont en effet davantage apaisés : 1) face aux efforts continus de la Chine à libéraliser sa monnaie, un processus qui a commencé l’été dernier, et 2) par les progrès réalisés sur les travaux d’atténuation de l’immigration clandestine à la frontière mexicaine. La Chine et le Mexique ne feraient pas acte de représailles envers les produits et services américains. L’économie américaine serait probablement en mesure d’éviter une récession dans ce scénario. Ceci dit l’affaiblissement de la croissance observée en 2016 rends la situation délicate en début de mandat. En effet, les baisses de dépenses qui permettraient de financer la relance budgétaire seraient de nature à entamer la croissance. Les mesures fiscales compenseraient seulement en partie cet effet (car les baisses d’impôts concernent avant tout les hauts revenus du côté des ménages, ce qui diminue l’effet à attendre sur la consommation 5). La croissance progresserait ainsi plus tard, mais de façon modérée. L’emploi reste stable dans les deux premières années, et sur ses quatre ans comme président, un peu moins de 3 millions d’emplois sont créés. Dans ce scénario, la croissance de l’emploi n’est pas assez forte pour absorber la croissance de la population en âge de travailler, et le chômage progresse. Les efforts de libéralisation de la Chine (poursuite graduelle de l’ouverture du compte en capital et de la levée des contrôles de capitaux…) entraînent un raffermissement du dollar. Contrairement aux déclarations de D. Trump, les efforts de la Chine sont nets et le yuan n’est pas sous-évalué (voir notre Discussion Paper « L’émergence du renminbi comme monnaie internationale : où en sommes-nous maintenant ? », 30 septembre, 2016). En conclusion, il y aurait peu d’impact sur la croissance mondiale et un léger impact positif sur la croissance américaine, les États-Unis évitant la récession. Scénario #3 D onald Trump est élu et met en pratique les politiques qu’il a annoncées au cours de sa campagne électorale « telles quelles » ; ces mesures n’étant pas financées s’accompagnent d’une hausse de la dette publique. Ce scénario dans lequel Donald Trump est en mesure de réaliser tout son programme est très improbable étant donné le manque de soutien des membres du Congrès, y compris du propre camp de D. Trump. Cela vaut tout de même la peine de s’attarder quelque peu sur ce scénario qui représente le vrai « choc d’incertitude » et dont les termes alimenteraient les chroniques en cas de victoire de D. Trump aux élections. PROBABILITÉ : 1 % Déficits plus élevés, hausse de la dette. Dans un premier temps les baisses d’impôts/hausse de dépenses stimuleraient l’activité jusqu’à 0,7 point de PIB dès la 1re année 6. Mais les pressions inflationnistes et l’augmentation de l’offre de papier liée à ce type de programme (conjuguées à son caractère insoutenable) provoqueraient (selon les simulations de modèles standards) une remontée brutale des taux d’intérêt à court et long terme qui précipiterait l’économie en récession. En effet, en théorie, si l’économie tourne à pleine capacité, un stimulus budgétaire financé par la dette précipite une hausse généralisée des taux d’intérêt qui évince la demande privée (consommation et investissement). Moody’s estime ainsi qu’une telle politique pourrait faire remonter le taux d’intérêt à 10 ans de 200bp la 1re année et de 460pb la seconde. Une évolution aussi drastique des taux d’intérêt nous semble très improbable dans la conjoncture actuelle. D’abord, parce que l’output gap est toujours en territoire négatif selon les estimations du CBO (ce qui contribue à expliquer la faiblesse des pressions inflationnistes actuelles). D’autre part, parce que les premiers signes d’affaiblissement 5 a propension marginale à consommer est de 86 % pour le 1er quintile des revenus, tandis qu’elle tombe en deçà L de 50 % pour le dernier quintile. 6 ans tous les cas de figure, la première année dont il s’agit serait vraisemblablement 2018 et non 2017, car il D faut compter avec les inévitables délais pour obtenir un compromis au Congrès et mettre en œuvre les mesures annoncées. 5 TRUMP vs CLINTON: enjeux et stratégies d’investissement Octobre 2016 de la demande globale se sont manifestés en 2016, remettant sur le devant de la scène le thème de la fin de cycle (investissement en biens d’équipement dans le rouge, profits également), avec la demande des ménages comme unique soutien à l’activité économique. Si l’économie tombe en récession, les pressions inflationnistes devraient donc être de courte durée et la Fed pourrait rapidement rétablir une politique monétaire non conventionnelle (soit une opération Twist, soit un nouveau QE). Ces deux options de politique monétaire ont été explicitement citées par J. Yellen, en cas de menace de récession. Il est étonnant de voir D. Trump se plaindre de la Fed 7 (elle n’a pas selon lui suffisamment remonté ses taux directeurs) alors même que seule l’intervention de la banque centrale pourrait garantir un « financement sans douleur » des mesures qu’il propose. On peut d’ailleurs se demander si Donald Trump ne serait pas, une fois de plus, amené à faire volte-face une fois arrivé au pouvoir. Les simulations de modèles ont le mérite de montrer que la politique de Trump ne serait pas soutenable sans soutien de la Fed, c’est-à-dire sans monétisation de la dette. Les baisses d’impôt sur les revenus et sur les sociétés ont certes des avantages économiques à long terme. Plus particulièrement, ils réduiraient de manière significative le taux effectif marginal d’imposition sur l’investissement. Toutes choses étant égales, cela inciterait l’épargne et l’investissement. Toutefois, ces avantages sont plus que compensés par les déficits et la dette résultant des taux d’intérêt de long terme, qui, même si leur hausse est endiguée en partie par l’intervention de la banque centrale, seraient probablement plus élevés que dans un scénario « contrefactuel ». In fine, la dette publique se trouverait augmentée du fait des mesures non financées et de la fragilité de la croissance, et également du fait d’une hausse de la charge des intérêts de la dette (même si amoindrie par les actions de la Fed). Dégradation du commerce, hausse des prix. La forte augmentation des droits de douane sur les importations chinoises et mexicaines notamment créerait un peu plus d’inflation. Les États-Unis importent près de 500 milliards USD de marchandises par an en provenance de Chine, et près de 300 milliards USD en provenance du Mexique, ce qui représente environ 35 % du total des importations de biens, hors produits pétroliers. Adopter un tarif de 45 % sur les importations chinoises et de 35 % sur les importations mexicaines augmenterait l’ensemble des prix des marchandises à l’importation d’environ 15 %. Cela accroît l’ensemble des prix à la consommation américaine de près de 3 %, 18 mois après la hausse des droits de douane, selon le modèle Analytics de Moody’s. Par ailleurs, Donald Trump s’est démarqué par ses critiques des accords commerciaux actuels (ALENA, OMC) et de la ratification du Trans-Pacific Partnership (TPP). Ce point de vue, ainsi que son agressivité envers l’extérieur de manière générale, devrait se traduire par une dégradation des relations internationales, en particulier avec la Chine. Les échanges commerciaux sont susceptibles de diminuer à ce titre également, dans un contexte où, rappelons-le, le commerce mondial a déjà très fortement ralenti. Enfin, la décision de renvoyer plus de 11 millions d’immigrants sans papiers (3,5 % de la population et 5,1 % de la population active) réduirait la taille de la population active et, toutes choses égales par ailleurs, la croissance potentielle. Même si les baisses d’impôts ont des impacts positifs à long terme sur l’économie et que la hausse des taux d’intérêt est limitée par l’intervention de la Fed, l’incertitude pèsera sur les perspectives économiques dès l’entrée en fonction de Donald Trump, et l’impact des mesures sur la dette, la consommation et l’investissement (évincés par les effets prix et des taux tout de même plus élevés), le commerce mondial et l’emploi affaiblira l’économie de manière significative. 7 Voir B. Drut et R. Fortes, 2016, « Quelles seraient les conséquences d’une élection de D. Trump pour le FOMC ? », Cross Asset Investment Strategy Mensuel n° 10, Amundi, octobre. 6 TRUMP vs CLINTON: enjeux et stratégies d’investissement Octobre 2016 l’équilibre des pouvoirs au Congrès est au coeur du Policy-Mix Hillary CLINTON Donald TRUMP 80 % 20 % (scénarios 2 et 3) Probabilité d'occurrence Majorité CdR (R.) dans les deux et Chambres S (R.) 40 % ompromis budgétaire Trump, - Risque de paralysie budgétaire - C version républicaine ("Trump - Probabilité = 32% lite") - Probabilité = 8% - P as de relance budgétaire, M oins de baisse d'impôts, ralentissement de la baisse des dépenses publiques croissance en 2018 (1.6 %) R alentissement de la - Fed : pas de hausse en 2017 croissance en 2018 (< 1.5%) - Fed : +25pb en 2017 (T1) CdR (R.) et S (D.) 55 % - C ompromis budgétaire Clinton -C ompromis budgétaire Trump, version démocrate - Probabilité = 44% (scénario 1) - Probabilité = 12% -Q uelques baisses d'impôts pour la classe moyenne, dépenses d'infrastructure, hausse du salaire minimum -Q uelques baisses d'impôts pour la classe moyenne, dépenses d'infrastructure, hausse du salaire minimum -R éaccélération de la croissance en 2018 (+0.4pp) à 2 % - Stabilisation de la croissance - Fed : +50pb en 2017 - Fed : +50pb en 2017 CdR (D.) et S (D.) 5 % - Clinton "telle quelle" - Probabilité = 4% - Réaccélération de la croissance (+0.7 à 1 pp) à 2,2-2,5 % - Fed : +100pb en 2017 CdR (D.) et S (R.) 0 % - - Note : CdR - Chambre des représentants ; S -Sénat Le tableau ci-dessus vise à illustrer la multiplicité des combinaisons possibles en fonction des résultats des élections au Congrès (qui se tiennent le même jour). À l’heure où tous les sondages donnent H. Clinton victorieuse, il est important de noter qu’il y a plusieurs configurations possibles. Les estimations de croissance et de politique monétaire sont données avant tout à titre indicatif pour illustrer l’impact potentiel. L’ampleur des majorités dans les deux chambres jouera aussi un rôle déterminant. Les rapports de force au Congrès sont susceptibles de modifier l’ensemble du policy-mix. Ainsi, la Fed serait d’autant plus encline à remonter ses taux (toujours de façon graduelle) que le Congrès serait en mesure de voter un plan d’expansion budgétaire. Nous privilégions à ce stade le scénario où (1) H. Clinton devient présidente et (2) les démocrates regagnent le contrôle du Sénat. 7 TRUMP vs CLINTON: enjeux et stratégies d’investissement Octobre 2016 H. Clinton vs. D. Trump : scénarios, conséquences et impacts de marché Scénario #1 Scénario Scénario #2 Scénario #3 Hillary CLINTON élue Donald TRUMP élu Présidente des États-Unis Président des États-Unis Donald TRUMP élu Président des États-Unis VicePrésident Timothy Michael « Tim » Kaine Michael Richard « Mike » Pence Michael Richard « Mike » Pence Programme Programme Clinton « allégé » Programme Trump « allégé » Programme Trump « complet » Remarque Notez que H. Clinton devra modifier certaines de ses propositions. Elle devra probablement négocier avec le Congrès, même si le sénat est à majorité démocrate. Un programme « Clinton allégé » est donc hautement probable. D. Trump va à Washington pour négocier ses mesures et est forcé d'abandonner une partie de son programme. Ses dernières propositions sont plus réalisables et davantage neutres sur les déficits. Mise en œuvre de tout (ou presque) de ses intentions. Probabilité 19 % 80 % 1 % En faisant abstraction du scénario de complète paralysie fiscale. Impact sur l'économie américaine La politique économique de Mme Clinton met en avant l'augmentation des dépenses aux États-Unis afin de soutenir consommation et création d'emplois- financées par des impôts plus élevés sur les ménages les plus aisés et les entreprises. Le PIB continuera à progresser à un rythme modéré… Si H. Clinton est en mesure d'exécuter son programme de stimulation, une croissance plus solide est envisageable. Léger impact positif sur la croissance américaine. Les États-Unis évitent la récession. La croissance américaine serait tirée vers le bas. S’attendre à une récession. Impact sur les déficits Un impact modéré dans le cas de H. Clinton. Impact modéré compte tenu des concessions inévitables auprès du Congrès. Un impact sérieux dans le cas de D. Trump compte tenu de l’ampleur des mesures fiscales et de l’impact négatif dans un premier temps sur la croissance. En définitive, à horizon 10 ans, l’impact budgétaire cumulé serait de 200 Mds $ dans le programme Clinton 8 . 8 L’impact sur la dette publique dépendrait des mesures finalement conservées, mais devrait être globalement neutre, comme c’est le cas pour le programme d’Hillary Clinton. En définitive, à horizon 10 ans, l’impact budgétaire cumulé serait de 5,3 trillions $ dans le programme Trump 8 . Il s’agit de l’estimation statique du CRFB (Committee for a Responsible Federal Budget), sans prendre en compte les effets des mesures sur l’économie et les taux d’intérêt (et leur impact de second tour sur les finances publiques). 8 TRUMP vs CLINTON: enjeux et stratégies d’investissement Octobre 2016 Scénario #1 Scénario Scénario #2 Scénario #3 Hillary CLINTON élue Donald TRUMP élu Présidente des États-Unis Président des États-Unis Donald TRUMP élu Président des États-Unis Impact sur l’économie mondiale Pas d'impact spécifique Elle pourrait se maintenir autour des 3 %… La croissance mondiale convergerait sans doute vers les 2 % (voire passerait en dessous)… Impact sur le commerce mondial Peu / pas de changement aux accords commerciaux existants. Aucun coup de pouce supplémentaire pour les États-Unis via le commerce mondial. Les frictions commerciales entre les pays seraient limitées, pas de dommages au niveau du commerce mondial. Prévoir de fortes frictions commerciales entre les pays concernés (ÉtatsUnis, Chine et Mexique notamment) et des dommages importants au niveau du commerce mondial. Poursuite de la dé-globalisation inévitable. Impact sur l'inflation Augmentation très modérée… inflation qui reste globalement sous contrôle. Une inflation plus élevée avec à terme une croissance légèrement plus forte. Prix à l'importation plus élevés étant donné les mesures tarifaires, et impact sur le niveau général des prix. Impact sur marché du travail Le soutien du Congrès est nécessaire pour ouvrir les portes à une simplification légale des conditions d’immigration. De nouvelles politiques comme les congés familiaux payés et le soutien à la petite enfance nécessiteront de longues négociations. Augmentation du nationalisme vs lobbying des industries qui bénéficient actuellement du travail des immigrants moins chers. Le débat ne va pas disparaitre après les élections. Augmentation du nationalisme vs. lobbying des industries qui bénéficient actuellement du travail des immigrants moins cher. Impact sur la volatilité des changes et des actions Aucun impact spécifique. Miser sur une augmentation significative, au moins dans un premier temps. Hausse significative de la volatilité. Impact sur la politique monétaire Si H. Clinton gagne, la Fed devrait poursuivre sa politique monétaire accommodante. Aucune pression particulière sur le président de la Fed et sur les membres du FOMC. Pas de hausse de fed funds en décembre. Reprise du cycle de resserrement de fed funds en 2017. Pas de hausse de fed funds en décembre. La Fed interromprait son cycle de resserrement monétaire en observant l’impact négatif sur la croissance. Un QE4 serait sans doute envisagé par les marchés financiers ultérieurement. Impact sur le marché des US TBonds Aucun impact spécifique sur le long terme. À court terme, légère remontée des taux longs du fait de la hausse de fed funds de décembre. Hausse des taux longs dans un premier temps avec l’anticipation de déficits élevés. Repli dans un second temps. Forte hausse des taux longs dans un premier temps avec l’anticipation de déficits élevés. Ensuite, l’impact négatif sur la croissance inciterait la Fed à redevenir plus accommodante, ce qui pèserait lourdement sur les taux longs. 9 TRUMP vs CLINTON: enjeux et stratégies d’investissement Octobre 2016 Scénario #1 Scénario Impact sur le Dollar US Scénario #2 Hillary CLINTON élue Donald TRUMP élu Présidente des États-Unis Président des États-Unis Pas d’impact spécifique sur le long terme. À court terme, négatif pour l’USD face au peso mexicain et au dollar canadien. Positif contre les grandes devises du fait de la hausse de fed funds de décembre. L’impact sur le dollar serait sans doute positif à moyen terme si les plans d'expansion budgétaire ne sont pas bloqués et / ou si le rapatriement des bénéfices s’envole. La concrétisation de l’oléoduc Keystone XL, bloquée par Barack Obama, devrait peser sur les prix du pétrole et pousser le dollar à la hausse. À court terme, positif pour l’USD face au peso mexicain et au dollar canadien. Négatif contre les grandes devises. Scénario #3 Donald TRUMP élu Président des États-Unis L’impact sur le dollar serait sans doute positif à court et à moyen terme si les plans d'expansion budgétaire ne sont pas bloqués et / ou si le rapatriement des bénéfices s’envole. La concrétisation de l’oléoduc Keystone XL, bloquée par Barack Obama, devrait peser sur les prix du pétrole et pousser le dollar à la hausse. À long terme, impact positif moindre, surtout si la position financière des États-Unis se dégrade fortement et si la Fed revient vers une politique de QE. À court terme, positif pour l’USD face au peso mexicain et au dollar canadien. Négatif contre les grandes devises. Impact sur les obligations d’entreprises Réaction à court terme favorable même si limitée (fin des incertitudes d’un scénario Trump) Réaction négative des marchés du crédit. Sousperformance des segments high beta. Réaction négative des marchés du crédit. Sousperformance des segments high beta. Pas de tendance lourde. Attention à la grande sensibilité de l’économie américaine à une hausse des taux. L’endettement des entreprises avoisine des plus hauts historiques. Attention à la grande sensibilité de l’économie américaine à une hausse des taux. L’endettement des entreprises avoisine des plus hauts historiques. Hausse significative des taux de défaut. Impact positif sur l’éducation et l’infrastructure. À surveiller : Durcissement de la réglementation financière sur les services financiers. Fiscalité du secteur de l’énergie (élimination des incitations fiscales sur les combustibles fossiles). Les entreprises ayant des unités de production au Mexique sont exposées au risque de change et d’appréciation du dollar. Évolution du régime de taxation des réserves de cash détenues à l’étranger par les multinationales américaines (essentiellement les géants de la Tech). Ils ont atteint des niveaux records à 2 500 Mds. 10 TRUMP vs CLINTON: enjeux et stratégies d’investissement Octobre 2016 Scénario #1 Scénario Impact sur les actions US Hillary CLINTON élue Donald TRUMP élu Présidente des États-Unis Président des États-Unis Les marchés financiers répondraient probablement plus favorablement compte tenu de la moindre incertitude qu’en cas d’élections de D. Trump. Ne pas miser sur une tendance positive lourde néanmoins (perspectives de hausses d’impôts et de mesures contraignantes sur l'industrie des services financiers). Vues secteurs : un impact positif sur l'éducation et l'infrastructure, et un impact négatif sur la finance. Impact sur l'or Scénario #2 Pas d'impact spécifique, tendance légèrement baissière du fait de la disparition du choc d’incertitude lié à D. Trump. Scénario #3 Donald TRUMP élu Président des États-Unis Les marchés financiers répondront probablement défavorablement, au moins dans un premier temps, compte tenu de la plus grande incertitude et de l'aversion au risque. Les marchés financiers répondront probablement défavorablement, au moins dans un premier temps, compte tenu de la plus grande incertitude et de l'aversion au risque. Vues secteurs : même après négociations avec le Congrès, les secteurs de l'infrastructure seraient tout de même susceptibles de bénéficier de l'augmentation des dépenses. Le secteur de la Santé, survendu, pourrait aussi tirer son épingle du jeu. Ne pas miser sur des stratégies « internationales » mais au contraire sur des stratégies purement domestiques et les petites valeurs. Vues secteurs : les secteurs de la défense et de l'infrastructure seraient tout de même susceptibles de bénéficier de l'augmentation des dépenses. Le secteur de la Santé, survendu, pourrait tirer son épingle du jeu. Ne pas miser sur des stratégies « internationales » mais au contraire sur des stratégies purement domestiques US. Acheter, au moins dans un premier temps. Acheter. Une valeur sure en période de stress économique, géopolitique et financier. Impact sur les EMG Plutôt positif, compte tenu de la politique monétaire relativement accommodante de la Fed, et surtout de l'amélioration progressive des fondamentaux des EMG. Affaiblis dans un premier temps par l’incertitude ambiante (droits de douane, diplomatie américaine, croissance mondiale, commerce mondial…) et par la montée de l'aversion au risque. En raison des opinions D. Trump sur la Russie, les actifs et RUB russes peuvent être davantage préservées si les sanctions américaines sont levées. Affaiblis par l'augmentation des mesures protectionnistes et par l'aversion au risque. En raison des intentions de D. Trump et de leur proximité avec les États-Unis, le Mexique et la Chine seront les deux nations les plus touchées sur le plan commercial. S’attendre à une dépréciation importante du RMB, avec des conséquences importantes sur les marchés financiers mondiaux. En raison des opinions de Trump sur la Russie, les actifs et le RUB russes pourraient être les grands gagnants si les sanctions américaines envers la Russie sont levées. Impact sur l’Europe Pas d'impact spécifique. Affaiblie en premier lieu par les craintes croissantes de retour au protectionnisme américain et par l'aversion au risque. Affaiblie par les mesures protectionnistes et par l'aversion au risque. Les taux longs américains emmènent modérément à la hausse les taux longs européens. 11 TRUMP vs CLINTON: enjeux et stratégies d’investissement Octobre 2016 Conclusion Il existe à ce stade trop d’inconnues pour estimer l’impact de la politique budgétaire. L’attentisme a de fortes chances de dominer dans les premiers mois suivant l’élection. Car même si les deux candidats militent pour l’utilisation du levier budgétaire, leurs idéologies sont trop éloignées pour espérer un compromis rapide. Les élections au Congrès, sont aussi importantes que le nom du futur président et plusieurs configurations sont envisageables. Selon toute vraisemblance, ce dernier devra composer avec un Congrès hostile (au moins en partie). L’impact économique de la politique budgétaire sera faible en 2017 car les compromis budgétaires prennent du temps à négocier et les mesures peuvent être longues à mettre en place. Dans le cas où H. Clinton est élue et où le Sénat passe sous contrôle démocrate, on peut raisonnablement tabler sur des mesures budgétaires permettant de prolonger le cycle et d’éviter un tassement supplémentaire de la croissance à l’horizon 2018 (la croissance pourrait alors ré-accélérer pour s’élever à 2- 2,2 % cette année-là). Si, en revanche, l’ensemble du Congrès lui est hostile, la politique budgétaire pourrait être paralysée à court terme. Les parlementaires s’avèrent néanmoins pragmatiques quand la situation l’exige. Si la récession menace, une relance budgétaire constituée de baisses d’impôts pour les classes moyennes-supérieures et de dépenses en infrastructures pourrait voir le jour. Dans le cas où D. Trump est élu, la politique budgétaire pèserait vraisemblablement sur la croissance, car les baisses drastiques de dépenses nécessaires au financement du programme auraient un impact récessif immédiat qui ne serait pas compensé (à court terme) pas les baisses d’impôts. Par-delà l’impact sur la croissance, cette élection aura des conséquences importantes à long terme pour l’offre politique aux États-Unis. Les parcours de B. Sanders et de D. Trump ont en effet fait ressortir les attentes de très nombreux électeurs, démocrates comme républicains, pour le développement de nouvelles politiques, d’inspirations idéologiques certes opposées, mais en général moins libérales qu’auparavant, visant à répondre au mécontentement des classes moyennes face aux effets perçus comme indésirables de la mondialisation. 12 TRUMP vs CLINTON: enjeux et stratégies d’investissement Octobre 2016 Annexe TABLEAU COMPARATIF : H. CLINTON VERSUS D. TRUMP (chiffrages du Committee for a Comité Federal Budget, CRFB, 22 septembre 2016) Note : un chiffre négatif correspond à une hausse de la dette publique à horizon 10 ans. Hillary CLINTON Impôts Donald TRUMP +1,55 trillion $ -4,5 trillions $ Les dépenses publiques proposées par H. Clinton seraient financées par des taxes plus élevées sur les ménages plus aisés et les entreprises. Le programme de D. Trump repose sur des réductions significatives d’impôt (toutes les taxes, particuliers et entreprises). Ménages : Ménages : --4 % de Surtaxe sur les revenus de plus de 5 M $. - -Réduction du nombre de tranches d’imposition sur le revenu de sept à trois, et dans la tranche d’imposition supérieure, de 39,6 % à 25 %. --« Buffet Rule » (taux de 30 % minimum sur les revenus de plus de 1 million $). --Élimination des incitations fiscales sur les combustibles fossiles. --Rétablissement de droits de succession élevés sur les hauts patrimoines. Entreprises : - -Limitation du recours à l’ « inversion » (domiciliation des entreprises à l’étranger pour des raisons fiscales). --Élimination des incitations fiscales de combustibles fossiles. - -Création d’incitations pour le développement communautaire et les infrastructures. - -Augmentation de la déduction forfaitaire de 25 000 $ pour les déclarants célibataires et 50 000 $ pour les déclarants conjoints, et indexation à l’inflation par la suite. - -Élimination des droits fédéraux de succession et de donation. - -Suppression de l’impôt sur l’investissement des ménages à haut revenus (afin de financer la loi sur les soins abordables, Affordable Care Act). - -Limitation de la valeur des déductions, à l’exception des dons de bienfaisance et des paiements d’intérêts hypothécaires. - -Abrogation de certaines niches fiscales pour les plus riches. Entreprises : - -Baisse des impôts sur les sociétés de 35 % à 15 %. --Taxation des gains en capital et les dividendes à un taux maximal de 20 %. - -Réduction à 10 % de l’impôt sur le rapatriement des bénéfices des sociétés détenues à l’étranger. - -Les filiales étrangères des entreprises US payent leurs impôts l’année où les profits sont effectivement gagnés. - -Taxer les revenus d’intérêt comme les revenus ordinaires d’entreprise. --Abrogation des déductions fiscales et de l’impôt minimum sur les sociétés. --Réduction du déficit public, non pas par l’austérité, mais en raison de la croissance retrouvée. 13 TRUMP vs CLINTON: enjeux et stratégies d’investissement Octobre 2016 Hillary CLINTON Dépenses publiques (mesures sociales, en faveur de l’éducation, infrastructures) Donald TRUMP Santé : Santé : -0,25 trillions $ -0,05 trillions $ Dépenses (éducation, famille infrastructure, vétérans) : Dépenses (éducation, famille infrastructure, vétérans) : -1,55 trillions $ 0 trillions $ Les mesures de H. Clinton se concentrent sur l’augmentation des dépenses aux États-Unis afin de soutenir les consommateurs et la création d’emplois. À l’opposé de la tradition républicaine, Donald Trump est favorable à un « État protecteur » avec une sécurité sociale et des retraites publiques, et interventionniste : Mesures sociales (bas salaires, famille) : - -12 USD de salaire minimum par heure de travail, et soutien des efforts locaux pour l’amener jusqu’à 15 USD (contre 7,25 USD actuellement au niveau fédéral). - -Développement des congés paternité et facilitation des congés maladie, services de garde moins cher, tous financés par les recettes fiscales. - -Dépenses de santé pour les vétérans, pas de changement à la sécurité sociale, et medicare. - -Relance des dépenses d’infrastructures et militaires. - -Augmentation de la surveillance aux frontières. Éducation : - -Veiller à la gratuité scolaire pour les étudiants défavorisés et de la classe moyenne dans les collèges publics. - -Mettre en place un fonds de 25 milliards de dollars pour les universités « minoritaires ». Autres (infrastructures, secteur financier) : - -Lancer un plan d’infrastructures de 275 milliards de dollars sur 5 ans. - -Veiller à ce que la réglementation financière pousse les fonds de pension à réduire les investissements risqués. Accroître la responsabilité juridique des gestionnaires dans le secteur financier. Immigration +0,10 trillion $. -0,05 trillions $. --Alléger la réglementation dur l’immigration (abrogation de la règle 3-10 ans) et développer des institutions pour mieux intégrer les immigrants. - -Proposition d’expulser 11,3 millions d’immigrés sans-papiers vivant aux États-Unis, ce qui représente 3,5 % de la population et 5,1 % de la population active. - -D. Trump a appelé à tripler le nombre d’agents Immigrations and Customs Renforcement de 5 000 à 15 000. --D. Trump appelle à la construction d’un mur à travers l’ensemble de la frontière Américano - Mexicaine pour empêcher l’entrée de nouveaux émigrants et le retour des immigrants sans papiers précédemment expulsés. 14 TRUMP vs CLINTON: enjeux et stratégies d’investissement Octobre 2016 Hillary CLINTON Donald TRUMP - -Une utilisation plus importante des droits de douane (D. Trump a parlé d’établir 35 % de droits de douane sur les produits mexicains, 45 % sur les produits chinois, et 10 % sur le reste du monde) et les barrières commerciales non tarifaires. Commerce - -Il a également critiqué les accords commerciaux actuels (ALENA, OMC) et s’oppose à la ratification du Trans-Pacific Partnership (TPP). Enfin, il a promis la fin du « harcèlement règlementaire ». Il n’est pas anti – libre échange en soi, mais il insiste sur le fait que ce sont des accords commerciaux médiocres qui ne sont pas dans le meilleur intérêt des ÉtatsUnis (pour l’emploi notamment) et qui devraient à tout le moins être renégociés. - -Il fait valoir que les Chinois gardent leur monnaie artificiellement basse par rapport au dollar pour dégager de gros excédents commerciaux avec les ÉtatsUnis. En réponse, il a proposé que soit imposé un droit de douane de 45 % sur les importations chinoises, tant que la Chine n’aura pas décidé de laisser flotter librement sa monnaie. Charge d’intérêts sur la dette -0,05 trillions de $. -0,70 trillions de $. Impact cumulé sur le solde public, à 10 ans -0,20 trillions de $. -5,3 trillions de $. 15 Les destinataires de ce document sont en ce qui concerne l’Union Européenne, les investisseurs « professionnels » au sens de la Directive 2004/39/CE du 21 avril 2004 « MIF », les prestataires de services d’investissements et professionnels du secteur financier, le cas échéant au sens de chaque règlementation locale et, dans la mesure où l’offre en Suisse est concernée, les « investisseurs qualifiés » au sens des dispositions de la Loi fédérale sur les placements collectifs (LPCC), de l’Ordonnance sur les placements collectifs du 22 novembre 2006 (OPCC) et de la Circulaire FINMA 08/8 au sens de la législation sur les placements collectifs du 20 novembre 2008. Ce document ne doit en aucun cas être remis dans l’Union Européenne à des investisseurs non « Professionnels » au sens de la MIF ou au sens de chaque règlementation locale, ou en Suisse à des investisseurs qui ne répondent pas à la définition d’« investisseurs qualifiés » au sens de la législation et de la règlementation applicable. Ce document n’est pas destiné à l’usage des résidents ou citoyens des États Unis d’Amérique et des « U.S. Persons », telle que cette expression est défi nie par la « Regulation S » de la Securities and Exchange Commission en vertu du U.S. Securities Act de 1933. Le présent document ne constitue en aucun cas une offre d’achat ou une sollicitation de vente et ne peut être assimilé ni à sollicitation pouvant être considérée comme illégale ni à un conseil en investissement. Amundi n’accepte aucune responsabilité, directe ou indirecte, qui pourrait résulter de l’utilisation de toutes informations contenues dans ce document. 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