Montsûrs - Château de Sainte
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Montsûrs - Château de Sainte
PA U L C H E M E TOV / P a t r i m o i n e e t c i t o y e n n e t é , 1 9 9 9 Le citoyen n’est pas seulement grand de ses cinq pieds six pouces quand il passe sous la toise, mais grand aussi des biens patrimoniaux qui l’ancrent dans son histoire, son sol et sa culture. Vi l l e s e t P a y s d ’ a r t e t d ’ h ist o ire Le Pays Coëvrons-Mayenne laissez-vous conter Montsûrs le bourg de Le bourg de Montsûrs Situé en fond de vallée, aux abords de deux anciennes voies probablement d’origine romaine, Montsûrs est devenu, à l’échelle régionale, un véritable carrefour économique. La rue de la chapelle Au creux des collines Saint-Martin Au cœur de la vallée La commune de Montsûrs se situe dans l’Est de la Mayenne, à 21 km de Laval. Elle se développe le long de la Jouanne, dans une vallée dominée par les collines, dont celles de Saint Martin, du château et de Saint Nicolas. Au nord, sur la rive droite de la rivière, s’étend la plaine de Crotigné. Montsûrs est le point de départ et d’arrivée de nombreuses routes terrestres menant notamment à Jublains, Laval, Mayenne ou Sainte Suzanne. Grès et granite Le sol de la partie Nord de la commune appartient au massif de Véloché, composé principalement de granite. Le reste du territoire comprend un mélange homogène de schiste et de grès, avec localement quelques massifs de calcaire. Du XIX à la fin du XX siècle, la pierre tendre était utilisée pour la fabrication de chaux hydraulique dans les fours de Méral et de Buron (aujourd’hui détruits) . Industrie principale du village à l’époque, la chaux de Montsûrs était réputée pour ses qualités constructives. e e Le « Mont Sûr » Les premières mentions de Montsûrs « Monte Sodeuris » ou « Monte Sadoveris » apparaissent au IX siècle dans la Gesta Aldrici mais ne semblent pas totalement fiable aux yeux des historiens. En revanche, au X siècle, le cartulaire d’Evron atteste la présence d’une « Ecclesia santi Martini de Monte Securo », église Saint Martin de Montsûrs 1 . Le « château de Montseures », bien que plus ancien, n’apparaît qu’en 1386 dans un manuscrit, et la ville de « Montseur » en 1444. C’est sous cette dénomination qu’elle figure sur la carte Jaillot au XVII siècle. La carte de Cassini, réalisée au siècle suivant, comporte son nom actuel. e e e 1 Chapelle Saint-Martin 2 Tour de la Fuye 3 Tour Rennaise 4 Eglise des Trois-Maries 5 Grande-Rue 6 Mairie 9 7 2 6 7 Lavoir 8 Maison de tisserand 9 Siège social Maurice Bouessé 5 4 8 3 1 La rivière la Jouanne à Montsûrs. La formation du village La physionomie actuelle du village est le résultat de la jonction de trois pôles de développement, progressivement constitués au cours des siècles. Une cité médiévale La tour rennaise Le bourg primitif : l’ancienne église paroissiale Saint Martin Un bourg se forma d’abord autour de l’église paroissiale Saint Martin. Cet édifice roman du X siècle à chevet plat remplaçait une construction primitive, datant probablement du siècle précédent, bâtie par les moines d’Evron . Après avoir connu quelques remaniements au cours du temps, l’église fut abandonnée en 1855. Il n’en reste aujourd’hui que le chœur, qui renferme un retable en bois de 1722, réalisé par Le Bourdais. Le sol conserve de nombreuses dalles funéraires. e Un château démembré Le château et son enceinte, propriété des seigneurs de Laval, constituaient le deuxième pôle du bourg. De type éperon barré, il présentait sur trois faces des escarpements naturels renforcés par de profondes douves alimentées par le Vesnard et la Jouanne. Il était protégé au nord-est par une motte surmontée d’une tour en bois. À ses pieds, le quartier du Marchis accueillait les marchés et les foires. Des remparts maçonnés remplacèrent l’enceinte primitive de bois. Le château fut partiellement détruit pendant la guerre de Cent Ans. Au début du XIX siècle les vestiges de cinq de ces tours ainsi que ceux du château ( une chapelle et la grande salle d’honneur ) étaient encore visibles. De nos jours seules les tours de la Fuye 2 , transformée en habitation, et Rennaise 3 , en bas de la rue de Sainte Suzanne, sont encore debouts. Le reste fut totalement détruit entre 1833 et 1855, pour la construction de la nouvelle église paroissiale. e L’église des Trois Marie 4 L’ancienne chapelle seigneuriale des Trois Marie existait encore au début du XIX siècle mais elle fut démolie pour faire place à la nouvelle église paroissiale. Depuis fort longtemps les habitants se plaignaient de la difficulté d’accès à l’église Saint-Martin et de l’exiguité du lieu. La nouvelle église est un édifice de style néo-roman en calcaire et moellons de granite. À l’intérieur se trouvent deux retables de bois, les statues des Trois Marie, issues de la chapelle seigneuriale, ainsi que celle de Saint Martin provenant de l’ancienne église paroissiale. Le bâtiment perdit sa flèche en 1905. Elle fut remplacée par un toit en pavillon de moindre hauteur. e Un faubourg éloigné La troisième partie du village était formée par le faubourg de Crotigné, sur la rive droite de la Jouanne. Tout comme la paroisse Saint Martin, ce fief appartenait aux seigneurs de la ChapelleRainsouin. Au XV siècle, une aumônerie destinée à accueillir les pauvres et les pèlerins était située dans ce faubourg. La tour de la Fuye appartenaient aux remparts du château. Elle a servi d’école maternelle avant de devenir une habitation privée. L’église des Trois Maries avec l’ancien clocher (Archives départementales de la Mayenne. 5FI46) e Les transformations du paysage urbain Au fil du temps le village va subir différentes réorganisations, notamment à Le temps des changements la fin du Moyen âge et au cours du XIXe siècle. La création de la Grande Rue 5 A la fin du moyen Âge les douves du château furent asséchées et comblées afin de mettre en place un nouveau pôle de développement et d’attraction: la Grande Rue. Le long de ce nouvel axe, les maisons s’installèrent sur des parcelles étroites et tout en longueur. Derrière la maison principale se trouvaient les dépendances ou d’autres demeures plus modestes auxquels on accédait par de petits passages entre deux bâtisses, ouvrant sur des cours intérieures, comportant en général un puit. Sous l’Ancien Régime, la Grande Rue devint un lieu important d’échanges économiques. Preuve de cet essor; certaines maisons à porche étaient munies d’avancées sur la rue et bénéficiaient ainsi d’un espace couvert propice au commerce. La restructuration urbaine du XIXe siècle Le XIX siècle fut une période de modernisation et de désenclavement pour la Mayenne avec l’aménagement des routes stratégiques et la construction des lignes de chemin de fer. En 1832, la duchesse de Berry, belle-fille de Charles X, provoqua une insurection dans l’Ouest de la France pour restaurer sur le trône la branche aînée des Bourbon, en la personne de son fils, le futur comte de Chambord. La révolte fut rapidement matée mais le roi Louis-Philippe décida de développer le réseau routier en créant des routes stratégiques destinées à faciliter le mouvement des troupes en cas de troubles. Montsûrs se trouve sur la route stratégique n°14 allant de Mayenne à Sablé. Celle-ci emprunte la Grande Rue qui fut transformée dans les années 1830, pour répondre aux exigences militaires de la nouvelle voie. e Ruelle entre deux maisons de la Grande-Rue. Elle permettait d’accéder à une cour placée en arrière de parcelle. Les appentis et les constructions en saillie sur la chaussée furent démolis et les façades des maisons reconstruites selon un plan d’alignement. L’ancienne rue de Malicorne, contiguë à la Grande Rue, qui permettait de quitter Montsûrs en se direction de Sablé, fut délaissée au profit d’une nouvelle voie plus directe. L’ancien hôtel situé au carrefour des deux routes symbolise cette transformation. D’autres rues furent percées dans le bourg, comme la rue de la Gare suite à l’arrivée de la ligne de chemin de fer Paris-Brest, ou la route de Saint-Cénéré. La Grande Rue garda sa vocation commerciale mais un vaste champ de foire fut aménagé dans la plaine Saint-Nicolas. La gare au XIXe siècle (Archives départementales La Grande-Rue. Les maisons actuelles furent reconstruites à la de la Mayenne. C003 ). place des anciennes constructions médiévales. Elles possèdent des ouvertures nombreuses et larges, en accord avec les conceptions hygiénistes de l’époque qui préconisaient d’ouvrir davantage les demeures pour une meilleure salubrité. Mairie de Monstûrs sur la route de Saint-Cénéré. Construite au XIXe siècle, elle abritait aussi l’école des garçons. Un nouveau type d’architecture La maison aux encadrements de briques Cette habitation, installée dans la rue de Sainte Suzanne s’inscrit dans la perspective de la rue des Quatre-Œufs. Elle témoigne de la vogue de la brique à la fin du XIX siècle. Le matériau, bon marché, permet de créer de nombreux effets de polychromie et est utilisé pour souligner les lignes de l’architecture ( encadrements des ouvertures, corniches ou couvertures ). e La mairie 6 La mairie, construite en 1856/57, est accompagnée de l’école de garçon, selon un programme fréquent de ce temps. C’est au cours de ce siècle que l’influence des institutions administratives se développe et que le conseil municipal est transféré dans un bâtiment particulier, prévu à cet effet. La mairie, est un édifice de prestige, symbole de l’Etat et de l’administration communale, et se doit d’avoir une architecture imposante. Elle est séparée de la rue par un emmarchement et présente un avant corps central en calcaire, surmonté d’un fronton triangulaire. Initialement, la cour de l’école aujourd’hui réaménagée en parvis, était protégée de la circulation par un muret en granit. Lavoir du Gué des Barres Maison avec des encadrements en brique du XIXe siècle dans la rue des Quatre Oeufs Au lavoir 7 En matière d’hygiène, le XIX siècle est marqué par l’apparition des lavoirs. On en trouve plusieurs à Montsûrs, privés ou publics, et le mieux conservé d’entre eux est celui du Gué des Barres, datant de 1899. Il s’agit d’un type courant, positionné le long de la rivière, avec un toit en appentis pour se protéger des intempéries. II est constitué de cinq planchers qui se relèvent ou s’abaissent avec un treuil selon le niveau de l’eau, et de margelles pour poser le linge. Peu à peu abandonnés au XX siècle, les lavoirs sont devenus des éléments emblématiques du patrimoine local et sont souvent mis en valeur par les communes. e e Les industries Bien qu’à dominante rurale, le village a su développer des industries différentes qui lui ont permis de se faire connaître et d’enrichir quelques entrepreneurs. Ancienne maison de tisserand dans la Grande Rue L’industrie de la toile de lin Dès la fin du XV siècle Montsûrs, et plus généralement le Bas-Maine, étaient connus pour leur production de toile. Le lin était battu, puis tissé dans des ateliers dont il reste les traces dans le bourg. Dans la rue de Sablé une maison en moellons du XVII siècle abritait des tisserands et leurs métiers. 8 Pour ce faire le premier étage était surélevé afin de pouvoir aménager le rez-dechaussée en cave semi-enterrée, ouverte de trois petites baies, pour conserver l’humidité nécessaire au tissage du lin. On remarque aussi en façade la présence caractéristique d’une grande baie aux encadrements de granite, décorée d’une moulure et portant les trous d’une ancienne grille de protection. Le tissage du lin connu un essor considérable sous l’Ancien Régime, avant d’être concurrencé par l’importation du coton étranger. L’activité économique e e Chaux et minoterie À proximité de la gare, la rue de la Carrière de Méral témoigne de la principale activité industrielle de Montsûrs au XIXe siècle. La carrière d’extraction du calcaire et le four à chaux de Méral se trouvaient à cet endroit. Près de la rue, le grand bâtiment construit sur la Deux-Evailles était un ancien moulin. Les premières mentions d’un moulin à Méral remontent au 15e siècle. Devant l’accroissement de la production céréalière, il fut reconstruit et doté d’une machine à vapeur destinée à palier l’insuffisance du débit de la rivière en période estivale. Il devint alors, et jusque dans les années 1960, le moulin le plus important autour de Montsûrs. Il est même qualifié d’usine dans un échange de courriers daté de 1873, entre le propriétaire de l’époque et le cabinet du préfet. Son architecture est proche des minoteries construites à la même époque au bord de la Mayenne. Situé transversalement par rapport à la rivière et de dimension rectangulaire, ses roues sont enveloppées dans les murs. Il est doté d’un rez-de-chaussée et d’un étage. Les fenêtres nombreuses, pour permettre une bonne évacuation des poussières, sont alignées symétriquement et encadrées de briques. Après avoir cessé son activité, il fut vendu puis réhabilité en appartements tout en conservant son apparence extérieure. Les transports routiers Au lendemain de la Première Guerre Mondiale une nouvelle entreprise vit le jour rue de Gesnes : les Transports Maurice Bouessé ( TMB ). Transportant pierre, charbon et chaux dans tout l’Ouest et jusqu’à Paris, l’entreprise se développa rapidement. Vitrine de cette réussite, le siège social présente une physionomie proche de celle d’une gare. Avec son architecture faite de lignes géométriques stylisées et son ab- sence de décor, il s’apparente au mouvement art déco, apparu entre les années 20 et 30 9 . Si les TMB ont cessés leur activité, les transports Robin poursuivent la tradition. Initialement implanté au n° 6 de la rue de Gesnes, le siège social est à présent Mayenne. Quelques pas plus loin se trouvent des maisons jumelles et mitoyennes, construites vers 1930. Ces demeures présentent un jeu de volumes et de décrochements, ponctué par des touches colorées de briques et de terre cuite sculptée, qui leur donne un aspect pittoresque et les rattache davantage à l’architecture des années 1900. Le siège social de l’entreprise de transport Maurice Bouessé, construit selon les principes de l’architecture art déco. Montsûrs et ses grands personnages Plusieurs personnalités de l’histoire de France ou du département sont intimement liées à la ville de Montsûrs. Bertrand, André et Alphonse Bertrand Du Guesclin (13201380) et André de Lohéac (14081486) Pendant la Guerre de Cent ans, en 1374, Jeanne, fille d’André de Laval, épousa Bertrand Du Guesclin, célèbre chevalier breton et connétable du roi de France. Celui-ci demeura à Montsûrs pendant six ans, avant de repartir en guerre en 1380, année où il mourut, durant le siège de Châteauneuf- de -Randon en Lozère. En 1384 Jeanne épousa en secondes noces Guy XII de Laval. De cette union naquirent Guy et Anne, qui épousa Jean de Montfort ( Guy XIII ) et donna naissance à André de Lohéac en 1408, au château de Montsûrs. Après s’être illustré très tôt dans les combats contre les Anglais avec l’épée de Du Guesclin, il devint l’un des compagnons de Jeanne d’Arc. Il assista à ses côtés au sacre de Charles VII à Reims, en 1429. Blasons de Bertrand Du Guesclin et d’André de Lohéac L’abbé Angot Le plus grand historien de la Mayenne au XIXe siècle est né à Montsûrs en 1844, au numéro 57 de la Grande Rue comme l’indique la plaque de commémoration. II est l’auteur de nombreuses études dont la plus célèbre s’intitule Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne. L’abbé Angot (Archives départementales. 11FI 00986) Gisant de Bertrand du Guesclin à Saint-Denis Laissez-vous conter Coëvrons-Mayenne, Pays d’art et d’histoire... ... en compagnie d’une guide agréé par le ministère de la Culture. Le guide vous accueille. Il connaît toutes les façettes de CoëvronsMayenne et vous donne des clefs de lecture pour comprendre l’échelle d’un paysage, l’histoire du pays au fil des villages. Le guide est à votre écoute. N’hésitez pas à lui poser vos questions. Le service animation du patrimoine coordonne les initiatives de Coëvrons-Mayenne, Pays d’art et d’histoire. Il propose toute l’année des animations pour les habitants et pour les scolaires. Il se tient à votre disposition pour tout projet. Si vous êtes en groupe Coëvrons-Mayenne vous propose des visites toute l’année sur réservation. Coëvrons-Mayenne appartient au réseau d’art et d’histoire national des Villes et Pays Le ministère de la Culture et de la Communication, direction de l’Architecture et du Patrimoine, attribue l’appellation Villes et Pays d’art et d’histoire aux collectivités locales qui animent leur patrimoine; Il garantit la compétence des guides-conférenciers et des Renseignements: Pays d’art et d’histoire 1, rue Fouquet de la Varenne 53270 SAINTE-SUZANNE tél. 02 43 58 13 05 animateurs du patrimoine et la qualité de leurs actions. Des vestiges antiques à l’architecture du XXIe siècle, les villes et pays mettent en scène le patrimoine dans sa diversité. Aujour’hui, un réseau de plus de 130 villes et pays vous offre son savoir-faire sur toute la France. Courriel : [email protected] À proximité, Couv. L’église de Montsûrs. L’ancien moulin de Méral. Centre d’Interprétation de l’Architec- Conception graphique service du Patrimoine d’après LM le Bris ture et du Patrimoine 1, rue Fouquet de la Varenne 53270 SAINTE-SUZANNE tél. 02 43 58 13 00 Communiquer. Photos: © service du patrimoine et Marine Laval, Le Mans, Angers, Vitré, Fougères, Nantes, Guérande, Fontenay-le-Comte, Rennes et Saumur bénéficient de l’appellation Villes d’art et d’histoire ; le Perche Sarthois et la Vallée du Loir bénéficient de l’appellation Pays d’art et d’histoire.