Florence Aubenas

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Florence Aubenas
Les jeunes romanciers face à la guerre
L’auteur
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Née en 1961, Florence Aubenas a fait la plus grande partie de
sa carrière de journaliste à Libération , avant de devenir grand
reporter au Nouvel Observateur. Lors d’un reportage en Irak en
2005, elle a été retenue en otage pendant plusieurs mois. Elle
a couvert de nombreux événements, notamment au Kosovo, en
Algérie ou en Afghanistan, ainsi que quelques grands procès en
France, comme le procès d’Outreau. De 2009 à 2012, elle a été
présidente de l’Observatoire international des prisons. En juillet
2012, elle couvre la guerre civile syrienne pour le quotidien Le
Monde, aux côtés de l’armée syrienne libre.
La banlieue quand elle ne brûle pas (L’Olivier, Juin 2013)
L’œuvre
La banlieue quand elle ne brûle pas (L’Olivier, 2013) à paraître
Le Quai de Ouistreham (L’Olivier, 2010, 276p.)
Grand reporter. Petit conférence sur le journalisme (Bayard, 2009,
78p.)
9m², ouvrage collectif (Actes Sud « Le Cadratin », 2007, 113p.)
La Méprise. L’affaire d’Outreau (Seuil, 2005, 254p.)
Résister, c’est créer, avec Miguel Benasayag (La Découverte, 20022008, 122p.)
La Fabrication de l’information. Les journalistes et l’idéologie de
la communication, avec Miguel Benasayag (La Découverte, 1999 2009)
On a deux yeux de trop. Avec les réfugiés rwandais, Goma,
Zaïre, avec des photographies d’Anthony Suau (Actes Sud, 1995)/
Dans Le Quai de Ouistreham, Florence
Aubenas nous avait fait découvrir un monde
inconnu, celui des travailleurs précaires, ces
personnes que nous croisons tous les jours
sans les voir. Cette fois, c’est en banlieue
qu’elle nous emmène, à Nanterre : la porte
à côté. Et pourtant, si loin…En quête de vérité,
Florence Aubenas fait voler en éclats les clichés
et les idées reçues, les sujets du journal de TF1
comme les livres écrits par des « spécialistes »
qui n’ont passé qu’une semaine ou deux sur le terrain.
Pendant un an, elle a vécu parmi les habitants de Nanterre.
Elle les a tous rencontrés : les instits et les filles voilées, les
flics et les voyous, les chômeurs et ceux qui s’en sont sorti, les
salafistes et les militants du FN, les syndicalistes et les élus
UMP… En se focalisant sur l’histoire d’un couple de jeunes issus
de l’immigration, c’est leur histoire à tous qu’elle déplie, dans
ce magnifique récit choral dont le personnage central est la ville
elle-même.
Avec ce regard aigu, parfois féroce, qui la caractérise, mais aussi
le sens de la fraternité qu’on lui connaît, Florence Aubenas était
probablement la seule à pouvoir écrire ce livre, un livre vrai sur
la France d’aujourd’hui.
INDISPONIBLE/
© DR
Florence Aubenas
France
8es Assises Internationales du Roman / Un événement conçu et réalisé par Le Monde et la Villa Gillet / Du 19 mai au 25 mai 2014 aux Subsistances (Lyon) / www.villagillet.net
Le Quai de Ouistreham (L’Olivier, 2010, 276p.)
Grand reporter. Petit conférence sur le
journalisme (Bayard, 2009, 78p.)
9m², ouvrage collectif (Actes Sud « Le Cadratin »,
2007, 113p.)
La Méprise. L’affaire d’Outreau (Seuil, 2005,
254p.)
« La crise. On ne parlait
que de ça, mais sans savoir
réellement
qu’en
dire,
ni comment en prendre
la mesure. Tout donnait
l’impression d’un monde
en train de s’écrouler. Et
pourtant, autour de nous, les
choses semblaient toujours
à leur place. J’ai décidé de
partir dans une ville française où je n’ai aucune
attache, pour chercher anonymement du
travail… J’ai loué une chambre meublée.
Je ne suis revenue chez moi que deux fois, en
coup de vent : j’avais trop à faire là-bas. J’ai
conservé mon identité, mon nom, mes papiers,
et je me suis inscrite au chômage avec un
baccalauréat pour seul bagage. Je suis devenue
blonde. Je n’ai plus quitté mes lunettes. Je n’ai
touché aucune allocation. Il était convenu que je
m’arrêterais le jour où ma recherche aboutirait,
c’est-à-dire celui où je décrocherais un CDI. Ce
livre raconte ma quête, qui a duré presque six
mois, de février à juillet 2009.
J’ai gardé ma chambre meublée. J’y suis
retournée cet hiver écrire ce livre. »
Loin du spectaculaire, de
quoi est fait le métier de
grand reporter, aussi bien au
quotidien que dans le drame
et l’émotion? La vie de Florence Aubenas se confond à
ce métier et en reflète les exigences, les joies, les dangers
aussi, de Bagdad à Kaboul.
Dans une petite conférence
au théâtre de Montreuil reprise dans ce livre,
elle raconte ses débuts, son premier reportage,
presque par hasard, et la passion qui tout de
suite est née.
Plusieurs dizaines de milliers de personnes sont détenues chaque année dans
les prisons françaises dans
des conditions de promiscuité gravement problématiques.
La détention est alors pratiquée au mépris des règles,
des conventions, de la loi et,
tout simplement, du respect de la dignité de
la personne inscrite dans la Constitution française. Le travail des personnels en est également affecté. Les effets cumulés de cellules
surpeuplées produisent une forme de traitement que le Comité européen pour la prévention de la torture (CPT) qualifie de cruel, inhumain et dégradant.
Les incidents sont quotidiens, les grandes
violences fréquentes allant parfois jusqu’au
décès des personnes les plus vulnérables.
L’Appel pour le respect du numerus clausus
en prison a pour objectif d’inscrire sans dérogation possible dans la loi la mise à disposition
d’une place pour chaque détenu.
« Outreau a ce pouvoir des
histoires simples et qui font
peur : chacun s’y retrouve et
chacun s’y perd.
Ce livre était presque achevé
lorsqu’il m’est arrivé, à moi
aussi, une histoire. Je suis
partie en Irak le 15 décembre
2004. Je devais y rester un
mois et terminer la rédaction
à mon retour, pour le procès en appel prévu en
mai 2005 aux assises de Paris.
J’ai été enlevée le 5 janvier à l’université de
Bagdad. En captivité, là-bas, je ne pensais
pas que je finirais le livre. Non pas qu’il ne
m’intéressait plus, mais j’étais persuadée
que je ne serais jamais rentrée en France au
moment où les Assises auraient lieu. Après, le
rideau retomberait sur Outreau, plus personne
ne voudrait en entendre parler.
Quand on est enfermé, un rien peut vous
briser. Je ne voulais plus penser à cette affaire
à laquelle il me fallait désormais renoncer.
Pendant ces mois-là, je me suis donc efforcée
de ne plus jamais avoir Outreau en tête. C’était
une entreprise délibérée. J’effaçais chaque
visage, chaque souvenir, chaque mot dès que,
par hasard, l’un d’eux m’apparaissait.
Je suis rentrée le 12 juin 2005. Les Assises
avaient été reportées, le manuscrit interrompu
était dans mon ordinateur et moi, j’avais réussi
ce que je voulais : j’avais tout oublié d’Outreau.
J’ai été surprise en relisant ce que j’avais
écrit. Comment un accusé avoue ce qu’il n’a
pas commis ou pourquoi un magistrat acte
des déclarations si farfelues qu’elles feraient
rire les enfants, ces choses qui me semblaient
comphérensibles mais obscures, ces ténèbreslà m’étaient devenues étrangement familières.
J’ai recommencé le livre. »
8es Assises Internationales du Roman / Un événement conçu et réalisé par Le Monde et la Villa Gillet / Du 19 mai au 25 mai 2014 aux Subsistances (Lyon) / www.villagillet.net
Résister, c’est créer, avec Miguel Benasayag (La
Découverte, 2002- 2008, 122p.)
La fabrication de l’information. Les journalistes
et l’idéologie de la communication, avec Miguel
Benasayag (La Découverte, 1999 - 2009, 109p.)
Depuis les années 1990, dans
les sociétés du Nord comme
dans celles du Sud, une
contre-offensive souterraine
est en marche. Et elle est loin
de se limiter à ses expressions
les plus visibles, celles
des mouvements
« antimondialisation ». Dans cet
essai, la journaliste Florence
Aubenas et le philosophe Miguel Benasayag
en proposent une analyse originale, nourrie de
nombreux exemples.
Ils montrent que les formes de cette « nouvelle
radicalité » sont multiples et très diverses :
certaines sont éphémères, d’autres s’inscrivent
dans le long terme ; certaines revendiquent
une « subjectivité contestataire », d’autres
se veulent simplement pragmatiques. Mais
tous ceux et celles qui les portent partagent,
sans nécessairement en être conscients, des
traits communs. Ils s’inscrivent en rupture
par rapport à l’individualisme triomphant des
dernières décennies et le néolibéralisme n’est
plus pour eux un « horizon indépassable ». Et ils
rompent également avec les formes anciennes
de la contestation : ils n’agissent plus en
fonction de modèles de société prédéfinis ou de
directives d’un parti à la conquête du pouvoir.
C’est un nouveau « désir de lien » que
recherchent aujourd’hui des millions de
personnes à travers le monde. Et cette
multiplicité joyeuse ouvre la voie d’une
alternative au projet majeur du capitalisme,
celui d’un monde unique et centralisé.
La critique des médias est
à la mode : tribunes libres,
pamphlets,
émissions
parodiques dénoncent - à
juste titre - les journalistes
aux ordres, les manipulations
de l’information, l’emprise
de la « pensée unique »...
Et pourtant, rien ne change
: nombre de lecteurs et de
téléspectateurs partagent ces indignations,
sans modifier pour autant leurs habitudes de «
consommation » des médias. Et ces derniers,
loin d’être ébranlés par ces critiques, semblent
même en être confortés. C’est ce paradoxe
surprenant qu’explore cet essai original, fruit
de la collaboration entre une journaliste et un
philosophe. À partir de nombreux exemples
puisés dans l’actualité - du fonctionnement
des « Guignols de l’info » au traitement du
conflit algérien ou de la guerre au Kosovo,
Florence Aubenas et Miguel Benasayag livrent
une analyse décapante des mécanismes de
fabrication de l’information et de leurs effets.
En montrant la façon dont l’idéologie de la
communication façonne le travail quotidien
des journalistes, ils mettent à jour les illusions
qu’elle véhicule : l’obsession de la recherche
des « faits vrais », l’idéal de transparence, loin
de mieux rendre compte du réel, contribuent
à le rendre inintelligible. Et la « révélation »
des scandales, loin d’entraîner des révoltes
citoyennes, contribue à fabriquer une société de
l’impuissance. Pour sortir de ces impasses, pour
sortir aussi du confort illusoire du radicalisme
« antimédias », les auteurs explorent les voies
de ce que pourrait être un autre journalisme, un
autre rapport des citoyens à l’information.
8es Assises Internationales du Roman / Un événement conçu et réalisé par Le Monde et la Villa Gillet / Du 19 mai au 25 mai 2014 aux Subsistances (Lyon) / www.villagillet.net