POUR LA GLOIRE DE DIEU ET LE SALUT DU MONDE

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POUR LA GLOIRE DE DIEU ET LE SALUT DU MONDE
JUBILE SACERDOTAL DE L’ABBE PIERRE - MARIE BEKONA :
1985-2010
POUR LA GLOIRE DE DIEU ET LE SALUT
DU MONDE
Chers lecteurs et lectrices de cet article, nous vous prions de bien vouloir vivre ici
en différé la donation d’un être à Dieu il y a 25 ans. Cet homme de foi et de
conviction profonde de son appel par Dieu.
UNE VOCATION PRECOCE
Né le 1er Mars 1955, 3ème de 11 enfants, je reçois le Baptême le 6 Mars 1955, soit 05 jours après ma
naissance, des mains de l’Abbé Frédéric ETOUDI. Mes parents me donnent alors les prénoms de Pierremarie. J’ai reçu la première communion et la confirmation à l’âge de 11 ans.
C’est en Septembre 1962, à l’âge de 7 ans que j’entre à l’école de la mission catholique d’Ombessa à la SIL.
Heureusement mon papa m’avait déjà appris à lire et à écrire les 26 lettres de l’alphabet français. J’ai pour
ainsi dire fait la maternelle à la maison.
Cette période d’enfance est marquée par une pratique dominicale régulière : nous allions à la messe tous les
Dimanche en famille.
Mais en semaine, mes parents me réveillaient et me pressaient d’aller seul à la messe. Parfois je partais sans
même avoir eu le temps de me laver la figure, pour ne pas arriver en retard. Petit à petit, le désir de devenir
Prêtre s’imprime en moi, si bien que mon unique jeu d’enfance consistait à singer le prêtre, en revêtant la
robe de ma sœur ainée et en chantant « Dominus vobis cum » seules paroles du Prêtre que je savais
répéter.
LE MOMENT TANT ATTENDU
C’est donc en Octobre 1968 que j’entrai au petit séminaire St André de Bafia. Maman avait tenu à
m’accompagner avec quelques provisions. Papa m’offrit une de ses vieilles cantines de taille moyenne qu’il
avait repeinte pour éviter la rouille. D’Ombessa à Bafia nous avons parcouru environ 20 km à pieds en
quittant la maison alors qu’il faisait encore sombre. N’ayant pas beaucoup d’affaires personnelles, la cantine
n’était assez lourde à porter sur la tête et puis j’avais 13 ans.
Arrivés à Bafia quelques jours avant la date de la rentrée, nous avons été hébergés par une famille proche de
ma grand-mère maternelle. Je commençai à découvrir la ville. Maman profita de ce temps d’attente pour me
prodiguer de nombreux conseils entre autres : l’obéissance : « même si on te demande de laver les cabinets
(toilettes) avec les mains, fais-le par obéissance » ne cessait-elle de me répéter !
C’est par un Dimanche après-midi d’Octobre 1968 que je fus accueilli au petit séminaire à Gondon. Je
n’éprouvai aucun déchirement de quitter ma famille. Le mur de la façade principale du bâtiment servant de
dortoir et de salle d’étude portait ces inscriptions : « Parle Seigneur ».
Dès le premier soir, il faillait se soumettre à un rituel inattendu : les nouveaux venus dans la maison ou les
‘bleus’ devaient remettre toutes leurs provisions aux ainés.
Nous rejoignions en effet 11 ainés qui étaient rendus en classe de 5 eme, tandis que nous formions le même
nombre en 6eme pour un total de 22 petits séminaristes. Cette étape a duré de 1968 à 1972.
UNE EXPERIENCE SINGULIERE
Arrivés en classe de 3eme, l’équipe du séminaire décida de nous envoyer suivre les cours au collège des
jeunes filles aujourd’hui collège SABAYA. Nous étions alors 11 garçons pour tout un collège de filles (1 er
Cycle). Moi qui n’avais jamais fréquenté une école mixte je vécu cette expérience avec beaucoup de
malaises. J’étais exacerbé par cette promiscuité, moi séminariste et mes camarades filles le sentaient bien.
Mais un événement m’aida à trouver l’harmonie quand, après avoir composé un poème dédié au collège
Sabaya, Monseigneur André LOUCHEUR me confia le texte pour lui trouver une mélodie. Je le fis sans
grande difficulté et fus chargé d’enseigner le chant à tous les élèves du collège.
« Il est un petit collège sis dans ma petite ville Sabaya. C’est un petit collège grand tout juste comme il faut …
il a pour nom :
SA, comme Sanaga ;
BA, comme Bafia, Banen, Bassa, Balom, Bamileke ; et
YA, comme Yambassa, Yambetta et Yaoundé »
Ce petit exploit m’attira la sympathie de tous les élèves et du corps enseignant. Mais l’année scolaire
s’acheva par un mauvais résultat : je ratai le BEPC. C’était mon premier échec scolaire depuis la SIL.
Mon échec au BEPC me refroidit quelque peu et me fit douter de mes capacités intellectuelles pour poursuivre ma
formation et je fis un second Cycle Original au collège d’Enseignement Technique des garçons à l’ablé pour apprendre
un métier. Au cours de la première année (72-73), je repris les cours au collège des jeunes filles au 3eme Trimestre pour
passer à nouveau le B.E.P.C et l’obtins cette fois.
L’expérience de formation technique à l’ablé se prolongea par un stage en entreprise à Yaoundé. Ce fut les années (7475). De (76-78), je suis envoyé au grand séminaire de Maroua : Communauté Saint Augustin. De (78-80), je fis 2 années
de philosophie et de (80-82) je fis 2 autres années de théologie au grand séminaire International de nkolbisson.
DE YAOUNDE A LYON
Après ma 2eme année de théologie, je devais effectuer mon année de stage canonique dans le Diocèse de
Bafia, cette année fut donc l’occasion de réaliser mon projet et mon évêque décida que je mette cette année
à profit pour des études en moyens de communication sociale. C’est en Juillet 1982 que pris l’avion pour la
première fois de ma vie.
Prévu pour une année de stage canonique je me trouve de faire trois et où au terme de ces trois années je
suis admis a faire mon Diaconat sous la demande de mon évêque Monseigneur Athanase BALA qui, le 17
Mai 1984 adressait les TESTIMONIALES au Directeur du séminaire St Irénée de Lyon pour mon admission. Et
le 10 Septembre de la même année, mon évêque écrivit à Monseigneur Albert DECOURTRAY, Archevêque
de Lyon une correspondance lui demandant de bien vouloir m’ordonner Diacre au compte du Diocèse de
Bafia (Cameroun). Toute la paroisse se mobilisa pour préparer cet événement inédit. Le 24 Février 1985,
Monseigneur Albert DECOURTRAY me conféra le DICONAT au cours d’une célébration mémorable.
TOUT EST BIEN, QUI FINI BIEN
Au cours des vacances de Juillet-Aout 1984, il avait été convenu avec mon Evêque que l’ordination
presbytérale aurait lieu le 31 Aout 1985 à Bafia. Certes dans les premiers mois de 1985, la nouvelle de la
première visite du Pape Jean-Paul II au Cameroun se répandait de plus en plus, mais j’étais loin de
m’imaginer ordonné Prêtre par le Pape ! C’est en arrivant au Cameroun dans la première semaine du mois
de Juillet que j’eus la confirmation que la Conférence épiscopale du Cameroun avait demandé au saint Père
d’ordonner les candidats au Presbytérat lors de sa visite. Cela n’alla pas sans quelques soucis pour les
formalités d’organisation.
Et vint enfin le jour mémorable du 11 Aout 1985 ! S’il est une date à ne pas oublier dans ma vie, c’est bien
celle-là. Quelle émotion en effet de sentir les mains du Pape sur ma tête et plus encore de me retrouver
dans ses bras pour le ‘Baiser de paix’ ! nous étions alors 16 ‘’élus’’ dont 1 Italien et 15 camerounais, parmi
lesquels fait rarissime 4 candidats, originaires de Bafia dont 3 pour le compte des Salésiens de DON BOSCO,
et moi pour le diocèse de Bafia. L’évènement avait tellement touché les gens, qu’au Cameroun durant les
mois qui suivirent, l’appellation ‘’Prêtres du Pape’’ nous collait presqu’à la peau.
CURSUS DANS LE MINISTERE PRESBYTERAL
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Pour commencer mon ministère presbytéral, j’ai été envoyé comme vicaire au petit séminaire Saint
André d’Octobre 1985 à Juin 1986.
De Juin 1986 à Aout 1992 j’ai servi comme curé en la Cathédrale de Gondon
De Septembre 1992 à Octobre 2003 j’ai servi comme curé en le Paroisse Notre Dame du Mont
Carmel d’Ombessa.
De Novembre 2003 à nos jours je suis curé de la paroisse mère du Diocèse de Bafia, la paroisse St
Jean-Baptiste de Somo et premier curé de la paroisse St PAUL DE KON-YAMBETTA à sa création.
EN CONCLUSION
Dans la perspective de célébrer mon jubilé sacerdotal (Août 1985 – Août 2010), il m’a plu de revisiter
ainsi le chemin qui m’a conduit jusqu’à ce moment. Cette célébration se situe dans le prolongement de
« l’année sacerdotale » proclamée par le pape Benoit XVI, me donne l’occasion de mieux comprendre
mon identité, grâce aux enseignements du Saint curé d’Ars, Jean Marie VIANNEY et de l’exemple de sa
vie : un homme entièrement donné à Dieu et aux hommes.
Et j’accueille avec reconnaissance cette recommandation de Mgr Dominique REY « le prêtre est l’ami du
christ parce que le christ l’aime particulièrement et que lui-même veut aimer le christ sans restriction. Oui
le prêtre est homme d’intériorité, homme de l’Eucharistie, de la parole, de la prière. S’il oublie que jésus l’a
choisi pour être avec lui avant que de faire et d’agir, alors il s’écarte progressivement de sa raison d’être ».
(Mgr Dominique Rey, le prêtre p.32.)
Mais je trouve du réconfort dans ces autres paroles : « celui qui entend du fond de son être l’appel de Dieu,
et s’y livre tout entier, comprend alors qu’aucune amitié, qu’aucun amour humain, qu’aucune recherche
spirituelle, intellectuelle ou artistique, qu’aucune autre aventure humaine, ou qu’aucun groupement
humain ne peut assouvir la soif de communion que l’Eglise a pour vocation d’étancher » (op. cit p.24.).
C’est pourquoi je suis heureux d’être « de » l’Eglise, et de la servir, grâce à l’appel du Christ.
J’apprécie à leur juste mesure ces conseils du même évêque : « Aimez votre sacerdoce pour le motif que
vous aimez le Christ, et que le Christ vous a choisi au-delà de tout mérite et de tout calcul pour manifester
sa présence. Aimez votre Ministère parce que vous trouvez Dieu en prêchant ; parce qu’en le donnant, vous
le recevez ». (p 29).
Mais conscient de mes limites, et de ma fragilité, je voudrais reprendre à mon compte cette prière de St
Jean-Marie VIANNEY, curé d’Ars : « Mon Dieu, si ma langue ne peut dire à tout moment que je vous aime,
je veux que mon cœur le répète autant de fois que respire. Mon Dieu, fait moi la grâce de souffrir en vous
aimant et de vous aimer en souffrant. Je vous aime ô mon divin sauveur, par ce que vous avez été crucifié
pour moi. Je vous aime ô mon Dieu parce que vous me tenez ici-bas crucifié pour vous. Faites moi la grâce
de mourir en vous aimant et en sentant que je vous aime » (Marc Joulin, petite vie de Jean-Marie VIANNEY,
curé d’Ars. P. 59)
Propos recueilli par sœur Solange