Revue belge de numismatique et de sigillographie
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Revue belge de numismatique et de sigillographie
REVUE BELGE DE NUMISMATIQUE SOUS LES AUSPICES DE LA SOCIÉTÉ ROYALE DE NUMISMATIQUE. DIREOTETJRS MM. lb V" B. de JONGHE, lb O Th. de = LIMBURG-STIRUM bt A. de 1900 CINQUANTE-SIXIÈME ANNÉE. BRUXELLES, J. GOEMAERE, IMPRIMEUR DU Tiue de la Limite, 21. 1900 ROI, WITTE 297 LES PLUS ANCIENS OU DENIERS CARZIE frappés par LES VÉNITIENS POUR CHYPRE (i5i5-i5i8) Pendant mes recherches aux archives de Venise, trouvé un décret du Conseil des Dix du 24 octo- j 'ai bre i5i5 (1), qui ordonne à son Camerlengo défaire frapper à la Monnaie mille ducats en deniers, ou carzie, avec 122 carats d'argent par marc et d'une empreinte semblable à celle des vieilles carzie pour être envoyés au Reggimento demandé (1) tre) de Chypre, qui avait monnaies pour les besoins de Archives d'état de Venise. Consigliodei dieci e giunta, Misti Regis- XXXIX, (2) ces petites (2) p. I, c. 3 2 . La République de Venise envoyait dans villes et possessions, et militaire. toutes ses provinces, des patriciens chargés de l'administration civile Ces magistrats s'appelaient, suivant leur importance tradition des lieux, Provveditori, Conti, Luogotettentt, Baili, et la Visdo- mini, Capitani Castellani, etc. mais en général on les appelait Rettori, et l'ensemble gouvernement des charges civiles central se disait et militaires qui représentaient le Reggimento. 298 la population pauvre de aucune monnaie de cette l'île. Ne connaissant époque qui pût corres- pondre à ces indications, je restais un peu perplexe et je me demandais mais le si ce décret avait été exécuté ; doute s'évanouit aussitôt que je lus une ducale du 29 juillet i5i8 (3), adressée aux Rettoride Chypre, qui ordonnait, sur leurs deman- lettre des et informations, conformes à celles de leurs prédécesseurs dans la charge, qui, eux aussi, signa- une grande nécessité de carzie, de frapper, laient dans l'île même, les petites monnaies tant désirées avec l'empreinte usuelle (de la stampa cet effet, on envoyait de Venise ordonnait que telle, les la quantité d'argent qu'en calculant les frais de solita). poinçons et A on de l'alliage fût la fabrication, la Seigneurie n'eût ni gain ni perte dans l'opération. On recommandait aux Recteurs d'appeler quel- ques gentilhommes pour surveiller la frappe et de disposer la fabrication de façon qu'elle pût corres- pondre aux intentions et aux désirs du gouverne- ment. Pour le moment etjusqu'à nouvel ordre, on n'en devait pas frapper pour une 2,000 ducats les instances ; somme sur La différence Archives d'État de Venise. Consiglio dei dieci e giunta, Misti Registro, XLII, (4) (4), des Recteurs, on en décrétait une nouvelle émission pour 4,000 ducats. (3) supérieure à mais, au 12 janvier suivant c. 71 t. Archives d'État de Venise. Consiglio dei dieci e giunta, Misti Registro, XLII, c. 154. 299 entre les termes employés dans les deux décrets, dont l'un parle de carzie semblables aux de carzie de l'empreinte usuelle, montre et l'autre que vieilles, la fabrication avait été entreprise tout après de suite décret de i5i5, et qu'à Chypre on ne devait le que continuer l'ouvrage commencé. Mais s'il y avait besoin d'une autre preuve, nous la trouverions dans la réponse de Zaccaria Barbaro aux proviseurs de la monnaie du i5 mars i555 qu'on étudiait et (5), lors- préparait la nouvelle émission de carzie décrétée en juin de cette année, qui por- nom tent le qui dit « : A du doge M. Ant. Trevisan, réponse ça je réponds que non seulement il » sera convenable, mais nécessaire, car les vieilles » carzie sont disparues et détruites, et pour cette » raison » mento en a fait battre. » Ayant ainsi acquis la conviction que j'ai entendu dire qu'autrefois le Reggi- les mon- naies citées dans les décrets de i5i5-i5i8 avaient été frappées, dans l'île non seulement à Venise, mais de Chypre, en telle aussi quantité à ne pou- voir supposer qu'elles soient toutes perdues, restait à trouver la pièce ignorée, jusqu'ici, qui correspondît temps et ments cités. La ou mal classée aux circonstances de aux indications assez précises des docu- base de la monnaie du était Yhyperpre. (5) il Royaume de Chypre Les Vénitiens l'avaient aussi adopté Archives d'état de Venise. Consiglio dei dieci e giunta, Comuni. filza, 5g. 3oo dans comptabilité de cette la île : mais depuis longtemps on n'en frappait plus, et il était devenu une monnaie idéale. L'hyperpre était divisé en 24 carats, ou 48 deniers, mais les carats ne furent jamais une monnaie effective que des et on ne frappait grossi d'argent et des deniers de billon qui valaient un demi-carat. Le peuple cuivre) appelait carzia cette (xapT^ta, fraction de la dernière de yaXxo'ç, monnaie nationale, parce qu'elle contenait plus de cuivre que d'argent. Peut-être fut-elle ainsi nommée, d'après ce que racontent les chroniqueurs, parce que Jacques II se servit du cuivre des chaudières des bains publics pour fabriquer une grande quantité de sixains et de deniers. Les deniers de Henri II ceux de Jacques lion I er et et de Hugues II, ainsi que de Janus ont, d'un côté, le rampant des Lusignans et, de l'autre, une croix pattée, quelquefois simple, quelquefois de besants. On ne connaît pas cantonnée les deniers des der- niers souverains qui régnèrent à Chypre, ou du ne sont pas parvenus jusqu'à nous. Tou- moins ils tefois nous ne pouvons pas nous éloigner de ce type dans la recherche des carzie frappées par les Vénitiens dans parce que tard par même le premier quart du xvi c celles qui furent frappées plus M. A. Trevisan diffèrent et par ses successeurs n'en pas sensiblement de conservation dont ment vénitien en siècle, fait était et démontrent dominé le l'esprit gouverne- de types monétaires. 3oi Après ces considérations, du et reste assez courtes qui semblent claires, je crois pouvoir reconnaî- tre les monnaies désirées dans les pièces anonymes, que Lambros a fait connaître pour la première fois en les cataloguant après celles des rois de Chypre (6). Elles portent d'un côté le lion des Lusignans avec l'inscription S. D€C GlrjIPRQ! croixde Jérusalem avec l'inscription ZSLSM et de l'autre la S.DSIGCRV- ressemblent particulièrement à un et denier du roi Janus, qui a, comme elles, une croix pattée cantonnée de quatre croisettes, tandis que le véritable blason de Jérusalem a la croix potencée. Lambros ne à Jean II qu'ils croit pas ou à pouvoir attribuer ces deniers mais ses successeurs, peuvent avoir été frappés pense il par Pierre I et par Schlumberger (7) partage l'opinion de Lambros, mais il ne peut cacher une certaine Pierre II. demande hésitation qui se manifeste par la fait si la lettre S, qui commence pouvait pas signifier signoria ou me qu'il se l'inscription ne sécréta, mots qui semblent ne pas pouvoir s'appliquer aux rois Pierre I et Pierre II, qui de cacher leur Je n'ai ni nom le n'avaient aucune raison et leur titre moyen ni le de roi. temps de faire une étude minutieuse du diamètre et du poids des (6) II. Aâ/zir^ea AvtX'JWa vo/z/s-^crot zcu Venise, 1872, page 46 — et Athène, Monnaies inédites Royaume et PL 42, 43. (7) : du HO., fjuaxiiuuixov BeenXtMv t'a? Kitc/xv 1870, avec la traduction française de Chypre au moyen âge, pages 46 g5, 96, 97 et 98. Schlumberger, Numismatique de l'Orient, Satin, Paris, 1878, p. 204-205, pi. VIII, n° 2. 302 deniers de Chypre aux différentes époques, mais, examen des dessins, d'après un exécutés, avec sa délité habituelle, par C.Kunz, d'après des res fournis par fi- exemplai- M. Lambros, il me semble que les Hugues sont les plus grands, deniers de Henri et de ceux de Jacques et et de Janus un peu plus petits, ceux anonymes plus petits encore, quoique de peu. Par conséquent, en suivant le principe pres- que infaillible, surtoutpour les monnaies d'appoint et de peu de valeur, que les pièces de poids supé- rieur sont les plus anciennes et que les plus petites sont les plus- récentes, on doit et les plus légères conclure que les deniers anonymes sont postérieurs à ceux des rois. Mais l'argument mon le plus important consiste, à dans l'absence de toute indication de avis, l'autorité royale. Quant à la lettre S, je crois pou- voir l'interpréter comme Signum ou Stemma (bla- que j'observe que son), parce le mot « Chypre » se trouve écrit du côté du lion et celui de Jérusalem du côté de De la croix (8). tout ceci je conclus que l'ordre du Conseil suprême de frapper aux vieilles fut les nouvelles carzie semblables fidèlement interprété et parfaitement exécuté. N. Papadopoli. (8) Certain côtés, exemplaire, très rare, a mais évidemment il s'agit le nom de Jérusalem des deux d'une négligence du graveur.