jouer le - Etudes économiques du Crédit Agricole
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N°33/07 - Du 17 au 21 septembre 2007 L’actualité de la semaine Banques centrales : la semaine a été marquée par la baisse de 50 pdb du taux directeur de la Fed, un geste plus fort qu’anticipé. Sans donner d’indication claire sur l’orientation future de sa politique monétaire, la Fed a toutefois indiqué que les risques sur la croissance s’étaient accrues, justifiant ainsi un mouvement préventif (cf. page 2). L’effet de surprise a entraîné un ajustement des anticipations sur l’ensemble des marchés. Parallèlement, la Banque d’Angleterre, critiquée pour sa gestion de la crise et « l’affaire Northern Rock » (cf. page 12), a annoncé des mesures de soutien aux marchés monétaires. Elle emboîte ainsi le pas de la Fed et de la BCE, qui poursuivent par ailleurs leurs injections de liquidité à différentes maturités. De son côté, la BoJ a maintenu sans surprise son taux directeur à 0,5 %. Marchés : les places boursières ont salué le geste de la Fed, ainsi que la publication de résultats des banques américaines plutôt rassurants dans l’ensemble. Les fortes hausses enregistrées ne peuvent cependant pas faire oublier les déséquilibres qui se sont creusés par ailleurs. Ainsi, le dollar ne cesse de se déprécier contre l’euro, s’inscrivant désormais au-dessus du seuil « psychologique » de 1,40. Par ailleurs, les marchés monétaires restent tendus : les taux à 3 mois américains, malgré leur baisse, restent nettement au-dessus de la cible, et il n’y a eu aucun effet de contagion aux marchés européens. Enfin, les taux longs sont remontés aux Etats-Unis (4,65 %) et en zone euro (4,40 %), ce qui, dans un contexte de baisse agressive des taux de la Fed, reflète probablement des craintes inflationnistes à long terme, sur fond de nouveaux records inscrits par le prix du pétrole (à près de 84 $/bbl sur la qualité WTI). Dans ce contexte, nous pensons que la Fed pourrait ramener son taux directeur à 4,25 % d’ici la fin de l’année, en une ou deux fois. Nous avons par ailleurs ajusté nos prévisions de change, avec l’idée que l’accès de faiblesse du dollar contre euro ne pourrait s’inverser qu’à partir du début 2008 (cf. tableau page 6). résidentiel s’enfonce dans la récession. Les permis de construire ont reculé de 6 % sur le mois d’août et de 42 % depuis leur point haut en septembre 2005. L’inflation sous-jacente poursuit, quant à elle, sur la voie de la modération. En août, elle s’inscrit, comme attendu, à un petit 0,2 %. En glissement annuel, elle s’infléchit à 2,1 %. La semaine prochaine, on suivra attentivement la publication des ventes de logements et des prix immobiliers dans l’ancien et le neuf. UEM : les corrections observées sur les enquêtes de conjoncture se poursuivent, les dernières en date concernant le ZEW en Allemagne et les estimations flash des indices PMI en zone euro pour le mois de septembre. Ces derniers restent en territoire d’expansion, mais la faiblesse du secteur des services a de quoi inquiéter. Ce recul du climat reflète avant tout des craintes liées à l’impact de la crise financière sur l’activité à moyen terme, dont l’estimation reste difficile à ce stade. La semaine prochaine, nous attendons la première estimation de l’inflation en zone euro audessus du seuil des 2 %, pour la première fois depuis un an, à cause d’effets de base défavorables et des prix élevés de l’énergie. 2 INDICATEURS DE MARCHES ¨ -50 pdb sur les Fed funds : la Fed frappe fort (et la première) ¨ Bourses – Banques US – Devises de placement 5 SCENARIO ECONOMIQUE & FINANCIER 7 AMERIQUES ¨ États-Unis : l’horizon s’éclaircit sur l’inflation et s’assombrit sur l’immobilier 10 EUROPE ¨ Grèce : les conservateurs réformateurs restent au pouvoir ¨ Royaume-Uni : Northern Rock chamboule la stratégie de la BoE 14 PAYS EMERGENTS Etats-Unis : le choix de la Fed de baisser de 50 pdb 15 PROCHAINES STATISTIQUES ECONOMIQUES son taux directeur est osé mais les chiffres de la semaine le confortent. La balance des risques penche en (dé)faveur de la croissance. Le marché immobilier __________________________________________________________________________________________________ Internet : http://www.credit-agricole.fr - Rubrique kiosque Eco Marchés Perspectives Hebdo Hélène BAUDCHON 01 43 23 27 61 [email protected] -50 pdb sur les Fed funds : la Fed frappe fort (et la première) Lors de sa réunion du 18 septembre, la Réserve fédérale aura opté pour 50 points de base de baisse du taux des Federal funds (le ramenant à 4,75 %) et pour un geste similaire sur le taux d’escompte (porté à 5,25 %). La Réserve fédérale a donc décidé de frapper fort et de manière préventive. La raison en est que « le durcissement des conditions de crédit a le potentiel d’intensifier la correction immobilière et de freiner la croissance globale de l’économie ». La baisse des taux doit « contribuer à prévenir certains des effets adverses sur l’économie qui autrement pourraient survenir des perturbations sur les marchés financiers ». Les marchés ont salué le double geste. Le S&P 500 a gagné presque 3 % (cf. graphique ci-dessous). Les taux interbancaires se sont détendus de 35 pdb sur le 1 mois et le 3 mois (respectivement : 5,15 % et 5,24 %). Les primes de risque et la volatilité ont reculé. Les rendements à 10 ans sur les obligations d’Etat sont repassés au-dessus de 4,50 %. En revanche, le dollar s’est franchement affaibli contre euro (atteignant 1,40). 1941-43 = 10 1 600 1 550 S&P500 et taux longs US % 5,3 S&P500 5,2 10 ans (dr.) 5,1 1 500 5,0 1 450 1 400 4,9 4,8 1 350 4,7 4,6 1 300 4,5 1 250 4,4 1 200 02/01/06 02/07/06 02/01/07 Source : Réserve fédérale, Global Insight, CA. 4,3 02/07/07 Doublé sur les taux directeurs Jusqu’à récemment, les mesures prises pour stimuler le recours à la fenêtre d’escompte n’ont eu qu’un succès limité. Les marchés monétaires ne fonctionnent toujours pas correctement. Il y a des signes de stabilisation, mais la liquidité est toujours très réduite au-delà du très court terme. Abaisser encore la pénalité sur le taux d’escompte par rapport aux Fed funds aurait semblé une bonne idée pour répondre à ces tensions persistantes (-25 pdb sur les Fed funds, -50 pdb sur le discount). La Réserve fédérale en a décidé autrement : -50 partout. Cela faisait longtemps que l’issue d’un FOMC n’avait été à ce point incertaine. Si une baisse des Fed funds semblait acquise, le débat portait sur l’ampleur du geste : 25 ou 50 pdb. Les deux options se défendaient. Un geste plus modeste s’inscrivait dans la continuité d’une approche graduelle face à la crise. Les éléments macroéconomiques dont on dispose à ce jour ne plaidaient pas non plus pour un geste de plus grande ampleur, et les membres votants ne s’accordaient pas tous sur la nécessité d’une détente. Enfin, une baisse de 25 pdb aurait entériné le fait que le taux effectif des Fed funds oscillait déjà en dessous du taux cible depuis le 10 août (cf. graphique cidessous). % 5,50 US : le taux effectif des Fed funds oscillait déjà sous la cible 5,25 5,00 cible Fed funds 4,75 Fed funds effectif 4,50 01/01/07 01/03/07 01/05/07 Source : Réserve fédérale, CA. 01/07/07 01/09/07 En optant pour une baisse de 50 pdb, la Réserve fédérale se montre donc agressive dans sa prévention du risque de récession. On peut y voir l’influence de F. Mishkin. Le gouverneur a récemment défendu l’idée qu’il vaut mieux « guérir que prévenir ». En effet, si la Banque centrale ne peut prévenir la formation d’une bulle, elle doit agir vite et fort en cas d’éclatement. Aujourd’hui, la Réserve fédérale applique à la lettre le principe du risk management : réagir préventivement à un événement de faible probabilité, mais de coût élevé. Le risque d’un dérapage de l’inflation passe alors au second plan, sans nuire pour autant à la crédibilité de la Réserve fédérale. En montrant qu’elle agit pour la croissance, la Réserve fédérale envoie aussi un message rassurant aux investisseurs étrangers, éventuellement inquiets de l’affaiblissement du dollar. Avec un tel geste, la Banque centrale prend les devants à tous points de vue. Elle a prouvé sa réactivité, devançant les autres grandes banques centrales. Et elle a accru sa marge de manœuvre pour la suite des événements. Un biais baissier implicite Les changements apportés au communiqué sont nombreux, au prix cependant d’une certaine perte de lisibilité. La tonalité du premier paragraphe sur l’activité est clairement plus pessimiste. Désormais, la Réserve fédérale reconnaît (enfin) que le durcissement des conditions de crédit peut faire ralentir la croissance, ce qui n’était pas le cas dans le communiqué du 7 août. A l’inverse, la tonalité sur l’inflation s’adoucit. La Réserve fédérale considère toujours qu’il reste un risque haussier, mais sans plus développer ses arguments. Evidemment elle précise qu’elle restera vigilante, mais ce n’est plus sa préoccupation principale. Semaine du 17 au 21 septembre 2007 2 Marchés Perspectives Hebdo Hélène BAUDCHON 01 43 23 27 61 [email protected] L’ambiguïté du communiqué vient de ce que la Réserve fédérale n’affiche pas explicitement, dans le dernier paragraphe, que la croissance est sa nouvelle priorité. Elle souligne, de manière plus évasive, que les perspectives économiques sont entourées de plus d’incertitudes, à cause des turbulences financières. Et de conclure qu’elle « continuera d’évaluer les effets de ces perturbations et autres développements sur les perspectives économiques et agira en conséquence pour assurer la stabilité des prix et une croissance soutenable ». Détendre l’atmosphère Si la Réserve fédérale ne peut compter sur un effet immédiat de la baisse des taux sur la croissance, elle peut cependant jouer sur la confiance et minimiser les facteurs d’incertitude. L’exercice est difficile, car elle doit rassurer sans cautionner les prises de risque indues. En baissant d’un demi-point ses taux, elle augmente ses chances d’atténuer durablement le durcissement des conditions monétaires induit par la hausse des taux interbancaires (cf. graphique ci-dessous). Elle doit surtout parvenir à limiter l’effet négatif de la crise financière sur l’offre de crédit. US : LIBOR % 6,00 6,00 cible FED 5,75 1 mois 5,75 3 mois 5,50 5,50 5,25 5,25 5,00 5,00 4,75 01/01/07 01/03/07 01/05/07 Source : Global Insight, CA. 4,75 en rythme annualisé sur les cinq derniers trimestres après une moyenne à 3,3 % pour les cinq trimestres précédents). Mais c’est pour une large part dû à la récession immobilière : la baisse de l’investissement résidentiel a enlevé presque 1 point de croissance par trimestre sur la période. Cette résilience est cependant soumise à rude épreuve. Si l’on écarte la récession comme scénario central, la croissance devrait rester molle à l’horizon 2008. A très court terme, ce dont la Réserve fédérale doit s’assurer, c’est du bon fonctionnement des marchés même si cela signifie d’épargner à certains investisseurs imprudents toutes les conséquences de leurs actes. La Réserve fédérale a laissé jouer les lois du marché aussi loin qu’elle pouvait. Mais aujourd’hui la situation sur les marchés monétaires reste tendue, les primes de risque sur le corporate sont remontées, le marché immobilier s’enfonce dans la récession et, par réintermédiation, les banques se retrouvent au cœur de la croissance. Une tension sur les conditions de crédit est inévitable, mais sans savoir le degré qu’elle atteindra, la confiance est ébranlée. Bref, les risques baissiers sur la croissance s’accumulent. L’heure est au pragmatisme et la Banque centrale doit mettre de côté tout dogmatisme à l’égard du risque d’aléa moral. Prévisions Derrière la baisse du taux des Fed funds, il y a un nouveau scénario macroéconomique et une nouvelle lecture des risques qui l’entourent. Les chiffres dont on dispose sont ceux rendus publics en juillet. Notre prévision est aujourd’hui plus pessimiste que celle de la Réserve fédérale à l’époque (cf. tableau cidessous). Peut-être n’a-t-elle fait que nous rejoindre, ce qui serait rassurant. Prévisions comparées de croissance et d’inflation 01/07/07 2006 01/09/07 La Réserve fédérale est confrontée à un ralentissement marqué de la croissance (comme en 2000) et doit gérer en même temps un choc financier (comme en 1998). Or, il lui a été reproché d’avoir sur-réagi en 1998 et réagi trop tard en 2000. En baissant de 50 pdb le 18 septembre son taux directeur, elle suggère que la situation d’aujourd’hui est davantage comparable à celle de 2000-2001. La comparaison ne porte pas sur le positionnement dans le cycle. Ce dont il s’agit, c’est de ne pas faire deux fois la même erreur, à savoir sous-estimer l’impact du choc sur la croissance, à l’époque l’éclatement de la bulle Internet, aujourd’hui la récession immobilière et ses diverses répercussions financières. En se montrant agressive, la Réserve fédérale corrige l’impression qu’elle avait pu donner de sous-estimer le problème. Pour sa défense, hors l’immobilier résidentiel, le reste de l’économie a jusqu’à présent remarquablement bien résisté au choc. La croissance a sensiblement ralenti depuis le début 2006 (à 2 % en moyenne par trimestre Croissance du PIB (a/a, %) Inflation sousjacente (a/a, %) Taux de chômage (en T4, %) 2007 Fed CA 2008 Fed CA 2,6 2,25-2,5 2,1 2,5-2,75 3,1 2,3 2-2,25 1,8 1,75-2 2,1 4,5 4,,5-4,75 4,8 ≈4,75 5 La réactivité de la Réserve fédérale est claire. La question se pose désormais de savoir si elle va s’arrêter là, ou si d’autres baisses vont suivre. Selon nous, la porte reste ouverte à la poursuite du relâchement monétaire. Le risque inflationniste n’est en effet plus la préoccupation principale ; la Réserve fédérale a adopté implicitement un biais baissier. Un retour à la neutralité monétaire est un minimum, ce qui correspond à des Fed funds à 4,50 %. Cependant, il n’est pas impossible que la Réserve fédérale aille un cran plus loin, à 4,25 % à la fin de cette année. La baisse supplémentaire interviendra en 1 ou 2 fois, lors du FOMC des 30/31 octobre et/ou du 11 décembre, en fonction des données d’activité et d’inflation. Semaine du 17 au 21 septembre 2007 3 Marchés Perspectives Hebdo Bourses : soulagement ! Le moins que l’on puisse dire, c’est que la baisse des taux de la Fed a été bien accueillie par l’ensemble des marchés boursiers qui anticipent désormais d’autres baisses de taux à venir. New-York, Londres, ainsi que les principales places boursières européennes et asiatiques ont gagné entre 2 et 4 % à l’annonce du geste de la Fed, enregistrant pour la plupart une deuxième journée de forte hausse. Les valeurs financières, en particulier, se sont bien tenues, malgré la publication de premiers résultats mitigés dans l’ensemble. En conséquence, l’indice MSCI Monde, exprimé en dollar, s’inscrit en hausse de 8,5 % par rapport au début de l’année 2007, même si les pertes cumulées de cet été ne sont pas encore effacées (cf. graphique). Parallèlement, la volatilité implicite a baissé sur les bourses américaines et européennes, comme l’illustrent le recul de l’indice VIX autour de 20 % (sur l’indice S&P) et celui de l’indice VDAX sous les 19 % (sur l’indice DAX). jan.06= 100 Bourses mondiales : volatilité et cours % 40 140 130 30 120 20 110 10 100 90 janv.-06 0 juil.-06 janv.-07 juil.-07 Bourse mondiale (MSCI $) Indice VIX (dr.) Source : Datastream, CA Frederik DUCROZET - 01 43 23 18 89 [email protected] Banques US : plus de peur que de mal ? La publication cette semaine des résultats du T3 (clos fin août) des banques d’investissement US a montré que les soubresauts de la crise du subprime ont été diversement digérés par les principaux acteurs. Goldman Sachs semble ainsi ignorer la crise et affiche un résultat net en hausse de 80 % sur un an, tandis que Lehman Brothers et Morgan Stanley limitent la casse et enregistrent des baisses de profits respectives de 3 et 7 %. Bear Stearns, avec un bénéfice en baisse de 61 %, paie au prix fort les déboires estivaux de ses hedge funds et sa forte dépendance aux activités de fixed income. L’impact de la crise s’est en effet manifesté essentiellement, sauf pour Goldman Sachs, dans cette ligne métier. A l’inverse, les métiers actions, qui ont bénéficié de la forte volatilité, ont tous enregistré des résultats record. De même, les activités de banques d’affaires et d’investissement ont été florissantes. Ces résultats, rassurants dans l’ensemble, ne lèvent toutefois pas le doute sur l’impact précis de la crise, car ils ne rendent pas compte d’un début de septembre difficile. 60% PNB trimestriel des banques 51%* d'investissement US 40% 13% 20% 3% 0% -20% -40% -38% -60% Goldman Sachs Morgan Stanley Lehman Brothers Bear Stearns Source : Données des banques, CA * Retraité d'une plus-value exceptionnelle de 900 M$ Julien GEFFROY – Tél. 01 43 23 13 55 [email protected] Devises de placement : booster à court terme La baisse des taux directeurs de la Fed cette semaine a légèrement amélioré les perspectives à court terme des stratégies de carry trade. La baisse de 50 pdb a en effet accru l’attractivité des actifs risqués. Les devises dites de placement, à rendements élevés et plus risqués, ont été les premières bénéficiaires de cet assouplissement monétaire. En particulier, les « commodity currencies », qui bénéficient par ailleurs du soutien de la hausse des prix des matières premières se sont nettement redressées : le dollar australien, le dollar néozélandais et dans une moindre mesure le dollar canadien. Ce dernier profite surtout aussi de la flambée des cours du pétrole. Ce soutien ponctuel apporté par la baisse des taux de la Fed reste toutefois ponctuel et n’implique pas un retour durable de ce type de stratégies. Les primes de risques sont en effet remontées et ne devraient probablement pas retrouver leurs niveaux d’avant crise financière. De plus, les perspectives de croissance de l’économie mondiale apparaissent moins favorables et l’incertitude sur les évolutions des politiques monétaires s’est accrue. Carry trade: devises de placement* 125 2006 = 100 120 115 110 105 100 95 90 85 *dollar australien, dollar néozélandais, dollar canadien 80 01/06 07/06 01/07 07/07 Source : Bloomberg, CA aud/usd nzd/usd cad/usd Olivier BIZIMANA – Tél. 01 43 23 67 55 [email protected] Semaine du 17 au 21 septembre 2007 4 Scénario économique Source : Datastream, Prévisions des économistes de Crédit Agricole S.A. Semaine du 17 au 21 septembre 2007 Perspectives Hebdo 5 Scénario financier Source : Datastream, Prévisions des économistes de Crédit Agricole S.A. Semaine du 17 au 21 septembre 2007 Perspectives Hebdo 6 Amériques Perspectives Hebdo Hélène BAUDCHON 01 43 23 27 61 [email protected] États-Unis : l’horizon s’éclaircit sur l’inflation et s’assombrit sur l’immobilier • L’actualité conjoncturelle de la semaine a été dominée par le FOMC du 18 septembre. La Fed a créé la surprise en baissant de 50 points de base. Elle suit ainsi à la lettre le principe du risk management et prends les devants. Elle a accru sa marge de manœuvre pour la suite des événements. Le choix est osé mais les chiffres de la semaine le confortent. Le marché immobilier résidentiel s’enfonce dans la récession. Les permis de construire ont reculé de 6 % sur le mois d’août et de 42 % depuis leur point haut en septembre 2005. L’inflation sous-jacente poursuit, quant à elle, sur la voie de la modération. En août, elle s’inscrit, comme attendu, à un petit 0,2 %. En glissement annuel, elle s’infléchit à 2,1 %. Bien que la Fed ne l’ait pas explicitement reconnu dans son dernier communiqué, la balance des risques penche clairement en (dé)faveur de la croissance. L’immobilier s’enfonce dans la récession La baisse des mises en chantier en août (-3 %) est moins importante que ce que nous attendions mais celle des permis de construire l’est plus (-6 %). Au final, cela ne change rien au message : le marché immobilier résidentiel américain s’enfonce dans la récession. La morosité des constructeurs immobiliers l’illustre : l’indice NAHB est tombé aussi bas qu’au cours de la précédente récession immobilière en 1990-1991. Lorsque l’on regarde les évolutions en variation sur un an, la situation ne semble paradoxalement pas s’aggraver avec des rythmes de baisse stables depuis février autour de 23 % (cf. premier graphique ci-dessous). Cependant, à en juger par les épisodes précédents de récession, il existe encore un potentiel de baisse important (cf. deuxième graphique). a/a, % 40 Etats-Unis : NAHB et mises en chantier a/a, % 30 20 20 10 0 0 -10 -20 -20 -40 -30 -60 -40 2000 2001 2002 2003 2004 NAHB 2005 2006 2007 mises en chantier (dr.) Source : NAHB, Census Bureau, CA. en gris, les récessions Mises en chantier permis de construire mises en chantier Midwest Nord-Est Sud Ouest juin juil août 1 413 1 389 1 350 1 307 1 470 1 468 1 381 1 367 1 284 1 331 235 232 241 238 248 158 156 156 154 96 729 726 649 643 716 348 354 335 332 271 NAHB juil 24 39 indice année précédente août 22 33 sept 20 30 20 US : Permis de construire sur longue période milliers 2 600 2600 2 400 2400 2 200 2200 2 000 2000 1 800 1800 1 600 1600 1 400 1400 1 200 1200 1 000 1000 800 800 600 600 1963M 1 1969M 1 1975M 1 1981M 1 1987M 1 1993M 1 1999M 1 2005M 1 Source : Census Bureau, CA. en gris, les récessions 6e mois de modération de l’inflation sous-jacente Les rendements longs sur les titres du Trésor américain se sont brutalement tendus depuis le début de la semaine. Le « 10 ans » est passé de 4,5 à 4,7 % et le « 30 ans » de 4,7 à 5 %. Cette réaction est quelque peu étrange au regard des chiffres récents d’inflation. L’indice des prix à la consommation a reculé de 0,1 % sur le mois d’août grâce à la baisse des prix de l’essence et du pétrole et, hors énergie et alimentation, les prix n’ont progressé que de 0,15 % (arrondi à 0,2 %). La modération de l’inflation sous-jacente depuis six mois est indéniable (cf. graphique) et devrait se poursuivre. Prix à la consommation total, cvs (m/m, %) ncvs (a/a, %) hors al. & éner., cvs (m/m, %) ncvs (a/a, %) juin 0,2 2,7 0,2 2,2 juil 0,1 2,4 0,2 2,2 août 0,0 2,0 0,2 2,1 Etats-Unis : inflation (CPI) a/a, % -0,1 2,0 0,2 2,1 5,0 a/a, % 3,0 4,5 2,8 2,6 4,0 2,4 3,5 2,2 3,0 2,0 2,5 1,8 1,6 2,0 1,4 1,5 1,0 2000 1,2 2001 Source : BLS, CA. 2002 2003 2004 2005 total 1,0 2006 2007 sous-jacent (dr.) Certes, les prix du pétrole flambent de nouveau tandis que le dollar se déprécie plus franchement. Certes, le risque inflationniste n’apparaît plus comme la préoccupation principale de la Fed. Mais c’était attendu : l’inflation n’est pas l’ennemi du moment. La Fed garde un œil vigilant sur l’inflation mais elle est au chevet de la croissance. Peut-être faut-il voir dans l’évolution des taux longs un « effet Greenspan ». Semaine du 17 au 21 septembre 2007 7 Amériques Perspectives Hebdo Hélène BAUDCHON 01 43 23 27 61 [email protected] L’ancien patron de la Fed explique dans son livre-testament que l’effet désinflationniste de la globalisation touche à sa fin et qu’il faut se préparer à des rythmes d’inflation plus proches de 4-5 % et à des taux longs proches de 10 % à l’horizon 2030... À retenir aussi cette semaine Indicateur avancé (cvs) juin -0,3 -0,2 m/m, % a/a, % -0,1 -0,1 juil 0,4 0,4 0,7 0,9 août -0,6 0,6 -0,6 0,6 Comme attendu, l’indicateur avancé du Conference Board a accusé un recul important en août, qui fait suite à une nette révision en hausse le mois précédent. Le message est que la croissance devrait se poursuivre mais à petite vitesse (comprendre 2 % environ en glissement annuel). Ce qui est notre prévision. L’ensemble des indicateurs (avancés, coïncidents, retardés) ne pointent toujours pas de manière unanime vers une fin imminente de la phase d’expansion. Cependant, les risques baissiers abondent. De plus, le retournement conjoncturel peut « tout simplement » venir d’un retournement des anticipations, difficile à prévoir. De ce point de vue, la Fed a un rôle à jouer. Empire State Manufacturing Survey (NY) indice général nouvelles commandes stocks prix payés prix reçus indice général à 6 mois juil 26,5 26,5 -19,8 34,6 8,6 48,2 juil 9,2 30,4 28,1 8,8 sept 20,0 13,6 3,2 35,1 11,7 48,8 14,7 août 0,0 36,2 15,4 6,8 sept -2,0 35,7 23,1 3,3 0 -100 10,9 64 40 30 60 20 56 10 52 0 -10 48 -20 44 -30 40 janv-03 janv-04 Philadelphie janv-05 New York janv-06 janv-07 1999 2000 2001 2002 T-bonds agency bonds Source : US Treasury, CA. 2003 2004 2005 securities 2006 2007 corporate bonds À venir… mardi 25 septembre, 10:00 (ET) Ventes de logements anciens (cvs) juin millions d'unités (taux annuel) 5,76 (m/m, %) -3,7 (a/a, %) -11,2 juil 5,75 -0,2 -9,0 août 5,52 -4,0 -12,5 Nous nous attendons à un fort recul des ventes de logements dans l’ancien en ligne avec l’évolution récente de l’indice des promesses de vente. En plus du chiffre d’activité, on sera attentif à l’évolution des prix et du ratio stocks/ventes (indicateur privilégié pour juger l’ampleur du déséquilibre du marché et donc les pressions baissières sur l’activité et les prix). Le même jour sera publié l’indice de prix immobiliers S&P Case-Shiller pour le mois de juillet. Les ventes de logements neufs sont publiées plus tard dans la semaine (le jeudi). On les attend également en forte baisse mais sans bénéficier du guide d’un indicateur avancé comme pour les ventes dans l’ancien. Les demandes de prêts hypothécaires tenaient ce rôle mais leur orientation franchement haussière depuis la fin 2006 ne nous paraît pas représentative de la vraie situation du marché. ISM (éch. de droite) Confiance des consommateurs (cvs) Source : Fed de Philadelphie, New York, ISM, CA. Achats nets de titres U.S. par les non-résidents total (mds $) T. Bonds & notes oblig. d'agences gouvern. obligations privées U.S. actions U.S. obligations étrangères actions étrangères hors titres étrangers (mds $) 300 100 US : Trois enquêtes dans l'industrie 50 400 200 Une fois de plus l’enquête de la Fed de New York et celle de la Fed de Philadelphie sur le climat des affaires dans le secteur manufacturier ont évolué en sens inverse (cf. graphique ci-dessous). La première a accusé un recul plus marqué qu’attendu en septembre tandis que la seconde a rebondi contre toutes attentes. Compte tenu de l’ambiance générale sur les marchés, c’est plutôt un bon résultat. Nous sommes curieux de voir quelle sera la résultante sur l’enquête ISM nationale. -40 janv-02 Achats nets de titres US par les non-résidents milliards de $ 600 500 août 25,1 22,2 -2,2 34,4 3,2 50,4 Fed de Philadelphie indice général, secteur manuf. indice à six mois prix payés prix reçus l’inquiétude. La série est naturellement assez volatile et donc le maigre montant d’achats nets est à interpréter avec recul. En supposant que, d’ici la fin de l’année, les achats nets de chaque type de titres se monteront au niveau moyen de juin et juillet, le crû 2007 des entrées nettes de capitaux n’apparaît pas spécialement mauvais par rapport aux précédentes années (cf. graphique). Cependant, cette publication n’a pas manqué de raviver le débat sur le financement du déficit extérieur américain. Et dans le contexte actuel, ces inquiétudes prennent une résonance particulière. Les risques qui pèsent sur la croissance américaine peuvent rendre nerveux et méfiants les investisseurs étrangers. Le pourcentage de titres longs américains achetés par les institutions officielles est d’environ 20 %, les 80 % restants étant achetés par les investisseurs privés. Nous ne croyons pas à un retrait généralisé et brutal des capitaux (personne n’y a intérêt). Mais c’est un élément de plus à surveiller. Le dollar est sous pression, la dimension américano-américaine de la crise financière ayant repris le dessus sur sa dimension globale. Cela ne va pas faciliter la tâche de la Réserve fédérale. C’est certes un facteur potentiel de soutien à la croissance mais c’est aussi source d’inflation importée. Et ce ne serait pas un bon signe si la baisse du dollar venait à s’amplifier. mai juin 126,0 119,4 120,9 97,3 21,6 13,5 54,3 24,7 27,5 27,1 39,7 39,6 72,6 74,4 25,9 25,9 42,0 28,8 -21,2 -14,2 -8,2 -16,5 -13,5 163,7 157,0 148,6 119,1 juil 80,0 -9,4 8,7 4,2 21,2 0,9 -6,4 24,7 indice du Conference board 19,2 juil 111,9 août 105,0 sept 100,0 Un nouveau recul de la confiance des ménages selon l’enquête du Conference Board serait cohérent avec l’évolution de l’enquête de l’Université du Michigan (cf. graphique). L’évolution au mois le mois des deux enquêtes n’est pas parfaitement identique. Sur la période récente, le moral était un peu mieux orienté selon celle du Conference Board. Si le taux de chômage n’a pas bougé en septembre, les destructions nettes d’emplois pourraient peser sur le moral. Cela faisait longtemps que la publication du montant des achats nets de titres longs américains par les non-résidents n’avait pas suscité Semaine du 17 au 21 septembre 2007 8 Amériques Perspectives Hebdo Hélène BAUDCHON 01 43 23 27 61 [email protected] Ventes de logements neufs (cvs) US : Confiance des consommateurs janv. 1966 = 100 120 1985 = 100 150 Michigan 140 Conference Board (dr.) 110 130 120 100 110 100 90 90 juin 846 -4,0 -21,2 juil 870 2,8 -10,2 août 800 -8,0 -20,7 Offres d'emplois parues dans la presse indice année précédente juin 26 32 juil 25 31 août 24 30 80 80 70 70 2000 milliers d'unités (m/m, %) (a/a, %) 60 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 en gris, les récessions Source : Conference Board, Université du Michigan, CA. mercredi 26 septembre, 08:30 (ET) Commandes de biens durables (cvs) commandes (m/m, %) (a/a, %) juin 1,8 -0,3 juil 6,0 8,1 août -4,0 5,0 Un fort recul des commandes de biens durables en août serait la contrepartie de leur rebond en juillet. En variation sur un an, cela correspond aussi à un tassement, en ligne avec la composante « nouvelles commandes » de l’enquête ISM. vendredi 28 septembre, 08:30 (ET) Revenu et consommation des ménages (m/m, cvs) revenu disponible consommation consommation réelle taux d'épargne juin 0,4 0,2 0,0 0,5 juil 0,6 0,4 0,3 0,7 août 0,5 0,0 0,2 1,2 Une progression nulle des dépenses de consommation des ménages en août (soit +5 % en variation sur 1 an) serait compatible avec le chiffre et l’orientation des ventes de détail. vendredi 28 septembre, 09:45 (ET) PMI Chicago (cvs) indice résumé juil 53,4 août 53,8 sept 53,0 juil -0,4 août -0,1 jeudi 27 septembre, 08:30 (ET) Comptes nationaux estimation finale T2 06 T4 PIB réel (t/t, taux annualisé) 2,1 (a/a) 2,6 consommation (t/t, t.a.) 3,9 invt. équip. & logiciels (t/t, t.a.) -4,9 exportations (t/t, t.a.) 14,3 importations (t/t, t.a.) 1,6 stocks (mds $ de 2000) 17,4 jeudi 27 septembre, 10:00 (ET) vendredi 28 septembre, 10:00 (ET) 07 T1 0,6 1,5 3,7 0,3 1,1 3,9 0,1 07 T2 4,0 1,9 1,4 4,2 7,6 -3,2 5,4 Dépenses de construction nominales (m/m, cvs) juin 0,1 Indice de confiance de l'Université du Michigan préliminaire final situation actuelle attentes du consommateur Semaine du 17 au 21 septembre 2007 juil 92,4 90,4 104,5 81,5 août 83,3 83,4 98,4 73,7 sept 83,8 84,0 98,3 74,4 9 Europe Olivier BIZIMANA 01 43 23 67 55 olivier.bizimana@ creditagricole-sa.fr Frederik DUCROZET 01 43 23 18 89 frederik.ducrozet@credit -agricole-sa.fr Perspectives Hebdo Gaëlle MANSARD 01 43 23 65 42 [email protected] Grèce : les conservateurs réformateurs restent au pouvoir Les marchés ont bien accueilli cette nouvelle, et la bourse d’Athènes a clôturé en hausse dès lundi 17 septembre. Les analystes saluent le parcours suivi par le gouvernement jusqu’ici et anticipent une poursuite des bonnes performances économiques de la Grèce. La précédente législature avait été marquée par la privatisation de nombreux secteurs, qui avait permis de dégager 5 milliards d’euros. Les efforts de libéralisation ont encouragé la concurrence et contribué à contenir l’inflation (2,5 % a/a en août 2007) malgré la forte croissance. Le gouvernement a déjà annoncé la poursuite du mouvement de privatisation, notamment des télécoms, de la banque postale ou encore de l’aéroport d’Athènes ce qui risque de susciter une forte opposition. De nombreux défis attendent le gouvernement La Nouvelle Démocratie a également promis de s’attaquer rapidement à de nombreux domaines dont les plus pressants sont les systèmes de retraite et d’éducation supérieure. Ces réformes seront certainement moins populaires que les précédentes et plus coûteuses. La Grèce est le pays de l’OCDE dans lequel le vieillissement de sa population fait peser le plus lourd risque sur l’évolution de la dette publique. Le taux de dépendance pourrait atteindre 60 % en 2050 selon la Commission européenne. Ratio de dépendance 55 recours aux retraites anticipées, et des métiers dits insalubres donnant lieu à des conditions de départ plus avantageuses et qui concernent aujourd’hui près d’un homme sur deux et d’une femme sur cinq. Le mode de financement du système, endetté à hauteur de 400 milliards d’euros selon certaines estimations, n’est pas le seul problème. Le niveau de vie des retraités est également très inquiétant puisqu’une personne de plus de 65 ans sur trois vit sous le seuil de pauvreté, contre une personne sur cinq dans le reste de l’Union européenne. Le système d’éducation supérieure est le deuxième grand secteur de réformes auquel devra s’attaquer le gouvernement. L’inefficacité de ce système avait notamment été révélé par le fait que le taux de chômage parmi les 25-39 ans est le même, qu’ils aient ou non suivi un enseignement supérieur. Avec un niveau de dépenses dans la moyenne européenne, la Grèce est toujours le pays avec le plus fort taux de chômage parmi les travailleurs qualifiés. UE: enseignement supérieur 2,6 Dépenses l'enseignement supérieur %PIB La Nouvelle Démocratie reconduite Pari réussi pour Constantin Caramanlis, qui reste Premier ministre à l’issue des élections législatives anticipées du dimanche 16 septembre. En reconduisant la Nouvelle Démocratie au pouvoir, les électeurs ont souhaité maintenir le statu quo politique, mais ils pourraient avoir ouvert la voie à une nouvelle période de réformes attendues. dk 2,1 sk uk 1,6 1,1 fi nl ie hu se cz 0,6 si pt lt cy Grèce be eu25 ee lv de at fr es it pl 2 3 4 5 6 Taux de chôm age des diplôm és du supérieur 7 Les propositions de réformes s'étaient heurtées l’année dernière à l’opposition des étudiants. Ceux-ci sont pourtant les premières victimes de la mauvaise qualité de leurs universités, puisqu’ils sont trois fois plus nombreux que dans les autres pays de l’UE-27 à partir étudier ailleurs en Europe. 40 25 10 1995 2000 France UE-25 2010 Allemagne 2050 Grèce Si rien n’est fait, le système de retraite risque la faillite d’ici dix ans. Il ne semble donc plus possible aujourd’hui que le gouvernement tienne ses promesses de ne pas augmenter les contributions ni de diminuer les pensions perçues. La réforme devra passer par l’alignement de près de 170 régimes spéciaux sur le régime général, la limitation du A ces deux préoccupations s’ajoute la désorganisation de nombreux services étatiques, mise en lumière par la crise des incendies en août 2007, source d’un mauvais contrôle de la dépense publique. Les fortes baisses d’impôts déjà concédées par le gouvernement, notamment aux entreprises, ont été en partie compensées par une lutte efficace contre l’évasion fiscale. Suivant une politique d’offre visant à encourager l’investissement et la création d’emploi, elles n’ont pas empêché de ramener le déficit public de 7,9 % en 2004 à 2,6 % en 2006. Mais ce chantier n’est pas encore terminé. Plusieurs études pointent l’inefficacité de l’administration grecque, d’autant plus que le coût de la dette continue de s’alourdir (105 % PIB en 2006). Semaine du 17 au 21 septembre 2007 10 Europe Olivier BIZIMANA 01 43 23 67 55 olivier.bizimana@ creditagricole-sa.fr Frederik DUCROZET 01 43 23 18 89 frederik.ducrozet@credit -agricole-sa.fr Gaëlle MANSARD 01 43 23 65 42 [email protected] Perspectives Hebdo 80 La croissance des agrégats monétaires devrait rester dynamique en août. L’incertitude créée par les turbulences sur les marchés financiers a vraisemblablement entraîné des mouvements de portefeuilles en faveur des actifs monétaires moins risqués et plus liquides. En conséquence, nous tablons sur une croissance de M3 de l’ordre de 11,4 % m/m en août. Le rythme de progression de M3 devrait probablement encore accélérer en septembre du fait de la persistance de la crise. 60 UEM - enquête de la Commission Européenne 40 sentiment économique Dette publique %PIB 120 100 20 0 95 France 00 Allemagne 05 Zone Euro 06 Grèce Le gouvernement pourra profiter de la bonne situation économique de la Grèce qui connaît une croissance de plus de 4 % depuis 2000, soutenue notamment par la consommation (+3 % a/a). Le gouvernement n’oublie pas que l’extrême gauche, sortie renforcée du dernier scrutin, a été à l’origine des importantes manifestations au printemps dernier en réaction aux premières réformes. La très courte majorité, dont bénéficie le gouvernement (deux sièges d’avance au Parlement) depuis les dernières élections, représente le risque principal, limitant la marge de manœuvre du gouvernement et les perspectives de réformes. UEM - enquête dans l'industrie PMI juil 54,9 août 54,3 sept 53,5 indice PMI août 58,0 sept 57,6 août -6,9 80,2 sept -20,0 -18,1 75,0 74,4 juin 10,9 10,6 juil 11,7 11,1 août 11,4 11,3 août 1,7 sept 2,1 L’inflation en zone euro devrait remonter au dessus de 2 % en g.a. en septembre. Cette accélération s’explique essentiellement par des effets de bases défavorables. Allemagne - enquête Ifo dans l'industrie indice Ifo situation actuelle situation future juil 106,4 111,3 101,7 août 105,8 111,5 100,4 sept 104,9 111,0 99,0 juil -45 -665 9,0 août -15 -667 9,0 sept -30 -671 8,9 Nous tablons sur une nouvelle baisse du nombre de demandeurs d’emploi, en ligne notamment avec la bonne tenue des composantes emploi des enquêtes. Le taux de chômage non harmonisé pourrait franchir le seuil des 9 %. France - Enquête dans l'industrie (Insee) Indicateur synthétique juil 110 août 107 sept 107 L'enquête de confiance dans l’industrie est attendue en baisse en septembre à 107. La baisse de l’indicateur synthétique s’explique en partie par la hausse de l’euro et la flambée des prix du pétrole. La crainte des conséquences négatives de la crise financière sur l’activité globale devrait également peser sur le moral des chefs d’entreprise. France - consommation en prod. manuf. consommation (m/m,%) (a/a, %) juin 1,6 3,1 juil 0,4 3,2 août 0,4 1,6 La consommation des ménages est restée bien orientée en août. Nous tablons sur une progression de l’ordre de 0,4 % m/m. France - Chômage, BIT nbre de chômeurs, m-m '000 a-a '000 taux de chômage (%) juin -34 -266 8,0 juil 0 -240 8,0 août -10 -239 8,0 Le taux de chômage devrait rester stable en août à 8 % de la population active. France - Enquête auprès des ménages - cvs indice résumé À suivre la semaine prochaine… UEM - aggrégats monétaires juil 1,8 54,0 La baisse de l’indice ZEW, la 4e consécutive, n’avait rien de surprenant compte tenu des multiples risques auxquels fait face l’économie allemande et des tensions persistantes sur les marchés. Depuis le début de la crise cet été, le ZEW aura perdu un peu moins de 30 points, équivalent à un écart-type de la série. M3 (a/a, %) (a/a mm3, %) CPI (a/a, %) nbre chômeurs (m/m, '000) (a/a, '000) taux de chômage (%) Allemagne- enquête ZEW juil 10,4 88,2 UEM - flash IPCH (ncvs) Allemagne - marché du travail (cvs) La crise financière a manifestement impacté la confiance des directeurs d’achats en septembre. Les indices PMI flash ont surpris à la baisse. L’enquête dans l’industrie a ainsi reculé de 1,1 point à 53,2 (contre 53,9 attendu par le consensus). Parmi les composantes de l’indice, on relève que les nouvelles commandes ont atteint leur plus bas depuis août 2005. Cet indice reste toutefois au-dessus de la barre des 50, ce qui incite à penser que la demande adressée à l’industrie devrait rester bien orientée à court terme. Le secteur des services a semble-t-il été plus affecté par le mouvement de défiance créé par la crise. Le recul de l’indice dans les services a en effet été encore plus important que dans l’industrie (-4 points à 54). Il s’agit de la plus forte baisse depuis la création de l’enquête en 1998. Là aussi, on note que la composante « nouvelle activité » est en baisse, mais reste en zone d’expansion. Au total, le recul de ces enquêtes traduit les craintes des chefs d’entreprises quant au risque d’une transmission des turbulences financières sur l’activité. Si ce mouvement se poursuit, cela pourrait compromettre les perspectives de croissance, en particulier au dernier trimestre de cette année. anticipations affaires en cours sept 109,0 A l’instar des enquêtes PMI publiées cette semaine, les enquêtes de la Commission européenne devraient continuer à se tasser en septembre. Ce mouvement reflète d’une part la poursuite du ralentissement du climat des affaires en zone euro, et d’autre part, l’impact de la crise financière sur la confiance des agents. La conjoncture restant fondamentalement bien orientée, les enquêtes de confiance n’ont toutefois aucune raison de s’effriter. En conséquence, l’indice du sentiment économique ne devrait que très légèrement baisser à 109. Ce niveau reste compatible avec une croissance soutenue en zone euro. 53,2 UEM - enquête dans les services PMI juil 58,3 août 110,0 Dans le sillage des autres enquêtes de conjoncture, l’IFO devrait afficher une nouvelle baisse en septembre, tiré par sa composante anticipations. Le franchissement par l’euro du seuil psychologique des 1,40 dollar, en particulier, représente un risque majeur pour les chefs d’entreprise allemands. À retenir aussi cette semaine… indice PMI juil 111,0 juil -15 août -18 sept -18 L’enquête de confiance auprès des ménages français est attendue en baisse en septembre. Plusieurs facteurs expliquent la détérioration du moral des ménages : l’euro fort, la flambée des prix du pétrole et la crainte des effets de la crise financière sur la croissance. Semaine du 17 au 21 septembre 2007 11 Europe Grégory CLAEYS 01 57 72 03 29 [email protected] Aurélie FONTAGNE 01 43 23 08 15 [email protected] Perspectives Hebdo Royaume-Uni : Northern Rock chamboule la stratégie de la BoE Depuis le début de la crise de liquidité, la Banque d’Angleterre (BoE) s’était démarquée des autres banques centrales en insistant sur la responsabilité des institutions financières et en évitant d’injecter massivement des liquidités pour ne pas créer un phénomène d’aléa moral et des « problèmes plus importants » dans le futur. Privilégiant une résolution de la crise par les marchés à travers une réappréciation des risques et une revalorisation des actifs, la BoE avait été vivement critiquée par les banquiers de la City pour son manque d’activisme sur des marchés monétaires complètement asséchés. Mais, depuis une semaine, elle s’est attirée des critiques encore plus virulentes après un volte face complet de sa stratégie de gestion de la crise. Non seulement elle a été obligée d’intervenir en tant que prêteur en dernier ressort pour sauver Northern Rock, mais, suite au bank run qui a suivi l’annonce de cette opération vendredi dernier, elle a été obligée de revenir sur sa position et d’injecter des liquidités à trois mois afin de calmer les marchés interbancaires. Aujourd’hui, certains, sur les marchés, tablent même sur une baisse rapide du taux directeur de la BoE. Néanmoins, les dernières interventions de la BoE (minutes de la réunion de septembre, témoignage de Mervyn King) montrent que si la BoE est prête à revoir sa stratégie, il ne faut pas non plus s’attendre à ce que le taux de base soit utilisé pour remédier aux turbulences actuelles tant que celle-ci n’aura pas d’impact direct sur la situation macroéconomique du Royaume-Uni. Sauvetage de Northern Rock Dans le contexte de liquidité tendue qui prévaut au Royaume-Uni depuis le 9 août dernier, Northern Rock a connu la semaine passée des retraits massifs de dépôts qui se sont prolongés en début de semaine. Un tel évènement ne s’était pas produit depuis plus de 30 ans en Angleterre, et frappe nécessairement les esprits. D’autant plus que Northern Rock est la huitième banque anglaise, et qu’elle est un des acteurs majeurs du secteur des mortgages avec une part de marché de 10 % sur la production de prêts immobiliers (au premier semestre 2007). A court de liquidité la semaine passée, et face à l’impossibilité de se refinancer sur le marché interbancaire, elle a dû faire appel à la BoE. Jouant ainsi son rôle de prêteur en dernier ressort qui lui permet d’accorder des lignes de crédit aux institutions en difficulté mais solvables, cette dernière est cependant restée muette sur le montant et sur le taux d’intérêt du prêt. Ce qui n’a pas suffi à rassurer les déposants. 10 % des dépôts environ ont été retirés en trois jours. En Angleterre, les dépôts ne sont garantis en totalité que jusqu’à 2 000 £, les 33 000 £ suivantes étant couvertes à 90 %. Au-delà, le risque est porté par l’épargnant, ce qui doit l’inciter en théorie à exercer un contrôle sur les dirigeants de la banque. Pour stopper l’hémorragie, le chancelier de l’Echiquier Alistair Darling a finalement dû promettre que le gouvernement garantirait l’intégralité de l’épargne des clients de la banque, et de toute banque se trouvant dans la même situation. Le business model de Northern Rock est très particulier. La banque est spécialisée dans les prêts immobiliers, qui constituent 85 % de son actif. Ces actifs sont sains. Dans le cas de Northern Rock, ils étaient même plus sains que la moyenne du marché, avec des arriérés de paiement deux fois plus faibles que le marché, y compris au premier semestre 2007. Les primo accédants ne représentent que 20 % de la clientèle totale, et le ratio moyen de prêt accordé sur la valeur du bien (LTV) était de 78 % mi 2007, ce qui correspond à la moyenne du marché anglais. La double originalité du modèle tient à son mode de financement. D’une part, afin de limiter les coûts, les dépôts clientèle sont très limités. Cela a donc notamment permis à Northern Rock de devenir la huitième banque anglaise avec uniquement 76 agences. L’offre de prêts passe donc essentiellement par des courtiers (90 %). D’autre part, et de manière parallèle, le financement se fait majoritairement à court terme via les marchés, grâce au mécanisme de titrisation des crédits. Deux émissions au premier semestre 2007 ont ainsi permis à Northern Rock de lever 10,7 milliards £. Du fait du choix du court terme, le risque de transformation (prêts à long terme versus financement à court terme) est très important. Ce business model, très rentable en temps normal puisqu’il fait l’économie de l’entretien d’un réseau commercial, a été mis à mal par la crise de liquidité. Les marchés de papier commercial sur lesquels Northern Rock se refinancait se sont brutalement asséchés depuis le début du mois d’août, et la banque n’a pas pu renouveler ses titres arrivés à maturité. Non pas que la banque ait fait des pertes, ses actifs immobiliers restant de bonne qualité. Le problème vient bien de son passif : elle dépend trop fortement du papier commercial à court terme pour son refinancement. C’est donc un problème avant tout de liquidité, et non de solvabilité ; de stratégie d’emprunt, et non de prêt. Doit on s’attendre à des problèmes similaires dans d’autres banques britanniques ? Northern Rock n’est pas la seule à avoir adopté ce modèle. Dans une certaine mesure, d’autres banques comme Alliance & Leicester ou Bradford & Bingley, les deux autres établissements spécialisés sur le segment immobilier cotés, ont également des modes de financement très dépendants des marchés interbancaires. Néanmoins, Northern Rock ne s’est pas retrouvée affaiblie par hasard. A l’aune des ratios de crédit sur dépôt (cf. Semaine du 17 au 21 septembre 2007 12 Europe Grégory CLAEYS 01 57 72 03 29 [email protected] Aurélie FONTAGNE 01 43 23 08 15 [email protected] tableau infra), on comprend qu’elle avait poussé le modèle à son paroxysme : pour une livre de dépôt récoltée, elle en prêtait trois ; restaient donc deux livres à trouver sur les marchés. Les autres banques sont restées dans des limites plus raisonnables, de l’ordre de un pour deux au maximum. Northern Rock Plc Bradford & Bingley Plc HBOS Plc Alliance & Leicester Plc Lloyds TSB Bank Plc Abbey National Plc Halifax Plc Source: Bankscope Prêts nets / dépôts 276 149 137 124 91 73 65 Fonds empruntés / financement de l'activité 70% 44% 47% 41% 15% 59% 11% Au total, l’industrie bancaire britannique conserve des bases solides au vu des ratios de Tier 1 (cf. graphique infra). La solvabilité des établissements n’est pas entamée. Et le trio Banque d’Angleterre / Trésor / FSA semble décidé à intervenir pour freiner toute contagion. R-U : Ratio Tier 1 des principales banques en 2006 10% 8% 6% 4% 2% 0% BC HS s B ay TS r cl ds y Ba L lo Source : Etablissements er ck OS le y e st Ro HB in g n e ic B r L e & r d& rth ce d fo No i an a l r l B A Volte-face sur les injections de liquidités Il y a deux semaines seulement, alors que les taux 3 mois s’écartaient de plus de 100 pdb du taux cible pour la première fois depuis 26 ans (cf. graphique. infra), Mervyn King annonçait ne pas vouloir jouer de rôle pour ramener ceux-ci à leur niveau habituel. Contrairement au taux au jour le jour (pour lequel des liquidités supplémentaires étaient fournies), la BoE considérait alors que ce taux ne relevait pas des ses prérogatives et que sa hausse était due à une réappréciation salutaire du prix du risque en période d’incertitude. Néanmoins, à la suite du bank run du week-end dernier sur les dépôts de Northern Rock, la méfiance sur les marchés interbancaires s’est encore amplifiée et les taux se sont de nouveau tendus après quelques jours d’accalmie. En raison du rôle-clé de ce taux dans l’économie (dans les hypothèques à taux variable, les prêts aux entreprises, etc.) et des risques potentiels que cela induirait pour la croissance s’il restait à un tel niveau pendant une période prolongée, la BoE a finalement été obligée de réagir cette semaine et de promettre de fournir de la liquidité à 3 mois. Elle injectera ainsi 10 milliards de livres sterling à cette maturité la semaine prochaine et réitérera l’opération Perspectives Hebdo lors des deux semaines suivantes. A l’annonce de ces opérations les taux sont revenus à un niveau plus acceptable et devraient encore baisser après l’intervention effective de la BoE. pdb R-U : Spread 3 mois - taux de base 120 100 80 60 40 20 0 -20 janv 04 juil 04 janv 05 juil 05 janv 06 juil 06 janv 07 juil 07 Spread Moyenne 01-2004/08-2007: 7 pdb Source : BoE, Datastream, Crédit Agricole Faut il s’attendre à une baisse rapide du taux de base ? Suite à ce revirement de la stratégie de la BoE (sauvetage d’un acteur bancaire alors qu’elle avait insisté sur la responsabilité des institutions financières, injections de liquidités à 3 mois alors qu’elle jugeait que cela n’était pas de son ressort) certains se demandent aujourd’hui si le U-turn de la BoE ne pourrait pas être complet et s’il ne s’apprêterait pas, dans le sillage de la Fed, à baisser son taux directeur rapidement. D’une part, l’analyse de la solvabilité de Northern Rock montre que l’intervention en tant que prêteur en dernier ressort était justifiée et que, étant donné l’inefficience actuelle des marchés interbancaires et la méfiance entre les banques, c’était le seul moyen de résoudre ce problème. En effet, comme l’a expliqué Mervyn King devant le Treasury Committee du Parlement britannique cette semaine, les injections de liquidités sur les marchés monétaires pour que les fonds nécessaires parviennent jusqu’à Northern Rock auraient été bien trop importantes et auraient pu constituer pour certains acteurs un assurance a posteriori pour les pertes subies lors de la crise. D’autre part, Mervyn King a aussi insisté sur le fait que les injections de liquidités à 3 mois avaient été rendu nécessaires par la situation d’un marché interbancaire explosif depuis le bank run du week-end dernier et que celles-ci constituaient un moindre mal par rapport à une situation de crise de liquidité aigue. Face à ce discours et aux dernières minutes de la réunion de septembre, ce nouvel activisme de la BoE ne devrait pas être interprété comme une promesse de baisse de taux rapide. Bien au contraire. Si la BoE est décidée à remettre de l’ordre dans les marchés interbancaires, elle considère toujours que le taux de base est un outil destiné au ciblage d’inflation à moyen terme et qu’il ne saurait être modifié que si la crise devait avoir un impact baissier sur l’inflation. C’est pourquoi nous pensons toujours que la BoE devrait adopter un statu quo jusqu’à la fin de l’année. Semaine du 17 au 21 septembre 2007 13 Pays Émergents Perspectives Hebdo Sylvain LACLIAS 01 43 23 65 55 [email protected] L’actualité de la semaine dans les pays émergents La décision de la Fed du 18 septembre donne de l'air aux marchés émergents et vient sans doute conforter les évolutions observées depuis début septembre. Les spreads sur la dette souveraine sont de nouveau à la baisse. Les marchés d’actions sont revenus à des plus hauts historiques. Quant aux devises, leur mouvement d’appréciation face au billet vert n’aura connu que quelques hésitations estivales. MSCI points 1200 points 4000 1000 3600 800 3200 600 Source : Morgan Stanley 09/07 08/07 08/07 07/07 06/07 05/07 05/07 04/07 03/07 03/07 02/07 01/07 01/07 12/06 11/06 2400 11/06 200 10/06 2800 09/06 400 Global (éch. G) Asie (éch. G) Europe (éch. G) AmLat (éch. D) Plus spécifiquement en Amérique latine, le Brésil, sans doute un des pays de la zone le plus fragile si une spirale de flight to quality venait à s'enclencher, a vu sa devise continuer son appréciation. Stoppé net à l'été, le mouvement de hausse du real a repris et la devise brésilienne flirte a nouveau avec ses plus hauts face au dollar US depuis six ans. La Colombie profite également de ce bol d'air, et le peso, par exemple, a gagné 3 % pour la seule journée du 19. Le Mexique semble moins porté par le mouvement. Peut-être que les inquiétudes sur la croissance américaine y pèsent plus qu'ailleurs. L'Argentine, plus isolée sur les marchés financiers, est bien évidemment moins concernée. A quelques semaines des élections, l'activité semble reprendre dans plusieurs secteurs qui avaient montré des signes d'essoufflement au deuxième trimestre. La croissance pourrait rester vive, et cela ne va pas se faire sans soulever de nouvelles questions à propos de l'inflation. Dernière remarque pour le continent : la vigueur des prix du pétrole est, bien sûr, une bonne nouvelle pour le Venezuela ou l'Equateur, où, si cette conjoncture perdurent, l'actualité devrait se recentrer autour de la politique et des questions de relations internationales. La décision de la Fed ne fait peut-être pas les affaires de tous, pourtant. Les pays du GCC (Arabie Saoudite, Bahreïn, EAU, Koweït, Oman et Qatar), dont les monnaies sont toutes fixées au dollar US, à l’exception du rial koweïtien, fixé à un panier de devises, sont fortement incités à s’aligner sur les baisses des taux directeurs US. De fait, trois émirats ont suivi. Les E.A.U. ont baissé les taux d’intérêts sur les certificats de dépôt (CD) à une semaine, un mois et trois mois de 15 points de base (pdb), respectivement à 4,60 %, 4,70 % et 4,80 %. Le taux d’intérêt sur les CD à 6 mois a quant à lui été réduit de 20 pdb, à 4,80 %. Le Koweït a baissé son taux d’escompte de 50 pdb, à 4,75 %. Une première baisse de 25 pdb avait eu lieu la semaine dernière. Quant au Qatar, la Banque centrale a annoncé une baisse du taux sur les facilités de dépôt au jour le jour de 65 pdb, à 4,50 %. Problème : la faiblesse du billet vert et la vive croissance que connaissent les économies du GCC, dynamisée par l’envolée des cours des matières premières, font peser de fortes pressions inflationnistes. Mais ce n’est pas la baisse des taux d’intérêt qui va faciliter la lutte contre l’inflation. La progression des prix à la consommation aux E.A.U., pays du GCC susceptible de souffrir le plus de la faiblesse du dollar, s’est officiellement élevée à 9,3 % en 2006, mais officieusement à plus de 13,5 %, selon certaines sources. Au Qatar, l’inflation a grimpé à près de 13 % en juin dernier. La Banque centrale vient toutefois d’annoncer que les mesures prises pour contrôler les prix immobiliers suffiraient à ramener l’inflation à 10 %. Les banques centrales du GCC ont néanmoins annoncées que l’objectif d’une union monétaire dans le Golfe restait une priorité, et qu’elles n’envisageaient pas de sortir du PEG devant les y mener à l’horizon 2010. En Egypte, par ailleurs, la hausse des revenus des services et des transferts à l’économie a permis de contenir celle du déficit de la balance commerciale à 15,81 milliards $ en 2006-2007 (juillet à juin), soit plus de 11 % du PIB. Les exportations de biens ont certes progressé de 19,3 % au cours de cette période. Les exportations non pétrolières, en hausse de 44 %, en ont été le moteur, puisque celles de pétrole ont stagné à 10,1 milliards $, butant sur les capacités de production égyptiennes. Mais dans le même temps, les importations de biens ont fortement augmenté, de 24,8 %. Heureusement, alors que les revenus du tourisme ont progressé de 10,7 % et ceux du Canal de Suez de 17,2 %. Sans compter les transferts, notamment des travailleurs égyptiens à l’étranger, en hausse de 31,6 % (de 1,3 milliards $ à 2 milliards $). Si bien que la balance courante est restée excédentaire de 2,7 milliards $ en 2006-2007, soit 2,1 % du PIB. Tout va bien, d’une certaine façon. Aux Philippines, et ce sera la touche politique de la semaine, le chef d'état-major des forces armées a mis en garde contre les risques d’un coup d'Etat, contre l'administration de la présidente Gloria Macapagal Arroyo. Elle a déjà fait l’objet à deux reprises dans le passé, en 2003 et 2006, d’un soulèvement militaire. Toutefois la loyauté de l'état-major lui a permis de rester au pouvoir. Semaine du 17 au 21 septembre 2007 14 Calendrier des Statistiques Économiques Perspectives Hebdo Edition du 21 septembre 2007 Prochains indicateurs à suivre - Semaine du 24 au 28 septembre 2007 LUNDI MARDI MERCREDI JEUDI VENDREDI Source : Datastream, Prévisions des économistes de Crédit Agricole S.A. Direction des études économiques de Crédit Agricole S.A. Internet : http://www.credit-agricole.fr - Rubrique Kiosque Eco 75710 Paris cedex 15 - Fax : +33 (0)1 43 23 58 60 Abonnements : [email protected] Directeur de la publication et Rédacteur en chef : Jean-Paul Betbèze Réalisation et Secrétariat de rédaction : Corinne Chaussebourg – Tél. : +33 (0)1 43 23 65 60 Cette publication reflète l’opinion du Crédit Agricole à la date de sa publication, sauf mention contraire (contributeurs extérieurs). Cette opinion est susceptible d’être modifiée à tout moment sans notification. Elle est réalisée à titre purement informatif. Ni l’information contenue, ni les analyses qui y sont exprimées ne constituent en aucune façon une offre de vente ou une sollicitation commerciale et ne sauraient engager la responsabilité du Crédit Agricole ou de l’une de ses filiales. 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