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Conseil central du Montréal métropolitain–CSN mars 2014 volume 28 numéro 2 Des Philippines au Canada: La citoyenneté, un leurre ! Coup d’œil sur l’assemblée générale L’organe officiel du Conseil central du Montréal métropolitain–CSN est publié à 2 800 exemplaires P.P. 40064900 ISSN 1718-1178 Responsable : Véronique De Sève Coordination et rédaction : Emmanuelle Proulx Conception graphique : Jean Gladu et Sophie Marcoux Montage : Diane Dupuis Correction des textes : Michèle Delsemme Photographies : Michèle Delsemme, Diane Dupuis, Michel Giroux, Emmanuelle Proulx et Aude Sainte-Marie Illustrations : Boris, Geneviève Guénette Impression : Accent Impression Distribution : CSN 1601, avenue De Lorimier Montréal (Québec) H2K 4M5 http ://www.ccmm-csn.qc.ca Pour abonnement : [email protected] Téléphone : 514 598-2021 Télécopieur : 514 598-2020 Mars 5 Assemblée générale 6 et 7 Trésorerie 10 et 11 Délégué-e syndical 10 Comité de surveillance 17 Union Auditing Committee 17 et 18 Initiation à la santé sécurité du travail 19, 20 et 21 Exécutif syndical l 24 et 25 Condition féminine 24 et 25 Réseaux d’entraide Prostitution Contrer les visées patronales L ors de l’assemblée générale du conseil central du 29 janvier, la présidente, Dominique Daigneault, a dédié la minute de silence à Francine Lalonde, décédée le 16 janvier, et à toutes les victimes du terrible incendie survenu à L’Isle-Verte. Février, c’est le Mois de l’histoire des Noirs et madame Daigneault a rappelé la courageuse lutte menée par Rosa Parks, figure emblématique de la lutte contre la ségrégation raciale aux États-Unis. Le 1er décembre 1955, à Montgomery, en Alabama, Rosa Parks avait refusé de céder sa place à un passager blanc dans l’autobus dans lequel elle était montée. En restant assise, Madame Parks s’était tenue debout pour le droit au respect et à la dignité. Du 10 au 14 février, c’était les Journées de la persévérance scolaire, et, a insisté madame Daigneault, « nous toutes et tous pouvons contribuer à la lutte au décrochage scolaire, en soutenant nos enfants, en exigeant des mesures antipauvreté ou en négociant des dispositions de conciliation famille-travail-études dans nos conventions collectives, entre autres ». Nos invité-es Caroline Senneville, présidente de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec, était invitée à faire connaître une lutte menée par les profs des cégeps cet automne. Intitulée Opération Dérangement 21, cette bataille est liée aux travaux d’évaluation d’emploi des secteurs public et parapublic québécois entrepris par le Conseil du trésor auprès de dizaines de catégories d’emplois mixtes. Dans le cadre de ces travaux, seule la catégorie des enseignants de cégep avait été déclassée, pour passer de l’échelon 22 à 21. « Ce déclassement était une véritable insulte, a lancé madame Senneville, puisqu’on ne tenait pas compte des tâches associées au travail d’enseignants de cégep – comme le travail effectué hors des salles de classe – ou bien les diplômes universitaires ». S’est alors enclenchée une intense mobilisation qui a porté ses fruits puisque Québec est revenu sur sa position et a finalement reconnu le rangement 22 de l’échelle salariale. Puis, Roch Lafrance, porteparole de l’Union des travailleuses et travailleurs accidentés de Montréal, a présenté le Livre vert de l’UTTAM qui vise à consulter la population sur un enjeu important, la réforme du régime de réparation. L’UTTAM souhaite identifier et proposer des solutions aux injustices les plus criantes du régime de réparation. Selon monsieur Lafrance, il n’y a pas eu d’améliorations significatives à la loi depuis 1985, alors que depuis, le patronat et la CSST ont réussi à en contourner les dispositions afin de se soustraire à leurs obligations. Par cette consultation, on veut conscientiser les travailleuses et les travailleurs sur les enjeux du régime et contribuer à la recherche de solutions pour obtenir une réforme qui leur est plus favorable. Le conseil central a invité les délégué-es à participer à la consultation en ligne de l’UTTAM. Par la suite, on a présenté une vidéo afin de souligner la Semaine de prévention du suicide, du 2 au 8 février. Des entraidantes et des entraidants de syndicats locaux ont livré des témoignages émouvants sur diverses situations vécues dans leur milieu de travail et sur les ressources à y mettre en place pour réagir à ce problème social. Soulignons enfin la nomination de Marie Lebel, présidente du STT de Fondaction–CSN, au poste de responsable du comité environnement et développement durable. Organisme régional affilié à la Confédération des syndicats nationaux (CSN), le Conseil central du Montréal métropolitain–CSN regroupe plus de 100 000 membres du secteur public et du secteur privé, répartis au sein de 400 syndicats sur le territoire des régions administratives de Montréal, de Laval et du Grand Nord du Québec. Conseil central du Montréal métropolitain - CSN www.ccmm-csn.qc.ca Le patriarcat à son summum Par Véronique De Sève secrétaire générale du CCMM–CSN L e 20 décembre 2013, la Cour suprême du Canada déclarait inconstitutionnelles trois dispositions du Code criminel qui limitent la prostitution, soit la tenue d’une maison de débauche, la sollicitation des clients dans un lieu public et le proxénétisme. Ce jugement unanime renvoie le gouvernement à ses devoirs : il a un an pour amender ces lois s’il le juge nécessaire. Les groupes défendant le travail du sexe ont crié victoire. Mais en est-ce vraiment une ? Les groupes en faveur du travail du sexe allèguent que de nombreuses prostituées le font par choix et sans contrainte. Peut-être. Mais peut-on parler de choix quand on sait que des filles entrent dans la prostitution dès l’âge de 14 ans, qu’elles ont majoritairement été victimes d’abus ou de violence, qu’elles ont des problèmes de toxicomanie, qu’elles vivent dans la pauvreté ? S’il existait des organismes leur permettant de quitter la prostitution, y resteraient-elles ? Rappel des événements Prise de position juste et audacieuse En 2009, Terry-Jean Bedford, Valerie Scott et Amy Lebovitch s’adressaient aux tribunaux ontariens pour contester des articles du Code criminel canadien traitant de la prostitution. Au nom de la Charte canadienne des droits et des libertés, elles prétendaient que ces dispositions représentaient une menace à la sécurité des « travailleuses du sexe ». Le 28 septembre 2010, la juge Susan Himel, de la Cour supérieure de l’Ontario, leur donnait en partie raison et déclarait ces articles inconstitutionnels. Le gouvernement canadien avait alors interjeté appel, demandant que l’application de la décision soit reportée. Le jugement de la Cour suprême met fin à cette saga judiciaire, mais le dossier n’est pas clos pour autant. Lors du conseil confédéral de décembre, les délégué-es de la CSN ont pris position dans ce débat. Ils et elles condamnent la prostitution comme système d’exploitation du corps des femmes, croient à un changement de mentalité en regard de l’exploitation du corps des êtres humains et revendiquent plus d’égalité, de justice et de démocratie pour toutes et tous. En faveur de la décriminalisation des prostituées, ils souhaitent que les proxénètes soient criminalisés. Les délégué-es ont réaffirmé leur volonté de lutter contre les violences. Cette position reflète les valeurs et les principes qui guident le mouvement CSN. Ne jouons pas à l’autruche. Ce sont bien les proxénètes et les prostitueurs qui sortent grands gagnants dans cette affaire. Ce sont eux qui profiteront réellement de ces modifications. La prostitution est peut-être le plus vieux métier du monde pour certains, mais pour toutes les femmes, c’est certainement la plus vieille oppression du monde ! Pour terminer, je laisserais la parole à Jean Enriquez, directrice générale de la Coalition contre la traite des femmes en Asie-Pacifique (CATW-AP) et membre de la Marche mondiale des femmes : « Il est extrêmement important pour les syndicats de prendre position sur la prostitution qui n’est pas un travail auquel les femmes aspirent. Ne pas le dire serait de réduire les femmes à des fournisseurs de services sexuels, des marchandises, des objets. Je crois qu’il est du devoir de chaque militant de contester les structures d’oppression qui attaquent la dignité de la personne, donc de contester non seulement le capitalisme, mais aussi le patriarcat. » Au nom de la sécurité et du libre choix La Cour suprême a penché en faveur des arguments évoquant le caractère dangereux de la loi pour la sécurité des femmes. La juge en chef, Beverley McLachlin, indique dans le jugement que « le législateur a le pouvoir de réprimer la nuisance, mais pas au prix de la santé, de la sécurité et de la vie des prostituées ». Mais le danger est-il plus menaçant dans la rue, lorsqu’on empêche la prostituée de négocier avec ses futurs clients, ou dans une chambre d’hôtel avec un pimp qui l’oblige à faire passes après passes pour rentabiliser la journée ? Bien qu’il soit difficile d’avoir des chiffres exacts, les chercheurs estiment que 90 % des prostituées sont contraintes à la misère et aux violences. logo FSC 2 • Unité mars 2014 Unité mars 2014 • 3 Décès de grandes femmes Journée internationale des femmes e départ récent de Francine Lalonde, une militante de longue date pour le progrès social au Québec, est profondément attristant. Historienne et enseignante, madame Lalonde s’est engagée syndicalement dès les années 1960. En contribuant à la fondation de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec, qu’elle a présidée pendant plus de huit ans, elle a mené une lutte pour la syndicalisation du personnel enseignant des cégeps. En 1976, Francine Lalonde a été élue à la vice-présidence de la CSN et, surtout, elle a été la première femme à accéder à une fonction élective au comité exécutif. En 2005, alors députée du Bloc Francine Lalonde, lors d’une québécois, elle propose un projet de loi instance de la FNEEQ, en 1981 visant à légaliser le suicide assisté au Canada, projet de loi qui a fait son chemin et qui connaît aujourd’hui son aboutissement. Merci madame Lalonde pour toutes ces clés que vous nous avez offertes en ouvrant tant de portes ! V ous l’avez sans doute vue dans le groupe Mères en colère et solidaires, qu’elle avait fondé lors du printemps érable ou peut-être avez-vous regardé l’entrevue qu’elle avait accordée à Radio-Canada pour exiger la tenue d’une enquête publique sur les agissements de la police durant cette période si effervescente ? Militante d’exception, Carol Gélinas était une indignée et une éternelle révoltée devant les injustices. Elle est décédée le 2 février dernier, au terme d’une âpre lutte contre le cancer, sa dernière bataille. Travailleuse au Regroupement des organismes communautaires famille de Montréal, madame Gélinas avait acquis Carol Gélinas, à l’occasion d’une soirée sur les PPP une grande connaissance des enjeux sociaux à la CSN, en 2011 entourant les PPP sociaux. Le conseil central, qui a pu compter sur sa grande expertise lors du colloque sur les fondations tenu à l’hiver 2013, tient à rendre hommage à cette femme inspirante. Mireille Bénard Conseillère syndicale Comité de condition féminine La représentation des femmes au conseil central Mission accomplie ! C onvaincue de la contribution particulière et du rôle essentiel joué par les femmes, la CSN se soucie depuis plusieurs décennies de leur représentation sur les postes électifs dans les structures syndicales. Depuis 35 ans, de nombreux travaux ont été effectués pour promouvoir leur participation dans les postes de responsabilité syndicale. Entre autres, on a mis à la disposition des syndicats des outils leur permettant de favoriser la présence des femmes dans leur organisation. Estimant qu’elle devait réaffirmer son engagement dans ce sens, la CSN a actualisé, en 2010, son Programme d’accès pour la représentation équitable des femmes (PAREF). Aujourd’hui, on peut dire qu’au conseil central, c’est réussi ! Quatre des cinq membres du comité exécutif sont des femmes, notamment à la présidence, tandis qu’au conseil syndical, elles occupent sept postes sur dix. Aussi, on retrouve une représentation équitable des femmes et des hommes délégués à l’assemblée générale mensuelle. Il y a donc de bonnes raisons de se réjouir puisque les efforts consentis ces dernières années ont été gratifiés. Dans l’ordre habituel : Suzanne Audette, 2e vice-présidente, Patrice Benoît, trésorier, Manon Perron, 1re vice-présidente, Véronique De Sève, secrétaire générale et Dominique Daigneault, présidente du CCMM–CSN. 4 • Unité mars 2014 D e nouveaux espaces ont été conquis par les femmes et la thématique retenue cette année pour la Journée internationale de femmes, Des clés à la portée de toutes, exprime la possibilité pour elles de recourir à différents outils pour avancer vers une société plus juste et plus égalitaire. Le conseil central vous invite à participer d’une façon ou d’une autre à cette journée. Comme à l’habitude, nous mettons à la disposition des syndicats le matériel du 8 mars : affiches et autocollants gratuits ainsi que les épinglettes au coût unitaire de 3 $, dont 0,50 $ par épinglette seront versés à la Fédération des femmes du Québec. Pour se procurer le matériel, veuillez remplir le bon de commande joint à l’envoi de la présente édition de l’Unité ou contacter l’accueil du conseil central au 514 598-2021. Des vidéos du Centre de solidarité lesbienne Sortir de l’invisibilité V ivre son homosexualité ouvertement, c’est difficile pour nombre de personnes encore aujourd’hui, et ce, malgré les grandes avancées réalisées ces dernières décennies pour la reconnaissance des droits des LGBT (lesbiennes, gais, bisexuel-les et transgenres). En milieu de travail, plusieurs craignent de « sortir du placard ». Une recherche réalisée en 2013 par un étudiant de l’UQAM démontre qu’il reste encore beaucoup à faire dans les milieux de travail pour que les membres de la communauté LGBT se sentent à l’aise de révéler leur orientation sexuelle. Depuis la dernière étude sur le sujet, effectuée en 2007 par la professeure Line Chamberland, titulaire de la Chaire de recherche sur l’homophobie à l’UQAM, on a observé peu de progrès concernant la proportion de travailleuses et de travailleurs qui décident de parler ouvertement de leur orientation. L’étude de madame Chamberland avait démontré que près de 90 % des LGBT s’affichaient auprès de leur famille et ami-es, mais qu’au travail, ils étaient seulement 70 % à briser le silence. Malgré que la majorité des LGBT dévoilent leur orientation sexuelle, plusieurs d’entre eux redoutent les préjugés à leur égard. Certains milieux de travail sont encore hostiles et l’homophobie peut être insidieuse : elle se traduit parfois par des comportements méprisants, des sous-entendus et des mauvaises blagues. Le 8 mars chez nous À l’assemblée générale du conseil central, le mercredi 5 mars, à compter de 19 h, la Journée internationale des femmes sera soulignée de façon originale. Soyons-y ! De plus, le jeudi 6 mars, le comité de condition féminine vous invite à un 5 à 7 au Bistro In Vivo, situé au 4264 rue Sainte-Catherine Est. Un cocktail vous sera offert gracieusement. Comité LGBT Transgen res n es L Des clés à la portée de toutes ! Lesbien Des pionnières Gais B isexue l-les lesbiennes de tous horizons témoignent avec force et simplicité de leur réalité. On peut visionner ces vidéos en accédant à la page du comité LGBT, à l’onglet Comités d’action politique sur le site Web du conseil central. Du côté des lesbiennes Beaucoup de lesbiennes demeurent hésitantes à révéler leur homosexualité. Elles sont pourtant nombreuses, puisqu’elles représentent environ 9 % de la population féminine. Pour contrer le phénomène de l’invisibilité des lesbiennes, le Centre de solidarité lesbienne, en collaboration avec la boîte de production Les Alters Citoyens, a réalisé trois capsules vidéo afin de leur donner la parole et de pallier à leur isolement. Une première vidéo, Embûche de Noël, met en scène un couple de lesbiennes confronté aux difficultés qu’elles vivent à l’approche de la période des fêtes et des rencontres familiales. Une seconde vidéo, Lesbiennes, est-ce dangereux ?, relate l’agression survenue en janvier 2005 sur l’avenue Mont-Royal, à Montréal, lorsque deux lesbiennes avaient été violentées après s’être embrassées dans la rue. Enfin, dans la troisième capsule, Lesbienne, on n’est pas invisible, des Archives Unité mars 2014 • 5 Aides familiales résidantes DOSSIER Négociations à Radio-Canada L’exploitation érigée en système Aucun déblocage en vue ! Elles viennent travailler au Québec pour fuir le chômage et la pauvreté, et pour soutenir leur famille restée dans leur pays d’origine. Elles sont majoritairement d’origine philippine. Elles pensent pouvoir améliorer leur sort, mais elles sont confrontées à l’exploitation. L’Unité a rencontré l’Association des aides familiales du Québec pour faire le point sur la situation des femmes qui font du travail domestique en résidence privée. Le Programme des aides familiaux résidants a été créé en 1992 afin de combler des besoins de pénurie de main-d’œuvre. On sait pourtant que la main-d’œuvre canadienne a depuis longtemps délaissé ce secteur d’activité en raison des difficiles conditions de travail. Pénurie ou cheap labour ? P our lever le voile sur la réalité de ces femmes, dont le travail consiste à prendre soin d’enfants, de personnes âgées ou handicapées et à effectuer des tâches ménagères, nous avons rencontré Margo Legault, coordonnatrice, et Myriam Dumont Robillard, présidente de l’association. Toutes deux pointent du doigt les strictes dispositions du programme pour expliquer les difficiles conditions de travail des aides familiales : l’obligation de résidence chez l’employeur, la nature nominative du permis de travail (rattaché à un seul employeur) et l’obligation de compléter 24 mois de travail sur une période de 48 mois pour obtenir la résidence permanente. Ces conditions rendent l’applicabilité des lois du travail presque impossible et exposent ces travailleuses aux abus. de la loi sur les normes, comme la semaine de travail, le temps supplémentaire et le salaire minimum. L’une d’entre elles prévoit également une couverture d’assurance équivalente à la RAMQ pendant le délai de carence de trois mois imposé aux personnes immigrantes. Très peu de travailleuses se prévalent de ces droits et peu de plaintes sont formulées devant la Commission des normes du travail. « L’inscription de l’employeur à la CSST étant volontaire, l’aide familiale est exclue de la couverture automatique et ne bénéficie pas de la protection accordée aux autres travailleuses et travailleurs du Québec », ajoute madame Legault. Elles cotisent à la caisse d’assurance-emploi et au Régime québécois d’assurance parentale, mais hésitent à y avoir recours. Se prévaloir du congé de maternité et recourir au chômage ne font que créer un délai pour obtenir la résidence permanente sur une période limitée à 48 mois. Vivre chez son employeur Comme les aides familiales résident dans la maison privée de leur employeur, il est difficile de confronter celui-ci à ses responsabilités. Si elle perd son emploi, la travailleuse doit rapidement trouver un nouvel employeur pendant que le délai de 48 mois s’écoule. Elle court également le risque de se retrouver sans statut, se plaçant en situation de clandestinité, voire de traite humaine si elle ne trouve pas de travail. Dans le pire scénario, c’est l’expulsion du pays et un Quels droits ? « Les employeurs délinquants s’en tirent en toute impunité lorsqu’ils contreviennent au contrat de travail les liant aux aides familiales », s’insurge madame Dumont Robillard. Ce contrat prévu par le ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles du Québec contient des clauses portant sur les protections en vertu 6 • Unité mars 2014 L’Unité a rencontré Myriam Dumont Robillard et Margo Legault, de l’Association des aides familiales du Québec. B retour à la maison difficile puisque la famille dépend du succès de cette expérience de travail. Elle ne pourra changer d’employeur qu’une seule fois pendant la durée de son permis. Bien peu d’entre elles le font étant donné les risques que cela signifie. Dans un contexte où la ligne est mince entre le travail et la vie privée, le rapport de force leur est défavorable. Agences de recrutement Alors que les aides familiales font les frais d’un système d’exploitation, les agences de recrutement, qui se déploient un peu partout dans le monde, en tirent avantage. Comme l’obtention d’un permis de travail au Canada exige le jumelage entre un individu employeur (permis nominatif) et une aide familiale, les agences jouent un rôle central. Dans certains cas, elles vont jusqu’à afficher des offres d’emploi fictives afin de fournir un bassin de main-d’œuvre disponible. Placée dans cette situation en arrivant au Canada, l’aide familiale se retrouve sans emploi, sans protection sociale et en situation d’illégalité. On se doute également que les agences vendent leurs services à gros prix. Les frais représentent des sommes pouvant varier entre 3000 $ et 5000 $ pour l’aspirante aide familiale. Imaginons ce que cela peut représenter pour une famille philippine. Dans plusieurs cas, les agences prêteront de l’argent aux femmes qui n’ont pas les moyens de payer l’inscription. Ce fardeau économique ne fait que rajouter de la pression sur les épaules des travailleuses. Encore une fois, elles n’auront d’autres choix que d’accepter leurs difficiles conditions de travail et de vie. Changer les règles La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, qui dénonçait en 2012 la discrimination systémique dont sont victimes les travailleurs migrants, offre quelques pistes de réflexion. Entre autres, la commission propose au gouvernement du Québec de créer un programme d’immigration permanent plutôt que temporaire. De plus, elle souhaite l’établissement d’un recours en cas de rapatriement, ce qui est d’ailleurs revendiqué par plusieurs groupes, dont la CSN. Les recommandations de la commission donnent toute la latitude au gouvernement du Québec d’agir en vertu de ses champs de compétence. Manon Perron 1re vice-présidente du CCMM–CSN ien que des rencontres de négociation continuent d’avoir lieu, rien ne laisse présager un règlement de la convention collective dans un avenir prochain. Rappelons que le contrat de travail du Syndicat des communications de Radio-Canada (SCRC), qui regroupe 1600 membres, est échu depuis septembre 2012. Les négociations se poursuivent depuis maintenant plus d’un an et demi. Un peu avant Noël, l’employeur a déposé au syndicat une offre globale qui a été rejetée à 94,5 % par les membres en assemblée générale. au Canada. Cette iniquité de traitement entre les régions francophone et anglophone du pays, Radio-Canada refuse de la corriger et même de la reconnaître. À titre d’exemple, lors des Jeux olympiques de Sotchi, les artisans sur le terrain occupant des emplois pourtant équivalents étaient rémunérés de façon distincte, selon la région du pays pour laquelle ils travaillaient. Bien sûr, d’autres sujets font l’objet de cette ronde de négociation, mais ce problème d’iniquité est au cœur du conflit qui oppose le SCRC à une entreprise financée par les deniers publics. Au cœur du problème : l’iniquité salariale Fusion d’accréditation La pierre d’achoppement de cette négociation est véritablement l’équité salariale entre les membres du SCRC et ceux de la Guilde canadienne des médias. En effet, si l’on travaille au Québec et à Moncton, on reçoit, en moyenne, une rémunération inférieure de 6,85 % du salaire octroyé aux employé-es de la société d’État œuvrant ailleurs Il importe de préciser que la négociation se déroule sur une toile de fond de fusion de quatre accréditations syndicales différentes représentant les employé-es syndiqués au Québec et à Moncton. En gros, cette fusion viserait les journalistes, les réalisateurs, les techniciens et les employées de bureau. Tout se passe comme si la direction de Radio-Canada avait décidé de faire du surplace afin d’attendre la décision sur sa demande de fusion des quatre groupes. On comprend que la stratégie consistera, dès qu’une décision favorable à la fusion sera rendue par jugement, à demander dans un deuxième temps au Conseil canadien des relations industrielles un report de la négociation, le temps que le vote de fusion se tienne. Que du mépris L’attitude de la direction de RadioCanada à l’égard des membres de la principale organisation syndicale de son établissement francophone est scandaleuse. Nous devons la dénoncer ainsi que tous les représentants du gouvernement conservateur qui la tolèrent et qui sont complices de cet état de fait. Une campagne d’opinion publique est en cours afin d’alerter la population et d’interpeller le gouvernement sur la place publique et à la Chambre des communes. Jean-Marie Vézina Conseiller syndical Action de visibilité devant Radio-Canada, le 7 février, à l’occasion d’une cérémonie organisée par la société d’État pour l’ouverture des jeux de Sotchi. Unité mars 2014 • 7 Introduction d’un nouveau cours d’histoire nationale Question d’équilibre 20e anniversaire de l’ALÉNA Un bilan désastreux L Du 28 au 31 janvier se tenait à Mexico un forum trinational réunissant des organisations syndicales, paysannes, environnementales, de femmes et des droits de la personne du Mexique, des États-Unis, du Canada et du Québec. Objectifs visés par cette rencontre : construire un contre-discours sur les impacts des accords de libre-échange et identifier des perspectives d’actions communes en ciblant les traités de nouvelle génération comme le Partenariat transpacifique. A près 20 ans d’existence, le bilan qui se dégage de l’ALÉNA est des plus désastreux. Lors de son entrée en vigueur, en 1994, les États signataires promettaient mer et monde : création d’emplois, croissance économique et prospérité. Mais la réalité est toute autre. L’accord a plutôt enrichi les entreprises aux dépens des droits environnementaux, sociaux, culturels et du travail. Ainsi, nous assistons à la précarisation du travail, à l’appauvrissement des populations et à la contamination de l’eau et des terres. Autre navrante observation, celle de la dévastation des terres agricoles par l’exploitation des mines. À cet égard, le rôle joué par les minières canadiennes, qui bénéficient de privilèges corporatifs et fiscaux démesurés, est sans conteste : elles pillent les ressources naturelles mexicaines. Il faut aussi parler des femmes qui sont doublement atteintes puisque ce sont elles qui occupent les emplois précaires dans des secteurs comme le textile, une industrie fortement touchée par la dérèglementation du travail. Le fameux chapitre 11 de l’ALÉNA a fait l’objet de maintes discussions. Ce chapitre a ouvert toute grande la porte à la suprématie des entreprises et des investisseurs étrangers en leur permettant de poursuivre un État qui adopterait des mesures pouvant nuire à leurs capacités de réaliser des profits. La poursuite de l’entreprise Lone Pine contre le gouvernement canadien à la suite de l’interdiction de forer l’estuaire du golfe Saint-Laurent est un exemple type découlant de l’application de ce chapitre. Lone Pine réclame pas moins de 250 millions de dollars au gouvernement canadien ! Lors du forum, on a lancé un appel à l’action contre le Partenariat transpacifique, un vaste projet de libre-échange à douze pays actuellement en négociation. Les groupes ont aussi convenu d’une déclaration commune, dont le présent extrait résume bien l’esprit qui y régnait : « Nous, les organisations réunies dans ce forum, condamnons le modèle de l’ALÉNA et opposons la supériorité des droits des personnes sur les privilèges des entreprises, c’est pourquoi nous devons développer de nouveaux modèles de coopération et d’échanges internationaux basés sur la justice, la solidarité et les plus hauts standards écologiques. » Suzanne Audette 2e vice-présidente du CCMM–CSN Détournement de fonds de l’aide internationale Indignons-nous ! L e gouvernement Harper confond activités commerciales et aide internationale. En fait, il se livre à un détournement des fonds canadiens destinés à combattre la pauvreté dans les pays moins développés. Plusieurs organisations de coopération internationale, du milieu syndical et de la société civile dénoncent ces pratiques qu’elles jugent irresponsables. Selon l’Association québécoise des organismes en coopération internationale (AQOCI), le budget consacré à la coopération internationale a été amputé de 370 millions de dollars en 2012-2013. De plus, l’argent de l’aide internationale sert d’autres intérêts. Devant l’opposition locale 8 • Unité mars 2014 montante contre l’exploitation minière, comme l’explique Catherine Coumans, chercheuse à MiningWatch Canada, « l’Agence canadienne de développement international (ACDI) subventionne des projets de responsabilité sociale, pour la plupart à proximité de sites miniers, afin d’aider les compagnies minières canadiennes à avoir accès à des gisements riches en minerai dans les pays en développement. »1 Selon madame Coumans, l’ACDI soutient des projets dont le financement sert notamment à former des employés de sociétés minières, telles 1 La réalité derrière le partenariat entre l’ACDI et les compagnies minières, www.pasc.ca Manif le 10 février lors du passage à Montréal du ministre canadien du Commerce international IAMGOLD, Rio Tinto Alcan et Barrick Gold. Pour le vice-président de la CSN, Jean Lacharité, il s’agit d’une orientation clairement idéologique du gouvernement conservateur, puisqu’on transmute les deniers publics voués à l’aide internationale en outil de développement de l’entreprise canadienne. e Parti québécois est arrivé au pouvoir minoritaire. Il a dû établir ses priorités et faire ses preuves plus rapidement que ses prédécesseurs. Une des actions privilégiées est l’instauration d’un cours d’histoire nationale au secondaire et au collégial. Et on a jasé... Un cours pour les nationalistes ? Pour faire l’indépendance ? Ou bien un cours électoraliste pour s’assurer d’obtenir des votes lors de la prochaine élection (ceux de la CAQ principalement) et revenir en force, en gouvernement majoritaire ? On a aussi dit que le gouvernement faisait mal à l’éducation ou se servait d’elle à des fins politiques. Mais à qui profitera donc ce cours d’histoire ? Par voie de communiqué, la ministre Malavoy, dit : « Le renforcement de l’enseignement de l’histoire nationale a comme objectif d’offrir aux élèves du Québec une formation plus approfondie ainsi que de valoriser l’identité et la culture québécoises »1 et le ministre Duschesne ajoute : « Il est temps de discuter de ce qui nous définit. Cela contribuera à former des étudiants libres en pensée, des citoyens portés vers l’action et des Québécois dotés d’une plus solide confiance en eux ». On comprend que ce cours doit servir aux jeunes dans leur connaissance de l’histoire contemporaine du Québec et dans leur capacité à juger de notre place dans le monde. Rengaine du « faut savoir d’où l’on vient pour savoir où l’on va ». Et s’ajoutent à cela les commentaires des étudiants qui sont « tannés » des fourrures, de la Nouvelle-France, des répétitions de contenu d’un prof à l’autre et d’une année à l’autre. On revient à notre question : à qui profitera ce cours d’histoire ? On aurait envie de répondre naïvement que le cours doit servir aux jeunes et à leur éducation, n’est-ce pas ? Le problème, c’est que lorsqu’on lutte pour une éducation de qualité pour les jeunes, on se bute à tellement d’enjeux politiques : la situation est complexe et les intérêts, tentaculaires. Des intérêts divergents Au cégep comme ailleurs, il y a plusieurs personnes qui « tirent la couverte de leur bord ». ont été faits en quelques mois et la consultation se fait présentement dans le réseau. L’objectif est de l’offrir à l’automne prochain. Si l’introduction d’un cours d’histoire nationale semble déjà admise par les directions de collège, il n’en est pas de même des syndicats. Ceux-ci se questionnent sur la pertinence et les impacts d’un tel changement dans l’équilibre actuel de la formation générale, dans la structure des programmes techniques et préuniversitaires. Les conséquences envisagées seraient multiples : une baisse de choix dans les cours complémentaires et une iniquité dans la formation offerte aux étudiantes et aux étudiants, des pertes d’emploi pour les professeurs qui enseignent les cours complémentaires, et finalement, un précédent en formation générale. Une consultation a présentement lieu dans les syndicats affiliés à la FNEEQ sur un moratoire concernant la modification de l’offre de formation générale, notamment par l’introduction d’un cours d’histoire du Québec. s r u o c u a e U n n o u vt o i r e s u r obliga ationale l ’ h i s t o i rceo nnt e m p o r a i n , duQuébec penser ? qu’en 1 Parti québécois, communiqué du 2 septembre 2013. http://pq.org/nouvelle/renforcement-delidentite-cours-dhistoire-national/ La Fédération des cégeps et les directeurs de collège sont des gestionnaires qui veulent gérer leur budget le plus économiquement possible et avoir un mouvement de personnel peu compliqué. Les professeur-es d’histoire et de sciences humaines n’auront pas nécessairement plus de cours à donner si on coupe ensuite dans les cours complémentaires. Certains d’entre eux souhaiteraient que ce cours soit pluridisciplinaire plutôt que multidisciplinaire. Ajoutons au problème la grande rapidité avec laquelle on a concocté ce cours. Dans les faits, au lieu des deux ou trois ans habituels pour construire et organiser un cours, les devis de ce cours d’études sur le Québec (objectifs et standards) Par Katerine Deslauriers Syndicat des professeurs de l’enseignement universitaire du Collège Jean-de-Brébeuf et le comité éducation Unité mars 2014 • 9 Capsule environnement Réforme de l’assurance-emploi Des figures de proue Les multiples visages du régime U n an après l’adoption de la réforme de l’assurance-emploi, les travailleuses et les travailleurs visés par les modifications sont nombreux. C’est que plusieurs pans de l’industrie québécoise sont construits selon un modèle de travail contractuel, qui ne correspond pas aux nouvelles règles imposées par Ottawa. À l’occasion d’une soirée organisée par la Coalition montréalaise contre la réforme de l’assurance-emploi, le 30 janvier, on a brossé le portrait des secteurs d’activité touchés par la réforme dans les centres urbains. Non seulement l’industrie touristique et saisonnière est-elle directement ciblée par le nouveau régime, mais d’autres sont aussi dans la mire : construction, industrie culturelle (cinéma, théâtre, etc.), secteurs de l’éducation Le 30 janvier, à Montréal, se tenait une assemblée publique sur les impacts de la réforme de l’assurance-emploi dans les centres urbains. (employé-es de soutien, chargé-es de cours et profs suppléants) de même que les emplois provenant d’agences de placement, notamment. Puisque la plupart des emplois issus de ces secteurs ne sont pas continus dans le temps, plusieurs travailleurs recourent à l’assuranceemploi à la fin de leur contrat. Faisant face à des périodes d’arrêt de travail régulier, ce sont précisément ces travailleurs – désignés dorénavant par Service Canada comme étant des prestataires fréquents – qui constituent de « mauvais chômeurs » aux yeux du gouvernement Harper. Ces prestataires doivent maintenant accepter tout type d’emploi pour lequel ils sont qualifiés, à 70 % du salaire du précédent travail. La construction et la culture Selon Karyne Prégent, de la CSN-Construction et Jean-Claude Rocheleau, de l’Alliance québécoise des techniciens de l’image et du son, les travailleuses et les travailleurs des industries de la construction et de la culture sont, pour la plupart, contractuels ou pigistes. Dans la construction, peu de corps de métiers sont au travail l’hiver. « C’est encore pire pour les femmes, s’insurge madame Prégent, alors que 93 % des employeurs ne veulent pas les embaucher. Victimes de discrimination systémique, elles peinent déjà à décrocher des contrats, malgré leurs qualifications. » Dans le domaine culturel, explique M. Rocheleau, on fonctionne par contrat. « Toute l’industrie est bâtie sur la disponibilité des travailleurs. Ces pigistes doivent être disponibles quand on leur offre un contrat », insiste-t-il. Travail précaire et atypique Ces dernières années, on observe une multiplication des formes d’emplois, comme à temps partiel, sur appel, à contrat de durée déterminée et les emplois offerts par les agences de placement. Selon Carole Henry, de l’organisme Au bas de l’échelle, plus de 40 % des travailleurs occupent de tels emplois, qui impliquent des épisodes de chômage. Ces personnes déjà parmi les plus vulnérables sont à risque de se voir pénaliser davantage avec l’actuel régime. Poursuivre la bataille La lutte contre la réforme du gouvernement Harper se poursuit. En mars, des organisations syndicales et des groupes de défense de toutes les provinces tiendront une rencontre pancanadienne afin d’échanger sur les perspectives de mobilisation commune. Rappelons que plus d’une centaine d’organisations au pays ont signé une déclaration afin d’exiger d’Ottawa le retrait des changements apportés au régime. Pour Robert et tous les autres fin de fournir sa part d’efforts pour le financement du groupe L’Itinéraire, le président de la CSN, Jacques Létourneau, a participé à la campagne Camelot d’un jour, qui a culminé le 4 février. Empruntant, pour un jour, les habits de camelot, monsieur Létourneau a vendu le fameux journal au métro Mont-Royal. Les fruits de la vente, cette journée-là, ont été remis au camelot qui l’accompagnait, Tarek Ayari. Au même moment, des sommes d’argent étaient recueillies dans le hall d’entrée de la CSN pour soutenir la mission du groupe. 10 • Unité mars 2014 ans les années 1960, de nouveaux mouvements sociaux émergent, dont le mouvement écologiste et celui des femmes. Dans l’imaginaire collectif, la place des femmes dans le mouvement écologiste peut sembler assez mince, mais tant au point de vue scientifique, institutionnel, politique et militant, les femmes ont grandement participé au débat. Dans les prochaines lignes, le portait de trois grandes femmes de l’environnement sera dépeint, toutes ayant des parcours très différents, et ce, à travers les années. Rachel Carson, biologiste et zoologiste états-unienne avec son livre Silent Spring, en 1962, a dénoncé l’utilisation de DDT, un pesticide extrêmement puissant. Ce livre et l’ensemble de son œuvre sont souvent considérés comme étant à la base du mouvement écologiste états-unien. Carson a dû se battre non seulement contre l’épandage des pesticides, mais contre la non-reconnaissance de son travail scientifique et surtout contre les menaces, accusations et remarques sexistes. www.nonausaccage.com Campagne de financement de L’Itinéraire A D C’est pour souligner les 20 ans de L’Itinéraire qu’une campagne de cette envergure a été lancée un peu avant les fêtes. Une quarantaine de personnalités ont pris part à l’opération qui visait à récolter 2000 $ par personne pour soutenir les services de réinsertion. Le président de la CSN a amassé plus de 7000 $, une somme entièrement remise au groupe. Robert Dion Camelot de L’Itinéraire, Robert Dion était bien connu du personnel de la CSN à Montréal. Ces dernières années, Robert y vendait son journal régulièrement. Il était devenu, en quelque sorte, un ambassadeur de L’Itinéraire. Après plusieurs années à vivre dans la misère, il est décédé au printemps dernier, à l’âge de 50 ans. Nous souhaitons ici honorer sa mémoire. À la fin des années 1980, le débat écologiste et les dangers révélés partout dans le monde provoquent des changements de mentalités dans la population en général, ainsi qu’auprès des élites politiques et des entreprises. Un effort significatif des entreprises est demandé, ainsi émerge la notion de développement durable. Mais connaissez-vous la véritable définition du développement durable ? Le développement durable, c’est : « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. »1 Saviez-vous que la figure de proue du concept de développement durable est une femme ? Gro Harlem Brundtland, première ministre norvégienne durant les décennies 1980-1990, a donné son nom au rapport qui définit pour la première fois l’expression de développement durable en 1988. C’est toutefois au Sommet de Rio, en 1992, que l’expression a connu sa consécration. 1 : Commission Brundtland, 1988, p.51. Note : Les photos de Rachel Carson et de Gro Harlem Brundtland sont tirées de Wikipédia. La photo de Laure Waridel est de Isabelle Clément. Cofondatrice et ex-présidente de l’organisme Équiterre, Laure Waridel est une pionnière pour le mouvement écologiste québécois. Créé en 1993, Équiterre prend une place significative dans le domaine de l’environnement au Québec. Cet organisme se donne pour mission « de contribuer à bâtir un mouvement de société en incitant citoyens, organisations et gouvernements à faire des choix écologiques, équitables et solidaires ». Laure Waridel, militante écologiste et universitaire accomplie, s’intéresse aux questions de consommation, notamment la consommation responsable, l’eau et le développement international. Finalement, les femmes sont très actives en environnement tant dans le milieu universitaire que communautaire. D’ailleurs, la relève féminine est bien présente dans les cours des sciences de l’environnement. Annik Patriarcat STT de la COOP UQAM (CSN) Comité environnement et développement durable Entente entre les sages-femmes et Québec Ce n’est que partie remise M algré qu’elles n’aient obtenu les avancées qu’elles souhaitaient en ce qui a trait à la rémunération des heures de garde, l’entente intervenue entre les sages-femmes et le gouvernement québécois au début de l’année constitue un pas dans la bonne direction. Les quelque 150 sages-femmes représentées par le Regroupement Les Sages-femmes du Québec (RSFQ) bénéficient tout de même d’une meilleure rétribution de leurs heures de garde. Ainsi, Québec double la compensation, la faisant passer d’un dollar à environ deux dollars l’heure de garde. Plusieurs autres améliorations s’ajoutent au contrat de travail, notamment la reconnaissance de la formation universitaire additionnelle, une bonification du mécanisme de progression dans l’échelle salariale et des journées pour maintien et amélioration des compétences. Elles ont également droit à un congé afin de travailler en région nordique ou de participer à des projets humanitaires liés à leur pratique. Précisons que le précédent contrat entre les sages-femmes et le gouvernement avait été conclu en 2004 et renouvelé par décret jusqu’en 2010. La nouvelle entente permet donc d’actualiser plusieurs dispositions. Le RSFQ compte reprendre le flambeau rapidement pour une reconnaissance pleine et entière de leur travail, puisque la convention collective viendra à échéance en 2015. www.rsfq.qc.ca Unité mars 2014 • 11 Poursuivre, voire accélérer, la construction d’une société plus égalitaire entre les femmes et les hommes est une noble démarche qu’il nous faut accomplir le plus rapidement possible. Profitons de ce moment pour parler de nos préoccupations, de nos besoins et de nos exigences, et pour sortir de l’ombre les femmes et les travailleuses qui vivent certaines oppressions au quotidien. –Denise Boucher Vice-présidente de la CSN