face à la mer de la fertilité, 2013
Transcription
face à la mer de la fertilité, 2013
Mon père face à la mer de la fertilité, 2013 Projection Texte de l’exposition, le Fantographe et ses photographies à Standard-deluxe, Lausanne: le fantographe montre ses phantographies projetées. Projetées par des mots, par de la lumière, par notre capacité à imaginer. Tiré du tout début de l’oeuvre-testament de Mishima (La mer de la fertilité), le texte fragmenté qui constitue le carton d’invitation et qui décrit un tirage regardé par un adolescent, a convoqué une réflexion simple et directe; sur le temps qui passe, sur la disparition, sur la fugacité des photographies. A partir de cette description d’une image du passé, David Gagnebin-de Bons propose différentes interprétation visuelles allant de celle de l’expérience du lecteur, à la transcription illustrative d’un sujet. Brouillant –à la manière d’un palais des glaces– les repères du spectateur, une description littéraire* d’une image qui n’est pas présente vient compléter cette multiplicité de points de vue et de reflets d’une histoire sans cesse réécrite. *réalisée par Séverine Skierski Un homme est assis à une table, un livre fermé devant lui. Sa main gauche - noueuse et blanche - est posée à plat sur la table ; l’autre repose sur l’avant- bras en contact avec l’étendue rectangulaire mate comme une ardoise. Les mains sont âgées, l’homme est âgé. Il porte un chandail en maille gris souris, ouvert au col sur une chemise blanche. Il a des cheveux courts argentés, clairsemés. Deux échancrures de part et d’autre du front remontent à contre-courant le mouvement volontaire de la coiffure vers l’avant. Il se présente de trois-quarts, ses petits yeux gris imperceptiblement baissés. La portée mystérieuse de ce regard appelle le débord des cadres de la photographie. Sa bouche aux lèvres fines est close ; son nez est busqué. Une amorce de fossette, dans la joue que la vieillesse commence à creuser, évoque un sourire des profondeurs de l’intime. Pourtant, le front large est lisse comme une page vierge. Le livre posé devant lui est écorné. C’est un livre de poche d’une épaisseur honorable. Sur la couverture, un chemin de rondins de pierre serpente dans une eau glauque. C’est neige de printemps, la première époque de la mer de la fertilité de Yukio Mishima. Dans la composition pure qui se déploie sur un fond d’un gris infiniment étiré, une touche de couleur : le bleu concentré d’un lapis lazuli incrusté sur la chevalière que l’homme porte à la main gauche. A la main droite, un large anneau d’or blanc mat convoque la cuirasse martelée des guerriers antique. (Un jonc d’argent encercle le poignet)