1 Présentation : Cette note mensuelle entre dans le cadre de

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1 Présentation : Cette note mensuelle entre dans le cadre de
Lettre mensuelle sur le blanchiment d’argent sale et le financement du terrorisme, août 2011
Présentation :
Cette note mensuelle entre dans le cadre de la documentation sur les thèmes qui interpellent la
CENTIF. Le principe est de parcourir la presse nationale, la presse internationale et l’Internet
pour présenter les nouvelles publications. L’accent sera aussi mis sur l’actualité des CRF
étrangères.
SOMMAIRE
Suisse : Trois inculpations à Genève dans une affaire de blanchiment….……..…..p2
Canada : Lourde peine réclamée contre un as de la fraude….……………….…...p4
Sénégal : Les lutteurs font exploser la cagnotte……………………………………..p5
Les banques sont-elles trop curieuses ? ………………………………………….….p7
Sénégal : Démantèlement d’une bande de malfaiteurs, la police met la main sur 200
millions et 8 véhicules……………………………………………………………….p9
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Lettre mensuelle sur le blanchiment d’argent sale et le financement du terrorisme, août 2011
Suisse : Trois inculpations à Genève dans une affaire de blanchiment
Deux Britanniques et un Pakistanais sont soupçonnés d’avoir touché plusieurs millions de
dollars de pots-de-vin sur des comptes ouverts dans une banque genevoise. Les trois hommes
ont été inculpés par le Ministère public genevois.
Deux Britanniques et un Pakistanais ont été inculpés à Genève.
Trois hommes soupçonnés d’avoir touché plusieurs millions de dollars de pots-de-vin sur des
comptes ouverts dans une banque genevoise ont été inculpés de blanchiment d’argent. Le
procureur genevois Dario Zanni a entendu les prévenus: deux Britanniques et un Pakistanais.
Les deux Britanniques et le Pakistanais avaient été mandatés par le groupe pétrolier saoudien
Al Rushaid pour conclure des contrats de fourniture de matériel. Ils sont soupçonnés d’avoir
touché des millions de dollars de commissions occultes de groupes auxquels ils ont attribué
des marchés, notamment de la part du géant chinois Shandong Petroleum, selon les
informations de la RSR.
Argent bloqué
Cette affaire concerne aussi un groupe pétrolier américain et occupe déjà la justice civile
anglaise. La justice genevoise a été saisie parce que de l’argent de ces pots-de-vin supposés a
été placé sur des comptes ouverts dans une banque privée de la Cité de Calvin. La justice
genevoise a bloqué les sommes placées sur ces comptes.
Selon Me Pierre Schifferli, avocat du groupe saoudien, il s’agirait de plus de sept millions de
dollars. Les prévenus contestent les faits.
L’argent placé à Genève ne serait pas de provenance illégale, selon leurs avocats Me Marc
Henzelin et Me Sonja Maeder.
Publié le 29. août 2011 par LeMatin.ch & les agences
[En Ligne] Disponible sur
http://www.lematin.ch/faits-divers/trois-inculpations-geneve-dans-une-affaire-de-blanchiment
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Pistage de l'argent sale - un expert s'explique
11 août 2011 - Plus d'un billion de dollars: c'est la quantité phénoménale d'argent qui a
probablement été blanchie annuellement durant ces dernières années, a declaré Pierre
Lapaque, Chef de section à l'ONUDC au sein du service chargé du crime organisé et du trafic
illicite. D'après des chiffres du FMI en 1998, ceci représenterait environ deux à cinq pour cent
du PNB mondial estimation qui reste certainement valide aujourd'hui.
"On ne peut pas différencier l'argent de la drogue et l'argent du crime, c'est de l'argent sale",
explique M. Lapaque, ajoutant: "C'est un flux important, on n'est plus au milliard près ! Pour
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Lettre mensuelle sur le blanchiment d’argent sale et le financement du terrorisme, août 2011
parler de façon imagée, il faut identifier dans quel ruisseau passent les flux illicites avant
d'aller se jeter dans le fleuve de l'ensemble des flux financiers mondiaux. C'est là toute la
difficulté d'une telle évaluation."
Une fois que l'argent du crime pénètre dans le circuit économique et financier il est beaucoup
plus difficile de discerner son origine frauduleuse. Malgré tout ce qui est mis en place pour
lutter contre le blanchiment d'argent et le crime - des procédures de contrôle préventif et de
connaissance du client aux formations policières et douanières, et la mise en place de système
de détection - il y aura toujours du blanchiment d'argent sale. "Tout ce qu'on peut faire, c'est
réduire le flux et de s'attaquer à cette problématique le plus en amont possible pour
différencier le licite de l'illicite", souligne M. Lapaque.
Le Groupe d'Action financière (GAFI), organisme intergouvernemental visant à développer et
promouvoir des politiques nationales et internationales afin de lutter contre le blanchiment de
capitaux et le financement du terrorisme, ainsi que d'autres organisations sérieuses se sont
déjà essayés à évaluer l'ampleur du crime organisé national et transnational et les
pourcentages de fonds blanchis qui transitent par le système financier internationale. Aucune
estimation n'a aboutie à des chiffres internationalement acceptés car elle repose sur des
données imprécises ou manquantes.
Concernant la polémique où les banques auraient été moins regardantes sur l'argent rentrant
lors de la crise financière en 2008, M. Lapaque se veut très clair: "Il y a un grand nombre de
filtres, de gardes fou, de systèmes d'autocontrôles, sans oublier qu'une institution bancaire ne
peut se permettre pour sa réputation nationale et internationale d'être liée à des opérations
criminelles. De plus quand un état ou une institution financière a un doute sur une importante
somme d'argent entrant sur son territoire, il demande au gouvernement ou à l'institution
d'origine des informations de procéder à des vérifications - si cela n'as pas déjà été fait - et
ensuite il mène à son tour sa propre enquête. Les systèmes s'auto verrouillent relativement
bien, même s'ils ne pourront jamais être totalement efficaces."
Les techniques utilisées par les blanchisseurs sont à la pointe de la technologie, ce qui rend la
lutte plus difficile et oblige les autorités gouvernementales à effectuer une évaluation
constante des risques. Mais M. Lapaque se montre positif, "Sur le long terme, les groupes
criminels importent peu, ce qui compte c'est de s'attaquer aux marchés criminels pour les
rendre économiquement moins attractifs. Se concentrer uniquement sur le côté répressif n'est
qu'une solution à court terme. Les criminels arrêtés et condamnés seront immédiatement
remplacés par d'autres tant que l'activité criminelle restera lucrative." Pour des résultats sur le
long terme, il faut une stratégie à la fois préventive et de contrôle afin d'influer sur le marché
de la drogue, de la traite des personnes et autres activités mafieuses, ainsi que de la
corruption. C'est la stratégie que l'ONUDC met en œuvre, en partenariat avec la communauté
internationale et notamment les institutions financières internationales.
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Lettre mensuelle sur le blanchiment d’argent sale et le financement du terrorisme, août 2011
[En Ligne] Disponible sur
http://www.unodc.org/unodc/fr/frontpage/2011/August/pistage-de-largent-sale-un-expertsexplique.html?ref=fs1
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Canada : Lourde peine réclamée contre un as de la fraude
Ronald Chicoine, qui est détenu depuis 2010, doit revenir devant le tribunal le 13 octobre
pour les représentations sur la peine.
La Couronne compte demander une lourde peine de pénitencier pour Ronald Chicoine, cet as
de la fraude qui a financé un grand réseau de fausses factures dans l'industrie de la
construction, en 2007 et 2008.
Après de longs pourparlers, l'homme de 58 ans a plaidé coupable, jeudi, à diverses
accusations, notamment de gangstérisme, de fraude et de blanchiment d'argent.
M. Chicoine contrôlait le centre d'encaissement de chèques Crédit Fonds Lanaudière, dont le
chiffre d'affaires était composé à 65% de chèques émis à des sociétés coquilles. En fait, cette
entreprise créait des contrats de sous-traitance fictifs dans le but d'obtenir des remboursements
de taxes.
Ces «contrats» étaient ensuite vendus aux entrepreneurs en construction. La fraude envers le
fisc est évaluée à quatre millions de dollars.
Le plaidoyer de M. Chicoine intervient à moins de trois semaines de l'ouverture du procès
qu'il devait subir avec une dizaine de coaccusés, dont le notaire Gilles Saint-Pierre, radié
provisoirement.
Le procès se tiendra donc en l'absence du grand manitou de l'opération.
Autre dossier
Jeudi, M. Chicoine a réglé un autre dossier, pour lequel il devait subir son enquête
préliminaire en 2012 avec d'autres accusés.
Il s'agit de fraudes à l'égard du fisc pour une somme de 12 millions (14,4 millions en comptant
les intérêts), qui ont eu cours de 1996 à 2009.
À la tête d'une entreprise de prêts d'argent (Société financière Speedo), M. Chicoine a créé des
entreprises fictives à l'étranger pour ne pas avoir à payer les charges fiscales liées aux
activités de cette société.
En façade, Speedo prêtait en toute légalité de l'argent à des citoyens et à des entreprises,
principalement des chauffeurs de taxi. Mais derrière ce paravent, la société recevait des fonds
illicites, dont certains provenaient de cellules liées au crime organisé.
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Lettre mensuelle sur le blanchiment d’argent sale et le financement du terrorisme, août 2011
Les sommes recueillies par le réseau de Chicoine étaient mises à l'abri du fisc dans des
entreprises fictives en Europe, ainsi qu'aux Bahamas pendant un certain temps.
Dans le cadre de cette affaire, des ordonnances de blocage ont été produites sur les actifs de
Speedo, des comptes bancaires en Suisse et au Canada, ainsi que sur des immeubles à SaintHubert et à Montréal. La valeur totale de ces actifs était estimée à 48 millions au départ, en
2010, mais elle aurait été revue à la baisse depuis.
M. Chicoine, qui est détenu depuis 2010, doit revenir devant le tribunal le 13 octobre pour les
représentations sur la peine. Le procureur de la Couronne Claude Girard a indiqué qu'il n'y
avait pas de suggestion commune. L'accusé est représenté par Me Christiane Filteau et n'a pas
d'antécédent judiciaire. En 2003, il a été accusé de complot, de blanchiment d'argent et
d'évasion fiscale. Mais deux ans plus tard, les accusations ont été levées, et seule son
entreprise a plaidé coupable. Elle s'est vue imposer une amende de 2,7 millions, qui a été
acquittée.
Par Christiane Desjardins pour La Presse, Publié le 20 août 2011
[En Ligne] Disponible sur
http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/justice-et-faits-divers/201108/20/014427503-lourde-peine-reclamee-contre-un-as-de-la-fraude.php
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Sénégal : Les lutteurs font exploser la cagnotte
La lutte, le sport national du Sénégal, est en pleine expansion. Des milliards de francs CFA
sont investis chaque année dans ce sport où en moins de trente seconde on peut gagner près de
100 millions de francs CFA (environ 153 000 euros).
La scène est plus que cocasse. A la cérémonie de signature d’un contrat opposant deux
mastodontes de l’arène, le promoteur Gaston Mbengue a exhibé les liasses de billets de
banque devant les caméras de la télévision sénégalaises. Des dizaines de millions montrées
sans gêne à la face des Sénégalais dont la majorité a du mal à trouver le diable pour lui tirer
la queue.
Pour la saison prochaine, le promoteur Luc Nicolaï a mis les petits plats dans les grands. Il a
ficelé deux affiches alléchantes pour près d’un demi-milliard de francs CFA (près de 763 000
euros). Yékini, le roi des arènes va en découdre avec BallaGaye, le jeune loup de la banlieue.
Pour ce combat les deux lutteurs empocheront respectivement 150 millions de francs et 120
millions de francs CFA. Un record. Le cachet le plus élevé était de 100 millions. L’autre
combat opposera le plus populaire des lutteurs sénégalais Modou Lo à Eumeu Sène. Pour ce
combat, les lutteurs auront droit à 100 et 80 millions.
Soupçons de blanchiment d’argent
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Lettre mensuelle sur le blanchiment d’argent sale et le financement du terrorisme, août 2011
L’argent injecté dans le secteur de la lutte est l’objet de toutes sortes de soupçons. Les
montages financiers qui permettent d’organiser des combats ne sont pas des modèles de
transparence. On en sait peu sur les moyens des uns et des autres. Et il arrive souvent que des
inconnus débarquent et s’autoproclament promoteurs de lutte sans que l’on sache la
provenance de leur fortune.
Contre cette situation opaque, le député Me Elhadji Diouf avait estimé que l’argent de la lutte
doit faire l’objet d’une enquête parlementaire. « Si la lutte est notre sport national, il faut
équilibrer, qu’on sache comment on monte les combats, savoir l’origine de l’argent de la lutte.
Est-ce que ce n’est pas de l’argent sale ou blanchiment d’argent? Parce qu’investir des
centaines de millions pour une à deux minutes de combat, ce n’est pas normal. C’est injuste,
c’est un affairisme dangereux qui pour moi, doit faire même l’objet d’une enquête
parlementaire ».
Le journal L’Observateur a révélé en Avril 2011 qu’Interpol a séjourné au Sénégal. Le but du
voyage était d’avoir le cœur net sur les transactions faramineuses qui ont pour théâtre
d’opération le milieu de la lutte avec frappe.
«Les sommes amassées par certains lutteurs sont très au-dessus de leur valeur sportive. 70%
des fortes sommes annoncées dans la lutte ne figure pas dans le livre comptable du CNG, ce
qui laisse penser que l’arène peut servir à blanchir l’argent », avait indiqué le journal.
Beaucoup d’appelés peu d’élus
Plus de trois milliards de francs CFA (4 574 000 euros) ont en effet été dépensés pour la
saison 2010/2011. Le hic c’est que tous les 5000 lutteurs détenteurs d’une licence livrée par le
Comité national de gestion de la lutte (CNG) ne touchent pas à cette cagnotte. Moins de dix
lutteurs perçoivent des millions alors que le reste a du mal à trouver un combat capable de
booster leur carrière. Ces sommes mirobolantes font que tous les jeunes rêvent de devenir des
champions de lutte. Les écuries et les écoles de lutte foisonnent dans les quartiers populaires.
Confrontés au chômage, les jeunes de ces quartiers déshérités pensent que la lutte est leur
nouvel ascenseur social. Une aberration car sur les 5000 lutteurs, moins d’une dizaine arrive à
s’en sortir convenable avec des dizaines de millions comme cachet.
Pour la saison 2008-2009, il y avait 4110 licenciés mais seuls 324 lutteurs ont combattu soit
8% seulement de l’effectif globale. Le reste a du se débattre avec les difficultés de la vie. Bien
entraînés, musclés et en pleine forme, ces jeunes désœuvrés auraient pu être une menace pour
la sécurité des populations car ils ont tous les moyens physiques de s’adonner à des activités
illégales comme l’agression des honnêtes citoyens.
[En Ligne] Disponible sur
http://blog.slateafrique.com/nangadef-senegal/2011/08/19/les-lutteurs-font-exploser-lacagnotte/
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Lettre mensuelle sur le blanchiment d’argent sale et le financement du terrorisme, août 2011
Les banques sont-elles trop curieuses ?
Pour lutter contre l'argent sale, les établissements bancaires exigent de plus en plus
d'informations personnelles de leurs clients.
Les banques détournent-elles « l'obligation de vigilance » à des fins commerciales ? Les
associations d'usagers le pensent Ph. MAXPPP
Le rapport d'activités 2010 de Tracfin, la cellule française destinée à lutter contre le
blanchiment d'argent sale et le financement du terrorisme, vient de sortir. Blanchiment,
terrorisme. Des gros mots aux oreilles du citoyen ordinaire, qui n'imagine pas avoir à justifier
la pureté de ses modiques activités financières. Or, s'il n'y a pas encore été confronté, c'est un
exercice qui le menace.
Des centaines de milliers de Français ont en effet reçu une missive comminatoire de leur
banque exigeant qu'ils lui fournissent une kyrielle de renseignements.
Exemple de pli, celui envoyé par la Caisse d'épargne Aquitaine Poitou-Charentes : « La
réglementation bancaire en matière de prévention de l'utilisation du système financier à des
fins de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme a évolué ces derniers mois
vers une amélioration de la connaissance par chaque établissement bancaire de ses clients et
de la sécurisation de leurs opérations.
À ce titre, votre banque est tenue de mettre à jour les informations dont elle dispose vous
concernant s'agissant de votre identité, votre domicile, vos ressources. »
Ces exigences suspicieuses ont un effet dégrisant assuré : devoir prouver son identité revient à
faire douter de sa propre existence : justifier de son domicile paraît cocasse puisque la lettre
est bien arrivée à destination. En fonction des banques, la liste des renseignements réclamés
est variable.
La plupart des établissements, dont le réseau de l'Écureuil, demandent le minimum syndical :
justification de domicile, d'activité, de revenus, du patrimoine. D'autres sont plus insatiables,
qui exigent de tout savoir sur la composition du foyer : les revenus de tous leurs membres,
l'âge des enfants.
Certains commandent même la copie de l'avis d'imposition. Ne manquent que les préférences
alimentaires du client et la couleur de sa voiture !
« Inquisition bancaire »
Dès lors, un soupçon affleure : parce que, faute d'une règle claire, elle est laissée à
l'appréciation des établissements, la liste des documents à fournir pour répondre à l'«
obligation de vigilance » servirait-elle de prétexte pour braconner des informations dont les
commerciaux feront leur miel pour fourguer des produits financiers ?
Des organisations de consommateurs en sont persuadées. Ainsi l'Association française des
usagers de banque (Afub), qui emploie le terme d'« inquisition bancaire » à propos de
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Lettre mensuelle sur le blanchiment d’argent sale et le financement du terrorisme, août 2011
l'utilisation faite de la nouvelle réglementation. « L'avis d'imposition permet, par exemple, de
savoir si vous percevez des loyers ou des revenus de placements dans une autre banque »,
s'indigne Serge Maître, secrétaire général de l'Afub. « La seule obligation, affirme-t-il,
consiste, à l'ouverture du compte, à justifier de son identité et de son domicile. »
Devant la montée des récriminations, l'association a saisi une plainte le 24 mai dernier envers
Christian Noyer, le président de l'Autorité de contrôle prudentiel (ACP). Mais, en ce début
d'août, cet organisme chargé, entre autres, de la sécurité des consommateurs n'a pas donné de
réponse.
« Nous ne sommes pas Big Brother, et, d'ailleurs nous n'aurions pas le temps de l'être »,
tempère Laurence May, directrice conformité-sécurité du groupe BPCE (Banques populairesCaisses d'épargne, deuxième acteur bancaire en France). « Ce n'est pas de gaieté de cœur que
nous avons mis en place ces dispositifs sophistiqués qui ont été très coûteux pour être
pertinents. Mais ils sont obligatoires depuis la transposition, début septembre 2009, de la
directive européenne qui a rappelé aux banques leurs obligations lors de l'entrée en relation
avec le client (NDLR : l'ouverture du compte), puis dans la gestion de ses comptes. »
La prudence (exagérée ?) des établissements financiers repose essentiellement sur une crainte
: celle de revivre l'affaire dite « du Sentier », quand, dans les années 90, les dirigeants de la
Société générale, de la Société marseillaise de crédit, de la Barclays France se retrouvèrent
devant les tribunaux pour complicité de blanchiment d'argent.
Le souvenir de cette douche semble rester comme un traumatisme, d'où cette ouverture d'un
parapluie king size.
Une surveillance « adaptée »
Face à la toute-puissance des banques, la marge de manœuvre du client qui refuse d'être fliqué
est mince. Selon l'Afub, il faut de toute façon écrire pour refuser de répondre aux questions en
invoquant notamment la « non-conformité des lois et règlements invoqués par les
établissements pour justifier de leur exigence ».
Une position que l'Union fédérale des consommateurs de Nancy conseille. Elle préconise de
justifier son refus par la mise en avant de l'article R561-12 du Code monétaire et financier,
qui stipule que les organismes financiers doivent assurer « une surveillance adaptée aux
risques de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme en vue de conserver une
connaissance adéquate de leur client ». Toute la marge de négociation est contenue dans
l'adjectif « adapté ».
De leur côté, si les membres de l'association de consommateurs Indecosa-CGT 13 estiment
que « la démarche des banques est fondée », ils expriment leur souci que « ces informations
soient limitées au strict nécessaire prévu par la loi ».
En fait, s'il y a des réfractaires aux exigences formulées, ils doivent tenir compte de la qualité
de la relation qu'ils entretiennent avec leur banque. Un consommateur récalcitrant court le
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Lettre mensuelle sur le blanchiment d’argent sale et le financement du terrorisme, août 2011
risque que l'établissement ferme son compte. « Un client qui n'a rien à demander à sa banque
peut l'envoyer paître », confie un connaisseur du dossier.
« Mais s'il veut entretenir de bonnes relations - on n'est jamais à l'abri d'un découvert ou d'une
demande de crédit -, il devra réfléchir à deux fois avant d'envoyer bouler son banquier. »
Même si celui-ci manie l'« obligation de vigilance » avec une précaution d'artificier. Les
comptes suspects ne sont proportionnellement pas si nombreux.
« En 2010, confie Laurence May, nous avons compté 2 700 déclarations de soupçon à
Tracfin, sur un total de 37 millions de comptes. »
Par Jean-Paul Taillardas, publié le Dimanche 14 août 2011
[En Ligne] Disponible sur
http://www.sudouest.fr/2011/08/14/les-banques-sont-elles-trop-curieuses-474262-757.php
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Sénégal : Démantèlement d’une bande de malfaiteurs, la police met la main sur 200
millions et 8 véhicules
Une bande de six malfaiteurs avec à son actif un préjudice d’une valeur de 200 millions de F
Cfa a été démantelée le 10 août 2011 par la police sénégalaise, avec la collaboration de la
gendarmerie. La révélation a été faite par le commissaire Djibril Camara de la Sureté urbaine
au cours d’un face à face avec la presse organisé hier mercredi 17 août au Commissariat
central de Dakar.
Selon le commissaire Djibril Camara, tout est parti d’un véhicule qui a été abandonné dans un
parking situé au niveau des HLM. Un des informateurs de la brigade de recherche des HLM
les a avisé les limiers de la présence de ce véhicule. Ces derniers sont partis récupérer la
voiture dans laquelle ils ont retrouvé des bon d’essence abandonnés. Quelques heures après ils
ont été informés que sur le même lieu un individu avait garé un scooter avant de disparaître.
La police a fait une filature et l’a interpellé le 10 août dernier et amené au commissariat.
Interrogé, il fait des révélations de taille, avouant qu’il faisait parti d’une bande composée de
six éléments dont lui-même. Les investigations faites par la police des HLM ont permis
l’interpellation de deux autres individus. Suite à cela, le poste de police des HLM a été
dessaisi de l’enquête qui a été confié à la Sureté urbaine. Une fois l’enquête enclenchée au
niveau de ce service, trois autres ont été interpellées et ont toutes faits des aveux de taille.
Le commissaire Camara précise qu’une dizaine de magasins a été pillé au niveau de Dakar par
ces malfrats qui opéraient sur toute l’étendue du territoire national, aussi bien à Mbour qu’à
Tivaouane, Saint-Louis, Bambey, Khombol...
Les provenances du butin
Djibril Camara informe qu’on peu recensé, pèle mêle, à l’actif de la bande, au niveau de
Dakar, les casses qu’elle a eu à faire. Au marché Gueule Tapée de Cambérène, les malfaiteurs
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Lettre mensuelle sur le blanchiment d’argent sale et le financement du terrorisme, août 2011
ont emporté 11 millions. Après partage du butin, chacun a reçu 3 millions F Cfa. A Pikine, à
la parfumerie SIVOP, les malfrats ont soutiré 95 millions F Cfa. Au niveau du Magasin «
Madialy Ndiaye », au Marché Nguelew de Niary Tally, ils ont emporté 2 millions. Au marché
Tillène, à hauteur de la rue 11, ils ont volé 10 millions. A Sahel gaz, situé à la SODIDA, ils
ont emporté 200 mille F Cfa.
La liste est loin d’être exhaustive à Dakar car à la Médina ils volé 21 millions, dans un
magasin d’alimentation situé au marché de Grand Yoff, ils ont mis la main sur 1,5 millions, à
la carrière située à la SERAS de Yarah, ils ont fait mains basse sur 500 mille F Cfa. A la
carrière de Rufisque, la bane a emporté 10 millions F Cfa.
Au niveau des régions, elle a visité la carrière située à l’entrée de Thiès où elle a volé 300
mille F Cfa. La bande a aussi eu à sévir dans les bureaux de l’ACEP de Saint-Louis où elle a
dérobé 12 millions et celle de Tivaouane où 2 millions 10 mille F Cfa ont été emportés et à
Bambey 1 million de nos francs. Pour ce qui est des pharmacies, elle a mis la main sur 500
mille F Cfa à Thiénaba, 500 mille F Cfa à Kaba, 7 millions F Cfa à Khombol, 1 millions F
Cfa à Nguekhokh, 6 millions F Cfa à Mbour. « Au total le préjudice subit s’élève à 200
millions. On a arrondis parce que des fois ils n’arrivaient pas à dire avec exactitude le montant
dérobé » explique le commissaire Camara.
Le Blanchiment
Des ressources tirées de cette activité, cette bande a pu à se constituer une manne financière
qui lui a permis d’acquérir des biens. C’est ainsi que l’un d’entre eux a acheté bus à 14
millions F Cfa qui faisait la navette entre Dakar et Fatick. Les autres ont acheté des taxis, des
terrains, des biens immobiliers aussi bien à Dakar qu’à Thiès. Certains aussi ont acheté du
bétail. En tout, 8 véhicules ont été saisis dont un bus de 65 places acheté suite à la casse de
Sivop, des taxis, deux motos « jakarta », deux scooters, du bétail réquisitionné, du matériel
électroménager, des salons en cuir et des comptes bancaires bloqués.
C’est Cheikhouna Diakhaté, le premier à être arrêté, qui a dénoncé ses complices. Il s’en
suivra Mamadou Ndiaye alias « Boy Ndiaye » et Aly Diagne alias « Boy Diop ». Alioune
Badar Ciss alias « Lune », El Hadj Abdoul Aziz Bâ, Abib Niakh seront aussi appréhendés par
la Sureté urbaine. Mais c’est Habib Niakh qui a permis d’avoir le cœur net sur les biens volés
en vue de la saisie. Ils ont été déférés mardi au parquet, après 96 heures de garde à vue (à
cause du dimanche et du lundi –férié-), pour « association de malfaiteurs, vols multiples
commis en réunion, la nuit avec usage d’arme à feu, de véhicule, de fausses clés, usurpation
de fonction et blanchiment de capitaux ».
Le commissaire centrale Harouna Sy note que la bande était recherchée aussi bien par la
police que la gendarmerie. Elle est constituée de multi récidivistes connus de la justice. C’est
« Boy Ndiaye » le cerveau qui joint les autres par téléphone quand il y a un forfait à
commettre. Habib, du fait de sa corpulence (100 kg) neutralise les gardiens. Sa tranche d’âge
est comprise entre 30 et 40 ans. Le plus jeune « Boy Diop », 30 ans était le conducteur du
groupe, le taximan qui dispose d’une clé permettant de démarrer n’importe quel véhicule,
donc le convoyeur du butin.
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Les biens saisis sont sous scellé et mis à la disposition de la justice qui va trancher. « La
punition ultime c’est que les malfaiteurs ne puissent pas jouir des biens. L’opération n’est pas
terminée et ont a reçu des plaintes et des gardiens sont parvenu à identifier les malfaiteurs.
Tant qu’ils n’ont pas été jugés et condamné, ils bénéficient de la présomption d’innocence »
rappelle le commissaire central. Et de poursuivre que cette opération a été rendue possible
grâce à une étroite collaboration des sections de recherche de la gendarmerie de Fimela, de
Thiès et de Fatick aux côtés des brigades de la sureté urbaine de Dakar.
Par Ibrahima Ndiaye
Sud Quotidien du Jeudi 18 Août 2011
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