Guillaume Tell, à chacun son quartier

Transcription

Guillaume Tell, à chacun son quartier
BCVS Bénéfice semestriel en légère hausse, mais... PAGE 7
VALÉRIE DUCHATELLE
La cardiologue
est un as du
parachutisme
PAGE 10
SABINE PAPILLOUD
JEUDI 30 JUILLET 2015
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DR
Guillaume Tell,
à chacun son quartier
«GAME OF THRONES»
La série phénomène tourne
ses épisodes en Europe
PAGE 16
HOCKEY
Au HC Viège, la jeune garde
a pris le pouvoir
PAGE 19
FOOTBALL
Le FC Sion toujours sur
les rangs pour Dzemaili
PAGE 21
LOUIS DASSELBORNE
LA MÉTÉO DU JOUR
en plaine
à 1500m
15° 24°
8° 17°
CULTURE Guillaume Tell, héros suisse et… valaisan. Cet été, il sera joué sous la forme d’un opéra à Martigny
et d’une pièce de théâtre à Sion. «Le Nouvelliste» a réuni les deux metteurs en scène Florian Schmocker
(à gauche) et François Marin. Ils confrontent leur regard sur ce double événement culturel.
PAGES 4-5
ANN
CHRISTIAN HOFM
CERVIN/MONT BLANC
FÊTE NATIONALE
Les montagnes
interdites
Il y aura bien
des feux d’artifice
La canicule a fragilisé la montagne et ses sommets prestigieux.
En raison d’une roche instable,
l’arête italienne du Cervin est
fermée. La voie normale du
mont Blanc est aussi sujette à
restriction. La vigilance est de
mise dans les Alpes.
PAGE 3
L’Etat du Valais a délivré des dérogations exceptionnelles pour
les communes. Elles pourront,
à certaines conditions, tirer des
feux d’artifice pour la fête
nationale. Il y aura bien le feu à
La Bâtiaz. Par contre, les feux
privés demeurent interdits.
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“ “JEUDI 30 JUILLET 2015
4
L’opéra
de Rossini
à Martigny
GRAND ANGLE
Cet été, Guillaume Tell se
SPECTACLES
REGARDS CROISÉS Guillaume Tell est le personnage vedette de l’été culturel valaisan. Le
Suisse sera le héros de deux
grands spectacles en plein air qui
se tiendront durant la même période: à l’amphithéâtre de Martigny, l’Opéra du Rhône jouera
«Guillaume Tell», le célèbre opéra de Gioacchino Rossini (du 2 au
15 août), et à Sion, «Guillaume
Tell», la pièce de théâtre de René
Zahnd sera proposée par Nova
Malacuria et la Compagnie
Marin, dans la vieille ville (du
5 août au 5 septembre).
«Guillaume Tell» se décline sous la forme d’un opéra à Martigny et
et François Marin, confrontent leur regard sur ce double événement.
LA CONCORDANCE
DES DATES
Deux spectacles consacrés au
mythe suisse, dans deux registres artistiques, et donc deux
conceptions et approches forcément différentes de l’homme à
l’arbalète.
Ce croisement fortuit entre
deux Guillaume Tell au cœur de
l’été valait bien une autre rencontre, celle des deux metteurs
en scène. Florian Schmocker,
pour l’Opéra du Rhône, et
François Marin, pour Nova
Malacuria, échangent leurs
points de vue.
Proposer deux spectacles en plein air aux
mêmes dates, deux
œuvres qui tournent autour du
même personnage central,
dans un rayon
de 30 kilomètres, n’est-ce pas
pure
folie?
François Marin
tempère d’entrée:
«Non, car si les deux
pièces ont le même titre, il ne s’agit pas des
mêmes arts, de la
même époque
d’écriture,
les
}JOËL JENZER
À MARTIGNY L’OPÉRA
Rossini à l’honneur
L’Opéra du Rhône, pour fêter les 200 ans de
l’entrée du canton du Valais dans la Confédération, a rassemblé 80 chanteurs de Romandie et
un orchestre symphonique de 65 musiciens
professionnels pour réaliser la version
chantée de «Guillaume Tell» créée en
1829 – en français – par Gioacchino
Rossini. Après le succès de «La Traviata» en 2011 et de «La Flûte enchantée» en 2013, l’Opéra du Valais
s’apprête à ravir ses auditeurs
avec les solistes Claude Darbellay,
dans le rôle de Tell, Jonathan Spi
Spicher, Laure Barras, Véronique
Chevillard,
Charlotte
Müller Perrier,r,
Stephan
Imboden,
André Gass et
ruGeoffroy Perruchoud.
spectacles ne sont pas de la
même durée. Je pense que ce
n’est pas un problème, et que,
au contraire, ces deux spectacles sont complémentaires. Il
faut juste espérer que le public
soit curieux et que les gens
aillent voir les deux spectacles.»
Florian Schmocker est du
même avis. Mais le metteur
en scène de l’œuvre chantée
de Rossini émet une crainte:
«L’opéra
rebute pas
mal
de
gens ici. Ils
ne connaissent pas bien
cet art. Souvent,
ils viennent voir
un copain et
ils s’at-
tendent à une comédie musicale!»
François Marin résume la situation
avec le sens de l’analyse de l’homme spécialisé dans l’histoire du
théâtre: «Nous ne sommes
pas concurrents mais partenaires. Nous proposons deux
spectacles qui portent le même
nom, mais ce sont deux visions
différentes.» «Oui, nous sommes partenaires», acquiesce
Florian Schmocker. «Plus un
spectacle est réussi, mieux
c’est: si un spectacle est raté,
c’est mauvais pour tout le
monde, car les gens déçus risquent de ne pas retourner voir
autre chose.»
DEUX GUILLAUME TELL
DIFFÉRENTS
Si les deux spectacles ont
pour personnage central le
même héros, le public verra
deux figures totalement différentes. François Marin:
«René Zahnd avait reçu
une commande
pour traduire la pièce
de Schiller,
qui était un
peu poussiéreuse,
et il a fini par la réécrire. Ici,
Tell n’est pas un héros. C’est
plutôt un héros malgré lui.
Il ressent de la culpabilité
d’avoir tué un enfant, il est rabroué par sa femme, et il pré-
Guillaume Tell
«est Notre
z
presque le contraire de celui
de la pièce de Malacuria:
c’est un héros traditionnel.»
Amphithéâtre de Martigny 2-5-8-12-15 août à 20 h.
En cas de mauvais temps, le spectacle est déplacé au
lendemain. En cas de doutes, consulter dès 18 h le site
internet: www.tell2015.ch
FLORIAN SCHMOCKER
METTEUR EN SCÈNE DE L’OPÉRA «GUILLAUME TELL»
IL INTERPRÈTE GUILLAUME TELL À L’OPÉRA ET RÉPOND À NOS QUESTIONS
CLAUDE DARBELLAY
Définitivement Guillaume Tell. Etre
martyre pour la nation (Winkelried) me
semble un geste vain. Je peux comprendre ce
geste de la part d’un être humain jeune pensant
ainsi, par son geste narcissique, accéder à l’éternité.
1.
Personne. Il me plaît dans l’absolu de ré3.
gler les problèmes par d’autres solutions
et par des procédés moins univoques. Eventuellement des personnes pleines de certitudes.
Son individualisme exempt de tout calcul
uniquement guidé par son instinct et son
affect. Le sens de la fidélité du cœur.
4.
peuvent être parfois des armes
de destruction massive.
HUIT
QUESTIONS
DÉCALÉES
1. En matière d’héroïsme,
êtes-vous plutôt Guillaume Tell
Une belle aventure hu- ou Arnold de Winkelried?
maine. La rencontre avec 2. Le véritable héros suisse,
une musique magnifique que je c’est Guillaume Tell ou Roger
n’aurais certainement jamais eu Federer?
l’occasion de chanter et la magie du 3. Qui auriez-vous parfois
lieu de spectacle.
envie de placer sous la
pomme?
Oui. Assez fréquemment, n’étant
4. Ce qui vous rappropas certain que cela soit toujours
che le plus de
un cadeau, en tout cas en ce qui concerne
Guillaume Tell?
mes fils… Voilà en espérant que cela vous
convienne.
7.
Peut-être que si on les juxtapose, sans tenir
2.
Son calme devant le sort, sa confiance abcompte des siècles qui les séparent, ont-ils
une certaine ressemblance (en oubliant les para- 5. solue en lui (mis à part son talon d’Achille:
8.
dis fiscaux). J’ai cependant une petite préférence son fils) et sa force terrienne.
pour le légendaire qui me laisse plus de liberté
et également les réseaux sopour construire le personnage à l’image de mon
6. Lesciauxdrones
(Facebook, Twitter et autres), qui
fantasme.
La pièce
de théâtre de
Zahnd à Sion
Deux
spectacles
en plein air
Deux visions
différentes
du mythe
LIENS UTILES
www.tell2015.ch
www.operadurhone.ch
www.compagniemarin.ch
5
dédouble sur les scènes
d’une pièce de théâtre à Sion. Les deux metteurs en scène, Florian Schmocker
Ils assurent que les deux spectacles ne sont pas concurrents mais complémentaires.
fère se promener en montagne
que faire la guerre. Quant à
Gessler, il n’est pas d’un seul
tenant, il est traversé par des
doutes, il vit une histoire
amoureuse.»
Du côté de l’opéra présenté
à l’amphithéâtre de Martigny, le Guillaume Tell qui
entre en scène – interprété
par le chanteur lyrique
Claude Darbellay – sera radicalement différent du héros joué à Sion par Frédéric
Crettaz. Pour le metteur en
scène Florian Schmocker, il
n’y a pas photo: «Je dirais que
notre Guillaume Tell, c’est
presque le contraire de celui de
la pièce de Malacuria. Rossini
a écrit son dernier opéra en
1825, et l’idée était très patriotique: raviver la flamme révolutionnaire chez les Français.
Tell est donc un héros traditionnel.» «Oui, Guillaume Tell
est un personnage qui n’a pas
existé, comme saint Maurice»,
ose François Marin. Le metteur en scène de la troupe
Nova Malacuria propose au
public de se rendre aux deux
spectacles. «Les gens peuvent
voir l’opéra pour avoir la
norme, puis ils peuvent venir à
notre pièce, pour se rendre
compte de l’écart entre les
deux.»
DEUX SPECTACLES,
DEUX DIMENSIONS
Monter un opéra de 3 heures – «Il fait 5 heures à la
base, j’ai dû couper et ça m’a
fait mal au cœur», raconte
Florian Schmocker – n’est pas
une opération d’une envergure
semblable à la mise sur pied
d’une pièce de théâtre. A l’amphithéâtre de Martigny, le budget avoisine les 700 000 francs,
dont 200 000 rien que pour
l’orchestre. A Sion, le spectacle
coûte environ 170 000 francs.
L’opéra ne proposera «que»
cinq représentations, avec 920
sièges à disposition (la moitié
de l’amphithéâtre), contre 21
représentations pour Nova
Malacuria (170 places).
Florian Schmocker: «La différence essentielle dans ces deux
budgets, c’est que pour l’opéra,
nous avons un orchestre et des
chanteurs professionnels. Les
chœurs sont composés d’amateurs», relève Florian Schmocker. Son confrère, lui, dispose
de 20 comédiens amateurs, encadrés par des techniciens professionnels. «Cela coûte forcément moins cher», note François Marin.
Les deux metteurs en scène
s’accordent pour déclarer que
«si davantage de subventions
étaient attribuées aux spectacles,
le prix des billets baisserait».
fèrent totalement. Les deux
maîtres de cérémonie échangeraient-ils leur place? Florian
Schmocker, lui-même musicien, ne se voit pas
trop dans le
théâtre pur:
«Je pense
qu’il
faut laisser faire ce travail à un
comédien. Un homme de théâtre pourrait aussi mettre en
scène un opéra. Mais dans
l’opéra, le fil conducteur, c’est la musique. Il faut le
faire dans
le respect
du compositeur. Il y a le chanteur et la musique au centre,
on ne va pas faire des acrobaties en plus.»
Homme de théâtre par excellence, metteur en scène,
comédien, directeur de salle
(Théâtre de Valère), François Marin avoue: «Mon gros
défaut, c’est que je ne sais pas
lire la musique, alors, d’un
point de vue éthique, ce serait
difficile de mettre en scène un
opéra. Et le chef est très im-
À SION LA PIÈCE DE THÉÂTRE
Un Tell modernisé
La Cie Marin et Nova Malacuria font renaître le légendaire héros dans une pièce contemporaine. Inspiré par les écrits de
l’auteur suisse René Zahnd, l’insolent «Guillaume Tell» souffle
un vent de révolte dans la petite Helvétie. Menée par une
vingtaine de comédiens, l’histoire se passe en 2015, de quoi
dépoussiérer les clichés. Sur scène, Frédéric Crettaz, Lucie Zen
Ruffinen, Cyril Albelda, Anne Carron-de Bay, Pierre Fauchère,
Elena Lüthi Dixon, Pierre-Christian de Roten, Bernard Théler,
T
Bertrand Pannatier, Thubault
H
Hugentob Mabler,
rie
rie-Odile
Lu
Luyet,
Ch
Christian
Th
Thurre,
Luc ConsLuca
tan Stétantin,
pha Alphane
beld
belda,
Mel
Melanie
Bellw
Bellwald,
Anaï Sierro,
Anaïs
Catia MarJ
tins, Joëlle
Mayo et
Mayoraz
Rache MoRachel
rend.
L’UN DANS LA PEAU
DE L’AUTRE
Mettre en scène un opéra
ou une pièce de théâtre,
ce sont là deux fonctions qui, si elles
se ressemblent,
dif-
espérer que les gens
«soientIl fautcurieux
z
et que le public
aille voir les deux spectacles
qui sont complémentaires.»
théâtre au cœur de la vieille ville de Sion,
Sion du 5 août au 5 septemPlace du théâtre,
bre à 21 h (sauf dimanche à 18 h)
En cas de mauvais temps, la représentation est annulée.
Réservations à l’office du tourisme au 027 327 77 27.
Plus d’informations sur www.novamalacuria.ch
FRANÇOIS MARIN
METTEUR EN SCÈNE DE LA PIÈCE DE THÉÂTRE «GUILLAUME TELL»
IL INTERPRÈTE GUILLAUME TELL AU THÉÂTRE ET RÉPOND À NOS QUESTIONS
5. Ce qui est le plus
différent de Guillaume Tell
chez vous…
6. Si Guillaume Tell vivait aujourd’hui, quelle arme remplacerait l’arbalète?
7. Ce que vous garderez de
Guillaume Tell après le
spectacle?
8. «Tell père, Tell fils»,
c’est un adage qui
vous parle?
FRÉDÉRIC CRETTAZ
Guillaume Tell. A de1.
voir devenir un héros,
je préfère en survivre.
Guillaume Tell encore.
2.
Un héros qui a mis sa vie
en danger au profit de quelqu’un d’autre. Mais bon Roger
Federer quand même… remplaçons la pomme par une
balle de tennis!
portant aussi, on n’est pas totalement libre. A l’opéra, le jeu
est moins intimiste qu’au théâtre. Dans une pièce, on a aussi
plus de répétitions, on peut se
tromper, chercher. A l’opéra il
faut tomber juste tout de
suite.»
On l’aura compris, chacun restera dans son jardin. Ce qui n’empêchera
pas chacun des deux hommes d’apprécier le travail
de l’autre. }
Personne! Ou peut-être
Une tablette numérique
3.
moi-même pour ne pas 6. bien sûr!
mettre en danger quelqu’un
La barbe peut-être. Ded’autre.
7.
puis plusieurs semaines
Sa paternité.
le visage de Tell apparaît en
4.
place du mien et finalement
la barbe ne me va pas si mal
Ma paternité. Contrai- que cela.
5. rement au Guillaume Dans ma famille on se
Tell de René Zahnd, je suis
totalement incapable de 8. ressemble «Tellement»
partir six jours sans prendre que cet adage semble avoir
des nouvelles de mes enfants.
été écrit pour nous.
} JJ

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