Annoncer une mauvaise nouvelle
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Annoncer une mauvaise nouvelle
Votre qualité de vie Par Susan Bermingham, M.Ps. [email protected] Annoncer une mauvaise nouvelle Quoi faire, quoi ne pas faire LES RÉSULTATS DU SCAN SONT ARRIVÉS et votre intuition est confirmée: les nouvelles sont mauvaises pour votre patient et son diagnostic est grave. C’est inévitable, vous devez lui annoncer ces résultats. Et que sa vie ne sera plus jamais la même. Même dans un contexte où on doit souvent aborder le sujet avec les patients, l’annonce d’une mauvaise nouvelle n’est jamais simple et fait toujours appel à des émotions difficiles à gérer, tant pour le patient que pour le médecin. Le médecin anticipe l’angoisse, les sentiments de tristesse et de désespoir que risque de vivre son patient à l’annonce de la mauvaise nouvelle. Alors, comment rendre cette tâche plus «faisable» (car «facile», elle ne le sera jamais)? Quels moyens peuvent aider le médecin à faire son devoir professionnel, sachant que l’expérience émotive vécue lors de l’annonce de la maladie à un patient conditionne l’acceptation de celle-ci, influence les traitements à venir ainsi que la relation médecin-patient? C’est avant tout à lui-même que le médecin doit faire l’annonce de la maladie qu’il ne pourra pas guérir, d’une récidive ou des complications imprévues pour un patient, qu’il connaît parfois depuis longtemps. Il doit parfois se résigner à renoncer à son pouvoir de guérison et accepter qu’il n’est qu’un humain qui prodigue des soins! Il n’existe assurément pas de façons miracles pour annoncer une mauvaise nouvelle à un patient. Par contre, il en existe certaines qui peuvent lui être dommageables. À éviter: une annonce bâclée, faite avec empressement ou brutalité, par téléphone ou dans un endroit manquant d’intimité, en compagnie d’un groupe de résidents en médecine, en employant des termes techniques qui ne veulent rien dire pour le patient ou en donnant une quantité d’informations trop importante dès le début. Il est tentant – et humain – de vouloir s’esquiver ou se dérober, de banaliser ou de nier, de déléguer la tâche ou d’attendre trop longtemps. Toutefois, ça ne fera que nuire à la relation professionnelle entre le médecin et son patient, et laissera souvent le patient habité par des émotions inutiles, voire néfastes à sa guérison ou son bien-être. Et le silence n’est pas une voie envisageable, pas plus que le mensonge… L’annonce d’une mauvaise nouvelle suscite chez le médecin de nombreuses questions, par exemple: la vérité, est-ce qu’on la dit toute ou en partie? Le secret professionnel: on en parle aux proches ou on laisse au patient le soin de leur annoncer? Tandis qu’il y a des patients qui veulent tout savoir, d’autres préfèrent en savoir le moins possible; certains veulent cacher le diagnostic à leurs proches, tandis que d’autres préfèrent être accompagnés de tous les membres de leur famille! L’annonce d’une mauvaise nouvelle doit tenir compte des caractéristiques du patient et passe par l’écoute de celui-ci. En partant des ressources et des demandes de ce dernier, le médecin pourra adapter son discours et se modeler à ses besoins. Le médecin peut suivre le rythme du patient et éventuellement faire appel à la collaboration d’un proche du patient, si celui-ci en exprime le besoin. L’annonce prend du temps, de l’attention, de l’empathie ainsi que des conditions de confidentialité et d’intimité, par exemple, en personne et en tête-à-tête dans une pièce fermée. L’annonce n’est pas figée dans le temps mais constitue un processus continu, en constante évolution entre le médecin et son patient. Le patient n’entend pas tous les mots de son médecin mais se rappelle l’atmosphère, le ton de la voix, le nonverbal de celui qui lui annonce son état de santé. L’annonce d’une mauvaise nouvelle ou d’une maladie est toujours un traumatisme et fait appel au deuil de la vie d’avant, à celui de l’état de santé antérieur, de certains projets d’avenir. Un message rassurant, contenant l’information adaptée, cohérente, progressive et respectueuse pour le patient selon ses ressources et ses demandes, favorise l’acceptation de la vérité avec un espoir réaliste et sera une porte ouverte sur l’avenir. ⌧ L’auteure est psychologue et pratique en cabinet privé à Outremont ainsi que chez Procréa Cliniques. 16 S A N T É I N C . M A I / J U I N 2 0 0 7