Analyse des déterminants de la demande de refinancement

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Analyse des déterminants de la demande de refinancement
Analyse des déterminants de la demande de refinancement transfrontalier des institutions de
microfinance (IMF) : Une étude empirique des IMF africaines.
Malick Kana1, CREAM, Université de Rouen.
Résumé
Cet article vise accélérer l’inclusion financière de tous à travers le financement transfrontalier des institutions de
microfinance (IMF) africaines. Il identifie empiriquement les facteurs clés sur lesquels s’appuieront les IMF pour
attirer les financeurs internationaux et accroitre l’inclusion financière de tous. Nous avons utilisé un panel de 41 IMF
de 2001 à 2011. La maturité des IMF, leur statut ainsi que les facteurs caractéristiques de l’environnement des affaires
à savoir le niveau de développement financier et l’indice de solidité des garanties juridiques qui, jouent un rôle très
important dans l’obtention de financement transfrontalier des IMF africaines.
Mots clés : financement transfrontalier, inclusion financière, double asymétrie d’information, déséquilibre.
JEL: C23, D82, F34, F21, G21
Analysis the determinants of the demand for cross-border refinancing microfinance institutions:
an empirical study of African microfinance institutions
Abstract
This article aims to accelerate financial inclusion across all cross-border financing of African microfinance
institutions (MFIs). It identifies empirically importants factors that will support MFIs to attract international donors
and increase financial inclusion for all. We used a panel of 41 MFIs from 2001 to 2011. Mature MFIs, their status
and characteristics of environmental factors such as the level of financial development index and strength of legal
rights which play a very important role in obtaining cross-border financing of African MFIs.
Keywords: cross-border financing, financial inclusion, double asymmetric information, imbalance.
1
ATER. Email :’ [email protected]
1
Introduction
L’accès aux services financiers constitue l’un des objectifs du millénaire pour le développement. Dès lors,
la microfinance constitue l’un des programmes les plus efficaces pour favoriser cette inclusion financière
de tous, surtout dans les pays en voie de développement et particulièrement en Afrique. Cet objectif a
alors entrainé un accroissement du volume des investissements au profit de l’industrie de la microfinance
(Chen G and al.,, 2008). On note entre 24 et 27 milliards de dollars, le montant des engagements dans le
monde en 2009 (Portail microfinance, 2012) au profit de l’industrie de la microfinance. Ainsi, dans le
monde entier, les IMF bénéficient des financements émanant des institutions financières internationales
telles que l’International Finance Corporation, les agences de développements qui représentent les
principaux vecteurs à long terme, les intermédiaires d’investissement qui véhiculent les fonds nécessaires
au profit de ce secteur (Galéma and al.,2011, 508). Certaines IMF ayant atteint une certaine maturité
s’introduisent en bourse afin de couvrir leur besoin de financement par les émissions de titres financiers
(actions, obligations, billets de trésorerie, etc…) ; faisant alors appel à l’épargne du public. C’est le cas de
Compartamos au Mexique (Rosenberg, 2007), de Equity bank (Ponsot, 2007) au Kenya et de Sks en Inde
(Greg and al., 2010).
Toutefois, cette répartition des investissements demeure inégale dans le monde entier. En effet, l’Afrique
subsaharienne représente le continent dont le seuil de pauvreté est très élevé par rapport au reste du
monde2 et ne bénéficie que d’une faible part des investissements internationaux. Ce contexte nous éloigne
davantage de l’atteinte de l’objectif d’inclusion financière de tous. De plus, bien que les IMF de cette
région soient aussi performantes (African Microfinance Transparency, 2010) que dans d’autres régions du
monde, elles n’obtiennent que 22% du total des engagements3 transfrontaliers en 2009 (Mayada and al.,
2011, 6).
Ce déséquilibre dans la répartition des investissements nous conduit vers un rationnement des zones
géographiques où ne sont privilégiées que l’Asie du Sud, l’Europe, l’Asie centrale, L’Amérique latine et les
caraïbes (Estelle and al., 2012).
Et même si l’Afrique reste une zone où les investissements sont plus rentables que d’autres régions du
monde (ONUDI, 1999), les IMF obtiennent très peu de financements extérieurs.
L’objectif principal de cet article est d’identifier dans ce contexte de déséquilibre les déterminants
susceptibles de faciliter l’accès des IMF africaines aux financements extérieurs. Cette recherche permettra
donc de faire apparaitre les facteurs clés capables d’attirer non seulement les investisseurs mais aussi de les
mettre en confiance. Une question principale que soulève cette recherche se présente de la façon suivante :
Quels sont les indicateurs sur lesquels s’appuieront les IMF afin d’attirer les investisseurs. ?
La suite de l’article est organisée en quatre parties. La première décrit le contexte particulier de l’ASS. La
seconde partie présente le cadre conceptuel de la recherche. Dans la troisième et la quatrième partie, nous
aborderons la méthodologie de la recherche, les résultats et les discussions.
2. Revue de littérature.
La quasi inexistence de la revue de littérature sur les questions de refinancement extérieur des IMF nous
pousse à adopter celle relative à la demande de crédit des entreprises. Ainsi, nous utiliserons le cadre
d’analyse proposé par certains auteurs tels que Stiglitz, Weiss, mentionnant la présence d’une asymétrie
d’information dans la demande de crédit.
La recherche de refinancement extérieur des IMF qui, ont pour seul objectif l’inclusion pour tous, fait
naître une double relation de crédit entre d’une part les investisseurs internationaux et les IMF et d’autre
part les IMF et les microentrepreneurs et les ménages. Cette double relation nous oriente vers un double
problème d’asymétrie d’information (Stiglitz and al., 1981). En effet, les IMF dans la première relation de
crédit jouent le rôle d’emprunteurs et donc demandent de refinancement à l’extérieur pour mener leurs
activités de microcrédit. Elles possèdent des informations qu’elles sont contraintes de transmettre aux
investisseurs internationaux afin de réduire cette asymétrie d’information et donc de faciliter leur
refinancement. Elles se font donc évaluer par des agences de notation sur leurs performances financière et
organisationnelle. Elles mettent à la disposition du public via le mixmarket leurs informations financières
et organisationnelles susceptibles d’influencer la décision des investisseurs internationaux. Toutefois, des
documents et informations supplémentaires non rendus publics sont exigés par de potentiels investisseurs.
2
Nous avons comparé le ratio de la population pauvre disposant de moins de 1,25$ par jour de l’Afrique subsaharienne avec les
autres régions du monde en nous référant aux données macroéconomiques de la banque mondiale.
3 Ce sont des fonds destinés à hauteur de 88% sous forme de refinancement et 12% sous forme de renforcement des capacités
des IMF.
2
Dans la deuxième relation IMF- Microentrepreneurs, ménages, les IMF endossent le statut de prêteur ; et
donc à leur tour, financent les projets des microentrepreneurs et des ménages. Cette relation de crédit fait
naître à son tour le problème d’asymétrie d’information. A ce niveau, les fournisseurs de crédit accèdent
très difficilement aux informations sur les microentrepreneurs et les ménages et ignorent si cette catégorie
d’emprunteurs aura les moyens de rembourser. Dans cette relation microprêteurs-microemprunteurs, la
réduction de l’asymétrie n’est possible que lorsque le microcrédit est renouvelé au même client (Behr and
al., 2011)
Cette relation investisseurs internatioanux-IMF-Microentrepreneurs, ménages nous conduit vers une
double symétrie d’information, où les informations devraient être fournies d’une part par les IMF aux
principaux prêteurs pour bénéficier de financement et d’autre part les informations apportées par les
microentrepreneurs et ménages aux prestataires de détails afin d’être inclus financièrement. Toutefois, les
investisseurs internationaux possèdent un avantage informationnel en tant que prêteur ; ce qui n’est pas
toujours le cas des IMF.
En dehors des facteurs liés à la double asymétrie d’information, il en existe d’autres susceptibles
d’influencer la décision des investisseurs dans le refinancement des IMF. Ainsi, on distingue les facteurs
propres aux IMF (la qualité, la réputation, la performance, la structure financière, etc…) et les facteurs liés
aux caractéristiques de l’environnement des affaires des pays dans lesquels sont implantées les IMF.
La notation financière des banques constitue l’un des facteurs dans la demande de crédit car, elle permet
d’évaluer la qualité et la réputation des firmes et donc, de renseigner sur la capacité de la firme à honorer
ses engagements (Danisevska, 2002 ; Datta et al., 2005). Elle influence aussi l’évolution de la structure
financière des banques (Ferri et al., 2001 ; Ferri, 2004) et des entreprises non financières (Kisgen, 2006 ;
2009).
Hypothèse 1 : mieux l’IMF est notée, plus elle bénéficie de refinancement extérieur.
L’âge désignant la maturité des IMF, influence la structure financière des IMF (Berger and al., 1998). En
effet, les IMF dès leur création jusqu’à l’âge mature modifient leurs sources de refinancement dans le
temps (Séverin, 2012).
Hypothèse 2: il y a une corrélation positive entre le niveau de maturité de l’IMF et son accès au
refinancement extérieur.
En se basant sur la théorie du financement hiérarchique de Myers et Majluf (1984), la structure de
financement des IMF se compose de trois sources de financement. Les fonds propres (apports des
fondateurs, des bénéfices, réserves et subventions) constituent la première source de financement des IMF
(Lesaffre, 1999). Viennent ensuite les emprunts solft et les dons émanant d’investisseurs internationaux,
ONG, agence de développement, etc… Ensuite, elles passent à l’autofinancement en se contentant de
l’épargne lorsque la réglementation l’autorise.4 Mais, cette source d’autofinancement reste insuffisante
pour permettre aux prestataires d’atteindre leurs objectifs (Portail microfinance, 2012). Elles s’orientent
alors vers l’endettement qui constitue après l’autofinancement, l’une des dernières alternatives en terme de
refinancement (mix, 2011, 20).
Hypothèses 3 : il existe une corrélation négative entre les fonds propres et l’accès au refinancement
extérieur.
Hypothèse 4 : il existe une relation négative entre l’épargne et l’accès au refinancement extérieur.
La performance des IMF constitue aussi un facteur clé dans l’accès au refinancement extérieur. Sachant
que dans l’industrie de la microfinance, il existe la performance financière (ROA et ROE) et la
performance sociale (la taille du crédit, la portée, le pourcentage de femmes emprunteuses), certains
financeurs décident d’octroyer du crédit aux prestataires de détail en fonction des objectifs qu’ils visent.
Ainsi, les financeurs attirés par la rentabilité financière chercheront à financer les IMF rentables
financièrement. Les IMF performantes financièrement sont capables de rembourser les dettes contractées
auprès des investisseurs (Datta et al, 2005). Quant aux financeurs socialement responsables, ils viseront les
IMF qui sont rentables socialement.
Hypothèse 5: il existe une relation positive entre les performances (financière et sociale) et l’accès au
refinancement extérieur.
En Afrique subsaharienne, seules les IMF ayant le statut de banque peuvent collecter l’épargne du public. Les IMF ayant le statut
d’IFNB, d’ONG et de mutuels de crédit/coopératives financières sont interdits, limités ou ne collectent que l’épargne de leurs
membres.
4
3
Pour attirer de potentiels investisseurs, les pays d’implantation des IMF doivent instaurer un
environnement des affaires susceptible d’instaurer la crédibilité des politiques institutionnelles5,
commerciales6 et industrielles7 (Alaya et al, 2007) pour attirer de potentiels investisseurs internationaux et
particulièrement dans l’industrie de la microfinance.
Hypothèse 6 : il existe une relation positive entre l’environnement des affaires (environnement financier et
législatif) et l’accès au refinancement extérieur.
3. Le contexte particulier de l’Afrique.
L’Afrique constitue le continent qui regorge du plus grand nombre de pauvres exclus financièrement8. Ce
contexte devrait accroitre la part de refinancement extérieur au profit des IMF de cette région par rapport
aux autres régions du monde. Ce déséquilibre dans le refinancement à l’échelle planétaire au profit de
l’industrie de la microfinance, nous détourne alors de l’objectif d’inclusion financière pour tous des nations
unis (ONU) en Afrique.
Toutefois, les quelques engagements au profit de ce secteur sont inégalement répartis sur le continent.
Ainsi, l’Afrique de l’est constitue la première zone bénéficiant d’une part importante des engagements, elle
est suivie de l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique du sud.
L’ASS est le premier continent où l’épargne constitue source primordiale de financement des IMF (Portail
microfinance, 2012). Ce service n’est autorisé que pour une catégorie d’IMF ayant le statut de SA ou de
banque et n’est pas accessible aux ONG, aux IFNB, ni aux mutuels/coopératives d’épargne et de crédit.
Cette épargne trop faible pour permettre aux prestataires de détail d’atteindre leurs objectifs social et
financier au vue de leurs besoins de plus en plus croissants. Les IMF s’orientent alors vers de nouvelles
sources de refinancement en privilégiant les dettes. (Source : étude de cas : Investisseurs et bailleurs de
fonds).
Elles disposent alors de deux modes d’endettement : obligataire et institutionnel9
Au vue de l’étroitesse et/ou de la quasi inexistence des marchés financiers, les microprêteurs s’orientent
naturellement vers l’endettement institutionnel. La dette interne est très onéreuse et nécessite des
conditions d’obtention très rigoureuses. Dès lors, les prestataires de détail choisissent la dette externe qui
représente 69 % du montant totale des dettes en Afrique en 2009 (MIX, 2011, 20).
Afin de mettre en confiance ces investisseurs, l’industrie de la microfinance est devenue l’un des projets
phares dans les programmes de la plupart des gouvernements. Ainsi, plusieurs stratégies sont envisagées.
L’assemblée générale de l’UA10 en 2009 en est une illustration. Elle exprime la volonté de favoriser le
développement de ce secteur et l’inclusion financière pour tout africain. Les stratégies retenues sont : i)
Adoption des principes clés de la microfinance. ii) focalisation sur les trois rôles complémentaires : mettre en place un
environnement qui équilibre l’élargissement de l’accès aux services financiers et la protection des consommateurs iii) soutien et
promotion des programmes de développement de capacité financière à l’échelle continentale, régionale et sous régionale v) soutien
aux nouvelles technologies qui facilitent l’accès aux services financiers iv) soutien à la création de systèmes nationaux
d’identification iiv) soutien aux systèmes de standards et de benchmarks iiiv) soutien à la recherche, à la formation et au
renforcement des capacités. De plus, la réglementation et la supervision dans l’industrie de la microfinance ont
été revues et amélioré d’un pays à un autre ou d’une zone géographique à une autre (MIX, 2011). Certains
pays ont crée un ministère dédié pour ce secteur.11 Ces implications favorisent la croissance et le
développement des activités de microfinance et devraient mettre en confiance certains investisseurs
occidentaux.
En dehors du cadre réglementaire qui s’améliore, des efforts sont entrain d’être effectués par de nombreux
gouvernements africains pour améliorer l’environnement des affaires et mettre en confiance de potentiels
investisseurs (Ghannam, 2011)12.
La politique fiscale ou commerciale, les dispositions législatives en matière de rapatriement des capitaux ou de mouvement de
capitaux, le risque pays, l’appartenance à une zone d’intégration
6 Taille du marché, proximité de la demande, barrières à l’échange
7 Coûts de transport, coûts d’implantation, de production, avantages technologiques, agglomérations d’activités
8 L’Afrique détient le plus grand nombre de pauvres bénéficiant partiellement ou pas du tout des services financiers traditionnels.
9 Nous désignons par dette institutionnelle, la dette émanant d’un mode indirect.
10 L’Union africaine.
11Le Bénin et le Sénégal.
12Voir annexes (tableau 5) pour la réglementation en microfinance.
5
4
4
Méthodologie
Pour pouvoir identifier les déterminants susceptibles de faciliter le financement des IMF, nous avons
élaboré une équation de demande de financement des IMF où DEM_EXt représente le montant du
refinancement de chaque IMF à l’année t, un vecteur de variables exogènes variant selon les années t , βi
est le coefficient et
le terme d’erreur.
4.1. L’échantillon et la collecte de données
Nous avons constitué un échantillon de 41 IMF observées durant la période 2002 à 2011. Ces données
proviennent du mixmarket, de la banque mondiale et la bceao13, trois sites qui mettent respectivement à la
disposition du public les informations des IMF et des pays du monde entier sur leurs performances
financière et sociale ainsi que les engagements des bailleurs de fonds et des indicateurs
macroéconomiques. Ce modèle consiste alors à estimer l’équation de la fonction de demande par un panel
en nous basant pour la plupart sur des variables microéconomiques des IMF et quelques variables
macroéconomiques du pays d’implantation des prestataires des services de détail.
4.2. Le choix des variables
4.2.1. La variable endogène
L’estimation de la demande de financement des IMF est une procédure complexe car elle n’est pas
directement observable. Pour cela, nous avons considéré le montant de crédit octroyé pour les IMF
comme étant le montant de refinancement (DEM_EX).
4.2.2. Les variables explicatives
Elles sont représentées par un vecteur de variables exogènes variant selon les années t. Ce vecteur de
variables est structuré de la façon suivante :
La performance financière : elle est représentée dans notre modèle par ROA (return on equity) Le premier
nous renseigne sur la capacité de l’IMF à utiliser ses actifs pour générer un rendement et honorer ses
engagements.
Le rating : il renseigne sur la fiabilité, la qualité et la réputation du prestataire de détail et est noté de 1 à 5
diamants. Plus la note est proche de 5, plus l’institution est performante aussi bien financièrement que
socialement.
Dans notre modèle, nous avons utilisé le nombre d’emprunteurs et la taille du crédit pour évaluer la
performance sociale des IMF. Le nombre d’emprunteurs nous renseigne sur la portée des IMF tandis que la taille
du crédit indique le montant moyen de crédit, nous nous renseignant donc si les prestataires de détails
prêtent aux pauvres ou aux riches parmi les pauvres lorsqu’il est supérieur à un (Hartaska, 2005).
Enfin, le cycle de vie représenté par l’âge, l’âge au carré et la forme juridique de l’IMF. En effet, le prestataire de
détail visant des objectifs de rentabilité et exerçant ses activités bénéficie plus facilement de financement
que des IMF à but non lucratif et qui sont des start up (Séverin, 2012).
Par ailleurs, étant donné que notre étude porte sur des IMF implantées dans différents pays, nous avons
inséré deux variables de contrôles : le niveau de développement financier pour contrôler son influence sur le
financement transfrontalier et l’indice de solidité des garanties juridiques mesurant à quelle hauteur les lois sur la
faillite et les garanties protègent les droits des emprunteurs et des prêteurs et protègent les prêts. Cet
indice varie de 0 à 16 et prend la valeur 0 quand la loi est faible et 10 si elle est solide.
Notre équation de demande se résume comme suit :
DEM_EX = β0 + β1K_actifit + β2Ep_Actit + β3ROAit + β4Par30it + β5Ratingit + β6Statutit + β7portéeit +
β8T_KDTit + β9ageit + β10Ageit2 + β11sol_loiit + β12dev_finit +
Toutefois, notons que la présence de deux variables binaires (Rating , Statut) n’est pas pris en compte dans
le modèle de régression à effet fixe car elles sont invariantes dans le temps. Pour lever cette limite des
variables binaires, nous avons utilisé l’estimateur des variables instrumentales de Hausman-Taylor14.
http://www.mixmarket.org/fr/profiles-reports, http://donnees.banquemondiale.org/indicateur, http://edenpub.bceao.int/
Nous avons estimes notre modèle en prenant en compte les effets fixes et aléatoires dont les résultats se trouvent en annexe
dans le tableau 3 malgré l’omission des deux variables binaires pour le compte des résultats d’estimation des effets fixes.
13
14
5
5. Statistiques descriptives
Le tableau ci-dessous décrit la moyenne, l’écart_type, la valeur minimale et maximale des variables de
notre équation. Il indique que notre échantillon est composé de 41 IMF observées durant 10 ans chacune.
On constate qu’en moyenne, la demande de financement extérieur est égale à 23419090. Le portefeuille à
risque de moins de trente jours est égal à 8.613812. Cette moyenne est inférieure au seuil de définition
d’impayé qui est de 10% (Chen G and al, 2010, 4). Elle montre ainsi que la plupart des IMF ont un
portefeuille moins risqué dans notre échantillon. La rentabilité moyenne est de 180,6395, ceci nous
indique que les IMF de notre échantillon sont rentables. L’âge moyen est de 13 ans indiquant que les IMF
sont mâtures. En moyenne, la taille du crédit est égale à 0,15 largement inférieur à 1 ; ce résultat prouve
que les IMF prêtent davantage aux pauvres. L’indice moyen de solidité des garanties juridiques est égal à
5,44 ceci veut dire que la plupart des pays d’implantation des IMF ont une loi encore faible pour garantir
et protéger les prêts.
Tableau 1 : Statistiques descriptives
Variables
Observations
DEM_EX
410
K_actif
410
Ep_Act
410
ROA
410
Par30
410
Rating
410
Statut
410
Portée
410
T_KDT
410
Age
410
Age2
410
Dev_fin
410
Sol_loi
410
Source : auteur
Moyenne
23,41909
24,502
99,29729
180,6395
8,613812
3,439024
0,1219512
9,574437
0,1541279
13,57317
228,7439
24,03659
5,449657
Ecart-type
84,9319
20,31252
94,25699
102,623
12,47254
0,5870976
0,3276293
1,890558
1,151487
6,679953
234,9896
28,23743
2,734276
Minimum
0
-113,98
0
-8
0
2
0
0
0,000054
1
1
-16,13429
2
Maximum
1152,907
96,58
284
357
105,35
5
1
13,56113
18,60642
39
1521
201,5771
10
6. Les principaux résultats et discussions.
Le tableau ci –dessous nous révèle après estimation du modèle que cinq variables sont significatives. En
premier lieu, l’âge est significatif à 1% et influence négativement la demande de financement extérieur,
tandis que Age2 a une influence positive sur la demande de financement extérieur pour le même seuil de
probabilité. Ces résultats confirment les travaux empiriques en nous rappelant que les IMF dans la phase
de démarrage de leurs activités, ne s’intéressent qu’aux donations, aux subventions ou aux emprunts softs
pour mener leurs activités. Une fois qu’elles atteignent une certaine maturité, elles obtiennent plus
facilement du financement émanant de l’extérieur. Ensuite, le statut juridique des IMF est significatif à
10%, influence positivement la demande extérieure de financement. Ces résultats vérifient l’hypothèse 2.
Cela signifie que les IMF à but lucratif obtiennent plus facilement de financement émanant de l’extérieur
que les IMF à but non lucratif.
Enfin, les variables pays telles que l’indice de solidité des garanties et le niveau de développement financier
sont significatives respectivement à 10% et 5%. Cet indice (Sol_loi) influence négativement la demande de
financement extérieur. Ce résultat nous rappelle que les lois protégeant les droits des emprunteurs et des
prêteurs et protégeant les prêts sont faibles ou inexistantes pour inciter les bailleurs et investisseurs
étrangers à financer les IMF en Afrique. Ce résultat ne vérifie pas l’hypothèse 6. Toutefois, il nous
renseigne que le niveau de développement financier influence positivement la demande de financement
extérieur. Cela corrobore l’effort fourni en Afrique pour améliorer l’environnement financier des pays.
Par ailleurs, il faut noter que certaines variables telles que les ratios K_actif et Ep_Act, bien qu’elles ne
soient significatives, appuient la théorie de la hiérarchie financière de Myers et Majluf (1984), et vérifiant
ainsi nos hypothèses 3 et 4. Les capitaux propres et l’épargne influencent négativement la demande de
refinancement extérieur. Les IMF privilégient alors les capitaux propres et ou l’épargne qu’au
refinancement extérieur. La performance financière à travers le ROA influence positivement la demande
de refinancement extérieur. De même, la performance sociale à travers la taille du crédit (T_KDT) et la
portée (le logarithme du nombre de clients) influence aussi positivement la décision des bailleurs et des
investisseurs dans le financement des IMF africaines. Ces résultats vérifient l’hypothèse 5. Le rating est
non significatif et influence négativement la décision des bailleurs dans le financement des IMF. Ce
résultat s’oppose à notre hypothèse.
6
Tableau 2: Résultats du modèle de la demande de financement extérieur
Variables
DEM_EX
K_actif
-0,143
(0,216)
Ep_Act
-0,057
(0,0592)
ROA
0,0015
(0,0416)
Par30
-0,364
(0,321)
Rating
-3,252
(0,599)
Statut
63,04*
(36,52)
Portée
3,250
(3,521)
T_KDT
1,311
(3,622)
Age
-8,607*** (3,007)
Age2
0,498*** (0,0891)
Dev_fin
1,202**
(0,599)
Sol_loi
-6,798*
(3,977)
Constant
18,69
(72,76)
Nombre d’observation
410
Nombre d’IMF
41
Wald chi2(12)
77,15
Rho
0,51904896
Source : Auteur *,**, *** significatifs respectivement à 10%, 5% et 1% ; standard errors = ( )
Conclusion
Cette recherche nous a permis d’étudier empiriquement les facteurs sur lesquels les IMF doivent mettre
l’accent afin d’obtenir du financement à l’international. Pour y parvenir, nous avons mobilisé la littérature
théorique et empirique sur la demande de financement des entreprises.
Les résultats obtenus, indique que les variables le statut, l’âge2, rating et le développement financier t
influencent positivement la demande de refinancement des IMF, tandis que l’âge et l’indice de solidité des
garanties influencent négativement cette demande. Ce résultat corrobore la difficulté des marchés
financiers africains qui n’arrivent pas à financer ses IMF les obligeant à se tourner vers l’extérieur pour
trouver du financement.
C’est désormais aux pays d’implantation d’instaurer un environnement financier et une législation capables
d’attirer et de mettre en confiance les investisseurs internationaux. Les IMF quant à elles, devront mettre
l’accent sur la performance sociale et accepter de se faire noter, afin de pouvoir bénéficier de financement
extérieur.
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Annexes
Tableau 3: Résultats du modèle de la demande de financement extérieur
Variables
Effet fixe
Effet variable
K_actif
-0,130
(0,218)
-0,183
Ep_Act
-0,0748
(0,0602)
0,00418
ROA
-0,00303
(0,0419)
0,00749
Par30
-0,390
(0,322)
-0,131
Rating
-0,371
Statut
63,28***
Portée
2,418
(3,560)
5,621*
T_KDT
0,989
(3,635)
3,026
Age
-8,869***
(3,044)
-6,667**
Age2
0,556***
(0,0926)
0,325***
Dev_fin
0,883
(0,686)
0,324
Sol_loi
-7,025
(4,898)
-2,333
Constant
24,98
(43,34)
-12,47
Nombre d’observation
Nombre d’IMF
R2 : Within
17,34%
R2 : Between
13,57%
R2 : overall
10,82%
Source : auteur
*,**, *** significatifs respectivement à 10%, 5% et 1% ; standard errors = ( )
(0,209)
(0,0540)
(0,0406)
(0,316)
(13,60)
(23,71)
(3,125)
(3,522)
(2,596)
(0,0737)
(0,255)
(3,005)
(48,94)
410
41
15,38%
38,26%
21,22%
8
Tableau 4 : test de Hausman
Effet Fixe
k_actif
-0,1295512
Ep_Act
-0,0748094
ROA
-0,0030324
par30
-0,3901182
porte
0,417838
T_KDT
0,9886405
age
-8,868516
ag_ag
0,5555597
dev_fin
0,8829399
sol_loi
-7,02487
Chi2(10)
36.15
Prob>chi2
0.0001
Effet aléatoire
-0,1833204
0,004179
0,0074879
-0,1313779
5,620744
3,025569
-6,667398
0,3254244
0,3240798
-2,332851
Différence
0,0537692
-,0748094
-,0105203
-,2587403
-3,202906
-2,036929
-2,201119
0,2301354
0,5588601
-4,69202
sqrt(diag(V_b-V_B))
0,619227
0,0266203
0,0106373
0,0608474
1,705439
0,9006615
1,58884
0,0560357
0,6369034
3,868002
Source: Auteur
Tableau 5: Les niveaux législatifs et de supervision vis-à-vis des IMF
Type de législation
Pays
Lois spécialisées en microfinance
Burundi, pays de CEMAC(6), Comores, RDC Congo, Ethiopie,
Gambie, Gambie, Kenya, Madagascar, Mauritanie, Mozambique,
Rwanda, Uganda, pays de l’UEMOA (8), Zambie.
Projets de loi en microfinance
Cap-Vert, Soudan, Zambie
Lois plus générales portant sur les institutions
Angola, Botswana, Djibouti, Ghana, Lesotho, Liberia, Malawi,
financières ou non-financières et englobant les IMF
République de Maurice, Namibie, Nigeria, Sierra Leone, Sao Tome,
Afrique du Sud, Tanzanie, Zimbabwe, pays de l’UEMOA
Pas de cadre légal/législation
Erythrée, Somalie, Swaziland, Seychelles
Source : Sub-Saharan Africa Policy Mapping, CGAP, Août 2008.
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