POUR POUVOIR TOUCHER LES INDEMNITÉS DE LA CAISSE DE

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POUR POUVOIR TOUCHER LES INDEMNITÉS DE LA CAISSE DE
Almanach 1906 : P. 130
POUR POUVOIR TOUCHER
LES INDEMNITÉS DE LA CAISSE DE PREVOYANCE
Marins, chers amis, lisez et relisez avec soin ce qui suit, car chacun de vous est
exposé à la maladie ou aux accidents.
Nous avons bien indiqué plus loin les conditions de fonctionnement de la Caisse
de Prévoyance instituée par la loi du 21 avril 1898 : mais, ici, nous allons insister
davantage, car il est nécessaire que vous connaissiez parfaitement bien vos droits et
vos devoirs.
Pénétrez-vous bien de l’idée suivante : cette Caisse de Prévoyance a été fondée
pour vous donner des indemnités en cas de maladies ou d’accidents provenant de
votre profession. En somme, c’est une véritable assurance contre les maladies et les
accidents du métier. Voilà pourquoi, de même qu’une Compagnie d’Assurances
contre l’incendie ne paye d’indemnités que pour les incendies, de même la Caisse
de Prévoyance ne donne d’indemnités ou de pensions que s’il s’agit de maladies ou
d’accidents causés par l’exercice de la profession de marin.
Vous vous plaignez souvent de payer très cher pour la Caisse de Prévoyance et
de trouver vos rôles trop lourds pour votre bourse. C’est vrai et nous le regrettons
vivement pour vous, mais c’est comme cela pour toutes les assurances : il faut toujours
payer des primes. Et puis, si ce n’est pas vous qui en profitez, il faut vous en réjouir
quand même, car cela prouve que vous n’avez pas été malades, ou qu’il ne vous est
pas arrivé d’accident ! Si, au contraire, un malheur vous arrive, voyez comme vous
serez heureux de toucher une indemnité ou une pension !... Tandis qu’avant la fondation de la Caisse de Prévoyance vous n’auriez rien eu, ou, en tout cas, beaucoup
moins. Mais ce n’est pas tout de donner votre argent à la Caisse de Prévoyance, il
faut que vous sachiez bien ce qu’il faut faire pour toucher les indemnités ! N’oubliez
donc pas, si vous tombez malades à bord ou s’il vous arrive un accident, de faire de
suite votre déclaration au bureau de l’inscription maritime le plus voisin ; le patron doit
faire son rapport lui-même et il doit être raccompagné de deux témoins. Puis, le plus tôt possible, il doit demander un certificat, au médecin et le donner au bureau de la Marine. Ce
certificat du médecin doit indiquer la durée probable de la maladie et faire connaître
bien carrément si la maladie a été contractée à bord, ou si l’accident est arrivé en mer. La
déclaration doit être faite dans les deux mois du débarquement: après, elle ne peut plus
être reçue ; du reste il vaut mieux la faire de suite.
Rappelez-vous aussi qu’il faut avoir soin de dire exactement la vérité dans les déclarations ; il ne faut pas chercher à tromper sur l’origine de la maladie ou de la
blessure, sans cela la fraude vous exposerait à des poursuites très graves. Il faut, par
conséquent, que les déclarations soient bien d’accord avec le certificat médical : ainsi
il est arrivé qu’un patron déclarait qu’un matelot avait reçu une poulie sur la tête,
et il présentait en même temps un certificat de médecin disant que ce matelot avait
une maladie... d’estomac !
Vous pouvez avoir des maladies comme la tuberculose, la fièvre typhoïde, etc.,
pour lesquelles il est très difficile de savoir si elles ont été contractées en mer : dans
ce cas, il est indispensable que le certificat indique bien qu’elles viennent des fatigues de votre métier car cela seul vous permettra d’obtenir des indemnités que vous
n’auriez pas autrement.
« Mon pauvre ami, vous n’êtes
pas en règle, vous ne toucherez
rien. »
Un souhait en terminant, c’est que vous n’ayez ni maladie ni accident qui vous
oblige à recourir à la Caisse de Prévoyance. Mais enfin, si ce malheur vous arrive,
vous saurez maintenant ce que vous avez à faire et vous ne risquerez pas de vous
entendre dire aux bureaux de la marine : « Mon pauvre ami, vous n’êtes pas en règle,
vous ne toucherez rien. »
Almanach 1906 : P. 173
SOCIETES DE SECOURS ET DE PENSIONS
Sociétés mutuelles ! Mutualité ! On ne parle que de cela depuis
quelques années.. On a raison, car l’Association mutuelle est une vraie providence
pour le travailleur qui ne peut compter que sur ses bras.
Par l’Association mutuelle, le travailleur se prépare de gros intérêts pour ses économies. Grâce à l’Association mutuelle, il peut compter sur des secours lorsqu’il sera
malade ou blessé, et sur des indemnités lorsqu’il aura éprouvé des pertes matérielles
telles que perte de bateau. Ça vaut la peine n’est-ce pas que nous causions un peu
de mutualité.
Qu’est-ce que sont les Sociétés mutuelles ?
Pourquoi y a-t-il tant d’avantages à en faire partie ?
Comment ça se fait-il que ces Sociétés puissent donner tant d’argent ?
L’Association mutuelle c’est la réunion de plusieurs personnes (cent, mille, dix
mille, un million) qui versent tous les ans dans la caisse de la Société une petite
somme pour que cette Société puisse distribuer des secours aux sociétaires qui viennent à être malades ou blessés, ou donner une pension de retraite aux sociétaires
vivants lorsqu’ils seront vieux.
Pourquoi vous conseille-t-on d’en faire partie ? Parce qu’à notre époque difficile,
c’est le seul vrai moyen de s’assurer des secours dans la vieillesse ou dans la maladie.
Comment il se fait que les caisses de ces Sociétés peuvent payer tant d’argent ?
Ça c’est facile à comprendre : ce sont tous les sociétaires qui paient chacun une
petite cotisation, tandis que les sociétaires qui ont besoin de secours sont en très
petit nombre: la cotisation du grand nombre profite à quelques-uns.
En première ligne, il y a d’abord l’assurance sur la vie et contre les accidents professionnels qui a commencé à fonctionner le 1er janvier 1899, sous la direction et la
garantie de l’Etat : c’est la Caisse de Prévoyance. Tous les marins sont obligés d’en
faire partie.
Dans beaucoup de ports, se sont formées des sociétés mutuelles qui donnent des
secours.
Assurances de bateaux. - D’autres mutuelles sont des associations de
prévoyance qui assurent les bateaux. Voilà qui vous intéresse particulièrement : le Ministre de la Marine a décidé de ne jamais accorder de secours individuels pour perte
de bateaux ou d’engins de pêche aux marins habitant une localité où fonctionne
une société d’assurance ou de secours mutuels. C’est aux sociétés que le ministre
distribue les fonds dont il dispose. Nous ne comprenons pas qu’un patron intelligent puisse hésiter à faire assurer son bateau. On se dit qu’on est bon patron et qu’il
n’arrivera rien au bateau ; seulement, un beau jour, on est surpris par la mauvaise
chance comme les camarades, et j’en connais joliment qui ont bien regretté alors de
n’avoir pas pris la précaution d’assurer leur bateau. Tenez, prenez pour exemple, l’Association de prévoyance des patrons pêcheurs de Concarneau. Une fois sociétaire, le
patron d’un bateau de 2 à 5 tonneaux est certain d’obtenir pour lui, ou pour ses héritiers, s’il se noie, le paiement de 400 francs en cas de perte de bateau. Si, au lieu de se
perdre, le bateau ne subit que de grosses avaries, il recevra un secours égal aux deux
tiers de la réparation c’est-à-dire, que, s’il fait pour 150 francs d’avaries, la société lui
paiera 100 francs. Pour avoir droit à toutes ces faveurs il suffit d’être sociétaire, c’està-dire de payer d’abord un droit d’entrée qui est de 7 fr. 50, et puis, de payer tous
les mois la petite somme de 50 centimes. Pour les bateaux de plus de 5 tonneaux le
droit d’entrée est de 15 francs, la cotisation tous les mois est de 1 franc, mais aussi le
remboursement en cas de perte totale du bateau est de 800 francs.