voir l`article en PDF
Transcription
voir l`article en PDF
P R E S T I G E «This is to my Symphony». • 4 7 «What do you want a meaning for? Life is a desire, not a meaning!». Laura Chaplin maîtrise la peinture sur le bout des doigts A Vouvry (VS) la petite-fille de Charlot partage son temps entre la peinture et l’équitation. Trois thèmes qu’elle peint aussi bien avec les doigts que les pinceaux: son grand-père, les chevaux et les nus féminins. 8 ART DE VIVRE Quelques années clefs • Fille d’Eugène et petite-fille de Charlie Chaplin, Laura Chaplin est née le 1er février 1987 à Vevey. • Elle a vécu en Suisse jusqu’à ses 11 ans, puis à Londres jusqu’à ses 20 ans. Après ses études sur les bords de la Tamise, elle est revenue en Suisse en 2007. • En 2011, elle a fait sa première exposition à Montreux. Depuis cette même année, elle est la marraine de la Fondation valaisanne «Moi pour toit». • En 2016 est prévue l’ouverture du musée consacré à Charlie Chaplin qui était en projet depuis 2000. J U I N – S E P T E M B R E 2 0 1 5 9 P R E S T I G E • 4 7 «Dance as though no one were watching, Sing as if no one were listening, Love as if you have never been hurt, Live each day as if it were your last!». L aura Chaplin a trois passions qui la guident, jour après jour, inlassablement, dans sa peinture. Des thèmes presque obsessionnels «que j’ai choisis parce qu’ils me parlent». Ce sont son grand-père, l’immense Charlot, et les chevaux qui, à côté de la peinture, occupent aujourd’hui une bonne moitié de sa journée, tout particulièrement les nus féminins «parce qu’ils touchent ma sensibilité féminine»; adolescente, Laura Chaplin a d’ailleurs pratiqué quelques années durant le mannequinat pour Tommy Hifliger et pour la marque Seven Jeans. L’amour des chevaux, elle l’a connu très jeune au manoir de Ban, à Corsier-sur-Vevey, où elle a vécu les onze premières années de sa vie. «Une enfance merveilleuse, dans une famille de huit frères et sœurs». Elle s’en souvient comme si c’était hier. Sa grand-mère possédait trois poneys Shetland et son père Eugène la posait dessus alors qu’elle était encore bébé. Difficile d’échap10 per, dans ces conditions, au virus de l’équitation. A trois ans, elle fait ses premières armes de cavalière. «Les poneys étaient mes jouets. Il m’est arrivé de traverser un salon du manoir sur le dos de l’un d’eux. J’ai même chuté dans la piscine». Malgré quelques os brisés, la passion de Laura Chaplin pour les chevaux n’a jamais faibli. A Vouvry (VS), où elle s’est établie avec son atelier, elle dispose d’un manège. Elle possède deux chevaux qu’elle monte chaque matin, dès 7 heures, et elle en entraîne un troisième. Elle participe régulièrement à des concours de saut d’obstacles. «Je l’ai dans la peau» Laura Chaplin n‘a pas connu son grand-père. Il était décédé depuis dix ans lorsqu’elle est née. Mais toute son enfance a baigné dans le souvenir de cet artiste et elle lui voue une admiration sans borne. «On peut dire que je l’ai dans la peau. J’ai grandi au rythme de sa présence permanente à mes côtés. Peindre son portrait m’apporte ce lien étroit dont j’ai toujours rêvé». Un lien qui ne se brise pas, au contraire, lorsqu’elle quitte à 11 ans l’atmosphère familiale du manoir de Ban pour l’Angleterre, où ses parents l’envoient perfectionner son anglais. Depuis l’âge de 16 ans, elle porte la silhouette de son grand-père stylisée et tatouée sur son poignet droit. C’est à cette période aussi qu’elle plonge dans le monde des arts et du dessin, avec des études de cinéma ainsi que de psychologie, puis une formation en design de mode artistique. «Très jeune, j’avais déjà le goût du dessin et de la peinture. C’est d’ailleurs la seule branche scolaire qui me passionnait vraiment». Succès immédiat A son retour en Suisse, Laura Chaplin se décide à abandonner la mode pour se consacrer à la peinture «parce que la peinture me laisse plus de liberté et de créativité. Elle me permet d’expri- ART DE VIVRE «Laughter is timeless, Imagination has no age, Dreams are forever». mer mes sentiments et mes passions, alors que la mode est plus contraignante, je dois suivre des tendances. Et puis, la peinture me permet de faire revivre l’image de mon grand-père». En 2011, elle expose pour la première fois une cinquantaine de toiles à Montreux. Le succès est instantané et la conforte dans sa décision de faire de la peinture sa profession. En Suisse tout d’abord, puis à l’étranger, les expositions de ses œuvres se succèdent pratiquement sans discontinuer. Certaines d’entre elles participent même à des ventes aux enchères. Aujourd’hui, les cotes de ses toiles grimpent jusqu’à 20 000 francs. Pour peindre, l’artiste utilise des pinceaux, mais aussi ses doigts. Tout dépend de l’expression qu’elle entend donner à sa création. Pour les nus féminins, par exemple, elle préfère les doigts et elle disperse sur certaines toiles des matières telles que la soie ou la dentelle. En se fondant bien dans l’image, elles donnent au tableau un coup d’œil sculptural. Son contact quotidien avec les chevaux lui permet d’acquérir une profonde connaissance de leurs humeurs et de leurs expressions qu’elle exprime sur la toile, en ayant parfois, là aussi, recours à des matériaux comme les plumes pour les touches finales J U I N 2 0 1 5 – S E P T E M B R E Un livre sur le rire Bien que les chevaux et la peinture occupent l’essentiel de son temps, Laura Chaplin est aussi la marraine de la Fondation «Moi pour toit» créée par un Valaisan, Christian Michellod. «Encore un coup de cœur». admet-elle. Elle s’engage activement en faveur de cette institution qui vient en aide aux enfants d’une région défavorisée de Colombie. Elle explore d’autres pistes que les toiles où elle peut aussi exprimer son talent «parce que je travaille beaucoup au feeling». Elle signe les étiquettes des bouteilles de vin d’un producteur-encaveur valaisan, et s’apprête à en faire de même pour un fabricant suisse de crèmes de beauté pour femmes; elle a aussi décoré les murs d’un caveau veveysan. «Last but not least», elle écrit un livre consacré au rire qui sortira au printemps prochain. Le sujet ne surprendra pas ceux qui la connaissent, car le rire occupe une grande place dans la vie quotidienne de Laura Chaplin. «Je lui attribue une importance fondamentale. Il a des vertus thérapeutiques. J’ai fait mienne la devise de mon grand-père «Une journée sans rigoler est une journée gaspillée». Mon livre abordera les divers aspects du rire, même sous son aspect scientifique, avec des conseils à la clef…». n Etienne Oppliger Laura Chaplin expose actuellement et jusqu’au 19 juin 2015 à la galerie Espace Murandaz, 8, chemin du Midi, à Nyon. Jours et heures d’ouverture: mardi-vendredi de 14 heures 45 à 18 heures et samedi de 14 heures à 17 heures. www.espace-murandaz.ch 11