YVAN PERRIN Comment arrêter de fumer P. 17

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YVAN PERRIN Comment arrêter de fumer P. 17
Vendredi 20 juin 2014 // No 197
Genève
Vus ni connus
P. 5
CHF 3.50 // Abonnement annuel CHF 140.– // www.vigousse.ch
Vaud
Renens d’alcool
P. 8
Science
Fils de tut
P. 10
Yvan Perrin
Comment arrêter
de fumer P. 17
JAA – 1300 Eclépens PP/Journal – Poste CH SA
2
C ’ E S T P A S P OUR DIRE !
Giroud de secours
Laurent Flutsch
M
onsieur Dominique Giroud, vous êtes
un authentique génie. Un héros. A vous seul,
vous êtes parvenu à mettre en pleine lumière
un nombre considérable de turpitudes
et de dysfonctionnements, à des échelles
variées. Franchement, vous mériteriez une statue équestre.
D’abord, vos magouilles fiscales ont révélé crûment
l’ampleur du copinage local entre bigots écônards du Parti
démocrate-chrétien. Un superbe pavé dans la mare politique
valaisanne, où quelques gros poissons surpris en eaux
troubles manquent subitement d’air, sauf l’air embarrassé,
l’air faux-jeton et l’air malin. Félicitations.
Ensuite, votre art consommé du frelatage et de l’usurpation
d’étiquettes a montré au grand jour les pratiques
frauduleuses dans certaines franges du négoce vinicole.
A la clé, des enquêtes et des analyses en cascade,
des consommateurs édifiés, des promesses de contrôles
plus sérieux à l’avenir. Bravo et merci !
Et voilà que vous passez à l’échelon supérieur :
loin de vous reposer sur vos lauriers, vous étendez
vaillamment votre œuvre salutaire à la Confédération.
Votre tentative d’espionnage illégal sur des journalistes
exhibe une fois de plus à la face du monde les sottises
des services secrets fédéraux, dévoile les incompétences
et le marasme ambiant, fait vaciller leur hiérarchie, ébranle
Ueli Maurer. Du beau boulot, vraiment.
Les agissements de l’agent qui, pour votre compte, détourne
des données confidentielles et tente d’infiltrer
les ordinateurs de journalistes sont-ils simplement
le fait d’une brebis galeuse stupide et cupide, recrutée trop
légèrement ? Ou reflètent-ils, au sein des services secrets
suisses, une mentalité fossile marquée par la méfiance
envers la presse et la tendance à son flicage ? Quoi qu’il
en soit et dans le meilleur des cas, l’affaire que vous avez
si habilement déclenchée aboutit à une vraie petite
merveille : un chef des services de renseignement qui déclare
n’être au courant de rien.
Dominique Giroud, merci mille fois. On vous aime.
Et surtout, continuez.
Q UE L L E S E M AINE !
3
affaires en court
LE CHIFFRE
Appel du large
Sur demande du
Danemark, la Cour
européenne de justice
doit déterminer si
l’obésité est ou n’est
pas un handicap dans
le monde du travail.
La décision est très
attendue, car si le
surpoids excessif est
officiellement classé
comme handicap, les
employeurs devront
s’adapter à toutes sortes
de nouvelles obligations :
des chaises et autres
équipements de bureau
adaptés, des places
de stationnement à
proximité, une limitation
des déplacements, etc.
Bref, un travail énorme.
300
Le groupe énergétique zurichois
Axpo prévoit de biffer 300
postes de travail dans les
trois années à venir. Dans
son communiqué, l’entreprise
relève que dans sa zone de
desserte (Suisse centrale et
Suisse du Nord-Est), « le recul
de la consommation, les
changements de fournisseurs
et la baisse des prix ont été
préjudiciables aux recettes ».
C’est vrai que les économies
d’énergie et le libre marché, ça
vous tue un monopole.
Enchères en plus cher
Vendre son vieux boguet de gré à gré sur Ricardo.ch, c’est bientôt fini. La plateforme
de vente aux enchères deviendra en effet, dès le 1er juillet, « plus professionnelle » :
autrement dit, elle percevra une taxe de 8 % sur le prix final. Dans Bilanz (14.06.14),
le directeur Yves Mäder confirme en signalant que la marge est plus intéressante sur
le marché du neuf. Un argument qui n’est pas de première fraîcheur.
Forêt
désenchantée
Au cours des quinze dernières
années, 80 % des jaguars peuplant
la forêt tropicale atlantique, qui
ne cesse de diminuer au profit des
terrains agricoles, ont été décimés.
Une étude du Centre brésilien
de recherche et conservation des
mammifères carnivores (Cenap)
a récemment diffusé des chiffres
d’une inquiétante précision : il ne
reste que 250 félins dans cette forêt,
dont seulement 50 sont en âge de
se reproduire… L’avenir du jaguar ?
Une extinction qui fait tache.
Cas de rage
Lundi 16 juin, Yvan Perrin jetait
l’éponge. Du coup, le trop fameux
Frédéric Hainard, qui en 2010 avait
dû quitter le gouvernement au
bout d’une année et après divers
scandales, frétille déjà : en fonction
des circonstances, confie-t-il à
L’Express-L’Impartial (14.06.14), il
se portera à nouveau candidat au
Conseil d’Etat neuchâtelois. Car,
dit-il, « il a le virus ». En effet : pour
briguer un siège au gouvernement
après s’en être fait éjecter, il faut
vraiment être malade.
Viol plané
Lancée en Belgique, la nouvelle campagne d’Amnesty International
dénonce avec force et impact la culture du viol. Sous forme de test
audio, l’association invite à vérifier si l’on est capable d’entendre
distinctement quand une femme dit non... Des ondes de choc.
Vigousse vendredi 20 juin 2014
Vigousse vendredi 20 juin 2014
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E S P ÈCE D ’ IDIO M E !
FAIT S DIVER S
Fluctuing nec mergiting
Langue chargée Les gardes-frontière du Léman croient bon d’afficher leur présence
en anglais. Et à cet égard, il y a quelque chose à déclarer.
Judicieusement nommée Artémis
(déesse grecque de la chasse),
la nouvelle vedette des gardesfrontière suisses sur le Léman
a été baptisée au champagne le
10 juin dernier à Ouchy. Ce fier
vaisseau fédéral arbore, à l’avant
de la cabine et en énormes caractères sur les flancs, l’inscription
jaune fluo « BORDER GUARD »
en anglais dans le texte. C’est
qu’il s’agit, comme le rapporte
complaisamment la Tribune de
Genève (11.06.14), « d’être compris par le plus grand nombre ».
Quel est donc, au sein de l’administration fédérale des douanes,
le consternant concentré d’imbécile* qui considère que sur le
lac Léman, à la frontière entre la
France et la Suisse romande, « le
plus grand nombre » est anglophone ? Quel est le lamentable
abruti décérébré pour qui le symbole lacustre de la Confédération
helvétique, de son territoire et
de son identité doit s’incarner
en anglo-amerloque ? Quel est le
sombre débile bouché à l’émeri
qui s’avère infoutu d’envisager que les douanes françaises,
quant à elles, se signalent en
langue française et que ça fonctionne très bien ? Ne réalise-t-il
pas, ce navrant taguenet, que son
« Border Guard » lémanique est
bêtement ridicule ?
Sans doute ce triste sire est-il
de la même obédience angloconne qui sévit à la poste, aux
CFF, à Swisscom et jusque dans
l’administration fédérale. N’en
déplaise à ce cuistre, non seulement « le plus grand nombre »
est à l’évidence et de très loin
francophone, mais une part non
A Sion,
le bio carbure
au diesel
Rétro Quand les camions
peinent à la montée, reste
encore la solution de faire
marche arrière.
négligeable de la population
n’est pas anglophone : « Border
Guard » est donc globalement
moins compris que « gardesfrontière ».
Et qu’on ne vienne pas raconter
vague à l'âne
que le Léman et son littoral sont
peuplés de Terriens cosmopolites
en raison de la Genève internationale, des raouts montreusiens
ou du palace d’Evian, ce qui justifierait la priorité à l’anglais vernaculaire : l’argument ne tient
pas une demi-seconde. D’autant
que les gabelous du lac, c’est leur
premier-lieutenant François Brun
qui le dit, interviennent fort peu
contre les trafics illicites transfrontaliers : « C’est très, très rare.
Bon, il arrive parfois qu’il y ait un
peu de contrebande de marchandises destinées à des restaurants
suisses. Mais ça a bien baissé ces
dernières années. » Or on imagine
que les dangereux criminels commettant ce genre de délits comprennent le français. Pour le reste,
la vedette des gardes-frontière appuie parfois la gendarmerie cantonale et le sauvetage, lesquels se
signalent en français. Enfin, les
uniformes des douaniers portent
la désignation « gardes-frontière »
en français, allemand et italien,
c’est tout. Cherchez la cohérence.
Dès lors, de trois choses l’une :
soit l’appellation « Border Guard »
est en réalité une ruse pour
approcher les délinquants non
polyglottes sans éveiller leur
méfiance ; soit elle relève d’une
frime risible et plus ou moins
consciente qui consiste à se la
jouer héros de série télé amerloque ; soit, et c’est forcément
compatible avec les deux autres
hypothèses, il s’agit de pure ânerie. Laurent Flutsch
* non connu de la rédaction
En automne 2008, la ville de
Sion annonçait qu’elle allait désormais collecter les poubelles
de manière écologique. Grâce à
l’entreprise locale Luginbühl SA
et à ses camions qui rouleraient
au biocarburant, l’ordure serait
plus propre.
Lesdits véhicules arborent aujourd’hui encore le slogan « Je
roule bio ! » sur fond vert. Mais
tout n’est pas rose pour les visionnaires. Un lecteur a un sérieux coup de pompe en voyant
les camions-bennes avaler du
diesel, et ce depuis plus d’une
année. Il paraît qu’avec le bio, le
moteur peine à démarrer le matin
à froid et que l’engin ne tire pas à
la montée. A la ville de Sion, on
renvoie à l’entrepreneur : « Ça ne
nous concerne pas. »
Hélas ! Seul habilité à répondre
selon ses divers collaborateurs,
le patron Jean-Bruno Luginbühl
a dû enchaîner les séances du
matin au soir lundi 16 juin : il n’a
pas trouvé cinq minutes pour répondre à nos questions. Pourtant,
dans Le Nouvelliste (03.09.08), il
avançait : « Le recours à des carburants écologiques ne peut que
favoriser l’image de l’entreprise et
satisfaire quelques ambitions environnementales. De plus, cela incite
les gens à une réflexion sur le remplacement du fuel. »
L’image continue donc à rouler
sur les camions ; mais l’opération
de communication se recycle biologiquement en publicité mensongère… J.-L. W.
FAIT S DIVER S ET VARI É S
Onze ans d’inexistence
Histoire de flou De nationalité canadienne, un couple d’exilés russes vit à Genève depuis onze ans,
sans domicile, sans papiers, sans statut, sans trace de son existence nulle part. Un méli-mélo dont Eric
Stauffer s’est mêlé sans rien démêler.
Sensation étrange : parler de vive
voix à des personnes disparues
sans laisser d’adresse, sans aucun
statut légal. Bien vivants pourtant, Alexander Roschin-Rosenberg, 63 ans pile aujourd’hui,
artiste peintre, et Héléna Machulsky, 48 ans, sont depuis onze
ans à Genève.
Leur saga commence en 1993
quand ils débarquent au Canada
pour demander l’asile. Ils ont
fui deux ans auparavant l’Union
soviétique, où ces chrétiens de
confession mais « juifs de sang » se
disent victimes d’antisémistisme.
Ils obtiennent pourtant rapidement la nationalité canadienne.
En 2001, Héléna Machulsky,
professeur de français et d’allemand, travaille dans un centre
pour la petite enfance quand
elle croit découvrir un trafic de
gosses. De jeunes orphelins, souvent d’origine asiatique, seraient
vendus aux Etats-Unis. Exploitation sexuelle, filière commerciale d’adoption ? Elle n’obtient
aucune réponse ni de la police ni
de la justice. Comme il se trouve
quelques Helvètes à la direction
de sa crèche, elle s’adresse au
consulat suisse à Montréal.
Entre-temps, ses questions insistantes et dérangeantes lui valent
d’être licenciée. Pire, le couple
se sent menacé : des quidams
auraient tenté à deux reprises de
les écraser en voiture. Oralement,
le consul leur promet, selon eux,
un permis d’établissement et de
l’aide en Suisse.
Ils arrivent donc à Genève en
2003. Et depuis onze ans, ils y
vivent sans domicile fixe. Ils ont
5
cru un moment avoir le soutien
d’Yvan Perrin, de Luc Barthassat
ou de Filippo Lombardi.
Mais en définitive c’est Eric
Stauffer, conseiller administratif d’Onex et député MCG, qui,
dès janvier 2012, tente de venir
en aide aux deux exilés. Sympa,
c’est lui qui reprend contact avec
l’OCP. Las ! Ses démarches pour
leur obtenir un permis humanitaire échouent. Stauffer propose
ensuite au couple de lui prêter un placard dans une école
pour qu’ils puissent au moins y
déposer leurs bagages sous clé,
le temps de la procédure. Ils y
rangent des huiles sur toile, des
livres, des photos et des affaires
personnelles.
Mais en été 2013, changement
de musique : Stauffer leur demande de récupérer ce barda. Et
en septembre, alors qu’ils sont
encore en possession des clés,
ils constatent que leurs valises
ont disparu. Eric Stauffer précise que leurs affaires ont été
déplacées, mais qu’elles restent
à leur à disposition. Mais voilà,
les deux sans-papiers redoutent
un traquenard : ils soupçonnent
Stauffer de vouloir, sous prétexte
de récupérer leurs biens, les attirer à l’OCP, à Onex justement, en
vue de les expulser. Héléna est en
effet convaincue que leur renvoi
au Canada est prévu.
Alexander Roschin-Rosenberg et
Héléna Machulsky n’ont jamais
déposé de demande d’asile en
Suisse. Pourtant, l’Office cantonal
genevois de la population (OCP)
leur refuse le permis d’établissement en arguant que l’Office
des migrations (ODM)
une rance errance fédéral
aurait reçu une demande de
leur part en 2003, que cette
requête aurait été rejetée. Or
blir en Argovie, « mais à Baden, l’ODM confirme n’avoir jamais
c’était encore plus difficile qu’à été sollicité. Allez comprendre…
Genève ». En 2005, à Fribourg, Ne ménageant pas ses efforts pour
ils sont mis en garde à vue, puis tenter de régler son problème, le
relâchés ; mais leurs passeports couple a rencontré la moitié des
parlementaires fédéraux. Il a
sont confisqués.
dormi à l’aéroport, chez l’habitant, dans la rue, six ans dans
un foyer catholique. Certains
commerçants leur donnent de la
nourriture. Ils ont essayé de s’éta-
Contacté, Eric Stauffer estime
que ce serait effectivement la
meilleure solution : « J’ai tout
essayé pour les aider, mais ils
s’enferment dans leur histoire de
complot. Renseignements pris,
ils ne risquent rien au Canada »,
affirme-t-il. Eux se sentent toujours menacés à Montréal. Et
donc ils préfèrent rester clandestinement au bout du lac avec
le non-statut de personnes disparues. Ainsi Genève l’humanitaire abrite-t-elle encore, sur
ses trottoirs, deux individus qui
n’existent pas… Jean-Luc Wenger
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Vigousse vendredi 20 juin 2014
Vigousse vendredi 20 juin 2014
6
conso & consorts
Gentillesse automatique
Robot pour être vrai Sur
la Toile, l’amitié est devenue si
formatée qu’elle peut être gérée
par des logiciels. Trop sympa.
« Joyeux anniversaire », en toutes
les langues, sont les mots les plus
rédigés sur le réseau social Facebook. Un message traditionnellement posté sur le « mur » de ses
« amis » et qui se mue en indicateur de popularité.
Une application se charge désormais d’adresser lesdits vœux, corvée ennuyeuse et routinière s’il en
est. BirthdayBuddy, lié au navigateur Google Chrome, permet en
effet de souhaiter automatiquement un bon anniversaire à ses
amis Facebook. Il publie un message personnalisé avec le prénom
du destinataire en organisant une
rotation des formules pour ne pas
se faire démasquer.
Beaucoup plus fort, le site IFTTT.
com propose carrément d’automatiser entièrement son comportement sur les réseaux sociaux.
Après quelques minutes de ré-
En France et en Angleterre, bon
nombre de femmes ont troqué
leurs tampons habituels pour
la coupe menstruelle, élaborée
par des marques aux noms poétiques : Mooncup, Lady Cup ou
encore Diva Cup. Ce petit récipient en silicone chirurgical se
place dans le vagin, pendant
les menstrues évidemment, afin
qu’il recueille le sang. Une fois
plein, il se retire à l’aide d’une
petite tige : l’utilisatrice le vide,
le rince et le remet. Une désinfection de l’objet à l’eau bouillante est préconisée une fois
par mois.
Vigousse vendredi 20 juin 2014
Langue
vivante
Turing Club
Intelligence Superficielle Les médias ont rapporté
qu’un logiciel était parvenu à se faire passer pour un humain,
réussissant ainsi le test de Turing pour la première fois. Il
s’agissait en fait d’une escroquerie se faisant passer pour une
information, ce qui n’a rien d’une première.
glages tout simples, le logiciel se
chargera de poster des statuts pour
commenter la météo de la ville où
se trouve la personne inscrite. C’est
le logiciel aussi qui envoie de gentils messages aux nouveaux amis
ou qui commente aimablement les
photos postées par d’autres.
En pleine expansion, ce service
fonctionne aussi, depuis peu, avec
les téléphones portables. Il permet
par exemple automatiquement
d’adresser un tendre message à
son conjoint lorsque le GPS détecte qu’on est en train de quitter
le boulot. Très romantique.
Quand un logiciel remplace sans
peine ce qu’on dit aux gens qu’on
aime, n’est-ce pas le moment de se
renouveler ? Jonas Schneiter
Changement de règles
Souffrance, mauvaise humeur,
abstinence sexuelle forcée…
C’est ce qu’endurent bien des
femelles mammifères une fois
par mois. Et chez les humaines
s’ajoute la nécessité d’éponger
discrètement les pertes.
7
FAIT S DIVER S ET VARI É S
De prime abord, le truc semble
étrange, voire un peu barbare. Pourtant, il l’est bien moins que les tampons traditionnels, qui absorbent
les bonnes bactéries de la flore et
causent souvent irritations ou mycoses. N’étant pas absorbante, la
coupe évite ces désagréments. Et sa
matière est nettement moins douteuse que celle des protections de
supermarché, faites de coton farci
de substances chimiques telles que
la dioxine, jamais mentionnées sur
les emballages.
Le prix convainc lui aussi. En
moyenne, une femme dépense
entre 60 et 80 francs par an pour
ses tampons et autres pattes-à-cul
alors que la coupe, réutilisable
pendant plus de dix ans, coûte
environ 50 francs.
Enfin, si plus de femmes adoptaient ce procédé, la planète ne s’en
porterait que mieux. Une étude de
Cette semaine, le site suisse de vente
en ligne Fashionfriends propose
une sélection d’articles coquins,
dont certains peuvent à première
vue laisser perplexe. Parmi ces
articles, le Sqweel 2, pudiquement
décrit comme un appareil « de stimulation orale ».
Un tour sur KISSKISS.ch suffit à
confirmer qu’il s’agit bel et bien
d’un simulateur de cunnilingus.
Que les puristes se rassurent : s’il
ressemble à l’hybride d’une girouette et d’un épilateur, il a été
conçu pour faire quelque chose
qui ressemblerait (enfin) à un
cunnilingus. Malgré un manque
flagrant de romantisme, l’appareil, avec ses « multiples langues
tournoyantes », a visiblement une
langueur d’avance... Sasha Durant
Sans thé !
Greenpeace prouve en effet que
l’industrie des protections hygiéniques est l’une des plus polluantes
au monde. Chaque année, les Terriennes jettent plus de 45 milliards
de serviettes. Une femme, durant sa
vie, balance à la poubelle entre 100
et 150 kg de serviettes, tampons et
applicateurs.
Des arguments sang pour sang
convaincants, quoi. Mais en
Suisse, pour l’instant, hélas, seules
quelques pharmacies et boutiques
branchées nature vendent les fameuses coupes. A croire que les
distributeurs helvètes s’en tamponnent. Noémie Matos
Liste des points de vente Mooncup en
Suisse : http ://www.mooncup.co.uk/
languages/fr/achetez-maintenant/
suisse.html ; commande en ligne sur
kisskiss.ch
Le groupe Carlsberg,
connu entre autres pour
ses bières pour femmes
(comprenez bières su­
crées, les femmes
n’étant rien d’autre
que des enfants qui
s’ignorent), a décidé
de lancer un produit
qui devrait enfin
enrayer l’alcoolisme
ravageur des amateurs de thé froid :
le thé froid sans
alcool. Gageons que
ce produit, innovant s’il en est, saura se faire une place
chez les repentis du
goulot, qui retrouveront enfin le goût
du thé froid sans
ivresse. S. D.
Ça y est, les machines sont fin
prêtes pour dominer le monde ! A
grand renfort de communiqués de
presse extatiques, l’université de
Reading, en Angleterre, a annoncé
que, pour la première fois, un programme informatique avait « passé
le test de Turing », ce qui constitue
une « étape historique » dans le
développement de l’intelligence
artificielle, et plus généralement
un « événement [qui] entrera dans
l’histoire comme l’un des plus excitants d’entre eux », selon l’organisateur du « test » en question.
Les médias n’ont évidemment pas
tardé à reprendre cette info révolutionnaire, encore que, il faut pour
une fois le signaler, notre presse locale s’en soit largement abstenue.
Le 20 minutes du 10 juin titrait
néanmoins : « Un cerveau virtuel
capable de berner les humains ».
De quoi s’agit-il ? Le « test de
Turing », proposé en 1950 par le
génial mathématicien Alan Turing,
est aussi simple que déroutant.
Derrière un écran se cache soit
un humain, soit un ordinateur.
En posant des questions, il s’agit
de déterminer si on a affaire à
l’homme ou à la machine, sur la
base des réponses obtenues sous
forme de texte. Turing suggérait
que si l’ordinateur parvenait ainsi
à se faire passer pour un humain,
on pourrait le considérer comme
« intelligent ».
L’espèce humaine a-t-elle ainsi
enfin été bernée, 65 ans après l’invention du test ? Qu’on se rassure,
on est encore loin de Terminator.
Le gagnant du test est en effet un
simple « chatbot », un algorithme
très rudimentaire permettant de
générer des réponses pré-programmées, qui se fait spécifiquement passer pour un gamin de
13 ans très mauvais en anglais...
En gros, il peut répondre « Je ne
comprends pas votre question » à
n’importe quelle question, ce qui
a visiblement suffi à convaincre
un tiers du jury composé essentiellement de people.
Par ailleurs, l’organisateur de
l’événement est un charlatan
notoire coutumier de ce genre
d’annonces aussi fracassantes que
bidon. Notons encore que le test
de Turing a été passé des dizaines
de fois depuis les années 70. Un
programme nommé PARRY, par
exemple, pouvait incarner à la perfection un paranoïaque aux yeux
de psychiatres. Et en 1974 déjà,
l’informaticien Joseph Weizenbaum ironisait qu’il avait conçu un
ordinateur simulant à la perfection
l’autisme infantile : son machin ne
répondait tout simplement pas…
Rien à signaler donc, mais le
plus déprimant dans cette histoire, c’est que l’idée originale
d’Alan Turing est toujours com-
prise de travers. La question qu’il
se posait n’était pas technologique mais philosophique. Pour
lui, la question « les machines
peuvent-elles penser ? » n’avait pas
de sens tant qu’on n’aurait pas de
critères stricts pour définir ce qu’est
l’intelligence humaine. D’où son
test, un simple « jeu d’imitation »
démontrant que l’intelligence,
jusqu’à preuve du contraire, c’est
simplement ce qui est perçu comme
tel. Le but n’était pas d’en faire un
concours à la con pour ordinateurs, mais bien de demander, par
un renversement de perspective,
en quoi consiste exactement l’intelligence humaine.
A voir la manière dont Turing et
son test furent traités, la question
reste encore largement ouverte.
Sebastian Dieguez
Computing Machinery and
Intelligence, A. Turing, Mind, vol. 49,
1950, pp. 433-460.
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Vigousse vendredi 20 juin 2014
8
f a i t s d i v e r s e t v a r i és
PLUS VRAI QUE
VECU
Q UE L L E S E M AINE !
Audience en correctionnelle dans un tribunal d’arrondissement.
Noms fictifs mais personnages réels et dialogues authentiques.
« Vous étiez déjà beurré
comme un petit Lu… »
Monsieur Barro est accusé de lésions corporelles simples,
agression, vol, dommages à la propriété, injures, menaces,
violation de domicile, incendie intentionnel, entrave à la
circulation publique, violation grave des règles de la circulation
routière, empêchement d’accomplir un acte officiel, conduite
en état d’ébriété qualifiée et d’incapacité, vol d’usage, conduite
sans permis, contravention à la loi fédérale sur les stupéfiants et
contraventions municipales.
– Deux condamnations aux mineurs et vous voilà devant le
tribunal correctionnel à 20 ans. Joli cursus… commente le juge.
– Et il s’est illustré par une sacrée série de délits, complète le
procureur. C’est l’un des meneurs de la racaille des « 1020 »
qui ont instauré un climat délétère dans le quartier de la gare
de Renens.
– L’épaisseur de l’acte d’accusation en témoigne, constate
le magistrat. Mais selon votre avocate, une année de prison
avant jugement vous a permis de réfléchir et de devenir
coopératif. Donc pas besoin de passer en revue les 23 chefs
d’accusation ?
– Non, il y en a juste quatre qui posent quelques soucis : les 3, 6,
9 et 11. Pour le reste, mon client admet, répond la défense.
– Donc les vitrines cassées, les magasins cambriolés, les
WC publics endommagés, les passants insultés et menacés,
les voitures abîmées et forcées, les vols en tout genre, les
poubelles et autres biens de la commune défoncés, les
policiers provoqués et insultés, la consommation de drogue
et d’alcool, les nuisances sonores, et j’en passe, vous
reconnaissez ?
– Ouais, mais j’étais alcoolisé, quoi.
– Alors vous commencez tout de suite par parler différemment,
rugit le juge ; on n’est pas dans la banlieue lyonnaise, à ce que
je sache ! Et vous acceptez de payer les dédommagements
demandés par les plaignants, 2903,15 francs pour la
commune, 600 francs pour la Coop, 6299 francs pour les
chemins de fer… (au total, plusieurs dizaines de milliers de
francs).
Pas fier, l’accusé acquiesce.
– Passons aux cas problématiques. Un : vous avez lancé une
barrière de chantier sur la chaussée, provoquant une collision
en chaîne.
– J’avais la rage et j’ai balancé un coup de pied dans la
barrière. J’ai rien lancé.
– Un témoin vous a vu lancer la barrière, il vous a dit d’arrêter
et vous l’avez insulté, soupire le procureur.
– Ah ! Si y a un témoin, j’ai peut-être fait ça alors.
– Deux : avec votre bande, vous avez fracturé la porte d’une
jeep et y avez volé des trucs avant d’y mettre le feu.
– J’ai sprayé le tableau de bord et j’ai allumé, mais je ne
croyais pas que la bagnole allait flamber. Je n’ai pas
fait exprès !
– Quand on joue avec des produits chimiques et du feu, il faut
pourtant s’attendre à ce genre de choses. Trois : avec vos amis,
vous avez volé une Renault, conduit sans permis en ayant bu
et fumé. La police vous a pris en chasse. S’en est suivie une
sauvage course-poursuite.
– Les clés de la caisse, c’est mon pote qui les a trouvées par
terre, on les a pas volées !
– J’ai du mal à me fier à vos souvenirs. Si ça se trouve, vous
étiez déjà beurré comme un petit Lu… Quatre : un soir, place
de la gare à Renens, vous et vos amis avez agressé deux
jeunes hommes. Vous avez mis un coup de poing à l’un et,
alors qu’il était à terre, vous lui avez violemment asséné des
coups de pied à la tête, lui cassant une dent et la mâchoire à
trois endroits distincts.
– Je me suis senti menacé, il tenait sa bouteille agressivement.
– Il aurait pu mourir ! s’énerve le juge. Vous devez réaliser la
gravité de vos actes et cesser de tout mettre sur le compte de
l’alcool et des autres.
– J’ai déconné, mais cette année en prison m’a permis de
beaucoup réfléchir. Quand je vais sortir, j’arrête de boire, je
trouve un boulot et je fais plus ce genre de trucs.
– D’ailleurs, intervient son avocate, si mon client a un
sparadrap sous l’œil, c’est qu’il voulait bien paraître devant
la cour et qu’il a donc dissimulé son tatouage. Il ne s’est pas
battu en prison, qu’on se le dise.
Reconnu coupable, monsieur Barro écope de 36 mois ferme,
desquels sont déduits les 372 jours déjà purgés. Il est en
outre astreint à suivre un traitement ambulatoire pour ses
addictions. Et les 38 303,75 francs de frais de procédure
sont à sa charge. Lily
Relent de générosité
Homos les grands remèdes
Depuis des années, le prêtre Gérard
Riffard à Saint-Etienne (France)
héberge des demandeurs d’asile dans
son église (quarante adultes et douze
enfants vivent actuellement sous
son toit). Une attitude qui l’a mené
au tribunal mercredi dernier ! Le
jugement sera rendu le 10 septembre,
mais le procureur a requis une
amende de 11 950 euros : la charité
chrétienne ne paie pas.
En avril 2013 à Paris, en plein débat sur le
mariage gay, quatre jeunes ont violemment
tabassé un couple d’hommes. L’agression
a suscité un grand émoi. L’un des accusés,
qui a « juste » observé la scène, a été
condamné à 6 mois avec sursis. Un autre,
mineur, doit bientôt comparaître devant un
juge des enfants. Quant aux deux derniers,
ils viennent d’être condamnés à 30 mois
de prison. Une peine de mœurs.
Vigousse vendredi 20 juin 2014
Histoires
9
Pot aux roses
Edwin Tobergta est le nouveau
champion du monde des
addictions incongrues. Cet
habitant de l’Ohio vient de
subir sa troisième arrestation
pour… rapport sexuel impliquant
du matériel de piscine rose.
L’homme a en effet été aperçu
alors qu’il s’adonnait aux plaisirs
charnels avec un matelas
pneumatique rose sur un bord de
route. Gonflé !
Femmes infâmes
Les hommes sont-ils des boulets ? Telle
est la question qu’on peut se poser
face à la multiplication des lieux et
autres événements « women only ».
Entre les salles de fitness, soirées et
autres « Ladies Nights » organisées par
Pathé cinéma, les individus de sexe
masculin seraient en droit de crier à la
ségrégation. Le phénomène touche à
son paroxysme avec, à Rio, un métro
interdit aux hommes.
Le phénomène est d’autant plus choquant
que les mâles, eux, ne versent pas dans
cette tendance. Tout au plus se disent-ils
que s’ils organisent une soirée foot, les
femmes ne viendront sans doute pas.
Comment expliquer ce comportement
de cour de récré de la part de femmes
matures, prétendument émancipées par
surcroît ? Les mêmes femmes qui par
ailleurs réclament l’égalité et regrettent la
différenciation opérée par le paternalisme
ambiant ? S’agit-il d’éviter d’éventuelles
agressions sexuelles, si courantes dans les
salles obscures, d’assurer la survivance
du gynécée, de maintenir les hommes
dans l’illusion d’un complot mondial, dont
ils finiront, infâmes oppresseurs, par être
les victimes ? Le mystère reste entier.
L’agacement aussi. Sa. D.
Dent le mille !
Des chercheurs britanniques ont
mis au point une technique révolutionnaire pour guérir les caries de
manière indolore. Plus besoin de
fraiser, de reboucher et d’agresser !
Grâce à une préparation de l’émail
et à un simple – et léger ! – courant
électrique, la dent amorcera un
phénomène de recalcification naturelle. Un processus qui met l’eau à
la bouche.
Vigousse vendredi 20 juin 2014
10
B IEN P ROFOND DAN S L ' ACTU
Le bonheur à 120 décibels
LE COURRIER
DU CHIEUR
Pitch
Le journal intime du professeur Junge Cette semaine : j’exprime bruyamment ma joie pour des endives,
un taille-crayon, l’inspecteur Derrick et du gazon. Ce qui n’est pas plus stupide que de le faire pour du football.
Aux romantiques
épouse m’a préparé des endives au
jambon, mon plat préféré. Lorsque
mon assiette arrive sur la table, je
ne me sens plus de joie. Je cours à
la fenêtre, l’ouvre en grand et hurle
d’allégresse tout en sautant sur
place et en agitant les bras pendant
dix minutes. Les voisins sortent
dans la rue et me crient de la fermer. Mais je gueule bien plus fort
qu’eux.
Mardi. Le personnel de l’écono-
mat a mis six mois à traiter ma demande, mais le grand jour est enfin
arrivé : le nouveau taille-crayon
que je réclame depuis si longtemps
m’a été livré. Je suis submergé par
un bonheur sans bornes. J’ouvre le
tiroir inférieur de mon bureau pour
m’emparer de la vuvuzela que je
conserve là pour de telles occasions
et fais le tour de l’open space une
vingtaine de fois tout en soufflant
comme une brute dans mon instrument. Les collègues se bouchent
les oreilles et se plaignent que je les
empêche de travailler, mais quand
même, ils pourraient essayer de
comprendre, ce n’est pas tous
Et toc !
les jours qu’on reçoit un taillecrayon neuf.
Jeudi. Après avoir tondu mon gazon, je suis tellement content du résultat, avec pas un brin d’herbe qui
dépasse, que pour fêter ça, je vais
chercher des feux d’artifice dans la
cabane de jardin. Pendant plusieurs
Le 8e conseiller fédéral
Ainsi donc, vendredi, la tuile : je
Chers amoureux transis,
heures, j’allume fusées, vésuves et
soleils pour bien signaler à tout le
monde que j’ai un beau gazon. A
court de pétards, j’empoigne mon
fusil d’assaut et vide une centaine de
chargeurs vers le ciel. Je déclenche
ensuite l’explosion de quatre tonnes
de TNT que je gardais dans des barils au garage au cas où. Finalement,
je bois trois caisses de bière, casse
toutes les bouteilles et vomis sur la
pelouse du voisin.
Euh…
Heil,
chef…
Vous n’y mettez pas
beaucoup d’enthousiasme…
Heil !
Ben quoi ?
C’est frais et
sympa.
Depuis son bunker sous le Palais fédéral, il dirige dans le plus grand secret le Gouvernement helvétique.
Heil, Simonetta !
En effet, je ne
suis pas très à
l’aise avec votre
idée d’utiliser le
salut nazi entre
nous…
Heil !
Et je trouve que
ça a de la gueule !
J’ai toujours aimé la façon dont les
SS saluent dans les films de guerre.
Ils respirent l’autorité
et la confiance en eux.
Heil !
Vigousse vendredi 20 juin 2014
Gamin-d’œuvre Pour abattre des tâches fastidieuses, voire
pénibles, avec un rendement optimal et à moindres frais,
rien ne vaut le recours à des ouvriers en chair et en gosse.
Un ami, c’est quelqu’un qui devine
toujours quand on a besoin de lui,
disait Jules Renard. En omettant de
préciser que l’ami, justement parce
qu’il le devine, en profite pour se
barrer aussi sec.
Mercredi. Nous regardons en
famille un épisode de la série
Derrick dont je viens d’acheter
l’intégrale en DVD. L’histoire
est tellement géniale que, une
fois que défile le générique de fin,
je ne peux m’empêcher de bondir
vers ma voiture et de foncer dans
la nuit toutes vitres baissées en
klaxonnant comme un beau diable,
en grillant des feux rouges et en
faisant des dérapages, tandis que
ma femme et mes enfants beuglent
à pleins poumons en agitant des
drapeaux à l’effigie de l’inspecteur
allemand. Après avoir traversé la
ville dans tous les sens pour clamer notre extase et informer les
gens que Derrick, c’est super, nous
rentrons nous coucher vers 4 h du
matin.
Du bon usage des enfants
Vendredi. La Coupe du monde de
foot vient de commencer. Après
chaque match, des milliers d’abrutis klaxonnent, tirent des fusées,
gueulent, cassent des bouteilles…
Mais pourquoi est-ce que ces
demeurés pensent que ça m’intéresse de savoir que leur équipe a
gagné ? Je n’en ai rien à secouer
du football, bande de dégénérés !
Professeur Junge, phare de la pensée
contemporaine
Ecoutez, chef, je sais bien
que le Tribunal fédéral a
autorisé le salut nazi.
Mais je pense qu'on devrait
laisser ça, comment dire...
aux nazis, justement...
Vous voulez dire que nous
ne sommes pas nazis ?
Ben
non...
Je suis très déçu...
En plus je venais de commander des
uniformes pour tout le Conseil fédéral...
Dans « La marche à l’Etoile »,
l’écrivain Vercors raconte la
vie de Thomas Muritz, jeune
Hongrois qui traverse l’Europe
pour rejoindre à Paris le fameux, l’unique pont des Arts.
Une fois arrivé, il s’éprend
de « ce point du monde où l’on
embrasse à la fois l’Institut, le Louvre, la Cité et les
quais aux bouquins, les Tuileries, la butte latine jusqu’au
Panthéon… ». Vous reconnaissez votre pont préféré ? Cet
endroit idéal, où vous vous
laissez emporter par votre romantisme exacerbé en y déposant
un cadenas, symbole d’un amour
éternel. Les boutiques de gravures vous proposent désormais
des modèles personnalisables,
en forme de cœur, cui-cui les
petits oiseaux, jusqu’à 80 euros pour un exemplaire en plaqué or. Vous me direz qu’après
tout quand on aime, on ne…
Croulant sous les cadenas de
l’amour, le pont, qui jadis
suscitait l’admiration de Vercors le temps d’un (anti)vol
de baiser, n’offre plus qu’un
tableau calfeutré. Ça vous
fait rêver, vous, cette partouze touristique ? Enchaînés
pour la vie… un joli vœu pieux
certes. Dommage que ces cadenas
ne rapportent pas autant que
la fontaine de Trevi à Rome,
où sont jetés chaque année des
centaines de milliers d’euros.
Sous le poids de l’amour, vos
élans du cœur dignes de la petite maison dans la niaiserie
ont récemment fini par faire céder une grille du pont. Pauvres
romantiques, votre couple résistera t-il à ce désenchantement ? Ecoutez Johnny.
dois mettre sous pli 500 invitations
à envoyer le lendemain et curieusement tous les potes sont sur messagerie. Peu encline à lécher un
demi-millier d’enveloppes (le goût
doucereux de la colle m’écœure),
je me mets en quête de maind’œuvre gratuite et corvéable à
merci : autrement dit, des enfants.
Peu familière de cette sous-catégorie humaine, je crois néanmoins
savoir qu’elle pullulle dans les
parcs publics. Allons-y ! Une fois
sur le lieu de recrutement, il s’agit
d’adopter une tactique habile. Premier objectif : repérer des gosses
non surveillés. Avisant un groupe
de jeunes prépubères qui jouent au
foot, je leur demande s’ils ont envie
de faire un truc vachement marrant. Réponse : « Plus marrant que
le foot ? » Bon, d’accord. Ceux-ci ne
feront pas l’affaire. Ils ont déjà développé les rudiments d’un esprit
critique, d’où de prévisibles objections du genre « mais pourquoi on
doit faire ça ? », « tu nous donnes
quoi en échange ? », « t’as pas d’amis
pour t’aider ? ». Non merci.
Plus loin, des mômes plus jeunes,
apparemment oisifs, semblent
mieux adaptés à mes besoins.
Je leur explique la tâche. Ils
semblent trouver ça amusant.
C’est ça qui est formidable avec
les tout-petits : un rien les enchante. Avec leurs petites mains
agiles et leur entrain naïf, ils se
mettent à l’ouvrage. Je pense alors
avoir trouvé la solution parfaite,
efficace et rentable : à ce rythme
de travail, dans deux heures, c’est
plié.
C’est compter sans l’intervention
inopinée mais ferme d’un papa,
manifestement très rigide sur les
fréquentations de sa progéniture.
« Mais puisque ça les amuse... »
tenté-je d’argumenter. Apparemment, lui pas. Tant pis !
En fait, ce qu’il faudrait, c’est des
enfants de cet âge-là mais qu’on
emmènerait à bonne distance de
leurs parents. Et pour un meilleur
rendement, il faudrait les mettre
le long d’une table, où chacun
effectuerait une tâche définie selon une chaîne opératoire stricte :
plier l’invitation, la mettre dans
l’enveloppe, lécher, fermer.
Exploitation du travail des enfants ? Mais non, voyons : entraide
intergénérationnelle autour d’un
objectif très louable, à savoir favoriser le secteur traditionnel de la
poste suisse. Sinon, la prochaine
fois, je ferai un envoi groupé par
courrier électronique. Mais il est
tout de même déplorable qu’une
fois de plus, la morale entrave le
progrès. Sasha Durant
Allons enfants...
Jeudi 12 juin s’est déroulée
la 12e journée mondiale de
lutte contre le travail
des enfants. Pour l’occasion,
Terre des Hommes
a lancé une campagne
d’un cynisme déconcertant
mais diablement efficace :
recruter ouvertement,
par annonces fictives,
des enfants pour des travaux
pénibles et dégradants.
C’est que l’exploitation
des gamins reste massive
sur la planète. Selon l’Unicef
en effet, près de 158 millions
d’enfants de 5 à 14 ans
sont forcés de travailler.
A noter que dans son « 19.30 »
du 12 juin, Darius Rochebin,
plus optimiste ou moins
informé, ou distrait, a réduit
ce nombre à seulement
5 millions et demi. Comme
quoi améliorer la situation
est un jeu d’enfant !
Le strip de Vincent
Refusez de mourir d’amour enchaîné !
Flora Midy
131
Lundi. Pour le repas de midi, mon
11
test à claques
Vigousse vendredi 20 juin 2014
12
CU L TURE
CU L TURE
Un film
Des dessins
Robert déconne, Ariane décolle
BROUILLON
DE CULTURE
Allez Marseille ! Dans Au fil d’Ariane, Robert Guédiguian suit le fil de son imagination
dans le labyrinthe des passions tout en déclarant sa flamme à sa femme, Ariane Ascaride.
Marche ou crève ? Marche et rêve,
oui ! Car, nom d’une pipe, ceci
n’est pas un film mais une «fantaisie ». Une échappée belle, un
paquet-surprise, une bouillabaisse
onirique. Quand le Marseillais
Robert Guédiguian nous raconte
des histoires, c’est un crack et ça
fait un effet spécial. Merci, MythoMan ! Plus belle la vie, c’est au
cinéma, pas sur France 3 ! Embellir la vie, c’est exactement ça Au
fil d’Ariane. A l’heure de fêter son
anniversaire, Ariane se retrouve
seule avec des bougies sur le gâteau mais l’âme éteinte, le souffle
coupé. Alors elle ouvre la porte de
sa maison et entre dans un rêve
coloré, un monde où la solidarité
et la chaleur humaine ne sont pas
des valeurs obsolètes, un univers
I am ! – Mais IAM, c’est marseillais ! ») ou une tortue qui parle !
A prendre comme une respiration dans l’œuvre du cinéaste de
l’Estaque, Au fil d’Ariane, film qui
agit comme un antidépresseur, qui
milite pour l’utopie, plaide pour
le rêve, est aussi un formidable
cadeau offert à Ariane Ascaride,
que son mari filme ici plus amoureusement que jamais.
On sort de là avec l’envie d’embrasser son voisin. Et ce n’est pas
parce que toute cette bande-là
est marseillaise qu’on exagère !
Bertrand Lesarmes
où l’on ne s’étonne même pas de
rencontrer un écrivain local qui se
prend pour un Amerloque (« Vous
êtes vraiment américain ? – Yes,
Au fil d’Ariane, de Robert Guédiguian,
avec Ariane Ascaride, Jean-Pierre
Darroussin, Gérard Meylan, Jacques
Boudet. Durée : 1 h 40. En salles.
arbitres, on ne sait pas très bien).
Un rare panel de gens toujours
pourvus d’une bonne vision (une race
meilleure ou des membres de la FIFA,
on ne sait pas très bien) va essayer
de débarrasser la planète de ce fléau
feuillu et rampant.
C’est visuellement beau et assez
débile, mais c’est basé sur l’excellent
roman de John Wyndham, qui avait
déjà écrit la source du mythique
Village des damnés. Pour terminer,
ce film constitue enfin la preuve
définitive que nous tentions de
fourguer à nos mères respectives
il y a bien longtemps : les légumes
(ou le foot, on ne sait pas très bien),
c’est vraiment très dangereux pour la
santé ! Michael Frei, Karloff, films
Des védés
Vert de Terre
En période de coupe du monde
de football, on ressent parfois
l’irrépressible envie de tuer 99 %
de la population. Ça tombe bien
puisque la réédition d’un classique
de SF bas budget des années
50 permet justement de vivre
ce violent fantasme.
Des plantes vertes de l’espace
attaquent les humains, tous devenus
aveugles (à la suite d’une météorite
hyperlumineuse ou parce qu’ils sont
Gare aux grilles par
1
2
3
4
5
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
Vigousse vendredi 20 juin 2014
6
cultes, rares et classiques, Lausanne
La révolte des
Triffides, de
Steve Sekely,
1962, Sidonis,
Vost, DVD,
93 min.
égé no 63
7
8
9
10
HORIZONTAL 1 Là pas de tracas pour la Carioca en string ou en footing 2 Gaveras
un quidam d’islam 3 Parts de panards – Clique sur zygomatique 4 Gros morceau
de musique – Position d’Harpagon quant à ses ronds 5 Footeux yougo contre
Diego et sous Tito – En même temps que lui le déluge 6 Ont la jouissance d’une
résidence 7 Telles des expressions de langage hors d’âge 8 Connut Camus –
Quintessence de substance 9 Ferait feu à petit feu – Tours et retour
10 Pas accidentels selon le philosophe.
VERTICAL 1 Dans le camp du Vatican 2 Funèbre pour célèbre – Pierre, pionnier
de cette filière 3 Distinguent les châtelains des vilains 4 Antiblocage en voyage –
Bâtiment dans le délabrement 5 Le septième quand ils s’aiment – Projet de Gê
6 Exprimât violemment son sentiment – Neutralité en cité anglaise 7 Cri de guerre
grégaire – Pelage de cochon sauvage – La Lega en est gaga 8 Piquets de slalom
pour les avants de l’OM 9 Héberge Blanche-Neige – Pierre plate d’en bas
10 Plantes qu’on cultive parce que décoratives – Vaches pour qui veut leur mort.
Solution pour les nuls dans le prochain numéro
[email protected]
SE BALADER Durant une journée,
une pléthore de dessinateurs
professionnels suisses et étrangers
s’emparent des rues veveysannes et
laissent exprimer leur talent
sur d’immenses formats, transformant
la ville en une BD géante. Traits forts.
Pictobello, centre-ville de Vevey, samedi
21 juin, www.pictobello.ch
BOUGER De la musique et des
mouvements pour une scénographie
graphique. L’air du temps. reSpire,
un projet de Dorothée Julien réalisé
par le collectif Pasdequoi, Théâtre de
l’Arbanel, Treyvaux, les 21 et 22 juin,
www.arbanel.ch
APPRéCIER Un trio musical
tessinois aux accents entraînants et aux
airs entêtants. Un avant-goût du sud.
Paolo Rota – Chansons en italien, Chat
noir, Carouge, le 25 juin à 19 h,
entrée libre, www.chatnoir.ch
SAVOURER Bien avant et au-delà
de l’islam existe l’érotisme arabe entre
culture et tradition. De l’éducation
textuelle. L’érotisme arabe : une
diversité amoureuse aux antipodes
de l’intégrisme, conférence de Malek
Chebel, Club 44, La Chaux-de-Fonds,
jeudi 26 juin à 20 h 15, www.club-44.ch
DéNICHER Un écrivain allemand
méconnu à découvrir dans une
lecture d’extraits choisis. A mots
ouverts. Malade d’avoir laissé passer
l’amour, d’après les motifs de Berlin
Alexanderplatz d’Alfred Döblin,
production : Dantor’s conspiracy,
Théâtre du Grütli, Genève, jusqu’au
29 juin, www.grutli.ch
GAMBERGER Une exposition
qui interroge les relations entre
l’architecture, les bâtiments et leurs
histoires. Des goûts de pierres. Entre
quatre murs, Ancien Pénitencier et
Musée d’art, Sion, jusqu’au 31 août,
www.musees-valais.ch
éGReNER Des techniques des
Romains aux performantes techniques
contemporaines en passant par le
mildiou et les pluies, l’histoire de la
vigne et de son nectar se savoure…
sans modération. In Vully veritas,
Musée de Morat, jusqu’au 5 octobre,
www.museummurten.ch
Gotlib incontournable
Expo-à-brac Pour suivre Gotlib à Paris,
prenez comme guide une coccinelle.
Gotlib est un monument, un monument vivant. Pour s’en convaincre,
si c’est encore nécessaire, une magnifique exposition se tient à Paris
jusqu’au 27 juillet.
Marcel Gotlib est né à Paris en 1934
dans une famille d’immigrés juifs,
les Gottlieb. Déporté, son père est
assassiné à Buchenwald en février
1945. Le petit Marcel est un enfant
caché pour échapper à la persécution antisémite dans la France occupée. Une expérience traumatisante
qui l’a marqué et qu’il raconte avec
force et humour dans son autobiographie J’existe, je me suis rencontré
(Flammarion, 1993).
Quant à cette exposition, elle réunit plus de 150 planches originales
publiées mais jamais exposées,
ainsi que des archives photographiques, écrites et audiovisuelles.
De ses débuts en 1954 au Journal
de Mickey, puis à Vaillant, Pilote,
L’Echo des savanes et Fluide glacial,
on retrace toute l’œuvre de Gotlib.
Sa rencontre avec Goscinny et la
création des fameux Dingodossiers.
La rubrique-à-brac où son sens
de l’absurde et du pastiche signale
l’héritier des traditions de l’humour
juif et anglo-saxon. Gotlib ne cache
pas son admiration pour les Marx
Brothers, Buster Keaton, Laurel et
Hardy. On mesure aussi sa proximité avec les Monty Python et
l’humour grinçant cultivé dans le
magazine Mad et la BD américaine
underground. L’enfant à l’étoile jaune
a saisi le sens de l’absurde, il sera critique et libertaire.
Dans l’Echo des savanes, puis à
Fluide glacial, il explore les pulsions
sexuelles et brocarde les religions. Il
crée dans les années 1970, pour le
magazine Rock&Folk, son fameux
personnage Hamster jovial, le chef
scout empreint de grands principes
et de bonne humeur youkaïdi youkaïda. Chaque épisode voit Hamster
jovial découvrir un groupe de rock
qui fait l’actualité.
Gotlib, qui adorait Brassens, venait
alors exprimer à la rédaction, avec
son accent titi parisien à couper au
couteau, son admiration pour les
Beatles. L’auteur de ses lignes, jeune
dessinateur à Rock&Folk, était là : il
en reste ému et émerveillé.
Les mondes de Gotlib. Musée d’art et
d’histoire du judaïsme, rue du Temple 71,
7503 Paris. Jusqu’au 27 juillet.
Février, fait d’hiver
Où l’on reparle de la votation du
9 février dernier « contre l’immigration de masse », de ses conséquences
et du clivage entre gens d’ici et voisins du nord de la Sarine, voire entre
villes et campagnes. Question posée :
« Les Romands sont-ils suisses ? » Réponse : « Temps de merde, mieux vaut
aller se recoucher. » C’est Debuhme,
alias Philippe Baumann, qui le dit.
Pour connaître l’opinion des autres,
il va falloir se rendre à Morges, où la
Maison du dessin de presse expose
pas moins de 24 dessinateurs, pour
13
Dessin de Debuhme
paru dans Vigousse No 179
(14.02.14).
l’essentiel romands bien sûr. Dont
sept, Bénédicte, Caro, Mix&Remix,
Pigr, Pitch, Plonk & Replonk et Debuhme, justement, sont de fidèles
collaborateurs de Vigousse.
Accords de libre circulation, préférence nationale, difficultés promises
aux entreprises exportatrices, mais
également drames humains engendrés par le résultat de cette votation
sont autant de thèmes abordés par
cette nouvelle exposition à laquelle
ont été conviés non seulement des
gens aussi (re)connus que Martial
Leiter, Burki, Herrmann ou encore
Vincent L’Epee, mais également
une bonne demi-douzaine de dessinateurs plus « discrets ». Mais pas
moins talentueux. Roger jaunin
Les Romands sont-ils suisses ? Maison
du dessin de presse, Morges (VD).
De mercredi à
dimanche de
14 à 18 h, le
samedi de 10 à
18 h. Entrée libre.
Jusqu’au 17.08,
www.maisondu­
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Vigousse vendredi 20 juin 2014
R e b u t S d e p r e ss e
Des concours,
des coups de cœur,
des dégustations,
Effusions fusionnelles
des rencontres,
Edité par des associations et syndicats de journalistes, Edito+Klartext,
magazine des médias bimestriel, s’adresse avant tout aux professionnels
de la profession, mais le ton employé n’a parfois rien à envier à Vigousse.
Ainsi cette « lettre ouverte à Jacques Pilet » parue dans le numéro de juin.
Une diatribe adressée au journaliste historique de 24 heures, de la TSR,
au fondateur du Nouveau Quotidien et de L’Hebdo, où il reste aujourd’hui
chroniqueur. Ça envoie sec : « L’Hebdo était bon pour la tête. Aujourd’hui,
il est surtout bon pour les chasseurs de bonnes affaires, ceux qui traquent
les « 100 plus belles terrasses gourmandes » (…) ou pour ceux qui rêvent de
bomber le torse au ‘Forum des 100’. » Et de dézinguer ensuite les manœuvres
du grand Jacques, qui chercherait en coulisses à fusionner L’Hebdo avec Le
Temps, dont il serait d’ailleurs « l’artisan du rachat » par le groupe Ringier…
des animations
enfants…
À l’occasion de son anniversaire,
votre librairie Payot de Nyon
vous réserve une quantité de
surprises les 25 et 28 juin !
Un magazine en quête de contenu, un quotidien à l’agonie, un septuagénaire
aux manettes, des collègues qui balancent : qui a dit que les médias étaient
en crise ? Au contraire, il s’y passe des choses passionnantes ! S. D.
Présomption
d’ignorance
Demandez
le programme
en magasin et sur
www.payot.ch
Chaque jour, Le Matin
propose à ses lecteurs
le concours Win qui
permet de gagner de 100 à
10 000 francs (au lecteur
de choisir la somme qui
le tente le plus). L’intitulé
du truc est ainsi troussé :
« Vous n’avez pas lu le roman
ou vu le film l’île au trésor,
mais vous en connaissez sans
doute l’histoire. » C’est très
sympathique, cette façon de
postuler l’inculture crasse
du lectorat. Encore heureux
que Le Matin parte du
principe que son public sait
lire. Sa. D.
Payot Nyon
fête ses
Esprit
de contraction
Le Matin, comme toute la
presse du mercredi 11 juin,
a accordé un large écho au
débat du Conseil national sur
l’initiative Ecopop. Intitulé
« Halte à la surpopulation –
Oui à la préservation durable
des ressources naturelles »,
le texte a été laminé. Emu
sans doute, un correcteur
du Matin un brin trop zélé a
transformé, dans l’éditorial
comme dans le titre de
l’article, Ecopop en Ecocop.
Si le nom Ecopop est une
contraction pour « écologie »
et « population », Ecocop
serait-il une contraction pour
« écologie » et « copulation » ?
Méfions-nous du Gandhi raton
La Librairie francophone est une
émission de radio littéraire animée par Emmanuel Khérad. Des
libraires français, belges et suisses y
critiquent des livres. Le 7 juin, ils se
sont retrouvés pour parler de La nuit
de Maritzburg.
Le sujet est intéressant. La nuit
de Maritzburg retrace les jeunes
années de Gandhi, notamment en
Afrique du Sud. On y apprend qu’il
se plongea vite dans le bain du racisme quand des blancs le virèrent
d’un train où il avait eu le toupet de
prendre un billet en première classe.
Ou quand Gandhi s’offusquait de la
présence des noirs africains, qu’il
comparait à des animaux.
Eh oui, c’est comme ça : le racisme
prend parfois des couleurs inattendues. Ça n’enlève rien aux mérites
ultérieurs du Mahatma, qui permit à
l’Inde d’être indépendante. Du reste,
pendant l’émission, personne n’a
paru choqué à cet instant.
Mais plus tard, l’hôte de La librai-
rie francophone a parlé de « déception » en se posant « des questions sur
la crédibilité de Gandhi ». Pourquoi
donc ? Parce qu’en 1938 Gandhi
écrivit à Hitler pour le dissuader de
partir en guerre. Il commençait sa
missive par « Cher ami » et la terminait par « Je reste votre ami sincère ».
Pour Gilbert
Sinoué, l’auteur du livre,
c’est là une
« erreur face
à Hitler ».
Qu’est-ce
que Gandhi
aurait
dû
écrire ? « Enculé de ta race,
fais la paix si t’as
des couilles » ? Sinoué ajoute : « Il y
a des moments où
même les grands
hommes sont à
côté de la plaque. Il
n’a pas vu la shoah. »
Lui seulement ?
Ensuite, quand on lui
demanda ce qu’il pensait
du projet de la création
d’Israël, Gandhi dit qu’il
était contre. Il pensait que
la terre d’un homme est
celle où il est né et que le sionisme était un danger pour le
Proche-Orient.
Là encore, émoi des critiques :
comment est-ce possible ? Nous
sommes-nous trompés ? Gandhi
était-il un salaud ?
Mais avec un peu de recul, on
comprend le point de vue de
celui qui voulait voir les Anglais
« Dans une famille qui a des soucis d’argent, ce n’est pas en
mettant Madame sur le trottoir qu’on arrange les choses. »
Signé Louis Ruffieux, rédacteur en chef de La Liberté,
dans Edito+Klartext de juin, à propos de la mixture entre
contenus rédactionnels et publicité ainsi que du vaste
racolage pratiqués pas certains journaux. Un commentaire
qui va droit aux putes ! J.-L. W.
ON S’EN FOOT !
A l’heure de la sieste, et pour la modique
somme de 1000 dollars, les écoliers
américains pourront désormais se
protéger des tireurs fous à l’aide de
couvertures pare-balles.
Faute de vitamines A, près de
700 000 enfants meurent chaque année
en Afrique. Sous le patronage de la
fondation Bill et Melinda Gates, une
« super banane » génétiquement modifiée
pourrait prochainement être introduite
en Ouganda.
On s’en foot, y a l’Mondial !
retourner vivre là où ils avaient
vu le jour plutôt que de foutre le
bordel en Inde.
Un regard critique historique, et
pas seulement littéraire, serait
utile pour ne pas souiller bêtement la trajectoire d’un homme.
Stéphane Bovon
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En vente chez Payot et Naville
Tous les cinq ans, George Bush Senior
a l’habitude de fêter son anniversaire
en effectuant un saut en chute libre.
Rebelote le 12 juin dernier, 90 bougies
sur le gâteau. C’est con, le parachute
s’est ouvert.
Géraldine « Gégé » Fasnacht vient
d’effectuer le premier vol en wingsuit
depuis le sommet du Cervin. Dieu merci,
la voile l’a portée jusqu’en plaine.
On s’en foot, y a l’Mondial !
Poppy, 24 ans – l’équivalent de 113 ans
pour un être humain – et considéré
comme le chat le plus vieux du monde,
est mort. Le record établi par Creme
Puff, décédé à l’âge de 38 ans et 3 jours,
tient toujours.
L’existence même du poisson-scie est
menacée. La faute aux gastronomes qui
raffolent de ses ailerons et aux pêcheurs
des Caraïbes qui, pour ne pas crever de
faim, ne cessent de le traquer.
On s’en foot, y a l’Mondial !
Un Australien cocu a mis en vente la
robe de mariée de son épouse infidèle.
Au plus offrant et « à qui a la naïveté de
croire en la parole d’une femme ».
Les ouragans qui portent un nom féminin
sont trois fois plus meurtriers que ceux
prénommés au masculin. La faute aux
imprudents qui, sous prétexte qu’ils
s’appellent Cindy plutôt que Charley, ont
tendance à sous-estimer leur force.
On s’en foot, y a l’Mondial !
Et ce sera tout pour cette semaine.
Roger Jaunin
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Vigousse vendredi 20 juin 2014
Vigousse vendredi 20 juin 2014
16
{
B é B E RT D E
PLONK & REPLONK
}
L A S UITE AU P ROC H AIN NU M É RO
Quand Neirynck trinque
Dans ce genre d’événements, le plus
dur, c’est d’imaginer la vie après.
C’est qu’il va falloir du temps pour
s’en remettre. Oh, ce n’est pas tant le
choc initial – inouï, glaçant, sidérant
– qui vous fige ainsi sur place, mais
bien l’épouvantable incertitude du
manque à venir, ce trou insondable
où logent sournoisement la solitude, la détresse et la peur.
On l’aura compris, ce n’est pas de
l’arrêt de 120 secondes qu’il s’agit –
cataclysme planétaire relativement
mineur en comparaison – mais
de l’éviction de Jacques Neirynck
de son propre parti. « L’histoire
en direct », s’exclamait l’animateur
de Forum (RTS La 1ère, 11.06.14),
qui rapportait, incrédule, l’inimaginable séisme qui frappe le PDC.
Il faut se représenter l’ampleur de
l’événement : Christophe Darbelley
avait promis à Neirynck un siège
aux Etats pour 2015 s’il quittait le
national d’ici là. « Béglé au national, Neirynck aux Etats », c’était le
deal. Hélas, même un monument
Vigousse vendredi 20 juin 2014
de clairvoyance aussi affûté qu’un
professeur honoraire de l’EPFL –
chaire des Circuits et Systèmes,
section électricité – n’a su prévoir
l’impensable : la direction du PDC a
retourné sa veste.
Ainsi, l’assemblée générale du PDC
Vaud a entériné le 10 juin, sans la
moindre opposition, l’éviction programmée du doyen de la Chambre
du peuple (82 ans), en faveur d’un
peu de sang neuf (Claude Béglé,
64 ans). « Stratégie globale du parti », ils ont osé appeler ça. Stratégie
sans le vieux, oui !
Les confins éthérés du cosmos
intergalactique résonnent toujours
des échos de cet incroyable coup
d’état : « Stupéfaction ! » « Méthodes
staliniennes ! » « Insulte ! » « Licenciement abusif ! » « Maltraitance ! »
« Guerre ouverte ! »
Oui, le malheureux professeur,
chroniqueur, conseiller national,
blogueur, romancier, essayiste,
belge, catholique, donneur de leçons et pourvoyeurs d’opinions,
est manifestement inquiet. Pensez :
si on le vire de la politique, que va
devenir la Suisse ? Privé de ses analyses sur tout et n’importe quoi,
quelle boussole orientera désormais
le citoyen ordinaire ?
Mais il s’accroche, Neirynck, et
déjà fomente sa vengeance. On
dit même qu’il pourrait profiter
de sa retraite pour se lancer en
politique. Sebastian Dieguez
Il a dit
la semaine prochaine
(ou du moins ça se pourrait bien)
« Un train ne peut pas
en cacher un autre. »
G. Pepy,
patron des chemins
de fer français
Vigousse Sàrl, rue du Simplon 34, CP 1499, CH-1001
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