YVAN PERRIN Comment arrêter de fumer P. 17
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YVAN PERRIN Comment arrêter de fumer P. 17
Vendredi 20 juin 2014 // No 197 Genève Vus ni connus P. 5 CHF 3.50 // Abonnement annuel CHF 140.– // www.vigousse.ch Vaud Renens d’alcool P. 8 Science Fils de tut P. 10 Yvan Perrin Comment arrêter de fumer P. 17 JAA – 1300 Eclépens PP/Journal – Poste CH SA 2 C ’ E S T P A S P OUR DIRE ! Giroud de secours Laurent Flutsch M onsieur Dominique Giroud, vous êtes un authentique génie. Un héros. A vous seul, vous êtes parvenu à mettre en pleine lumière un nombre considérable de turpitudes et de dysfonctionnements, à des échelles variées. Franchement, vous mériteriez une statue équestre. D’abord, vos magouilles fiscales ont révélé crûment l’ampleur du copinage local entre bigots écônards du Parti démocrate-chrétien. Un superbe pavé dans la mare politique valaisanne, où quelques gros poissons surpris en eaux troubles manquent subitement d’air, sauf l’air embarrassé, l’air faux-jeton et l’air malin. Félicitations. Ensuite, votre art consommé du frelatage et de l’usurpation d’étiquettes a montré au grand jour les pratiques frauduleuses dans certaines franges du négoce vinicole. A la clé, des enquêtes et des analyses en cascade, des consommateurs édifiés, des promesses de contrôles plus sérieux à l’avenir. Bravo et merci ! Et voilà que vous passez à l’échelon supérieur : loin de vous reposer sur vos lauriers, vous étendez vaillamment votre œuvre salutaire à la Confédération. Votre tentative d’espionnage illégal sur des journalistes exhibe une fois de plus à la face du monde les sottises des services secrets fédéraux, dévoile les incompétences et le marasme ambiant, fait vaciller leur hiérarchie, ébranle Ueli Maurer. Du beau boulot, vraiment. Les agissements de l’agent qui, pour votre compte, détourne des données confidentielles et tente d’infiltrer les ordinateurs de journalistes sont-ils simplement le fait d’une brebis galeuse stupide et cupide, recrutée trop légèrement ? Ou reflètent-ils, au sein des services secrets suisses, une mentalité fossile marquée par la méfiance envers la presse et la tendance à son flicage ? Quoi qu’il en soit et dans le meilleur des cas, l’affaire que vous avez si habilement déclenchée aboutit à une vraie petite merveille : un chef des services de renseignement qui déclare n’être au courant de rien. Dominique Giroud, merci mille fois. On vous aime. Et surtout, continuez. Q UE L L E S E M AINE ! 3 affaires en court LE CHIFFRE Appel du large Sur demande du Danemark, la Cour européenne de justice doit déterminer si l’obésité est ou n’est pas un handicap dans le monde du travail. La décision est très attendue, car si le surpoids excessif est officiellement classé comme handicap, les employeurs devront s’adapter à toutes sortes de nouvelles obligations : des chaises et autres équipements de bureau adaptés, des places de stationnement à proximité, une limitation des déplacements, etc. Bref, un travail énorme. 300 Le groupe énergétique zurichois Axpo prévoit de biffer 300 postes de travail dans les trois années à venir. Dans son communiqué, l’entreprise relève que dans sa zone de desserte (Suisse centrale et Suisse du Nord-Est), « le recul de la consommation, les changements de fournisseurs et la baisse des prix ont été préjudiciables aux recettes ». C’est vrai que les économies d’énergie et le libre marché, ça vous tue un monopole. Enchères en plus cher Vendre son vieux boguet de gré à gré sur Ricardo.ch, c’est bientôt fini. La plateforme de vente aux enchères deviendra en effet, dès le 1er juillet, « plus professionnelle » : autrement dit, elle percevra une taxe de 8 % sur le prix final. Dans Bilanz (14.06.14), le directeur Yves Mäder confirme en signalant que la marge est plus intéressante sur le marché du neuf. Un argument qui n’est pas de première fraîcheur. Forêt désenchantée Au cours des quinze dernières années, 80 % des jaguars peuplant la forêt tropicale atlantique, qui ne cesse de diminuer au profit des terrains agricoles, ont été décimés. Une étude du Centre brésilien de recherche et conservation des mammifères carnivores (Cenap) a récemment diffusé des chiffres d’une inquiétante précision : il ne reste que 250 félins dans cette forêt, dont seulement 50 sont en âge de se reproduire… L’avenir du jaguar ? Une extinction qui fait tache. Cas de rage Lundi 16 juin, Yvan Perrin jetait l’éponge. Du coup, le trop fameux Frédéric Hainard, qui en 2010 avait dû quitter le gouvernement au bout d’une année et après divers scandales, frétille déjà : en fonction des circonstances, confie-t-il à L’Express-L’Impartial (14.06.14), il se portera à nouveau candidat au Conseil d’Etat neuchâtelois. Car, dit-il, « il a le virus ». En effet : pour briguer un siège au gouvernement après s’en être fait éjecter, il faut vraiment être malade. Viol plané Lancée en Belgique, la nouvelle campagne d’Amnesty International dénonce avec force et impact la culture du viol. Sous forme de test audio, l’association invite à vérifier si l’on est capable d’entendre distinctement quand une femme dit non... Des ondes de choc. Vigousse vendredi 20 juin 2014 Vigousse vendredi 20 juin 2014 4 E S P ÈCE D ’ IDIO M E ! FAIT S DIVER S Fluctuing nec mergiting Langue chargée Les gardes-frontière du Léman croient bon d’afficher leur présence en anglais. Et à cet égard, il y a quelque chose à déclarer. Judicieusement nommée Artémis (déesse grecque de la chasse), la nouvelle vedette des gardesfrontière suisses sur le Léman a été baptisée au champagne le 10 juin dernier à Ouchy. Ce fier vaisseau fédéral arbore, à l’avant de la cabine et en énormes caractères sur les flancs, l’inscription jaune fluo « BORDER GUARD » en anglais dans le texte. C’est qu’il s’agit, comme le rapporte complaisamment la Tribune de Genève (11.06.14), « d’être compris par le plus grand nombre ». Quel est donc, au sein de l’administration fédérale des douanes, le consternant concentré d’imbécile* qui considère que sur le lac Léman, à la frontière entre la France et la Suisse romande, « le plus grand nombre » est anglophone ? Quel est le lamentable abruti décérébré pour qui le symbole lacustre de la Confédération helvétique, de son territoire et de son identité doit s’incarner en anglo-amerloque ? Quel est le sombre débile bouché à l’émeri qui s’avère infoutu d’envisager que les douanes françaises, quant à elles, se signalent en langue française et que ça fonctionne très bien ? Ne réalise-t-il pas, ce navrant taguenet, que son « Border Guard » lémanique est bêtement ridicule ? Sans doute ce triste sire est-il de la même obédience angloconne qui sévit à la poste, aux CFF, à Swisscom et jusque dans l’administration fédérale. N’en déplaise à ce cuistre, non seulement « le plus grand nombre » est à l’évidence et de très loin francophone, mais une part non A Sion, le bio carbure au diesel Rétro Quand les camions peinent à la montée, reste encore la solution de faire marche arrière. négligeable de la population n’est pas anglophone : « Border Guard » est donc globalement moins compris que « gardesfrontière ». Et qu’on ne vienne pas raconter vague à l'âne que le Léman et son littoral sont peuplés de Terriens cosmopolites en raison de la Genève internationale, des raouts montreusiens ou du palace d’Evian, ce qui justifierait la priorité à l’anglais vernaculaire : l’argument ne tient pas une demi-seconde. D’autant que les gabelous du lac, c’est leur premier-lieutenant François Brun qui le dit, interviennent fort peu contre les trafics illicites transfrontaliers : « C’est très, très rare. Bon, il arrive parfois qu’il y ait un peu de contrebande de marchandises destinées à des restaurants suisses. Mais ça a bien baissé ces dernières années. » Or on imagine que les dangereux criminels commettant ce genre de délits comprennent le français. Pour le reste, la vedette des gardes-frontière appuie parfois la gendarmerie cantonale et le sauvetage, lesquels se signalent en français. Enfin, les uniformes des douaniers portent la désignation « gardes-frontière » en français, allemand et italien, c’est tout. Cherchez la cohérence. Dès lors, de trois choses l’une : soit l’appellation « Border Guard » est en réalité une ruse pour approcher les délinquants non polyglottes sans éveiller leur méfiance ; soit elle relève d’une frime risible et plus ou moins consciente qui consiste à se la jouer héros de série télé amerloque ; soit, et c’est forcément compatible avec les deux autres hypothèses, il s’agit de pure ânerie. Laurent Flutsch * non connu de la rédaction En automne 2008, la ville de Sion annonçait qu’elle allait désormais collecter les poubelles de manière écologique. Grâce à l’entreprise locale Luginbühl SA et à ses camions qui rouleraient au biocarburant, l’ordure serait plus propre. Lesdits véhicules arborent aujourd’hui encore le slogan « Je roule bio ! » sur fond vert. Mais tout n’est pas rose pour les visionnaires. Un lecteur a un sérieux coup de pompe en voyant les camions-bennes avaler du diesel, et ce depuis plus d’une année. Il paraît qu’avec le bio, le moteur peine à démarrer le matin à froid et que l’engin ne tire pas à la montée. A la ville de Sion, on renvoie à l’entrepreneur : « Ça ne nous concerne pas. » Hélas ! Seul habilité à répondre selon ses divers collaborateurs, le patron Jean-Bruno Luginbühl a dû enchaîner les séances du matin au soir lundi 16 juin : il n’a pas trouvé cinq minutes pour répondre à nos questions. Pourtant, dans Le Nouvelliste (03.09.08), il avançait : « Le recours à des carburants écologiques ne peut que favoriser l’image de l’entreprise et satisfaire quelques ambitions environnementales. De plus, cela incite les gens à une réflexion sur le remplacement du fuel. » L’image continue donc à rouler sur les camions ; mais l’opération de communication se recycle biologiquement en publicité mensongère… J.-L. W. FAIT S DIVER S ET VARI É S Onze ans d’inexistence Histoire de flou De nationalité canadienne, un couple d’exilés russes vit à Genève depuis onze ans, sans domicile, sans papiers, sans statut, sans trace de son existence nulle part. Un méli-mélo dont Eric Stauffer s’est mêlé sans rien démêler. Sensation étrange : parler de vive voix à des personnes disparues sans laisser d’adresse, sans aucun statut légal. Bien vivants pourtant, Alexander Roschin-Rosenberg, 63 ans pile aujourd’hui, artiste peintre, et Héléna Machulsky, 48 ans, sont depuis onze ans à Genève. Leur saga commence en 1993 quand ils débarquent au Canada pour demander l’asile. Ils ont fui deux ans auparavant l’Union soviétique, où ces chrétiens de confession mais « juifs de sang » se disent victimes d’antisémistisme. Ils obtiennent pourtant rapidement la nationalité canadienne. En 2001, Héléna Machulsky, professeur de français et d’allemand, travaille dans un centre pour la petite enfance quand elle croit découvrir un trafic de gosses. De jeunes orphelins, souvent d’origine asiatique, seraient vendus aux Etats-Unis. Exploitation sexuelle, filière commerciale d’adoption ? Elle n’obtient aucune réponse ni de la police ni de la justice. Comme il se trouve quelques Helvètes à la direction de sa crèche, elle s’adresse au consulat suisse à Montréal. Entre-temps, ses questions insistantes et dérangeantes lui valent d’être licenciée. Pire, le couple se sent menacé : des quidams auraient tenté à deux reprises de les écraser en voiture. Oralement, le consul leur promet, selon eux, un permis d’établissement et de l’aide en Suisse. Ils arrivent donc à Genève en 2003. Et depuis onze ans, ils y vivent sans domicile fixe. Ils ont 5 cru un moment avoir le soutien d’Yvan Perrin, de Luc Barthassat ou de Filippo Lombardi. Mais en définitive c’est Eric Stauffer, conseiller administratif d’Onex et député MCG, qui, dès janvier 2012, tente de venir en aide aux deux exilés. Sympa, c’est lui qui reprend contact avec l’OCP. Las ! Ses démarches pour leur obtenir un permis humanitaire échouent. Stauffer propose ensuite au couple de lui prêter un placard dans une école pour qu’ils puissent au moins y déposer leurs bagages sous clé, le temps de la procédure. Ils y rangent des huiles sur toile, des livres, des photos et des affaires personnelles. Mais en été 2013, changement de musique : Stauffer leur demande de récupérer ce barda. Et en septembre, alors qu’ils sont encore en possession des clés, ils constatent que leurs valises ont disparu. Eric Stauffer précise que leurs affaires ont été déplacées, mais qu’elles restent à leur à disposition. Mais voilà, les deux sans-papiers redoutent un traquenard : ils soupçonnent Stauffer de vouloir, sous prétexte de récupérer leurs biens, les attirer à l’OCP, à Onex justement, en vue de les expulser. Héléna est en effet convaincue que leur renvoi au Canada est prévu. Alexander Roschin-Rosenberg et Héléna Machulsky n’ont jamais déposé de demande d’asile en Suisse. Pourtant, l’Office cantonal genevois de la population (OCP) leur refuse le permis d’établissement en arguant que l’Office des migrations (ODM) une rance errance fédéral aurait reçu une demande de leur part en 2003, que cette requête aurait été rejetée. Or blir en Argovie, « mais à Baden, l’ODM confirme n’avoir jamais c’était encore plus difficile qu’à été sollicité. Allez comprendre… Genève ». En 2005, à Fribourg, Ne ménageant pas ses efforts pour ils sont mis en garde à vue, puis tenter de régler son problème, le relâchés ; mais leurs passeports couple a rencontré la moitié des parlementaires fédéraux. Il a sont confisqués. dormi à l’aéroport, chez l’habitant, dans la rue, six ans dans un foyer catholique. Certains commerçants leur donnent de la nourriture. Ils ont essayé de s’éta- Contacté, Eric Stauffer estime que ce serait effectivement la meilleure solution : « J’ai tout essayé pour les aider, mais ils s’enferment dans leur histoire de complot. Renseignements pris, ils ne risquent rien au Canada », affirme-t-il. Eux se sentent toujours menacés à Montréal. Et donc ils préfèrent rester clandestinement au bout du lac avec le non-statut de personnes disparues. Ainsi Genève l’humanitaire abrite-t-elle encore, sur ses trottoirs, deux individus qui n’existent pas… Jean-Luc Wenger PUB Françoise Neuhaus 079 213 82 64 Petit-Flon 35b, 1052 Le Mont-sur-Lausanne Tél. 021 648 52 70 Fax 021 648 52 71 Vigousse vendredi 20 juin 2014 Vigousse vendredi 20 juin 2014 6 conso & consorts Gentillesse automatique Robot pour être vrai Sur la Toile, l’amitié est devenue si formatée qu’elle peut être gérée par des logiciels. Trop sympa. « Joyeux anniversaire », en toutes les langues, sont les mots les plus rédigés sur le réseau social Facebook. Un message traditionnellement posté sur le « mur » de ses « amis » et qui se mue en indicateur de popularité. Une application se charge désormais d’adresser lesdits vœux, corvée ennuyeuse et routinière s’il en est. BirthdayBuddy, lié au navigateur Google Chrome, permet en effet de souhaiter automatiquement un bon anniversaire à ses amis Facebook. Il publie un message personnalisé avec le prénom du destinataire en organisant une rotation des formules pour ne pas se faire démasquer. Beaucoup plus fort, le site IFTTT. com propose carrément d’automatiser entièrement son comportement sur les réseaux sociaux. Après quelques minutes de ré- En France et en Angleterre, bon nombre de femmes ont troqué leurs tampons habituels pour la coupe menstruelle, élaborée par des marques aux noms poétiques : Mooncup, Lady Cup ou encore Diva Cup. Ce petit récipient en silicone chirurgical se place dans le vagin, pendant les menstrues évidemment, afin qu’il recueille le sang. Une fois plein, il se retire à l’aide d’une petite tige : l’utilisatrice le vide, le rince et le remet. Une désinfection de l’objet à l’eau bouillante est préconisée une fois par mois. Vigousse vendredi 20 juin 2014 Langue vivante Turing Club Intelligence Superficielle Les médias ont rapporté qu’un logiciel était parvenu à se faire passer pour un humain, réussissant ainsi le test de Turing pour la première fois. Il s’agissait en fait d’une escroquerie se faisant passer pour une information, ce qui n’a rien d’une première. glages tout simples, le logiciel se chargera de poster des statuts pour commenter la météo de la ville où se trouve la personne inscrite. C’est le logiciel aussi qui envoie de gentils messages aux nouveaux amis ou qui commente aimablement les photos postées par d’autres. En pleine expansion, ce service fonctionne aussi, depuis peu, avec les téléphones portables. Il permet par exemple automatiquement d’adresser un tendre message à son conjoint lorsque le GPS détecte qu’on est en train de quitter le boulot. Très romantique. Quand un logiciel remplace sans peine ce qu’on dit aux gens qu’on aime, n’est-ce pas le moment de se renouveler ? Jonas Schneiter Changement de règles Souffrance, mauvaise humeur, abstinence sexuelle forcée… C’est ce qu’endurent bien des femelles mammifères une fois par mois. Et chez les humaines s’ajoute la nécessité d’éponger discrètement les pertes. 7 FAIT S DIVER S ET VARI É S De prime abord, le truc semble étrange, voire un peu barbare. Pourtant, il l’est bien moins que les tampons traditionnels, qui absorbent les bonnes bactéries de la flore et causent souvent irritations ou mycoses. N’étant pas absorbante, la coupe évite ces désagréments. Et sa matière est nettement moins douteuse que celle des protections de supermarché, faites de coton farci de substances chimiques telles que la dioxine, jamais mentionnées sur les emballages. Le prix convainc lui aussi. En moyenne, une femme dépense entre 60 et 80 francs par an pour ses tampons et autres pattes-à-cul alors que la coupe, réutilisable pendant plus de dix ans, coûte environ 50 francs. Enfin, si plus de femmes adoptaient ce procédé, la planète ne s’en porterait que mieux. Une étude de Cette semaine, le site suisse de vente en ligne Fashionfriends propose une sélection d’articles coquins, dont certains peuvent à première vue laisser perplexe. Parmi ces articles, le Sqweel 2, pudiquement décrit comme un appareil « de stimulation orale ». Un tour sur KISSKISS.ch suffit à confirmer qu’il s’agit bel et bien d’un simulateur de cunnilingus. Que les puristes se rassurent : s’il ressemble à l’hybride d’une girouette et d’un épilateur, il a été conçu pour faire quelque chose qui ressemblerait (enfin) à un cunnilingus. Malgré un manque flagrant de romantisme, l’appareil, avec ses « multiples langues tournoyantes », a visiblement une langueur d’avance... Sasha Durant Sans thé ! Greenpeace prouve en effet que l’industrie des protections hygiéniques est l’une des plus polluantes au monde. Chaque année, les Terriennes jettent plus de 45 milliards de serviettes. Une femme, durant sa vie, balance à la poubelle entre 100 et 150 kg de serviettes, tampons et applicateurs. Des arguments sang pour sang convaincants, quoi. Mais en Suisse, pour l’instant, hélas, seules quelques pharmacies et boutiques branchées nature vendent les fameuses coupes. A croire que les distributeurs helvètes s’en tamponnent. Noémie Matos Liste des points de vente Mooncup en Suisse : http ://www.mooncup.co.uk/ languages/fr/achetez-maintenant/ suisse.html ; commande en ligne sur kisskiss.ch Le groupe Carlsberg, connu entre autres pour ses bières pour femmes (comprenez bières su crées, les femmes n’étant rien d’autre que des enfants qui s’ignorent), a décidé de lancer un produit qui devrait enfin enrayer l’alcoolisme ravageur des amateurs de thé froid : le thé froid sans alcool. Gageons que ce produit, innovant s’il en est, saura se faire une place chez les repentis du goulot, qui retrouveront enfin le goût du thé froid sans ivresse. S. D. Ça y est, les machines sont fin prêtes pour dominer le monde ! A grand renfort de communiqués de presse extatiques, l’université de Reading, en Angleterre, a annoncé que, pour la première fois, un programme informatique avait « passé le test de Turing », ce qui constitue une « étape historique » dans le développement de l’intelligence artificielle, et plus généralement un « événement [qui] entrera dans l’histoire comme l’un des plus excitants d’entre eux », selon l’organisateur du « test » en question. Les médias n’ont évidemment pas tardé à reprendre cette info révolutionnaire, encore que, il faut pour une fois le signaler, notre presse locale s’en soit largement abstenue. Le 20 minutes du 10 juin titrait néanmoins : « Un cerveau virtuel capable de berner les humains ». De quoi s’agit-il ? Le « test de Turing », proposé en 1950 par le génial mathématicien Alan Turing, est aussi simple que déroutant. Derrière un écran se cache soit un humain, soit un ordinateur. En posant des questions, il s’agit de déterminer si on a affaire à l’homme ou à la machine, sur la base des réponses obtenues sous forme de texte. Turing suggérait que si l’ordinateur parvenait ainsi à se faire passer pour un humain, on pourrait le considérer comme « intelligent ». L’espèce humaine a-t-elle ainsi enfin été bernée, 65 ans après l’invention du test ? Qu’on se rassure, on est encore loin de Terminator. Le gagnant du test est en effet un simple « chatbot », un algorithme très rudimentaire permettant de générer des réponses pré-programmées, qui se fait spécifiquement passer pour un gamin de 13 ans très mauvais en anglais... En gros, il peut répondre « Je ne comprends pas votre question » à n’importe quelle question, ce qui a visiblement suffi à convaincre un tiers du jury composé essentiellement de people. Par ailleurs, l’organisateur de l’événement est un charlatan notoire coutumier de ce genre d’annonces aussi fracassantes que bidon. Notons encore que le test de Turing a été passé des dizaines de fois depuis les années 70. Un programme nommé PARRY, par exemple, pouvait incarner à la perfection un paranoïaque aux yeux de psychiatres. Et en 1974 déjà, l’informaticien Joseph Weizenbaum ironisait qu’il avait conçu un ordinateur simulant à la perfection l’autisme infantile : son machin ne répondait tout simplement pas… Rien à signaler donc, mais le plus déprimant dans cette histoire, c’est que l’idée originale d’Alan Turing est toujours com- prise de travers. La question qu’il se posait n’était pas technologique mais philosophique. Pour lui, la question « les machines peuvent-elles penser ? » n’avait pas de sens tant qu’on n’aurait pas de critères stricts pour définir ce qu’est l’intelligence humaine. D’où son test, un simple « jeu d’imitation » démontrant que l’intelligence, jusqu’à preuve du contraire, c’est simplement ce qui est perçu comme tel. Le but n’était pas d’en faire un concours à la con pour ordinateurs, mais bien de demander, par un renversement de perspective, en quoi consiste exactement l’intelligence humaine. A voir la manière dont Turing et son test furent traités, la question reste encore largement ouverte. Sebastian Dieguez Computing Machinery and Intelligence, A. Turing, Mind, vol. 49, 1950, pp. 433-460. PUB Le spécialiste suisse du vélo électrique U NOUVEA Av. de Morges 58 • 1004 Lausanne Tél. 021 624 00 06 La Place 22 • 1182 Gilly Tél. 021 824 30 83 Av. d’Aïre 52 • 1203 Genève Tél. 022 340 43 84 www.easycycle.ch Vigousse vendredi 20 juin 2014 8 f a i t s d i v e r s e t v a r i és PLUS VRAI QUE VECU Q UE L L E S E M AINE ! Audience en correctionnelle dans un tribunal d’arrondissement. Noms fictifs mais personnages réels et dialogues authentiques. « Vous étiez déjà beurré comme un petit Lu… » Monsieur Barro est accusé de lésions corporelles simples, agression, vol, dommages à la propriété, injures, menaces, violation de domicile, incendie intentionnel, entrave à la circulation publique, violation grave des règles de la circulation routière, empêchement d’accomplir un acte officiel, conduite en état d’ébriété qualifiée et d’incapacité, vol d’usage, conduite sans permis, contravention à la loi fédérale sur les stupéfiants et contraventions municipales. – Deux condamnations aux mineurs et vous voilà devant le tribunal correctionnel à 20 ans. Joli cursus… commente le juge. – Et il s’est illustré par une sacrée série de délits, complète le procureur. C’est l’un des meneurs de la racaille des « 1020 » qui ont instauré un climat délétère dans le quartier de la gare de Renens. – L’épaisseur de l’acte d’accusation en témoigne, constate le magistrat. Mais selon votre avocate, une année de prison avant jugement vous a permis de réfléchir et de devenir coopératif. Donc pas besoin de passer en revue les 23 chefs d’accusation ? – Non, il y en a juste quatre qui posent quelques soucis : les 3, 6, 9 et 11. Pour le reste, mon client admet, répond la défense. – Donc les vitrines cassées, les magasins cambriolés, les WC publics endommagés, les passants insultés et menacés, les voitures abîmées et forcées, les vols en tout genre, les poubelles et autres biens de la commune défoncés, les policiers provoqués et insultés, la consommation de drogue et d’alcool, les nuisances sonores, et j’en passe, vous reconnaissez ? – Ouais, mais j’étais alcoolisé, quoi. – Alors vous commencez tout de suite par parler différemment, rugit le juge ; on n’est pas dans la banlieue lyonnaise, à ce que je sache ! Et vous acceptez de payer les dédommagements demandés par les plaignants, 2903,15 francs pour la commune, 600 francs pour la Coop, 6299 francs pour les chemins de fer… (au total, plusieurs dizaines de milliers de francs). Pas fier, l’accusé acquiesce. – Passons aux cas problématiques. Un : vous avez lancé une barrière de chantier sur la chaussée, provoquant une collision en chaîne. – J’avais la rage et j’ai balancé un coup de pied dans la barrière. J’ai rien lancé. – Un témoin vous a vu lancer la barrière, il vous a dit d’arrêter et vous l’avez insulté, soupire le procureur. – Ah ! Si y a un témoin, j’ai peut-être fait ça alors. – Deux : avec votre bande, vous avez fracturé la porte d’une jeep et y avez volé des trucs avant d’y mettre le feu. – J’ai sprayé le tableau de bord et j’ai allumé, mais je ne croyais pas que la bagnole allait flamber. Je n’ai pas fait exprès ! – Quand on joue avec des produits chimiques et du feu, il faut pourtant s’attendre à ce genre de choses. Trois : avec vos amis, vous avez volé une Renault, conduit sans permis en ayant bu et fumé. La police vous a pris en chasse. S’en est suivie une sauvage course-poursuite. – Les clés de la caisse, c’est mon pote qui les a trouvées par terre, on les a pas volées ! – J’ai du mal à me fier à vos souvenirs. Si ça se trouve, vous étiez déjà beurré comme un petit Lu… Quatre : un soir, place de la gare à Renens, vous et vos amis avez agressé deux jeunes hommes. Vous avez mis un coup de poing à l’un et, alors qu’il était à terre, vous lui avez violemment asséné des coups de pied à la tête, lui cassant une dent et la mâchoire à trois endroits distincts. – Je me suis senti menacé, il tenait sa bouteille agressivement. – Il aurait pu mourir ! s’énerve le juge. Vous devez réaliser la gravité de vos actes et cesser de tout mettre sur le compte de l’alcool et des autres. – J’ai déconné, mais cette année en prison m’a permis de beaucoup réfléchir. Quand je vais sortir, j’arrête de boire, je trouve un boulot et je fais plus ce genre de trucs. – D’ailleurs, intervient son avocate, si mon client a un sparadrap sous l’œil, c’est qu’il voulait bien paraître devant la cour et qu’il a donc dissimulé son tatouage. Il ne s’est pas battu en prison, qu’on se le dise. Reconnu coupable, monsieur Barro écope de 36 mois ferme, desquels sont déduits les 372 jours déjà purgés. Il est en outre astreint à suivre un traitement ambulatoire pour ses addictions. Et les 38 303,75 francs de frais de procédure sont à sa charge. Lily Relent de générosité Homos les grands remèdes Depuis des années, le prêtre Gérard Riffard à Saint-Etienne (France) héberge des demandeurs d’asile dans son église (quarante adultes et douze enfants vivent actuellement sous son toit). Une attitude qui l’a mené au tribunal mercredi dernier ! Le jugement sera rendu le 10 septembre, mais le procureur a requis une amende de 11 950 euros : la charité chrétienne ne paie pas. En avril 2013 à Paris, en plein débat sur le mariage gay, quatre jeunes ont violemment tabassé un couple d’hommes. L’agression a suscité un grand émoi. L’un des accusés, qui a « juste » observé la scène, a été condamné à 6 mois avec sursis. Un autre, mineur, doit bientôt comparaître devant un juge des enfants. Quant aux deux derniers, ils viennent d’être condamnés à 30 mois de prison. Une peine de mœurs. Vigousse vendredi 20 juin 2014 Histoires 9 Pot aux roses Edwin Tobergta est le nouveau champion du monde des addictions incongrues. Cet habitant de l’Ohio vient de subir sa troisième arrestation pour… rapport sexuel impliquant du matériel de piscine rose. L’homme a en effet été aperçu alors qu’il s’adonnait aux plaisirs charnels avec un matelas pneumatique rose sur un bord de route. Gonflé ! Femmes infâmes Les hommes sont-ils des boulets ? Telle est la question qu’on peut se poser face à la multiplication des lieux et autres événements « women only ». Entre les salles de fitness, soirées et autres « Ladies Nights » organisées par Pathé cinéma, les individus de sexe masculin seraient en droit de crier à la ségrégation. Le phénomène touche à son paroxysme avec, à Rio, un métro interdit aux hommes. Le phénomène est d’autant plus choquant que les mâles, eux, ne versent pas dans cette tendance. Tout au plus se disent-ils que s’ils organisent une soirée foot, les femmes ne viendront sans doute pas. Comment expliquer ce comportement de cour de récré de la part de femmes matures, prétendument émancipées par surcroît ? Les mêmes femmes qui par ailleurs réclament l’égalité et regrettent la différenciation opérée par le paternalisme ambiant ? S’agit-il d’éviter d’éventuelles agressions sexuelles, si courantes dans les salles obscures, d’assurer la survivance du gynécée, de maintenir les hommes dans l’illusion d’un complot mondial, dont ils finiront, infâmes oppresseurs, par être les victimes ? Le mystère reste entier. L’agacement aussi. Sa. D. Dent le mille ! Des chercheurs britanniques ont mis au point une technique révolutionnaire pour guérir les caries de manière indolore. Plus besoin de fraiser, de reboucher et d’agresser ! Grâce à une préparation de l’émail et à un simple – et léger ! – courant électrique, la dent amorcera un phénomène de recalcification naturelle. Un processus qui met l’eau à la bouche. Vigousse vendredi 20 juin 2014 10 B IEN P ROFOND DAN S L ' ACTU Le bonheur à 120 décibels LE COURRIER DU CHIEUR Pitch Le journal intime du professeur Junge Cette semaine : j’exprime bruyamment ma joie pour des endives, un taille-crayon, l’inspecteur Derrick et du gazon. Ce qui n’est pas plus stupide que de le faire pour du football. Aux romantiques épouse m’a préparé des endives au jambon, mon plat préféré. Lorsque mon assiette arrive sur la table, je ne me sens plus de joie. Je cours à la fenêtre, l’ouvre en grand et hurle d’allégresse tout en sautant sur place et en agitant les bras pendant dix minutes. Les voisins sortent dans la rue et me crient de la fermer. Mais je gueule bien plus fort qu’eux. Mardi. Le personnel de l’écono- mat a mis six mois à traiter ma demande, mais le grand jour est enfin arrivé : le nouveau taille-crayon que je réclame depuis si longtemps m’a été livré. Je suis submergé par un bonheur sans bornes. J’ouvre le tiroir inférieur de mon bureau pour m’emparer de la vuvuzela que je conserve là pour de telles occasions et fais le tour de l’open space une vingtaine de fois tout en soufflant comme une brute dans mon instrument. Les collègues se bouchent les oreilles et se plaignent que je les empêche de travailler, mais quand même, ils pourraient essayer de comprendre, ce n’est pas tous Et toc ! les jours qu’on reçoit un taillecrayon neuf. Jeudi. Après avoir tondu mon gazon, je suis tellement content du résultat, avec pas un brin d’herbe qui dépasse, que pour fêter ça, je vais chercher des feux d’artifice dans la cabane de jardin. Pendant plusieurs Le 8e conseiller fédéral Ainsi donc, vendredi, la tuile : je Chers amoureux transis, heures, j’allume fusées, vésuves et soleils pour bien signaler à tout le monde que j’ai un beau gazon. A court de pétards, j’empoigne mon fusil d’assaut et vide une centaine de chargeurs vers le ciel. Je déclenche ensuite l’explosion de quatre tonnes de TNT que je gardais dans des barils au garage au cas où. Finalement, je bois trois caisses de bière, casse toutes les bouteilles et vomis sur la pelouse du voisin. Euh… Heil, chef… Vous n’y mettez pas beaucoup d’enthousiasme… Heil ! Ben quoi ? C’est frais et sympa. Depuis son bunker sous le Palais fédéral, il dirige dans le plus grand secret le Gouvernement helvétique. Heil, Simonetta ! En effet, je ne suis pas très à l’aise avec votre idée d’utiliser le salut nazi entre nous… Heil ! Et je trouve que ça a de la gueule ! J’ai toujours aimé la façon dont les SS saluent dans les films de guerre. Ils respirent l’autorité et la confiance en eux. Heil ! Vigousse vendredi 20 juin 2014 Gamin-d’œuvre Pour abattre des tâches fastidieuses, voire pénibles, avec un rendement optimal et à moindres frais, rien ne vaut le recours à des ouvriers en chair et en gosse. Un ami, c’est quelqu’un qui devine toujours quand on a besoin de lui, disait Jules Renard. En omettant de préciser que l’ami, justement parce qu’il le devine, en profite pour se barrer aussi sec. Mercredi. Nous regardons en famille un épisode de la série Derrick dont je viens d’acheter l’intégrale en DVD. L’histoire est tellement géniale que, une fois que défile le générique de fin, je ne peux m’empêcher de bondir vers ma voiture et de foncer dans la nuit toutes vitres baissées en klaxonnant comme un beau diable, en grillant des feux rouges et en faisant des dérapages, tandis que ma femme et mes enfants beuglent à pleins poumons en agitant des drapeaux à l’effigie de l’inspecteur allemand. Après avoir traversé la ville dans tous les sens pour clamer notre extase et informer les gens que Derrick, c’est super, nous rentrons nous coucher vers 4 h du matin. Du bon usage des enfants Vendredi. La Coupe du monde de foot vient de commencer. Après chaque match, des milliers d’abrutis klaxonnent, tirent des fusées, gueulent, cassent des bouteilles… Mais pourquoi est-ce que ces demeurés pensent que ça m’intéresse de savoir que leur équipe a gagné ? Je n’en ai rien à secouer du football, bande de dégénérés ! Professeur Junge, phare de la pensée contemporaine Ecoutez, chef, je sais bien que le Tribunal fédéral a autorisé le salut nazi. Mais je pense qu'on devrait laisser ça, comment dire... aux nazis, justement... Vous voulez dire que nous ne sommes pas nazis ? Ben non... Je suis très déçu... En plus je venais de commander des uniformes pour tout le Conseil fédéral... Dans « La marche à l’Etoile », l’écrivain Vercors raconte la vie de Thomas Muritz, jeune Hongrois qui traverse l’Europe pour rejoindre à Paris le fameux, l’unique pont des Arts. Une fois arrivé, il s’éprend de « ce point du monde où l’on embrasse à la fois l’Institut, le Louvre, la Cité et les quais aux bouquins, les Tuileries, la butte latine jusqu’au Panthéon… ». Vous reconnaissez votre pont préféré ? Cet endroit idéal, où vous vous laissez emporter par votre romantisme exacerbé en y déposant un cadenas, symbole d’un amour éternel. Les boutiques de gravures vous proposent désormais des modèles personnalisables, en forme de cœur, cui-cui les petits oiseaux, jusqu’à 80 euros pour un exemplaire en plaqué or. Vous me direz qu’après tout quand on aime, on ne… Croulant sous les cadenas de l’amour, le pont, qui jadis suscitait l’admiration de Vercors le temps d’un (anti)vol de baiser, n’offre plus qu’un tableau calfeutré. Ça vous fait rêver, vous, cette partouze touristique ? Enchaînés pour la vie… un joli vœu pieux certes. Dommage que ces cadenas ne rapportent pas autant que la fontaine de Trevi à Rome, où sont jetés chaque année des centaines de milliers d’euros. Sous le poids de l’amour, vos élans du cœur dignes de la petite maison dans la niaiserie ont récemment fini par faire céder une grille du pont. Pauvres romantiques, votre couple résistera t-il à ce désenchantement ? Ecoutez Johnny. dois mettre sous pli 500 invitations à envoyer le lendemain et curieusement tous les potes sont sur messagerie. Peu encline à lécher un demi-millier d’enveloppes (le goût doucereux de la colle m’écœure), je me mets en quête de maind’œuvre gratuite et corvéable à merci : autrement dit, des enfants. Peu familière de cette sous-catégorie humaine, je crois néanmoins savoir qu’elle pullulle dans les parcs publics. Allons-y ! Une fois sur le lieu de recrutement, il s’agit d’adopter une tactique habile. Premier objectif : repérer des gosses non surveillés. Avisant un groupe de jeunes prépubères qui jouent au foot, je leur demande s’ils ont envie de faire un truc vachement marrant. Réponse : « Plus marrant que le foot ? » Bon, d’accord. Ceux-ci ne feront pas l’affaire. Ils ont déjà développé les rudiments d’un esprit critique, d’où de prévisibles objections du genre « mais pourquoi on doit faire ça ? », « tu nous donnes quoi en échange ? », « t’as pas d’amis pour t’aider ? ». Non merci. Plus loin, des mômes plus jeunes, apparemment oisifs, semblent mieux adaptés à mes besoins. Je leur explique la tâche. Ils semblent trouver ça amusant. C’est ça qui est formidable avec les tout-petits : un rien les enchante. Avec leurs petites mains agiles et leur entrain naïf, ils se mettent à l’ouvrage. Je pense alors avoir trouvé la solution parfaite, efficace et rentable : à ce rythme de travail, dans deux heures, c’est plié. C’est compter sans l’intervention inopinée mais ferme d’un papa, manifestement très rigide sur les fréquentations de sa progéniture. « Mais puisque ça les amuse... » tenté-je d’argumenter. Apparemment, lui pas. Tant pis ! En fait, ce qu’il faudrait, c’est des enfants de cet âge-là mais qu’on emmènerait à bonne distance de leurs parents. Et pour un meilleur rendement, il faudrait les mettre le long d’une table, où chacun effectuerait une tâche définie selon une chaîne opératoire stricte : plier l’invitation, la mettre dans l’enveloppe, lécher, fermer. Exploitation du travail des enfants ? Mais non, voyons : entraide intergénérationnelle autour d’un objectif très louable, à savoir favoriser le secteur traditionnel de la poste suisse. Sinon, la prochaine fois, je ferai un envoi groupé par courrier électronique. Mais il est tout de même déplorable qu’une fois de plus, la morale entrave le progrès. Sasha Durant Allons enfants... Jeudi 12 juin s’est déroulée la 12e journée mondiale de lutte contre le travail des enfants. Pour l’occasion, Terre des Hommes a lancé une campagne d’un cynisme déconcertant mais diablement efficace : recruter ouvertement, par annonces fictives, des enfants pour des travaux pénibles et dégradants. C’est que l’exploitation des gamins reste massive sur la planète. Selon l’Unicef en effet, près de 158 millions d’enfants de 5 à 14 ans sont forcés de travailler. A noter que dans son « 19.30 » du 12 juin, Darius Rochebin, plus optimiste ou moins informé, ou distrait, a réduit ce nombre à seulement 5 millions et demi. Comme quoi améliorer la situation est un jeu d’enfant ! Le strip de Vincent Refusez de mourir d’amour enchaîné ! Flora Midy 131 Lundi. Pour le repas de midi, mon 11 test à claques Vigousse vendredi 20 juin 2014 12 CU L TURE CU L TURE Un film Des dessins Robert déconne, Ariane décolle BROUILLON DE CULTURE Allez Marseille ! Dans Au fil d’Ariane, Robert Guédiguian suit le fil de son imagination dans le labyrinthe des passions tout en déclarant sa flamme à sa femme, Ariane Ascaride. Marche ou crève ? Marche et rêve, oui ! Car, nom d’une pipe, ceci n’est pas un film mais une «fantaisie ». Une échappée belle, un paquet-surprise, une bouillabaisse onirique. Quand le Marseillais Robert Guédiguian nous raconte des histoires, c’est un crack et ça fait un effet spécial. Merci, MythoMan ! Plus belle la vie, c’est au cinéma, pas sur France 3 ! Embellir la vie, c’est exactement ça Au fil d’Ariane. A l’heure de fêter son anniversaire, Ariane se retrouve seule avec des bougies sur le gâteau mais l’âme éteinte, le souffle coupé. Alors elle ouvre la porte de sa maison et entre dans un rêve coloré, un monde où la solidarité et la chaleur humaine ne sont pas des valeurs obsolètes, un univers I am ! – Mais IAM, c’est marseillais ! ») ou une tortue qui parle ! A prendre comme une respiration dans l’œuvre du cinéaste de l’Estaque, Au fil d’Ariane, film qui agit comme un antidépresseur, qui milite pour l’utopie, plaide pour le rêve, est aussi un formidable cadeau offert à Ariane Ascaride, que son mari filme ici plus amoureusement que jamais. On sort de là avec l’envie d’embrasser son voisin. Et ce n’est pas parce que toute cette bande-là est marseillaise qu’on exagère ! Bertrand Lesarmes où l’on ne s’étonne même pas de rencontrer un écrivain local qui se prend pour un Amerloque (« Vous êtes vraiment américain ? – Yes, Au fil d’Ariane, de Robert Guédiguian, avec Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan, Jacques Boudet. Durée : 1 h 40. En salles. arbitres, on ne sait pas très bien). Un rare panel de gens toujours pourvus d’une bonne vision (une race meilleure ou des membres de la FIFA, on ne sait pas très bien) va essayer de débarrasser la planète de ce fléau feuillu et rampant. C’est visuellement beau et assez débile, mais c’est basé sur l’excellent roman de John Wyndham, qui avait déjà écrit la source du mythique Village des damnés. Pour terminer, ce film constitue enfin la preuve définitive que nous tentions de fourguer à nos mères respectives il y a bien longtemps : les légumes (ou le foot, on ne sait pas très bien), c’est vraiment très dangereux pour la santé ! Michael Frei, Karloff, films Des védés Vert de Terre En période de coupe du monde de football, on ressent parfois l’irrépressible envie de tuer 99 % de la population. Ça tombe bien puisque la réédition d’un classique de SF bas budget des années 50 permet justement de vivre ce violent fantasme. Des plantes vertes de l’espace attaquent les humains, tous devenus aveugles (à la suite d’une météorite hyperlumineuse ou parce qu’ils sont Gare aux grilles par 1 2 3 4 5 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Vigousse vendredi 20 juin 2014 6 cultes, rares et classiques, Lausanne La révolte des Triffides, de Steve Sekely, 1962, Sidonis, Vost, DVD, 93 min. égé no 63 7 8 9 10 HORIZONTAL 1 Là pas de tracas pour la Carioca en string ou en footing 2 Gaveras un quidam d’islam 3 Parts de panards – Clique sur zygomatique 4 Gros morceau de musique – Position d’Harpagon quant à ses ronds 5 Footeux yougo contre Diego et sous Tito – En même temps que lui le déluge 6 Ont la jouissance d’une résidence 7 Telles des expressions de langage hors d’âge 8 Connut Camus – Quintessence de substance 9 Ferait feu à petit feu – Tours et retour 10 Pas accidentels selon le philosophe. VERTICAL 1 Dans le camp du Vatican 2 Funèbre pour célèbre – Pierre, pionnier de cette filière 3 Distinguent les châtelains des vilains 4 Antiblocage en voyage – Bâtiment dans le délabrement 5 Le septième quand ils s’aiment – Projet de Gê 6 Exprimât violemment son sentiment – Neutralité en cité anglaise 7 Cri de guerre grégaire – Pelage de cochon sauvage – La Lega en est gaga 8 Piquets de slalom pour les avants de l’OM 9 Héberge Blanche-Neige – Pierre plate d’en bas 10 Plantes qu’on cultive parce que décoratives – Vaches pour qui veut leur mort. Solution pour les nuls dans le prochain numéro [email protected] SE BALADER Durant une journée, une pléthore de dessinateurs professionnels suisses et étrangers s’emparent des rues veveysannes et laissent exprimer leur talent sur d’immenses formats, transformant la ville en une BD géante. Traits forts. Pictobello, centre-ville de Vevey, samedi 21 juin, www.pictobello.ch BOUGER De la musique et des mouvements pour une scénographie graphique. L’air du temps. reSpire, un projet de Dorothée Julien réalisé par le collectif Pasdequoi, Théâtre de l’Arbanel, Treyvaux, les 21 et 22 juin, www.arbanel.ch APPRéCIER Un trio musical tessinois aux accents entraînants et aux airs entêtants. Un avant-goût du sud. Paolo Rota – Chansons en italien, Chat noir, Carouge, le 25 juin à 19 h, entrée libre, www.chatnoir.ch SAVOURER Bien avant et au-delà de l’islam existe l’érotisme arabe entre culture et tradition. De l’éducation textuelle. L’érotisme arabe : une diversité amoureuse aux antipodes de l’intégrisme, conférence de Malek Chebel, Club 44, La Chaux-de-Fonds, jeudi 26 juin à 20 h 15, www.club-44.ch DéNICHER Un écrivain allemand méconnu à découvrir dans une lecture d’extraits choisis. A mots ouverts. Malade d’avoir laissé passer l’amour, d’après les motifs de Berlin Alexanderplatz d’Alfred Döblin, production : Dantor’s conspiracy, Théâtre du Grütli, Genève, jusqu’au 29 juin, www.grutli.ch GAMBERGER Une exposition qui interroge les relations entre l’architecture, les bâtiments et leurs histoires. Des goûts de pierres. Entre quatre murs, Ancien Pénitencier et Musée d’art, Sion, jusqu’au 31 août, www.musees-valais.ch éGReNER Des techniques des Romains aux performantes techniques contemporaines en passant par le mildiou et les pluies, l’histoire de la vigne et de son nectar se savoure… sans modération. In Vully veritas, Musée de Morat, jusqu’au 5 octobre, www.museummurten.ch Gotlib incontournable Expo-à-brac Pour suivre Gotlib à Paris, prenez comme guide une coccinelle. Gotlib est un monument, un monument vivant. Pour s’en convaincre, si c’est encore nécessaire, une magnifique exposition se tient à Paris jusqu’au 27 juillet. Marcel Gotlib est né à Paris en 1934 dans une famille d’immigrés juifs, les Gottlieb. Déporté, son père est assassiné à Buchenwald en février 1945. Le petit Marcel est un enfant caché pour échapper à la persécution antisémite dans la France occupée. Une expérience traumatisante qui l’a marqué et qu’il raconte avec force et humour dans son autobiographie J’existe, je me suis rencontré (Flammarion, 1993). Quant à cette exposition, elle réunit plus de 150 planches originales publiées mais jamais exposées, ainsi que des archives photographiques, écrites et audiovisuelles. De ses débuts en 1954 au Journal de Mickey, puis à Vaillant, Pilote, L’Echo des savanes et Fluide glacial, on retrace toute l’œuvre de Gotlib. Sa rencontre avec Goscinny et la création des fameux Dingodossiers. La rubrique-à-brac où son sens de l’absurde et du pastiche signale l’héritier des traditions de l’humour juif et anglo-saxon. Gotlib ne cache pas son admiration pour les Marx Brothers, Buster Keaton, Laurel et Hardy. On mesure aussi sa proximité avec les Monty Python et l’humour grinçant cultivé dans le magazine Mad et la BD américaine underground. L’enfant à l’étoile jaune a saisi le sens de l’absurde, il sera critique et libertaire. Dans l’Echo des savanes, puis à Fluide glacial, il explore les pulsions sexuelles et brocarde les religions. Il crée dans les années 1970, pour le magazine Rock&Folk, son fameux personnage Hamster jovial, le chef scout empreint de grands principes et de bonne humeur youkaïdi youkaïda. Chaque épisode voit Hamster jovial découvrir un groupe de rock qui fait l’actualité. Gotlib, qui adorait Brassens, venait alors exprimer à la rédaction, avec son accent titi parisien à couper au couteau, son admiration pour les Beatles. L’auteur de ses lignes, jeune dessinateur à Rock&Folk, était là : il en reste ému et émerveillé. Les mondes de Gotlib. Musée d’art et d’histoire du judaïsme, rue du Temple 71, 7503 Paris. Jusqu’au 27 juillet. Février, fait d’hiver Où l’on reparle de la votation du 9 février dernier « contre l’immigration de masse », de ses conséquences et du clivage entre gens d’ici et voisins du nord de la Sarine, voire entre villes et campagnes. Question posée : « Les Romands sont-ils suisses ? » Réponse : « Temps de merde, mieux vaut aller se recoucher. » C’est Debuhme, alias Philippe Baumann, qui le dit. Pour connaître l’opinion des autres, il va falloir se rendre à Morges, où la Maison du dessin de presse expose pas moins de 24 dessinateurs, pour 13 Dessin de Debuhme paru dans Vigousse No 179 (14.02.14). l’essentiel romands bien sûr. Dont sept, Bénédicte, Caro, Mix&Remix, Pigr, Pitch, Plonk & Replonk et Debuhme, justement, sont de fidèles collaborateurs de Vigousse. Accords de libre circulation, préférence nationale, difficultés promises aux entreprises exportatrices, mais également drames humains engendrés par le résultat de cette votation sont autant de thèmes abordés par cette nouvelle exposition à laquelle ont été conviés non seulement des gens aussi (re)connus que Martial Leiter, Burki, Herrmann ou encore Vincent L’Epee, mais également une bonne demi-douzaine de dessinateurs plus « discrets ». Mais pas moins talentueux. Roger jaunin Les Romands sont-ils suisses ? Maison du dessin de presse, Morges (VD). De mercredi à dimanche de 14 à 18 h, le samedi de 10 à 18 h. Entrée libre. Jusqu’au 17.08, www.maisondu dessindepresse.ch PUB tous21 les- jours 5h Av.Restauration du Chablais 1008dès Prilly Fermé le dimanche 021 624 08 08 Av. du Chablais 21 • 1008 Prilly 021 624 08 08 www.cafedesbouchers.ch www.cafedesbouchers.ch Vigousse vendredi 20 juin 2014 R e b u t S d e p r e ss e Des concours, des coups de cœur, des dégustations, Effusions fusionnelles des rencontres, Edité par des associations et syndicats de journalistes, Edito+Klartext, magazine des médias bimestriel, s’adresse avant tout aux professionnels de la profession, mais le ton employé n’a parfois rien à envier à Vigousse. Ainsi cette « lettre ouverte à Jacques Pilet » parue dans le numéro de juin. Une diatribe adressée au journaliste historique de 24 heures, de la TSR, au fondateur du Nouveau Quotidien et de L’Hebdo, où il reste aujourd’hui chroniqueur. Ça envoie sec : « L’Hebdo était bon pour la tête. Aujourd’hui, il est surtout bon pour les chasseurs de bonnes affaires, ceux qui traquent les « 100 plus belles terrasses gourmandes » (…) ou pour ceux qui rêvent de bomber le torse au ‘Forum des 100’. » Et de dézinguer ensuite les manœuvres du grand Jacques, qui chercherait en coulisses à fusionner L’Hebdo avec Le Temps, dont il serait d’ailleurs « l’artisan du rachat » par le groupe Ringier… des animations enfants… À l’occasion de son anniversaire, votre librairie Payot de Nyon vous réserve une quantité de surprises les 25 et 28 juin ! Un magazine en quête de contenu, un quotidien à l’agonie, un septuagénaire aux manettes, des collègues qui balancent : qui a dit que les médias étaient en crise ? Au contraire, il s’y passe des choses passionnantes ! S. D. Présomption d’ignorance Demandez le programme en magasin et sur www.payot.ch Chaque jour, Le Matin propose à ses lecteurs le concours Win qui permet de gagner de 100 à 10 000 francs (au lecteur de choisir la somme qui le tente le plus). L’intitulé du truc est ainsi troussé : « Vous n’avez pas lu le roman ou vu le film l’île au trésor, mais vous en connaissez sans doute l’histoire. » C’est très sympathique, cette façon de postuler l’inculture crasse du lectorat. Encore heureux que Le Matin parte du principe que son public sait lire. Sa. D. Payot Nyon fête ses Esprit de contraction Le Matin, comme toute la presse du mercredi 11 juin, a accordé un large écho au débat du Conseil national sur l’initiative Ecopop. Intitulé « Halte à la surpopulation – Oui à la préservation durable des ressources naturelles », le texte a été laminé. Emu sans doute, un correcteur du Matin un brin trop zélé a transformé, dans l’éditorial comme dans le titre de l’article, Ecopop en Ecocop. Si le nom Ecopop est une contraction pour « écologie » et « population », Ecocop serait-il une contraction pour « écologie » et « copulation » ? Méfions-nous du Gandhi raton La Librairie francophone est une émission de radio littéraire animée par Emmanuel Khérad. Des libraires français, belges et suisses y critiquent des livres. Le 7 juin, ils se sont retrouvés pour parler de La nuit de Maritzburg. Le sujet est intéressant. La nuit de Maritzburg retrace les jeunes années de Gandhi, notamment en Afrique du Sud. On y apprend qu’il se plongea vite dans le bain du racisme quand des blancs le virèrent d’un train où il avait eu le toupet de prendre un billet en première classe. Ou quand Gandhi s’offusquait de la présence des noirs africains, qu’il comparait à des animaux. Eh oui, c’est comme ça : le racisme prend parfois des couleurs inattendues. Ça n’enlève rien aux mérites ultérieurs du Mahatma, qui permit à l’Inde d’être indépendante. Du reste, pendant l’émission, personne n’a paru choqué à cet instant. Mais plus tard, l’hôte de La librai- rie francophone a parlé de « déception » en se posant « des questions sur la crédibilité de Gandhi ». Pourquoi donc ? Parce qu’en 1938 Gandhi écrivit à Hitler pour le dissuader de partir en guerre. Il commençait sa missive par « Cher ami » et la terminait par « Je reste votre ami sincère ». Pour Gilbert Sinoué, l’auteur du livre, c’est là une « erreur face à Hitler ». Qu’est-ce que Gandhi aurait dû écrire ? « Enculé de ta race, fais la paix si t’as des couilles » ? Sinoué ajoute : « Il y a des moments où même les grands hommes sont à côté de la plaque. Il n’a pas vu la shoah. » Lui seulement ? Ensuite, quand on lui demanda ce qu’il pensait du projet de la création d’Israël, Gandhi dit qu’il était contre. Il pensait que la terre d’un homme est celle où il est né et que le sionisme était un danger pour le Proche-Orient. Là encore, émoi des critiques : comment est-ce possible ? Nous sommes-nous trompés ? Gandhi était-il un salaud ? Mais avec un peu de recul, on comprend le point de vue de celui qui voulait voir les Anglais « Dans une famille qui a des soucis d’argent, ce n’est pas en mettant Madame sur le trottoir qu’on arrange les choses. » Signé Louis Ruffieux, rédacteur en chef de La Liberté, dans Edito+Klartext de juin, à propos de la mixture entre contenus rédactionnels et publicité ainsi que du vaste racolage pratiqués pas certains journaux. Un commentaire qui va droit aux putes ! J.-L. W. ON S’EN FOOT ! A l’heure de la sieste, et pour la modique somme de 1000 dollars, les écoliers américains pourront désormais se protéger des tireurs fous à l’aide de couvertures pare-balles. Faute de vitamines A, près de 700 000 enfants meurent chaque année en Afrique. Sous le patronage de la fondation Bill et Melinda Gates, une « super banane » génétiquement modifiée pourrait prochainement être introduite en Ouganda. On s’en foot, y a l’Mondial ! retourner vivre là où ils avaient vu le jour plutôt que de foutre le bordel en Inde. Un regard critique historique, et pas seulement littéraire, serait utile pour ne pas souiller bêtement la trajectoire d’un homme. Stéphane Bovon Exclusivité mondiale. La première tablette numérique entièrement en vrai papier. CADEAU À TOUS LES ABONNÉS LE CAHIER DES SPORTS PUB J.-L. W. Tapin quotidien © D.R. 15 zoom avant sur l'info Pour tout renouvellement ou nouvel abonnement, vous recevrez en bonus le recueil « Le mieux de Vigousse 2013». 88 pages, format 24 x 31 cm, valeur CHF 22.– 021 612 02 56 / [email protected] www.vigousse.ch En vente chez Payot et Naville Tous les cinq ans, George Bush Senior a l’habitude de fêter son anniversaire en effectuant un saut en chute libre. Rebelote le 12 juin dernier, 90 bougies sur le gâteau. C’est con, le parachute s’est ouvert. Géraldine « Gégé » Fasnacht vient d’effectuer le premier vol en wingsuit depuis le sommet du Cervin. Dieu merci, la voile l’a portée jusqu’en plaine. On s’en foot, y a l’Mondial ! Poppy, 24 ans – l’équivalent de 113 ans pour un être humain – et considéré comme le chat le plus vieux du monde, est mort. Le record établi par Creme Puff, décédé à l’âge de 38 ans et 3 jours, tient toujours. L’existence même du poisson-scie est menacée. La faute aux gastronomes qui raffolent de ses ailerons et aux pêcheurs des Caraïbes qui, pour ne pas crever de faim, ne cessent de le traquer. On s’en foot, y a l’Mondial ! Un Australien cocu a mis en vente la robe de mariée de son épouse infidèle. Au plus offrant et « à qui a la naïveté de croire en la parole d’une femme ». Les ouragans qui portent un nom féminin sont trois fois plus meurtriers que ceux prénommés au masculin. La faute aux imprudents qui, sous prétexte qu’ils s’appellent Cindy plutôt que Charley, ont tendance à sous-estimer leur force. On s’en foot, y a l’Mondial ! Et ce sera tout pour cette semaine. Roger Jaunin PUB Vigousse vendredi 20 juin 2014 Vigousse vendredi 20 juin 2014 16 { B é B E RT D E PLONK & REPLONK } L A S UITE AU P ROC H AIN NU M É RO Quand Neirynck trinque Dans ce genre d’événements, le plus dur, c’est d’imaginer la vie après. C’est qu’il va falloir du temps pour s’en remettre. Oh, ce n’est pas tant le choc initial – inouï, glaçant, sidérant – qui vous fige ainsi sur place, mais bien l’épouvantable incertitude du manque à venir, ce trou insondable où logent sournoisement la solitude, la détresse et la peur. On l’aura compris, ce n’est pas de l’arrêt de 120 secondes qu’il s’agit – cataclysme planétaire relativement mineur en comparaison – mais de l’éviction de Jacques Neirynck de son propre parti. « L’histoire en direct », s’exclamait l’animateur de Forum (RTS La 1ère, 11.06.14), qui rapportait, incrédule, l’inimaginable séisme qui frappe le PDC. Il faut se représenter l’ampleur de l’événement : Christophe Darbelley avait promis à Neirynck un siège aux Etats pour 2015 s’il quittait le national d’ici là. « Béglé au national, Neirynck aux Etats », c’était le deal. Hélas, même un monument Vigousse vendredi 20 juin 2014 de clairvoyance aussi affûté qu’un professeur honoraire de l’EPFL – chaire des Circuits et Systèmes, section électricité – n’a su prévoir l’impensable : la direction du PDC a retourné sa veste. Ainsi, l’assemblée générale du PDC Vaud a entériné le 10 juin, sans la moindre opposition, l’éviction programmée du doyen de la Chambre du peuple (82 ans), en faveur d’un peu de sang neuf (Claude Béglé, 64 ans). « Stratégie globale du parti », ils ont osé appeler ça. Stratégie sans le vieux, oui ! Les confins éthérés du cosmos intergalactique résonnent toujours des échos de cet incroyable coup d’état : « Stupéfaction ! » « Méthodes staliniennes ! » « Insulte ! » « Licenciement abusif ! » « Maltraitance ! » « Guerre ouverte ! » Oui, le malheureux professeur, chroniqueur, conseiller national, blogueur, romancier, essayiste, belge, catholique, donneur de leçons et pourvoyeurs d’opinions, est manifestement inquiet. Pensez : si on le vire de la politique, que va devenir la Suisse ? Privé de ses analyses sur tout et n’importe quoi, quelle boussole orientera désormais le citoyen ordinaire ? Mais il s’accroche, Neirynck, et déjà fomente sa vengeance. On dit même qu’il pourrait profiter de sa retraite pour se lancer en politique. Sebastian Dieguez Il a dit la semaine prochaine (ou du moins ça se pourrait bien) « Un train ne peut pas en cacher un autre. » G. Pepy, patron des chemins de fer français Vigousse Sàrl, rue du Simplon 34, CP 1499, CH-1001 Lausanne > www.vigousse.ch > [email protected], tél. +41 21 612 02 50 Directeur rédacteur en chef : Barrigue Rédacteur en chef adjoint : Laurent Flutsch Chef d’édition : Roger Jaunin Journalistes : Alinda Dufey, Jean-Luc Wenger Correction : Victor Gagnaux Abonnements : [email protected] > Tél. +41 21 612 02 56 Publicité : IRL Plus, Ch. du Closel 5, 1020 Renens, 021 525 48 73, fax 021 525 48 01, E-mail : [email protected] – MEDIALIVE SA, Oetlingerstrasse 10, 4057 Bâle, tél. 061 561 52 80, [email protected] Layout et production : www.unigraf.com Impression : CIR, Sion > Tirage : 13 000 ex.