3 le signe de Cana
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3 le signe de Cana
Frère Didier van HECKE, l'Évangile de Jean, GB GSA, 2013/2014. 3 LE SIGNE DE CANA Jn 2,1-12 INTRODUCTION Le chapitre 1 de l’Evangile de Jean s’achève aux vv. 50 et 51 par l’annonce d’une prochaine manifestation du Fils de l’Homme en qui ciel et terre se rencontrent : Jésus lui répondit : parce que je t’ai dit que je t’avais vu sous le figuier, tu crois ! Tu verras des choses bien plus grandes. Et il ajouta : En vérité, en vérité je vous le dis, vous verrez le ciel ouvert et les anges de Dieu monter et descendre au-dessus du Fils de l’Homme. (Jn 1,50-51) Et voila que suit un récit étonnant qui se déroule à Cana, petite localité de Galilée, dont Nathanaël est originaire (Jn 21,2). À première vue, ce récit des noces de Cana paraît bien connu et relativement simple : suite à une intervention de sa mère, Jésus change de l’eau en vin dans le cadre de noces villageoises et ses disciples croient en lui. Mais quand on lit attentivement ce récit, on constate qu’il soulève pas mal de problèmes et qu’il peut apparaître insolite à plus d’un titre ! 1 QUESTIONS POSEES PAR LE TEXTE - Il est question de noces, mais le mari n'intervient qu’à propos du vin et l'épouse est absente. - La mère de Jésus est une invitée parmi d'autres, mais c'est elle qui prend l’initiative. - Étrange également, l’attitude de Jésus qui, mis en demeure d’agir, commence par refuser. De même, alors qu'il n’est qu’un invité, il donne des ordres aux serviteurs. - Le maître du repas vient féliciter le marié qui n’y est pour rien et ni les serviteurs, ni la mère de Jésus n’interviennent pour dissiper le malentendu. Si donc il y a bien eu un prodige, il n’est pas décrit, il n’a pas eu de public, tout s’est passé en coulisses et le secret a été bien gardé. - Ensuite, la conclusion du v. 11 est en total décalage par rapport à un récit où rien n’a été ouvertement manifesté !!! D’une part, les disciples "crurent en Jésus", mais d’autre part, il n’est pas dit qu’ils aient vu quoi que ce soit du miracle. Quant à ceux qui ont assisté au miracle et qui savent d’où vient le bon vin, il n’est nullement mentionné leur démarche de foi ! - De même la mère de Jésus qui est mentionnée au début du récit (v. 1) est absente de la première conclusion du v. 11. - Enfin, en lisant ce récit, on peut avoir l’impression que Jean raconte ici un prodige très matérialiste, une sorte de miracle de luxe. En effet, il y est d’abord question du confort d’une noce villageoise et il n’y est nullement question de vie et de mort !!! Alors, quelle peut donc bien être la signification de cette page et de ce signe ? 2 LE COMMENCEMENT DES SIGNES DE JESUS (V. 11) Pour bien interpréter cette péricope, il nous faut d'abord lire la fin de celle-ci, le verset 11, où se trouve une première conclusion, celle du narrateur qui informe ses lecteurs : il s’agit là du commencement des signes de Jésus : "Jésus fit ce premier des signes à Cana". Et le narrateur ajoute : "il manifesta sa gloire et ses disciples crurent en lui". La conclusion du récit en lui-même ne se trouve qu'au verset 12. On a donc au v. 11 le premier emploi du mot shmeion semeion "signe" de l’Evangile de Jean. Ce mot se retrouve 17 fois (2,11.18.23 ; 3,2 ; 4,48.54 ; 6,2.14.26.30 ; 7,31 ; 9,16 ; 10,41 ; 11,47 ; 12,18.37 ; 20,31) et sert à désigner ce que les autres évangiles désignent comme "miracle", mot qu'on ne retrouve jamais dans l'Evangile de Jean. Il est présent uniquement entre les chapitres 2 et 12 (sauf 20,31) dans lesquels sont rassemblés les sept signes (miracles) réalisés par Jésus. Dans l'Evangile de Jean, les signes apparaissent très liés à la foi. Mais ces signes ne sont pas toujours efficaces puisque autant après Cana qu'après la distribution des pains et le retour à la vie de Lazare, la foule demande encore des signes comme si rien ne s'était passé : 25 Frère Didier van HECKE, l'Évangile de Jean, GB GSA, 2013/2014. Quel signe nous montreras-tu pour agir de la sorte ? (Jn 2,18) Quel signe fais-tu donc pour que nous voyions et que nous te croyions ? (Jn 6,30) De même, on remarque la non-foi malgré le signe : 23 Beaucoup crurent en son nom à la vue des signes qu’il opérait. 24Mais Jésus, lui ne croyait pas en eux. (Jn 2,23.24) Quoiqu’il eût opéré devant eux tant de signes, ils ne croyaient pas en lui. (Jn 12,37) Mais en même temps, le rédacteur affirme en conclusion que "Jésus accompli encore bien d'autres signes et que ces signes ont été rapportés pour que vous croyez" (Jn 20,31-32). Les signes apparaissent donc par nature ambivalents, pouvant aussi bien détourner de la vraie foi les amateurs de spectacle qu'introduire à une foi plus grande les cœurs disponibles à l'écoute de la Parole. La requête d'un signe (Jn 2,18 et 6,30) exprime habituellement le refus d'accueillir comme signe la vie de Jésus telle qu'elle se présente. Nous le verrons, la véritable foi ne peut qu'être pascale, enracinée dans l'événement central du salut que constituent la mort et la résurrection de Jésus. 3 CONTEXTE DE LA PERICOPE Le signe de Cana sert à la fois de conclusion à la première section de l'Evangile (1,19-2,12) et d'ouverture à la suivante. La péricope est autant liée à ce qui précède qu'à ce qui suit. 31 Le rattachement de Jn 2,12 au chapitre 1 Selon R. Mercier1 : "Dernier épisode de la première unité, la scène des noces de Cana enchaîne avec les événements précédents et ferme magnifiquement la révélation de cette partie. La semaine inaugurale atteint sa fin - le septième jour - avec ce fait qui a lieu le troisième jour". TOPOGRAPHIE CHRONOLOGIE 1er Jour 1,19-28 THÈMES SPÉCIFIQUES TÉMOIGNAGE INDIRECT Négatif vv. 19-24 en Judée 2ème jour "le lendemain" 1,29-34 3ème jour "le lendemain" 1,35-42 Vers la Galilée En Galilée 4ème jour "le lendemain" 1,43-51 7ème jour "Le troisième jour" 2,1-11 TÉMOIGNAGE DIRECT Positif v. 31 LES PREMIERS APPELÉS vv. 35-40 André et un autre vv. 41-42 Simon Pierre DEUX AUTRES APPELÉS vv. 43-44 Philippe vv. 45-51 Nathanaël NOCES À CANA DE GALILÉE THÈMES GÉNÉRAUX Témoignage de Jean sur le Christ 1,19-34 Les premiers disciples viennent à Jésus 1,35-51 Jésus manifeste sa gloire et ses disciples croient en lui "Nous pouvons donc dire que la péricope de Cana est un véritable point d'aboutissement de toute la section qui introduit le quatrième évangile (après le Prologue) et qui va de 1,19 à 2,12. C'est la première manifestation de Jésus qui atteint son point culminant dans son automanifestation aux disciples à Cana. Celle-ci se poursuivra tout au long du quatrième évangile, jusqu'à la croix, où, selon la vision johannique, aura lieu la plénitude de la manifestation du mystère du Christ"2. 1 2 R. MERCIER, L'Évangile selon le disciple que Jésus aimait, 215. I. de la POTTERIE, Marie dans le mystère de l'Alliance, 193. 26 Frère Didier van HECKE, l'Évangile de Jean, GB GSA, 2013/2014. 32 Le rattachement de Jn 2,1-12 à ce qui suit En même temps, cette péricope ouvre la série des sept signes de la première partie de l'Evangile et constitue le commencement de la section allant de 2,1 à 4,54 : "Tel fut le second signe de Jésus". C’est l’opinion de Frédéric Manns : "Le premier principe qu'il faut rappeler est que le signe de Cana doit être expliqué par tout le reste de l'Évangile et en particulier à la lumière du second signe de Cana, puisque Jn 2-4 constitue une unité littéraire nettement détachée"3. En fait, on peut dire d’une part, que la péricope de Cana s’appuie sur ce qui précède et se situe littérairement et structurellement à la fin de la première section. Mais d’autre part, on peut aussi dire que la section 1,19-2,12 tout entière constitue incontestablement le début du IVe Évangile. Notre récit ouvre donc une double perspective : vers l’arrière et vers l’avant : l’ensemble de la section qui culmine dans le signe du vin à Cana ouvre indéniablement la série de tous les signes qui vont suivre. En ce sens, nous nous trouvons bien là à un commencement. 4 STRUCTURE DE LA PERICOPE Nous appuyant sur un certain nombre d’indices littéraires (personnage, vocabulaire), nous pouvons mettre une structure de type concentrique mettant en évidence la partie centrale des vv. 7-8c : Intro. vv. 1-2 Le troisième jour Scène 1 (vv. 3-4) CANA DE GALILÉE Dialogue mère-Jésus VIN (manque) Mon heure Scène 2 (vv. 5-6) Dialogue mère/servants: quoi qu'il vous dise, faites-le LES JARRES Scène 3 (vv. 7-8) Dialogue Jésus/servants LES JARRES : L'EAU En vue du repas Maintenant Scène 4 (v. 9ca) Scène 5 (vv. 9b-10) Conclusion (vv. 11-12) La mère de Jésus Jésus ses disciples Servants/Maître du repas Dialogue Maître du repas-époux VIN: le bon vs le moins bon D'abord vs ensuite tout le monde vs toi jusqu'à maintenant Commencement des signes CANA DE GALILÉE Jésus Ses disciples Après ceci CAPHARNAUM Sa mère Ses frères et disciples Peu de jours Ce récit est très soigneusement construit. Il comprend sept unités dont six se répondent dans une très belle structure concentrique mettant en valeur la partie centrale qui nous relate ce qui se passe entre Jésus et les serviteurs. C'est bien leur obéissance à la parole de Jésus qui a permis que cette eau devienne du vin. 5 COMMENTAIRE 51 Introduction (vv. 1-2) Les deux premiers versets introduisent les personnages du récit, leurs relations réciproques et le cadre dans lequel le récit va se dérouler. Les circonstances sont exposées sans qu'il soit question, 3 F. MANNS, L'Évangile de Jean à la lumière du judaïsme, 96-97. 27 Frère Didier van HECKE, l'Évangile de Jean, GB GSA, 2013/2014. comme on pourrait s'y attendre, des mariés. La mariée est absente du récit et le marié n'interviendra qu'à la suite d'une confusion du maître de repas. 511 Le cadre des noces Le cadre assigné par l’évangéliste à sa narration est celui d’un repas de noce. Celui-ci évoque irrésistiblement la longue tradition prophétique et sapientielle exprimant par cette image l’amour de Dieu pour son peuple. Depuis Osée jusqu’au IIIe Isaïe, en passant par presque tous les prophètes et l’interprétation juive du Cantique des Cantiques, toutes les écritures ont présenté Yahvé comme l’époux de son peuple. L’Alliance conclue entre Dieu et son peuple est une alliance nuptiale, c’est-àdire indestructible car fondée sur un amour total et réciproque : Car celui qui t'a faite, c'est ton époux, le Seigneur le Tout-Puissant, c'est son nom... Car telle une femme abandonnée, le Seigneur t'a rappelée. (Is 54,4-8) 512 Le troisième jour Ce mariage est célébré “le troisième jour”. C'est un peu surprenant dans un décompte qui mentionne tout d'abord quatre jours (Jn 1,29.35.43). Ainsi ces noces ont lieu à la fois un 3ème jour et un 7ème jour. Or, dans l'Ancien Testament, on retrouve cette expression à 11 reprises pour mentionner des événements décisifs survenant un 3ème jour. Ce qui intéresse donc l’auteur, ce n’est pas d’abord une précision chronologique mais bien d’assimiler l’épisode à des grands événements de l’histoire sainte qui se passent un 3ème jour. Dans la Bible, le 3ème jour est d'abord le jour de la double bénédiction, puisqu'au 3ème jour de la création, il est écrit deux fois "Dieu vit que cela était bon" (Gn 1,9.12). On retrouve l'expression dans les passages suivants : Gn 22,4 ; Gn 42,8 ; Jos 2,16 ; Jon 1,3 ; Esd 8,15 ; Est 5,1 ; Os 6,2. Mais la théophanie du Sinaï est la citation la plus exploitée par les biblistes et à juste titre. En effet, selon Ex 19,11.16 c’est le 3ème jour que Dieu descendit sur la montagne du Sinaï. C’est ce 3ème jour que Dieu s'est manifesté à son peuple, qu’il lui a fait don de la Torah et qu’il a scellé son Alliance avec son peuple : 11 Qu'ils soient prêts pour le troisième jour, car c'est au troisième jour que le Seigneur descendra sur la montagne du Sinaï aux yeux de tout le peuple. (Ex 19,11) 16 Le troisième jour, dès le matin, il y eut des coups de tonnerre, des éclairs et une épaisse nuée sur la montagne, ainsi qu'un très puissant son de trompe et dans le camp, tout le monde trembla. (Ex 19,16) Et selon le Targoum du Pseudo-Jonathan, dans son commentaire de ce passage de l'Exode, ce 3ème jour est également un 7ème jour. Ainsi, le moment fondateur du peuple de l'Alliance au Sinaï est mis en relation avec le signe de Cana. Or cet événement a reçu une interprétation à la fois eschatologique et nuptiale dans le judaïsme : "L'Alliance au Sinaï a été conclue dans la perfection d'un amour réciproque. Elle peut être comparée à un mariage"4. En fait, cette mention veut avertir le lecteur d’une manifestation divine et assimiler l’épisode aux grands événements de l’histoire sainte qui se sont déroulés un troisième jour. 513 Cana de Galilée Pourquoi cette mention de Cana de Galilée ? La racine hébraïque du nom Qanah peut désigner soit un lieu de rachat ou de rédemption soit la jalousie appliquée à Dieu. On retrouve cette racine au livre d'Isaïe : "Ce jour-là, le Seigneur étendra la main une seconde fois pour racheter le reste de son peuple" (Is 11,11). La Galilée, c'est comme le dit également Isaïe, le carrefour des nations : "l'avenir glorifiera le chemin de la mer, au-delà du Jourdain, le carrefour des nations" (Is 8,23). La Galilée, dont le nom signifie "carrefour" est une province complètement ouverte sur le monde. Ainsi le salut part d'Israël et concerne le monde entier. C'est pour cela que, après sa résurrection, Jésus donne rendezvous à ses disciples en Galilée et non pas à Jérusalem (Mc 14,28). 4 J. POTIN, La fête juive de Pentecôte, LD 65, Paris, Cerf, 1971, 216-217. 28 Frère Didier van HECKE, l'Évangile de Jean, GB GSA, 2013/2014. 514 La mère de Jésus était là Dans cette péricope, Marie n'est pas désignée par son nom mais comme la "mère de Jésus". Ce titre repris quatre fois dans le récit (2,1.3.5.12) souligne une des perspectives théologiques de la scène. On retrouve également le terme en 6,42 et 19,25-27. Marie n’est ainsi présentée qu’en référence à Jésus. Marie est présente aux noces de Cana. Marie est présente aux noces de la croix, le signe par excellence, par lequel est scellée la nouvelle Alliance. Pour désigner la présence de Marie aux noces de Cana, le narrateur utilise le verbe être à l'imparfait : c'est une présence qui dure, précédant peut-être le mariage lui-même. C'est ainsi que selon Simoens, "La mère de Jésus peut bien symboliser Sion, la Jérusalem des temps messianiques"5. La fonction de la mère de Jésus précède donc la nouvelle alliance et l’heure de Jésus. Marie représente ainsi le peuple de Dieu fidèle à sa tradition et à sa foi, les fidèles de l’ancienne alliance qui entrent dans la nouvelle alliance. Elle est le fondement du nouvel Israël. Dans la péricope, elle est également appelée "femme" au v. 4. Ce terme est souvent repris par Jésus sans aucune nuance de mépris (Jn 4,41 ; 8,10 ; 20,13). Mais il surprend chez un fils parlant à sa mère : l’adresse normale serait ‘imma correspondant à Abba. Alors qu’implique ce terme ? Jésus montre d’abord qu’il se situe à un autre plan que sa mère selon la chair, l’Israël du passé. Son attitude correspond à celle qu’il prend dans les synoptiques en se distançant de sa mère et de ses frères (Mc 3,33ss). Mais positivement, Jésus dit plus. En sa mère, il voit désormais la Femme, non plus seulement l’Israël qui lui a donné le jour, mais Sion qui attend et espère le temps du salut définitif. En effet, par cette appellation, Jésus invite à une prise de conscience nouvelle. Ainsi, les deux dénominations de Marie, "mère de Jésus" et "femme" montrent qu'en elle se trouve personnifiée la Sion messianique qui rassemble autour d’elle ses enfants lors de la fin des temps. En toute vérité, elle est d'abord personnification d'Israël. Et dans un récit de noce où la mariée n'apparaît pas, c'est elle, la mère de Jésus, qui tient lieu de Sion, qui est l'épouse, Israël6. 515 Les disciples Les disciples qui accompagnent Jésus à la noce doivent être les 5 dont il est question au premier chapitre : André, Simon-Pierre, Philippe, Nathanaël et un cinquième, l'ami d'André dont on ne connaît pas le nom. Ils sont des Galiléens de Bethsaïde pour les trois premiers (1,44) et de Cana pour Nathanaël, même si ce n'est qu'au chapitre 21,2 que nous l'apprenons. 52 Scène 1 : Jésus et sa mère (vv. 3-4) Le manque de vin, élément constitutif d'une noce, est le point de départ du récit. 521 La symbolique du vin Le mot "vin" apparaît 5 fois dans cette péricope dont 2 fois dans cette scène, v. 3a et 3b et 3 fois dans la scène 5, vv. 9, 10a et 10b. Le vin est un élément qui traverse notre texte mais qui traverse également tout l'Ancien Testament, la Torah, les Prophètes et les Ecrits. > Dans l’Ancien Testament, l’abondance de vin est d’abord signe de bénédiction : Il t'aimera, te bénira, te rendra nombreux et il bénira le fruit de ton sein et le fruit de ton sol, ton blé, ton vin nouveau et ton huile. (Dt 7,11-13) > Le vin est ensuite perçu comme un symbole d’Alliance : En Os 2,21-25 et Is 62,5 la fertilité de la vigne est évoquée dans un contexte qui parle des noces de Yahvé avec son peuple symbolisant la nouvelle alliance. Je te fiancerai à moi par la fidélité et tu connaîtras le Seigneur... Et je répondrai à l'attente des cieux... Et le blé, le vin nouveau et l'huile fraîche répondront à l'attente d'Izréel. (Os 2,23-24) > Le vin symbolise également l’ère messianique et était revêtu de trois qualités principales : 5 6 Y. SIMOENS, Selon Jean, 135. X. LÉON-DUFOUR, L'Evangile de Jean, tome 1, 223-224. 29 Frère Didier van HECKE, l'Évangile de Jean, GB GSA, 2013/2014. - Son abondance : Ce jour-là, les montagnes dégoutteront de vin nouveau. (Jl 4,18) - Sa gratuité : Même celui qui n'a pas d'argent, venez... Venez et buvez, sans argent et sans paiement, du vin et du lait. (Is 55,1) - Sa qualité exceptionnelle : Yahvé Sabaot prépare pour tous les peuples, sur cette montagne, un festin de viandes grasses, un festin de vins vieux, de viandes moelleuses, de vins vieux décantés. (Is 25,6) Plusieurs écrits intertestamentaires confirment la vitalité de ce motif, aux abords de l'ère chrétienne, avec une tendance à amplifier les volumes : Et alors, dès que sera accompli ce qui doit arriver… le Messie commencera de se révéler… La terre donnera ses fruits, dix mille pour un, et sur une seule vigne il y aura dix mille rameaux, et un rameau donnera mille grappes, et une grappe donnera mille raisins, et un raisin donnera un cor de vin7. L’apparition en Israël de ce vin abondant, gratuit et de qualités exceptionnelle marquerait la venue du Messie et la reconduction d’une alliance éternelle. Il est aisé de reconnaître dans ce récit johannique les caractéristiques du vin de la promesse : - Sa gratuité (on y puise à volonté), - Sa qualité (attestée par le maître de repas), - Sa quantité (6 fois 600 litres). 522 Le dialogue entre Jésus et sa mère 5221 L’intervention de la mère de Jésus La fonction de la mère de Jésus qui opère symboliquement le passage de l'alliance à son accomplissement, revient à dire, par la parole, la situation à Jésus. L'insistance à la fois sur le manque et sur la parole de la mère de Jésus est notable dans la syntaxe : Et ayant manqué de vin, dit, la mère de JÉSUS, vers LUI de vin ils n’ont pas Par cette parole, la mère de Jésus ne demande pas un miracle. Mais elle met son fils en présence de la détresse d'Israël, de cet Israël qu'elle est et qu'elle représente. Dans la perspective symbolique du récit, c’est bien en présence de Dieu (le marié), qu’Israël (la mère de Jésus) s’adresse à Jésus. Derrière cette parole de Marie, il faut bien entendre le peuple d’Israël qui avoue sa situation de détresse en attendant l’accomplissement des noces eschatologiques promises par Dieu à travers les annonces des prophètes. Voilà l'hypothèse que je pose ! 5222 La réponse de Jésus - Premier élément : Que me veux-tu, femme ? (littéralement : Quoi à moi et à toi) Jésus répond à sa mère en reprenant une formule sémitique fréquente dans la Bible. Celle-ci met l'accent sur un point ou une question de divergence entre deux partenaires. Le texte le plus clair est donné par Jg 11,12. Les Ammonites sont venus attaquer les Israélites. Ces derniers dans la personne de Jephté viennent leur demander "Quoi à moi et à toi que tu sois venu faire la guerre à mon pays". Il faut comprendre "Que t'ai-je fait ? Qu'y a-t-il entre toi et moi ?". L'expression peut également indiquer une rupture : Js 22,24-25 ; 2 R 3,13 ; Os 14,9. Dans le Nouveau Testament, cette expression est placée dans la bouche des démons lorsque Jésus les chasse : Mc 1,24 ; 5,7 ; Mt 8,29 ; Lc 4,34 ; 8,28. La formule à elle seule ne permet pas de préciser et son sens varie selon les contextes. Sa tournure interrogative, telle une question rhétorique, n’appelle pas de réponse, mais ouvre à la réflexion. Ici, elle implique que Jésus ne se tient pas au même niveau que sa mère. Elle signifie ou 7 Apocalypse syriaque de Baruch, XXIX-XXX, Ecrits Intertestamentaires, Pléiade, Paris, 1983. 30 Frère Didier van HECKE, l'Évangile de Jean, GB GSA, 2013/2014. bien : “Qu’y a-t-il de commun entre nous ?” ou bien “Qu’est-ce qui nous sépare ?”. La formule est trop souple pour être réduite à des catégories. Ici, s’il y a tension entre Jésus et sa mère, c’est à cause de l’heure. Marie en reste à la signification matérielle du manque de vin. Jésus et Marie ne voient pas les réalités de la même façon. Jean exploite non seulement le double sens des mots mais aussi celui des situations. Jésus opère un changement de perspective : il rejette le plan humain qu’on lui propose pour s’élever au plan de la foi. - Second élément : Mon heure n'est pas encore venue ou mon heure n'est-elle pas venue ? De même que les mots signe et gloire, le mot heure constitue un motif johannique fortement attesté : 28 occurrence du mot hôra. Dans l'Evangile de Jean, "l'heure de Jésus", c'est le moment de la manifestation de sa gloire, c'est l'heure de la crucifixion et du retour au Père, c'est l'heure où Dieu révèle son amour (cf Jn 13,1). Le texte grec peut être traduit par une négation : “Mon heure n’est pas encore venue” (TOB) ou par une interrogation : “Mon heure n’est-elle pas venue ?” En lisant le texte comme une interrogation, on comprend que quelque chose est déjà en train de se passer. La forme interro-négative pose de fait une affirmation : l'heure est déjà là. C’est le commencement d’un événement prolongé qui doit se développer ultérieurement : celui de l’automanifestation de Jésus qui s'achèvera à la croix. De même que le signe de Cana manifeste déjà la gloire de Jésus, le signe de la croix manifestera en plénitude cette gloire. En lisant le texte comme une affirmation, Jésus fait de ce premier signe une anticipation et une annonce de l'Heure qui s'accomplira sur la croix. Et dans cette perspective, personne, pas même sa mère, ne peut décider de son heure. 53 Scène 2 : la mère de Jésus et les serviteurs (vv. 5-6) 531 Réponse de Marie : "quoiqu'il vous dise, faites-le" Marie ne répond pas directement à Jésus, mais invitée à saisir que l’heure est venue d’agir selon la volonté du Père, elle cesse de parler en mère selon la chair et elle communique aux serviteurs sa totale confiance en lui. Cette expression est tantôt présentée comme une relecture de Gn 41,55, tantôt d’Ex 19,8. Comme Jésus est le "fils de Joseph", la réminiscence de Gn 41,55 est intéressante : Pharaon dit à tous les Égyptiens : allez à Joseph et tout ce qu'il vous dira faîtes-le. Les mots de Pharaon sur les lèvres de la mère ne font eux pas grand sens. Mais par contre, par ce rappel de Gn 41, Jean met en relation non pas Marie et Pharaon mais Jésus et Joseph. Ce verset met en évidence la reconnaissance de l'autorité acquise par Joseph aux yeux de Pharaon et invite à reconnaître la même autorité à Jésus. De plus, l'histoire de Joseph est l'histoire d'un homme victime de la haine de ses frères qui va se terminer non seulement bien, mais au bénéfice des frères qui ont voulu sa mort : 5 Je suis Joseph votre frère... C'est pour préserver vos vies que Dieu m'a envoyé en avant de vous. (Gn 45,5) L'acquiescement du peuple de l'Alliance aux paroles du Seigneur en Ex 19 et 24, transféré sur la mère de Jésus, est également significatif : Tout ce que Yahvé a dit, nous le ferons. (Ex 19,8) Tout ce que Yahvé a dit, nous le ferons et nous y obéirons. (Ex 24,7) Telle est l’attitude d’Israël qui, dans ses épreuves, répète sans se lasser qu’il est disposé à faire la volonté de son Seigneur. On peut relever qu'ici la mère de Jésus se situe à sa place qui n’est pas celle de médiateur. Mais elle est Israël se disposant à obéir à son Dieu et à son envoyé. Le peuple de la nouvelle Alliance est caractérisé par l’obéissance à la Parole. 31 Frère Didier van HECKE, l'Évangile de Jean, GB GSA, 2013/2014. 532 Les six jarres de pierre pour la purification des juifs (v. 6) On a là un premier détail surprenant. Au lieu des cruches en terre, servant pour le vin et qui à Cana se trouvent vides, Jésus va utiliser les jarres de pierre servant pour les ablutions et purifications rituelles des juifs. Ensuite, le nombre de jarres, six, implique une idée d’imperfection (7-1). En mentionnant ce chiffre, le rédacteur johannique ne fait que souligner combien à ses yeux, l'ancienne alliance est imparfaite8. Jésus s’apprête à infuser un esprit nouveau dans le judaïsme. L'eau destinée aux purifications rituelles va donc être transformée en vin de la nouvelle Alliance apporté par Jésus qui va donc remplacer l'ancienne. Pour Jean, l'eau des purifications rituelles des juifs est dorénavant inutile et caduque. Seule, la parole de Jésus ainsi que sa mort et son corps ressuscité, nouveau Temple, peuvent nous purifier. Mais en même temps, le rédacteur nous dit que ces jarres sont en "pierre". Et si elles sont en pierre, c'est qu'elles vont durer. Il reconnaît ici leur valeur et peut être représentent-elles l'institution d'Israël. C'est bien à travers Israël que cette eau est arrivée jusqu'à Jésus et que celui-ci va pouvoir la reprendre pour être consommée dans l'alliance définitive. 54 Scène 3 : Jésus et les serviteurs (vv. 7-8) Cette scène occupe la position centrale de la péricope. L'évangéliste insiste comme s'il décrivait au ralenti les diverses actions, les ordres et les exécutions. Ils sont bien curieux ces serviteurs ! Ce sont eux qui ont fait le gros travail de remplissage des jarres, qui ont puisé l'eau et porté le vin au maître du repas, et pourtant, ils ne sont pas devenus croyants comme les disciples ! Et le texte insiste aussi sur le savoir des serviteurs qui savent, eux, d'où vient le vin (v. 9). Nous sommes ici au cœur du récit avec le verbe "puiser" qui est encadré par un redoublement des verbes "remplir" et "porter". Le texte ne dit pas à quel moment l'eau est devenue du vin et Jésus n'a fait aucun geste ni prononcé aucune parole sur les jarres d'eau. Jésus a seulement commandé aux serviteurs des actions auxquelles ils ont obéi. Les serviteurs ne vont pas ensuite utiliser leur savoir pour affirmer ou revendiquer quoi que ce soit. Et Jésus ne leur demande ni de croire ni de témoigner, il leur demande seulement de remplir, de puiser et de porter. Et c'est bien cette union entre Jésus et son peuple, symbolisé par ses serviteurs, qui assure la transformation de l'eau en vin. C'est-à-dire, c'est sa parole liée à l'obéissance des serviteurs, qui assure la transformation de l'eau en vin. Le récit nous présente ici deux types de foi, la foi agissante des serviteurs et la foi des disciples en leur maître devant la manifestation de sa gloire. Ces serviteurs représentent donc sans doute ici l'Israël de la première alliance, l'Israël capable de dire "nous ferons et nous comprendrons". En acceptant d'entrer dans la logique de Dieu et en se défaisant de la leur, les serviteurs de Cana sont dans la disposition spirituelle du croyant. Ils sont dans une démarche de confiance et de foi. L’adverbe "maintenant" conserve sa valeur temporelle : il se réfère souvent à l’heure de Jésus (Jn 12,27.31 ; 13,31 ; 16,5.22 ; 17,5.13). Non requis par le contexte, il souligne ici que le temps est venu des noces eschatologiques. Ce maintenant ouvre à une présence qui ne cessera plus. Le signe pointe vers le mystère du Christ. Par contre, on peut relever que la description du miracle n’intéresse pas Jean. Il se contente de mentionner ce qu’il y avait avant et ce qu’il y a après (Jn 9,13.17.18 ; 11,43). De même le texte ne dit pas que l’eau a été changée en vin mais qu’elle est « devenue » vin !!! 55 Scènes 4 et 5 : le maître, les serviteurs et le marié (vv. 9-10) A ce moment, commence le temps du malentendu. Le maître de repas ne savait pas d'où venait le vin. L'origine mystérieuse de l'eau devenue vin renvoie à l'identité mystérieuse de Jésus. Le malentendu est ici à son comble. Le maître du repas ignore que quelqu'un s'est substitué à lui comme maître du repas. Il ne sait pas et se satisfait en rappelant ce qui se fait d'habitude. 8 M.E. BOISMARD, Synopse des quatre évangiles, Jean, tome 3, 107. 32 Frère Didier van HECKE, l'Évangile de Jean, GB GSA, 2013/2014. 56 Conclusion (vv. 11-12) Dans notre péricope, Jean ne se contente pas d’appeler "signe" le miracle de Cana, il le qualifie de commencement des signes : "Tel fut à Cana de Galilée, le commencement des signes de Jésus". Jean utilise le terme arch arké "commencement" et non le terme "premier" de qui il se différencie. Beaucoup plus riche que lui, il signifie le principe et le fondement. Ce commencement inaugure un mouvement comme la création en Gn 1,1. Ce terme n’amorce pas seulement une énumération, il marque une nouveauté désormais présente. Tout le signe est orienté vers la révélation de Jésus : "Il manifesta sa gloire". Beaucoup plus que vers l'acte extraordinaire, le signe entraîne le regard du lecteur vers l'auteur du prodige, vers le poseur de signe. Enfin, le signe est également orienté vers la foi : "il manifesta sa gloire et ses disciples crurent en lui". L'expression "croire en" que l'on retrouve ici (ses disciples crurent en lui) est caractéristique de l’Évangile de Jean (36 fois). On retrouve cela dans la conclusion de l'Évangile où Jean écrit : Jésus a opéré sous les yeux de ses disciples bien d’autres signes qui ne sont pas rapportés dans ce livre. Ceux-ci l’ont été pour que vous croyez que Jésus est le Fils de Dieu, et pour que, en croyant, vous ayez la vie en son nom. (Jn 20,30-31) La fin du récit montre ainsi la valeur symbolique du signe. Alors que ce sont les serviteurs qui savent d'où vient le bon vin, ce sont les disciples qui sont mentionnés comme devenant croyants ! C'est probablement que, jusqu'à cet événement, les disciples ont été les seuls à vivre quelque chose de fort spirituellement. André et son compagnon ont suivi Jésus et ont demeuré avec lui (1,44). Simon-Pierre a été touché par le regard de Jésus posé sur lui (1,42). Philippe a entendu Jésus lui dire : suis-moi (1,43). Et Nathanaël, vu sous le figuier a été le premier à confesser sa foi (1,47). C'est donc riche de tout cela qu'ils ont pu entrer dans le signe de Cana, reconnaissant en Jésus, l'envoyé du Père. C'est cette première confession de foi qui les constitue en communauté de foi. En effet, au début du récit, la mère de Jésus, Jésus et ses disciples sont mentionnés successivement les uns à la suite des autres alors qu'à la fin, ils forment une première communauté : "il descendit à Capharnaüm avec sa mère et ses frères et ses disciples". 6 SYNTHESE THEOLOGIQUE Au terme de notre analyse exégétique, on peut sans doute tout de suite évacuer une interprétation sacramentelle de cette péricope de Cana. Certes, on ne peut nier que, pour les Chrétiens, les mentions de la noce, de l'eau et du vin ne constituent pas d'authentiques références indirectes aux sacrements du mariage, du baptême ou de l'Eucharistie. Mais voir en Cana une référence au mariage chrétien est tout à fait osé et non justifié. De même, on ne peut voir dans l'eau des purifications une référence au baptême. Le changement affecte non seulement l'efficacité de l'eau mais aussi sa nature. Or, on ne baptise pas avec du vin. De même, l'interprétation eucharistique du signe de Cana ne se justifie pas. Elle s'appuie sur une lecture allégorique qui ne prend pas en compte le mouvement et la richesse du texte dans son ensemble. Par contre, tout concourt à faire du texte de Cana un récit hautement symbolique et théologique. Tout notre récit veut présenter à ses lecteurs les noces de Dieu, évoqué sous la figure du marié et d'Israël, évoqué à travers la mère de Jésus et tous les serviteurs. Jésus apparaît comme celui grâce à qui la noce va pouvoir se réaliser. Dans ce récit, Jésus, que le lecteur sait être l'envoyé de Dieu, se trouve face à Israël. Derrière la figure de Marie et son intervention, c'est toute la détresse et l'attente d'Israël qui se trouve exprimées, c'est son désir de l'accomplissement des noces eschatologiques promises par Dieu à travers toutes les annonces prophétiques. Jésus se présente comme celui qui répond à cette attente d'Israël, en lui donnant un vin meilleur, le vin des noces de la fin des temps. Ce vin suggère la plénitude de la Nouvelle Alliance inaugurée par Jésus. Ce récit joue la même fonction que la proclamation inaugurale des synoptiques : "Le règne de Dieu est là" (Mc 1,15). Ce récit vient annoncer le début d'une ère nouvelle et le signe vient révéler par 33 Frère Didier van HECKE, l'Évangile de Jean, GB GSA, 2013/2014. la présence de Jésus, que l'Alliance de Dieu avec les hommes va s'accomplir. Ce moment de Cana est inaugural et il s'actualisera tout au long de la vie de l'Église dans un "maintenant" qui ne cessera de s'ouvrir à une présence qui ne cessera plus. Cependant, seuls les disciples avec Marie, ceux qui ont accompagné le maître voient la Gloire que Jésus a manifestée : ce sont eux qui constituent la première communauté de l'Alliance nouvelle. CONCLUSION Ce commencement des signes annonce, comme tous les autres signes accomplis par Jésus, l'unique signe de la croix et du tombeau vide. Le propre du signe est de renvoyer à une réalité autre que la réalité visible, à une réalité qui dépasse celle qu'on peut constater avec ses sens. Chacun des signes dévoile, à qui s'y ouvre dans la foi, un aspect particulier du mystère de Jésus : il est le pain de vie (Jn 6), la lumière du monde (Jn 9), la résurrection et la vie (Jn 11). Ici, le signe de l'eau changée en vin annonce que, en Jésus et par Jésus, est venu le temps de l'Alliance Nouvelle scellée entre Dieu et son peuple, le temps des noces éternelles. Le signe révèle la gloire de Jésus (Jn 2,11). Le mot hébreu kabod signifie par sa racine "lourdeur" ; il exprime le fait d'avoir du poids, de la valeur, de la force, de l'honneur, du mérite. La gloire est ainsi la présence, non pas l'essence de Dieu. Elle est acte plutôt que qualité, relation plutôt que substance. Plus que la grandeur, elle est une présence vivante ou mieux, le rayonnement d'une présence. Mais pour contempler cette gloire, il faut le regard de la foi. Certains voient bien le signe mais sont aveugles à la gloire : Beaucoup crurent en son nom, en voyant les signes qu’il faisait. Mais Jésus lui, ne se fiait pas en eux, parce qu’il les connaissait tous et qu’il n’avait pas besoin qu’on témoignât au sujet de l’homme ; car il connaissait lui, ce qu’il y a dans l’homme. (Jn 2,23-25) Bien qu'il eut fait tant de signes devant eux, ils ne croyaient pas en lui. (Jn 12,37). Table des matières INTRODUCTION ............................................................................................................................................................................................................ 25 1 QUESTIONS POSEES PAR LE TEXTE ................................................................................................................................................................... 25 2 LE COMMENCEMENT DES SIGNES DE JESUS (V. 11) ...................................................................................................................................... 25 3 CONTEXTE DE LA PERICOPE ................................................................................................................................................................................. 26 31 LE RATTACHEMENT DE JN 2,12 AU CHAPITRE 1 ............................................................................................................................................................................26 32 LE RATTACHEMENT DE JN 2,1-12 A CE QUI SUIT ...........................................................................................................................................................................27 4 STRUCTURE DE LA PERICOPE .............................................................................................................................................................................. 27 5 COMMENTAIRE .......................................................................................................................................................................................................... 27 51 INTRODUCTION (VV. 1-2) ..................................................................................................................................................................................................................27 511 Le cadre des noces ................................................................................................................................................................................................................ 28 512 Le troisième jour.................................................................................................................................................................................................................... 28 513 Cana de Galilée ....................................................................................................................................................................................................................... 28 514 La mère de Jésus était là .................................................................................................................................................................................................... 29 515 Les disciples ............................................................................................................................................................................................................................. 29 52 SCENE 1 : JESUS ET SA MERE (VV. 3-4) ...........................................................................................................................................................................................29 521 La symbolique du vin ........................................................................................................................................................................................................... 29 522 Le dialogue entre Jésus et sa mère ................................................................................................................................................................................. 30 5221 L’intervention de la mère de Jésus ...................................................................................................................................................................................................................................... 30 5222 La réponse de Jésus.................................................................................................................................................................................................................................................................... 30 53 SCENE 2 : LA MERE DE JESUS ET LES SERVITEURS (VV. 5-6) ........................................................................................................................................................31 531 Réponse de Marie : "quoiqu'il vous dise, faites-le" .................................................................................................................................................. 31 532 Les six jarres de pierre pour la purification des juifs (v. 6) ................................................................................................................................. 32 54 SCENE 3 : JESUS ET LES SERVITEURS (VV. 7-8) ..............................................................................................................................................................................32 55 SCENES 4 ET 5 : LE MAITRE, LES SERVITEURS ET LE MARIE (VV. 9-10) .....................................................................................................................................32 56 CONCLUSION (VV. 11-12) .................................................................................................................................................................................................................33 6 SYNTHESE THEOLOGIQUE ..................................................................................................................................................................................... 33 CONCLUSION .................................................................................................................................................................................................................. 34 34