l`araignee et la tension superficielle
Transcription
l`araignee et la tension superficielle
Tension superficielle P.A. BERNARD COMMENT L’ARAIGNÉE D’EAU (Ou Gerris) MARCHE- T- ELLE SUR L’EAU ? Introduction Les phénomènes apparaissant à la surface d’un liquide sont bien connus en physique. Leur origine repose sur des tensions superficielles qui jouent un rôle très important, dans la nature comme dans notre vie quotidienne. En introduction, l’étude mécanique constitue une étape importante en vue d’étudier le comportement thermodynamique approfondi de ces phénomènes. On note en effet que la première approche théorique d’un sujet est déterminante pour l’intérêt du lecteur. La présentation du phénomène constitue en quelque sorte le point d’accroche médiatique qui va motiver pour aller plus loin, ou pour abandonner. La présentation cidessous, conçue de façon claire, a pour prétention de constituer un panneau publicitaire motivant, donnant envie de vouloir en savoir plus. Contrairement à un gaz, un liquide ne tend pas à occuper tout l’espace qui lui est offert, ses molécules sont retenues au voisinage les unes des autres par des forces de cohésion attractives, les forces de Van der Waals. Ces forces n’agissent plus au-delà d’une distance appelée rayon d’action moléculaire. M2 A B A’ B’ M1 Considérons une molécule M1 située dans la masse du liquide, elle est soumise, de la part de ses molécules voisines, à des forces d’attraction qui statistiquement s’annulent, le liquide étant au repos, la molécule M1 reste donc dans la même position. Par contre, une molécule M2, située à une distance de la surface inférieure au rayon d’action moléculaire, est soumise à des forces d’attraction dont la résultante n’est pas nulle. Aucune attraction en AB ne compense les forces exercées par les molécules agissant dans la partie A’B’, zone symétrique de AB émergente. Le liquide exerce donc sur la molécule M2, une force résultante dirigée vers l’intérieur. 1 Extraire une molécule de l’intérieur du liquide à sa surface nécessite donc d’effectuer un travail, comme si on voulait étirer la surface d’une membrane de caoutchouc tendue. La surface du liquide possède une énergie potentielle proportionnelle à son aire. Tension superficielle P.A. BERNARD Tension superficielle Expérience 1 1/ Formons une boucle quelconque (rouge) avec un fil de coton posé sur la surface d’une lame d’eau pure, la boucle garde sa forme d’origine. 1 2/ Introduisons une goutte d’eau savonneuse dans la boucle, celle-ci prend alors une forme circulaire régulière. Eau pure Interprétation. Eau savonneuse Cette expérience montre qu’il existe des forces de tension superficielles plus importantes à l’extérieur de la boucle, dans l’eau pure, perpendiculairement à chaque point de cette boucle. La tension superficielle γ dépend de la nature du liquide, elle est plus grande pour l’eau pure que pour l’eau savonneuse. Ci-contre, dF est le module de lar force appliquée à un élément de longueur dl, n est le vecteur unitaire normal à cet élément. Son module est dF = 2 γ dl car la lame d’eau présente deux interfaces avec le milieu gazeux environnant. L’expression vectorielle de l’élément de force est : 2 dl dF r n r v dF = −n dF La force de tension superficielle γ est le signe – indique que la force est dirigée vers exprimée en Newton par mètre (Nm-1). l’extérieur. L’expression différentielle du vecteur force est donc Ordre de grandeur des forces de tension superficielles, en milli Newton par mètre : r r dF = −2γ n dl Eau pure : 73 mNm-1 Eau savonneuse : 25 mNm-1 Mercure : 500 mNm-1 2 Tension superficielle P.A. BERNARD Expérience 2 Si on considère une lame de liquide On utilise un dispositif similaire pour mesurer la rectangulaire (bleu), maintenue par un tension superficielle caractéristique d’un liquide, à cadre rigide dont un coté est mobile, le partir de la mesure de F. fait de tirer sur ce coté mobile tend à étendre la lame d’eau, ceci exige un dl travail dw tel que : r dw = F dx Où dx est le déplacement du coté mobile Soit : Donc : rr dw = −2 γ l dx n i dw = −2 γ l dx r r (ici n = i ) l F Et dw = − 2 γ dS Pour une face on a : x Coté mobile dws = − γ dS= −dEp dx On associe ainsi une énergie potentielle de surface : Ep = γS La tension superficielle est à l’origine de la forme que prend une goutte de liquide lorsqu’on la dépose sur une surface solide, cela se traduit par une capacité dite « de mouillage ». L’illustration ci-contre résume cette particularité. Le paramètre déterminant est l’angle de mouillage θ compris entre le plan tangent à la surface de la goutte et le plan solide qui supporte la goutte de liquide. θ θ aigu θ faible Fort mouillage 1/ θ aigu, le mouillage est important 2/ θ obtus, le mouillage est faible. C’est le cas du mercure où θ=135°. Pour θ= 180°, le mouillage est nul Si θ tend vers 0°, le mouillage est parfait. Le pouvoir mouillant est lié à la nature du liquide et à la nature physique du support et à son état de surface. θ obtus θ ≅ 180° Faible mouillage L’hélium liquide est le meilleur liquide mouillant. 3 Tension superficielle P.A. BERNARD Applications Pour améliorer les performances des lessives, on a intérêt à diminuer les forces de tension superficielle de l’eau. Pour cela on incorpore au produit des substances tensio actives qui augmentent le pouvoir mouillant de l’eau. On utilise aussi ces techniques dans les peintures. Dans la nature, certains insectes peuvent se déplacer sur l’eau car les tensions superficielles mises en jeu à l’interface eau-patte sont très importantes, c’est le cas de l’araignée d’eau. Sur la photo, on distingue la surface de contact des pattes avec l’eau. Les forces de tensions superficielles sont suffisamment grandes pour que l’araignée puisse effectuer des déplacements sur la surface, en effectuant avec ses pattes, des forces de traction tangentes à la surface du liquide. C’est aussi grâce au très faible mouillage sur leurs plumes que les canards sont toujours secs dès qu’ils sortent de l’eau. 4