Le financement participatif ou crowdfunding
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Le financement participatif ou crowdfunding
Typhaine LEQUEUX – MEDDE/CGDD/DDD – Août 2015 Le financement participatif ou crowdfunding Qu’est-ce que c’est ? Le financement participatif (en anglais crowdfunding, littéralement « financement par la foule ») permet de collecter des fonds auprès du grand public via Internet. Par le biais des plates-formes en ligne de financement participatif, tout citoyen peut financer un projet, et tout porteur de projet (particulier ou personne morale) peut faire financer son projet par la foule des internautes. Le financement participatif apparait ainsi comme complémentaire aux financements « classiques » (banques, business angels, etc). La notion de financement participatif n’a pas de définition juridique. Le plus souvent, on considère que le crowdfunding a pour caractéristique l’allocation de fonds directement à un projet particulier et de manière désintermédiée, mais ce n’est pas toujours strictement le cas. De même, il existe des formes de financement collectif et citoyen qui ne passent pas par Internet et sont souvent occultées quand on parle de financement participatif aujourd’hui. Historique Le financement participatif trouve ses fondements et son origine dans les pratiques plus larges de l’économie collaborative et du crowdsourcing. Il se base surtout sur la capacité à mobiliser une communauté, et permet de collecter des sommes importantes de manière parfois extrêmement rapide et beaucoup plus simple que dans le système bancaire traditionnel. Le boom du crowdfunding actuel est basé sur les réseaux sociaux et le Web 2.0, pourtant le principe en lui-même n’a rien de nouveau, et existait depuis longtemps déjà sous forme de la tontine, des collectes de dons, de la souscription publique, des coopératives, etc. Depuis les années 2010, le financement participatif est en plein essor : les montants collectés se sont élevés à 152 M€ en France et 16 Md$ dans le monde en 2014 1 ; et ils doublent chaque année. Des plates-formes se créent tous les jours ; il y en aurait environ 180 en France. C’est cependant encore aux Etats-Unis que le phénomène est le plus développé, avec les leaders mondiaux Kickstarter et Indiegogo. Les plates-formes peuvent être généralistes ou se spécialiser dans un domaine particulier. Les projets financés concernent tous les domaines : artistique, culturel, social, humanitaire, environnemental, innovation, recherche, entreprenariat, immobilier, etc. Le crowdfunding « de proximité », axé sur le développement de l’économie locale, semble particulièrement prometteur, et des collectivités territoriales ont notamment lancé leurs propres plateformes. (Poitou-Charentes, Manche, Ariège,…) Règlementation En France, l’ordonnance du 30 Mai 2014 et le décret du 16 septembre 2014 (« loi crowdfunding ») ont régulé le secteur du prêt et de l’investissement participatifs en instaurant deux statuts spécifiques (Intermédiaire en Financement Participatif pour le prêt et Conseiller en Investissements Participatifs pour l’investissement) qui permettent aux plates-formes respectant la législation de bénéficier d’un label. Le gouvernement a ainsi à plusieurs reprises affiché sa volonté de faire de la France le pays leader du crowdfunding, qui rencontre en effet particulièrement de succès dans l’Hexagone. 1 Sources : 2015 Crowdfunding Industry Report, Massolution.com (prévoit 34,4 Md$ en 2015) ; Baromètre du crowdfunding 2014, Financement Participatif France Typhaine LEQUEUX – MEDDE/CGDD/DDD – Août 2015 Typologie des modes de financement participatif : Le financement participatif regroupe des marchés et des acteurs extrêmement divers, aux objectifs et aux fonctionnements radicalement différents. La distinction fondamentale entre les plates-formes concerne leurs types de financement, que l’on peut distinguer ainsi : Le don (donation-based crowdfunding): associé ou non à un contre-don symbolique, il concerne des sommes importantes, avec un très grand nombre de petits donateurs. (HelloAsso, Ulule, KissKissBankBank) Le prêt (crowdlending) : sans intérêts ou avec intérêts, il peut également s’agir de micro-finance (Babyloan). C’est le plus gros volume de montants collectés en crowdfunding. Il inclut le prêt entre particuliers (peer-to-peer lending, comme Prêts d’Union) et aux entreprises ou start-ups. L’investissement en titres : (crowdinvesting) : il peut s’agir d’obligations (dette), d’actions (investissement en capital, equity crowdfunding,: WiSeed, Anaxago), ou encore de redevances (royalties), c’est-à-dire de parts sur les bénéfices. (WedoGood) Dans la pratique, chacune des plates-formes peut avoir son propre modèle. Complètement en phase avec le reste du secteur des NTIC, c’est un secteur innovant qui s’invente chaque jour, et qui n’est pas encore structuré. Les plateformes se rémunèrent généralement via une commission qui oscille entre 3 et 12% de la somme collectée (frais de transaction inclus). Le financement participatif et le développement durable De nombreux projets de développement durable peuvent être financés par financement participatif, qu’ils soient portés par des particuliers, des associations, des entreprises ou des collectivités territoriales. Ceux-ci vont de la protection de la biodiversité au développement des cleantech en passant par les projets locaux d’agriculture bio ou de sensibilisation à l’environnement. De plus en plus, des plates-formes spécialisées développement durable se développent, comme Ecobole, Sora Equity, ou encore Blue Bees et Miimosa pour l’agriculture et de l’écologie. De même dans le domaine des cleantech et des énergies renouvelables : Lendosphere (prêt) et Lumo (investissement) permettent d’accélérer la transition énergétique grâce à la participation directe des citoyens, et notamment des riverains, dans les projets d’énergies renouvelables. A l’étranger, de grands acteurs de crowdfunding d’EnR sont également apparus (Abundance Generation, Greencrowding), y compris en Chine ! Le potentiel du financement participatif pour la transition écologique et énergétique semble tel, que la loi TEPCV (2015) a également pris soin de favoriser l’investissement participatif dans les projets de production d’énergie renouvelable (art. 111 et 119 notamment). Par ailleurs, la Direction Développement Durable du CGDD mène en ce moment (juillet 2015 – janvier 2016) une étude sur le thème du financement participatif pour la transition écologique et énergétique. (Contacter Janick LOUISE-ADELE ou Typhaine LEQUEUX pour plus d’informations.)