l`Annedda et l`Arbre de Vie

Transcription

l`Annedda et l`Arbre de Vie
MEMOIRES DU JARDIN BOTANIQUE DE MONTREAL, No 31
l'Annedda et l'Arbre de Vie
par
JACQUES ROUSSEAU
Extrait de la Revue d'Histoire de l'Amérique Française,
vol. Vllî No 2, pp. 171-212. Septembre 1954
L'ANNEDDA ET L'ARBRE DE VIE
Jacques Cartier avait pris possession du Canada, au nom de ia
France, en 1534. L'année suivante, un deuxième voyage d'exploration
l'oblige à hiverner à Stadaconé. Une "gro&se maladie" terrasse les
hommes et plus de vingt-cinq succombent. Pour remédier au mal
qu'il juge endémique, Cartier se résout à consulter les indigènes.
Cependant, il appréhende un mauvais parti des sauvages s'il leur
révèle la faiblesse de l'équipage. Aussi se contente-t-il de déplorer
l'indisposition de son serviteur. Domagaya, qui lui-même a souffert
de la maladie auparavant et qui est maintenant dispos, recommande
une décoction d'annedda. Bientôt les moribonds ressuscitent. Et
l'on assiste ainsi, suivant la pittoresque expression de Léo Pariseau
(1934)1, au "miracle de Sainte Vitamine C". Le texte de Cartier
permet d'identifier aisément l'avitaminose scorbutique. Sa description, devenue classique, est même l'une des plus anciennes, sinon la
première, offrant un peu de précision. Le mal n'était pas inconnu
en Europe. Depuis qu'il existe, l'homme est aux prises avec cette
déficience alimentaire; mais on la connaissait encore très mal et le
mot scorbut, d'ailleurs, pénétrait à peine dans la littérature2.
1. Léo Pariseau (1882—1944), médecin, radiologiste, historien. Pour notes
biographiques, voir notamment, Anonyme (1937), Lortie (1942), Rousseau (1942)
et Barbeau et al (1944). Brillant historien du problème du scorbut au Canada, Léo
Pariseau avait tiré de sa bibliothèque une collection de livres anciens pour raconter
l'histoire du scorbut à l'occasion du Congrès des Médecins de langue française de
l'Amérique, tenu à Québec, en 1934, quatre siècles après le premier voyage de Cartier.
Le guide de l'exposition, devenu un classique de l'histoire des sciences au Canada,
s'intitulait: "En marge du récit de la "Grosse Maladie" du Capitaine Cartier". En
outre, à un congrès de l'ACFAS, tenu la même année, Pariseau présentait une deuxième exposition de livres anciens consacrée à "Jacques Cartier devant les naturalistes" (Pariseau, in Risi, 1935).
2. Le germanique scharbock aurait donné naissance à scorbuio (italien), scorbutus
(latin des officines médicales du XVIe siècle) et scorbut (français). "Saxones vero
Scharbock's Kraut (eam nominant), quod forte raorbo quod illi Scharbock nominant,
medeatur" (Cordus, 1534). L'action marquée du scorbut sur les gencives et la dentition lui a déjà valu le nom de "mal des gencives". Cleirac, Explication de s termes
172 REVU
E D'HISTOIR E D E L'AMÉRIQU E FRANÇAIS E
La relation du deuxième voyage de Cartier3, renfermant le
récit de la "Grosse maladie", a paru pour la première fois à Paris
en 1545. De cet ouvrage, resté inconnu jusqu'en 1863, on ne connaît
que l'exemplaire du British Muséum. La première édition canadienne
(Soc. litt. et hist. Québec, 1843) était basée sur un manuscrit de la
Bibliothèque Nationale de Paris, En 1863, d'Avezac présenta une
réimpression du texte de 1545, avec des commentaires et des notes
de François de Witt sur les variantes des manuscrits de la Bibliothèque Nationale (D'Avezac, 1863). Les Archives nationales du
Canada en publièrent une nouvelle édition (Biggar, 1924), basée sur
Je manuscrit paraissant l'original et comprenant en outre les diverses
variantes. Enfin, à l'occasion du Congrès International de Physiologie, tenu à Montréal, en août 1953, on distribua aux congressistes,
comme volume-souvenir, une édition fac-similé du volume du
British Muséum accompagnée de commentaires sur l'identité de
l'annedda par Jacques Rousseau (Rousseau, 1953).
Lorsque Jacques Cartier vint en Amérique, moins d'un siècle
après l'invention de l'imprimerie, l'instruction n'était pas encore
l'apanage des masses, ...ni de la noblesse d'ailleurs. Jacques Cartier
savait signer, mais pouvait-iï écrire assez couramment pour rédiger
lui-même ses relations ? Pour pallier à ses déficiences littéraires et
à l'absence d'un historiographe officiel, il a pu dicter ses observations
au savant de l'expédition, le barbier-chirurgien Samson Ripault.
L'auteur est concis, mais précis. On reconnaît le loup de mer, l'explorateur consommé, le naturaliste sans le savoir, l'œil aux aguets,
qui ne négUge aucun détail: un écran de plusieurs mois l'isole de la
Faculté; tout ce qu'on ne peut consigner sur-le-champ est irrémédiablement perdu. La description de la "grosse maladie" ne renferme aucune équivoque. Rien d'important dans le récit qui demande
une exégèse, sauf un point pourtant, l'identité de l'annedda, le
mystérieux remède employé pour enrayer le mal. Et c'est tout le
de marine, Bordeaux, 1660, écrit: "Le mal de terre ou mal des gencives... C'est avoir
3'estomac dépravé, une grande fetur [ ? ] & puantise d'haleine que blesae les gencives
& fait tomber les dents & provient de manger trop souvent des viandes salées, espîeées, & de haut goust, & pour boire le vin pur ou les eaux corrompues". (Cité d'après
3. Ou trouvera dans Biggar (1924 et 1930), Lejeune (1931) et Groulx (1934)
a bibliographie principale relative aux voyages de Cartier.
L'ANNEDDA ET L'ARBRE DE VIE
173
problème qui se pose crûment. Après une leçon d'anatomo-pathologie brillante, le clinicien a rédigé, en termes vagues, son ordonnance.
La relation du troisième voyage de Cartier, connue seulement
par la traduction anglaise de Hakluyt* (1600), nous promettait une
solution:
"On both sides of thé said River, there are very good
and faire grounds, full of as faire and mightie trees as any
be in thé world, and divers sorts, which are above tenue
fathoms higher than thé rest, and there is one kind of tree
above three fathoms about, which they in thé Countrey
call Hanneda, which hath thé most excellent vertue of ail
thé trees of thé world, whereqf I will make mention hereafter".
Malheureusement la promesse ne fut pas tenue. La relation
s'interrompt brusquement quelques paragraphes plus loin, au milieu
d'une phrase, sur cette remarque du traducteur: "The rest is wantmg"E. Il faudra donc se contenter de ces seuls éléments, comme
point de départ, et s'aider des autres disciplines scientifiques.
Il n'est pas question de repasser par le menu toutes les opinions
émises, d'autant plus que la plupart des auteurs, généralement sans
preuves à l'appui, se contentent de reproduire l'opinion de leurs
devanciers. Les uns affirment catégoriquement que l'annedda est
la pruche (Tsuga canadensis), d'autres, l'épinette blanche (Picea
glauca) ou le pin blanc (Pinus Strobus) et, exceptionnellement, le
4. Ce texte, que l'on peut retrouver dans les différentes éditions de Hakluyt, a
été reproduit par Biggar (1924), p. 254. —Hakluyt fut chapelain de l'ambassade
d'Angleterre à Paris en 1583. Biggar (1924) croit qu'il a pu se procurer, pendant son
séjour à Paris, le récit du troisième voyage.
5. A la suite de cette traduction, Hakluyt (voir éd. 1927—1928, vol. 9, pp. 447449) cite deux lettres de Jacques Noël, neveu de Jacques Cartier, à l'étudiant John
Growte, de Paria (probablement Jean Grout, sieur de la Ruaudaye, d'une famille
bien connue de Saint-Malo, suivant Biggar, 1924). Ces documents nous montrent
John Growte à la recherche des documents originaux de Cartier. Jacques Noël lui
écrit, — entre 1587 et 1600: "I can Write nothing else unto you of any thing that I
can recover of thé writings of Captaine Jaques Cartier my uncle disceased, although
I hâve made search in ail places that I could possibly in this Towne: saving of a
certaine booke [... ] Touching thé effeet of my oooke whereof ï spake unto you, it
is made after thé manner of a sea Chart, which I hâve delivered to my two sonnes
Michael and John, which at this présent are in Canada. If at their returne, which
will be God willing about Magdalene tyde [ 22 juillet ] they hâve learned any new
thing worthy thé writing, I will not faile to advertise you thereof". (Traduction
Hakluyt). A la lumière de ses lettres, î] semble bien que Growte n'était qu'un intermédiaire entre Hakluyt et la famille de Cartier. Les ambassades d'alors cherchaient
par tous les moyens à se procurer à l'étranger les relations des voyages en Amérique.
174
REVUE D'HISTOIRE DE L'AMÉRIQUE FRANÇAISE
cèdre blanc (Thuja occidentalis). Si l'on prend la peine de suivre à
rebours la piste, on constate le plus souvent qu'ils ont copié leurs
devanciers, en oubliant de les citer. Suivant les époques également,
le même auteur a pu apporter des solutions différentes. Ainsi Parkman (1880), dans la 17e édition de "Pioneers of France in thé New
World", déclare dans une note infrapaginale: "The wonderful tree
seems to hâve been a spruce". Plus tard, dans la 19e édition (1882),
il ajoute dans le texte, après le mot aneda, "(a spruce, or more prooably, an arbor-vitae)". C'est que, dans l'intervalle a paru la note
de Meehan (1882).
La solution du problème comporte des aspects botaniques (morphologiques et phytogéographiques), des éléments linguistiques, une
documentation historique et folklorique et, finalement, une connaissance biochimique fragmentaire des essences soupçonnées.
1. Aspects botaniques. Les maigres notes botaniques des relations de 1535—1536 et de la relation du troisième voyage, à défaut
de solution définitive, permettent du moins de circonscrire le problème. Le premier ouvrage nous décrit l'annedda comme "un arbre
aussi gros & aussi grand que chesne qui soit en France" et portant
encore ses feuilles vers la fin de l'hiver. Le texte anglais du troisième
voyage le présente comme un arbre "above three fathoms about".
On a cru généralement que cela signifiait "trois brasses de haut"
(dix-huit pieds ou six mètres) ou "trois brasses de plus que les arbres
environnants", mais J. Allan Burgesse6, soutient qu'il faut traduire
plutôt par "trois brasses de circonférence", soit deux mètres de
diamètre. Un gros arbre certes, mais tenant compte du facteur exagération, il en existait sûrement à Québec qui approchaient de
cette taille,
L'annedda est donc un grand arbre de la région de Québec qui
garde ses feuilles l'hiver. Seuls les conifères se comportent ainsi.
Comme le mélèze (Larix laricina), • — nommé populairement épinette
rouge par la majorité des Canadiens-français et violon par les Acadiens du golfe, — perd ses feuilles à l'automne, il n'est probablement
pas impliqué dans le problème. Les aiguilles de mélèze, il est vrai,
6. Ethnologue et historien, J. Allan Burgease, décédé en 1953, s'est intéressé
particulièrement à la petite histoire du lac Saint-Jean et à l'ethnologie algonquine.
L'ANNEDDA E T L'ARBR E D E VI E 17
5
ne tombent pas toujours avant les premières neiges, mais l'annedda
n'a pénétré dans les bateaux de Cartier qu'à la fin de l'hiver, vers
le quinze avril. A éliminer également les conifères arbustifs,
l'if (Taxus canadensis) et les genévriers de la région de Québec
(Juniperus communis var. depressa et J , horizontalis). Notre choix
se trouve ainsi réduit à huit espèces différentes: le sapin (Abies
balsamea), l'épinette blanche (Picea glauca), l'épinette rouge proprement dite (Picea rubens), (qu'il ne faut pas confondre avec le
mélèze, nommé aussi épinette rouge au Canada français), l'épinette
noire (Picea mariana), le pin blanc (Pinus Strobus), le pin rouge
(Pinus resinosa), le cèdre blanc (Thuja occidentalis), la pruche
(Tsuga canadensis). Le pin gris (Pinus Banksiana), — le cyprès
des habitants du lac Saint-Jean et de Maria Chapdelaine, — ne peut
entrer en ligne de compte, car les formations les plus rapprochées
de Québec croissent au voisinage du cap Tourmente, cinquante
kilomètres en aval du lieu d'hivernement de Cartier.
Le Frère Marie-Victoria (1927) optait pour le pin blanc ou une
épinette parce que, seuls ces arbres, écrivait-il, sont d'"assez grande
taille pour justifier le texte de Cartier: "trois brasses de plus que les
autres arbres". Or, comme ce n'est probablement pas le sens de
"three fathoms about", — nous l'avons vu plus haut, — cette
opinion ne saurait être décisive.
A éliminer, les opinions invraisemblables proposées à diverses
époques. Ainsi pour des auteurs, écrit le Frère Marie-Vietorin
(1927), l'annedda serait une aubépine, ce que rien ne justifie. Il en
pousse abondamment autour de Québec, mais elles n'atteignent
jamais taille d'arbre et perdent leurs feuilles l'hiver. Hakluyt (vide
1927—1928, p. 429), pour sa part, intercalant ses propres commentaires dans la traduction du récit du deuxième voyage de Cartier,
déclare que "thé tree is in their language called Ameda or Hanneda,
this is thought to be thé Sassafras tree". Que le commentateur du
dix-septième siècle ignore que le Sassafras, absent du Québec, ne
pousse que beaucoup plus au sud, cela se conçoit; mais, comme les
notions phytogéographiques ont progressé depuis, on s'étonne que
l'on continue à invoquer cette opinion abracadabrante. Ainsi dans
l'ouvrage intitulé, "The English Man's Food: a history of five centuries of English diet", de Drummond et Wilbraham (1940), les
176
REVUE D'HISTOIRE DE L'AMÉRIQUE FRANÇAISE
auteurs rejettent l'opinion de Liad (1753), voulant que l'annedda
soit une épi nette et ajoutent:
It is almost certain tuât it was not thé American spruce,
Picea nigra, that was used. Tais is an evergreen fir and
Cartier's notes partieularly refer to thé fact that thé Indians
had to wait for thé leaves to appear in thé spring, Moreover,
it is unlikely that thé men could hâve mistaken a spruce for
sassafras. The tree was probably Sassafras officinale, which
is native to that part of Canada.
Histoire invraisemblable que ne justifie aucunement le texte de
Cartier. Les auteurs, semble-t-il, n'ont pas cru pouvoir assimiler à
des feuilles les aiguilles de conifères. Croyant en outre à un printemps
hâtif, comme en Angleterre, ils présument que la cueillette de l'aunedda s'est faite après l'ouverture des bourgeons. Or Cartier dit bien
qu'il a fait connaissance avec la plante alors qu'on marchait encore
sur la glace, et les rivières restèrent prises jusqu'au quinze avril.
Il ne pouvait donc être question d'arbres à feuilles caduques à
l'époque de la maladie.
N'allons pas invoquer une problématique modification du climat
depuis les voyages de Cartier. La température ne peut avoir assez
changé pour modifier considérablement la composition de la flore
arborescente. Nous connaissons la flore de ces régions aux XVIe,
XVIIe et XVIIIe siècles par les écrits de Cartier, de Champlain et
de nombreux voyageurs, sans compter Michel Sarrazin et JeanFrançois Gaulthier, botanistes et médecins du roi, résidant à Québec.
Rien n'indique dans leurs travaux que des changements importants
aient pu se produire. Bien plus, on retrouve encore aujourd'hui des
éléments floristiques aux endroits mêmes où Michel Sarrazin les
a cueillis deux siècles plut tôt. Témoin, l'Arlemisia canadensis î.
peucedanïfolia, redécouvert à Saint-Vallier, comté de Bellechasse,
230 ans après Sarrazin (Marie-Victorin et Rousseau, 1944).
A placer également avec l'histoire du Sassafras, l'opinion de
Wytfliet (1605) sur l'identité de l'Annedda: "Geste province, écrit-il,
est sujette à une certaine maladie & contagion qui faict beaucoup
de mal aux habitants..." Suit la description de la maladie, puis:
"Pour remède a ce mal, ils ont un arbre nommé Ameda, du tout
semblable au noyer, qu'aucuns appellent anahoy, dont ils font une
décoction & la boyvent, ce qui les ayde plus en deux ou trois jours
L'ANNEDDA E T L'ARBRE D E VI E 17
7
que toutes les médecines et drogues de l'Orient dont les médecins
se servent ordinaire méat." Il n'est pas difficile de démontrer que
ce passage est inspiré de la relation imprimée de 1545, des commentaires d'Hakluyt et d'interprétations personnelles qui ne reposent
sur aucun témoignage.
A la lumière de la morphologie botanique et de la géographie
végétale, il faut nécessairement rechercher parmi huit espèces de
conifères, — le sapin, l'épinette blanche, l'épinette noire, Pépinette
rouge proprement dite, le pin blanc, le pin rouge, le cèdre blanc et
la pruche, — l'annedda qui a guéri du scorbut l'équipage de Cartier.
2. Aspects linguistiques 1. La preuve linguistique, d'un très
grand intérêt, risque de nous engager dans de fausses voies quand elle
est trop fragmentaire. On oublie trop souvent les phénomènes d'évolution sémantique: le sens des mots, aussi bien que leur forme, évolue non seulement dans le temps mais également dans leur aire de
distribution. Ainsi, pruche, dérivant de prusse. A l'origine, en France,
c'était le sapin d e prusse (Picea Abies). Chez Jacques Cartier (voir
Rousseau, 1937), la pruche comprend les sapins et les épinettes
(genres Abies et Picea). Aujourd'hui, aux îles de la Madeleine,
prusse désigne toujours les Picea. Chez les Canadiens Français du
Québec, la pruche était déjà le Tsuga canadensis chez les contemporains de Pierre Boucher (1663); chez les Acadiens, d'autre part,
où prusse désigne les Picea, le Tsuga canadensis se nomme haricot.
En anglais, spruce, qui vient du français prusse, s'applique aux
Picea. Autre exemple, le mot évidence si fréquemment invoqué
dans l'expression anglaise linguistic évidence. En français, évidence
possède un sens absolu "la notion si parfaite de la vérité qu'elle n'a
pas besoin d'autre preuve" (Littré). En anglais, le mot a d'abord
ce sens, puis celui de "témoignage". Linguistic évidence, — signifiant
"témoignage linguistique", — n'a rien en soi de particulièrement
évident; aussi plusieurs ethnologues lui préfèrent-ils l'expression
linguistic ground. L'aspect sémantique ne doit donc pas être négligé
dans l'analyse des éléments actuels.
Les quelques mots indigènes relevés par Jacques Cartier placent
les peuplades de Stadaconé et d'Hochelaga dans la famille linguisti7. Pour des raisons d'ordre typographique, il m'a fallu renoncer dans le présent
chapitre aux transcriptions phonétiques officielles des termes indigènes.
178 REVU
E D'HISTOIRE DE L'AMERIQU E FRANÇAISE
que huronne-iroquoise8. Les Iroquois vivant aujourd'hui à Caughnawaga, près de Montréal, et ceux de Saint-Régis, un peu plus à
l'ouest, sont pour la plupart des Mohawks, — ou des Agniers suivant
l'ancienne terminologie française. La plupart des Iroquois vivent
dans l'état de New York. Les descendants des Cinq-Nations iroquoises (qui sont, de l'est à l'ouest les Mohawks, Oneida, Onondaga,
Cayuga et Seneca), parlent toujours la langue iroquoise, différant
d'un groupe à l'autre par des variantes dialectales. Le huron est
maintenant une langue morte.
Une très intéressante étude de Marius Barbeau, actuellement
sous presse et dont l'auteur m'a communiqué le manuscrit, révèle
que îa plus grande partie du vocabulaire annexé aux récits des
deux premiers voyages de Cartier serait huron-wyandote et qu'un
quart des termes environ seraient d'affinité mohawk. Après une
étude minutieuse, Marius Barbeau conclut que le peuple de Stadaconé était huron-wyandote et celui d'Hochelaga probablement
mohawk. En outre, il est d'avis que ce vocabulaire n'a pas été relevé
par Cartier au Canada, mais par une personne plus cultivée, en France, en contact avec les captifs indigènes Domagaya et Taignoagny,
après le premier voyage, Donnaconna et cinq autres indigènes, après
le deuxième. Les indigènes captifs seraient tous de Stadaconé. Bien
que le texte fragmentaire du récit du voyage de Roberval n'en fasse
pas mention, il semble également probable que ce dernier voyageur
a ramené des captifs avec lui, suivant la coutume de l'époque. C'est
parmi ceux-ci que se trouveraient les personnes ayant contribué les
termes mohawk. On pourrait invoquer également une autre hypothèse pour expliquer la présence de termes mohawk dans les deux
listes. En effet, le récit du deuxième voyage de Cartier nous révèle
que le chef d'Hochelay, situé entre Stadaconé et Hochelaga, aurait
donné à Cartier sa propre fille âgée de 7 ou 8 ans. C'est peut-être
cette fillette d'Hochelay qui contribua les mots mohawk. Cela ne
signifie pas nécessairement que la peuplade elle-même parlait
cette langue. La fillette pouvait être une étrangère, peut-être une
captive adoptée par le chef. Sinon, l'un des captifs ramenés en
8. Voir, notamment, Schoolcraft (1851), Cuoq (1882), Biggar (1924, p. 80),
Beaugrand-Champague (1936,1937), Robinson (1948) et surtout une étude de Marius
Barbeau, actuellement sous presse, intitulée "The language of Canada in thé voyagea
of Jacques Cartier".
L1 ANNEDDA E T L'ARBRE D E VIE 17
9
France pourrait être un mohawk adopté par la peuplade huronne
de Stadaconé. Quoiqu'il en soit de cette dernière hypothèse, il
semble démontré que le peuple de Stadaconé était huron.
Dans sa relation, Cartier a eu soin d'indiquer le nom de la
plante utilisée pour la fabrication du remède. L'édition de 1545
la nomme ameda, simple erreur typographique pour annedda qu'on
retrouve dans les manuscrits de l'époque. D'ailleurs les dialectes
iroquois aujourd'hui, comptent des mots indiscutablement apparentés à annedda, mais aucun ressemblant à ameda, qui puisse être
le rappel d'un conifère. En admettant que le peuple de Stadaconé
soit huron, il ne faut pas nécessairement conclure que le mot
annedda soit lui-même huron et limiter les recherches aux vestiges de
cette langue. Le récit de Cartier, tel que nous le connaissons, a été
rédigé ou revu après le retour eu France. C'eft peut être alors seulement que le mot annedda y est entré et rien nous indique, à priori,
qu'il est huron ou mohawk puisque le vocabulaire indigène de Cartier
se partage entre ces deux idiomes. Il serait non moins erroné de
s'en tenir à l'huron et au mohawk. En comparant un terme du
seizième siècle aux langues parlées aujourd'hui, il faut tenir compte
de l'évolution linguistique et surtout de l'emprunt de mots de
langues affines.
Les mots apparentés à annedda dans les dialectes huron-iroquois désignent tantôt de grands groupes, tantôt des espèces distinctes. Un manuscrit (ras C) du récit du deuxième voyage de Cartier
renferme "herbe commune: hanneda" (Biggar, 1924, p. 245) qui
ne se trouve pas ni dans l'édition de 1545, ni dans les autres manuscrits. Le dictionnaire huron de Sagard (1632) traduit bois par ondata
et onata. On y trouve également des formes dérivées parmi les verbes
impliquant une action relative au bois. Le petit dictionnaire huron
de Potier (1745—1751), demeuré inédit jusqu'en 1920 et faisant
suite aux Radiées huronicae, renferme cette entrée: "onnenta: sapin...
tout bois gommeux... tout arbre qui ne flétrît pas". Suivant une
communication de Waugh à Biggar (1924, p. 245), les conifères en
général se nomment ohnehda chez les Mohawk, et unénda chez les
Onondaga et Cayuga. Barbeau (étude sous presse) a relevé comme
terme général des conifères onenda et unada (Mohawk), unendé et
unénda, (Onondaga et Cayuga) et unenda, signifiant indifféremment
épinette ou pin en sénéca. Le vocabulaire qui accompagne la tra-
180
REVUE D'HISTOIRE DE L'AMÉRIQUE FRANÇAISE
duction italienne du premier voyage de Cartier, faite par Ramusio
(1556), mais absent de l'unique copie manuscrite du texte original
de Cartier (Michelant et Ramé, 1867, fascimile dans Baxter, 1906),
compte cette entrée: "arbore verde: haveda". Comme te croît Biggar,
il y aurait là, comme dans un autre mot, une substitution erronée
d'un v à une n. Des noms apparentés sont également donnés chez les
Hurous à des plantes qui n'ont rien de commun avec les conifères.
Ainsi onnonda signifiant tondre (champignon employé comme l'amadou), et onnonta, noyaux (Potier, 1745—1751).
La pruche (Tsuga canadensis) se nomme ousatonta chez les
Hurons (Potier 1745—1751) et, chez les Mohawk, o-no-da (Morgan
1904), ou oneta (Clarke in litteris, fide Pariseau, 1934), ou oné da
uwi (Waugh, 1916), ou o^nen-da-on-we (Rousseau, 1945). L'interprète
qui accompagnait Rousseau à Caughnawaga, un Iroquois cultivé,
prétendait que le dernier nom cité voulait dire "thé real hemlock".
Chez les Onondaga, la même plante se nommerait o-ne'tah (Beauchamp, 1902), qui signifierait "greens on a stick", et chez les Seneca,
o-neh-da (Morgan, 1904).
Le pin blanc (Pinus Strobus) se nommerait handehta (Biggar
1924) chez les Wyandotes et oknehda (Biggar, 1924) chez les Mohawk. Une espèce de pin non identifiée (donc aussi bien le pia rouge,
— Pinus resinosa, — que le pin blanc) se nommait chez les Hurons
andeta (Potier 1745—5l)9, ou ondata (Sagard, Dictionnaire, 1632).
Barbeau (étude sous presse) a relevé onenda pour du pin ou la résine
coulant de l'arbre, chez les Oneida, et onoda, également pour un
pin, chez les Mohawk. Enfin chez les Onondaga, un pin se nomme
o-neh'tah, (sensiblement le nom onondaga de la pruche), qui signifierait "like porcupine holding to a stick" (Beauchamp, 1902).
On peut se demander si certaines variantes phonétiques et étymologiques ne sont pas imputables aux informateurs.
L'if (Taxus canadensis}, non en cause dans le présent travail
parce qu'arbustif, se nomme chez les Mohawk de Caugfanawaga
o-nen-tion-ni (Rousseau, 1945), et chez les Onondaga, o-ne-te-one
(Beauchamp, 1902). Ce dernier nom, sensiblement semblable au
précédent, signifierait, d'après Beauchamp, "hemlock that lies
9. L'auteur l e désign e ainsi: "2 e pin , arbre" .
L'ANNEDDA ET L'ARBRE DE VIE
131
down". D'ailleurs l'if d'Amérique porte souvent le nom de ground
hemlock en anglais.
Le cèdre blanc (Thuja occidentalis), chez les Mohawk de Caughnawaga, se nomme o-nen-ta-wken-ten-tse-ra
(Rousseau, 1945),
D'après moa interprète Harry Williams10, un jeune Iroquois cultivé,
nen-ta signifie "sapin" ou plus exactement "conifère", et wken-ta,
"plat". Le nom relevé par Fenton au même endroit (in litteris,
1946) est onedagwandan'tze'ra, 'a term meaning flat ieaves". Le
nom et l'étymologie sont donc sensiblement les mêmes. Fenton
(1942) avait indiqué, sans plus de commentaires, que le remède de
Cartier était " a simple décoction of thé bark and needles of hemlock (Tsuga canadensis (L.) Carr.), or white pine (Pinus Strobus
L.). Dans une lettre de 1946, il ajoute: "At thé time, I rejected
Thuja occidentalis on linguistic grounds. The Mohawks of Caughnawaga, and Mohawk has a better chance of being related to Cartiers'
vocabulary, call this by a term meaning "fiât Ieaves"...), A noter
que la première partie du nom du cèdre, à Caughnawaga, est sensiblement le mot annedda. Une personne sans entraînement linguistique, comme Cartier ou l'un de ses contemporains, pouvait facilement abréger un terme. D'ailleurs les voyageurs non initiés à la
linguistique ont tendance à écourter les vocables amérindiens. Une
revue sommaire des noms géographiques nous en convaincra facilement. Enfin, sans prétendre à ce stade que l'annedda est le cèdre
blanc, on doit se rappeler que les Mohawk de Caughnawaga (Rousseau, 1945) comme les Algonquins du Témiscamingue (Marie-Victorin, 1919), distinguent deux cèdres, l'un qui produit des cônes
(cèdre mâle, au Témiscamingue) et l'autre, stérile, (le cèdre ordinaire). Si l'informatrice de Caughnawaga n'appliquait pas des noms
différents aux deux formes qu'elle distinguait pourtant morphologiquement, les anciens Hurons-Iroquois procédaient peut-être autrement. J'ai noté déjà (Rousseau, 1945) que les Iroquois modernes
ont abandonné une grande partie de leur folklore botanique traditionnel et que leur médecine recourt fréquemment aux espèces
introduites. On ne doit donc pas s'attendre à une cristallisation de
l'ancienne onomastique. Dans les travaux de Potier (1745—1751)
10. Tous les noms que j'ai relevés à Caughnawaga sont cités avec la graphia
originale de l'interprète Harry Williams.
182
REVUE D'HISTOIRE DE L'AMÉRIQUE FRANÇAISE
sur la langue huronne, le cèdre blanc se nomme an'gota et le cèdre
rouge (sans doute Juniperus virginiana), asou.
Sagard (1632) mentionne le nom huron du genièvre, aneinta;
mais on ne sait pas vraiment s'il s'agit d'un genévrier (Juniperus
communie var. depressa, un arbuste, ou Juniperus vïrginiana, un
petit arbre, présent en Ontario, comme le précédent) ou du Thuja
occidentalis, que les Européens peuvent confondre avec les genévriers.
A noter toutefois que Sagard, dans son dictionnaire, donne au cèdre
le nom huron asquata; mais le nom cèdre fait l'objet de telles confusions chez les anciens voyageurs qu'on ne peut affirmer qu'il est ici
l'équivalent de Thuja.
Les épinettes (Picea}, que beaucoup d'auteurs croient être
Pannedda, sont avec le sapin (Abies balsamed) les plantes dont le
nom indigène actuel ressemble le moins à annedda. A Caughnawaga,
le sapin se nomme o-tso-Jco-ton et les épinettes, apparemment sans
distinction d'espèces, o-so-ra (Rousseau, 1945). Dans les manuscrits
de Potier (1745—1751) le nom de l'épinette est a'te. Meehan (1882)
prétend que "this annedda seems to hâve been identified with thé
white spruce, Abies alba [ aujourd'hui Picea glauca], and is as I am
informed by Dr. W.R.. Gérard, thé same as thé Mohawk "onnita",
and thé Onondaga "onnetta". Les notes précédentes, provenant d'un
compte-rendu de séance et non d'un article signé, peuvent être
incomplètes. Il ne faudrait donc pas se baser sur ce texte ambigu
pour affirmer que l'épïnette blanche a porté les noms précités chez les
Mohawk et les Onondaga. Les documents cités antérieurement, et
qui ont plus d'autorité, attribuent ces noms à la pruche, chez les
mêmes peuplades.
Qui voudrait régler le problème de l'identité de Tannedda avec
ces éléments risquerait de s'engager sur une fausse voie, d'autant
plus que les identifications botaniques des commentateurs qui, à
de rares exceptions près, connaissaient mal la flore, sont souvent
sujettes à caution. En résumé, — chez les différents groupes d'Iroquois et de Hurons, annedda, ou un nom apparenté, désigne diverses
espèces de conifères quand il n'est pas le nom générique de tous les
conifères indistinctement. Remarquons d'ailleurs que les mots
français et anglais sapin et fir, pi n et pine ont souvent une telle
acception.
L'ANNEDDA ET L'ARBRE DE VIE
183
Somme toute, la linguistique confirme tout au plus les notions
imprécises tirées de la morphologie végétale et de la phytogéographie.
3. Aspects historiques: documentation postérieure à l'établissement d e la Nouvelle-France. Samuel de Champlain, l'un des premiers
voyageurs français à parler du scorbut et de l'annedda après Cartier,
a laissé des écrits s'échelonnant de 1603 à 163211. A plusieurs reprises,
revient la mention du "mal de terre", le scorbut. Ses hommes en
souffrent pendant l'hivernement à Port-Royal et à l'île SainteCroix, en Acadie, entre 1604 et 1608, à Québec en 1608, dans l'île
de Miscou en 1626—1627 et sur l'île du cap Breton en 1629. Champlain décrit par le menu la maladie, et ordonne maintes autopsies
dont il ne nous épargne aucun détail. Les circonstances qui provoquent le scorbut font également l'objet de ses préoccupations: "La
maladie s'atacque aussi bien à un qui se tient délicatement, & qui
aura bien soin de soy, comme à celuy qui sera le plus misérable"...
"Ces maladies comme j'ay dit en mes premiers voyages, ne vient que
de manger des salures, pour n'avoir des viandes ou autres choses
rafraîchissantes." L'auteur constate que "le changement de saison"
amène la guérison. De vrai remède, Champlain n'en connaît aucun,
sinon l'abandon des aliments salés et la venue du printemps. L'annedda lui a été révélé par les récits de Cartier mais il en ignore
l'identité, malgré un passage ambigu qu'il rédigea en 163212: "Mais
si Cartier eust peu juger les causes de sa maladie, & le remède salutaire & certain pour les éviter, bien que luy & ses gens receurent
quelque soulagement par le moyen d'une herbe appelée aneda,
comme nous avons fait à nos dépens aussi bien que luy, il n'y a point
de doute que le Roy dé lors, n'aurait pas négligé d'assister ce dessein [i.e. la Colonisation de la Nouvelle-France]." A la lumière
d'autres textes de Champlain13, on reconnaît évidemment que la
phrase ci-dessus est mal construite. Il faut comprendre: "Mais si
Cartier avait pu découvrir les causes de la maladie, dont nous avons
souffert comme lui, ainsi que le remède infaillible contre ce fléau
11. Voir édition de la Champlain Society (1922—1936). Voir notamment: I:
301-306; 322; 375-376; 449. — II: 59-63. — III: 265. — V: 213. — VI: 181.
12. Editio n d e la Champlain Society , III : 265.
13. Edition de la Champlain Society, I: 322.
184
REVUE D'HISTOIRE DE L'AMÉRIQUE FRANÇAISE
— bien que lui et ces gens aient reçu soulagement d'une herbe appelée annedda, — le Roi a'aurait évidemment pas abandonné le
projet de coloniser la Nouvelle-France." Il est clair que Champlain
ne s'est jamais servi de l'annedda et que l'incidente soulignée dans
la citation est mal placée. Semblable style est d'ailleurs coutumier à
l'auteur.
Rendant visite en Acadie à un chef nommé Aneda, Champlain
est persuadé que "c'estoit un de sa race qui avait trouvé l'herbe
appelée Aneda, que Jacques Cartier a dict avoit tant de puissance contre la maladie appelée Scorbut, dont nous avons desja
parlé, qui tourmenta ses gens aussi bien que les nostres, lors qu'il
yvernerent en Canada. Les sauvages ne cognoissent point ceste
herbe, ny ne sçavent que c'est".
Marc Lescarbot, après un séjour d'un an en Nouvelle-France
(1606—1607), dans les parages de Port-Royal, composa la première
Histoire de la Nouvelle-France, dont il parut de son vivant trois
éditions, en 1609, 1611 (et réimpression en 1612) et 16171*. Pour
une partie, l'ouvrage est une compilation de travaux antérieurs.
Les relations de Cartier y sont reproduites presque mot à mot. Le
chapitre 6 du livre 4, sur "des maladies inconnues, leurs causes et
leur guérïson", traite longuement du scorbut. Léo Pariseau (1934,
pp. 24-25) y a découvert un démarquage du "Liber de Scorbuto"
de Hieronymus Reusner, imprimé à Francfort en 1600. Il faut savoir
qu'à l'époque la bibliographie précise et le droit d'auteur n'étaient
guère plus connue que l'orthographe. Lescarbot aborde le problème
de l'aanedda: "Et pour un dernier & souverain remède, je renvoyé
le patient à l'arbre de vie (car ainsi le peut-on bien qualifier), lequel
Jacques Quartier ci-dessus appelle Annedda, non encores conu en
la côte du Port Royal, si ce n'est d'aventure le Sassafras, dont y a
quantité en la terre des Armouchiquois à cent lieues dudit Port:
& est certain que ledit arbre y est fort singulier, ainsi que nous remarquerons encore ci-après au libre dernier chap. 24"15. Dans les
14. L'édition de la Champlain Societ y (1907—1914) , utilisée ic i est basée sur
celle d e 1617 . Le s passages qui nous intéressent sont les suivants: II: 152-15 4 (462 463); 255-27 1 (514-522) . — III: 8 (303) : 18 5 (403); 257 (441). Les mêmes volume s
renferment l a traduction anglaise, suivie de la reproduction du texte origina l français .
La pagination entre parenthèses réfère a u texte français .
15. E n réalité, chapitr e 23.
L'ANNEDDA E T L'ARBRE D E VI E 18
5
éditions antérieures l'auteur disait plutôt: "Le Sassafras, dont il y
a quantité en certains lieux, et est certain que ledit arbre y est fort
singulier. Mais le sieur Champlain qui est présentement en la grande
rivière de Canada [ le Saint-Laurent ], passant l'hiver au quartier
même ou ledit quartier hiverna, ha charge de le reconoïtre, et en
faire provision." Le début du livre VI nous apprend: "Quant à
l'arbre Annedda tant célébré par Jacques Quartier, il ne se trouve
plus aujourd'hui. Ledit Champlain en a fait diligente perquisition,
& n'en a sçeu avoir nouvelle. Et toutefois sa demeure est à Kebec
voisine du lieu où hiverna ledit Quartier..."
Dans un chapitre ultérieur, après avoir parlé du scorbut chez
les Indiens, l'auteur ajoute: "Et quand cela vient ils ont eu ci-devant
en Canada l'arbre Annedda, (que j'appelle l'arbre de vie, pour son
excellence) duquel ïlz se guerissoient18: & au païs des Ârmouchiquoîs
ils ont encore le Sassafras, & l'Esquine en la Floride." Enfin, dernier
commentaire, vers la fin de l'ouvrage: "Vray est que pour le regard
de l'arbre Annedda par nous célébré sur le rapport dudit Quartier,
aujourd'hui il ne se trouve plus. Mais j'ayme mieux en attribuer
la cause au changement des peuples par les guerres qu'ils se font,
que d'arguer de mensonge icelui Quartier, veu que cela ne lui pouvoit
apporter aucune utilité." Ce que l'on doit retenir, c'est que Lescarbot a cru d'abord, — sans doute à la suite d'Hakluyt, — que
l'annedda était le Sassafras, qu'il s'est ravisé par la suite, et qu'il
pense maintenant que la plante "ne se trouve plus". Entendons par
là que personne ne peut en trouver l'identité. Le nom français arbre
de vie, attribué à cette espèce, est à retenir. Lescarbot qui a beaucoup
lu, sait-il qu'un arbre, le Tkuja occidentalis, le porte déjà? Quoi
qu'il en soït, cela nous permet de corriger une erreur d'interprétation fréquente dans les manuels. Arbre d e vi e ne s'applique pas à
la plante "parce qu'elle est toujours verte", — ce qui n'est guère
nouveau pour un conifère, — mais parce qu'elle "conserve la vie"
aux malades.
16. La traduction anglaise du livre VI de l'édition de la Champlain Society,
n'est pas basée sur l'édition de 1617, mais reproduit presque textuellement la traduction de Pierre Erondelle, faite en 1609, pour le compte d'Hakluyt. On y trouve
un passage absent de l'édition de 1617, mais utile pour l'intelligence du texte et qu'en
l'absence de l'original français, je cite dans la traduction: "Where with they heal
themselves, thougk to-day thé faîowledge of i t has been loste; and in thé country...
18(5
REVUE D'HISTOIRE DE L'AMÉRIQUE FRANÇAISE
Sagard (1632, éd. 1939, pp. 196 et 370) mentionne l'aimedda,
également par ouï-dire, mais sans tenter d'identification. Voici son
texte: "On dict aussi que nos Montagnets et Canadiens ont un
arbre appelle Annedda, d'une admirable vertu; ils pillent l'escorces
et les fueilles de cet arbre, puis font bouillir le tout en eauë, et la
boivent de deus jours l'un et mettent le marc sur les jambes enflées
et malades et s'en trouvent bien tost guéris, comme de toutes
autres sortes de maladies intérieures et extérieures." Somme toute,
ce n'est qu'un résumé du texte de Cartier. Le mot annedda, d'ailleurs,
n'apparaît pas dans le dictionnaire, où s'en trouvent d'autres vaguement apparentés, mais attribués au bois en général et au genévrier.
Les auteurs cités, sauf Sagard, nous ont entretenus des vaines
tentatives pour identifier l'annedda. Plus on s'éloigne de Cartier,
moins timides sont les affirmations. La Relation par Lettres de l'Amérique septentrionale, de 1709—1710, publiée seulement en 1904 par
le père de Rochemonteix (Anonyme, 1904, p. 15) et attribuée par
lui au P. de Silvy17, annonce que "la tisane faite de branche d'épinette blanche est un remède spécifique contre le scorbut". A cela
rien que de normal. L'auteur ne mentionne pas l'annedda et l'on
sait que l'épinette blanche, comme tous nos conifères, renferme de la
vitamine C. D'après le père de Roche monteix, Charlevoix a puisé
abondamment dans ces lettres pour la rédaction de son Histoire
(1744). J'ignore s'il a tiré de la Relation par lettres le renseignement
sur l'annedda, mais, sans indiquer de source, il affirme que le remède
employé deux siècles plus tôt pour la guérison du scorbut est une
"tisane faite avec la feuille et l'écorce de l'épinette blanche pilées
ensemble". N'allons pas, comme des auteurs l'ont fait, invoquer le
témoignage de Charlevoix parce que plus rapproché de la source.
Pour la crédibilité d'un témoignage un laps de temps de deux siècles
n'offre en soi rien de particulièrement convaincant.
James Lind (1756), le premier auteur probablement à traiter
sérieusement de la prévention du scorbut, pense que l'arbre de
Cartier "n'est autre chose que le grand sapin d'Amérique". Je n'ai
pas vu l'édition anglaise originale, parue en 1753, mais il est probable
qu'elle ne nous avancerait pas davantage. Sapin désigne aujourd'hui
17, De s historiens croient aujourd'hui que c'est l'œuvre de l'intendant Raudot.
L'ANNEDDA ET L'ARBRE DE VIE jg
y
l'Abies balsamea, mais autrefois il s'appliquait également aux
Abïes, Picea et Tsuga, comme on le fait parfois, improprement,
aujourd'hui. Le "grand sapin" de Lind est aussi bien l'épinette
blanche, que le vrai sapin ou la pruche. Un auteur ultérieur, Anton
de Haen (1764), est moins catégorique. Il se contente de signaler
qu'il n'a pu trouver l'identification de l'annedda ni dans les relations
de voyageurs (Hennepin, Denys, Martinière), ni dans les traités d'un
homme de science comme Jacquin.
L'histoire de l'établissement de la colonie française en Amérique,
sauf une indication intéressante de Lescarbot, n'a guère contribué à
limiter le problème.
4. Aspects folkloriques. Pour identifier l'annedda, des auteurs
ont invoqué les matières médicales traditionnelles du nord-est de
l'Amérique. Ces éléments intéressants doivent être manipulés avec
une extrême prudence pour ne pas embrouiller davantage le problème.
Comme ils ne peuvent être d'un très grand secours, il suffira de
quelques points de repère.
L'arpenteur Normandin (1732), cartographiant la région du lac
Saint-Jean, vers la fin du régime français, fit demander aux sauvages
"de quels simples ils se servaient dans leurs maladies. Ils repondirent
qu'ils n'en connaissoient presque point, que l'obelle de l'épinette leur
servoit à différentes choses en la faisant bouillir, comme par exemple
pour nettoyer et guaîrir une playe..." J. Allau Burgesse (in litteris)
croit qu'il s'agit du mélèze, populairement épinette rouge dans le
Québec, parce que cette plante est souvent employée à ces usages.
Le médecin du roi, Jean François Gaulthier, qui rédigea en 1749
une Flore canadienne 1*, ne s'est aucunement intéressé au problème
de l'identité de l'annedda. Toutefois, il n'a pas manqué de faire
état des propriétés antiscorbutiques de l'arbre qu'on nomme en
français, dit-il, l'épinette dont l e bois es t rougeâtre. La description est
celle de l'épinette noire (Picea marianaj, mais tout probablement
Gaulthier la confondait avec la véritable épinette rouge (Picea
18. Ce manuscrit, découvert récemment, sera publié avec des commentaires de
Jacques Rousseau par les soins des Archives de la province de Québec. Rédigé par
J.-F. Gaulthier, il a été annoté par le marquis de la Galissonnière.
Igg
REVUE D'HISTOIRE DE L'AMÉRIQUE FRANÇAISE
rubens). L'auteur rapporte une excellente recette de bière d'épinette que voici:
Ces arbres sont d'une très grande utilité, on prend les
branches de ces arbres, on les fait bouillir pendant un certain temps dans l'eau, c'est-à-dire jusqu'à ce que l'Écorce
quitte le bois, alors on y ajoute un peu d'avoine ou d'orge,
ou de froment grillés comme lu café, on fait encore bouillir
le tout pendant quelques tems après quoy on retire la chaudière du feu, on passe cette décoction et on la met dans une
Barrique avec deux ou trois pots de mêlasse et un peu de
levain de grosse Bierre bien houblonnée, quelques uns y
ajoutent un peu de biscuit pilé et broïé, quand tout cela a
fermenté pendant quelques tems on a une liqueur qui n'est
point spiritueuse et qu'on nomme cependant petite Bierre,
qui est très bonne a boire, elle a un goût de Therebentine un
peu amer et acidulé qui n'est point désagréable tout le inonde
prend avec plaisir de cette boisson qui est même rafraîchissante et antiscorbutique, elle est aussy diurétique et fort salutaire
pour les maladies des Rheins.
Notoos, en passant l'appellation de -petite bière qui fait déjà
partie du vocabulaire des Canadiens Français. Ne soyons pas
étonnés non plus par le rappel du goût de thérébentine. Ce dernier
produit est une résine tirée de conifères, variant, suivant les pays et
les époques. L'expression de Gaulthier, traduite dans le langage
actuel du Québec, serait: "la petite bière a un goût de sapinage".
Ce n'est pas la première fois qu'on mentionne la bière d'épinette
dans la littérature française. Dièreville, en 1708, donnait déjà la
recette19 d'une "bière de sapin" (entendons par ce mot épinette);
mais le texte de Gaulthier semble l'une des premières références
précises aux propriétés antiscorbutiques de la petite bière. Gaulthier
ajoute en outre: "On fait avec les jeunes branches de cette Epinette
une tisane qui est un bon antiscorbutique qui desale et adoucit le
Sang. On mâche son ecorce et surtout celle qui est le plus proche du
bois pour nettoyer les gencives qui sont attaquées du Scorbut."
Et plus loin: "les scorbutiques mâchent avec succès l'ecorce de
ces arbres lorsqu'elle est bien remplie de résine; c'est un machicatoire
excellent pour nettoyer les ulcères des gencives, et cela a cause de
la résine qui est contenue dans cette ecorce."
19. Il parut peu après (Anonyme 1713) une traduction anglaise du texte de Dièreville.
L'ANNEDDA ET L'ARBRE DE VIE jgC
)
Aussi intéressants que soient ces textes, ils soulignent seulement
les propriétés antiscorbutiques d'une espèce particulière de conifère; mais inférer que Gaulthîer l'assimile à l'annedda est toute
autre chose.
Duhamel du Monceau lui aussi (1755) a laissé une longue recette de "bière d'épinette". Pour ce botaniste français, un correspondant de J.-F. Gaulthier, mais qui n'est pas venu en Amérique, la
bière d'épinette se fait, au Canada, avec de l'épinette blanche
(aujourd'hui Picea glauca). Comme on connaissait très mal les
épinettes alors, le frère Marie-Victor in (1927 et 1934) croit à une
méprise de l'auteur qui aurait dû rapporter ces renseignements au
chapitre de l'épinette noire.
Dans un autre ouvrage intitulé "Moyens d e conserver l a santé
aux équipages de s vaisseaux", Duhamel du Monceau (1759) écrit:
On a coutume d'attribuer la plupart des maladies &
principalement le scorbut à l'usage des viandes salées: nous
ne sommes pas éloignés de ce sentiment, par les raisons que
nous avons déjà apportées... Il faut cependant convenir,
qu'outre cela [ le poisson frais, etc. ] dans ces relâches, l'équipage y trouve ordinairement de bonne eau, quelques fois des
fruits, ou différentes herbes presque toutes antiseorbutiquesPlus loin, après avoir disserté sur les aliments propres à protéger
l'équipage contre le scorbut, Duhamel revient sur la bière d'épinette,
une boisson qui ne coûte presque rien, qu'on boit avec
plaisir quand on y est habitué; & que M. Lind vante comme un
bon antiscorbutique, dans l'excellent traité qu'il a donné de
la maladie du scorbut. Cette liqueur, dont on fait grand usage
en Canada, se nomme épïnette, parce qu'on la fait avec une
espèce de sapin (no 7 ou 8 du Traité des arbres & arbustes)
qu'on nomme épinette: on pourrait cependant en faire de
pareille avec l'Epieia & même de Genévrier.
Suit ensuite la recette tirée presque in extenso du Traité de s arbres
et arbustes du même auteur, et à laquelle on a fait allusion plus haut.
Plus loin Duhamel ajoute: "II y a peu de pays où l'on ne trouve
des arbres résineux propres à faire cette liqueur..." Et à cela l'auteur
ajoute quelques plantes antiscorbutiques, citrons, légumes verts,
cochléaria, etc. Nulle part, toutefois, ni dans cet ouvrage ni dans
le précédent, l'auteur ne réfère à l'annedda. Il mentionne bien le
190
REVUE D'HISTOIRE DE L'AMÉRIQUE FRANÇAISE
nom populaire du Thuja, arbre d e vie, dans le Traité de s arbres e t
arbustes, mais il n'établit aucune relation entre ce nom et la panacée
employée par Cartier pour guérir le scorbut.
La "bière d'épinette" ou "petite bière", eti Nouvelle-France,
se consommait comme boisson, non comme remède. Elle renferme
peut-être assez de vitamine C pour avoir un effet antiscorbutique,
mais cela reste à prouver. Toutefois, le Dictionnaire de Médecine e t
de Chirurgie (1882), qui se base pour cela sur VHygiène navale de
Forget (1832), nous révèle qu'au "Canada et dans les parages de
Terre-Neuve, il se fabrique de temps immémorial avec les feuilles
et les branches de sapin (Abies canadensis — Hemlock spruce} une
boisson dite bière d e sapinette ou d e Spruce fort appréciée comme
antiscorbutique. Pendant sa relâche à la Nouvelle-Zélande, Cook fit
fabriquer de cette bière pour ses scorbutiques". On trouve rarement
réunies autant de notes confuses et d'erreurs. Les renseignements,
sans doute, proviennent de sources diverses, échelonnées sur un
long laps de temps. Le passage relatif au capitaine Cook se rapporte
probablement à son séjour à Québec en 1759, avec la marine anglaise,
lors de l'attaque contre la Nouvelle-France. (Voir notamment Milrnan, 1782 et 1799, cité par Léo Pariseau 1934). Benjamin Suite
(1898), qui ne fait que répéter Dionne (1891) et celui-ci, Lind
(1752), est persuadé que la décoction d'annedda n'était que de la
bière d'épinette. Mentionnons ici également que l'épinette noire
(Picea marianà), au Canada, l'épinette rouge (Picea rubens}, aux
États-Unis, fournissent la "gomme d'épinette" du commerce, si
populaire autrefois, que l'on considérait comme un masticatoire
susceptible d'entretenir la santé. Le F. Marie-Victorin (1927 et
1934) place la source de la "gomme d'épinette" dans l'épinette
blanche. Celle-ci peut servir effectivement, mais elle est moins populaire parce que plus cassante que les autres.
Le journal du marquis de Montcalm (1756—1759) rapporte
que "quoique l'hiver ait été très rude dans les pays d'En-haut,ainsi
qu'à Montréal, il n'y a presque pas eu de maladies, quelques scorbutiques, que l'usage de la pruche} que l'on peut regarder comme un
des meilleurs antiscorbutiques, a entièrement guéris". De son côté,
le chevalier de Lévis (1756—1760) écrit en 1760 à M. de Belle-
L'ANNEDDA ET L'ARBRE DE VIE \C)l
combe, aide-major du régiment du Royal-Roussillon et détenu à
l'Hôpital Général par les Anglais depuis le 13 septembre 1759:
La pruehe que l'on demande est un remède pour les
scorbutiques; je n'ignore point que la moitié de la garnison
en est attaquée. Cette place étant assiégée, je ne dois point
envoyer ce soulagement; mais je n'en laisserai pas manquer
aux malades qui sont à l'Hôpital général, dont je désire fort
la guérison, puisqu'ils sont en lieu à ne pouvoir nous nuire.
Knox (1769), relatant les péripéties des campagnes, rapporte
qu'il a assisté au traitement d'un marin scorbutique: on enterrait le patient jusqu'au cou dans le sol. L'armée anglaise toutefois
n'ignorait pas l'usage de la pruehe ou de l'épinette pour guérir cette
avitaminose, car un ordre du jour de l'armée (en 1760), cité sans
référence par Léo Pariseau (1934)20, porte cette mention: "The
visible effects of thé spruce, or hemlock spruce winch bas been
given for some tîme to thé scorbutic men in thé hospitals, put it
beyond doubt that it must also be thé best preservative against
scurvy..."
Pouchot (1781), qui fait campagne contre les Anglais et qui a
tant voyagé dans la forêt, ne mentionne pas de conifères pour le
traitement du scorbut. Par contre "on trouve dans les bois... des
petits oignons fort bons, & des aulx plus doux & plus gros que les
nôtres. Ils ont la forme d'une poire, & les Européens s'en servent
avec succès comme un remède contre le scorbut que les sauvages
ne connoissent point par mieux, non plus que la goutte et les rhumathismes, quoiqu'ils soyent toujours couchés à terre, à la pluie et à
l'humidité."
Les conifères du Canada n'avaient pas manqué de pénétrer
dans les milieux médicaux français. Dans un intéressant manuscrit
conservé dans les collections du Dr. E.-P. Chagnon, et intitulé
"Du scorbut à l'Hôtel Royal des Invalides, du Pin de Canada et de
la Colique de Peintre, M.DCC.LIV.", l'auteur anonyme consacre
quelques pages au "Pin de Canada, connu sous les noms d'Épine
vinette, Epinette, spruce. Abïes Picea, foliis brevibus, conïs minimis.
De ses propriétés, et des diverses manières de l'employer". Ce pin
de Canada est l'épinette blanche. Après avoir décrit la fabrication
20. Cet ordre du jour a peut-être été consigné dans Knox (1769).
192
REVUE D'HISTOIRE DE L'AMÉRIQUE FRANÇAISE
de la petite bière, chez les Hollandais du N.-E. des États-Unis et
les Français du Canada, l'auteur décrit la "manière dont on s'est
servi des bourgeons de sapin du Nord, à l'Hôtel Royal des Invalides".
C'est en définitive une tisane des plus rudiment aires. On ne fait
toutefois aucune allusion à l'emploi de la petite bière au Canada à
titre d'antiscorbutique, ni à l'histoire du scorbut à l'époque de
Cartier.
"Bastien (1809) dans la Flore jardinière, donne au pin blanc du
Canada (Pinus Strobus), le nom d'arbre d u scorbut, mais il ne donne
aucun renseignement sur l'origine du vocable. Ce n'est pas nécessairement une allusion au "scorbut de Jacques Cartier", plusieurs
conifères canadiens en effet ayant servi en d'autres circonstances
pour le traitement de cette avitaminose".
Rafinesque11 (fide Meehan 1882), au début du siècle dernier,
révélait que la décoction des feuilles d'arfcor vitae (Thuja occidentalis)
était un remède indien contre le scorbut, mais cela ne l'empêchait
pas de penser que le remède de Cartier provenait de l'épinette blanche (Picea glauca),
Sur un feuillet de la Gazette de Québec du 10 mars 1814, que
rae communique monsieur Rosario Gauthier, de Papineauville,
se trouve au verso, la note suivante attribuée à Joseph Papineau,
le père du tribun Louis-Joseph Papineau: "Jaq. Cartier pour le
scorbut usèrent de la décoction of thé Tops and Bark of thé White
Fine — bourgeon et lecorce de Pin Blanc, par Conseil des Sauvages".
Le bilinguisme de la note suggère une provenance anglaise. Joseph
Papineau dirigeait alors d'importantes opérations hivernales dans la
forêt, rendues nécessaires par le blocus de l'Europe. La présence de
scorbut, dans ses chantiers, pourrait expliquer, peut-être, l'intérêt
porté à ce problème.
Waugh (1916) donne une recette d'infusion de feuilles de pruche
employée comme breuvage à Caughnawaga. Fenton (1941) écrit
pour sa part: "Until récent times hemlock tea has been a favorite
winter beverage with thé iroquoian tribes whose names for hemlock,
or evergreen, are clearly cognate with thé terrn given Cartier".
21. Rafinesque a laissé une multitude d'ouvrages, la plupart très rares. Je ne sais
où a paru le renseignement. Est-ce dans "New Properties of teu American plants, in
thé médical repository", que je n'ai pas consulté?
L'ANNEDDA ET L'ARBRE DE VIE 19
3
Rousseau (1945) également a noté à Caughnawaga l'usage de "thé"
de pruche (Tsuga canadensis), et d'autres décoctions ou bières d'if
(Taxus canadensis) et de cèdre blanc (Thuja ocddentalis).
Sauf peut-être le pin gris (Pinus Banksiana), dont j'ignore le
folklore précis, il n'y a pas un seul conifère du Québec, qui ne soit
employé par les Indiens ou les Blancs pour fabriquer un breuvage,
une potion médicamenteuse, un sirop contre le rhume, un cataplasme
et que sais-je. Nos conifères sont si intimement liés au folklore médical de l'est du Canada que celui-ci n'est d'aucune aide dans le
problème. Les usages des Iroquois de Caughnawaga, eux-mêmes, ne
sont pas des indices fiables. Ces Indiens, qui parlent toujours le
dialecte ancestral, ont tellement subi l'acculturation européenne qu'il
est souvent difficile de distinguer chez eux l'apport européen de la
tradition ancienne. Fenton (1941) et Rousseau (1945) ont signalé
l'important apport étranger, chez les Iroquois modernes. Sur 115
espèces, auxquelles le dernier auteur attribue un rôle important
dans le folklore de Caughnawaga, en médecine surtout, 27 sont introduites d'Europe. Cela est suffisant pour conseiller un doute
prudent sur les usages soi-disant ancestraux des plantes indigènes
canadiennes. Le folklore pourtant riche d'enseignement, n'aide pas
à résoudre le problème de l'identité de l'annedda.
5. Aspects historiques: le s contemporains d e Cartier. Logiquement cette question, qu'on néglige d'habitude aurait dû venir immédiatement après la discussion des éléments linguistiques; mais il
fallait d'abord éliminer de la discussion les aspects précédents.
Le moine André Thévet, au retour d'un voyage en Amérique
du sud, publia en 1557—58 "Les singularitez de la France antarctique" et, en 1575, la "Cosmographie universelle". Il ne vint jamais au Canada; tout ce qu'il sait du pays lui vient de ses conversations avec Cartier, Donnacona, et les autres Indiens emmenés en
France en 153622. Ses conversations ayant porté notamment sur
les plantes d'intérêt économique23; il est à présumer qu'il s'est entretenu de la "panacée miraculeuse" employés pendant la "grande
22. Ces témoignages de ouï-dire, auxquels Cartier donna crédit dans ses relations,
inspirèrent une satire à Rabelais. Voir à ce sujet Barbeau (1934).
23. Ces textes botaniques sont reproduits dans Rousseau (1937).
194
REVUE D'HISTOIRE DE L'AMERIQUE FRANÇAISE
épidémie" de scorbut. Or les deux ouvrages de Thévet mentionnent
une seule plante médicinale canadienne. Le passage des "Singularitez", annoncé en marge par le titre "Bruvage souverain dont ils
usent en leurs maladies" est le suivant (pp. 404-405 de l'édition
Gaffarel) :
Aussi ne veux omettre cecy qui est singulier, que quand
lesdits Sauvages sont malades de fièvre ou persécutez d'autre
maladie intérieure, ils prennent des feuilles d'un arbre qui est
fort semblable aux cèdres, qui se trouvent autour de la montagne de Tarare, qui est du Lyonnois: et en font du jus, lequel
ils boivent. Et ne faut doubter que dans vingt quatre heures
il n'y a si forte maladie, tant soit elle invétérée dedans le
corps que ce breuvage ne guérisse; comme souventes fois
les chrestiens ont expérimenté, et en ont apporté de la plante
par deçà.
Ce texte ne peut désigner que le cèdre blanc (Thuja occidentatis).
En effet le seul conifère du Lyonnais qui pouvait alors se nommer
cèdre, est un Juniperus à feuilles squamiformes et imbriquées, comme
celles du Thuja**. Le récit de Thévet, qui rappelle par l'enthousiasme
celui de Cartier à l'endroit de l'annedda, semble s'appliquer à la même plante. Est-il en effet dans tout le récit du découvreur du Canada un autre remède à action aussi rapide? Thévet nous apprend
en outre que la plante a été introduite en France: "...et en ont apporté de la plante par deçà". Le volume de 1575 (p. 1014) mentionne
d'autre part qu'on apporta du Canada "plusieurs plantes et arbrisseaux, que l'on voit encore aujourd'hui au jardin Royal de Fontainebleau". De ceux-là, Thévet décrit l'érable à sucre. Mais qui pourrait
nous renseigner sur les autres parmi lesquels se trouvait la fameuse
médecine ? Il serait peu vraisemblable en effet que l'annedda n'en
soit pas. Les botanistes Belon, Dodoens et de l'Écluse (Clusius)
nous fourniront la clef; mais auparavant, il reste à examiner le
24. En France, le nom cèdre ou une variante s'est appliqué ou s'applique encore,
d'après Rolland (1914), aux Cedrus de la région méditerranéenne, au Thuja octideikdentalis, introduit d'Amérique (et nommé cèdre blanc par Bastien, 1809), au mélèze d'Europe (Larïx decîdua) dans les Pyrénées orientales, au genévrier commun
(Juniperus communis} et dont les fruits ont porté le nom de pommes de cèdres, au caàîer(Juniperus Oxycedrus) et surtout à une espèce particulière de genévrier, le Juniperus phoenicea. Le "cèdre du mont Tarare" ne peut être que cette dernière espèce, que
Dalechamps nomme déjà cèdre en 1653 et à laquelle on applique encore fréquemment
le même nom dans le Lyonnais, comme en fait foi le dictionnaire de Van Wijk (1911).
L'ANNEDDA ET L'ARBRE DE VIE 19
5
témoignage d'une personne qui eut une brève entrevue avec Jacques Cartier dans le golfe Saint-Laurent.
Le pilote Jean Fonteneau, dit Alfonse de Saintonge25, était à
la barre du navire amenant Roberval en Nouvelle-France en 1542,
quand il rencontra Cartier qui s'en retournait après avoir tenté de
jeter les bases d'une colonie l'année précédente. Leur conversation
ne fut pas longue, mais le voyageur expérimenté qu'était Cartier,
— même s'il était mécontent du retard du vice-roi et avait décidé
de l'abandonner, — a certainement communiqué des renseignements
aux arrivants. Il est vraisemblable aussi que l'équipage de 200
hommes de Roberval comptait des hivernants de 1535—1536.
Jean Alfonse termina eu 1544 son manuscrit, publié en anglais par
Hakluyt en 1600 et, en français, en 1904 seulement (voir Alfonse,
1544). Dans la Cosmographie dont Alfonse26 est l'auteur, un passage
nous intéresse: "Et y a en toutes ces terres [ la rive du Saint-Laurent
en amont de Québec surtout ] grand quantité d'arbres et de plusieurs
sortes, comme chaignes, fraignes, cèdres, ciprez, hommeaulx, arables, fayens, arbres de vye, qui portent médecine". Trois noms,
cèdre, ciprez et arbre de vye, désignent sûrement la même espèce,
le Thuja occidentalis. L'expression "qui portent médecine" s'applique-t-elle à tous les arbres cités ou seulement aux "arbres de
vye" ? La signification de ce nom, qui s'attache pour la première
fois à une espèce américaine, suggère la dernière solution. On peut
d'ailleurs se demander avec raison, si le nom arbre d e vi e n'aurait
pas commencé à circuler dans la marine française et les milieux
officiels avec le récit de la cure merveilleuse.
Le traité de Pierre Belon (1553) sur les conifères, renferme ce
passage dans le chapitre consacré aux "Sabina utraque":
Huius alterius Sabinae arbores jam in Europa atgue
adeo in Gallia, multis, (ut paulo infra scribam) lotis visuntur,
in Regia potissimum Fontanaeblaei, quam ille qui Francisco
Galliarum Régi attulït, vitae arborem cognominavit. Ex haec
arbore, cum adhuc exigua admodum existerez, ramulos vulsimus:... "[On voit des plants d'autres saviniers (pomme je
l'écrirai plus bas) en plusieurs endroits d'Europe et même en
25. Sur Jean Alfonse, voir BIGGAK (1901).
26. Pour les extraits botaniques, voir ROUSSEAU (1937).
196
REVUE D'HISTOIRE DE L'AMÉRIQUE FRANÇAISE
France, surtout dans le jardin royal de Fontainebleau, notamment celui qui a été introduit sous le règne de François
roi des Gaules et qu'on a surnommé arbre d e vie. Puisqu'il
n'en existait encore que d'exceptionnels représentants, nous
en avons arraché des rameaux..." ]
Dans un autre ouvrage, publié en français en même temps et
réédité deux ans plus tard, Pierre Belon écrit: "Et pour ce qu'avions
veu les années précédâtes27 un arbre à Fontainebleau au jardin du
Roy, qu'on nômoit arbre de vie, qui fut apporté du pays de Canadas,
au têps du feu roy Fraçois premier de ce no..." Comme François
premier est mort en 1547, et Belon est parti pour l'Orient en 1546,
cela place l'introduction de l'arbre avant cette date. Kurt Wein
(1930—31), pour d'obscures raisons, pense qu'il provient du voyage
de 1536 plutôt que de celui de 1542. Dans le premier ouvrage latin
cité, Belon (1553) ajoutait plus bas: "Arbor haec i n tantam altitudinem apud Fontanaeblaeum excrevit, ut quamvïs nondum nonum
excesserit annum...". [ "Cet arbre de Fontainebleau a atteint une
telle hauteur que, malgré son âge qui ne dépasse pas neuf ans..." ].
S'il provenait de semis, ce qui semble probable, puisque l'auteur
paraît sûr de l'âge, le semis de 1536 aurait neuf ans en 1545 et celui
de 1542, 9 ans en 1551. Le voyage de Belou en Orient ayant duré
de 1546 à 1549, les deux dates d'introduction restent possibles. Nous
savons avec certitude par le récit du voyage en Orient que Belon
est allé au jardin de Fontainebleau avant son départ, mais il serait
invraisemblable qu'il n'y soit pas retourné au retour, d'autant plus
qu'il accéda alors aux faveurs royales qui lui valurent une pension
de Henri II en 1556, puis l'invitation de Charles IX à venir demeurer
dans le château de Madrid, dans le bois de Boulogne.
Belon (1558) est revenu une autre fois sur l'arbre d e vi e de
Fontainebleau:
Puis donc que le Cèdre naist là-haut en Syrie, Cilicie
etc. es lieux froids de sur les inontaignes que la neige couvre,
nostre air ne lui serait non plus contraire qu'il est là: comme
il appert par l'arbre de vie du Roy, au Jardin de Fontainebleau, qu'on apporta du Canadas.
27. C'est-à-dire , avant le voyage e n Orient, qu i a début é e n 1546 . Sur Belon, ,
voir HICKE L (1924) .
L'ANNEDDA ET L'ARBRE DE VIE
197
Hickel (1924) après une étude approfondie des travaux dendrologiques de Belon conclut que deux espèces de conifères exotiques
seulement, le Thuja occidentalis et le Pinus Strobus, furent alors
introduites en France. Leur choix n'était certainement pas l'œuvre
du hasard. Or nous savons par Thévet qu'on a apporté en France
après le deuxième voyage de Cartier le conifère ressemblant au "cèdre du mont Tarare" et qui a guéri l'équipage du scorbut. Thévet,
qui fut en relations avec Donnaconna et les autres captifs de Cartier,
était également un familier de Belon2*, ayant fait avec lui le voyage
de Constantinople en 1546. ïl est donc assez noimal de relier l'arbre
de vi e de Belon à la panacée dont parle Thévet.
Charles de l'Écluse, souvent connu sous Je nom latinisé de
Clusius (1576 et 1601), a traité longuement de l'arbre d e vie, devenu
plus tard le Thuja occidentalis. Je cite le texte de l'édition de 1601,
mais il semble, d'après les renseignements obtenus, qu'elle ne diffère
pas beaucoup, sauf le format, de la première édition. Il y a néanmoins
des variantes importantes, puisque le traité de l'arbor vitae dans
l'édition de 1601 comporte une référence à 1579. Le texte, accompagné d'une illustration précise d'un rameau porteur de cônes,
débute par une bonne description, suivie de l'histoire de l'introduction en France, puis de l'affinité avec les Thuja (un nom qui
remonte à Théophraste), les Cupressus et les Juniperus. Les extraits
qui nous concernent sont les deux suivants:
a) Primum mihi conspecta es t haec arbor i n horto regio
Fontainebelleau, non procul Aurélia Gallorum, eo ex Americae
Septentrionali ora, Canadas dicta, delata, Gallorum Imperium
obtinente Francisco hujus nominis prima, litteratorum omnium
summo Maecenate, née ante, ut existimo, Europae cognita.
Deinde apud doctissimum virum Nicolaum Raffium Régis
cheîrurgum celeberrimum, eumdemque omnium Naturae miraculorum studiosissimum & peritissimum, qui primus mea opéra
eam Belgio communicavit, ubi nunc adeo frequens est, ut nullus
rei herbarîae studiosus, qui eam in suo horto non alat: inde
porro in plerosgue Germaniae hortos transiit: facile enim rami depacti radiées agunt, quemadmodum saepe sum expertus, praesertim loco umbroso & fertili pinguiq; solo. [J'ai vu cet
arbre d'abord dans le jardin royal de Fontainebleau, près
d'Orléans, où il avait été apporté de la partie septentrionale
28. Voi r SADCÊAN (1921) .
198
REVUE D'HISTOIRE DE L'AMÉRIQUE FRANÇAISE
de l'Amérique, dite Canada, alors que François premier, grand
mécène de tous les lettrés, gouvernait la France. Cet arbre, à
mon avis, était autrefois inconnu en Europe. Depuis, je l'ai
vu chez le célèbre chirurgien du roi, Nicolas Raff,... qui le
premier le confia à mes soins en Belgique, où il est maintenant si fréquent qu'il n'existe aucun amateur de la flore qui
ne l'ait dans son jardin; ensuite il passa dans un grand nombre
de jardins de l'Allemagne... ]
b) Galli arbre d e vie, hoc est, arborent vitae nuncupant,
nescio qua ratione ducti, nisi forte ob immortalem ejus comam,
quam tamen cum multis aliîs communem habet, aut odorïs ejus
vehementiam, quam salubrem esse exîstiment, hoc nomen indiderint. Vulgus Herbarïorum & Thuiam & Arborem vitae
appeUat. Nonnulli plura Thuiae gênera constïtuunt, & hanc
arborem tertium genus esse volunt. [ Les Français nomment
cet arbre arbre d e vie; je ne sais pour quelle raison ils lui
donnent ce nom, si ce n'est par hasard à cause de son feuillage immortel, caractère qu'il possède toutefois en commun
avec plusieurs autres arbres, ou pour sa forte odeur, qu'ils
supposent sans doute salubre. La majorité des botanistes
le nomment à la fois Thuja et Arbor vitae. Certains, qui reconnaissent plusieurs genres de Thuja, font de celui-ci le
troisième... ]
Le premier extrait, nous apprend que l'introduction se fit rapidement en Europe. Dans beaucoup de jardins, ce fut longtemps le
seul arbre d'origine américaine. Ainsi, le catalogue du jardin botanique d'Upsal, rédigé par O. Rudbeck en 1666, ne renferme encore
aucune autre plante américaine (vide Juel 1920).
Par le deuxième extrait, nous voyons que l'auteur ignore entièrement le sens d'arbre d e vi e et suggère notamment (ce qu'il
croit peu vraisemblable) une allusion au feuillage toujours vert ou
à la forte odeur. La grande tragédie de Cartier, survenue quarante
ans plus tôt, est assez ancienne pour s'embrumer dans le passé.
L'histoire survit difficilement à une génération. Et presque tous les
auteurs à la suite se contenteront de répéter Clusius, avec plus de
certitude à mesure qu'on avancera dans le temps. C'est le cas notamment de Bauhin (1623), Dalechamps (1653), Plukenet (1696),
Lamarck (1806) et tant d'autres.
Rembert Dodoens a publié ses principaux ouvrages en 1559
et 1583. Dans l'un (1583), se trouve une bonne illustration de la
plante, et un commentateur botanique (Juel, 1920) prétend y avoir
L'ANNEDDA ET L'ARBRE DE VIE
199
lu que la plante a été introduite sous François 1er "dans le jardin
royal de Blois. Lapsus sans doute, car dans le volume que j'ai consulté, Dodoens écrit bien "i n hortos Regiae Fontanaeblaei".
Les ouvrages précités n'épuisent pas la liste des prélinnéens qui
ont parlé de l'arbre de vie, mais comme ces auteurs se répètent habituellement, les citations précédentes suffisent.
Ces renseignements imprécis de contemporains de Cartier nous
apprennent donc: 1) que l'annedda (ou du moins une panacée extraordinaire) a été transplanté à Fontainebleau, 2) que deux espèces
de conifères seulement furent introduites en France à l'époque, le
pin blanc, au port majestueux, et un autre arbre auquel on a donné,
— on a vite oublié pourquoi, — le nom d'arbre de vie. Le premier
historien de la Nouvelle-France, l'avocat-poète Marc Lescarbot
qui séjourna un an en Acadie, au temps de Champlain, donne la
solution de l'énigme: "Et pour un dernier et souverain remède,
écrit-il, je renvoyé le patient à l'arbre d e vie (car ainsi le peut-on bien
qualifier), lequel Jacques Quartier ci-dessus appelle Annedda".
(Lescarbot, 1609, cité d'après éd. 1617).
6. Aspects biochimiques. Après avoir lu le récit de Jacques
Cartier, il y a quelques années, le professeur E. W. McHenry, de
Toronto, a dosé la vitamine G de l'écorce et des aiguilles de certains
conifères. Comme le professeur R. B. Thomson, également de l'Université de Toronto, voyait dans l'épinette blanche l'arbre de Cartier,
on s'est d'abord occupé de cette espèce, qui a révélé une teneur de
20 à 30 milligrammes de vitamine C par 100 grammes d'écorce,
et un pourcentage très variable dans les aiguilles. Ces renseignements
fragmentaires, obligeamment communiqués par le professeur McHenry, n'ont été publiés qu'en 1945 (in: ROUSSEAU, 1945 b). En
1940, au moment où l'on recherchait des sources de vitamine C,
McHenry entreprit, en collaboration avec Thomson, l'étude de
nouvelles plantes (arbres, arbustes et plantes herbacées). Les feuilles
d'un saule arctique, notamment, ont révélé une forte teneur du
produit cherché. Les résultats, malheureusement, n'étaient pas
encore publiés à la mort du professeur Thomson et depuis, les
documents restent introuvables (McHenry, in litteris).
Sans s'aventurer trop loin dans le champ de la biochimie, il y
a lieu de noter que les saules arctiques sont abondamment consommés
par les caribous de la toundra et pourraient être l'une de leurs
200
REVUE D'HISTOIRE D E L'AMÉRIQU E FRANÇAISE
principales sources de vitamines C. Il pourrait en être de même du
lemming, qui ronge l'écorce des bouleaux et saules arctiques. Ce
petit rongeur, à son tour, sert de nourriture au renard blanc. On
serait en droit de se demander si le cycle du lemming, qui commande
le cycle du renard, n'est pas dû à l'absence systématique de quelques
plantes quand la population des petits rongeurs est à son maximum.
Il faudrait d'abord savoir si ces animaux fabriquent la vitamine C
ou se comportent plutôt comme le cobaye, le singe et l'homme.
Shîshkin (1943), relatant quelques-unes des tendances des recherches des botanistes et biochimistes soviétiques, rapporte qu'on
vient d'entreprendre la production massive de concentrés de vitamine C tirée des aiguilles de pins. Malgré le faible pourcentage,
la décoction de ces aiguilles aurait puissamment contribué à prévenir le scorbut pendant le siège de Leningrad. Ce n'est pas la première fois que les feuilles de pin servaient ainsi. Lind rapporte
(fide Schick, 1943) que la guerre entre la Suède et la Russie a favorisé le scorbut parmi les troupes suédoises; mais que sous le conseil
du médecin du roi, Erhenius, on a préparé une espèce de thé avec
des feuilles de pins. Ce remède efficace aurait valu par la suite, au
pin, le nom de Pinus antiscorbutica, qui n'a pas été conservé dans
la nomenclature moderne.
Le professeur R. B. Thomson (fide MacNamara, 1943) attribuait
également à la vitamine C de l'écorce interne de l'épinette blanche
(Picea glaucà) le pouvoir du "spring tonic" des colons blancs de
l'Ontario et que ceux-ci auraient emprunté, paraît-il, aux Indiens.
L'article précité de Shishkin a été suivi par plusieurs notes, dans
Science également. Elles n'ajoutent rien au sujet, mais révèlent plutôt une méconnaissance assez générale du problème historique et
botanique.
Auguste Mockle, de la faculté de pharmacie de l'université de
Montréal, qui a entrepris à ma suggestion des dosages des divers
conifères susceptibles d'avoir été l'annedda de Cartier, a communiqué les résultats de ses essais préliminaires. Ces données fragmentaires29 ne permettent pas d'indiquer avec certitude l'espèce la plus
riche de vitamine C, (d'autant plus que la teneur varie d'une espèce à l'autre), mais elles nous justifient de conclure au moins aux
29. Les résultats sont consignés dans ROUSSEAU (1953).
L'ANNEDDA ET L'ARBRE DE VIE 20
1
propriétés antiscorbutiques de tous les conifères impliqués dans la
présente étude.
Cette enquête rapide à la recherche de l'annedda de Cartier
fourmille d'imprécisions. Les aspects botaniques, linguistiques,
folkloriques et historiques (postérieurs à l'établissement de la
Nouvelle-France) suggèrent huit conifères différents: l'épinette
blanche (Picea glauca), l'épinette rouge proprement dite (Picea
rufoens), la pruche (Tsuga canadensis), le pin blanc (Pinus Strobus),
le pin rouge (Pinus resinosa), le cèdre blanc (Tkuja occidentalis}.
Les preuves écumérées donnent une importance presque égale aux
diverses solutions. Seuls les documents historiques contemporains de
Cartier fournissent des renseignements plus précis. Tous tendent à
démontrer que l'arbre de vie (Thuja occidentalisé, introduit en France
dans le jardin du roi, à Fontainebleau, à l'époque de Cartier, vers
1536 ou 1542, est bien l'annedda, qui a guéri du scorbut les
hivernants de Cartier. Et c'est même pour cela que la plante aurait
reçu le nom d'arbre de vie.
Le seul espoir d'une solution définitive réside dans la découverte de la relation originale du troisième voyage de Cartier, où
l'auteur nous promettait une description de la plante. Je doute qu'on
en fasse la découverte. Le voyage s'était terminé par la brouille de
Cartier et de Roberval, le chef qu'on venait de lui imposer. Trop
de personnes avaient intérêt à éliminer les écrits de Cartier. Conseillé
lui-même par des habitués de la cour, il a pu d'ailleurs renoncer à
un récit qui aurait pris l'allure d'un réquisitoire contre Roberval.
Ayant pesé consciencieusement toutes les preuves soumises au
procès de l'identité de l'annedda, on ne peut retenir qu'une espèce,
dans l'état actuel de nos connaissances. Une conclusion s'impose,
Vannedda, ['arbre d e vie, le Thuja occidentalis, le cèdre blanc, sont une
seule et même plante30.
Jacques ROUSSEAU,
Directeur du Jardin Botanique, Montréal.
30. L'auteur remercie ceux qui l'ont aidé d'une façon ou de l'autre au cours de
la rédaction de ce travail, notamment: Mlle Marjorie F. Warner, historienne émérite
de Walpole, N.H., MM. Jean Dufrenoy, University of California, le chanoine Lionel
Groulx, M. et Mme O.R. Burger, de New York, Dr E.-P. Chagnon, de Montréal,
202
REVUE D'HISTOIRE DE L'AMÉRIQUE FRANÇAISE
"P.S. îloc-Amadour, 28 mai 1954. Quatre siècles après la
guérison de la "grosse maladie", je suis passé au point du Massif
Central où dévale de la falaise la cascade des maisons et des sanctuaires de Roc-Amadour. Dans une chapelle, au milieu des ex-voto,
la vierge noire de Saint-Amadour ouvre toujours les bras aux naufragés de la misère humaine. Au-dessus, dans le ciel, un château
du XVIe siècle se penche sur les pèlerins. Sur sa muraille sont
venus s'agripper deux minuscules Thuja. A défaut de l'équipage
de Cartier, l'annedda a fait le pèlerinage de Roc-Arnadour."
J.R.
NOTES RELATIVES À L'ÉDITION DE 1545
DU TEXTE DE CARTIER
1. [Titre, p. 34v ]. Le titre du texte de 1545 se lit: "D'une grosse
maladie qui a esté au peuple de Stadacone, de laquelle pour les avoir fréquentez en auons esté imbouez..." Le manuscrit utilisé par Biggar remplace
le mot imbouez par enlouez. Autant qu'on, en peut juger, sans glossaire
approprié, le premier mot est plus correct. Il pourrait venir du verbe imboire,
dont nous n'avons conservé aujourd'hui que le participe passé imbu, et
qui est une variante de eniboire, qui a subsisté surtout comme ternie de
marine, signifiant "imbiber". Ex. La voile est embue. Il y a aussi le verbe
emboîter, signifiant "salir de boue". On s'expliquerait la présence ici de l'un
ou l'autre de ces verbes avec un sens figuré; le second notamment signifierait alors "contaminer".
2. [p. 34v, dernière ligne]. "Car les ungs perdoient la substance..."
L'édition de 1545 et un manuscrit de la Bibliothèque nationale (Paris)
ont le mot substance. Le manuscrit choisi par Biggar comme l'original (ou
le plus rapproché de l'original) renferme ces mots: "les ungs perdoyent la
soustenue". L'édition italienne de Ramusio, basée sur ce dernier manuscrit
ou un autre analogue, traduit par: "percioche alcuni perdevano l e forze d i
sostenersï in piedï", ce que Florio, en 1580, traduit à peu près littéralement:
"as some did lose ail their slrength, and could not stand o n their feele". Il me
semble que le mot soustenue serait plus conforme que substance, quoique
l'autre se défende. Dans les cas extrêmes d'avitaminose scorbutique, les
malades perdent les dents et leurs gencives se lacèrent.
MM. Roger Gauthier, Jules Labarre et Auguste Mockle, de l'Université de Montréal,
William N. Fenton, autrefois de Smithsonian Institution, Washington, J.-Allan
Burgesse, E.W. McHenry, University of Toronto, Marcel Raymond et James Kucyniak, du Jardin Botanique de Montréal, B.L. Frank, Jean Launay, Dr W. Francis,
McGîll University, Rosario Gauthier, de Papineauville, Mlle Louise-O. Bercaw,
de l'U.S. Department of Agricultural Library, Washington, Mme B. Grenier-Bergeron, Mlles Jacqueline Blain, Simone Constant, Mireille Berthiaume et Suzanne
Paré, du Jardin Botanique de Montréal.
L'ANNEDDA ET L'ARBRE DE VIE
203
3. [ p. 35 en bas ]. L'édition de 1545 et tous les manuscrits de l'époque
parlent d'une image à l'effigie "de la Vierge Marie", mais on en était encore
à l'atmosphère des premières années de la Réforme quand Florio présenta
sa traduction en 1580. Aussi jugea-t-il utile de modifier le texte de Cartier:
"Our Capitaine, écrit-il, commanded, that every one shoulde devoutly
prépare himselfe to prayer, and in remembrance of Christ, caused his Image
to be sette up upou a tree..."
4. [p. 36] "...nostre cappitaine que Dieu a toujours préservé..."
Cartier a-t-il souffert du scorbut? Piédeliêvre et al (,1952) Ont écrit: "Au
cours de l'hiver 1535, Jacques Cartier et trois ou quatre de ses compagnons,
survivant à ceux qui étaient morts du scorbut, furent guéris par les Indiens
qui leur apportèrent des plantes contenant les vitamines nécessaires...
C'est en particulier grâce aux séquelles du scorbut que le crâne de Jacques
Cartier a pu être identifié après que la cathédrale où il était inhumé a été
détruite par les bombardements de '44". Il est à présumer que Jacques
Cartier a souffert lui-même de scorbut, au moins légèrement, pendant
l'hivernement de 1535-36, quoique il affirme lui-même le contraire. Toutefois, comme il était un marin professionnel, il y a de fortes présomptions
que ce ne fut pas pour lui la seule occasion d'être marqué par l'avitaminose.
5. [ p. 36r ]. "Des glaces... de deux brasses d'épaisseur". Cela pourtant
n'a rien d'exagéré. Le rétrécissement du fleuve, à Québec, y provoque des
marées d'eau douce de refoulement qui sont parmi les plus hautes du monde.
Dans les hautes mers, l'amplitude atteint au moins six mètres. En passant
du jusant au flot, le courant change de direction et va vers l'amont. Les
grandes nappes de glace se fracassent, les morceaux s'accumulent les uns
sur les autres, se soudent. Sur les grèves estuariennes j'en ai vu des monceaux de dix mètres d'épais. A Québec, la glace brisée par la marée est
habituellement en mouvement, mais jadis il se formait souvent une masse
solide d'une rive à l'autre, le "pont de glace". L'action des brise-glace ne
le permet plus.
6. [p. 37 ]. Variante: "Et pour l'heure y en avoit plus de cinquante
(malades)". Les manuscrits consultés par Biggar mentionnent quarante
malades, et non cinquante.
7. [ p. 38, dernier mot du premier paragraphe ]. Les manuscrits consultés par Biggar donnent tous annedda. Ameda est sûrement une mauvaise
transcription.
8. [ p. 38 J. La grosse vérole, c'est-à-dire la syphilis. La maladie, paraîtrai, viendrait d'Amérique et aurait été introduite une quarantaine d'années auparavant en Espagne. — D'autre part la guérison rapide de l'avitaminose dont il est question dans le même texte n'a rien qui puisse surprendre
les thérapeutes modernes, "depuis qu'il y a des vitamines et qui guérissent".
9. [p. 38v, première ligne]. Variante: les manuscrits consultés par
Biggar ont "aussi grand que je vidz jamais arbre" et non "aussi gros &
aussi grand que chesne qui soit en France," comme dans l'édition de 1545.
204
REVUE D'HISTOIRE DE L'AMÉRIQUE FRANÇAISE
Comme les chênes, en France, contrairement à l'est du Canada, sont "les
grands arbres", les deux expresions étaient nécessairement équivalentes
pour les copistes.
10. [p. 38v ]. "Si tous les médecins de Louvain & Montpellyer y
eussent esté avec toutes les drogues de Alexandrie, ilz n'en eussent pas tant
faict en ung an, que le dict- arbre a faict en six jours". Un médecin de Montpellier a répondu du tac au tac. Rabelais, en effet, s'est moqué par la suite
des témoignages de oui-dire de Cartier. Voir à ce sujet Barbeau (1934a
et 1934b).
BIBLIOGRAPHIE
Tous les auteurs qui ont écrit sur les voyages de Jacques Cartier ont
parlé du scorbut et de l'annedda, et même tenté l'identification de la plante.
Si intéressantes que soient ces études, elles ne font habituellement que se
répéter les unes les autres, sans ajouter à la connaissance du sujet. Aussi,
leur compilation est omise ici.
ALFONSE, Jean (1544). L a cosmographie avec l'espère e t régime d u soleil e t
du nord par Jean Fonteneau dit Alfonse de Saintonge, capitaine-pilote
de François 1er, publiée et annotée par Georges Musset, Paris (Leroux)
1904. — La partie qui nous intéresse est citée dans Biggar (1924) et
Rousseau (1937).
ANONYME (1713). Th e travéls o f several learned missïoners of thé Society of
Jésus, into divers parts of thé archipelago, India, China and America.
Translated from thé French original published at Paris in thé year
1713. London: printed for R. Gosling, at thé Mitre and Crown, over
against St. Dunstan's Church in Fleet-street, 1714.
ANONTME (1904). Relation par lettres d e VAmérique septentrionale (années
1709 et 1710) éditée et annotée par le P. Camille de Rochemonteix.
63 + 221 pp., Paris (Letouzey et Ane).
ANONYME (1937). [Jacques Rousseau]. Notices biographiques e t bibliographiques su r le s anciens présidents d e l'ACFAS: M. Lé o Pariseau. Annales de l'ACFAS, 3: 127-132.
AVEZAC, D' (1863). Bref récit e t succincte narration de l a navigation faite e n
MDXXXV et MDXXXVI par le capitaine Jacques Cartier aux îles
de Canada, Hochelaga, Saguenay e t autres. Réimpression figurée de
l'édition originale rarissime de MDXLV avec les variantes des manuscrits de la bibliothèque impériale. Précédée d'une brève et succincte
introduction historique par M. D'Avezac, Paris Librairie Tross.
BARBEAU, Antonio, et al (1944). Hommage d u Journal d e l'Hôtel-Dieu à l a
mémoire de Léo Pariseau. Brochure de 76 pp. (sans date) tirée à part du
Journ. Hôtel-Dieu, vol. 12 (no 6): 350-420. (nov.-dêc.). (Bien que daté
de 1943 est paru au début de 1944, année de la mort de Pariseau).
L'ANNEDDA ET L'ARBRE DE VIE
205
L'"Hommage" comprenait les travaux suivants: BARBEAU, Antonio:
Léo Pariseau, un humaniste et un homme. — JUTRAS, Albert: Léo Pariseau, radiologiste. — FRANCIS, William: Rebelaesius mariopolitanus. —
MASSON, Pierre: Léo Pariseau et la France. — DESJARDINS, Edouard:
Léo Pariseau et ses lecteurs. — FORGET, Ulysse: Souvenirs sur Léo Pariseau. — ROUSSEAU, Jacques: Léo Pariseau et l'ACFAS. — DUMAS,
Paul: Léo Pariseau, écrivain. Suivi de: PAEISEAU, Léo, Histoires anciennes de la transfusion du sang.
BARBEAU, Marius (1934 a). L a merveilleuse aventure d e Jacques Cartier,
117 pp. Montréal (Albert Lévesque).
BARBEAU, Marius (1934 b). Cartier inspired Rabelais. Canadian geographical
Journal, 9: 113-125.
BARBEAU, Marius (sous presse). The language of Canada i n thé voyages of
Jacques Cartier.
BASTIEN, J.-Fr. (1809). L a Flore jardinière. 480 pp., Paris.
BATJHIN, Caspar (1623). Pinax theatri botanici.
BAXTER, J.P. (1906). A memoir o f Jacques Cartier, Sieur d e Lîmoilou.
New York and London. — Reproduction facsimile du manuscrit du
premier voyage de Cartier.
BEAUCHAMP, M.W. (1902). Onondaga pîant-names. Jourii. Amer. Folklore,
15: 91-103.
BEAUGRAND-CHAMPAGNE, Aristide (1923). L e chemin d 1 Hochelaga. Mémoires et comptes rendus de la Société Royale du Canada (3e série),
vol. 17 (sect. I): 17-24.
BEAUGRAND-CHAMPAGNE, A. (1936). Le s anciens Iroqucris d u Québec, Les
Cahiers des Dix, vol. 1: 171-199.
BEAUGRAND-CHAMPAGNE, A. (1937). L e peuple d''Hochelaga, Les Cahiers
des Dix. vol. 2: 93-114.
BEAUGRAND-CHAMPAGNE, A. (1947). L e chemin e t l'emplacement d e l a
bourgade d'Hochelaga. Les Cahiers des Dix, vol. 12: 115-160.
BELON, Pierre (1553). D e arboribus coniferis resiniferis, aliis quoque nonnullis sempiternel- fronde virentibus, cum earundem iconibus ad vi&um
expressis. Item de mette cedrino, Cedria, Agarico, Resini et iis quae ex
coniferis profisciscuntur. Parisiis, apud benedictum Prévost, in via
Frementella, sub insigni stellae aureae, 32 foho, 1553. — L'édition
consultée, de la même année, est la suivante: Parisiis, in bibliotheea
Egidii Corrozet.
BELON, Pierre (1555). Le s observations d e plusieurs singularitez e t choses
mémorabîe-s, trouvées en Grèce, Asie, Judée, Egypte, Arabie et autres
pays étrangers, rédigées e n trois livres, par Pierre Belon, du Mans,
Anvers, de l'imprimerie de Christofle Plantin, 1555. — La première
édition fut imprimée à Paris, en 1553, pour Guillaume Cavellat à
l'Enseigne de la Poule grasse, et par Gilles Corrozet, à l'enseigne de
l'Étoile d'or. Autres éditions à Paris en 1554, 1555, 1558. Traduction
latine par Charles de l'Écluse, Anvers 1605.
206 REVU
E D'HISTOIR E D E L'AMÉRIQU E FRANÇAIS E
BELON, Pierre (1558). Le s remonstrances su r l e deffault d e labour e t culture
des plantes et de la connaissance d'icelles, contenant la manière d'affranchir e t d'apprivoiser le s arbres sauvages, par Pierre Belon, du
Mans, médecin, Paris 1558.160 pp. — Traduction latine par Charles de
l'Écluse, Anvers, 1589.
BIGGAE, H.P. (1901). Th e early trading companies o f New France. University
of Toronto Library, 308 pp., 1 carte. [De l'édition, presque entièrement brûlée, il ne resterait, paraît-il, que 60 exemplaires. ]
BIGGAR, H.P. (1924). Th e voyages o f Jacques Cartier. Published from thé
originals with translations, notes and appendices. Publications of thé
publie archives of Canada, No 11, 330 pp.
BIGGAR, H.P. (1930). A collection o f documents relating t o Jacques Cartier
and thé Sieur de Roberval. Publications of thé Public Archives of Canada, No 14, 577 pp.
BOUCHER, Pierre (1663). Histoire véritable e t naturelle de s mœurs e t du pays
de l a Nouvelle-France (Édition Coffin 1882).
CARTIER, Jacques. Voir aussi d'Avezac (1863), Baxter (1906), Biggar
(1924), Florio (1580), Hakluyt (1600), Ramusio (1556), Soc. litt. et
higt. de Québec (1843), Congrès international de physiologie (1953).
[ CARTIER, Jacques ] (1545). Brief récit, & succincte narration, de l a navigation faicte es ysles de Canada, Hochelaga & Saguenay & autres, avec
particulières meurs, langaige, & cerimonies des habitans d'icelles: fort
délectable à veoir. — On les vend à Paris au second pillier en la grande
salle du Palais, & en la rue neufve nostredame à l'enseigne de lescu de
france, par Ponce Roffet dict Faucheur, & Anthoine le Clerc frères. 48
feuillets. [ Le nom de l'auteur n'est mentionné que dans le texte ].
CHAMPLAIN, Samuel de (1613). Les voyages du sieur de Champlain, Xaintongeois... Paris. — Voir édition de la Champlain society, citée plus loin.
CHAMPLAIN, Samuel de (1632). Les voyages de la Nouvelle France occidentale,
dicte Canada, faicts pa r l e Sr d e Champlain, Xainclongeois... Paris. —
Voir édition de la Champlain Society, citée à la suite.
CHAMPLAIN, Samuel de (1922—1936). Th e works o f Samuel d e Champlain.
In six volumes. Reprinted, translated and annotated by six Canadian
scholars under thé général editorship of H.P. Biggar. 6 volumes (et un
portefeuille de cartes et de planches), The Champlain Society, Toronto.
CHARLEVOIX, F.-X. de. s.j. (1744). Histoire e t description générale d e l a
Nouvelle-France. Paris.
CLUSIUS, Carolus (1576). Rariorum aliquot stirpium pe r Hispanïas observatarum historia, librîs duobus expressa... Antverpiae, ex officina C.
Plantini.
CLTJSIUS, Carolus (1601). Rariorum plantarum historia... Antverpiae, ex
officina Plantianiana apud loannem Moretum, 364 pp.
CONGRÈS (XlXe) INTERNATIONAL DE PHYSIOLOGIE, Montréal (1953).
Jacques Cartier et "La grosse maladie'', 129 pp. et 4 fig. — Renferme le
texte en photo-litho de l'édition de 1545 du récit de Cartier (volume
L'ANNEDDA ET L'ARBRE DE VIE
207
du British Muséum), la traduction anglaise des feoillets 34-39 relatifs
à la "grosse maladie" et une étude de Jacques Rousseau intitulée
"Le mystère de l'Annedda" (pp. 105-116), suivie de sa traduction anglaise par Jean L. Launay.
CORDUS, Euricius (1534). Botanocologicum.
CUOQ, J.-A. (1882). Lexique d e l a langue iroquoise, Montréal.
DALECHAMPS, Jacques (1653). Histoire générale de s -plantes. Traduit du
latin par Jean des Moulins.
DAWSON, J.W. [ Sir William ] (1860). Notes o n àboriginal antiquitîes recently
dïscovered i n thé island o f Montréal, Can. Nat. and Geol., 5: 430-449.
DAWSON, J.W. [Sir William ] (1861). Additional notes o n àboriginal antiquities found at Montréal. Can. Nat. and Geol., 6: 373.
DAWSON, Samuel Edward (1905). Saint-Lawrence, it s basin an d borderlands; thé story o f iheir dïscovery, exploration an d occupation. 452 pp.
DICTIONNAIRE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE (1882). Vol. 32, Baillère,
Paris. — L'article qui nous intéresse, intitulé "Scorbut", est de H. Rey.
DIÈREVILLE [ Prénom inconnu ] (1708). Relation du voyage d u Port Royal d e
VAcadie o u d e l a Nouvelle France. Rouen, 236 pp., 1708. — L'édition
citée est la suivante: Relation of thé voyage to Port Royal in Acadia
or New France, by thé Sieur de Dièreville. Translated by Mrs
Clarence Webster, edited with notes and introduction by John Clarence Webster, Champlain Society, Toronto, 324 pp. et cartes, 1933.
DIONNE, N.E. (1889). Jacques Cartier (Québec).
DODONAEUS [Dodoens], Rembertus (1583). Stirpium hïstoriae pemptades
sex. Anvers.
DONNELLT, Maurice (1943). Vitamin C i n evergreen-tree needles. Science,
98 (No 2536): 132.
DRUMMOND, B.J.C., and WILBRAHAM, Anne (1940). The Englishmen's
food: a history offïve centuries o f English diet. Jonathan Cape, London,
574 pp. — Revue par John R. Murlin, "English diet", Science, 91
(No 2376): 35. (July 12th).
DUHAMEL DU MONCEAU, H.-L. (1755). Traité de s arbres e t arbustes.
DTTHAMEL DU MONCEAU, H.-L. (1759). Moyens d e conserver l a santé au x
équipages de s vaisseaux. XVI + 247 pp. Paris.
DUNHAM, Walcott B. (1943). Vitamin C from evergreens. Science, 98 (no
2545): 325. Oct.
ECLUSE, Charles de 1'. Voir Cureras.
FENTON, William N. (1942). Contacts between Iroquois herbalism and colonial
medicine. Ann. Rep. Smithsonian Inst., 1941: 503-526. Washington.
FERLAND, J.-B.-A. (1882). Cours d'histoire d u Canada. Première partie,
1534—1663. Deuxième édition, Québec.
FLOEIO, John (1580). A shorte and briefe narration of thé two navigations and
discoveries to thé Northweast partes called New Frawnce: First translated
out of Freneh into Italian, by that famous learned man Gio: Bapt:
Ramutius, and now turned into English by John Florio: worthy thé
208
REVUE D'HISTOIRE DE L'AMÉRIQUE FRANÇAISE
reading of ail ventures, travellers and discoverers. Imprinted at London
by H, Bynneman, dwelling in Thames streate, neere unto Baynardes
Cas tell.
G-ANOXG, W.F. (1909). Th e ïdentity o f thé animais and plants mentioned by
thé early voyagers to Eastem Canada an d Newfoundland. Trans. Roy.
Soc. Canada (Ser. 3) 3 (Seet. 2): 197-242.
GROTJLX, Lionel (1934). La découverte d u Canada. Jacques Cartier. Librairie
Granger, Montréal, 290 pp. — Renferme une excellente bibliographie.
HAEN, Anton de (1764). Ratio medendi i n nosocomio practico.
HAKLUYT, Richard (1600). Third an d last volume o f thé voyages, navigations,
trafiques and discoveries of thé English nation, and in some few places,
where they hâve no t been, of strangers... (London). — II a paru plusieurs
éditions de l'ouvrage d'Hakluyt. L'édition consultée est celle de Thomas
Derrick, (J.M. Dent & Sons Ltd. 10 volumes. 1927—1928).
HARLOW, William M. (1942). Trees o f thé Eastern United States and Canada.
(Whittlesey house, London and New York), 288 pp.
HARRINGTON, John P. Voir ROUSSEAU 1945 b.
HEAGEETY, John J. (1928). Four centuries o f médical history i n Canada.
2 vol. 395 et 374 pp. Toronto.
HICKEL, R. (1924). U n précurseur en dendrologie, Pierre Selon (1517—1564).
43 pp. (Chez l'auteur, Versailles).
JTJEL, H.O. (1920). Early investigations o f North American flora, with spécial
référence t o Linnaeus an d Kalm. Svenska Linné-Sallskapets Arsskrift,
3: 61-79.
KNOX, John (1769). An historical journal of thé campains i n North America
for thé years 1757,1758,1759 and 1760. — P.-G. ROY (Bull. Rech. hist.,
4: 50-51.1898), a publié une note sur le passage relatif au traitement du
scorbut.
LAMAECK, J.-B. (1806). Encyclopédie méthodique: botanique, Tome 7. Paris.
LANCTOT, Gustave (1930). L'itinéraire d e Cartier à Hochelaga. Mémoires de
la Soc. Royale du Canada (Sër. 3) 24 (Sect. 1): 115-141.
LEJETJNE, L., o.m.i. (1931). Dictionnaire général d e biographie, histoire, etc.
2 vol. Ottawa.
LESCAREOT, Marc (1609). Histoire d e l a Nouvelle-France, Paris. Trois
premières éditions, 1609, 1611 et 1617. — L'édition citée est la suivante :
"The History of New France by Marc Lescarbot. With an English
translation, notes and appendices by W.L. Grant, and an introduction
by H.P. Biggar. Champlain Society, Toronto, 3 vol., 1907—1914.
LÉVIS, chevalier de (1756—1760). Lettres du chevalier de Lévis concernant l a
guerre d u Canada (1756—-1760). 473 pp., Montréal, Beauchemin et
Fils, 1889.
LIND, James (1756). Traité d u scorbut, divisé e n trois parties. Paris 1756.
L'original, en anglais, a paru en 1753.
LIGHTHALL, W.D. (1899). Hochelagans an d Mohawks: a link i n Iroquois
History. Trans. Roy. Soc. Canada (Ser. 2) 5 (sect. 2): 199-211.
L'ANNEDDA ET L'ARBR E D E VI E 20
9
LORTIE, Léon (1942). L e docteur Lé o Pariseau, chercheur e t défenseur d e l a
vérité. Regards, 3: 391-397. (mai-juin) 1942. Québec.
MACNAMASA, Charles (1940). Th e identity o f thé tree "Annedda". Science,
91 (No 2376): 35.
MACNAMARA, Charles (1943). Vitamïn G in evergreen tree needles. Science,
98 (No 2541): 242.
MAEIE-VICTOBIX, F., e.c. (1919). Notes recueillies dans la région d u Témis~
camingue. Nat. can., 45: 163-169.
MAEIE-VICTORIN, F., e.c. (1927). Le s gymnospermes d u Québec. Contrib.
Lab. Bot. Univ. Montréal, no 10, 147 pp.
MARIE-VICTOKIN, F., e.c. (1935). Flore laurentienne, 916 pp.
MARIE-VICTORIN, F., e.c., et ROUSSEAU, Jacques (1944). Le s Artemisia de
la Section Dracunculus dans l e Québec. Contributions de l'Instit it botanique de l'Université de Montréal, 56: 31-55.
[ MEEHAN, Thomas ] (1882). Historical notes on thé Arbor Vitae. Proc. Acad.
Nat. Se. of Philadelphia, 34: 110-111. [ Compte rendu d'une conférence ].
MILMAN, Francis (1782). An inquiry into thé source from whence thé symptoms
of scurvy an d o f putridfevers arise. — Aussi traduction italienne, Venise,
1799.
MONTCALM, Marquis de (1756—1759). Journal d u marquis de Montcalm
durant se s campagnes e n Canada de 17G6 à 1769, publié sous la direction
de l'abbé H.-R. Casgrain, Collection des manuscrits du Maréchal de
Lévis. Québec, 1895.
MOEGAN, L.H. (1904). League o f thé Ho-de-no-sau-nee o r Iroquois. New
York.
MUBLIN, John R. Voir DBUMMOND and WILBBAHAH.
NORMANDIN, Joseph-Laurent (1732). Journal du voyage qu e Joseph-Laurent
Normandin a fait dans le domaine du Roi en Canada depuis le poste de
Checoutimi jusqu'aux limites d e l a hauteur de s terres e n 1732. — Manuscrit de 326 pp. + 7 feuilles dont l'original est conservé aux Archives
des Colonies (dépôt des fortifications), Paris. Copie Archives canadiennes, Ottawa (Carton 5, pièce 297).
PARISEAU, Léo (1934). En marge du récit de la "Grosse maladie" d u capitaine
Cartier. Journal de l'Hôtel-Dieu (Montréal, 3: 217-285). —Aussi Bull.
Ass. Méd. Langue franc. Amer. Nord, et tirage à part.
{ PARISEAU, Léo, in ] RISI, Joseph (1935). L e deuxième congrès [ de VACFAS ] , Québec, 1934. Annales de l'ACFAS, 1: 94-122. 1935. Ce compte
rendu renferme, pp. 118-121, le texte non signé: "Jacques Cartier devant
les naturalistes. Expositions de documents de M. Léo Pariseau" et
rédigé en grande partie par ce dernier.
PABKMAN, Francis (1880). Pioneers o f France i n thé New world. 17e édition,
Boston (Little, Brown and Co.)
PARKMAN, Francis (1882). Pioneers of France in thé New World. 19e édition,
Boston (Little, Brown and Co.).
210
REVUE D'HISTOIRE DE L'AMÉRIQUE FRANÇAIS E
PICKEBING, Charles (1879). Ckronological history o f plants: maris record o f
his known existence illustrated through iheir names, uses, and companionship. 1222 pp., Boston (Little, Brown and Co.).
PIÉDELIÈVRE, VALLOIS, H., LEBOY, D., et DÉSOBEBT, L. (1952). Étude
et identification de s restes d e Jacques Cartier. Bull. Aead. nat. Méd.,
136: 103.
PLTJKENET, Léonard (1692). Almagestum botanicum... Pars tertia de Leonardi Plukenetii. Phytogeographia. Londres.
POITRAS, Paul (1949). Un e maladie de s gencives connue comme funeste: l e
scorbut. Journ. Ass. dentaire canadienne, mai 1949. Aussi tirage à part.
POPE, Joseph (1890). Jacques Cartier, his life an d voyages. 168 pp., Ottawa.
POTIEB, (1745—1751). Huron manuscripts from Rev. Pierre Potier's collection.
Publication fac-similé sous la direction d'Alexander Fraser. Fifteenth
Report of thé Bureau of Archives for thé Province of Ontario, 1918—
1919. 782 pp., Toronto, 1920. (Voir surtout pp. 445-455).
POUCHOT, M. (1781). Mémoires su r l a dernière guerre d e l'Amérique septentrionale, entre la France et l'Angleterre, suivis d'observations, dont plusieurs sont relatives au théâtre actuel de la guerre, & de nouveaux détails
sur les mœurs, les usages des Sauvages, avec des cartes topographiques.
Par M. Pouchot, chevalier de l'ordre royal & militaire de St. Louis,
ancien capitaine au régiment de Béarn, commandant des forts de
Niagare, de Lévis, en Canada. Yverdon, 3 vol. — Aussi édition anglaise :
Translated and edited by Franklin. B. Hough. (Printed for W. Elliat
Wooiward), Roxbury, Mass., 1866.
RAMTJSIO, G.B. (1556). Terzo volume délie navigation! et viaggi nel quale
si contengono La Navigationi al Mondo Nuovo... Venetia.
RET, H. Voir dictionnaire d e Médecine e t d e Chirurgie.
ROBINSON, Percy J. (1948). Th e Huron équivalents o f Cartier's second vocabulary. Trans. Roy. Soc. Can., (Sér. 3) 42 (Sect. 2): 127-146.
ROLLAND, Eugène (1896—1914). Flore populaire o u histoire naturelle de s
plantes dans leurs rapports avec l a linguistique et l e folklore. — 11 vol.
Paris. (Voir surtout vol. 11).
ROUSSEAU, Jacques (1937). La botanique canadienne à l'époque d e Jacques
Cartier. Contrib. Lab. Bot. Univ. Montréal, (No 28), 86 pp. — Aussi
édition originale, Annales de l'ACFAS, 3: 151-236. 1937.
ROUSSEAU, Jacques (1942). Lé o Pariseau, pionnier scientifique canadienfrançais. Regards, 3 (Nos 8-9): 346-352. (Mai-juin). 1942. Reproduit
aussi en grande partie dans: Aujourd'hui, (No 38), p. 83. Nov. 1942.
ROUSSEAU, Jacques (1945 a). L e folklore botanique d e Caughnawaga. In :
Etudes ethnobotaniques québécoises, par Jacques Rousseau et Marcel
Raymond. Contrib. Inst. bot. Univ. Montréal, 55: 7-74 et 137-154.
ROUSSEAU, Jacques (1945 b). L'annedda, l'arbre employé pa r Jacques Cartier
contre l e scorbut. Chronica botanica, 9 (Nos 2-3): 151-153. (autumn)
1945. Dans la bibliographie de cette étude paraissait le titre suivant:
HAERINGTON, John P. Vitamin C from evergreens. Science, 98 (Oct. 8
L'ANNEDDA E T L'ARBR E D E VI E 21
1
1943). Il s'agissait là seulement d'un lapsus typographique. Cet auteur
n'a pas écrit sur le sujet.
ROUSSEAU, Jacques (1953). Le mystère de l'Annedda. Pp. 105-116 du volume
publié par le XIX congrès international de physiologie, Montréal, 1953,
et intitulé "Jacques Cartier et la Grosse maladie". Une traduction
anglaise du texte par Jean LAUXAY paraît à la suite (pp. 117-129).
(Voir CONGRÈS INTERNATIONAL DE PHYSIOLOGIE, 1953).
SAGARD, Gabriel (1632 a). L e grand voyage du pays des Hurons situé en VAmérique vers la Mer douce, es derniers confins de la Nouvelle France dite
Canada. Paris, 380 pp. 1632. — L'édition consultée est la suivante:
The long journay t o thé country o f thé Hurons, by Father Gabriel Sagard.
Edited with introduction and notes by George M. Wrong and translated into Bnglish by H.H. Langton. Champlain Society, 411 pp. 1939.
SAGAHD, G-abriel (1632 b). Dictionnaire de l a langue huronne. Paris 1632.
Nouvelle édition: 12 pp. numérotées et environ 130 pp. non numérotées,
Paris (Tross), 1866. La réimpression de Tross a paru en appendice de la
réédition de l'ouvrage suivant.
SAGABD, Gabriel (1636). Histoire du Canada e t voyages qu e les frères mineurs
récollets y on t faicts pour l a conversion de s infidèles l'an 1615. Paris
1636. — Nouvelle édition: Tross, Paris, 922 pp. numérotées et environ
45 pp. non numérotées, Paris 1866.
S AÎNÉ AN, L. (1921). Histoire naturelle e t le s branches connexes dans l'œuvre
de Rabelais, 440 pp. (Voir surtout p. 195).
SCHICK, Bêla (1943). A tea preparedfrom needles o f pine trees against scurvy.
Science, 98 (no 2541): 241-242. (September 10).
SCHOOLCRAFT, H.R. (1851). Th e American Indians. Buffalo.
SHISHKIN, B. (1943). Th e works o f Soviet botanists. Science, vol. 98 (No.
2520): 354-355. (April 16).
SOCIÉTÉ LITTÉRAIRE ET HISTORIQUE DE QUÉBEC (1843). Voyages d e découverte au Canada entre les années 1534 et 164%, par Jacques Quartier, le
Sieur de Roberval, Jean Alphonse de Xanctonge, &c., suivis de la description de Québec et de ses environs en 1608, et de divers extraits relativement au lieu de l'hivernement de Jacques Quartier en 1535 —36.
SPRENGEL, Curth (1807). Historia Re î Herbarîae. Amsteldami, 534 pp.
STEPHENS, Hiram B. (1890). Jacques Cartier an d his four voyages t o Canada.
An essay with historical, explanatory an d philological notes. 232 pp.,
sans date, Montréal (W. Drysdale & Co.)SULTE, Benjamin (1898). Le scorbut. Bull. Rech. Mst., 4: 21-22.
THÉVET, André (1557—58). Le s singularitez d e l a France antarctique.
Édition consultée: Gaffarel, Paris, 1878.
THÉVET, André (1575). La cosmographie universelle. 4 tomes (reliés en deux
volumes), 1025 feuillets.
WAUGH, F.W. (1916) Iroquois foods an d food préparation. Geol. Surv.
Canada., Memoir 86 (No. 12, Anthropological Séries), Ottawa.
212 REVU
E D'HISTOIRE DE L'AMÉRIQU E FRANÇAISE
WEIN, Kur t (1930—1931) . Die erste Einfuhrung nordamerikanischer Geholze i n Europa. Mitt . Deut. Dendrol . GeselL , 42 : 137-163 . 1930 ;
43: 95-154 . 1931 .
WIJK, H.L . Gert h Van , (1911) . A Dictionary o f Plant names. Publishe d
by th é Dutc h Society o f Scienc e at Haarlem. Th e Hagu e (L a Haye)
(Ed. Martinus Nijhoff). 2 vol. (Vol. 1 : 144 4 pp. , vol . 2 : 169 6 pp .
[ Index ].
WILSON, Danie l (1884). Th e Huron-Iroquois o f Canada, a typical race o f
American aborigènes. Trans. Roy . Soc . Canada , 2 (sect. 2): 55-106 .
WYTFLIET, Cornlll e (1605). Histoire universelle des Indes orientales et occi~
dentales. Divisée en deux livres, le premier par Comille Wytfliet; le second
par Ant. M . & autres historiens. Douay, 1605 . Il existe également d'au tres édition s d e Wytfliet d e 160 7 et 161 1 qui n e différent pas de cell e
de 160 5 pou r le passage cité.