Message de Paix au Centre de l`Europe des 15

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Message de Paix au Centre de l`Europe des 15
Oignies, le 26 Août 2016
MESSAGE DE PAIX AU CENTRE DE L’EUROPE DES 15
Mesdames, Messieurs, en vos titres et qualités,
Le soleil généreux, qui nous inonde de chaleur cette semaine, scintille de
mille feux sur la « Cathédrale de lumières ». L’effet est immédiat :
cette « semence de cathédrale », selon les mots de son créateur,
resplendit de beauté, davantage encore que les jours plus sombres…
En cette journée commémorative, le passage en ce lieu symbolique,
dans cette clairière aménagée, était, pour nous, une évidence. Ce lieu
chargé de souvenirs, d’émotions, de valeurs s’imposait comme une
première étape incontournable dans le parcours mémoriel de ce jour.
C’est ici, que, pour la première fois, le 31 mai 1996, nous avons accueilli
une large délégation du village de Saint-Clément pour organiser le
passage du flambeau en tant que centre géographique de l’Union
Européenne.
Et, c’est bien entendu, en ce même lieu, que nous avons accueilli nos
amis de Kleinmaischeid – Dierdorf, le 22 mai 2004, pour le même
exercice, lors de l’élargissement de l’Union à 10 nouveaux pays.
Nous avons ainsi constitué une sorte de « trio », un « club
des
centres géographiques ». Mais, si l’Europe s’est encore élargie, le
« club », lui, est resté à trois membres.
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Ce qui nous importe aujourd’hui, c’est que, pour la circonstance et de
manière hautement symbolique, le trio soit reconstitué et cette amitié
qui nous lie, elle nous rassemble, pour évoquer, redécouvrir ensemble
des faits d’un passé toujours douloureux.
C’est ici, par des échanges de ce type, que se construit l’ « Europe des
gens » qui est un tout autre monde que l’ « Europe des Grands »…
Notre belle amitié européenne, c’est l’Europe du Cœur qui n’est pas
l’Europe de l’argent, du profit à tout crin.
A cet endroit, autour de la Cathédrale de Lumières, nous avons fait nos
meilleurs efforts pour cultiver des valeurs…
C’est ici que nous avons accueilli Madame Danielle MITTERRAND (à
l’époque, Présidente de France-Libertés). Avec sa Fondation, nous avons
organisé, le 11 novembre 1997, une journée européenne contre le
racisme et la xénophobie.
C’est d’ici que furent lâchés « les ballons blancs pour une paix juste
et durable en Israël et en Palestine ».
Certes, il faudra davantage que des ballons blancs pour résoudre ce
conflit de près de 70 ans, mais l’important était le côté pédagogique de
l’activité.
Dans le même esprit, les jeunes de Jabalia, accueillis dans le cadre d’un
projet de coopération, sont venus exprimer leurs vœux et espoirs de
liberté, puis sont repartis vivre leur vie dans leur prison à ciel ouvert…
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Notre centre de l’Europe a aussi accueilli pendant une dizaine d’années
les Ambassadeurs de l’Art, du beau, de l’imaginaire, … Les
artistes, les créateurs, les artisans qui travaillent le verre, le fer, la
pierre, le bois... Pendant une dizaine d’années, des œuvres sculpturales
ont entouré la Cathédrale de lumières.
Nous
avons
accueilli
les
pagodes
monumentales
de
Julos
BEAUCARNE, mais aussi, des œuvres d’Art éphémère, dénommées
« installations »…
Bref, vous en conviendrez avec moi, ce havre de quiétude, ce lieu
symbolique constituait l’endroit idéal pour y exprimer des messages de
paix dans le cadre de cette journée mémorielle.
C’est l’occasion pour moi de rappeler que commémorer une bataille,
ce n’est pas faire l’apologie de la guerre.
Soyons bien clairs, la Première Guerre mondiale fut un désastre
gigantesque, une énorme saignée, la première fracture du XXème
siècle. Tant de vies et de familles brisées, tant de souffrances et de
privations ; toute une jeunesse sacrifiée !
Nous avons invité les historiens, notamment, le Général français e.r.,
Henri PARIS, pour l’interroger sur les causes du déclenchement de ce
premier conflit mondial et sur ses conséquences. Car, dans le contexte
géopolitique de l’époque, nous sommes bien conscients que l’Armistice
de 1918 portait en lui les germes du deuxième conflit mondial, la
deuxième grande fracture du XXème siècle.
L’Europe fut, après 1945, le grand dessein qui a rapproché les peuples
français et allemand.
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C’est cette même Europe qui nous rassemble aujourd’hui.
Mais cette Europe, garante de paix depuis plus de sept décennies, cette
Europe qui a brisé le mur entre l’Est et l’Ouest, est aussi source de
multiples débats et de légitimes critiques : absence de transparence et
de contrôle démocratique dans la gestion de la zone EURO, manque de
solidarité à l’égard du peuple grec, frilosité et gestion chaotique de
l’afflux de migrants fuyant la guerre du Moyen-Orient, manque de vision
et de cohérence dans la politique étrangère et les choix militaires.
Autre défi, le terrorisme aveugle qui a frappé nos pays respectifs à de
nombreuses
reprises
ces
derniers
mois.
Entre
autres :
« Charlie
Hebdo », le Bataclan, la tristement célèbre « Promenade des Anglais » à
Nice, l’aéroport national de Bruxelles, la station de métro Maelbeek, mais
aussi le train de Würzburg, le Centre commercial de Münich, …
Soyons en pensée avec toutes les victimes, avec les familles de victimes,
de tous les attentats, y compris ceux nombreux, mortels, dévastateurs,
perpétrés en Irak (quasiment tous les jours), en Afghanistan et dans
d’autres régions du globe.
Le monde est un village, mais un grand village complexe qui
évolue et qui n’est pas exempt de dangers. Nous ne vivons pas dans un
monde de bisounours, mais, par contre, nous sommes dans un monde
hyperconnecté, rempli de POKEMON.
Avec le BREXIT, sujet « tarte à la crème » pour de nombreuses
années encore, c’est un autre phénomène qui tend à se développer :
l’Europhobie, l’Euro-scepticisme, ainsi que toutes les formes de
populismes, de fascismes déguisés, fondés sur l’intolérance et le rejet
de l’autre…
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Le grand danger qui se présente à nous est la banalisation du
racisme ; c’est la xénophobie clairement affirmée et affichée, qui
nous renvoie, hélas, à un passé que l’on croyait révolu.
L’écrivain allemand Bertolt BRECHT avait prévenu, à juste titre, les
générations futures :
"Ihr aber lernet, wie man sieht statt tiert
Und handelt, statt zu reden noch und noch.
So hätt einmal fast die Welt regiert !
Die Völker wurden seiner Herr, jedoch
Dass keiner uns zu früh da triumphiert Der Schoss ist fruchtbar noch aus dem das kroch !"
"Vous, apprenez à voir, plutôt que de rester les yeux ronds. Agissez
au lieu de bavarder sans fin.
Voilà ce qui pour un peu aurait dominé le monde !
Les peuples en ont eu raison, mais que personne ne nous chante
trop tôt victoire ; le ventre est encore fécond d'où a surgi la
bête immonde !"
Triste constat : le radicalisme djihadiste et l’islamophobie se renforcent
et se promeuvent mutuellement.
Je crains que notre société soit confrontée à ces questions pendant de
longues années encore.
La réponse est, à nouveau, dans l’éducation et la culture.
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Notre citoyen d’honneur palestinien, le Docteur Izzeldin ABUELAISH,
auteur du livre « I shall not hate » (« Je ne haïrai point ») écrivait
à juste titre : « Words are stronger than bullets » (« Les mots
sont plus forts que les balles »).
On en revient à la culture, le meilleur rempart contre la barbarie.
Joseph GOEBBELS brûlait les livres et les peintures de ce qu’il appelait
l’ « Art dégénéré » ; il assassinait les intellectuels ; l’Etat islamique
fait de même et détruit le patrimoine mondial de l’Humanité…
A l’inverse, nous devons promouvoir la parole des faiseurs de paix.
Ainsi, Antoine LEIRIS, citoyen français, compagnon d’une victime du
Bataclan, brisé par le chagrin, a publié un recueil superbe et émouvant
sous un titre explicite :
« Vous n’aurez pas ma haine ».
En bref, nous devons promouvoir les cours de citoyenneté, les parcours
d’intégration, la lecture publique qui ouvre l’esprit ; nous devons
promouvoir la culture, l’Art, et toutes les formes d’expression…
On ne va pas refaire le monde tous seuls à Viroinval, mais chacune,
chacun, peut y contribuer, là où il se trouve.
Je laisserai le mot de la fin à Victor HUGO qui résume TOUT par cette
formule :
« La guerre, c'est la guerre des hommes ;
la paix, c'est la guerre des idées. »
Jean-Marc DELIZEE
Député-Bourgmestre de Viroinval
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