Le généraliste, l`adolescent et le tiers: analyse comparée de l
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Le généraliste, l`adolescent et le tiers: analyse comparée de l
Le généraliste, l'adolescent et le tiers: analyse comparée de l'évolution des ressentis en consultation. Philippe Binder a, Carine Caron a, Vianney Jouhet b ,Daniel Marcellic, and Pierre Ingrand b a) Groupe ADOC (adolescent et conduites à risque). Association Relais17-17430 Lussant,. www.medecin-ado.org and département de médecine générale Université 86000 Poitiers France b) Département Informatique et Biostatistique de la Faculté de Médecine et de Pharmacie 86000 Poitiers France c) Service universitaire de Psychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent. 86000 Poitiers France Reference de publication : Binder P., Caron.C., Jouhet V., Goasdoué E., Marcelli D., Ingrand P. Adolescents consulting a GP accompanied by a third party: comparative analysis of representations and how they evolve through consultation. Family Practice (2010) 27(5): 556-562 résumé Contexte Les adolescents consultent souvent accompagnés par un tiers. Leur motif de consultation est rarement psychologique. Pourtant le mal-être affecte un grand nombre d’adolescent et les médecins ne le dépistent pas. Objectif Etudier la capacité de l’adolescent à exprimer ses soucis en consultation de médecine générale et mesurer les ressentis de chaque participant à son sujet. Methode 674 consultations d’adolescents auprès de 53 médecins généralistes ont été étudiées. Les adolescents et l’accompagnant éventuel, remplissaient un autoquestionnaire avant et après la consultation, le médecin uniquement en fin de consultation. L’analyse a comparé les réponses de chacun avant-après puis les a confronté entre les participants. Résultats 6% des adolescents consultent pour un motif psychologique mais 17% parmi les autres ont des soucis et désirent les exprimer. Parmi les 14-17 ans, ceux qui consultent seuls sont plus en mal-être mais bénéficient plus que les autres de la consultation. Le tiers n'est pas une entrave à l’expression de ceux qui viennent accompagnés. Les représentations des participants à propos du jeune diffèrent (entre eux), mais se rapprochent au cours de la consultation : les accompagnants surestiment l'état de santé et la capacité d'expression des jeunes, tandis que les médecins sous-estiment leur bien-être et leur sentiment de pouvoir se confier ou se sentir compris. Conclusions Les médecins pourraient être plus optimistes à propos des consultations d’adolescent : leur action est ressentie positivement et la présence d’un accompagnant ne gêne pas le plus souvent l’expression du jeune Keywords: Adolescent, General Practitioner, Patient-physician relationship, Third party, Well being Introduction Beaucoup de jeunes de 12-20 consultant en médecine générale sont accompagnés par un tiers. Le ressenti de cette présence et son influence sont mal déterminés. D’une manière générale la plupart des patients aime être accompagné chez le médecin, et perçoivent cette présence comme une aide à la communication (2). La majorité des médecins 60% tendent à partager cet avis (3) et reconnaissent être influencés par le tiers (2) et 69% se représentent le tiers plutôt comme un intercesseur du patient (3). Mais, lors de l'adolescence, même si 86% des jeunes accompagnés ou non se disent satisfaits de leur dernière consultation auprès d'un GP (4) la présence du tiers en consultation a des enjeux spécifiques. On peut penser que si la présence de l'accompagnant semble bien favoriser la démarche du soin, elle limite la confidence sur les soucis psychologiques, et c'est un aspect auquel les adolescents sont particulièrement sensibles (5). En effet l'assurance inconditionnelle de la confidentialité augmente de 39% à 47% le taux des adolescents prêts à évoquer des thèmes personnels délicats (6). Ainsi, ils disent préférer consulter un généraliste plutôt qu'un pédiatre car ils y sont moins souvent accompagnés (7). De leur coté les médecins disent ne pas avoir de réticence à souhaiter voir les ados seuls mais ils le font peu. Si 91% disent être disposés à recevoir les mineurs de moins de 16 ans non accompagnés (8) 51% ont la volonté de le faire (9) et 38% trouvent nécessaire de développer une manière de faire spécifique (8).Or leur mode d’intervention a une grande importance (10) L'enjeu est important car 10 à 25% des adolescent vivent un mal être aux frontières mal définies (11,12,13). Or 80% des adolescents souffrant de problèmes psychologiques (12) et 60% des adolescents qui ont fait une tentative de suicide non suivi de prise en charge, ont rendu visite à leur médecin généraliste dans l’année (14). Mais seuls 6 à 7% des 12-20 ans consultent le généraliste pour un motif psychologique (15,16) ou reçoivent ce diagnostic (12). Or le mal-être non déclaré est susceptible de se renforcer et de s'aggraver s’il n’est pas dépisté (17). Nous avons pu montrer qu'un repérage du mal-être est possible et simple en soins primaires(18,19,20) (21). Mais l'adolescent est-il désireux d'exprimer ses soucis? Le cadre de la consultation lui permet-il de le faire? L'accompagnant est-il un frein ou une aide à cette expression ? Qui, de l'accompagnant et du médecin est le plus accordé au ressenti de l'adolescent ? Pour répondre à ces questions sans réponses dans la littérature, le groupe ADOC a réalisé l'étude SOCRATE (Suivi et Observation en Consultation du Ressenti de l’Adolescent, du Thérapeute et de l’Entourage.). Suite à ses travaux antérieurs (21), le groupe a cherché à mesurer les écarts de représentation entre les participants de la consultation à propos des difficultés et des ressources de l'adolescent, puis leur évolution au cours de celle-ci. Methode Recrutement des praticiens Les médecins investigateurs ont été recrutés sur deux départements Français différents non limitrophes. Ils ont été tirés au sort et appariés entre eux en fonction de l’âge, du sexe et du lieu d’exercice. Un effectif total de 60 médecins était attendu. A partir de la date de signature du contrat, les médecins devaient intervenir à chaque consultation d'adolescent en leur proposant de participer à l’étude. Inclusion des adolescents Chaque médecin devait inclure consécutivement entre 10 et 15 consultations d’adolescents accompagnés ou non âgés de 12 à 20 ans, quel que soit le motif de consultation. Un effectif total de 600 consultations était attendu afin de conférer à l’étude une puissance statistique d’au moins 90%. Les inclusions se sont déroulées d’avril à juin 2007. Questionnaires L'adolescent et le tiers remplissaient chacun confidentiellement un autoquestionnaire avant puis après la consultation, le médecin seulement à la fin. Chaque consultation générait donc 3 questionnaires au moins et 5 si un tiers était présent. Les autoquestionnaires ont été testés en consultation auprès de 29 jeunes par 10 médecins généralistes du groupe ADOC puis corrigés. Chaque fiche contenait au maximum 19 propositions à réponse fermée dont 7 sur choix multiples et 12 sur échelle visuelle progressive analogique. Ces dernières étaient orientées de façon aléatoire à droite ou à gauche et le sujet devait s’y positionner entre deux extrêmes. Leur niveau de fiabilité était lié à une question sur la musique censée ne pas être modifiée par la consultation. Gestion des données Les gradations sur échelles visuelles analogiques ont fait l'objet d'une mesure au double décimètre donnant une valeur comprise entre 0 et 100. Les questionnaires ont été saisis dans une base de données Epi Info version 3.1. La fiabilisation des données a été assurée par la réalisation de mesures indépendantes effectuées par un deuxième opérateur et par un contrôle systématique des données saisies avec, le cas échéant, correction des données. Analyse statistique La comparabilité des médecins et des adolescents à l’issue de l’inclusion a été vérifiée. Une analyse descriptive des réponses et de l’évolution du ressenti du jeune avant et après la consultation a été effectuée dans chaque groupe. Pour l'exploitation des données, nous avons utilisé le test du chi² pour les proportions et le test non paramétrique de Mann Whitney pour les échelles. Les significations statistiques présentées ont été confirmées par des analyses ajustées sur l’âge et le sexe. Résultats Répartition des effectifs : Un accord de participation a été obtenu auprès de 69 médecins, 36 exerçant en Charente Maritime (sur 39 contactés), et 33 dans la Vienne (sur 56 contactés). Une participation effective a été observée pour 53 d’entre eux (77%), conduisant à l’inclusion de 674 consultations. Six jeunes d’âge inférieur à 12 ans et trois dont l’âge n’était pas connu ont dû être exclus de l’analyse. Celle-ci a donc été réalisée sur 665 consultations. Les données relatives à l’inclusion sont résumées dans le Tableau 1. La fiabilité des réponses sur échelle visuelle analogique était élevée. En effet la question "test"sur la musique, susceptible de ne pas être influencée par le déroulement de la consultation ne présentait que des variations négligeables (p=0,42, l’écart moyen étant de 0,8/100) entre le début et la fin de l'entretien. Globalement, 64% des consultations d'adolescents entre 12 et 20 ans se sont déroulées en présence de tiers, essentiellement la mère (80 %) et le père (10%). Très peu de médecins ont fait sortir le tiers en cours de consultation (4,4%). La présence de l'accompagnant n'était pas lié au sexe du jeune mais très significativement à son âge: 94% des adolescents de 12-13 ans sont accompagnés contre 28 % à 18-20 ans. C'est pourquoi, afin de discriminer l'influence de l'accompagnant aux âges charnières, nous avons créé deux sous-groupes dans la tranche 14-17 ans (n=344) : l'un "ado accompagnés"(69%) l'autre "non accompagné"(31%). Les données sont rassemblées dans le tableau 2 dans lequel les significations statistiques présentées ont été confirmées par des analyses ajustées sur l’âge et le sexe. En début de consultation, la proportion des motifs de type psychologique était faible : 6%, deux fois plus fréquente chez les filles (8%) que chez les garçons (4%). Elle ne variait pas selon la présence de l'accompagnant. Presque tous les jeunes ont consulté pour un motif somatique ou administratif (93%, n= 621) et parmi eux, 17 % (n=106) évoquaient cependant avant la consultation l’existence de "soucis autres que leur motif». Cette proportion était significativement plus élevée chez les 14-17 ans qui ont consulté seuls que chez les accompagnés (25% /11%) (p=0,001). La majorité des jeunes ayant un autre souci que le motif envisageaient d’en parler au cours de la consultation (60%, n=64), et la plupart de ces derniers l'on fait (79%, n=51). Ainsi, la moitié des adolescents préoccupés ont pu s'exprimer (51/106). Par ailleurs, ces jeunes sans motifs psychologique étaient, en partant, plus nombreux qu'en arrivant à évoquer l’existence d’autres soucis (17-26%. P<0,001), qu'ils aient été accompagnés ou non. En fin de consultation, les moyennes des opinions de l'ensemble des jeunes ont évolué positivement et significativement. Accompagnés ou non, 87 % des jeunes étaient relativement satisfaits de la consultation (écart type : 18). Mais c'est pour les 14- 17 ans venus seuls que l'évolution a été la plus sensible. Avant la consultation ils se sentaient plus mal compris que les accompagnés (69/61) (p< 0,005), mais en partant, ils se sont sentis mieux compris qu'eux. (13/23) (p< 0,001). La consultation terminée, les médecins étaient plus pessimistes que les adolescents à leur sujet mais, d’une part, significativement plus en accord avec les jeunes consultant seuls qu'avec les accompagnés (p= 0,005) et, d’autre part, assez accordés avec les adolescents sur leur capacité de pouvoir parler facilement de leurs soucis. Les concordances des opinions des trois participants à la consultation sont abordées dans le tableau 3 et dans la figure (1). Leurs ressentis étaient souvent discordants. Les accompagnants sous estimaient les préoccupations du jeune, 34% pensaient l'ado sans soucis, alors que 53% des ado en déclaraient, et la consultation n’a pas modifier leur opinion (34% avant et 36% après). Dans le même temps, les accompagnants exagéraient significativement le sentiment des jeunes d'être "mal dans leur peau" (-9) avant la consultation, mais ils évoluaient ensuite suffisamment pour que cet écart ne fut plus significatif. Tant avant qu'après la consultation, les tiers surestimaient par contre le sentiment des jeunes à se sentir en bonne santé et à pouvoir parler de leurs soucis. Tous se retrouvaient sur le fait que les jeunes avaient quelqu'un à qui se confier et se sentaient compris. La consultation terminée, le médecin était significativement plus pessimiste que l'accompagnant sur la plupart des ressentis des adolescents, particulièrement sur celui d'être mal dans sa peau. Par ailleurs, et contrairement à l’accompagnant, le médecin était en accord avec le jeune sur sa capacité à pouvoir aborder ses soucis. Enfin, la discordance observée entre les 3 participants s'étendait aussi sur un point pourtant relativement précis: l'existence d'une proposition ou d'une prise de rendez-vous. (Kappa 0,57) Discussion Les résultats permettent d'éclairer de façon originale la consultation médicale d’un adolescent selon la présence d’un tiers accompagnant. Entre 12 et 20 ans, un adolescent sur six vit un mal être non dit en abordant la consultation. Celle-ci leur permet d’exprimer leurs soucis et de réajuster des ressentis de chacun sans que l'accompagnant ne semble constituer une entrave. Entre 14 et 17 ans plus des deux tiers des jeunes sont accompagnés chez le généraliste. Ceux qui consultent seuls sont en plus grande fragilité psychique mais se sentent mieux compris que les autres à la fin de la consultation. Les différents ressentis se rapprochent au cours de la consultation, mais restent à distance : les accompagnants surestiment l'état de santé et la capacité d'expression des jeunes, tandis que les médecins sous-estiment leur bien-être et leur sentiment de pouvoir se confier ou se sentir compris. La répartition de l'échantillon sur deux groupes de médecins enquêteurs appariés dans deux départements différents permet d'asseoir sérieusement les résultats. Les 23% de médecins ayant refusé leur participation entraînent un certain biais d'interprétation. Cette enquête ayant nécessité une certaine implication des médecins a éliminé de fait ceux qui recevaient peu de jeunes ou étaient peu intéressés par cette clientèle. Les adolescents sont-ils représentatifs des adolescents consultant en général ? La plupart consultent leur généraliste : 85% des élèves de troisième et seconde selon les données régionales les plus précises, (14) et 74% des 12- 18 ans (22). Le recrutement des médecins à tenu compte de zones géographiques variées, citadines, ou rurales, et l'appariement sur les 2 départements a suivi ce choix. S'il est difficile d'extrapoler à tous les adolescents, la qualité du recueil, le nombre des adolescents et celui des accompagnants autorise cependant des analyses pertinentes. La fiabilité de la cotation des échelles analogiques est élevée et valide d'autant plus les écarts observés. Par contre, la proposition "avoir un autre souci" caractérise insuffisamment le mal-être même si elle l’englobe assurément. Cependant, l’objectif était de mettre en évidence un niveau de "préoccupations" hors du motif de consultation et les dispositions de l’adolescent à les aborder sans préjuger de leur gravité. Il reste, enfin, que cette étude ne concerne qu'une seule consultation par adolescent, ce qui en limite les conclusions. L'ado est-il désireux d'exprimer ses soucis ? La consultation permet il de le faire ? Le taux de motifs de consultation "psy" en médecine générale (6%) est identique à celui des autres études (15,16). Ajouté au 17% des adolescents évoquant des soucis autres que les motifs administratif ou somatiques présentés il rejoint les proportions connues : entre 10 et 25% des adolescents ont des soucis ou problèmes psychologiques plus ou moins accentués selon les critères de gravités retenus (10,12). La consultation a pu faire émerger des problèmes latents, sans doute par une mise en confiance particulièrement ressentie par les 14-17 ans consultant seuls. L'accompagnant est-il un frein ou une aide ? La plupart des études montrent que les adolescents abordent plus facilement avec le médecin leurs soucis personnels s'ils consultent seuls (5,6,7, 8 ,9, 23, 24) et s'ils sont rassurés sur la rigueur de la confidentialité (6). Le tiers est donc présenté le plus souvent comme une entrave à leur expression. Or nos résultats montrent que les adolescents apprécient d’être accompagnés, qu’ils aient des soucis ou non, et que cette opinion ne change pas après la consultation. Ils montrent encore des adolescents qui, en fin de consultation, se sentent en meilleure santé, mieux compris et ont pu parler de leurs soucis, qu'ils aient été accompagnés ou non. La présence du tiers ne semble donc pas empêcher l’expression des soucis chez l'ado même si l’étude ne permet pas de caractériser la gravité des "soucis" évoqués. Ainsi, la recommandation de voir l'adolescent seul doit être relativisée, le tiers pouvant être aussi une aide à l'expression. On a vu que les ados non accompagnés sont plus mal dans leur peau, que les autres. Le fait de consulter seul n'est donc pas un gage d'autonomie sereine. La présence du tiers pourrait donc signer, à l'inverse, un étayage parental qui, par ailleurs, semble bien vécu la plupart du temps. (1, 2, 3) Qui de l'accompagnant et du médecin est le plus accordé au ressenti de l'ado ? L’accompagnant, en général, la mère, surestime en entrant le mal-être de l'ado et sa capacité à en parler, mais la consultation est l’occasion pour elle d’un rapprochement. C'est la qualité des échanges qui le permet le plus souvent (11,23,24). Les médecins sont les moins satisfaits de la consultation et les plus pessimistes à propos de l’adolescent. Comme le souligne la littérature, les adolescents font confiance au médecin, (4) et notre étude ajoute que les médecins sous estiment cet aspect. Mais en termes de communication, les médecins ont la même représentation que l’adolescent sur sa capacité à aborder ses soucis au cours de la consultation. Les généralistes le plus souvent pensent que le tiers joue un rôle perturbateur alors que cette situation est ici plutôt perçue de manière harmonieuse par l'ado et le tiers. D’ailleurs ils se sentent plus proche du ressenti de l’adolescent venu seul que de celui venu accompagné. Enfin, il reste une discordance assez nette sur les décisions de fin de consultation (prise ou non de rendez vous ultérieur). Cet aspect incite à mieux clarifier un résultat de consultation au moment où les acteurs de la consultation se séparent. Mais ces données ne peuvent préciser si c'est le médecin qui est responsable des évolutions ou simplement le cadre de la consultation. Peut être ces ressentis d’adolescent auraient ils évolués de façon semblable en allant, par exemple, chez leur coiffeur ? On peut donc raisonnablement rassurer les médecins; même si leurs ressentis sont décalés de ceux des consultants, leur consultation a un impact favorable sur les adolescents (surtout les plus fragiles) et la compréhension de leur accompagnant éventuel. Ces observations restent cependant limitées à une seule consultation. Le pessimisme du médecin à court terme serait-il une lucidité à long terme ? À partir de quand l'étayage du tiers accompagnant se transforme en gène à l’expression ? Seule une étude longitudinale pourrait éclaircir ces questions. Tableau 1. Participation et données de l’inclusion Total Médecins contactés 95 Médecins ayant signé un accord de participation 69 Médecins ayant réalisé au moins 10 consultations 53 Sex ratio des médecins (%Hommes / %Femmes) 68/32 Nombre de consultations d'ado Sex ratio des ados (%Garçons / %Filles) Age moyen des ados 665 41/59 16,0±2,4 Nombre de consultation avec tiers 428 Nombre total de fiches exploitables 2851 Tableau 2 : Ressenti des jeunes au décours de la consultation et écart avec le ressenti du médecin. Analyse en fonction de la présence d’un accompagnant. 2a. Variables qualitatives Age (ans) 12-13 14-15 16-17 18-20 Sexe G F Ensemble N=665 Accompagnés (12-20 ans) N=408 Accompagnés (14-17 ans) N=237 N (%) N (%) N (%) Non accompagnés (14-17 ans) N=107 N (%) 125 (19) 162 (24) 182 (27) 196 (29) 117 (29) 130 (32) 107 (26) 54 (13) 130 (55) 107 (45) 32 (30) 75 (70) <0,001 229 (41) 395 (59) 160 (39) 248 (61) 98 (41) 139 (59) 49 (46) 57 (54) 0,40 a P Avant la consultation Motif de la consultation selon le jeune Administratif Physique Psychique Le jeune avait un autre souci Oui 155 (23) 466 (70) 42 (6) 84 (21) 297 (73) 25 (6) 53 (22) 169 (72) 14 (6) 25 (23) 75 (70) 7 (7) 0,95 126 (19) 65 (16) 27 (11) 27 (25) 0,001 Après la consultation Le jeune avait un autre souci Oui Et il a pu en parler 185 (28) 140 (76) 100 (25) 69 (69) 53 (23) 38 (72) 36 (35) 31 (86) 0,02 0,11 Moy.(et) Moy.(et) Moy.(et) Moy.(et) P 70 (28) 65 (27) 63 (27) 78 (23) 67 (24) 72 (28) 66 (27) 63 (28) 79 (23) 67 (25) 73 (27) 68 (26) 63 (27) 79 (23) 69 (24) 63 (28) 63 (27) 59 (27) 77 (22) 61 (26) 0,01 0,088 0,19 0,28 0,005 +3 (19) * +7 (20) * +10 (22) * +3 (17) * +16 (21) * +2 (18) +6 (21) * +10 (21) * +2 (17) +15 (22) * +1 (18) +4 (19) * +10 (22) * +1 (15) +13 (21) * +4 (15) 1 +7 (20) * +12 (25) * +2 (18) +23 (21) * 0,64 0,17 0,66 0,26 <0,001 -9 (27) * -4 (24) * +2 (25) -5 (22) * -6 (20) * -7 (20) * -9 (19) * -12 (27) * -4 (25) * +1 (27) -5 (22) * -6 (20) * -7 (21) * -9 (21) * -13 (25) * -5 (23) * 0 (25) -4 (22) * -7 (21) * -9 (20) * -11 (20) * -4 (30) -3 (23) +5 (22) -5 (23) * -6 (18) * -6 (21) * -9 (17) * 0,005 0,62 0,088 0,32 0,45 0,20 0,15 2b. Echelles Avant la consultation Le jeune se sent bien dans sa peau Le jeune se sent en bonne santé Le jeune peut parler de ses soucis Le jeune a quelqu’un à qui se confier Le jeune se sent compris a b Evolution au cours de la consultation Le jeune se sent bien dans sa peau Le jeune se sent en bonne santé Le jeune peut parler de ses soucis Le jeune a quelqu’un à qui se confier Le jeune se sent compris Ecart entre le jeune et le médecin après c la consultation Le jeune se sent bien dans sa peau Le jeune se sent en bonne santé Le jeune peut parler de ses soucis Le jeune a quelqu’un à qui se confier Le jeune se sent compris A répondu aux attentes du jeune Le jeune est satisfait de la consultation a. b. c. * Comparaison des accompagnés et des non accompagnés dans la tranche d’âge 14-17 ans. Test du chi² pour les proportions ; test non paramétrique de Mann Whitney pour les échelles. La signification statistique a été confirmée par des analyses ajustées sur l’âge et le sexe. Une valeur positive de la différence du ressenti du jeune avant et après la consultation (différence après – avant) signifie que le jeune a évolué de façon favorable. Un écart négatif entre le jeune et le médecin (différence médecin – jeune) signifie que le médecin évalue le ressenti du jeune moins favorablement que le jeune lui-même. Différence significative au seuil alpha=0,05 ; test non paramétrique pour séries appariées. Tableau 3 : Ecarts et concordances des ressentis du jeune, de l’accompagnant et du médecin au décours de la consultation Le jeune se sent bien dans sa peau a Le jeune se sent en bonne santé a Le jeune peut parler de ses soucis a Le jeune a quelqu’un à qui se confier a Le jeune se sent compris a Accompagnant (1) par rapport au Jeune (2) avant la consultation Moy (et) -9 (32) * 3 (28) * 8 (31) * 0 (27) -2 (27) Accompagnant (1) par rapport au Jeune (2) après la consultation Moy (et) -2 (25) 3 (23) * 6 (26) * 2 (22) 1 (20) Médecin (1) par rapport au Jeune (2) après la consultation Moy (et) -12 (27) * -4 (25) * 1 (26) -5 (22) * -6 (20) * Médecin (1) par rapport à l'Accompagnant (2) après la consultation Moy (et) -11 (26) * -7 (26) * -6 (24) * -6 (22) * -7 (19) * Le jeune avait un autre souci (1) / (2) b Oui / Oui Non / Oui Oui / Non Non / Non Kappa [IC95%] N (%) 30 (47) 34 (53) 47 (14) 288 (86) 0,30 [0,19-0,42] N (%) 54 (60) 36 (40) 53 (18) 236 (82) 0,39 [0,29-0,49] N (%) 75 (79) 20 (21) 116 (41) 167 (59) 0,28 [0,20-0,37] N (%) 87 (82) 19 (18) 94 (37) 160 (63) 0,37 [0,29-0,46] N (%) 145 (78) 40 (22) 40 (21) 153 (79) 0,58 [0,49-0,66] N (%) 163 (83) 34 (17) 53 (27) 147 (73) 0,56 [0,48-0,64] N (%) 158 (84) 31 (16) 51 (25) 149 (75) 0,58 [0,50-0,66] Proposition de rendez vous en fin de consultation (1) / (2) b Oui / Oui Non / Oui Oui / Non Non / Non Kappa [IC95%] * Différence significative au seuil alpha=0,05 ; test non paramétrique pour séries appariées. a Un écart négatif entre le ressenti de deux répondants signifie que le premier cité évalue le ressenti du jeune moins favorablement que le deuxième. (différences accompagnant – jeune, médecin – jeune, accompagnant – médecin) b Chaque couple de réponse inclut comme première modalité la réponse du premier cité noté (1) et comme deuxième modalité la réponse du deuxième cité noté (2) Fig 1 Comparaison des évolutions des ressentis avant-après la consultation L’ado se sent en bonne santé L’ado se sent compris L’ado a quelqu’un à qui se confier en bonne santé L’ado se sent bien dans sa peau L’ado peut parler de ses soucis - - - Ado avant la consultation Ado après la consultation - - - Accompagnant avant la consultation Accompagnant après la consultation Médecin après la consultation Declaration Sponsors: cette étude a été financée par la “fondation WYETH” Comité d’éthique :en application de la loi française cette étude non interventionnelle ne nécessite pas de comité d’éthique. Le responsable parental de chaque mineur a donné son accord pour l’étude Conflit d’intérêt : chaque auteur déclare ne pas avoir de conflit d’intérêt Responsabilité : Les auteurs Philippe Binder , Carine Caron , Vianney Jouhet ,Thierry Valette Daniel Marcelli, et Pierre Ingrand prennent l’entière responsabilité du contenu de cette étude, ses résultats et son interprétation. References 1) Botelho R. J. ; Lue B.-H. ; Fiscella K. Family involvement in routine health care: a survey of patients' behaviors and preferences. J Fam Pract. 1996, vol. 42, no6, pp. 572-576 2) Schilling LM, Scatena L, Steiner JF, Albertson GA, Lin CT, Cyran L, Ware L, Anderson RJ. The third person in the room: frequency, role, and influence of companions during primary care medical encounters. J Fam Pract. 2002 Aug;51(8):685-90 3) Brown JB, Brett P, Stewart M, Marshall JN. Roles and influence of people who accompany patients on visits to the doctor. 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