Le désherbage thermique
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Le désherbage thermique
Le désherbage thermique Introduction Le désherbage thermique, déjà expérimenté par le passé en viticulture, a connu récemment un regain d’intérêt. Il a pour objectif de limiter la concurrence de la flore naturelle. PRINCIPE DE LA TECHNIQUE Le principe consiste à détruire la partie aérienne des adventices à l’aide d’un choc thermique provoqué par le passage de brûleurs. Les cellules végétales sont détruites par une forte mais brève élévation de température. Le dessèchement des plantes est observé dans les jours suivant l’intervention. Les brûleurs sont généralement alimentés par gaz propane. Les quelques matériels proposés sont équipés de brûleurs à flamme directe. Les systèmes peuvent être employés dans l’interligne et/ou sous la ligne des souches. INTERETS ET LIMITES DE LA TECHNIQUE Maîtrise des adventices L’efficacité du désherbage est très dépendante de l’adaptation de la date d’intervention au développement de la flore. La destruction de la partie aérienne des adventices et la persistance d’action du traitement sont fonction du type de plante, du stade de développement et de la hauteur de végétation. En règle générale, il convient de privilégier les interventions sur une végétation jeune pour obtenir une bonne efficacité. Moins la plante a de réserves dans ses racines, plus elle a de chances d’être complètement détruite. Les expérimentations ont permis d’élaborer un tableau de sensibilité des adventices en fonction de leur hauteur moyenne. SENSIBILITE DES ADVENTICES EN FONCTION DE LEUR HAUTEUR ADVENTICES 0 – 10 cm 11 – 20 cm 21 cm et + AMARANTE CHARDON CHENOPODE EPILOBE ERIGERON ERODIUM GAILLET GERANIUM LAITERON LISERON MORELLE NOIRE GRAMINEES ESTIVALES TRES BONNE BONNE MOYENNE NULLE A FAIBLE PATURIN PICRIS RAY-GRASS RENOUEE PERSICAIRE RUMEX SENECON TORILIS VERONIQUE Source ITV 71/CA 21 Effets sur la vigne Une bulle d’air chaud est générée en périphérie des flammes. Les protections doivent donc éviter que la bulle chaude provoque des lésions sur la végétation de la vigne. Le risque est d’autant plus important que la végétation de la vigne est basse. Une bulle chaude mal maîtrisée peut entraîner des grillures de feuilles, voire même des pertes de récolte par destruction des inflorescences ou grappes. Lorsque le travail intéresse la ligne des souches, les jeunes plants doivent être protégés à l’aide des systèmes résistant à la chaleur et à la flamme. Effets sur la vinification et les vins Aucune étude n’a été menée, à ce jour, sur ce point. Impact environnemental • Sur l’eau Technique alternative à l’emploi des herbicides, le désherbage thermique ne génère pas de risques pour les eaux superficielles ou souterraines. Par contre, le désherbage thermique peut être soupçonné d’induire la formation de gaz à effet de serre. Cette technique n’est donc peut-être pas neutre pour l’environnement. • Sur les sols Pendant le repos végétatif de la vigne, cette technique permet la recolonisation du sol par un couvert herbacé, avec tous les avantages liés à cette présence. L’impact sur la microflore et la faune du sol n’a pas encore été étudié précisément. Toutefois, la brève élévation de température, lors de l’intervention, ne concerne que quelques centimètres superficiels du sol MISE EN ŒUVRE DE LA TECHNIQUE Le désherbage thermique consiste à intervenir à vue chaque fois que la couverture par les adventices l’exige. En fonction des circonstances climatiques de l’année, trois à cinq interventions peuvent être nécessaires au cours de la campagne. Le premier passage doit être réalisé avant le débourrement, afin de limiter le potentiel adventice lors des risques de gel de printemps. Un point important réside dans la possibilité réelle de mise en œuvre de la technique en fonction des décrets préfectoraux concernant l’écobuage. A cette réserve près, le désherbage thermique peut être envisagé comme technique unique de désherbage tout au long de la campagne, après avoir pris en compte les sujétions liées à son emploi. Il peut être également envisagé en combinaisons de techniques. MATERIELS Les matériels actuellement sur le marché sont équipés de brûleurs alimentés par du propane en phase liquide. Suivant le type, le gaz est stocké sur les machines en bouteilles de 13 ou 35 kilogrammes. Les brûleurs à flamme directe sont munis de protections plus ou moins élaborées (protections mécaniques ou protections « virtuelles » par flot d’air) Avec ces matériels il est nécessaire, pour obtenir une efficacité suffisante, d’adopter une vitesse d’avancement limitée, comprise entre 2 km/h et 3 km/h. La consommation de gaz par hectare, réellement concerné, s’établit entre 80 kg et 120 kg, en fonction de la densité et du développement des adventices. Un système basé sur une alimentation des brûleurs en phase gazeuse est actuellement évalué en vignes étroites. La justification de cette technologie est un moindre risque en matière de sécurité. Quel que soit le système retenu, la présence de flammes et de points chauds nécessite une sécurisation parfaite des systèmes et de leur environnement matériel. De même, il convient lors des opérations, de surveiller les éventuelles prises de feu des herbes desséchées par un précédent passage. Document réalisé par l'ITV Macon (Yves Heinzlé)