Mathieu-Coïnfecté VIH/VHC
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Mathieu-Coïnfecté VIH/VHC
Interview de Mathieu, coïnfecté VIH/hépatite C, à l’occasion de la réunion VIH et Qualité de Vie du mardi 26 avril 2011 consacrée à l’actualité des hépatites B et C. *** SIS : Comment ça se passe avec votre coïnfection VIH/hépatite C : la vie quotidienne, les traitements… ? Mathieu : J’ai de la chance car je fais partie des gens qui supportent relativement bien le traitement. Mais c’est très variable d’un individu à l’autre. L’Interféron utilisé pour le traitement de l’hépatite C comme de l’hépatite B pose souvent problème car il peut donner des effets secondaires assez durs : fièvres, douleurs musculaires, syndromes grippaux et plus embêtant des syndromes dépressifs voire suicidaires ou agressifs. On parle même parfois de pulsions meurtrières. On est donc étroitement surveillés par un psychiatre. Pour ma part, j’ai commencé le traitement en janvier 2011 et les seuls symptômes que j’ai, c’est la fatigue contre laquelle il n’y a pas grand-chose à faire. Le problème, c’est qu’en plus de l’hépatite C, je suis diabétique et cardiaque, donc il devient difficile à un certain moment de savoir quel médicament provoque quel effet. SIS : On parle actuellement de « révolution thérapeutique » pour l’hépatite C. Qu’attendez-vous de ces nouveaux traitements ? Mathieu : Effectivement des molécules vont arriver. Moi je n’en attends rien car dans l’hépatite C, il y a quatre génotypes. Cela va du génotype 1 au génotype 4. Or le génotype qui circule actuellement chez les homosexuels, c’est le génotype 4, celui que j’ai, et il n’est pas concerné par les nouvelles molécules. Le seul génotype concerné, c’est le génotype 1. C’est le premier point sur lequel j’émettrai une réserve. Le deuxième point porte sur les effets secondaires provoqués par les molécules actuellement en phase finale de test. Dans 30 % des cas, ils sont assez sévères notamment pour la peau. Ce n’est donc pas neutre. Par contre on arrive à éradiquer le virus de l’hépatite C à 90 %, ce qui n’est pas le cas avec les traitements actuels où on est plutôt autour de 50 %. Une dernière réserve, c’est qu’on ne sait pas trop si ces molécules ne provoquent pas très rapidement des résistances. Est-ce qu’il n’y aurait pas également un développement des résistances par rapport au virus du VIH ? Pour le moment dans les cohortes d’essais thérapeutiques, il n’y a pas de coïnfectés. Ils vont en intégrer donc ça nous donnera des informations. Je pense qu’il faut être prudent aujourd’hui. Par contre d’autres recherches avancent et elles sont prometteuses. SIS : Quelles questions souhaiteriez-vous poser aux médecins qui interviendront à la réunion « Qualité de Vie » du 26 avril ? Mathieu : En tant que coïnfecté, le problème qui se pose à moi, c’est vis-à-vis des autres. Etre porteur du VHC peut-il m’amener plus facilement à contaminer quelqu’un au VIH ou au VHC ? Est-ce que je peux aussi plus facilement attraper une IST (infection sexuellement transmissible) ? Du coup aujourd’hui je me trouve dans une situation de blocage. Je n’ai pas d’activité sexuelle parce que j’ai une espèce d’angoisse vis-à-vis de moi et vis-à-vis des autres. J’ai du mal à avoir des informations claires sur le statut contaminant d’une personne coïnfectée. Ce qui me fait dire que ce genre de réunion est vraiment utile parce que de toute évidence aujourd’hui, ce sujet préoccupe beaucoup de personnes. C’est assez paradoxalement un sujet qui angoisse plus que le VIH et je pense que c’est pour une raison très simple : les gens ne connaissent pas. Et quand on ne connait pas, forcément ça fait plus peur. Interview réalisée par Alain Miguet pour Sida Info Service et Actions Traitements Références Internet : - www.actions-traitements.org - www.sida-info-service.org