HPP - Test Pages 09 par Vincent Absous de MacGénération

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HPP - Test Pages 09 par Vincent Absous de MacGénération
HPP - Test Pages 09 par Vincent Absous de MacGénération - janvier 2009
S'il y a quelques années, le seul Word régnait en maître dans le monde du traitement de texte sur
Macintosh, les choses ont bien changé. Succès de Mac OS X aidant, de nombreux programmes sont
venus tailler des croupières au leader : Mellel, Nisus Writer (Pro ou Express) et Pages, pour ne
citer que ces trois exemples.
Au fil des versions, le traitement de texte d'Apple se fait d'ailleurs toujours plus complet. Si la
version 3, lancée à l'automne 2007, avait mis l'accent sur la P.A.O., la version 4, présentée en ce
début d'année, ne révolutionne certes pas le programme, mais l'améliore encore sur quelques
points.
Ce n'est pas dans l'interface qu'il faut chercher les changements les plus flagrants. Quand bien
même la bibliothèque des modèles qui s'affiche au lancement du logiciel a subi un sérieux lifting.
Désormais, elle ne s'affiche plus comme sortant d'une nouvelle page, mais seule à l'écran. Surtout,
les modèles, toujours classés par catégories, se mettent au coverflow : s'ils comportent plusieurs
pages, il suffit de passer le pointeur pour que ces dernières défilent. On peut aussi modifier la taille
d'affichage de ces vignettes presque animées. Apple met aussi un peu d'effets spéciaux ailleurs : si
on veut ouvrir un fichier depuis cette bibliothèque des projets, la fenêtre se retourne dans un joli
mouvement.
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Et puisqu'on parle de modèles, signalons que, comme il se doit, Pages '09 arrive avec six nouveaux.
Le dossier « Templates », caché dans le paquet de l'application, a pris un certain embonpoint (il est
passé de 123 à 191 Mo). Son organisation a d'ailleurs changé quelque peu. Avec Pages '08, les
modèles étaient rangés dans des dossiers correspondants aux catégories affichées dans le
sélecteur de modèles ; avec Pages '09, on retrouve certes des dossiers, mais ils sont là pour les
modèles des versions précédentes . Les modèles ne sont sinon plus classés dans des dossiers.
Apple propose quelques nouveaux modèles : deux permettent de créer des journaux (« Nouvelles
personnelles » et « Lycée ») ; « Vente de pâtisseries » rejoint la rubrique Prospectus ; « Rapport
visuel », celle des Rapports ; un nouveau poster, « Foire de la science » est également disponible ;
tout comme le très classe dépliant « Musée » ; enfin, un deuxième modèle de diplôme est proposé.
Pour en revenir à l'interface, signalons que la barre d'outils gagne de son côté quelques icônes :
celle d'iWork.com, le service en ligne associé à cette nouvelle version de la suite bureautique, par
exemple (lire notre aperçu de ce nouveau service). Certains boutons sont d'ailleurs un peu
différents (celui déployant les « figures » possibles étant un peu plus explicite).
La barre de format, apparue avec la version précédente, reste la même. Ou presque. En effet, petit
truc qui passe facilement inaperçu, mais qui améliore les choses : on peut saisir au clavier la taille
voulue des caractères ; on n'est plus obligé d'en passer par une liste déroulante (ou d'ouvrir la
palette des polices.
En bas de la fenêtre, une petite roue crantée a fait son apparition. Elle permet de se rendre très
vite aux notes de bas de page, à tel signet, tel lien, etc., ou d'accéder aux styles de paragraphe ou
de caractères. Pour ce qui est de l'interface générale, Apple a toujours affiché sa volonté de jouer
l'antiWord en proposant une interface sobre, au risque de paraître peut-être un peu tristounette.
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De toute façon, on peut se débarrasser de cela très facilement. C'est en effet l'une des
grandes nouveautés de Pages '09, le traitement de texte d'Apple se dote d'un
mode « Plein écran » qui est une vraie réussite.
Un clic sur l'icône ad hoc de la barre d'outils et tout ce qui n'est pas la page sur laquelle on
travaille disparaît. Autour ? Plus rien que du noir (qu'on peut remplacer par la couleur de son
choix). Tout juste y a-t-il alors le numéro de la page et le nombre de mots saisis (pas le nombre de
signes, c'est dommage). On n'est pourtant pas démuni. Il suffit en effet de déplacer le pointeur vers
le haut ou le côté gauche de l'écran pour qu'apparaissent la barre de format (et celle des Menus)
et la disposition des pages.
Si on a besoin de faire défiler la ou les pages du document, il suffit d'approcher le pointeur du bord
droit pour qu'apparaisse l'ascenseur. On peut aussi convoquer si on en a besoin un ou plusieurs
inspecteurs. On peut encore choisir d'afficher la page sur toute sa largeur, sur toute sa hauteur ou
selon un facteur de zoom personnalisé. On peut enfin préférer afficher, côte à côte, deux pages. Ce
mode « Plein écran » est la première bonne nouvelle de Pages '09.
On passera assez vite sur la réorganisation des Préférences. Là où l’on avait deux pages, on en a
désormais trois. Les informations concernant les unités des règles, le zoom par défaut et les guides
d'alignement ont été déplacées dans une troisième page intitulée « Règles ». Quant à la page
«Correction automatique», elle gagne une nouvelle et jolie icône (représentant un petit flacon de
blanc).
Profitons de ce que nous parlions de la correction automatique pour signaler deux petites
nouveautés. La première permet de demander à ce que les suggestions du correcteur
orthographique soient automatiquement appliquées (terriblement dangereux).
La seconde était attendue depuis longtemps : Pages sait enfin utiliser les guillemets
français. C'est dans les préférences qu'on précise qu'on veut les utiliser.
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Malheureusement, Apple a fait les choses à moitié. Elle a oublié l'espace insécable. Du coup, on
retrouve les guillemets ouvrants ou fermants collés au mot. Idiot. Si on laisse une espace, on risque
de retrouver ses guillemets tout seuls, bêtement, en bout de ligne. Et si l'on insère de soi-même
une espace insécable, avant des guillemets fermants, on ne pourra justement pas fermer les
guillemets. Le logiciel, considérant qu'il faut mettre des guillemets ouvrants pour un mot ou une
expression à suivre, ne veut rien entendre. Word fait, et depuis des lustres, bien mieux ! On en est
réduit, si l'on veut respecter la typographie française, et nos usages, à utiliser les raccourcis clavier
(alt-è pour les guillemets ouvrants ; alt-shift-è pour les guillemets fermants ; sans compter le altespace pour une espace insécable). Perte de temps.
Inspecteur
Dans un tout autre domaine, l'inspecteur est lui aussi quelque peu revu. La plupart des icônes sont
un tout petit peu différentes. L'inspecteur des documents se voit doté d'une case à cocher si l'on
veut protéger ledit document par un mot de passe exigé à l'ouverture.
L'inspecteur des graphiques a été réorganisé et un nouveau
bouton, justement appelé « Graphique », fait son apparition.
Dans l'inspecteur des liens, le menu Fusionner a lui aussi été
revu.
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Menu
Pages gagne un nouveau menu Partage (mais perd un élément Exporter du menu
Fichier). C'est depuis ce nouveau menu qu'on enverra le document en cours vers iWork.com. C'est
aussi depuis ce menu qu'on demandera à l'exporter aux mêmes formats que dans la version 08 de
Pages : PDF, DOC, RTF ou TXT. Pour ce qui est de l'exportation au format PDF, de nouvelles
options de sécurité permettent de définir un mot de passe pour l'ouverture, l'impression et la
copie du contenu du document. C'est aussi depuis ce même menu Partage qu'on enverra, comme
le permet aussi Word depuis longtemps, le document ouvert par courrier électronique (on peut
alors demander une exportation au format Pages, au format Word ou en PDF). Du coup, c'est aussi
vers ce nouveau menu qu'a été transférée l'option du menu Fichier permettant de transférer le
document vers iWeb (au format Pages ou au format PDF).
Le menu Format est complété d'une option concernant les images insérées dans le document et
permettant de demander une optimisation en vue de réduire la taille du fichier. Le menu Insertion
gagne, lui, une option permettant de demander la pagination automatique du document. On peut
alors préciser l'emplacement du numéro, son alignement, son format. Bienvenu.
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Le même menu récupère aussi deux items (« Champ de fusion » et « Champ de l'expéditeur ») qui
sont en lien avec la possibilité de faire du publipostage. Si Pages savait déjà le faire, Pages '09 va plus
loin.
Le publipostage selon Pages '09
Voilà une fonction que la très grande majorité des utilisateurs de Pages ignore certainement.
Pourtant, pour espérer rejoindre les disques durs des Mac dans les entreprises, les commerces,
chez les artisans, nul doute qu'il faut proposer un vrai module de publipostage. Pages offrait jusqu'à
présent quelques fonctions relativement rudimentaires. En liaison avec le Carnet d'adresses de Mac
OS X, on pouvait toutefois réaliser toute une série de lettres ou d’enveloppes sans se coltiner la
saisie manuelle des adresses et autres informations sur les contacts à qui on destinait ces
documents.
Pages '09 va plus loin. Le logiciel sait travailler avec Numbers. Inutile alors de passer par
le Carnet d'adresses. Un listing créé avec Numbers ou récupéré depuis Excel (AppleWorks, aussi)
deviendra la source dont on se servira pour constituer son mailing. Pour le reste, les
manipulations, assez simples, restent identiques : on construit son document « modèle » en
utilisant le menu Fusionner de l'Inspecteur de liens, on indique la source (un fichier Numbers ou le
Carnet d'adresses et, le cas échéant, le groupe de contacts), puis on demande au logiciel de
s'occuper du reste (en passant par le menu Édition « Fusion d'adresses électroniques »). Pages
construit alors un nouveau document comprenant l'ensemble des lettres, des enveloppes
demandées et créées en quelques secondes. Même si certains attendaient cette fonctionnalité
depuis longtemps (en fait depuis AppleWorks parfois), gageons toutefois que la plupart des
utilisateurs ne sont pourtant pas émus par cette nouveauté-là.
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Et tant qu'à parler de la collaboration avec Numbers, signalons qu'Apple son retard sur elle-même.
Désormais, on peut lier les graphiques créés dans Numbers à ses documents Pages. Il suffit de
copier-coller des données du tableur vers le traitement de texte. Une modification à apporter aux
données ? Les données étant liées, il suffit de modifier la feuille de calcul et de cliquer sur le
graphique dans Pages pour que ce dernier soit actualisé. Il était presque temps.
Du dynamisme dans les plans
Ce qui pourrait les intéresser plus, c'est peut-être le nouveau mode « Plan » de Pages
'09. Là encore, Apple rattrape son retard. Word en effet permet depuis belle lurette de travailler
dans ce mode qui se focalise sur la construction du texte. Pages le permet donc aussi. Enfin. Chez
Apple, on ne parle d'ailleurs pas de mode Plan mais de « mode Structure ».
Pour utiliser ce mode : deux solutions. La première consiste à partir d'un modèle préconçu. Pages
en propose six. On n'a plus qu'à modifier le document construit en remplaçant les titres et soustitres donnés par les siens.
La seconde consiste à partir d'une page vierge et à basculer en mode Structure en cliquant sur le
bouton du même nom dans la Barre d'outils. On ne travaille plus alors en WYSIWYG (What You
See Is What You Get, ce que vous voyez et ce que vous obtiendrez), mais sur un espace où les
idées sont visiblement hiérarchisées. Le plan se construit en effet à partir des styles appliqués aux
paragraphes. Pour passer d'un niveau (de 1 à 9), on n'a plus qu'à utiliser la touche Tab. Si on utilise
un titre d'un niveau 1, une pression sur la touche Tab et ce qui vient après est de niveau 2, et ainsi
de suite. Une pression simultanée sur les touches Tab et Maj et, cette fois, on remonte d'un cran.
Ce qui était de niveau 3 passe en niveau 2. Évidemment, dans les deux cas, la hiérarchie suit aussi.
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L'intérêt est alors de pouvoir n'afficher que les paragraphes d'un certain niveau (les titres les plus
importants par exemple) en cliquant sur les pastilles qui les initient sur le document ou en utilisant
les icônes de la barre de format qui permettent de n'afficher que les niveaux désirés (de 1 à 9) où
la seule première ligne de chaque paragraphe.
L'intérêt est aussi de pouvoir très facilement réorganiser le contenu en déplaçant telle ou telle
partie du discours. Si l'on glisse un titre de niveau 1 ailleurs dans le document, c'est toute la
hiérarchie inférieure (les sous-sections en langage Pages) qui suit. Si l'on « dégrade » un titre en le
faisant passer d'un niveau à un autre (à la souris ou en appuyant sur la touche Tab), c'est encore
toute la hiérarchie qui suit. L'intérêt est encore de pouvoir illustrer le document, mais de ne pas
laisser ces illustrations (images, vidéos) prendre trop de place (on peut les afficher sous forme de
vignettes). Si le mailing est important dans le monde de l'entreprise et du commerce, le mode Plan
ou plutôt Structure est important, lui, dans le monde scolaire et universitaire.
Des nouveautés, mais à moitié
Important également dans ce monde universitaire et scolaire : la possibilité de construire
une bibliographie. Word propose déjà un module permettant de constituer la liste des sources
consultées et utilisées pour un mémoire, une thèse, un ouvrage quelconque, mais ce n'est qu'un
outil de présentation. Word, comme Pages '09, a recours à un logiciel tiers pour construire une
vraie bibliographie. La nouvelle version du traitement de texte d'Apple sait donc
collaborer avec EndNote, l'un des meilleurs programmes de sa catégorie.
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C'est dans EndNote qu'on construit en fait sa bibliographie (pour avoir une idée du logiciel, on
pourra se reporter à notre test). Une fois cela fait, on peut convoquer EndNote, ou plutôt sa base
de données, depuis Pages '09 (en passant par le menu Insertion). Si l'on a une citation à renseigner,
il suffit de chercher l'occurrence dans la base de données pour que s'affiche ensuite dans Pages le
titre de l'ouvrage et le nom de son auteur et que dans la bibliographie, généralement constituée à
la fin du document, s'inscrive automatiquement la référence de l'ouvrage, référence présentée
selon les critères académiques.
Essentiel pour un travail universitaire efficace. Pages se met donc au niveau de Word. On regrettera
toutefois que pour un travail plus simple, un T.P.E. en classe de première par exemple, Pages ne soit
tout simplement pas livré avec quelques modèles de bibliographie prêts à l'emploi.
Par ailleurs, Pages '09 sait aussi parler le langage des mathématiques. La nouvelle version du
traitement de texte permet en effet d'insérer des équations dans les documents. Là encore, c'était
une fonctionnalité attendue par de nombreux utilisateurs (étudiants, chercheurs, enseignants, etc.).
Le logiciel d'Apple était en retard sur ce point sur certains de ses concurrents. Las, à la différence
de Word, pour ne citer que lui, Pages '09 ne propose pas de lui-même un éditeur d'équation. Là
encore, comme pour la constitution de bibliographies, il faut en passer par un logiciel tiers :
MathType 6, en l'occurrence. Dommage, car avec EndNote et MathType, le prix de Pages '09
augmente quelque peu…
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Autre regret : il manque toujours une fonctionnalité essentielle dans certains cas. Pages ne sait
toujours pas numéroter automatiquement les lignes. Là encore, son principal concurrent sait le
faire depuis bien longtemps. Apple donne le sentiment d'en garder sous le pied, en vue des versions
suivantes.
Par ailleurs…
Mais au-delà de ces nouveautés, qu'en est-il des performances ? À vrai dire, la version précédente
avait singulièrement amélioré les choses sur ce plan-là. On n'avait plus depuis Pages '08 ce
sentiment d'un logiciel un peu pataud, en retard sur la frappe. La nouvelle version n'y change rien.
C'est déjà ça. On n'a pas eu le sentiment que Pages '09 allait plus vite ; on n'a pas eu le sentiment
qu'il allait moins vite. Le programme est toujours agréable à utiliser, au moins sur des
configurations récentes. Sur un Mac moins puissant, certaines lenteurs sont notées, mais ce n'est
pas vraiment nouveau.
En revanche, certains ont cru remarquer du nouveau dans le rendu des polices. Et c'est vrai : avec
Pages '09, un texte apparaît plus sombre qu'avec Pages '08. Surtout, Pages '09 sait désormais utiliser
les réglages du lissage des polices tel que défini dans le Tableau de bord Apparence des Préférences
Système. Du coup, le traitement de texte se rapproche d'autres logiciels de sa catégorie sur ce
plan-là.
Le mot de la fin
On l'aura compris, la nouvelle version de Pages ne révolutionne pas le programme. Il faut dire que
ce dernier est arrivé à une certaine maturité qui permet qu'on envisage de l'utiliser sérieusement
dans de nombreuses situations depuis longtemps déjà. La quatrième version apporte toutefois son
lot de nouveautés intéressantes (à commencer par le mode plein écran). On regrettera alors que
certaines d'entre elles nécessitent en fait l'achat d'un logiciel tiers. Une nouvelle version qui n'est
peut-être pas essentielle, mais qui n'en est pas moins intéressante.
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