La bénédiction des enfants le Jeudi Saint

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La bénédiction des enfants le Jeudi Saint
La bénédiction des enfants le Jeudi Saint
Extrait de « Et délivrez-nous du mal… », signes et rites de protection en Forez rural, de Lucien
Barou.
Le Jeudi Saint, à trois heures, l’après-midi, on menait les petits à l’église pour la bénédiction, et
même les tout-petits, les nourrissons, et aussi ceux qui étaient plus grands, jusqu’à six, sept ou
même dix ans.
Les mamans y allaient avec les landaus, les poussettes, qu’elles laissaient à la porte ou au fond de
l’église. C’était l’occasion de faire admirer les petits, alors on les mettait beaux ! On les préparait
pour ça ; à l’avance, on achetait quelque chose de neuf « pour le Jeudi Saint ». Les petits, on les
habillait en blanc. Autrefois, dans les églises, personne ne parlait : c’était le silence, mais ce jour-là,
c’était presque la foire : les bébés hurlaient ; il y en avait un qui commençait, et les autres
suivaient ! Les plus grands couraient dans les allées ou criaient ! Il y avait des fois où on n’entendait
plus le curé qui faisait un petit sermon. On menait les enfants jusqu’à la table de communion et le
curé les bénissait et donnait à l’enfant, ou à la maman s’il était trop petit, une médaille bénie. Et la
maman, ou l’enfant, mettait une petite pièce dans la corbeille posée à côté.
C’était un évènement dans l’année, cette bénédiction du Jeudi Saint ! Les mamans y pensaient
longtemps à l’avance. Quand ça a été supprimé, dans les années soixante, les gens n’ont pas été
contents ; c’est comme si on avait enlevé quelque chose aux enfants, qui les protégeait.
Mais peut-être bien aussi, ce que les mamans ou les grands-mères regrettaient surtout, c’était de
ne plus pouvoir montrer leurs petits tout beaux !
M.C…..(Saint Just Saint Rambert)