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Aménagement hydro-agricole et problèmes d'expansion des centres urbains dans les Doukkala : le cas de Sidi Bennour SMAIL KHYATI* Département de Géographie, Faculté des Lettres El Jadida Introduction L'équipement hydro-agricole a engendré un développement rapide des centres urbains intérieurs dans les Doukkala. Ces centres en général et Sidi Bennour en particulier sont soumis depuis l'équipement hydro-agricole du périmètre irrigué à un rapide processus d'expansion spatiale. La population de Sidi Bennour a été multipliée par 7 depuis 1960, alors que la surface de la ville a été élargie sur un rayon de 2 km, selon un système de croissance et de circulation radioconcentrique (au moins pour les parties ouest, sud et sud-est), où l'on peut reconnaître la différenciation de plusieurs fronts d'expansion. L'extension spatiale rapide de Sidi Bennour se manifeste par l'empiétement croissant de la ville sur les terres agricoles limitrophes. Mais la ville, située au centre du périmètre irrigué, est cernée par les canaux d'irrigation. Son extension ne pourra donc s'opérer que sur ces terres à hautes potentialités agricoles (irriguées). Cette situation met la ville devant un dilemme : l'inévitable développement de l'urbanisation ou la préservation des terres irriguées. Ces perspectives nous préoccupent dans cette étude. Nous tenons à préciser que notre approche, loin d'être exhaustive, ne vise guère une étude urbaine complète de la ville de Sidi Bennour. Nous nous contenterons de mettre en exergue le phénomène de l'urbanisation des centres intérieurs des Doukkala, à travers l’exemple de ce centre, en relation avec les transformations socioéconomiques et spatiales que connaît la région, suite à l'aménagement hydro-agricole. L’article est articulé autour des principaux axes suivants : -l’évolution du processus d’urbanisation dans les Doukkala, -le développement du cadre bâti et ses facteurs à Sidi Bennour, -les perspectives de développement face à la problématique du foncier agricole. * Article publié dans la RGM (Revue de Géographie du Maroc) n°1, Volume 23, Janvier 2007, Nouvelle série, pp : 84-102 1 1- Urbanisation et évolution des centres urbains dans les Doukkala La population urbaine dans les Doukkala atteint 298.673 habitants en 2004. Elle est répartie sur 16 villes et centres urbains (5 municipalités et 11 centres). Ainsi, les urbains constituent plus du quart de la population des Doukkala en 2004, alors qu’ils représentaient moins de 10 % au début du siècle dernier. L’examen de l’évolution de la population urbaine dans les Doukkala révèle deux tendances différentes de croissance pendant le XXe siècle et le début du nouveau millénaire. Tableau 1 : Evolution de la population urbaine dans les Doukkala entre 1926 et 1960. Année Population 1926 Azemmour 9127 El Jadida 19159 Population 1936 7830 24391 Population 1960 12449 40302 Evolution 1926-36 -14.2 % 27.3 % Evolution 1936-60 58.99 % 65.23 % Source : AYYAD M. , 1982, p. 201. - Avant 1960, les taux d’accroissement enregistrés dans les deux seules villes de la région (Azemmour et El Jadida) sont très faibles. Ils figurent parmi les taux les plus faibles du Maroc. La population d’Azemmour a même régressée entre 1926 et 1936. - Après 1960, la population urbaine dans la région a connu un rythme d’accroissement plus rapide que la population rurale. Elle est passé de 58.878 habitants en 1960 à 298.673 en 2004, date du dernier recensement, soit un accroissement global de plus de 400 %. Tableau 2 : Evolution de la population urbaine dans les Doukkala (1926-2004) Année 1926 1936 1947 1952 1960 1971 1982 1994 Effectifs 28286 32221 52228 46965 58878 92185 150037 240068 2004 298673 Source : Dénombrements et recensements de la population du Maroc (1926, 1936, 1952, 1960, 1971, 1982, 1994, 2004) Le taux d’accroissement annuel de la population urbaine entre 1960 et 1971 était très proche du taux enregistré au niveau national sur la même période. Mais, il va le dépasser ultérieurement (4,53 % contre 4,4 % entre 1971 et 1982, 3,99 % contre 3,6 % entre 1982 et 1994, 2,2 % contre 2,1 % entre 1994 et 2004). 2 Tableau 3 : Taux d’accroissement de la population urbaine dans les Doukkala Période intercensitaire Evolution de la population urbaine des Doukkala ∗ TAG TAA∗∗ 13,91 % ? 82,73 % ? 56,57 % 4,16 % 62,76 % 4,53 % 60,01 % 3,99 % 24,41 % 2,2 % 1926 - 1936 1936 - 1960 1960 - 1971 1971 - 1982 1982 - 1994 1994 - 2004 Evolution de la population urbaine au niveau national ∗ TAG TAA∗∗ 127,0 % 3,80 % 150,0 % 3,90 % 59,60 % 4,28 % 61,62 % 4,40 % 53,70 % 3,60 % 22,79 % 2,1 % Source : Dénombrements (1926, 1936) et recensements de la population du Maroc (1960, 1971, 1982, 1994, 2004) Parallèlement à cette progression rapide de la population urbaine, le nombre de centres urbains a connu une augmentation notable entre 1960 et 2004 en passant de 4 à 16. Pourtant, et malgré une évolution nette de la part des urbains dans les Doukkala, on constate un taux très bas de l’urbanisation : 27,07 % en 2004 en comparaison à celui enregistré au niveau national (55,07 %). Tableau 4 : Evolution du taux d’urbanisation dans les Doukkala en comparaison avec le niveau national (en %) Année Doukkala National 1936 9,5 19,4 1960 12 29,3 1971 15,6 35,2 1982 19,65 42,8 1994 24,72 51,4 2004 27,07 55,07 Source : Dénombrements et recensements de la population du Maroc (1936, 1960, 1971, 1982, 1994, 2004) La population urbaine est concentrée principalement dans la ville d’El Jadida. Elle abrite à elle seule près de la moitié de cette population. Tableau 5 : Le poids de la ville d’El Jadida dans le système urbain des Doukkala Année Poids (en %) 1960 68,45 1971 60,21 1982 54,29 1994 49,60 2004 48,36 Source : RGPH de 1960, 1971, 1982, 1994 et 2004. Le poids démographique du grand pôle d’attraction des Doukkala n’a cessé de diminuer depuis 1960, quoi que celui-ci continue à s’accroître ∗ Le taux d'accroissement global (TAG) est égal à la variation de la population (sur un an ou plus), divisée par la population considérée à l’année initiale, multiplié par 100. ∗∗ Le taux d’accroissement annuel (TAA) se calcule ainsi : Où Pt est la population considérée à l'année t et P0 la population considérée à l'année 0. "ln" est le logarithme naturel. Le chiffre n est le taux de croissance annuel moyen sur la période. 3 rapidement en gagnant 37628 habitants entre 1982 et 1994 et 25357 entre 1994 et 2004. La supériorité démographique d’El Jadida est donc un fait incontestable. Cette domination est si forte que les deux villes de taille moyenne (Azemmour et Sidi Bennour) ne représentent ensemble que 25,55 % de la population urbaine des Doukkala. Fig. 1 - Evolu tion de la pop ulat ion urbaine dans les D oukkala 1994 -2004 N Bir Jdid ElJadida Azemmour Sidi Ali Ben Hamdouch Sidi Bouzid My Abdellah Jorf Lasfar Oued Oc éa n Od Frej a r Rebi Oum E At la nt iq ue Od Ghadbane Sid i Smail Oualidia Aounate Zemamra Sidi Ben nour Karia Barrage Imfout Od Amrane 0 20 km Légende : 1°) N ombre d’ha bitants en 2 004 120000 h 2°) Taux d’accroisseme nt annuel 1 994-2004 5 % et + 3-5% 35000 2-3% 10000 1-2% 1000 Source : RGPH 1994 et 2004 Par ailleurs, les centres dont le nombre d'habitants est inférieur à 20.000 sont au nombre de 13 avec une proportion de 26,08 % seulement de la population urbaine de 2004. Le nombre de centres urbains a connu un élargissement remarquable entre 1960 et 2004, enregistrant par là un accroissement global de la 4 population urbaine de l’ordre de 407,3 %. Le développement urbain est en effet lié à la promotion de petits centres ruraux, qui ont accueilli un nombre considérable de la population rurale des campagnes de la région [CERED, 1998]. La répartition spatiale montre que les villes et les centres urbains situés sur le littoral englobent 73,45 % de la population urbaine des Doukkala. Les centres urbains de l’intérieur sont à la recherche d’un équilibre axé sur les villes de Sidi Bennour, Zemamra et Oulad Frej. A l’origine ils étaient des centres de colonisation et des souks hebdomadaires. Ces centres en pleine évolution, contribuent à l’articulation d’un espace rural en pleine mutation, tout en servant de relais entre les campagnes de l’intérieur et la capitale provinciale [CERED, 1998]. Le cas de Sidi Bennour traduit d’une façon concrète cette situation. 2- Développement du cadre bâti et facteurs d'évolution de Sidi Bennour Le centre de Sidi Bennour a gardé son activité principale comme souk rural jusqu'au début des années 1960. Pendant la colonisation, il comportait tous les éléments d'un centre de colonisation agricole où les Européens détenaient plus de 110 ha, qu'ils considéraient comme un prolongement naturel des terres de colonisation agraire. Les prémices d'un développement réel n'apparaîtront qu'au lendemain de l'indépendance. Sidi Bennour constituait une agglomération dotée d'équipements hérités de la période coloniale, sans atteindre le niveau et les caractéristiques d'une petite ville [BELASRI, 1988]. La population de ce centre a connu une évolution lente jusqu'en 1960. Le nombre d'habitants est passé en effet de 558 h en 1936 à 2185 h en 1952 pour dépasser le cap de 5000 h en 1960. Malgré la lenteur de la croissance de ce centre dans un premier temps, il reste néanmoins mieux équipé et plus développé que les autres centres, tels que Oulad Frej, Zemamra, Sidi Smail et Aounate par exemple. L'équipement hydro-agricole des années soixante constitue un véritable catalyseur de l'expansion et de la croissance de Sidi Bennour. Sa situation au centre du périmètre irrigué, sur un axe routier important (RP n°9 reliant El Jadida à Marrakech) a joué un rôle dans sa promotion, contrairement aux autres centres intérieurs des Doukkala. Le processus d'urbanisation de ce centre trouve ses fondements économiques dans l'introduction de nouvelles productions agricoles, dans l'implantation d'unités agro-industrielles pour la transformation des nouvelles productions (betterave sucrière, coton) et dans le développement des services accompagnant les nouveaux besoins des populations rurales. 5 L'extension urbaine de Sidi Bennour s'est effectuée autour d'un noyau ancien d'une superficie de 50 ha en prenant une morphologie en éventail (figure 2). Les premières extensions de la ville se sont faites vers le sud-ouest, sous forme de lotissements publics sur des terres de colonisation récupérées, puis sous forme de petits lotissements privés réalisés par des notables de la région. Ce processus conduit à la constitution de la partie connue sous le nom du " village" ou l'ancien Sidi Bennour, qui a reçu les premiers immigrants venus des campagnes avoisinantes. Le premier noyau d'un quartier administratif (ex bureaux du contrôle civil) a été complété par l'installation d'une caserne des forces auxiliaires et un tribunal à côté du cercle, au nord de la route de Settat. Après 1970, ce quartier administratif a été consolidé par l'implantation du siège de la subdivision de l'ORMVAD∗ et les logements de ses employés sur une superficie de plus de 28 ha. Pendant la même période, Sidi Bennour a bénéficié, à l'instar de plusieurs autres centres comparables à l’échelle du pays, d'un programme pour l'amélioration de l'habitat, cofinancé par l'Etat et le PAM∗∗. Ce grand projet d'habitat économique de 730 lots a été réalisé sur une superficie de 16 ha. Ce quartier qui porte toujours le nom de PAM a constitué la première extension de la ville à l'est de la route nationale n° 9. L'introduction des cultures industrielles a influencé la configuration spatiale de la ville. La transformation de ces cultures nécessite la création d'unités agro-industrielles qui sont de grandes consommatrices d'espace. L'implantation de la sucrerie au nord de la ville s'est faite sur une superficie de plus de 30 ha, auxquels il faudrait ajouter 4 ha à l'ouest de la ville (le long de la route de Settat) occupés par la cité des employés de cette usine. L'égrenage du coton a nécessité la création d'une unité au sud de la ville sur plus de 5 ha. La pression sur l'habitat, les implantations industrielles et le développement des services ont incité les responsables à un transfert du souk hebdomadaire vers le sud à la limite du périmètre urbain. L'ancien souk a été transformé en lotissement pour répondre à la fois à la demande croissante et aussi pour préserver autant que possible l'esthétique de la ville. ∗ Office Régional de la Mise en Valeur Agricole des Doukkala Programme Alimentaire Mondial ∗∗ 6 Fig. 2 - Evolut ion du ca dre bâti à Sidi Bennour Sucrerie rs Ve da di Ja El Nord ORMVAD Slimania a rt Qu Firdaous n mi ad ier at if is tr Wafaâ Cit uc és re ri è Yass ine V er Widad Ghi zlane s S et t a t Al Massira Ard El Kh eir ra am Saâda Sef ari PAM d Fa rs Ve m Ze lla lA Azib Bel Fatmi h Al Abdi Al Fath Souk rs Ve Al Maqbara rr Ma e ak 0 300 m ch Légende : Situation à la ve ille de l ’indépendance Cimetière Extension e ntre 1 950 et 1960 Périmètre urbain Extensio n entre 1960 et 1980 Source : 1° ) BELASRI A., p.123, 2°) ELHA LAISSI A., P.50, 3°) EL MOURABIT D., P.72, 4°) Phot os aéri ennes 1989, 5°) Carte t opographi que de Sidi Bennour 1 /25000, 6°) Provinc e d’El Jadida, Plan urbain de S idi Bennour 1/5000, 7°) Enquêt es sur l e terrain Extensio n entre 1980 et 1990 Extensio n après 1990 Espace vert Parallèlement à cette extension, la ville a bénéficié de l'implantation de plusieurs équipements socioculturels : écoles, collèges, lycées, maison des jeunes, orphelinat, centres de formation professionnelle et l'installation de services privés : banques, pharmacies, médecins, avocats, auto-écoles, agences d'assurance par exemple. Ce développement de la ville entre 1960 et 1980 s'explique par les changements introduits par la mise sous irrigation de nouveaux secteurs agricoles. La position de Sidi Bennour s’en trouve renforcée, tant au niveau administratif et économique qu'au niveau socioculturel. Ce développement 7 tient aussi à un accroissement rapide de la population dû principalement à l'émigration. La population de Sidi Bennour est passée de 5479 habitants en 1960, à 11140 en 1971, puis à 23429 en 1982, soit un taux d'accroissement global dépassant 327 % et un taux annuel supérieur à 6,5 %. Ainsi au début des années 1980, tous les composants du tissu urbain de la ville de Sidi Bennour sont achevés. L'apparition d'une ceinture de douars marginaux (bidonvilles) au sud, au sud-ouest et à l'ouest constitue la dernière étape importante dans ce processus. Ceux-ci se situent aux limites du périmètre urbain, empiétant directement les infrastructures d'irrigation. Quelques douars datent de la période de la colonisation agraire dans la région, mais la plupart de ces bidonvilles exprime les particularités de l'expansion urbaine de Sidi Bennour, bien que sa taille soit petite : Azib Bel Fatmi, douar El Hakem (restructuré et recasé dans le lotissement d'Al Fath), douar El Abdi, douar Al Maqbara, douar Oulad El Ouadi et douar Al Qaria à l'ouest hors du périmètre urbain. Durant les deux dernières décennies, le développement de Sidi Bennour devrait faire face à de multiples difficultés dans son extension. La ville venait en effet de s’engager dans une nouvelle période décisive de son expansion. Le périmètre urbain de 1982, d’une superficie de 700 ha arrive à sa saturation. La surface vacante disponible pour accueillir de nouveaux projets d’extension de la ville ne dépasse pas 100 ha. Les derniers lotissements se trouvent entourés de terres agricoles irriguées de tous les sens, comme le montrent la figure n° 2 et le tableau n° 6. 8 Tableau 6 : Les derniers lotissements à Sidi Bennour (privés, étatiques et coopératives) Lotissement Type d'habitat Superficie moyenne par lot (en m2) Superficie totale (en m2) Date d'autorisation 39 240 + 78 355 115 67 17 34 58 45 36 85 + 21 28 274 60 51 + 48 18 49 + 15 28 78 132 96 28 139 + 19 économique écon + villas économique économique économique villas villas économique économique économique écon + villas écon + imm économique économique villas + imm économique villas + imm économique économique économique économique économique villas + imm 120 110 - 300 130 110 120 210 240 116 120 110 110 - 300 350 - 240 120 120 300 - 120 120 340 - 120 120 110 120 120 120 240 2644 25740 88744 54120 9326 4513 10326 8256 4673 8640 23510 11993 43392 10120 10840 2486 10340 10422 17367 12429 16932 10591 101118 1980 1981 1985 1985 1985 1986 1986 1987 1987 1988 1988 1990 1991 1991 1991 1992 1992 1992 1992 1992 1992 1993 1993 Lotissements étatiques PAM Al Massira Al Fath Al Widad Al Wafaâ 406 808 325 446 878 économique économique économique écon + imm économique 100 + 120 96 99 120 - 300 110 100000 166000 65000 130000 170968 1970 1983 1985 1986 ? Coopérativ es Yassine Al Qods Assalam Al Wafaâ 51 24 20 20 villas villas villas villas 240 200 240 240 9080 2926 7060 7554 1993 1993 1993 1993 Essefar Ammar Ard El Kheir 2 Essaâda Ghizlane Fouzia El Hilali Ard El Kheir 3 Ben Salem Chraga Hamri Al Firdaws Khezana 3 Al Moustaqbal Fadl Allah 1 Fadl Allah 2 Ennaciria Dounia Ard El Kheir 4 Farah Marah Amane Najd Slimania Nombre de lots Source : Données recueillies auprès de la Municipalité de Sidi Bennour (2001) Ainsi, la ville a atteint les limites de son extension, puisqu'elle est limitée à l'est et au sud-est par les terres irriguées, au nord par une sucrerie polluante et au sud, au sud-ouest et l'ouest par les bidonvilles et les douars marginaux qui accolent les canaux d'irrigation. 9 Cet enclavement est dû essentiellement à la conception d'aménagement hydro-agricole. Le tracé des secteurs irrigués attenants à la ville n'a pas pris en considération une éventuelle extension urbaine. La lecture des divers plans d'aménagement de la ville et nos enquêtes sur le terrain nous ont permis de remarquer que la ville de Sidi Bennour est renfermée au sein des terres irriguées. Cette situation nous amène à nous demander sur les perspectives de son développement. 3- Les perspectives de développement d'un centre cerné par les terres irriguées La ville de Sidi Bennour apparaît encerclée de toutes les directions par des "obstacles" qui freinent son expansion. Les canaux d'irrigation, les drains et les collecteurs encadrent la ville. En plus des terres irriguées qui l'environnent de l'est, du sud, du sud-ouest et du nord-est, l'existence de la sucrerie au nord le long de la route d'El Jadida, et du douar d'Al Qaria à l'ouest empêchent la ville de se développer vers ces directions. La sucrerie par sa position et par l'odeur désagréable qu'elle exhale pendant toute la campagne betteravière constitue une barrière devant l'expansion urbaine dans ce sens. Le douar d'Al Qaria à l'ouest est considéré comme un refuge pour les nouveaux arrivants, pauvres et incapables de faire face à la demande du marché du foncier. Pendant le recensement de 1994, le douar est considéré comme un centre rural et comptait 3509 habitants. En 2004, sa population est passée à environ 7803 habitants, mais il constitue toujours un quartier difficile à intégrer dans le tissu urbain de la ville (souséquipement, problème foncier), bien que la majorité de ses habitants dépendent dans leurs besoins de Sidi Bennour. A proximité sud de ce douar, il y a une UREF∗ qui porte le même nom (Al Qaria) destinée à loger plus de 161 agriculteurs du secteur irrigué de Sidi Bennour. Les deux douars sont séparés de Sidi Bennour par l'oued M'tal, transformé en un grand collecteur des eaux usées de l'irrigation et de la ville. Devant cette situation de manque de terrains pouvant servir à l’extension de la ville, les responsables sont contraints de chercher des alternatives de développement avant d'envisager une expansion au détriment des terres irriguées. Lesquelles sont soumises aux dispositions du code des investissements agricoles (CIA, 1969) promulgué par un Dahir. Toute procédure visant le changement de leur vocation doit nécessairement se décider à haut niveau. L'expansion urbaine sur ces terres irriguées est en contradiction avec les dispositions en vigueur en matière de gestion des périmètres irrigués. En fait, l'extension de Sidi Bennour sur les terres irriguées est inévitable. Déjà, ∗ Unité Rurale d’Equipement et de Fonctionnement 10 le projet du nouveau plan d'aménagement prévoit l'extension sur quelques 120 ha irrigués du côté est†. L'étude a été lancée en 1994, mais le plan n'a été promulgué qu’en 2003. La principale raison de ce retard tient à la difficulté de décréter une dérogation de cette surface à la loi de 1969. Hormis l'expansion de la ville sur des terres irriguées, les expectatives de développement de Sidi Bennour sont peu nombreuses, coûteuses, difficiles à exécuter et demandent une concertation avec tous les acteurs de la ville et de sa banlieue. Devant la complication et l'envergure de la situation et les graves questions qu'il soulève, la ville de Sidi Bennour menacée dans son équilibre et son développement, peut réagir de diverses manières. a) L a rurbani sati on des U REF proches Le secteur irrigué de Sidi Bennour qui encercle la ville, équipé après 1970, est doté de plusieurs UREF. La ville est entourée de plusieurs unités dans tous les sens (figure 3). Quelques UREF très proches de la ville sont aussi dotés d'équipements de base (électricité, eau potable, école) et peuvent alléger la pression sur la ville en recevant une part des nouveaux venus. Déjà, quelques UREF telle que Attatra, Al Qaria, Mouissat et Grichet Reg abritent des populations qui travaillent à Sidi Bennour. Il s'agit, la plupart du temps, d’individus appartenant à des couches sociales déshéritées travaillant dans l'agriculture et la construction, ou se donnant à de petits métiers. L'attraction des UREF est due essentiellement à l'accès facile au logement : prix du terrain moins cher, habitat sous-équipé ; surtout que ces centres n'ont pas de documents d'urbanisme (plan de développement), ce qui a encouragé un développement non contrôlé et non planifié. † En effet, ces terrains d'une superficie de 120 ha seront récupérés par Sidi Bennour puisqu'ils étaient déjà inclus dans le plan d'aménagement de 1972. 11 Fig. 3 - Répart ition des UREF e ntourant Sid i Bennour Ve rs did a El Ja Nord Lemouissate p ri al C an B as p al n ci v Se r ic e Legrichet Mers ElKo udia Legrichet Reg Lahsinate L aâwawcha r Ve s at tt Se Al Qaria Mlalha Od Si Bou M’hammed Sidi Bennour Bou rguiâat Kouaoula Haj Tahar L aâtatra ec rak Ma r Ve M’za ouir rs s Ve r ma Ze a mr 0 2 Km h Légende : Périmètre urbain 1 °) Niveau d ’équipeme nt des URE F Bien é quipée 2°) Nombre de lo ts par URE F 500 250 100 Electricité seulement Non équipée Sou rce : 1°) ORMVA D, Bureau des Aménagements F onci ers, 2°) Enqu ête s ur le t errai n Dans un antérieur travail [KHYATI, 2002], nous avons discuté les facteurs de difficultés de l'expérience des UREF et nous avons montré que la proximité de ces unités des centres urbains constitue un inconvénient pour leur développement. La forte demande en terrains dans ces UREF a entraîné une augmentation sensible des prix du foncier. Le mètre carré a été multiplié parfois par 10 et atteint plus de 500,00 DH dans quelques unités suburbaines : Attatra et Al Qaria qui se sont transformées en de véritables lotissements clandestins. La proximité de ces UREF de Sidi Bennour peut jouer un rôle très important dans le désenclavement de la ville. Elles peuvent être réaménagées et dotées de plans de développement, établis dans une concertation entre les 12 responsables de la ville et ceux des communes rurales englobant ces unités, dans le but de préparer légalement l'installation de nouveaux habitants. Ainsi, ces unités peuvent contribuer à l'allègement de la charge humaine de Sidi Bennour, à condition que leur développement soit soumis à la planification et au contrôle. Les UREF constitueront une banlieue de type particulier qui rassemble en même temps les avantages de centres satellites et ceux des centres dortoirs, tout en constituant des plates formes intermédiaires entre la ville et l'espace rural. Dans ces unités, les genres de vie rural et urbain seront juxtaposés mais soumis à l’influence de Sidi Bennour. La seule contrainte pour la rurbanisation des UREF est l'équipement de celles qui ne le sont pas encore et l'organisation du transport public pour les relier directement à la ville. b) L a surél évati on Cette alternative doit être envisagée parallèlement à d’autres stratégies et ne doit pas toucher le zoning de l'ensemble des quartiers. La pression à laquelle est soumise la ville de Sidi Bennour peut être résolue par la rénovation et la surélévation du bâti dans quelques quartiers et artères. Cette solution, déjà autorisée pour des artères comme les boulevards des FAR (R+4) et Mohamed V (R+2), ne nécessite qu'une légère modification du plan d'aménagement. La surélévation se traduira certainement par un remodelage profond du paysage urbain et un renouvellement du contenu social, ainsi qu'une réadaptation des activités économiques. Cette alternative, quoi que facile à envisager, est coûteuse. Elle nécessitera sans doute le renforcement du réseau de l'assainissement, de l'eau potable et des équipements collectifs. c) L e re - transfert du souk Le souk de Sidi Bennour a déjà été l'objet d'un déplacement du centre ville vers la limite sud de la ville en 1978. Ce nouveau site constitue, en effet, une limite pour l'extension du quartier PAM vers le sud. Le souk de Sidi Bennour qui se tient deux fois par semaine (mardi et samedi) est le plus gros de la région et contribue très largement dans les recettes de la ville. Ces recettes substantielles jouent un rôle essentiel dans la gestion de la ville et animent sa dynamique. Devant la situation d'encerclement de Sidi Bennour par les terres irriguées, les responsables adoptent l'idée de délocaliser le souk et exploiter son site pour élargir le quartier de PAM, ce qui allégera provisoirement le problème de l'extension de la ville. Toutefois, la question du re-transfert du souk pose plusieurs problèmes. D'abord, le périmètre urbain ne permet pas ce transfert, car il est saturé et entouré de toute part par des terres irriguées. Ensuite, si le nouvel 13 emplacement du souk se situe en dehors du périmètre urbain, plusieurs éléments devraient être pris en considération : acquisition du terrain, son équipement, financement et sa gestion. Le re-transfert du souk dans une commune rurale adjacente suppose une participation des deux parties dans le financement et la gestion des recettes, ce qui va priver la ville de Sidi Bennour d'une part importante de son budget. Mais, la principale contrainte de cette alternative est le choix du site. Aux alentours de Sidi Bennour, il n'y a pas d'endroit disponible pour l'installation du souk. En dehors des terres irriguées, le souk se trouvera loin de la ville, ce qui aura pour effet une dissociation souk-ville. d) L a dél ocal i sati on de l a sucreri e Comme nous l'avons mentionné plus haut, la sucrerie et ses dépendances occupent une superficie qui dépasse 40 ha au nord de Sidi Bennour et fait dégager une odeur désagréable pendant la campagne betteravière. Entre la sucrerie et le quartier administratif s’étend une autre importante superficie non occupée (zone vivrière). Toutes ces surfaces constitueront un nouveau front de l'extension urbaine, si les responsables décident de transférer ou déménager l'usine vers un autre endroit. C'est vrai que les taxes versées par l'usine à la municipalité seront suspendues et que le transfert pose beaucoup de problèmes techniques et financiers pour la société qui la détient, mais dans tous les cas la délocalisation de la sucrerie aura sans doute plus qu'un avantage : - le déménagement de l'usine et la possibilité d'améliorer sa capacité de production auront un intérêt appréciable. Le choix du site de l'usine prendra en considération les superficies nouvellement mises en irrigation du périmètre "Haut Service" dans la mesure de réduire le coût du transport. La société doit tirer profit des différences d'avantages comparatifs entre le nouveau et l'ancien site. Mais, il est difficile de convaincre les responsables de la société, surtout que ce transfert va coûter cher∗, - le transfert de la sucrerie permettra d'exploiter toute la superficie nord du quartier administratif et étendre le périmètre urbain sur une large bande de terrains non irrigués sur le côté gauche de la route d'El Jadida et ce jusqu'au canal principal "Bas Service" au nord, - cette délocalisation présente des intérêts qui dépassent de très loin de simples opérations matérielles et techniques de transfert. Progressivement en effet, elle permettra à Sidi Bennour de retrouver un équilibre écologique perdu et permettra un nouvel espace économique propice à une vie locale active et saine. ∗ Nous avons appris, au moment de la rédaction de ce travail que la société COSUMAR a décidé de consolider le site de Sidi Bennour au détriment de l’usine de Zemamra. 14 Mais, cette opération de grande envergure doit s'inscrire dans un cadre régional, voire national ; le cadre de l'aménagement du territoire dont la finalité est de favoriser la répartition et le développement équilibrés des activités socio-économiques dans l'espace régional. L'examen des quatre variantes de développement de la ville de Sidi Bennour, montre les limites des alternatives en mesure d’éviter l'extension sur les terres irriguées attenantes. En plus des coûts exorbitants de ces propositions, elles nécessitent une concertation parfois impossible entre les intervenants et les opérateurs à différents niveaux : local, régional et national, surtout en l'absence d'un schéma directeur obligatoire qui tient compte en même temps de l'épargne des terres irriguées de la construction et d'un développement adéquat de la ville. Sidi Bennour, pour préserver ses fonctions économiques et spatiales, et garder son rôle de métropole de la plaine intérieure, doit faire des sacrifices et des choix au détriment de l'attentisme de ses responsables-élus qui n'ont pas de perspectives à long terme. Pour éviter un élargissement spontané de la ville sur les terres irriguées attenantes, nous considérons qu'il est possible encore de dériver l'extension urbaine sur les terres non irriguées situées au nord et au nord-ouest, le long de la route d'El Jadida. 15 Fig. 4 - Perspectives de développement de Si di Bennour rs Ve Lemouiss ate da di Ja El Nord Riouni 1 Laâwawcha 2 4 3 di Si nn o Be ur e “l s” Ba r ou nn Be di Si e “l s Ve r ut” Ha t at S et Al Qa ria BelFatmi Souk 5 Al Abdi Al Maqbara Od ElWa di 0 Laâtatra 800m e ra k Ma r rs Ve s Ve r ma Ze a mr ch Légende : Terres irri guées Périmètre urbain actue l UREF Canal principal d’irrigation Unité industrielle Canal d’assainissement Station de traitement de l’eau Route C entre de transformation d e l’électricité 1 SNCI (canaux d’ir rigation) Douar ma rginal 2 SAHEG (canaux d’irrigation) Espace urbain bât i 3 Sucrerie Cimetière 4 Alf Doukkala (aliments de bétail) Zones d’e xtension à moyen et long terme 5 COMAPRA (égrenage du coton) Source : 1°) Carte topographique de Si di Benn our 1/25000, 2°) Enquêtes sur le terra in Une étude d’aménagement, établie au début des années quatre vingt dix [EL MOURABIT, 1993] a essayé de retracer une issue à l'enclavement de la ville de Sidi Bennour en suggérant les zones à urbaniser à moyen et long terme. L'étude considère que les 80 hectares irrigués au sud-est de la ville sont proches des infrastructures et des équipements collectifs, et donc «donnent une bonne continuité à l'urbain qui était déjà tracé par le plan d'aménagement de 1972». En revanche, cette étude a insisté sur la perspective d'extension de Sidi Bennour au nord et au nord-ouest. Cette zone d'une superficie de plus de 350 ha peut être équipée sans difficultés en 16 assainissement (proche du canal M'tal) et en eau potable (proche de la station de traitement)… (Voir figure 4) Effectivement, l'expansion de la ville peut être envisagée vers "Sidi Bennour le bas" sans contraintes majeures. L'organisation du transport en commun, le bétonnage et la couverture du canal M'tal sont les principales réalisations à faire. Pour un développement équilibré et harmonieux de la ville, nous envisageons que cette dernière perspective soit accompagnée de plusieurs décisions courageuses : - la délocalisation de la sucrerie, ce qui va engendrer une bonne maîtrise de l'extension urbaine vers le nord et le nord-ouest, avec possibilité d'exploiter l'emplacement de l'usine et la surface non occupée sise entre ce dernier et le quartier administratif, - la coordination entre les responsables de la ville et ceux des communes rurales voisines, et entre les différents services : urbanisme, agriculture, habitat… pour bien concevoir une expansion urbaine qui garde son rythme actuel et conjure les aberrations. Surtout que la ville de Sidi Bennour ne dispose pas de zone périphérique∗ et sa zone d'influence n'est pas bien définie, parce qu'elle est entourée de terres irriguées soumises aux dispositions de la CIA et non à celles d'urbanisme∗∗. Ces décisions permettront l'extension et la croissance de Sidi Bennour à long terme. Conclusion L'espace rural dans les Doukkala connaît des mutations socioéconomiques, culturelles et spatiales spectaculaires, du fait des initiatives de l'Etat et des populations. L'habitat est soumis à des transformations profondes et le rythme de l'expansion urbaine s'accélère en quelques années après l'équipement hydro-agricole et ses retombées sur les revenus des populations. L'absence d'un plan concerté, tant au niveau de l'intervention dans le secteur de l'habitat rural qu'au niveau de l'urbanisation, a engendré parfois ∗ Les zones périphériques des communes urbaines et des centres délimités sont des territoires ruraux avoisinant ces agglomérations. Les zones périphériques des villes s'étendent sur 15 km à compter du périmètre municipal. Article 1er de la loi d'urbanisme n°12-90 du 17 juin 1992 (Dahir n°1-92-31) in Bulletin officiel n° 4159 de 15 juillet 1992. ∗∗ La zone d'influence directe comprend la zone périurbaine qui, en termes physique ou fonctionnel, forme la continuation de l'agglomération considérée ou bien elle est appelée à la former au cours du terme de planification retenu. Les critères retenus pour délimiter la zone d'influence directe des villes sont : - la continuité de la surface bâtie; - l'intensité des déplacements journaliers; - les liaisons entre les activités. Ainsi définie, la zone d'influence directe doit être nettement distinguée du périmètre d'aménagement, du périmètre urbain, du périmètre municipal et de la zone périphérique. 17 des dysfonctionnements. Les efforts de l'Etat concentrés sur la mise en place des canaux et la mise en irrigation d'une superficie maximum, ont engendré une conception qui manque de perspective. L'aménagement hydro-agricole de la plaine des Doukkala n'a visé que le côté des réalisations en matière d'irrigation, alors qu'il a provoqué des mutations socio-spatiales profondes et a crée de nouveaux besoins. L'urbanisation n’est pas toujours présenté comme une action d'accompagnement de l'équipement hydro-agricole, malgré son importance et malgré qu'il exprime les transformations que doit apporter cet équipement. Après plus de 40 ans, les différentes réactions aux problèmes engendrés par l'aménagement hydro-agricole se confrontent à un arsenal juridique visant la préservation des terres irriguées de toute détérioration ou déperdition. L'habitat et l'urbanisation, gros consommateurs d'espace, se trouvent suspects de grignotage des terres irriguées et de ce fait, désavantagés. Références : AYYAD M., 1982, L'organisation de l'espace rural dans le plateau d'El Jadida et le Sahel d'Azemmour, Etude de géographie rurale cartographique, Mémoire DES, Géographie, Rabat, 307 p, (Ronéo). 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Résumé : Aménagement hydro-agricole et problèmes d'expansion des centres urbains dans les Doukkala : le cas de Sidi Bennour La mise en eau, l’implantation des industries de transformation des nouvelles productions introduites, l'installation de nouveaux services et la nouvelle structuration de l’espace sont autant de facteurs qui président à la nouvelle impulsion urbaine dans les Doukkala. Le processus d'urbanisation est lié, en même temps, à la croissance des centres existants et à l'augmentation du nombre des centres urbains. Dans le périmètre irrigué des Doukkala, les centres urbains intérieurs en général et Sidi Bennour en particulier sont soumis à un rapide processus d'expansion spatiale. La ville de Sidi Bennour, située au centre du périmètre irrigué, est cernée par les canaux d'irrigation et les terres irriguées à hautes potentialités agricoles. Cette situation met la ville et les responsables devant un dilemme : l'inévitable développement de l'urbanisation et la préservation des terres irriguées. L’étude et l’évolution du processus d’urbanisation dans les Doukkala, ainsi que l’extension du cadre bâti et ses facteurs à Sidi Bennour permettent de dégager les perspectives de développement de cette ville face à la problématique du foncier agricole. 19 : : !" # .# % %& %& ' ( & ) . * !*" !"+ ,(& & # - . ++0 10% ( / ! ' / *' * #' !0 .#'0 # %& * ' 2 # ) * "& #" 7 # 8( . 2& #" 3" # # / 4 5 6' 1 9 6. 8&": ;. 6. ( < .#/'0 5"* % " 2 #" 3= # 6. # 4 5 6' #& #'0 # % ."& Abstract : Irrigation Projects and Problems of Urban Centres Expansion in Doukkala: the Case of Sidi Bennour Irrigation, the implantation of transformation industries of the newly introduced productions, the installation of new services and the new structuring of space are factors which influence the new urban impulse in Doukkala. The process of urbanization results partly from the growth of already existing cities and from the emergence of new centres. In the irrigated perimeter of Doukkala, the interior urban centres in general and Sidi Bennour in particular are subject to a rapid process of space expansion. The town of Sidi Bennour, placed in the centre of the irrigated perimeter is encircled by irrigation canals and irrigated areas with high agricultural potential. This situation represents a real dilemma : the inevitable ever expanding urbanization and the need to preserve irrigated areas. This contribution sheds light on the evolution of the urbanization process in Doukkala, examines the possible causes of this urbanization explosion, and discusses the city’s development perspectives. 20