Intervention contre la fusion du 20e Théâtre et du Centre d

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Intervention contre la fusion du 20e Théâtre et du Centre d
Intervention contre la fusion du 20e Théâtre et du Centre d'animation des
Amandiers
Mme Danielle SIMONNET. - Mes chers collègues, quelle habileté de présenter les choses
ainsi.
Sous couvert d'aide et de reconnaissance vis-à-vis de l'association "Nouveau Théâtre de
Novembre" qui depuis 20 ans gère le Vingtième Théâtre, vous actez ni plus ni moins la fin de leur
activité. Quelle ironie ! On devrait même dire : quel cynisme ! Vous aviez fait de même lors de la
délibération de prolongation de la délégation de service public des Amandiers.
Je vous le redis : je suis en totale désaccord avec la fusion du Vingtième Théâtre et du centre
d'animation les Amandiers, et plus encore avec la brutalité avec laquelle vous procédez.
Voici deux structures qui fonctionnent très bien. Comme toute gestion d'équipements, elles
sont très certainement perfectibles. Toutefois, du jour au lendemain, vous allez virer des équipes
qui fonctionnent bien, non seulement séparément, mais également via les nombreux projets qu'ils
partagent et co-élaborent ensemble.
S'occuper d'un théâtre, de sa programmation, accueillir des compagnies, travailler à faire
venir une diversité de publics pour les amener à découvrir une diversité de créations, se faire
connaître dans Paris et s'ancrer dans son quartier, c'est en soi un métier qui nécessite du talent.
S'occuper d'un centre d'animation, être en capacité de proposer des ateliers pour des âges
différents, monter des projets avec l'ensemble des partenaires du quartier, cela correspond aussi à
des métiers, mais d'autres métiers. Ces différents métiers travaillaient très bien ensemble.
Vous êtes insatisfaits de leur bilan ? Pourquoi n'avez-vous pas fait vivre réellement les
comités de pilotage avec les salariés, les usagers, les associations partenaires de ces structures.
Pourquoi ?
Et vous osez parler de "démarche d'éducation populaire" concernant le futur projet de
fabrique ? Une démarche d'éducation populaire, cela veut dire que l'on co-construit avec les
habitants, les salariés et les associations. "Co-construire avec", vous entendez, et non pas
"construire sans et contre".
Maintenant, j'attire votre attention sur le cahier des charges de l'appel d'offres. La future
fabrique ne sera pas l'objet d'une D.S.P., d'accord. On peut même dire que la structure en fera ce
qu'elle voudra. C'est une très bonne chose que de proposer ce type de financement à des
structures locales associatives, qui respecte pleinement la liberté associative, et non les réduire à
des prestataires de services.
Toutefois, là, nous avons affaire à deux équipements publics, deux services publics : un
théâtre et un centre d'animation. En changeant à ce point leur finalité et leurs statuts, de fait, c'est
comme si vous les privatisiez.
Quel peut donc être la garantie pour les salariés du théâtre comme du centre d'être repris
avec ce changement de statuts ? Quelle garantie pour les habitants de bénéficier à la fois de la
pérennité d'un théâtre et des ateliers d'un centre d'animation puisque la future structure qui gèrera
les deux équipements en fera ce qu'elle voudra. C’est écrit noir sur blanc. Il est prévu une
fermeture pour 4 mois de travaux. Pendant ces 4 mois, que deviennent les ateliers ? C'est
indépendamment du projet de fusion. Je pose la question de manière objective. Que va-t-il se
passer pour les salariés ? Ce n’est pas cette subvention et cet avenant qui par ailleurs suffiront à
assurer les licenciements par l’association du théâtre. Et pour le centre d'animation, je rappelle qu'il
y a 34 emplois équivalents temps plein et de nombreuses prestations assurées par les
associations. Ces personnes ne savent pas à quelle sauce elles vont être mangées. C'est donc
leur emploi qui est en jeu. Et les habitants du quartier, que leur répondez-vous ?
Je voterai cette délibération, bien sûr, mais je tenais à vous le redire : même si la date limite
du dépôt des projets est pour bientôt, le 15 mars, même si c'est d'ici juin… Oui, je vote la
délibération parce que c'est une prolongation de subvention jusqu'à la fin, pour le Vingtième
Théâtre.
Même si c'est d'ici juin que vous êtes censés choisir la future structure qui gérera la fabrique,
je vous le redemande une nouvelle fois : abandonnez ce projet de fusion. J’ai bien entendu que,
pendant mon intervention, vous avez chahuté, vous avez hurlé, vous avez protesté. Franchement,
il n'y a pas eu… Vous dites qu'il y a eu de la concertation. Les rares réunions ont été des réunions
où s'est s'exprimé un désaccord, un mécontentement des partenaires du quartier et des usagers de
ces équipements. Je ne vois pas comment vous pouvez parler d'éducation populaire en plaquant
demain une structure qui n’a peut-être rien à voir avec le quartier.
J'aimerais par contre, Monsieur JULLIARD, que vous me précisiez comment - c'est vraiment
une question d'information - fonctionne le jury qui va choisir les différents projets qui seront
présentés en réponse à l'appel d'offres. Qui va constituer cette commission et sur quels critères ?
Merci.

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