Libération :€«Neuf professeurs agressés par jour de classe»

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Libération :€«Neuf professeurs agressés par jour de classe»
Libération : «Neuf professeurs agressés par jour de classe»
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Société
Une association d'assistance aux enseignants, après les événements d'Etampes:
«Neuf professeurs agressés par jour de classe»
Par Marie-Joëlle GROS
vendredi 20 janvier 2006
euf professeurs seraient chaque jour agressés avec une arme ou avec une «arme par destination» par des
élèves. Ce chiffre alarmant est le résultat des calculs de la Fédération autonome de solidarité (FAS). Cette
association d'assistance aux enseignants a repris les statistiques publiées par le ministère de l'Education
nationale à partir des déclarations des chefs d'établissement en collèges et lycées : 1 651 violences physiques
avec arme ou arme par destination, en 2004-2005. «Ramené au nombre de jours de classe, cela signifie que
neuf enseignants par jour sont victimes de ce type d'agressions», commente la vice-présidente de la FAS, Betty
Galy.
«Souffrance». Hier, la fédération a annoncé qu'elle se portera partie civile auprès de Karen Montet-Toutain,
l'enseignante agressée au couteau au lycée Louis-Blériot d'Etampes (Essonne), adhérente de cette organisation.
Fait exceptionnel pour la FAS qui n'a engagé une telle action «que trois ou quatre fois» depuis sa création, en
1903. Ses dirigeants ont tenu hier à souligner l'hypersensibilité qui entoure le sujet de la violence à l'école.
Comme pour lui donner raison, les professeurs du collège Travail, à Bagnolet (Seine-Saint-Denis), ont exercé hier
leur droit de retrait, à la suite des coups de poing qu'un élève de 5e a assenés à une enseignante mardi. Dans la
même journée, ceux du lycée professionnel Aristide-Briand, au Blanc-Mesnil, toujours en Seine-Daint-Denis, ont
décidé d'arrêter les cours, dénonçant une série d'incidents qui «mettent en péril [leurs] conditions de travail»
(lire ci-contre).
Pour les 650 000 militants de la FAS, la «banalisation» des insultes et incivilités détériore le climat des
établissements et plonge les enseignants dans une «souffrance» que l'association souhaite porter sur la place
publique. Elle pointe en outre la dégradation de la relation entre les enseignants, les élèves et les parents
«depuis une dizaine d'années». Et cite en exemple l'augmentation du nombre des plaintes de parents d'élèves
contre l'école : «200 à 300 plaintes il y a dix ans, contre 900 à 1 000» aujourd'hui. «La judiciarisation parasite
les relations, au détriment de la médiation et de la prévention», estime la FAS. Elle n'apprécie pas non plus que
Gilles de Robien invite les enseignants à porter plainte systématiquement dans les commissariats de police : «La
solution ne vient pas forcément de l'extérieur.» D'autant que ces plaintes sont classées sans suite dans 50 % des
cas, d'après son réseau d'avocats.
Dans ce contexte, le rapport de l'Inspection générale sur le lycée Louis-Blériot d'Etampes qui n'a rien noté
d'anormal ne passe pas auprès de ses militants : «Il serait dommageable que l'institution se contente de régler le
problème par un constat quasi définitif. Non, tout ne va pas bien dans l'école. Il faut engager une réflexion
profonde sur son fonctionnement.»
Risques du métier. Adhérente de la FAS, une enseignante à l'institut de formation des maîtres de Rouen va
plus loin : «Une entrée progressive dans le métier d'enseignant s'impose. Dans les lycées professionnels, elle a
existé, sous la forme d'un tutorat. Les gens ne se retrouvaient pas seuls devant une classe du jour au
lendemain.» Pour cette syndicaliste (Snes-sup), «le métier d'enseignant est de plus en plus complexe alors qu'en
parallèle le temps de formation diminue». A Montpellier, il y a plus de quinze ans, les formations initiales des
enseignants proposaient 36 heures de cours sur les «risques du métier». En 2003, cela se résumait à neuf
heures.
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23/01/2006 16:49