Sous la forme d`un dictionnaire botanique, ou Abécédaire

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Sous la forme d`un dictionnaire botanique, ou Abécédaire
Sous la forme d’un dictionnaire botanique, ou Abécédaire Métaphorique Appliqué au
Potager (AMAP), moins convenu (et épais) que ses frères Truffaut ou Clause, Louis
Dubost, en jardinier, poète et philosophe patenté, puisque retraité d’aucune de ces
qualités, définit ou commente alphabétiquement les variétés et vérités de son
potager (du politique au satirique, de l’historique au géographique, du littéraire au
gastronomique, du mythologique à l’écologique, de l’analogique à l’ithyphallique ou
du subversif à l’argotique), depuis ail jusqu’à tomate. Où l’on apprend que le
cannabis envoie les pucerons dans le grand trip et que les graines de citrouille
peuvent supplanter le viagra — le conte de la tradition populaire que reprirent
Charles Perrault puis les frères Grimm n’en était sans doute pas dupe… Ce petit
volume remarquable par une simplicité, une spontanéité et une absence de
prétention qui n’étonneront pas ceux qui connaissent l’homme et auteur, ex éditeur
semeur de dés et radis bleus en Vendée, est fourré de ces allusions coquines qui
laissent espérer au lecteur un nouveau volume dûment augmenté — poussé en
graine — et plus délibérément érigé par Eros après Diogène.
© Bernard Bretonnière, In Encres de Loire, Automne 2011, N°57
On le savait, débarrassé de sa musette d’éditeur, Louis Dubost, l’auteur, s’en donne
à cœur joie. Cette fois-ci, le cultiver son jardin de Candide devient l’adage number
one. Le professeur de philosophie en retraite mélange dans ses articles
alphabétiques, à la manière d’un dico perso de l’horticulture, métaphysique et
politique, poésie et humour, science et culture, légumes revigorants et insectes
prédateurs… En fin de compte, cette revue des fondamentaux du jardinage n’est que
le prétexte pour parler de soi, des autres, de tout, comme si le carré du refuge
voltairien renvoyait au cosmos dont il n’était qu’une particule infime mais
indispensable. Etoile de terre. (Linogravures d’Anah Merlet. Préface de Lucien Suel)
12 €.
© Jacmo, In Décharge n° 151
On pouvait s’attendre à « Dicotylédones » ou « Doryphores au potager ». Non, c’est
le philosophe Diogène qui émerge du tonneau servant à recueillir les eaux de pluie
pour commenter le microcosme du potager de Louis Dubost. Cet espace prend
parfois des allures malicieuses de monde politique en miniature. On y rencontre
même un nain de jardin qui n’est pas sans rappeler quelqu’un que Louis Dubost se
plait à railler.
Le fantôme de Georges Brassens, autre fumeur de pipe, pourrait se balader dans les
allées, certains textes de Louis, comme « Les gendarmes » ou « Le radis » (l’histoire
ne dit pas s’il est bleu), rappellent la truculence de l’auteur du « Gorille ».
Ceux sur les pommes de terre et les tomates, énumérant les noms des diverses
variétés, sont des bijoux.
Davantage qu’un lexique personnel du jardin, Louis Dubost nous ouvre une sorte de
bibliothèque potagère dans laquelle chaque légume, fruit, fleur, insecte renvoie le
lecteur à une référence politique, sociale, historique, littéraire, culturelle.
On trouve aussi, dans ce recueil, des indications intéressantes. Il n’est pas inutile à
notre époque d’apprendre que le cornichon n’absorbe aucune radioactivité. Si l’on
ajoute que l’espèce des cafards et autres blattes résiste à la destruction nucléaire, on
peut se faire une idée de nos futurs menus. Louis nous révèle également (meilleur
pour le moral) que les graines séchées d’une certaine citrouille auraient les mêmes
effets que le Viagra.
Ce livre, souvent drôle, m’a rappelé une comptine enfantine : « Au clair de lune / tous
les légumes / avaient envie de s’amuser… » Un ouvrage qui a le pouvoir de
convoquer notre enfance est forcément une lecture recommandable. À déguster à
l’ombre d’un fruitier du jardin, une poignée de cerises dans la main, en attendant de
dormir un jour « les pieds dans les glaïeuls » .
© Chantal Dupuy-Dunier, 2011

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