Transport IdF.indd - Fédération de Seine-et
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TRANSPORTS COLLECTIFS EN ÎLE-DE-FRANCE POUR UN SERVICE PUBLIC STRUCTURÉ, DÉMOCRATISÉ ET RENFORCÉ Nous assistons à une accélération de la libéralisation des transports en France. réclament ! Eux qui ne voient rien venir de l’État sur la modernisation de l’existant, et qui, depuis 2007, via leurs associations, demandent un plan Marshall sur le service public de transport en IDF. Alors que notre pays - grâce aux luttes des salariés des entreprises de transport et à la pression de l'opinion publique - a limité cette libéralisation, le gouvernement veut aujourd'hui rattraper ce qu’il juge être un retard. Le STIF doit avoir la maîtrise de l'ensemble des projets en Île-deFrance, dont celui du « Grand Paris ». Pourtant, sur impulsion de la commission européenne, les expériences d’ouverture des services publics aux intérêts privés devraient le faire réfléchir. À chaque fois, nous assistons à une dégradation des conditions de transport et une augmentation des tarifs pour les usagers. Avec le règlement sur les Obligations de Service Public (OSP), l’Europe des libéraux veut généraliser cette ouverture à la concurrence et exacerber la déréglementation. En allant plus loin que les textes européens ne l’y obligent, le gouvernement français ne tient compte ni de ces expériences, ni du droit des États au principe de subsidiarité. Par exemple, alors qu’une période de transition de 10 ans avant l’ouverture à la concurrence était possible, c’est dès la fin de cette année que toute nouvelle desserte de bus, de tramway, de métro ou de RER sera soumise à cette obligation. Il fait donc lui-même le choix de la concurrence et des intérêts privés. Il ouvre ainsi la voie à une privatisation du réseau de transports en Île-de-France. Il fait ce choix dogmatique alors que tous les experts s’accordent à dire que notre système de service public joue un rôle primordial d’amortisseur de la crise. Il passe en force, décide avec l'argent des autres, sans débat, foule au pied la démocratie locale, le rôle des élus régionaux, le dialogue social et ne met pas un centime dans la balance. La réforme des collectivités locales, le Grand Paris et le rapport Carrez sur son financement, la toute récente loi sur la régulation ferroviaire et diverses dispositions transports, suivent cette logique. Pourtant une autre politique est possible, répondant aux besoins des habitants, à l’exigence de développement et de bonne coordination des transports collectifs publics. C’est un besoin urgent, les usagers le Le gouvernement veut faire du « Grand Paris » sa chasse gardée. Il crée pour cela une nouvelle société (EPIC) pour réaliser les nouvelles lignes de métro automatique. Ces projets doivent être sous la responsabilité du STIF. Il faut en modifier la finalité : aujourd'hui ils ne visent qu’à relier les grands pôles d'activité entre eux. Ils ne visent pas à répondre aux besoins sociaux des populations de notre région. Ils vont accentuer les fractures sociales et territoriales pour servir l’ambition d’une « city parisienne » au sens de la célèbre « city Londonienne » qui a conduit à la crise financière. Le STIF doit être l'autorité organisatrice de l'ensemble du réseau sans exception avec pour opérateurs uniques et spécifiques la SNCF et la RATP. Le financement privé des transports, les « partenariats public-privé » ont partout démontré leur nocivité : en Grande-Bretagne avec la faillite de Railtrack et Metronet ensuite renationalisés, en Île-de-France avec le cas Orlyval confié à la RATP après la défaillance de l’opérateur privé. Nous nous opposons donc au statut privé des projets de nouveaux métros et de la liaison « Charles-de-Gaulle express » à laquelle les Franciliens et les salariés de l'aéroport n'auraient pas accès avec la carte orange. Pour que soit garanti un haut niveau social et de qualité, le STIF doit être l’autorité organisatrice de tout le réseau. Il doit confier la réalisation et l’exploitation des futures lignes en Île-de-France à la SNCF et à la RATP. C’est le moyen indispensable pour que les transports ne soient pas soumis aux intérêts privés d’une poignée d’actionnaires. Ces entreprises doivent être confortées dans leur territoire actuel et désignées comme les opérateurs des nouvelles dessertes. Dans cette optique, leurs stratégies de développement doivent être réorientées pour privilégier la réponse aux besoins des habitants. Le STIF doit inclure dans tous les cahiers des charges et contrats de transport des clauses sociales de haut niveau. En même temps, nous nous prononçons pour une démocratisation du STIF qui doit accueillir au sein de son Conseil d’Administration des représentants des usagers et des salariés de la région. sur la création d’un pôle financier public. Nous proposons aussi le doublement du versement transport qui repose lui sur les entreprises, les richesses créées, plutôt que d’accroître la fiscalité individuelle socialement injuste. Ces mesures permettraient d’aller plus vite dans la modernisation du réseau et éviteraient de faire supporter ces investissements aux familles. Enfin il faut créer une carte orange unique dont le prix serait calé sur les deux premières zones, et prévoir son paiement intégral par les employeurs au titre de la prise en charge des coûts domicile-travail. La SNCF et la RATP doivent demeu- Nous proposons la création d'un rer ou redevenir des entreprises Pôle Public National de Transports Publics. publiques nationales intégrées. L'expérience est faite depuis plus de 10 ans : la séparation de la SNCF et de RFF est nocive pour les transports. Nous devons réintégrer les infrastructures au sein de la SNCF, la dette étant reprise par l'État. De même, nous refusons la séparation des infrastructures et du matériel de la RATP induite à terme par la loi que le gouvernement vient de faire passer en force. Au sein d’une même entreprise, la coexistence des fonctions d’exploitation, d’étude et de maintenance des infrastructures et du matériel est un atout irremplaçable pour des transports de qualité. Elle doit être préservée. Le STIF doit avoir les moyens de sa politique. L'État reconnaît lui-même que l'enjeu des transports en Île-de-France dépasse la vie quotidienne des Franciliens. C'est un enjeu national. Comme il a su le faire pour sauver les banques ou relancer l'automobile, l'État doit investir massivement dans les transports franciliens à hauteur de 50 % des investissements. Pour tous ces investissements à caractère de service public, qui, de plus, permettent de lutter contre les gaz à effet de serre, le STIF doit avoir accès à des taux d’intérêts d’emprunts identiques au taux interbancaire (environ 0,5 %). Cela permettrait d’économiser 10 milliards d'euros puisque le rapport Carrez prévoit lui 4,7 %. La mise en œuvre de cette proposition s’appuierait Ce pôle serait un outil industriel national à la disposition des collectivités locales pour assurer le droit au transport pour tous et l’égalité de traitement. Il se doterait de délégations régionales. Son conseil d’administration serait essentiellement composé d’élus, de représentants d’usagers et de salariés des entreprises concernées. Il serait un outil pour assigner aux opérateurs de transport les obligations prioritaires de service public et des critères sociaux et écologiques impératifs : des finalités résolument alternatives à la recherche de rémunération des actionnaires et aux choix actuels des entreprises publiques. Il contrôlerait l’usage des fonds publics alloués. Il mettrait à disposition des autorités organisatrices, dont le STIF, l'ingénierie d'exploitation et d'organisation des transports. Sa composition aurait pour colonne vertébrale la SNCF et la RATP, ce qui permettrait, de fait, d'éliminer le principe de concurrence et d'opposition entre ces deux entreprises. Le besoin de qualité et de sécurité dans les transports exige des qualifications de haut niveau et reconnues. Le pôle public aurait pour mission de mettre en place un véritable statut du salarié du transport prenant comme repère les garanties statutaires et réglementaires actuelles les plus avancées. Ensemble, comme pour la poste, le choix du service public de transport, c’est possible, c’est nécessaire !