HYACINTHE ET ROSE Huma.fr

Transcription

HYACINTHE ET ROSE Huma.fr
Carte blanche à François Morel
Avec Hyacinthe et Rose, l’auteur-acteur fait valser les sentiments pimentés d’espièglerie.
Dans un décor de cirque à la Fellini, on y joue et on y chante de toutes les manières.
Le musicien met en marche un tourne-disque, tapote un piano, souffle dans un tuba, essaie
une trompette, et installe des clochettes en bord de scène. L’acteur joue des clochettes,
debout, dos au public. C’est par un bricolage, une sorte de petit cirque à la Fellini pour deux
clowns, que commence Hyacinthe et Rose, spectacle de François Morel et de son complice
Antoine Sahler.
Et l’on devine que cela ne peut se passer que dans une maison à l’ancienne, avec jardin de
fleurs. Justement, on joue, on chante de toutes les manières « Qui peut dire où vont les fleurs
du temps qui passe / Qui peut dire où sont les fleurs du temps passé », la mélodie de Pete
Seeger, qui, à peine fredonnée, devient obsédante. L’obsession de Morel, c’est la vie
merveilleuse, l’été, chez Hyacinthe, le grand-père, et Rose, la grand-mère. Fiction, dit
l’auteur, qui vous a tout de même un air d’autobiographie. Hyacinthe est coco et Rose est
catho, mais ils se retrouvent dans l’amour des fleurs. Tout les oppose, le curé de Rose et les
camarades de Hyacinthe, mais parlez-leur de dahlias, d’iris, de roses, et les voilà unanimes.
François Morel fait de ce récit léger un conte sentimental comme on n’en fait plus, puisqu’il
est entendu que les bons sentiments font de la mauvaise littérature dans les livres ou sur
scène. La cruauté des rapports humains, assortie d’un brin de cynisme et d’un zeste de
violence, est plus dans le goût de l’époque. Il faut dire que l’acteur assaisonne la fable, la
bonté qu’elle respire, avec les condiments de la drôlerie qui lui est familière depuis les Deschiens et jusque dans sa chronique du vendredi sur France Inter. Cela donne un plat dont
la philosophie pointe le nez : rien comme l’amour se partageant entre Rose et Hyacinthe,
entre le tendre et le rude n’élève mieux les enfants et ne les arme pour la vie. À eux de se
débrouiller ensuite.
Charles Silvestre
Hyacinthe et Rose, de et avec François Morel, mis en musique par Antoine Sahler, jusqu’au 2 mars. En
parallèle, à 21 heures, Instants critiques, La Pépinière théâtre. Carte blanche à François Morel jusqu’au
29 juin : 01 42 61 44 16.

Documents pareils