01 2015 Tract Marafa Boko Haram - Cameroon

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01 2015 Tract Marafa Boko Haram - Cameroon
Marafa Hamidou Yaya, prisonnier politique au Cameroun : Contre le terrorisme, pleurons ensemble nos morts, et combattons ensemble nos ennemis
Tribune parue dans Le Monde le 20 janvier 2015
sous le titre : «Contre le terrorisme, défilons aussi à
Abuja et à Yaoundé »
Les attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher ont plongé la France dans le
quotidien du Nigeria et du Cameroun. Mais le terrorisme islamiste ne mettra pas la
France à genoux. Car elle a les moyens de déjouer la plupart des projets d’attentat et de
neutraliser les responsables des attaques commises. Ses institutions, son économie, son
unité sont par ailleurs bien trop solides pour être perturbées durablement.
Le Nigeria et le Cameroun sont dans une situation autrement plus critique. Par
l’ampleur des violences tout d’abord. Le tribut en vies civiles et militaires est inouï.
Début janvier, Boko Haram a massacré des milliers de civils à Baga, des dizaines à
Waza et à Mozogo. Le 8 janvier, une fillette de 10 ans a été utilisée comme bombe
humaine dans le marché de Maiduguri.
Puis, parce que l’Etat n’exerce plus qu’un contrôle incertain sur les territoires où
agissent les terroristes. Ceux-ci franchissent librement la frontière entre les deux pays
pour échapper aux armées nationales. A cela, il faut ajouter la destruction du tissu
économique et social.
Sous-investissement chronique
Au Nigeria, à Baga, Boko Haram a détruit plus de 600 bâtiments, dont des cliniques, des
écoles et des commerces. Au Cameroun, le nord souffrait déjà depuis trente ans d’un
sous-investissement chronique. Désormais, le chaos décourage les investisseurs et la lutte
contre le terrorisme est financée avec des crédits destinés à des projets
d’infrastructures. Sodecoton, le principal employeur de la région, est au bord de la
faillite. Or, il fait vivre près de 2 millions de personnes.
: Comité de libération des prisonniers politiques au Cameroun
C/o «KADDOUR FERID» 70 rue Jean Pierre Timbaud 75011 Paris
: 06 41 0014 31 @:[email protected]
: http://www.cl2p.org : @camerliberation Avec l’afflux de réfugiés, l’ONU parle de crise humanitaire majeure, qui va s’aggraver
dès le mois de mars avec l’arrivée de la saison de la sèche et des épidémies. Le reste du
pays regarde avec méfiance ces provinces, de l’extrême-nord à l’Adamaoua, où, sans
perspectives, des jeunes se laissent happer par l’extrémisme.
L’isolement de ces populations, s’il n’est pas inversé, met en péril l’unité nationale. Sans
doute moins au Nigeria. Dans une certaine mesure, Boko Haram y est un nouvel avatar
du sécessionnisme, le pays a donc acquis une longue expérience de la gestion des
poussées sécessionnistes. Il a su surmonter sans éclatement les plus graves d’entre elles,
comme la guerre du Biafra.
Mais, si son degré de magnitude n’est pas le même en France, au Nigeria et au
Cameroun, c’est bien d’une menace commune qu’il s’agit. Pleurons ensemble nos morts,
et combattons ensemble nos ennemis.
Aucun chef d’État étranger à Abuja ou à Yaoundé
Renforçons dès aujourd’hui la coopération internationale contre l’extrémisme islamiste,
quel que soit le nom qu’il se donne, Al-Qaida, Etat islamique, Boko Haram. Le
dimanche 11 janvier, les 4 millions de Français qui ont défilé ont été rejoints par des
amis venus du monde entier, dont plus de 50 dirigeants internationaux. Cette unanimité
est son meilleur rempart contre le terrorisme.
Les populations du Nord-Est du Nigeria et du Nord du Cameroun vivent, elles, comme
livrées à elles-mêmes. Un jour elles sont sous le feu des terroristes, le lendemain sous
celui de la riposte des armées nationales. Le reste du pays ne descend pas dans les rues
pour leur dire son soutien. Aucun chef d’Etat étranger ne défile pour elles à Abuja ou à
Yaoundé.
Il faut que dans les mois qui viennent, des marches soient organisées sur les lieux des
massacres de Boko Haram. Que Nigérians, Camerounais et les représentants de leurs
amis en Europe, en Afrique et ailleurs montrent un front uni. Qu’ils disent, après « Je
suis Charlie » : « je suis Baga », « je suis Maiduguri », « je suis Waza », « je suis
Kolofata ».
LIBÉREZ MARAFA HAMIDOU YAYA
* Condamné à vingt-cinq (25) ans de prison pour "détournement intellectuel de deniers
publics" en septembre 2012, M. Marafa Hamidou Yaya est actuellement incarcéré au
Secrétariat d'État à la Défense (SED) du Cameroun. Il est reconnu prisonnier politique
par la communauté internationale.
: Comité de libération des prisonniers politiques au Cameroun
C/o «KADDOUR FERID» 70 rue Jean Pierre Timbaud 75011 Paris
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