jf cope programme-1-2
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6 juillet 2016 Jean-François Copé : « Les classes moyennes sont les grandes victimes de la politique menée depuis dix ans » Jean-François Copé, candidat à la primaire de la droite, présente les grandes lignes de son projet économique, après l'adoption samedi par Les Républicains d'un corpus pour 2017. Nicolas Sarkozy a fait valider le projet des Républicains pour 2017. Vous avez décidé de ne pas le voter. Pourquoi ? C'est le projet de Nicolas Sarkozy, pas le mien ! Il y a beaucoup de points de convergence, mais je le trouve trop tiède. Surtout, il ne répond pas à la question que nous posent tous les Français : qu'est-ce qui nous prouve que vous ne reculerez pas ? Et que vous ferez demain, ce que nous n'avez pas fait hier ? J'ai sur ce point des divergences de fond avec Nicolas Sarkozy sur la méthode et sur les propositions. Lesquelles ? Il veut gouverner par référendum, comme les autres candidats, et je suis résolument hostile à cette méthode. Ils n'ont donc tiré aucune leçon du fiasco du Brexit ? La vraie démocratie, celle qui permet de gouverner, c'est l'élection présidentielle sur la base d'un projet clair, argumenté, chiffré. Et, pour le mettre en oeuvre, ma méthode, c'est le gouvernement par ordonnances, seul capable de débloquer la situation avec des décisions prises très rapidement. En clair, il y a 15 décisions à prendre pour remettre le pays en ordre de marche : sur la fin des 35 heures, la réforme des retraites... Après les législatives, elles peuvent être adoptées et ratifiées en deux mois. Le reste du quinquennat sera consacré à les appliquer et à les évaluer. Cette méthode est-elle réaliste quand on voit déjà les blocages autour de la loi El Khomri ? C'est un choix stratégique que les Français vont devoir faire en 2017 : continue-t-on à cogérer dans la mollesse avec des syndicats ultra-minoritaires dont certains versent dans la violence ou change-t-on la règle du jeu ? Contre cette prise en otage, je propose une réforme radicale du fonctionnement et du rôle des syndicats. La clef, c'est la généralisation de la consultation des salariés dans les entreprises, sans passer par le filtre syndical. Si le vote d'un projet par les salariés est positif, rien ni personne ne pourra l'empêcher. Ensuite, les droits de grève et de manifester sont intangibles, mais les blocages et la casse doivent être sanctionnés par un licenciement pour faute lourde et des sanctions pénales. Le service minimum doit être généralisé à tous les secteurs stratégiques. Je souhaite aussi la fin du paritarisme dans la gestion des caisses de Sécurité sociale, qui n'a plus aucun sens aujourd'hui. L'Etat doit reprendre la main. C'est cela la droite décomplexée, qui ne recule plus. Vos concurrents à la primaire affichent pour objectif le plein-emploi. Est-ce crédible ? Les Français ne croient plus aux promesses qui ne sont pas assorties d'un modus operandi. La gauche a commis trois erreurs majeures, avec la retraite à soixante ans, les trente-cinq heures et l'explosion de la fiscalité. L'erreur historique de la droite, c'est de n'avoir jamais osé revenir dessus ! Elle a reculé sur les retraites - le maintien des régimes spéciaux le prouve -, sur la fin des 35 heures et sur les impôts - puisque, à la fin du quinquennat SarkozyFillon, ils ont été augmentés d'une trentaine de milliards. On peut comprendre que les Français aient des doutes lorsqu'ils voient les mêmes promettre la main sur le coeur que, cette fois-ci, cela sera différent. Mais en quoi votre projet diffère-t-il des autres ? Aujourd'hui, l'Etat est omniprésent dans l'économie et très absent dans le régalien : je veux qu'on fasse l'inverse. Pour cela, il faut libéraliser vraiment le marché du travail pour tenir compte de la révolution résultant du numérique, avec un Code du travail totalement repensé et le référendum d'entreprise comme clef de voûte du système. Les solutions sont archiconnues, elles ont été évoquées avec la loi El Khomri. Encore faut-il passer à l'acte ! J'ajoute une mesure symbolique très forte avec l'attribution d'un numéro de Siret à chaque jeune à l'âge de seize ans. Quant au CDI à vie dans une même entreprise, correspond-il encore à la réalité ? Il faut ensuite une baisse immédiate des impôts de 50 milliards d'euros, dont 35 milliards pour les entreprises, avec 5 milliards de réduction de l'IS et 30 milliards de baisse de charges transférées sur la TVA. Je supprimerai aussi l'ISF pour faire revenir les investisseurs. L'originalité, elle n'est pas tant dans le fait d'énoncer ces propositions que de les mettre en oeuvre, enfin ! Revue de Presse du Monde de la Propreté du 6 juillet 2016 18 CLIQUEZ ICI POUR REVENIR AU SOMMAIRE Nicolas Sarkozy a critiqué toute hausse de la TVA, car il veut s'adresser aux « plus modestes »... L'augmenter de trois points, est-ce tenable ? C'est une nouvelle illustration de ce que Nicolas Sarkozy risque de ne rien changer ! La TVA antidélocalisation a été le premier recul de 2007. C'est pourtant le seul moyen de réduire le coût du travail immédiatement. Aujourd'hui, notre problème n'est pas un problème de demande, mais d'offre. Notre appareil productif a besoin de ce choc de compétitivité comme il a besoin de moins de réglementation. Trois points de TVA, ce n'est qu'un alignement sur la moyenne européenne et cela n'aura aucun effet sur les prix. Il faut aussi revenir à l'universalité des allocations familiales et baisser de 5 milliards d'euros l'impôt sur le revenu pour les classes moyennes, qui, en réalité, sont les grandes victimes de la politique conduite ces dix dernières années. Côté baisse des dépenses, vous proposez la fin de l'emploi à vie des fonctionnaires. Est-ce possible ? Rien ne justifie le maintien de l'emploi à vie dans les fonctions publiques. Il faudra donc y mettre fin pour les nouveaux entrants, passer aux 39 heures et renouer avec la règle du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Mais, attention, et c'est une différence majeure avec mes concurrents, je propose aussi de créer 50.000 postes en CDI dans la police, la gendarmerie, la magistrature, la pénitentiaire et l'armée... Après le Brexit, vous vous opposez à un nouveau traité et à un référendum. Pourquoi ? Arrêtons les effets d'annonce qui bernent les gens ! La première leçon du Brexit, c'est que les dirigeants britanniques ont joué avec le feu et en récoltent aujourd'hui les cendres. Mais un traité, c'est une négociation interminable à 27 et donc, à l'arrivée, un accord à l'eau tiède. Pour rénover Schengen, un règlement suffirait. Pour que les choses changent vraiment, il faut qu'un petit groupe d'Etats se mettent d'accord pour financer des gardes-frontières aux frontières extérieures et repenser leur politique de droit d'asile. Sur la question de la « bureaucratie » bruxelloise, soyons honnêtes : je constate que les directives en Allemagne sont transposées dans l'intérêt des Allemands, quand en France on les transpose dans l'intérêt de l'administration. C'est cela qui ne va pas ! Je propose de détransposer les directives et de les retransposer en les alignant sur ce que font nos voisins allemands. Le problème, ce n'est pas l'Europe, c'est d'abord la faiblesse de ses Etats membres, dont la France. Manuel Valls menace de ne plus appliquer la directive sur les travailleurs détachés... Je le soutiens sur ce point. Cette directive est le maillon faible dans notre relation sociale à l'Europe. Elle n'est pas tenable en l'état. Le Premier ministre a encore recours au 49-3 sur le projet de loi El Khomri. Approuvez-vous cette marque d'autorité ? C'est surtout une nouvelle illustration de l'extrême faiblesse de sa majorité ! 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