Rires et embrouilles en gare de Bulle - La Gruyere Online

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Rires et embrouilles en gare de Bulle - La Gruyere Online
Samedi cinéma
2
PAR YANN GUERCHANIK
Gruyère
La Gruyère / Samedi 10 mars 2012 / www.lagruyere.ch
Rires et embrouilles
en gare de Bulle
Au milieu des singes blancs géants aux crocs qu’on dirait des défenses de mammouth, John Carter, sans peur et sans reproche.
Mars, de la vie
et de la baston
David Bowie a trouvé sa réponse. Is there life on Mars?
Oui. Et pas qu’un peu. Des singes blancs géants aux crocs
qu’on dirait des défenses de mammouth, des bipèdes verts
à quatre bras, des chiens-lézards à la gueule hérissée de
piques. Au milieu: John Carter, un officier de la guerre civile
américaine qui se retrouve télétransporté sur la planète
rouge.
Bref, le film s’annonce pour le moins chamarré. On s’attend au pire, à une betterave du genre Cowboys & aliens.
Pourtant, le visuel surprend d’abord par sa cohérence d’ensemble. En maître de la palette graphique, Andrew Stanton
limite la casse. Avec à son actif des films comme Wall-E ou
Le Monde de Nemo, le réalisateur américain a prouvé qu’il
savait orchestrer une opérette de synthèse.
Dans John Carter, il n’est pas question d’autre chose: une
«symphonette» d’images numériques explosives, de l’action
en savonnette. Ça pique un peu les yeux, mais en même
temps ça fait des bulles et c’est chaleureux. Y’a des vaisseaux qui se tamponnent dans
les airs, des bestioles qui s’affrontent dans des jeux du cirque inUne symphonette
C’est bien fait, ça
d’images numériques tergalactique.
passe le temps. Tout cela vaut
explosives, de l’action bien le commencement du début
en savonnette.
d’un ✔ , mais sans la queue.
Parce qu’après, bon sang, ça se
gâte.
Andrew Stanton n’éprouve
pas de difficulté à faire sauter Carter dans tous les sens et à
le faire poursuivre par des monstres baveux. Cela se corse
quand son bonhomme doit dire quelque chose et que l’action s’apaise. Comme le prouve ce bel extrait de dialogue
lorsque le héros et sa princesse (parce qu’il y en a une…
n’oublions pas que nous sommes chez l’oncle Walt) découvrent un code secret. Lui: «Qu’est-ce que ça veut dire?» Elle:
«Je ne sais pas.» Lui: «Oui d’accord, mais tu as peut-être une
idée.»
En même temps, Andrew Stanton a bien dû se rendre
compte qu’il lui serait difficile de décrocher la lune. Pas avec
un héros tout en muscles inversement proportionnels au talent de comédien et une princesse plus proche de Madame
Bovary que de Leia Amidala Skywalker. En s’inspirant du
papa d’Emma, on dira qu’entre deux scènes de baston réussies, il a tourné des séquences à faire danser les ours, quand
il aurait voulu attendrir les étoiles. ■
John Carter, d’Andrew Stanton, avec Taylor Kitsch (quel
heureux hasard que ce nom), Lynn Collins, Willem Dafoe (de
toute manière méconnaissable sous son masque numérique
de monstre vert), Mark Strong (dans un rôle de méchant encore, mais moins convaincant), le tout estampillé Walt Disney
NOTRE AVIS: ✔✔✔✔
LE FILM QU’ON N’A PAS VU
●●●
Emotion québécoise
MONSIEUR LAZHAR.
Après la comédie dramatique
sous forme de critique sociale
à l’anglaise, qui navigue entre
émotion et grosse dépression
(selon qu’elle ait été réalisée
par Mike Leigh ou Ken
Loach), voici venu la chronique sociale version québécoise.
Reçu avec émotion par les
7000 spectateurs de la Piazza
Grande l’été dernier au Festival de Locarno, Monsieur Lazhar raconte l’histoire d’un Algérien fraîchement débarqué
à Montréal. Après le suicide
d’une enseignante (elle s’est
pendue dans sa propre
classe), Bashir Lazhar se propose de la remplacer. Le voilà
au contact d’élèves confrontés un peu trop tôt dans leur
existence à un drame.
Sur le thème de la chrysalide, Monsieur Lazhar va s’attacher à l’épanouissement de
ces enfants autant qu’à leur
instruction. Ce qui ne sera
pas du goût de tous les parents. KA
Monsieur Lazhar, de Philippe
Falardeau, avec Mohamed Fellag
Jeudi après-midi, François l’embrouille perpétrait ses gags à la gare de Bulle. TPF
CAMÉRA CACHÉE.
En uniforme des TPF,
l’humoriste belge
François l’embrouille
a surpris les voyageurs
jeudi.
YANN GUERCHANIK
En se rendant au guichet de la
gare de Bulle jeudi après-midi,
les voyageurs faisaient une
drôle de rencontre. Un homme
en uniforme TPF, grand, des
yeux de cocker, les faisait tourner en bourrique. Sans le savoir, ils avaient affaire au redoutable François l’embrouille.
De son vrai nom François Damiens, un humoriste belge spécialisé dans les canulars et les
caméras cachées déjantées.
François l’embrouille a
choisi la Gruyère pour perpétrer ses gags. A 37 ans, il a plus
de 300 caméras cachées à son
actif, dont certaines ont pris
pour cible des personnalités
comme Céline Dion ou Jamel
Debbouze. Très populaire en
Belgique, il a connu le même
succès en France à partir de
2004, avec la diffusion de ses
gags sur Canal+. Ses vidéos sur
internet ont été cliquées des
centaines de milliers de fois.
Comme François Damiens
est devenu de plus en plus reconnaissable, la gare de Bulle
semblait un territoire vierge
tout indiqué parmi les différents lieux choisis en Suisse.
«Nous avons été emballés par
le projet», s’exclame Martial
Messeiller, responsable de la
communication des TPF. Les
Transports publics fribourgeois
ont néanmoins posé certaines
conditions: «Il fallait notamment épargner les personnes
fragilisées ou celles qui voulaient un billet tout de suite,
afin qu’elles ne ratent pas leur
train.»
Contre un uniforme et une
place derrière le guichet,
les TPF pouvaient également
compter sur l’engagement de
la société de production: «Nous
réalisons toutes les caméras
cachées de manière «bon enfant», communique la production. Les personnes piégées
sont prises en charge par
l’équipe après la caméra cachée. Aucune séquence n’est
diffusée sans l’autorisation
écrite des piégés.» On ne sait
pas encore quand est-ce que
les séquences tournées à Bulle
seront diffusées.
L’humoriste s’est déclaré surpris
“
par le nombre de gens qui l’ont
reconnu.
”
MARTIAL MESSEILLER, TPF
rencontrer l’humoriste dont il
s’avoue volontiers fan (voir
photo). «Quand je suis arrivé, il
avait déjà terminé, sans quoi je
serais allé prendre un billet
pour me prêter au jeu, s’amuse
le Bullois. J’ai eu la chance de
rencontrer pas mal de gens
connus, entre autres Bono de
U2, mais François l’embrouille
arrive avant tous les autres.
J’adore ce qu’il fait!»
François l’embrouille a effectivement renouvelé le genre
par son originalité et sa capacité à naviguer entre impertinence et provocation. Mais il
lui faudra se faire une raison,
il devient trop connu pour la
caméra cachée, même au pied
du Moléson. Voilà pourquoi
on le voit de plus en plus sur
le grand écran où il poursuit
une carrière déjà bien engagée. Dans Taxi 4, Rien à déclarer ou dernièrement au côté
d’Audrey Tautou dans La Délicatesse. ■
Connu jusqu’en Gruyère
Si plusieurs personnes se
sont fait avoir par ce guichetier
impossible, toutes n’ont pas
mordu à l’hameçon. «L’humoriste s’est déclaré surpris par
le nombre de gens qui l’ont
reconnu», indique Martial Messeiller. Très vite, la nouvelle
s’est répandue comme une
traînée de poudre, de tweets en
posts Facebook.
Un Bullois n’aurait raté ça
pour rien au monde. Dominique Tafani, vidéaste à ses heures, s’est rendu à la gare dès
qu’il a appris la nouvelle. Il a pu
Certains fans l’ont reconnu, comme le Bullois Dominique Tafani
(à gauche) qui a immortalisé sa rencontre avec l’humoriste à l’aide de
son smartphone.

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