L`amant virtuel se fait extorquer 42 000 francs

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L`amant virtuel se fait extorquer 42 000 francs
04.03.2016, 00:01
L’amant virtuel se fait extorquer 42 000
francs
La victime qui dialoguait avec l’accusée via l’internet a payé des dizaines de milliers de francs de peur de voir apparaître des
images compromettantes sur les réseaux sociaux. DR
PAR GILLES BERREAU
PROCÈS - Une Valaisanne avait fait chanter un homme après l’avoir séduit sur le site de rencontres Badoo.
«Il m’a demandé des photos de moi en sous-vêtements», raconte cette Bas-Valaisanne devant le juge Stéphane
Abbet. Hier matin, cette jeune femme était jugée par le Tribunal de Martigny pour extorsion et chantage. En effet,
elle est parvenue à soutirer la coquette somme de 42 000 francs à un jeune Valaisan, simplement en prétendant
détenir des photos compromettantes.
Madame, qui travaillait par le passé dans un métier du bâtiment, avait rencontré monsieur virtuellement, par le biais
du site de rencontres Badoo. Courant 2014, les messages échangés sur ce site de rencontres deviennent très chauds
et à caractère clairement sexuel.
Lorsque l’homme lui demande des photos déshabillées, madame s’exécute… contre le paiement de 500 francs.
«C’est un simple échange», dira l’avocat de l’accusée. Pour Me Richard-Xavier Posse, «lorsque l’on va sur un site de
rencontres rapides, la prudence est de mise». Mais l’accusée est allée bien plus loin. Voyant en ce Valaisan le pigeon
idéal, la jeune femme échafaude alors un plan pour obtenir de l’argent, afin de rembourser des dettes et se faire
plaisir.
Dès lors, elle n’a plus cessé de le menacer de dévoiler leurs discussions intimes à sa famille et à sa copine. Elle
prétendait aussi détenir des photos compromettantes de l’homme, affirmant qu’elle pouvait les diffuser sur les
réseaux sociaux s’il ne payait pas.
Trop naïf?
Mais pour la défense, qui plaide l’acquittement, il n’y a pas eu chantage pour la bonne raison que les photos
n’existent pas. Pour Me Posse, «monsieur ne doit s’en prendre qu’à lui-même, puisqu’il a été particulièrement naïf».
L’accusée abonde dans ce sens: «J’ai été surprise qu’il me verse tout l’argent que je demandais.» Et, hier, elle n’a
d’ailleurs exprimé aucun regret.
Il ne savait pas si elle bluffait
Il n’en demeure pas moins que ce carreleur qui gagnait 5000 francs par mois s’est exécuté, car il a bel et bien cru à la
supercherie. Tant et si bien qu’il s’est mis à payer des sommes importantes, de crainte de voir son couple voler en
éclats (sa femme était enceinte à l’époque). «Il a cru qu’elle détenait vraiment des photos compromettantes de lui,
ne pouvant pas savoir si elle bluffait ou non, car il ne comprend pas grand-chose à l’internet», dira son défenseur.
Huit fois son salaire
Et Me François Charlet de préciser que son client avait vraiment peur, puisqu’il a versé en moins de quatre mois
l’équivalent de huit fois son salaire. Des montants allant de 3500 à 14 000 francs. Et tout cela sans avoir jamais vu
cette femme, sinon sur le web…
Pour sa part, l’accusée ne s’en sort pas indemne. «A la suite de cette affaire, mon compagnon a décidé de s’en aller»,
a-t-elle confié au juge. Lorsque ce dernier lui demande si elle entend rembourser sa victime, elle répond: «Oui… dans
la mesure de mes capacités.» Or, cette mère célibataire sans travail vit chez ses parents et ne touche ni le chômage,
ni l’aide sociale. Autant dire que son amant virtuel ne va pas récupérer facilement son argent.
Le verdict sera communiqué ultérieurement.
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