Sécheresse

Fiche rédigée par Éric Vigo
Images de presse
Sécheresse
Plantu / Bruno Stevens
© Plantu (France), 1983
Paru dans Le Monde (Paris) le 22 décembre 1983.
© Bruno Stevens / Cosmos for WFP, 2006
« Bore Hole 11 », nord-est du Kenya, mars 2006. Saddam Sura est un « déclassé », un parmi le million de bergers semi-nomades
qui quittent la savane pour aller vivre dans des camps près des villages, abandonnant leur mode de vie traditionnel, tandis que
leurs troupeaux sont décimés par une sécheresse persistante. (V.O. page 3)
© CRDP de l’académie de Versailles – 2010
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Images de presse
Fiche rédigée par Éric Vigo
Sécheresse
Plantu / Bruno Stevens
Le fait
Depuis plusieurs années, le Kenya connaît dans certaines régions du Nord et de l’Est une sécheresse persistante. Les causes en sont discutées : un effet du réchauffement climatique ? Celui d’une mauvaise gestion
des ressources naturelles ? Ou, plus probablement, les deux conjugués ? De plus en plus de territoires kényans sont en effet touchés par la déforestation qui a un impact direct sur la capacité des sols à retenir l’eau.
Il semble que les problèmes anciens de sécheresse et de famine que connaissaient le Soudan, l’Éthiopie et
la Somalie, pays voisins au nord du Kenya, s’étendent à ce dernier. Toute l’Afrique du Nord-Est serait alors
soumise aux mêmes difficultés.
Une des nombreuses conséquences de ce phénomène est le déplacement de populations, forcées de se
regrouper autour de petits centres urbains pour recevoir l’aide humanitaire. Pour les éleveurs nomades,
après la perte de leurs troupeaux, leur seule richesse, cela représente aussi le risque d’entrer en conflit avec
les populations déjà installées et l’abandon de l’école pour leurs enfants.
Focus
Au lieu de mettre en scène, comme il aurait pu le faire, un ou plusieurs personnages autour d’un puits
asséché, Plantu choisit de raccourcir son discours visuel en réunissant un Africain assoiffé et la géographie
de l’Afrique en une seule forme.
On retrouve dans cette forme la silhouette caractéristique du continent africain, dessinée d’un trait à la fois
épais et sinueux. Vient se superposer à ce contour un visage d’homme qui guette la chute d’une unique
goutte d’eau.
À l’aide de trames de boucles pour les cheveux et de hachures pour le reste, le visage est modelé fermement. La chevelure recouvre le Maghreb et l’Afrique de l’Ouest. L’œil suppliant se loge en Libye, couronné
de trois petits traits qui soulignent l’attente anxieuse. La bouche grande ouverte, gigantesque, pour souligner la soif, est placée entre la fin du canal de Suez sur la mer Rouge et l’extrémité de la corne de l’Afrique
en Somalie.
Ainsi, en même temps, Plantu résume le problème de la sécheresse et de l’alimentation en eau des populations et en montre l’étendue catastrophique. Voilà bien des idées concentrées en un seul dessin.
La photographie de Bruno Stevens n’est pas une image prise isolément, mais fait partie d’un reportage
dans lequel le photojournaliste montre les problèmes des habitants de la région. Ce n’est pas une photo
posée habilement pour magnifier un paysage ou un visage. C’est une image brutale d’une réalité encore
plus brutale.
Un paysage semi-aride occupe les deux tiers de l’image en hauteur : sol sableux rouge, buissons secs, petits
arbres verts dispersés. Au second plan, les taches claires des cadavres d’un troupeau de bovins. Plus une
seule bête debout. Manifestement, ils sont morts épuisés par la faim.
Au premier plan se tient un garçon, presque un adolescent, cadré aux épaules. Sa posture en dit long sur
la gravité du désastre visible derrière lui. Tête basse, visage fermé, regard dur, que regarde-t-il ? Voit-il vraiment le photographe le prendre en photo ? Il est absorbé en lui-même, choqué par la perte du troupeau. La
légende de l’image le présente comme un déclassé (dropout). Son mode de vie nomade, celui de sa famille
depuis des générations, vient de se briser là. Dès lors, quelle va être son existence ? Par son cadrage qui a
su saisir à la fois le regard de l’enfant et les animaux morts, Stevens concentre dans son cliché le désespoir
de la situation.
Voilà deux images qui délivrent un message fort sur la sécheresse en concentrant un maximum de sens avec
un minimum de moyens. Le dessin en se situant au niveau du continent, la photographie en partant d’un fait
particulier.
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Fiche rédigée par Éric Vigo
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Activités
L’enseignant adaptera ces brèves propositions pédagogiques aux besoins de ses élèves. Pour le second
degré, les activités suggérées pour le premier degré pourront être reprises et approfondies.
À l’école
• Recueillir les premières impressions des élèves devant le dessin de Plantu. Proposer une situation de création dans laquelle des formes d’objets seront traitées de manière anthropomorphique dans le but de
représenter des expressions humaines ; puis une situation de création à partir de cartes géographiques.
• Rechercher d’autres images dans lesquelles une forme peut représenter deux choses à la fois, et suggérer
une situation de création d’une image présentant un dualisme.
• Décrire par plans (premier plan, arrière-plan) la construction de la photographie. Relever les éléments qui
suggèrent la localisation de cette scène, puis ceux qui évoquent la souffrance, la désespérance. Les élèves
en déduisent-ils le sens général de cette photographie ? Lui trouver un titre.
Au collège et au lycée
• Proposer une situation de création plastique dans laquelle une scène construite ou saisie à l’arrière-plan
donnera son sens à un élément donné dans le premier plan. Ou inversement, une situation de création
plastique dans laquelle le premier plan éclairera le sens de la scène donnée à l’arrière-plan. Rechercher
d’autres images dans lesquelles l’utilisation d’un premier plan proche sert à la composition de l’espace.
• Collecter des informations sur les contextes géographique, économique et politique du problème rencontré : sécheresse, déforestation, désertification, sédentarisation des populations nomades, distribution
de l’aide humanitaire, scolarisation.
Pour aller plus loin
Des sites
„„ www.plantu.net
Le site du dessinateur Plantu
„„ www.lightstalkers.org/bruno
„„ http://bruno.photoshelter.com
Deux sites qui présentent le travail de Bruno Stevens
Un livre
Le Garçon qui dompta le vent, William Kamkwamba, Presses de la Cité, 2010.
Légende en anglais de la photo de Bruno Stevens
« Bore Hole 11 » NE Kenya, March 2006. Saddam Sura is a ‘dropout’, one of million semi-nomadic herdsmen who are leaving the bush to come and live in camps near villages as their livestock is decimated
by a persistent drought, abandoning their traditional lifestyle.
© CRDP de l’académie de Versailles – 2010
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