Hernani par Victor Higo Mise en scène : Anne Delbée

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Hernani par Victor Higo Mise en scène : Anne Delbée
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Le poète
est toujours un proscrit
« Car le plus lourd fardeau,
c’est d’exister sans vivre.»
Victor Hugo
Proscrit tel Hernani
Proscrit de la vie réelle des puissants
Proscrit de la hâte des vivants
Proscrit de la réussite
Le poète transfigure les morts et fait échec et mat
Aux humains
Tel Victor Hugo, il réveille les étoiles imaginaires
Désespérément il désigne du doigt tel le Dieu de MichelAnge un autre monde dont il est désespérément exilé ici-bas
« Vers des clartés nouvelles
Nous allons tout à l’heure ensemble ouvrir nos ailes
Partons d’un vol égal vers un monde meilleur
Un baiser seulement, un baiser »
Victor Hugo a vingt-huit ans lorsqu’il écrit Hernani : en
un mois ! car il hurle son cri terrible afin de déchirer le voile
du monde pour que les hommes enfin aperçoivent un
morceau de ciel bleu.
« Tu me crois peut-être
Un homme comme sont tous les autres, un être
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Intelligent, qui court droit au but qu’il rêva.
Détrompe-toi. Je suis une force qui va !
Agent aveugle et sourd de mystères funèbres
Une âme de malheur faite avec des ténèbres ! »
Quel est cet Hernani ?
« Quel est ce nom, Madame ? …
Un homme de la nuit et des morts, un proscrit »
dont le rêve un instant est de revivre, d’oublier, d’effacer les
mauvaises écritures. Désespoir des poètes.
Ce double, ce jeune garçon ne sait pas ce que c’est que
l’amour, l’acte d’amour même peut-être, mais porte en lui
l’Amour.
« Honteux de n’avoir pu ni punir ni charmer
Qu’on m’ait fait pour haïr, moi qui n’ai su qu’aimer
…
Pardonne. Je voudrais aimer, je ne le sais ! »
Ce jeune homme Hernani mais aussi Jean d’Aragon se
débat entre un père condamné, mort à l’échafaud à qui il a
fait une promesse devant l’éternité et la vie active du révolutionnaire.
Paradoxe du poète qui à chaque seconde construit un
monde idéal qui se dérobe sous ses pieds. Ainsi il contemple ses amis disparus, par sa faute puisqu’il n’est pas arrivé
à réaliser son rêve.
« Oh ! je porte malheur à tout ce qui m’entoure
C’est bien. Tout ce qui n’est pas moi vaut mieux que moi.
Je n’ai plus un ami qui de moi se souvienne
Tout me quitte, il est temps qu’à la fin ton tour vienne
Car je dois être seul . »

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