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Le Soir - Premier site d’informations en
Belgique francophone
Les logements pour personnes à mobilité
réduite ne sont pas légion
PAOLO LEONARDI
jeudi 07 juin 2012, 14:19
Louvain-la-Neuve, Laurent Heck bénéficie d'un appartement avec un service d'aide intégré. A
la recherche d'un bien plus grand, il sait qu'il va lui falloir du temps et… de l'argent. ●Il
accueille avec enthousiasme la création du site AccessHouse qui répertorie les biens pour
PMR.
Laurent Heck s'est installé dans son appartement de Louvain-la-Neuve il y a neuf ans. Il avait alors
19 ans. Son logement se situe dans un bâtiment qui abrite 50 % de personnes à mobilité réduite et 50
% de locataires sociaux sans handicap.
Pratique
Pour les propriétaires qui voudraient adapter leur bien pour accueillir des PMR, voici quelques
points d'ordre général à prévoir :
– une entrée de plain-pied ou munie d'une rampe d'accès (plan incliné) ;
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– toutes les portes du logement doivent avoir une largeur minimum de 85 cm ;
– une salle de bains assez grande ; la taille minimum est de 1,5 m sur 1,5 m, hors baignoire ; une
douche à l'italienne est évidemment plus pratique ;
– le WC doit présenter les mêmes dimensions minimums que la SDB, mais la cuvette peut être
comprise ; une barre d'appui placée de chaque côté du WC est un plus ;
– dans la salle de bains, les meubles doivent être dégagés en dessous. Idem pour le plan de travail de
la cuisine ;
– une aire de rotation d'1,5 m est à prévoir dans toutes les pièces de la maison.
Internet
Ouvert le 29 mai , le site www.accesshouse.be (http://www.accesshouse.be)est le premier site
immobilier belge dédié à l'achat, la vente et la location de biens destinés aux PMR. A l'heure de
mettre sous presse, 13 biens à la location et un à la vente avaient déjà été mis en ligne, mais il en
attend évidemment beaucoup d'autres. Notons que les propriétaires peuvent eux-mêmes introduire
leurs biens grâce à un mot de passe et un identifiant. Facile.
Sa mère ayant fait une chute lorsqu'elle était enceinte, Laurent est « infirme moteur cérébral » (IMC)
depuis la naissance. C'est donc en fauteuil roulant qu'il se déplace.
La première chose qui lui vient à l'esprit quand on parle de logements avec lui, c'est de la « chance »
qu'il a eue pour trouver un bien. Il en est presque gêné. « J'ai profité du malheur d'un autre car j'ai
pu récupérer l'appartement d'un myopathe qui est décédé, se souvient-il ainsi. Originaire des
cantons de l'Est, l'université la plus proche était celle de Liège mais elle était trop peu adaptée à
mon handicap. J'ai besoin d'aide pour m'habiller et me déshabiller et pour me nourrir. Dans de
telles conditions, se loger, c'est la galère… »
Louvain-la-Neuve, un paradis
Laurent se rend alors à l'Université catholique de Louvain. On lui indique ce bâtiment situé Verte
Voie, qui dispose d'un service d'aide à la vie journalière (AVJ), lequel propose des services à la
demande 24 h sur 24 grâce à une permanence de 3 personnes par heure pour 12 bénéficiaires comme
Laurent (un seul est actif pendant la nuit). « Louvain-la-Neuve est la ville qu'il me faut, poursuit-il.
C'est un paradis où je me sens beaucoup moins handicapé car je peux aller acheter mon pain tout
seul. Vu que je ne conduis pas, dans une autre ville, je me sentirais beaucoup plus inutile… »
Car si beaucoup a été fait ces dix dernières années pour des personnes à mobilité réduite comme lui,
il reste encore une montagne de dispositions à prendre pour leur faciliter la vie. « On va dans la
bonne direction, dit-il, mais on avance à pas de tortue. Il faudrait accélérer les choses. Figurez-vous
que je ne connais pas mon propre village situé près de Butgenbach car il n'est pas adapté pour les
handicapés. Il y a les trottoirs, les bars inaccessibles… C'est dur à vivre car je n'ai commencé à me
faire des amis que quand j'ai débarqué ici… »
Exerçant aujourd'hui la profession de psychologue, Laurent Heck a vu sa vie changer depuis qu'il a
emménagé avec sa compagne Marjolaine, mère de deux garçons, Clément 9 ans, et Owen 5 ans. En
termes d'espaces de vie, son appartement deux chambres de 80 m2 s'est passablement rétréci. « Il est
devenu trop petit pour ma nouvelle petite famille, sourit-il. Nous cherchons une maison à acheter
mais des biens qui conviennent pour des handicapés lourds comme moi, ne sont pas légion ! Nous
sommes quatre mais il faudrait presque une maison qui convienne à six personnes vu que je suis en
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chaise roulante et que je prends deux fois plus de place que quelqu'un de normal… » Le hic, c'est
qu'à Louvain-la-Neuve et dans ses environs, les prix ont explosé. « Je m'attends à chercher
longtemps et à payer cher, avoue-t-il. Mais je ne me décourage pas pour autant. Au contraire même,
ça me pousse à travailler davantage et à gagner mieux ma vie… »
Comme beaucoup de handicapés, Laurent a accueilli avec enthousiasme la naissance du site internet
www.accesshouse.be dont la vocation est de ne proposer que des biens destinés aux personnes à
mobilité réduite. « Ce site va faciliter les choses car lorsqu'ils doivent trouver un logement, les
handicapés passent souvent d'une désillusion à l'autre, dit-il. On trouve un bien sur internet, on
fantasme dessus et quand on le visite, on s'aperçoit qu'il est totalement inadaptable ! »
Trois jours après son ouverture, le site abritait déjà deux biens pour personnes à mobilité réduite, l'un
situé à Uccle et l'autre à Bouillon. D'autres biens sont venus les rejoindre depuis. De bon augure.
Dans un bien adapté, une PMR est un excellent locataire
Stéphanie Herman est la responsable accessibilité à l'ANLH (Association nationale pour le logement
des handicapés). Elle conseille notamment les personnes à mobilité réduite, mais aussi les
propriétaires, sur les travaux d'aménagement à entreprendre dans un logement pour le rendre adapté.
Pour elle, cela ne fait pas l'ombre d'un doute : un bien adapté représente une véritable aubaine pour
la personne handicapée et offre donc une plus-value indéniable pour le propriétaire. « Le bien
vaudra plus cher, que ce soit à l'achat ou à la location, car il est extrêmement rare, dit-elle ainsi. Et
lorsqu'une PMR a la chance d'en trouver un, elle ne le lâchera pas de sitôt. Pour le propriétaire,
c'est un bon moyen d'éviter les vides locatifs. »
Beaucoup de biens peuvent être adaptés facilement. C'est par exemple le cas à Bruxelles de tous les
immeubles où le parking est relié aux étages par un ascenseur. « Cela représente une partie
importante du parc immobilier de la capitale, explique Stéphanie Herman. Parfois, il ne faut pas
grand-chose pour rendre un logement habitable par une PMR. Avec une somme qui tourne autour
des 5.000 euros, on peut tranquillement passer de l'adaptable au quasiment adapté. »
Quelques barres d'appui placées çà et là peuvent suffire. « Les aménagements à apporter concernent
le plus souvent des cas classiques comme la pose d'une plateforme à l'entrée de la maison, d'un
siège d'escalier ou de barres d'appui, insiste-t-elle. Il y a aussi le placement de plans inclinés pour
monter des marches, un simple réaménagement des pièces ou l'adaptation de la salle de bains où il
faut parfois placer un ascenseur de bain s'il y a une baignoire. »
Bon à savoir : l'ANLH aide également les propriétaires. « De plus en plus de promoteurs s'adressent
à nous pour l'aménagement d'immeubles, qu'ils soient neufs ou à rénover, pour être sûrs qu'ils soient
conformes au RRU (le règlement régional d'urbanisme, qui impose notamment l'accessibilité des
communs) à Bruxelles (son pendant en Wallonie est le Cwatupe). Les architectes aussi nous
consultent toujours plus. Nous travaillons sur base d'un devis détaillé. Son prix varie entre 50 et 350
euros. Même si cela ne s'est jamais présenté jusqu'ici, nous pouvons aider des propriétaires désireux
d'adapter leur logement pour accueillir des PMR. Le conseil par téléphone est gratuit. Il sera
payant s'il faut envoyer un expert sur les lieux. »
Si elle veut adapter son logement, la personne handicapée peut bénéficier d'aides financières. Si elle
habite Bruxelles, elle s'adressera au Phare, l'organisme qui alloue les subsides (ou l'Awiph si elle
habite en Wallonie) (1). Le propriétaire désireux d'adapter son logement le fera évidemment à ses
propres frais.
L'ANLH craint-elle d'en voir certains profiter des travaux ainsi entrepris pour augmenter leurs prix ?
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« J'ai l'impression que non car les PMR ne sont pas des clients réputés riches… », conclut Stéphanie
Herman.
(1) http://phare.irisnet.be (http://phare.irisnet.be) et www.awiph.be (http://www.awiph.be)
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