Retina Suisse Journal 1
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Retina Suisse Journal 1
Retina Suisse Journal 1-2/2009 – paraît 4 fois par an L'association d'entraide de personnes affectées de rétinite pigmentaire (RP), de dégénérescences de la macula, du syndrome de Usher et d'autres maladies dégénératives de la rétine Rédaction: Christina Fasser et Renata Martinoni Retina Suisse, Ausstellungsstrasse 36, 8005 Zurich tél. 044/444 10 77, fax 044/444 10 70 [email protected]; www.retina.ch Traduction en français: Chantal Seiler Mise en page et impression: Roda Fratelli SA, Taverne (TI) Journal parlé: FSA, Lausanne Abonnement d'un an: le prix de l'abonnement est compris dans la cotisation de membre Paraît en: allemand, français, italien écrit et enregistré sur support de son Compte postal: CCP 80-1620-2 Merci pour toute contribution! N° 108-109, août 2009 Sommaire Page Editorial (Ch. Fasser, R. Martinoni) AG 2009 et Congrès Allocution du président (S. Hüsler) Bref résumé de l’AG 2009 (Ch. Fasser) Conférence LCA (C. Moret) Retina International World Conference 2008 à Helsinki (S. Hüsler) Recherche et science L’obésité abdominale augmente le risque de DMLA (A. Beutner) Pas de supplément de vitamine A pour les patients avec maladie de Stargardt ou dystrophie des cônes et des bâtonnets (K. Rüther) Statut Fast-Track pour Fenrétinide Quand la lumière est-elle nocive pour l’œil (Ch. Remé) Acupuncture /MTC dans la médecine ophtalmologique : chances et limites (T. Blechschmidt) Vivre avec… Handicap visuel et sommeil : Y a-t-il une relation ? (Ch. Cajochen) O+M au crépuscule et dans l’obscurité (C. Tschupp) Politique sociale Un grand oui au financement additionnel pour la stabilité de l’AI! Nouvelles publications Votre vue est irremplaçable – Conservez-la. (avec CD) Dégénérescences rétiniennes. Une vision différente (F. Sutter) Informations et tuyaux Voyager en train – Peur du changement ? Pochoir pour signature Milestone 312 Dates importantes Editorial Chère lectrice, cher lecteur, Il ne vous a sans doute pas échappé que plus de six mois ont passé depuis la parution du dernier Journal. Entre-temps, il s’est passé beaucoup de choses, notamment le congrès Retina Suisse à Fribourg, la publication de nouvelles brochures, nos groupes de rencontre – bref, nous avons atteint nos limites et le Journal a du retard, ce pourquoi nous vous prions de nous excuser. Nous vivons dans une époque captivante, aussi bien sur le plan politique que pour ce qui a trait aux dégénérescences de la rétine. Pour le moment, il n’est pas encore possible de prévoir comment la crise économique va affecter notre association et nous observons attentivement l’évolution de la situation. Nous savons toutefois que quelques-uns de nos membres sont déjà touchés par les difficultés et nous leur souhaitons qu’une solution surgisse bientôt pour surmonter ce cap difficile. La recherche et la science sur les dégénérescences de la rétine font de grands progrès et nous pouvons regarder l’avenir avec confiance. Néanmoins, en attendant des résultats, il nous faut vivre au présent et nous confronter aux problèmes que nous pose notre maladie. Ce numéro contient un article sur l’orientation et la mobilité. En plein été, quand il fait jour jusque tard dans la soirée, cela ne cause presque pas de souci. Toutefois, ce sera bientôt l’automne et le retour des longues soirées obscures qui ne nous laisse aucune possibilité d’ignorer l’héméralopie. Nous souhaitons vous encourager toutes et tous à ne pas laisser l’obscurité vous confiner chez vous et à ne pas hésiter à vous inscrire à un entraînement O+M. Entre-temps, nous vous souhaitons beaucoup de belles soirées estivales avec des amis et des conversations agréables. Christina Fasser et Renata Martinoni Allocution du président ● Stephan Hüsler, Kriens ([email protected]) Lors de la dernière assemblée générale, j’ai été élu président à la succession de Reto Hotz. Je suis très heureux de ce défi à relever et vous remercie de votre confiance. Au cours des années passées, j’ai écrit de temps à autre des articles sur ma personne pour le Journal Retina. Je renoncerai donc à me répéter et me contenterai de vous raconter la suite: A l’automne dernier, j’ai commencé ma formation d’assistant social à la Haute école spécialisée à Olten. Je me suis bien intégré. Tous les élèves reçoivent par voie électronique les documents relatifs aux cours ainsi que les lectures obligatoires. J’ai toutefois des problèmes fréquents avec ces lectures car elles sont mal scannées et le document original comporte des soulignages et des passages marqués au stylo fluorescent. Cela m’a incité à rédiger une lettre aux professeurs, que j’envoie une à deux semaines avant le début de chaque trimestre, dans laquelle je cite des informations du livre « Sichtbar – Unsichtbar » (« Visible – invisible », en allemand seulement). Il s’agit d’un ouvrage de Caroline Cornelius dans lequel, sur la base de 6 interviews avec des étudiants affectés de divers handicaps visuels, auditifs, de langage ou d’ordre psychique, sont élucidés et expliqués les problèmes liés à la communication et les moyens d’améliorer l’intégration des personnes handicapées. La réaction des professeurs est très positive. Pour quelle raison êtes-vous membre de Retina Suisse ? Probablement pour la même raison que moi : Je souhaite avoir des informations sur ma maladie oculaire. Je souhaite avoir des informations de première main sur la recherche sur la rétine. Et aussi, je souhaite que mes dons servent à soutenir cette recherche. De plus, je suis heureux de l’échange de vues avec d’autres personnes concernées. Cela m’aide à mieux vivre avec la maladie. Je ressens la grande solidarité qui lie les personnes affectées de maladies dégénératives de la rétine. D’ailleurs, ce sont-là les buts que vise Retina Suisse. Notre directrice, Christina Fasser, est en contact (presque quotidien) avec des scientifiques dans le monde entier. Nous recevons encore et toujours des demandes de soutien de projets de recherche. Nous soutenons activement la mise sur pied du registre des patients à la clinique universitaire Jules-Gonin à Lausanne. Nous conseillons des personnes concernées et leurs proches dans nos services de consultation à Zurich et à Lausanne. Et, last but not least, des personnes affectées de DMLA se rencontrent régulièrement dans les 10 groupes d’entraide DMLA pour parler de leur vécu. Les brochures d’information et le Journal Retina fournissent des informations et des explications fondées. Tout cela représente beaucoup de travail. Mais il reste pourtant de nombreux souhaits et idées qui pourraient être réalisés mais dont la concrétisation se heurte à deux obstacles: d’une part, le facteur temps – nous sommes une petite association avec un petit nombre de collaboratrices –, et d’autre part le facteur argent. Dans le cadre de sa retraite, début juillet, le comité va réfléchir, de concert avec les collaboratrices, sur la »communication vers l’intérieur et l’extérieur ». Nous établirons une comparaison de la situation à atteindre et de la situation effective et en déduirons les dispositions réalisables. J’attends avec plaisir des discussions animées et espère qu’il en sortira de bonnes choses pour l’avenir. Bref résumé de l’AG 2009 ● Christina Fasser, directrice de Retina Suisse, Ausstellungsstrasse 36, 8005 Zurich Les 18 et 19 avril 2009 a eu lieu à Fribourg notre assemblée générale annuelle, enrichie cette année d’un congrès. Quelque 300 personnes se rendirent à Fribourg pour l’occasion et un programme passionnant les récompensa de leur effort. L’ambiance reflétait un sentiment de branle-bas. A travers les nombreux exposés, il fut évident une fois de plus que le chemin est long, mais nous pûmes aussi constater combien les chercheurs et nous-mêmes avons avancé. Pour la première fois, il fut donné rapport d’essais thérapeutiques couronnés de succès sur des êtres humains, et cela non dans un cas unique mais dans trois cas différents. Le Prof. Robin Ali fit état des premiers résultats des premières tentatives de thérapie génique sur des personnes affectées d’une dégénérescence héréditaire de la rétine. Le Dr. Konrad Kauper, de Neurotech, donna rapport des essais de phases 1 et 2 avec des facteurs de croissance sur des personnes affectées de RP et de DMLA de forme sèche. Et le Dr. Joël Salzmann, le Dr. Niels Post et le Dr. Tobias Peters informèrent des résultats de divers essais avec une rétine artificielle. Les résultats du groupe de recherche de Tübingen sont épiustouflants et encourageants: un patient équipé d’une puce électronique de rétine sous-rétinienne a pu lire des lettres de trois centimètres de hauteur, à fort contraste, à 40 cm de distance. Cela prouve que, en principe, il est possible de restaurer un degré de vision utile chez des personnes aveugles au moyen d’une rétine artificielle. Bien entendu, il faudra encore procéder à de nombreux tests avant qu’un tel système puisse être mis sur le marché. Rappelons par ailleurs que l’on cherche encore et toujours des personnes volontaires pour des projets en Suisse (clinique ophtalmique universitaire de Genève et clinique ophtalmique universitaire de Lausanne). Vous pouvez obtenir des informations à ce sujet auprès de la direction de Retina Suisse. Dans le cadre de l’AG, le comité a non seulement approuvé le rapport d’activité et le compte annuel mais aussi recomposé le comité. Reto Hotz a démissionné en raison de son activité professionnelle très prenante. Stephan Hüsler a été élu à l’unanimité pour lui succéder. De plus, Uta Buhl, Susanne Gasser et Corinne Hochuli ont été nouvellement élues dans le comité. Ont été réélus Rosmarie Amigó, Myrta BaslerBuser, Mario Capt et Rita Filippini. Hansburkard Meier s’est lui aussi retiré du comité. Hansburkard Meier a beaucoup soutenu notre association depuis le tout début. A l’époque, en tant que président de la FSA, il a permis le financement du service de consultation et assuré ce faisant l’expansion et l’existence de notre association. En reconnaissance de ses grands mérites, l’AG 2009 l’a nommé membre honoraire. Avec ses nouveaux membres du comité, Retina Suisse dispose d’une équipe solide pour relever les défis qui se présenteront au cours de ces 10 prochaines années. Rapport de la conférence LCA 2008 ● Céline Moret, Retina Suisse - Service de consultation Lausanne Du 24 au 27 juillet 2008 a eu lieu, à Cleveland aux Etats-Unis, la conférence destinée aux personnes atteintes d'amaurose congénitale de Leber (LCA) et à leur famille. Cette conférence est organisée, tous les deux ans, par la Foundation for Retinal Research, dirigée par David et Betsy Brint, dont le fils est lui-même atteint d'amaurose congénitale de Leber, dégénérescence de la rétine présente depuis la toute petite enfance et conduisant à un handicap visuel sévère. L'organisation remarquable de cette conférence, à laquelle j'ai eu la chance de participer, de même que les multiples opportunités offertes aux participants m'ont beaucoup impressionnées. Durant les deux premiers jours, les participants avaient la possibilité d'obtenir un rendez-vous médical avec un spécialiste dans le domaine de l'amaurose congénitale de Leber, afin d'avoir son avis concernant un diagnostic incertain ou d'en apprendre davantage sur l'évolution de la maladie. Des photographies du fond de l’œil et électrorétinogrammes étaient réalisables, représentant une occasion saisie par de nombreuses familles n'ayant pas la chance de vivre à proximité d'un centre d'ophtalmologie spécialisé dans le domaine des dégénérescences de la rétine. De plus, l'amaurose de Leber étant une maladie très rare, les spécialistes ont eu une opportunité unique de rencontrer, durant ces deux jours, un grand nombre de patients. Une évaluation développementale était également proposée pour les jeunes enfants qui, atteints d'un handicap visuel sévère et précoce, peuvent parfois présenter un retard dans leur développement moteur. Le troisième jour de la conférence était consacré aux présentations scientifiques par des chercheurs et médecins à la pointe de la recherche sur l'amaurose de Leber. Les présentations du matin traitaient de la description de la maladie, son évolution chez les patients adultes et la diversité génétique associée. Les conférences de l'aprèsmidi, quant à elles, concernaient les pistes thérapeutiques, incluant les prothèses rétiniennes, les facteurs neuroprotecteurs, les cellules souches et, point fort de la conférence, la thérapie génique. Nous avons, en effet, eu le privilège d'entendre Jean Bennett, de l'université de Pennsylvanie à Philadelphie, nous parler du succès de l'essai clinique conduit par son équipe sur de jeunes patients porteurs de mutations du gène RPE65. En parallèle aux sessions scientifiques étaient présentés des exposés sur, notamment, le développement des enfants aveugles ou malvoyants, le rôle des parents dans l'intégration scolaire de leur enfant handicapé de la vue, les aides techniques, les activités de la vie journalière, la locomotion et le braille. En outre, il était également possible d'obtenir, ce jour-là, un entretien avec Ed. Stone, du Carver Laboratory, laboratoire américain très actif dans le génotypage des patients ayant une amaurose de Leber. Les patients ou parents de jeunes patients ont ainsi pu poser toutes leurs questions concernant l'aspect génétique de la maladie. Le dernier jour du congrès était consacré à la vie avec une amaurose de Leber, des tables rondes étant organisées pour permettre aux participants de partager leurs expériences. Trois groupes de discussion ont été constitués: le premier pour les parents de jeunes enfants atteints d'amaurose de Leber, le second pour les adolescents et le dernier pour les adultes. Dans chaque groupe, un intervenant présentait son parcours et permettait aux participants de faire part de leurs commentaires et réflexions. Précisons ici que, pour permettre aux parents de profiter pleinement des exposés et conférences, la garde de leur enfant par des éducateurs spécialisés pour les enfants handicapés de la vue était possible pendant le congrès. Finalement, durant l'ensemble de la conférence, plusieurs activités étaient prévues pour permettre aux familles de se rencontrer de manière informelle et de passer du temps ensemble. Outre la réception de bienvenue, mentionnons un pique-nique organisé lors d'un match de base-ball après la journée de conférences scientifiques. L'un des joueurs de ce match, Derrek Lee, s'avère extrêmement engagé en faveur de la recherche sur l'amaurose congénitale de Leber, ayant lui-même une fille atteinte de cette maladie. Pour conclure, la qualité des présentations scientifiques et la richesse des opportunités de rencontrer d'autres familles touchées par l'amaurose de Leber et des professionnels travaillant dans ce domaine ont fait de la conférence une grande réussite. Celle-ci s'avère une occasion unique de prendre connaissance des nouveaux développements dans la recherche sur cette maladie et de nouer des liens avec d'autres familles venant du monde entier. Retina International World Conference 2008 à Helsinki ● Stephan Hüsler, Kriens ([email protected]) Le dimanche 29 juin 2008, Reto Hotz, sa compagne Corinne Willi, moi-même, Stephan Hüsler, et mon fils Christoph avons fait le voyage à Helsinki pour assister à la 15ème Retina International World Conference. Retina International est l’organisation faîtière des plus de 40 organisation nationales Retina. Celles-ci se réunissent tous les deux ans pour l’assemblée générale et afin de partager leur expérience. De plus, les délégués reçoivent, dans le cadre de cette World Conference, des informations sur les développements et résultats les plus récents des projets de recherche en cours. Le lundi, nous avons pris part à un tour guidé dans Helsinki. La capitale de la Norvège s’étend au bord de la Mer Baltique, sur trois îles reliées entre elles par des ponts. C’est une ville très verte, avec de nombreux parcs et promenades sur la rive, et nous en avons pleinement apprécié toutes les beautés ! Le soir, nous avons rencontré les délégués des autres pays membres au cours de l’apéritif organisé. J’avais déjà fait la connaissance de plusieurs d’entre eux lors du congrès de Rio en 2006. Le mardi, les délégués se réunirent au centre de formation finlandais pour aveugles et malvoyants IIRIS. Le CEP – Continuing Education Programme – était à l’ordre du jour. Le matin, la discussion porta sur l’opportunité et la manière d’adapter le Mission-Statement à la situation qui a évolué. Les récents résultats de la recherche laissent espérer un traitement efficace de la RP et d’autres dystrophies de la rétine dans un assez proche avenir. L’après-midi, divers délégués présentèrent de courts exposés dans lesquels ils firent part de leurs expériences dans leur travail de tous les jours dans les organisations membres : ■ Travailler dans un environnement multiculturel. Dans les Emirats arabes, les trois quarts de la population sont des immigrés. Il faut donc trouver, pour une Indienne parlant l’hindi p. ex., d’autres interlocuteurs concernés parlant la même langue. ■ Le rôle de la formation inclusive pour la vie de patients RP au Pakistan. Au Pakistan, des personnes affectées d’une maladie génétique sont encore et toujours exclues socialement. ■ Ethique et dégénérescence de la rétine ■ Rainald von Gizycki présenta un exposé sur le thème «L’histoire des patients dans les mains des patients». Le soir, nous avons dîné dans un restaurant italien tout proche en compagnie des délégués du Brésil, d’Espagne, des Emirats arabes unis UAE, de Grande-Bretagne, d’Afrique du Sud et du Portugal. Nous avons continué à discuter sur les exposés de l’après-midi et avons partagé nos idées et expériences. Le mercredi était consacré à la 15ème assemblée générale de Retina International. Sous la houlette de «Madame Chair», Christina Fasser, qui présidait la réunion avec compétence, l’assemblée traita les affaires statutaires. Nous eûmes le grand plaisir d’accueillir Retina Iran à titre de nouveau «Candidate member». Les délégués des Etats-Unis donnèrent leur accord très volontiers ! De plus, nous avons décidé que le congrès 2012 se tiendrait à Cologne. Les affaires statutaires nous occupèrent toute la journée. Christina Fasser fut réélue brillamment. Toutes nos félicitations ! Le jeudi, un groupe visita le parc national finlandais. Les participants passèrent une magnifique journée en pleine nature, avec sauna, canoë, natation et randonnée. Un autre groupe fit une visite guidée de la forteresse maritime de Suomenlinna. Le soir, la conseillère municipale du département de la santé nous reçut officiellement à l’Hôtel de Ville. Ensuite, je dînai avec les représentants de Fighting Blindness Ireland et Madame Dr. Veng Tao. Enfin! Le vendredi, le congrès commença au Finlandia Hall. Ce centre de congrès, le plus grand de Finlande, fut construit sur les plans de l’architecte Arvo Aalto. Quelque 500 personnes de Finlande ainsi que les délégués de Retina International suivirent les exposés avec une grande attention. Après l’ouverture du congrès par Majia Lindroos, présidente de Retina Finlande qui avait organisé la manifestation, Leila Laatikainen, membre du conseil médico-scientifique de Retina Finlande, Laura Lindberg, présidente de la Société ophtalmologique finlandaise, et Christina Fasser, présidente de Retina International, le Professeur Alan Bird, de l’université de Londres, lança le thème de la conférence en donnant un aperçu profond de l’évolution de la recherche sur la rétine. Ensuite, les exposés étaient répartis en deux catégories, les uns pour patients et les autres pour spécialistes (science). La plupart des exposés étaient présentés en anglais. Ceux destinés aux patients étaient traduits en finnois. Reto et moi-même avons assisté exclusivement aux exposés scientifiques. Le fait que des chercheurs écoutaient les exposés de leurs confrères et posaient des questions critiques était particulièrement intéressant. Les deux projets très importants sur la puce de rétine furent présentés. Toutefois, l’un et l’autre sont encore profondément dans la phase de recherche. Il se passera sans doute encore plusieurs années avant que nous ayons des informations enthousiasmantes de ce secteur. Au contraire des deux derniers exposés du congrès ! Le Professeur Robin Ali présenta sa thérapie de substitution génique pour la LCA. Dans un film court, tourné avec une caméra à infrarouge, nous avons pu voir le jeune patient testé faire un parcours dans l’obscurité. Avant le traitement, il lui fallait 77 secondes et il faisait 8 fautes. Après le traitement, il ne lui fallait plus que 17 secondes, sans aucune faute, pour le même parcours. C’est là le résultat de la phase I. Le projet passe maintenant en phase II. Dans cette phase, la dose va être variée. De plus, des patients encore plus jeunes vont être traités, pour prouver que la perte de vision peut être stoppée grâce au traitement. Cette tentative a permis de prouver qu’une thérapie génique dans la rétine est possible. Il n’y a eu aucun problème de santé. Madame Dr. Veng Tao présenta les résultats de la «Encapsulated Cell Therapy» avec CNTF. Ce procédé consiste à implanter une petite capsule dans le globe oculaire. Les facteurs de croissance contenus dans la capsule sont libérés en continu et à long terme à l’intérieur de l’œil. En ce moment, une étude est en cours avec 48 patients affectés de DMLA de forme sèche, ainsi que deux études avec 60 patients chacune affectés respectivement de RP au stade précoce et au stade avancé. Si ces essais donnent des résultats satisfaisants, il se pourrait que nous puissions compter sur un traitement au cours de ces prochaines années. Ces deux projets sont sources de grands espoirs. La thérapie de substitution génique est maintenant étendue à d’autres maladies oculaires. Dans le contexte de la thérapie CNTF, le génotype est un peu moins important. Et surtout, nous espérons un traitement efficace de la DMLA de forme sèche. Pour ma part, je fonde de grands espoirs dans cette thérapie pour la RP. Cela nous a vraiment enthousiasmés ! C’est la première fois qu’on ne nous fait pas patienter avec des «dans cinq ans» ou «dans dix ans». Le jeudi soir, nous eûmes l’opportunité de dîner dans une ambiance décontractée avec les conférenciers. Le traditionnel Speakers Dinner eut lieu cette fois dans la Devils Church à Suomenlinna. En revanche le dîner de gala à l’hôtel Crowne Plaza fut un peu plus formel. Ce fut encore une fois l’occasion de faire la fête. Ensuite, le temps fut venu de se dire au revoir, jusqu’à la prochaine rencontre les 26 et 27 juin 2010 à Stresa, Italie ! Cette fois encore je suis rentré chez mois avec de merveilleux souvenirs. J’ai eu beaucoup de conversations et j’ai senti une grande solidarité entre les personnes concernées. La rétine est un réseau. Retina International aussi ! L’obésité abdominale augmente le risque de DMLA ● Dr. Andreas Beutner, Kassel (Allemagne) L’incidence de la dégénérescence maculaire liée à l’âge croît avec l’obésité abdominale. En plus des facteurs de risque connus de développer une dégénérescence maculaire liée à l’âge – tabagie, tension artérielle trop élevée, troubles du métabolisme des lipides – une corrélation avec le Body Mass Index (BMI) n’avait pas été documentée. A présent, une étude australienne a prouvé qu’il y a un rapport non pas avec la répartition absolue des graisses mais avec leur répartition relative (résultat publié dans Arch Ophthalmol 2008; 126: 1554-1560). Les auteurs Anna Peeters et al. ont examiné de manière multicentrique (principalement à l’université Monash à Melbourne, Australie) une relation possible entre le rapport taille-hanches (RTH) et la DMLA. Pour procéder à cette étude, ils ont examiné pendant plus de 6 ans (jusqu’en 1995) 12'515 patients ayant entre 45 et 64 ans. Un écart d’un décil entre le RTH et la valeur d’origine était considéré comme significatif. Une DMLA au stade précoce était définie par des druses molles ou des déplacements de pigments, une DMLA au stade avancé par des modifications exsudatives ou l’atrophie géographique. En 6 ans, le RTH avait augmenté en moyenne de 1% chez les hommes et de 3% chez les femmes, dans un champ de variation allant de -44% à +102%. Une diminution de RTH de 3% était associée à une diminution de 29% du risque d’être affecté de DMLA. Pour les personnes présentant une forte obésité abdominale au début de l’étude, une réduction du RTH induisit même une diminution de 59% du risque de maladie. L’adiposité abdominale est décisive. Pour les personnes d’un poids normal ou en léger surpoids, la diminution du RTH n’a pas influencé de manière significative le risque de DMLA. Fait plus surprenant, une augmentation du RTH dans ce groupe n’a pas non plus augmenté dans une mesure significative le risque de DMLA. De plus, il n’a pas été possible de prouver une relation entre le BMI et la DMLA, de sorte que le RTH peut être considéré explicitement comme un facteur de risque. Conclusion : Les résultats corroborent la connaissance du fait que l’obésité abdominale est particulièrement nocive pour la santé et augmente nettement le risque de maladies cardio-vasculaires. Cela a aussi un effet défavorable sur le risque de développer une DMLA. Une bonne nouvelle toutefois : Les personnes d’âge moyen qui se débarrassent de leurs kilos superflus diminuent ce risque dans une large mesure. Source: Klinische Monatsblätter für Augenheilkunde 2009; 226 Pas de supplément de vitamine A pour les personnes avec maladie de Stargardt ou dystrophie des cônes et des bâtonnets ● Prof. Dr. Klaus Rüther, Hôpital La Charité, Berlin Les patients affectés de la forme héréditaire autosomique récessive de la maladie de Stargardt ou de dystrophie des cônes et des bâtonnets ne doivent pas ingérer plus de vitamine A que la dose généralement recommandée. Résumé Après consultations et débats exhaustifs sur la base des données connues, les membres du conseil médico-scientifique de la Foundation Fighting Blindness (FFB) ainsi que d’autres experts externes à la fondation recommandent aux patients affectés de formes autosomiques récessives de la maladie de Stargardt ou de dystrophie des cônes et des bâtonnets – maladies souvent causées par des mutations dans le gène ABCA-4 – de renoncer à ingérer une dose journalière de vitamine A supérieure à la dose généralement recommandée. Cette recommandation est fondée sur des examens dont il ressort qu’une ingestion additionnelle de vitamine A peut aggraver la dégradation de la rétine chez des personnes ayant une forme autosomique récessive de Stargardt, dystrophie des cônes et des bâtonnets ou autres maladies de la rétine causées par des mutations dans le gène ABCA-4. Lorsque la cause génétique d’une maladie de Stargardt ou d’une dystrophie des cônes et des bâtonnets n’est pas encore identifiée, le patient devrait s’enquérir auprès d'un ophtalmologiste ou d'un conseiller génétique sur la possibilité de procéder à un test génétique. Fondement Notre savoir sur des dégénérescences héréditaires de la rétine s’est nettement développé par suite de l’identification des gènes responsables et la création de modèles animaux correspondants. Cela permet entre autres de décrire beaucoup plus précisément l’évolution de ces maladies. La forme autosomique récessive de la maladie de Stargardt est une dégénérescence maculaire qui se manifeste précocement et qui est causée par des mutations dans le gène ABCA-4. Chez les patients souffrant de cette maladie, les photorécepteurs dans la rétine (cônes et bâtonnets) ne peuvent plus s’acquitter correctement de leur tâche dans le cycle visuel. Plus précisément, le gène ABCA-4 muté induit des troubles dans la partie du cycle visuel dans laquelle la vitamine A est transformée et restaurée dans une suite complexe de processus biochimiques. Cela se produit aussi bien dans les photorécepteurs que dans la couche de cellules adjacente, l’épithélium pigmentaire rétinien (EPR). Il s’ensuit une accumulation dans l’EPR d’une sousforme toxique de vitamine A, l’A2E, dite lipofuscine, qui est visible sous forme de dépôts blancs-jaunâtres sur le fond de l’œil. La dystrophie des cônes et des bâtonnets peut elle aussi être causée par des mutations dans le gène ABCA-4 et se distingue également par des amas de lipofuscine dans l’EPR. Certes, il n’existe pas d’études cliniques directes sur l’influence de la vitamine A sur des patients affectés de la maladie de Stargardt ou de dystrophie des cônes et des bâtonnets causée par une mutation dans le gène ABCA-4. Néanmoins, les résultats d’expériences sur des animaux prouvent qu’une ingestion excessive de vitamine A augmente encore l’accumulation de lipofuscine dans l’EPR. L’A2E de la lipofuscine est toxique et peut causer la destruction de photorécepteurs et donc induire une accélération de la perte de la vue. Pour le moment, il n’a pas encore été démontré avec certitude si cette accumulation anormale de lipofuscine cause une accélération de la dégénérescence de la rétine de patients avec des mutations dans le gène ABCA-4. Toutefois, sur la base des informations disponibles, il est recommandé à ces patients de renoncer à une ingestion additionnelle de vitamine A, c.à.d. à une dose journalière supérieure à la dose généralement conseillée. Encore sur la base d’expériences sur des animaux, il est conseillé aux patients avec des mutations dans le gène ABCA-4 de protéger leurs yeux de la lumière du soleil (notamment de ne pas sortir sans lunettes de soleil par une journée ensoleillée) : une exposition excessive à la lumière solaire pourrait accélérer la dégradation de l’EPR et des photorécepteurs. On obtient une bonne protection en portant un chapeau à large bord ou visière ou des lunettes de soleil avec des verres qui filtrent la lumière bleue et les rayons ultraviolets, ceux-ci étant potentiellement les plus nocifs pour la rétine. Recommandations de la Foundation Fighting Blindness ■ Sur la base des résultats de récentes études sur des animaux, les patients de tous âges affectés d’une forme autosomique récessive de la maladie de Stargardt ou de dystrophie des cônes et des bâtonnets causée par des mutations dans le gène ABCA-4 devraient être informés qu’une ingestion additionnelle de vitamine supérieure à la dose journalière recommandée de 3000 U.I. pour les hommes et de 2333 U.I. pour les femmes comporte le risque potentiel d’aggraver la dégradation de la capacité visuelle. ■ Aussi sur la base des résultats d’études sur des animaux – des données irréfutables sur l’être humain n’existant pas, les patients cités ne devraient pas s’exposer à une lumière solaire excessive sans protéger leurs yeux. ■ Les patients affectés de Stargardt ou de dystrophie des cônes et des bâtonnets qui n’ont pas encore de diagnostic moléculaire devraient envisager de se soumettre à un test génétique pour déterminer si leur maladie est causée par une mutation dans le gène ABCA4. ■ Avant de modifier leur alimentation ou leur mode de vie, ces patients devraient consulter leur médecin généraliste ou un ophtalmologiste. Cela vaut aussi pour les patients qui ne connaissent pas encore la cause de leur dégénérescence rétinienne. Statut Fast-Track pour le Fenrétinide Sirion Therapeutics a publié à l’ARVO 2009 les résultats intermédiaires d’une étude de phase 2 portant sur le principe actif dit Fenrétinide. Cet antagoniste de la vitamine A, à ingérer sous forme de comprimé, a vraisemblablement pour effet de réduire la formation ou les conséquences de druses sous l’épithélium pigmentaire rétinien (EPR). Dans la rétine, le Fenrétinide entre en concurrence avec la vitamine A et, en faisant baisser le niveau de vitamine A, il empêche l’accumulation du produit de dégradation toxique de celle-ci, ce qui pourrait causer un ralentissement du processus de dégénérescence. Il ressort de l’évaluation intermédiaire de l’étude de phase 2 menée avec des patients affectés de DMLA sèche au stade avancé (dystrophie géographique) que la progression de la maladie est plus lente que dans le groupe contrôle. Pour les études ultérieures avec le Fenrétinide, Sirion Therapeutics a reçu des autorités de santé américaines, FDA (Food and Drug Administration), le statut de Fast-Track. Si l’efficacité du médicament est avérée, la procédure d’homologation plus rapide permettra aux patients d’avoir accès plus rapidement au traitement. Il est prévu de mener une étude de phase 3 avec un plus grand nombre de patients (auparavant 245). Des études pré-cliniques antérieures ont montré que le Fenrétinide pourrait posséder la propriété de ralentir le processus de dégénérescence et donc de dégradation de la vue de personnes affectées de DMLA sèche, de la maladie de Stargardt, de la maladie de Best et d’autres maladies qui ont pour point commun une accumulation de produits toxiques dans la rétine provenant de la dégradation de la vitamine A. Source : Retina International ARVO 2009 Progress Report, rédigé par le Dr. Elaine Richman, LLC, USA Quand la lumière est-elle nocive pour l’œil ? ● Prof. Dr. Charlotte Remé, Zurich Des dommages causés par la lumière surviennent dans l’œil humain et dans celui des animaux. Quasiment tous les tissus importants de l’œil peuvent, dans certaines conditions, être endommagés par la lumière: les paupières, la conjonctive, la cornée et le cristallin. Quelques groupes de personnes sont particulièrement à risque. Ce sont les enfants et les personnes jeunes car les tissus jeunes sont plus diaphanes, des personnes exposées à la lumière du fait de leur profession – soit travaillant en plein air ou exposées à des sources de lumière artificielle très vive, des patients qui ingèrent des médicaments photosensibilisants (millepertuis p. ex.), et enfin des patients affectés de certaines dégénérescences de la rétine. Pourquoi est-il important d’examiner des dommages causés par la lumière? Des dommages causés par la lumière dans la rétine surviennent précisément dans les cellules dans lesquelles se produisent des dégénérescences: les cellules visuelles et l’épithélium pigmentaire. Les dommages causés par la lumière représentent un système modèle pour analyser les mécanismes cellulaires et moléculaires de la mort cellulaire. Par ailleurs, la lumière peut influencer des dégénérescences rétiniennes acquises et héréditaires. Dans ce contexte, l’on examine en particulier des mutations dans la rhodopsine – le gène de la rétinite pigmentaire autosomique dominante (adRP), du fait que quelques-unes de ces mutations ont causé une extrême hypersensibilité à la lumière dans les cellules visuelles du modèle de chien (Cideciyan et al, 2005). Pour cette raison, il convient de faire l’analyse génétique des patients avec adRP et de soumettre ceux-ci, avec une grande précaution, aux examens cliniques habituels, tels fondoscopie, fondophotographie, ERG, etc. Des variantes génétiques dans le système du complément, un régulateur essentiel de processus inflammatoires dans le corps, augmentent nettement le risque d’être affecté de dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA). Etant donné que, en plus d’autres facteurs, une surexposition à la lumière peut induire une réponse inflammatoire dans la rétine, cela pourrait signifier un risque de maladie supplémentaire pour les patients avec des variantes dans le système du complément. Cette hypothèse est étayée par des nouvelles études – qui ont provoqué dans le modèle animal un ensemble de symptômes analogue à la DMLA au moyen de molécules du stress oxydatif (Hollyfield et al., 2007). Des dommages causés par la lumière induisent aussi du stress oxydatif. Quels pigments, dits chromophores, transmettent des dommages dus à la lumière? Dans les cellules visuelles, c’est le pigment visuel rhodopsine des bâtonnets ou les pigments des cônes. Dans l’épithélium pigmentaire, c’est notamment la lipofuscine, qui contient des molécules de pigment visuel modifié, un rétinoïde, le A2E. Celui-ci absorbe notamment la lumière bleue, de longueur d’ondes particulièrement courte. Etant donné que, au long de la vie, nos yeux amassent toujours plus de lipofuscine dans l’épithélium pigmentaire, cela augmente le danger que la rétine et l’épithélium pigmentaire soient dégradés par de la lumière bleue. Pour des patients de même que pour des personnes en bonne santé, il est important de bien protéger les yeux en cas de forte et longue exposition à la lumière, p.ex. à la plage, dans la neige ou à la lumière de projecteurs en studio. Une prudence particulière est recommandée aux patients avec des mutations de la rhodopsine et pour ceux avec des variantes génétiques du système du complément. Acupuncture / MTC dans la médecine ophtalmologique : chances et limites ● Dr. Tilo Blechschmidt, Clinique ophtalmologique de l’hôpital universitaire, Bâle En raison du mode d’observation et d’évaluation asiatique des maladies, la médecine traditionnelle chinoise (MTC) induit une approche des maladies existantes très différente de celle de la médecine universitaire occidentale. L’acupuncture en tant que principale méthode de traitement MTC offre à la médecine universitaire une possibilité thérapeutique complémentaire ou élargie. En outre, elle sert à prévenir des maladies. Il existe désormais de nombreuses études scientifiques qui démontrent l’effet et l’efficacité de l’acupuncture. Pour certains ensembles de symptômes pathologiques, des résultats d’études montrent que l’acupuncture a une efficacité égale, voire meilleure qu’un traitement par la médecine universitaire. Dans la zone des yeux, l’acupuncture donne de bons résultats, en particulier lors d’inflammations, allergies, yeux secs, en cas de paralysie et de douleurs de muscles du visage, migraine, et aussi de troubles de la tension intraoculaire (glaucome). Sur des maladies chroniques, telles la dégénérescence de la macula ou la rétinite pigmentaire, l’acupuncture n’a qu’un effet de soutien, par exemple pour ralentir ou stopper l’évolution de la maladie. Etant donné que le traitement de maladies oculaires nécessite une grande expérience, il convient de veiller à la bonne qualification du thérapeute choisi. Sur le site Internet de l’Association des Sociétés Médicales Suisses d’Acupuncture et de Médecine chinoise (ASA), cité à la fin du présent article, on trouve une liste de tous les thérapeutes titulaires d’un « Certificat d’aptitude acupuncture – médecine traditionnelle chinoise (FMH/ASA) ». Les thérapeutes répondant à cette désignation ont suivi une formation de plusieurs années et une formation complémentaire régulière et contrôlée. Pour cette raison, l’assurance maladie obligatoire prend en charge une grande partie du coût du traitement. De plus, l’assurance complémentaire prend en charge le coût du traitement si l’assuré bénéficie de l’assurance médecine complémentaire. Si votre thérapeute n’est pas un ophtalmologiste, le traitement de maladies oculaires devrait toujours être accompagné et contrôlé par un ophtalmologiste. Site Internet de l’Association des Sociétés Médicales Suisses d’Acupuncture et de Médecine chinoise (ASA) : www.akupunktur-tcm.ch Handicap visuel et sommeil : Y a-t-il une relation ? ● Prof. Dr. Christian Cajochen, département de chronobiologie, cliniques psychiatriques universitaires, Bâle Notre cycle circadien est contrôlé par notre horloge biologique. Cette horloge interne se trouve à 2-3 cm de la racine du nez, dans une région du cerveau grosse comme une tête d’épingle, qui contient quelque 10'000 cellules nerveuses. Des cellules sensorielles spéciales dans la rétine ont un accès direct à l’horloge interne et font savoir au corps s’il fait jour ou nuit «dehors». Cette fonction est très importante car elle seule permet à l’horloge interne de se régler pour 24 heures. Si cette «synchronisation» est défectueuse, comme cela est fréquent chez des personnes malvoyantes, mais aussi chez des personnes qui travaillent par roulement et des voyageurs souffrant de décalage horaire, il peut s’ensuivre des troubles du cycle veille-sommeil. Ces troubles se manifestent sous forme de difficultés à s’endormir et/ou à dormir sans interruption, qui peuvent causer de la fatigue dans la journée, des manques de concentration, voir des problèmes de mémoire. C’est pourquoi il est important, en particulier pour des personnes malvoyantes, de trouver de la lumière, dans la mesure du possible et ce surtout le matin et le soir, car c’est le seul moyen de communiquer à l’horloge interne une information suffisante pour la commande du cycle veille-sommeil. Si l’on veut obtenir un effet optimum sur l’horloge interne, et donc sur le sommeil, il faut prendre en compte non seulement le «timing» de la lumière mais aussi son intensité et sa longueur d’ondes. Partant, l’effet de la lumière sur l’horloge interne est comparable à un médicament qui doit être dosé avec précision et être pris à heures fixes. Si la lumière à elle seule ne suffit plus, l’hormone mélatonine peut être utilisée avec succès pour induire le rythme veille-sommeil de personnes aveugles souffrant d’insomnie. Comme la lumière, la dose et le moment d’ingestion de mélatonine doivent être définis précisément pour chaque personne. En résumé, l’on peut dire que la lumière exerce chez l’être humain de nombreuses fonctions en plus de la vue, au nombre desquelles la régulation du rythme circadien est une des principales tâches «non-visuelles». O + M au crépuscule et dans l’obscurité ● Claudia Tschupp, Fédération suisse des aveugles et malvoyants FSA, Ausstellungsstrasse 36, 8005 Zurich En dépit de la rapidité à laquelle tant de choses changent de nos jours, il y a très peu de changements pour ce qui a trait à l’utilisation de la canne en plein jour et au crépuscule, ainsi qu’à l’assimilation et l’acceptation du handicap visuel. Réadaptation en orientation et mobilité L'instruction en O+M permet aux personnes malvoyantes ou aveugles d'acquérir des techniques et des stratégies grâce auxquelles elles peuvent se déplacer sûrement et de manière aussi autonome que possible. L'instruction est dispensée en cours individuels, en tenant compte des dispositions physiques, mentales et psychiques de la personne malvoyante ou aveugle. Le cours est adapté en fonction de la capacité visuelle et des besoins de la personne concernée. Du fait de cette personnalisation sur mesure, la durée de l'instruction O+M peut varier d'une unité à plusieurs heures. La réadaptation O+M est possible à n'importe quel âge et aussi pour des personnes polyhandicapées. Il n'est jamais trop tard ou trop tôt pour commencer une instruction O+M. Pour le moment, le cours O+M est gratuit pour tout le monde. Différentes cannes blanches D'une manière générale, quelle que soit la canne, son utilisation nécessite que la personne soit disposée à faire usage de ce moyen auxiliaire. Selon le degré du handicap visuel ou de la difficulté à marcher, on choisit une canne différente. Il existe trois sortes de canne: la canne de soutien, la canne signal et la canne longue. Quelle que soit la canne choisie, il faut que la personne qui l'utilise se soumette à un entraînement correct avec un spécialiste pour s'initier au maniement, à la technique de la canne et au processus de traversée des rues. Le fait de « se montrer » en public avec une canne blanche impose à la personne concernée un processus d'assimilation. Pour la personne handicapée, la canne blanche équivaut à un «coming out», c'est une manière d'avouer qu'elle voit mal ou pas du tout. En général, les personnes concernées se font trop de souci quant à ce qu'on va penser dans leur entourage. Toutefois, à l'issue de la phase d'assimilation et d'acceptation du handicap visuel et de la canne, l'utilisation de la canne ne présente que des avantages pour la plupart des personnes malvoyantes. Il est fréquent, que la première pensée de personnes qui viennent me voir soit qu'il est trop tôt pour utiliser une canne blanche puisqu'elles voient encore un peu. Dans le courant de la conversation, il s'avère toutefois que, depuis quelque temps déjà, voire depuis des années, ces personnes ne sortent plus seules au crépuscule ni lorsque les conditions lumineuses leur sont défavorables. Dans la plupart des cas, cette évolution se fait petit à petit, de sorte que ces personnes ne se souviennent plus exactement à quel moment elles ont renoncé à sortir dans l'obscurité. C'est pour cette raison que l’automne et l'hiver, avec leurs longues périodes d'obscurité, sont des saisons épouvantables pour de nombreuses personnes malvoyantes. Après les longues journées d'été, elles réalisent combien elles sont limitées lorsqu'elles ne sortent plus de chez elles au crépuscule et lorsqu’il fait nuit. Cela ne doit pas être! Avec la technique correcte d'utilisation de la canne et quelques stratégies O+M, il est possible de se déplacer sûrement dans l'obscurité ou quand les conditions lumineuses sont mauvaises. Vous obtiendrez des informations plus détaillées sur O+M auprès de Retina Suisse et de tout service de consultation pour personnes malvoyantes. Un grand OUI au financement additionnel pour la stabilité de l’AI ! ● Christina Fasser, directrice de Retina Suisse, Ausstellungsstrasse 36, 8005 Zurich Sûre, solide, sociale – Notre assurance invalidité L'assemblée générale 2009 était du point de vue unanime qu'il est très important pour toute personne en Suisse que le financement de l'Assurance Invalidité soit assuré dans le futur. Nous demandons donc à tous nos membres de mettre un OUI au financement additionnel dans l'urne le 27 septembre 2009. Incitez tous les membres de votre famille, vos connaissances et amis à faire de même. Un OUI fort est un OUI fort à l'AI et de ce fait un soutien à l'ensemble de notre système d'assurances sociales. Voici quelques arguments qui vous aideront à convaincre les autres: Sûre: L’AI nous donne la certitude d’être soutenus en cas d’invalidité. ■ Et si c’était vous ? Quiconque peut devenir handicapé. Maladies et accidents sont les causes les plus fréquentes de handicaps définitifs. Certains enfants naissent prématurés ou handicapés. Nous avons donc tous besoin que l’AI nous assure! ■ Pour que nous puissions compter sur l’AI : On ne se remet pas facilement d’un handicap. Il requiert souvent une adaptation douloureuse, tant de la personne touchée que de sa famille. Sans parler de son coût ! En cas de besoin, nous devons tous pouvoir compter sur l’AI. Une AI surendettée risque de ne plus être capable de venir en aide lorsqu’elle sera sollicitée. ■ Une aide absolument nécessaire pour les personnes en situation de handicap : L’AI aide les personnes à vivre avec leur handicap, en les soutenant dans la recherche d’un travail, en finançant formation, reconversion et moyens auxiliaires; et, dans le pire des cas, en versant une rente. Elle subvient ainsi aux besoins de personnes qui, en raison de leur handicap, n’y parviennent qu’en partie, voire pas du tout. ■ Grâce à l’AI, les personnes handicapées apportent leur contribution à la société: L’AI a pour mission d’intégrer les personnes en situation de handicap dans le monde du travail. Son but est d’éviter, si possible, les rentes « à vie ». Pour les personnes concernées, ce principe signifie qu’elles reçoivent une aide afin de conserver leur emploi malgré leur accident, maladie ou handicap, ou afin d’en trouver un autre. Elles reconquièrent ainsi une part de leur indépendance et peuvent, grâce à l’AI, apporter leur contribution à la société. Solide: L’union fait la force. Un handicap laisse une facture lourde. Il serait impossible aux personnes touchées et à leur famille de la supporter elles-mêmes. Ce n’est qu’en l’assumant ensemble grâce à l’AI qu’on la rend supportable. Sociale: La Suisse a besoin d’institutions sociales solides. Nos institutions sociales, et la sécurité qu’elles nous procurent, contribuent non seulement à la stabilité sociale, mais également à la réussite économique de la Suisse. C’est pourquoi une large majorité entend conserver cet avantage décisif: le Conseil fédéral, le Parlement et les grandes organisations économiques disent OUI au financement additionnel de l'AI. L'organisation PRO AI a mis à disposition beaucoup de matériel de mobilisation. Utilisez les cartes postales et les affiches pour attirer l'attention des autres sur notre objectif. Nouvelles publications Votre vue est irremplaçable – Conservez-la. Une nouvelle brochure sur la DMLA de forme humide a vu le jour, en collaboration avec Novartis. Afin d’en faciliter la lecture aux personnes malvoyantes, un CD avec le texte parlé est joint à cette brochure. Dégénérescences rétiniennes. Une vision différente Retina Suisse vient de publier la nouvelle brochure du Dr. Florian Sutter sur la perception visuelle. Elle va ouvrir beaucoup d’yeux ! Toutes les brochures peuvent être commandées auprès de la direction de Retina Suisse, Ausstellungsstrasse 36, 8005 Zurich bestellt werden. Tél. 044 444 10 77, [email protected]. Informations et tuyaux Voyager en train – Peur du changement ? Pas de raison – Le Call Center Handicap des CFF met à votre disposition une personne qui vous aide à changer et assure que vous preniez le bon train. Il suffit de s’inscrire (au moins deux heures avant le début du voyage) auprès du Call Center Handicap CFF, téléphone 0800 007 102. Pochoir pour signature Ce petit objet vous aide à savoir où vous devez placer votre signature. Il a les dimensions d’une carte de crédit et trouve facilement sa place dans un porte-cartes. Vous pouvez vous le procurer gratuitement auprès de Retina Suisse, service administratif, ou auprès de tout autre service de consultation pour aveugles et malvoyants. Milestone 312 Ce «lecteur MP pour aveugles» est une petite merveille: Bloc-notes à commande vocale, lecteur RTFID, lecteur Daisy, lecteur MP3 et radio, le tout en format de carte de crédit. L’utilisation est simple, à condition d’apprendre de manière systématique la commande des diverses fonctions. La fonction bloc-notes est utile pour enregistrer listes d’achats, numéros de téléphone, adresses, rendez-vous, etc. Le RTFID-reader, dit speak-out, permet d’étiqueter en détail CD’s, bouteilles de vin, documents, etc. Les personnes qui téléchargent des livres parlés de audible.com peuvent avoir la certitude que le Milestone 312 donne parfaitement lecture de ces ouvrages. La qualité d’enregistrement au moyen du microphone est désormais très bonne et les bibliothèques braille et livre parlé prêtent leurs livres parlés sur cartes SDS. On peut se procurer le Milestone 312 auprès de l’UCBA, Département moyens auxiliaires techniques, Lenzburg, tél. 062 888 28 70, [email protected] Dates importantes Samedi 24 octobre 2009 Rencontre régionale de Suisse alémanique «Visite guidée de Soleure» (inscription avant le 15 octobre 2009 auprès de Retina Suisse) 26 / 27 juin 2010 16ème congrès international Retina à Stresa (Italie) ((4. di copertina come rapporto annuale 2008 francese)) ((LOGO)) Retina Suisse L’association d’entraide de personnes affectées de rétinite pigmentaire (RP), de dégénérescence de la macula, du syndrome d’Usher et d’autres maladies dégénératives de la rétine Ausstellungsstrasse 36, CH-8005 Zurich Tél. 044 444 10 77, Fax 044 444 10 70 [email protected], www.retina.ch Compte postal 80-1620-2 FSA e LOGO Où nous trouver? Retina Suisse – Service de consultation Lausanne p/a Hôpital ophtalmique Jules-Gonin Av. de France 15, case postale 133 CH-1000 Lausanne 7 Tél. 021 626 86 52, [email protected] Retina Suisse – Beratungsstelle Zurich Ausstellungsstrasse 36, CH-8005 Zurich Tél. 044 444 10 77, Fax 044 444 10 70 [email protected]; www.retina.ch En Suisse italienne et dans des zones très isolées, des consultations ont lieu sur place (sur demande).