Le jardin de la santé - Andarto B. 1_Ppal_es
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Janvier 2016 Le jardin de la santé • • • • • Notre Estude respecte le code de déontologie proposé par LILA/ ILAB. Les livres sont dans l’état décrit, sauf erreur de notre part. Les formats répondent au les livrets, à l’exception du livres in folio. Les dimensions correspondent aux pages; ne sont pas de la reliure. Les prix sont en euros, avec TVA 4% et les frais d’envoi assuré pour l’Espagne, les autres pays de l’UE et la Suisse. Les commandes vers d’autres destinations seront complétées avec l’augmentation des coûts d’expédition. Les livres de ce dossier encore disponibles peuvent être trouvés dans notre boutique à livre-rare-book: http://www.livre-rare-book.com/c/b/biblio-andarto?l=fr Andarto B. 31006 Pamplona www.andarto.es [email protected] +34 600 450 767 Nous recevons dans notre Étude (Pampelune, ville) sur rendezvous. Biblio Andarto B. S.L. NIF B71194906 ; UE intra VAT: ESB71194906 Banque: CaixaBank BIC: CAIXESBBXXX IBAN: ES0621005183040200032446 Cartes de crédit acceptées et traitées par PayPal Dans le jardin de la santé, nous proposons différentes imprimés du XV et XVI reflétant un intérêt inséparable pour la santé, les plantes, l’eau et la nourriture. Dans de nombreux l’image est le protagoniste, avec quelquesunes des plus belles gravures botaniques sur bois puis imprimés. avec nos meilleurs voeux pour 2016, Pampelune, le 20 Janvier 2016 Le jardin de la santé L’idée que l’on avait au XVIe siècle de la composition du monde était encore celle héritée d’Aristote selon laquelle tout était constitué à partir de quatre éléments, air, eau, terre et feu, renfermant quatre qualités respectives, froid, humide, sec et chaud. Toute explication de quelque phénomène que ce soit du monde physique (des animaux à la métallurgie, de la météorologie à la médecine, de l’alimentation à la botanique) reMandragore mâle dans posait sur cette base. le codex Berleburg Penser que les substances fondamentales ne sont pas ces quatre éléments mais d’autres et penser qu’elles opèrent entre elles avec un type de règles différentes à l’interaction de ces qualités essentielles, est une pensée qui surgit quand Robert Boyle commence à consigner les bases de ce qui deviendra la chimie moderne à la fin du XVIIe siècle. De sorte que durant les XVe et XVIe siècles, aussi bien si l’on concevait que la terre était plate avec une demi-sphère pleine de petits trous la recouvrant et tournant au-dessus d’elle, que si quelqu’un osait dire qu’elle tournait autour du soleil, tout comme si l’on essayait d’expliquer les fièvres, l’origine des sources ou la diversité de la forme des animaux, tout était émanation des quatre éléments, de leurs quatre qualités et, depuis le siècle VIe, de la main de Dieu. Quant aux humains, on considérait qu’ils étaient formés de qua- tre substances ou humeurs (bile jaune, bile noire, sang et phlegme), dont l’équilibre requérait des aliments contribuant à leur maintien parce qu’ils rétablissaient leur substance. Et si une personne tombait malade parce qu’elle avait été envahie par une « humeur » qui avait altéré la nature de sa substance, il était nécessaire que d’autres substances, les médicaments, combattent l’invasion en sens contraire pour rendre son état naturel à la substance. Comme les éléments au final n’étaient que quatre, air, eau, terre et feu, les substances et les organes avaient, en correspondance, la propriété d’être soit humides, secs, froids ou chauds (et ainsi). Ce que faisait un médicament était refroidir ou réchauffer, humidifier ou sécher les humeurs envahisseuses et les organes ou leurs substances. Et il pouvait le faire à différents degrés, peu ou beaucoup. S’il produisait peu de modification on l’appelait médicament ! Mandragores mâle et femelle, 1487 (Ref. C - 0594) et s’il l’altérait beaucoup on l’appelait poison. Si un médicament avait les propriétés qu’il avait par nature, on l’appelait simple ; et s’il les acquérait parce que l’« industrie humaine » était intervenue dans l’altération de sa nature, on l’appelait composé. Comme un simple était la substance qui à l’état naturel pouvait agir comme médicament, une identification presque parfaite se produisait entre les simples et les plantes, puisque celles-ci étaient les produits naturels les plus diverses et les plus nombreux qui, sans « industrie humaine », généraient des effets thérapeutiques. C’est pourquoi la botanique et la matière médicinale s’uniraient depuis les temps anciens et le resteraient pratiquement jusqu’au XVIIe siècle. Les traités sur les plantes ne pouvaient pas éluder leurs applications et ceux de matière médicinale avaient besoin de les collationner continuellement. Ainsi en était-il dans l’Historia plantarum de Théophraste, la Naturalis historia de Pline, le De materia medica de Dioscoride ou le De simplicium medicamentorum temperamentis et facultatibus de Galien, et ceci se perpétuera dans les traités médicaux, botaniques, gastronomiques ou diététiques du XVIe siècle. Il est certain que, non seulement les médicaments, mais aussi les maladies étaient simples ou composées puisque toutes celles-ci s’expliquaient sous les quatre mêmes principes, froides ou chaudes, humides ou sèches, pouvant posséder une seule de ces qualités et être simple, ou plusieurs mélangées et être une maladie composée. Comme quiconque peut l’imaginer, avec ces principes, le traitement des maladies pouvait seulement progresser sur la base de d’essai et d’erreur, un catalogue combiné de maladies et de médicaments s’accumulant peu à peu au fil du temps avec ce qui avait été considéré comme prenant part à la guérison par observation. Ainsi fut construit un complexe schéma de produits simples ou composés, froids ou chauds, humides ou secs, qui combattaient des maladies simples ou composées, froides ou chaudes, humides ou Mandragores mâle et femelle, 1583 (Ref. C - 0083) sèches, présentes dans des organes qui étaient également froids ou chauds, humides ou secs, tout cela à différents degrés possibles. Et ce qui est dit des médicaments doit aussi être dit des aliments dont les propriétés étaient, bien sûr, celle d’être froides ou chaudes, sèches ou humides et, pour cette raison, convenir les uns ou les autres selon que l’on soit sain ou malade, ou l’on vivrait dans un lieu ou un autre où l’on aurait besoin de l’apport d’une ou d’autres qualités pour combattre les effets que les terres, l’eau, l’air ou le climat (plus ou moins humides ou secs, froids ou chauds) produisaient sur les personnes, pensait-on. Les plantes - et leurs utilisations médicinales, aliments - avec les régimes corrects, le sommeil pour favoriser la nutrition- et les eaux - avec leurs vertus thérapeutiques - constituaient ainsi le jardin de la santé. Ref. C - 0594 Gart der Gesundheit. Johannes von Cuba (ca. 1430-1503) [Incipit:] Offt und vil habe ich bey mir selbs betrachtet die wundersamen weercke des schoepfers den naturen · wie er an den anbeginne den hynmeln hat beschaffen und gezieret mit schoenen leüchtenden sternen · den er zů einfliessen in alles daz under dem hynmel ist · krafft und macht gegeben hat1.- [Colofón:] Gedruckt vnd volendet dyser herbarius durch Hannsen Schönsperger in der Keyserlichen statt zů Augspurg an der mittwochen nach dem weyssen suntag Anno Mcccc vnd in dem lrrrvij jare [i.e., Augsburg: Johann Schönsperger, 1487]. 1 En français ce serait, approximativement : [Incipit:] Fréquemment je me surprends à observer toutes les merveilles de la nature créées par Dieu omnipotent : la voûte céleste qu'il a créée le second jour, en l'ornant de belles étoiles brillantes et tout ce qu'il y a sous le ciel par l'emprise de sa force et de son pouvoir. [Colophon :] Cet Herbier a été imprimé et achevé par Hansen Schönsperger dans la ville impériale d'Augsbourg le mercredi suivant le dimanche de Pâques an mil quatre cent quatre-vingt-sept ans. Folio, (256x186mm.); [258] f.; 42 lignes à deux colonnes; sign.: a-v8, w8, x-z8, A-D8, E6, F8, G-H6, I8. [a1 et I8, blancs]. Reliure en bois de poirier (?) du XVe ou XVIe siècle. Majuscule enluminée quand change la lettre initiale des noms. Exemplaire auquel il manque la feuillet blanc d'entrée, les trois premiers feuillets (a-a4) et 12 feuillets dispersés (d2-d7, f1, g6, v6, A7-B1), ainsi que les trois derniers (E4-E6), feuillet des sommaires et le dernier feuillet blanc (F1I8), avec les feuillets E-E3 reliés devant s6. Elle contient, donc, de la fin du chapitre 1 jusqu'au chapitre 429, de 435 ; début du premier chapitre absent, une partie de neuf autres, vingt-six complets - parmi eux les six derniers, en plus de la présentation et du sommaire (donc, sans incipit ni colophon). Exprimé en feuillets, si l'on quitte les f. en blanc de début et de fin, l'œuvre complète a 229 feuillets de texte et d'images et 27 de sommaires. Cet exemplaire conserve 210 des 229 feuillets de texte et d'images. Tous les feuillets présents, sauf le premier, sont complets et aucun ne présente de xylographie découpée. Sur un total 391 qu'il devrait avoir, y sont présentes 362. Très divers degrés de détérioration, sale, avec des déchirures et des éraflures réparées maison et artisanale à différentes époques avec les plus divers matériaux. Prov.: Note mss., "Datum des Kräuter buch (Fecha del herbario), Albertus, 1561, Frankfurt am main. Reçú de Pauline Laurentz le 12 avril 1939" Refs.: Bradley, I, 275; Choulant, p. 55 (58), ref. 7; GW, M09756; Hain, 8950; IBE, 1989-1990, 2588; ISTC ig00102000; Klebs, p. 44, ref. 4. Passionnant exemplaire incomplet de la quatrième édition incunable de l'œuvre qui débuta la saga des Hortus sanitatis, le Gart der Gesundheit, texte dont l'identité de l'auteur ne fait aucun doute, bien que de nombreux subsistent sur son promoteur… À la fin du XVe siècle, l'évêque de Mainz (Mayence) était l'une des sept personnes qui étaient convoquées pour élire l'Empereur du Saint-Empire et la personne ayant le plus de pouvoir après lui : il avait une relation directe avec le Pape et le droit de pouvoir conseiller l'Empereur. L'évêque (archevêque) de Mayence était choisi par le chapitre de la cathédrale, traditionnellement entre ses membres, et l'élection retombait généralement le doyen, devenir doyen était donc un bon présage. Vers 1470, parmi les membres chanoines du chapitre de la cathédrale se trouvait déjà Bernhard von Breydenbach (ca. 1435-1497), qui en ce temps-là s'occupait de la gestion des œuvres que l'évêché ordonnait d'imprimer, ce qu'il faisait habituellement avec l'imprimeur Peter Schöffer, qui était le calligraphe qui avait apporté la solution pratique graphique à l'idée mécanique de types mobiles de Gutenberg, tous deux financés par Fust, ce qui fut ainsi le générateur de l'activité de la première presse moderne. Quant à Breydenbach, il faut dire qu'il eut une personnalité qui s'avère difficile à définir, puisque dans sa trajectoire s'unissent une vie de débauche lors de sa jeunesse (et plus encore), des études ecclésiastiques, un doctorat en droit étant adulte et une certaine capacité pour s'arroger les mérites d'autres, le tout parsemé de bonnes doses d'hypocondrie et d'une grande passion pour les livres. On disait de lui qu'il avait une mentalité éditoriale. Ce qui ne fait aucun doute est qu'il sut tirer parti éditorial de ses circonstances, en l'exprimant dans deux œuvres très différentes, toutes deux recevant un succès extraordinaire durant la période incunable. La première, un guide pour voyageurs en Terre Sainte et, la seconde, une encyclopédie visuelle des plantes médicinales. L'origine du guide pour voyageurs se trouve dans sa participation au petit cortège avec laquelle le comte Johann von Solms-Münzenberg - un jeune homme de 18 ans, qui avait hérité du comté de Lich quand il en avait seulement 11 - partit en pèlerinage en Terre Sainte pour y être nommé chevalier de l'ordre de Saint Jean de Jérusalem dans le Saint Sépulcre (et, au passage, gagner les indulgences). Dans ce voyage, qu'ils entreprirent le 25 avril 1483, ils furent accompagnés d'Erhard Rewich, un peintre d'Utrecht qui venait de faire un portrait au jeune comte, d'un noble au service du comte, d'un interprète italien et d'un cuisinier.1 En ce qui concerne le second des projets, l'encyclopédie visuelle de plantes médicinales, Breydenbach possédait, au moins depuis 1474, un volume où étaient recueillies des copies effectuées entre 1450 et 1477 de différents textes médiévaux, certains remontant jusqu'au VIIIe siècle , en allemand et en latin, des sept arts mécaniques, des secrets (alchimie et magie), de botanique et de médecine,2 auxquels il ajouta des 1 Quelques auteurs, partant exclusivement du témoignage postérieur de Breydenbach le nomment le promoteur du voyage et l'instigateur des voyages de Rewich, le peintre, parce que Breydenbach aurait pensé déjà avant son départ à l'élaboration à son retour d'un guide illustré. Par notre part, nous croyons que ce témoignage postérieur est une reconstruction intéressée de Breydenbach lui-même et que son rôle dans le voyage était l'assistance spirituelle au comte. 2 Le volume, qui est arrivé à nos jours, est connu comme le documents de contenance très différente, telles que les ordonnances médicales qu'on lui prescrivait pour soigner ses maux, apparemment, multiples.3 Maître de ces affections et de ces passions, il décida de se dédier à la publication d'un répertoire complet et bien illustré des plantes et d'autres simples médicinaux. Pour l'élaboration du contenu scientifique, vers 1481 il engagea Johann von Cuba,4 docteur en médecine, de Lich, comme le comte, mettant à sa disposition son codex. Et Cuba se disposa à recueillir les dires de Dioscoride, Galien, Avicenne, Ibn Sarabi (Sérapion le jeune), Matteo Silvatico, Giovanni Plateario et d'autres pour l'ajuster avec le contenu du Codex. Apparemment, Cuba termina son travail avant fin 1482.5 S'il cela est certain, la base pour sa publication est définie à la date où Breydenbach commença son voyage en Terre Sainte. La pérégrination fut un parcours passant par Venise, la Croatie, la Grèce, Chypre, la Palestine, l'Égypte - où le jeune comte décéda de dysenterie à Alexandrie le 31 octobre, retour à Venise et Codex Berleburg, et parmi les textes médicaux qu'il recueille se trouvent des parties de la plus célèbre des compilations médicales médiévales hautes-allemandes comme l'Älterer Deutscher Macer et l'Arzneibuch. 3 Les commentaires de Gundolf Keil sur la santé de Braydenbach, élaborés à partir des prescriptions contenues dans le codex, qui nous informent que le chanoine, en plus de, par exemple, pour des calculs, prenait des médicaments pour renforcer sa virilité sont dignes de mention. Voir, Gundolf Keil: "The textual transmission of the Codex Berleburg", dans Margaret R. Schleisser (ed.), Manuscript sources of Medieval medicine: a book of essays.- New York: Garland, 1995, p. 17-30. Un autre des essais antérieurs de Gundolf Keil, "Hortus sanitatis, Gart der Gesundheit, Gaerde der Sunthede", dans Elisabeth B MacDougall (ed.): Medieval gardens, Washington: Harvard university, 1986, p. 55-68, est également intéressant 4 Son nom non latinisé était Wonnecke von Kaub. Peu de temps plus tard, en 1484, il serait engagé comme médecin par la municipalité de Francfort, à moins de 40 km de Mayence. 5 Ainsi en est-il déduit Keil, op. cit., Hortus..., p. 64. arrivée à Mayence le 2 février 1484.6 À peine trois mois plus tard, l'archevêque décéda et le chapitre de la cathédrale choisit pour occuper la cathèdre celui qui était alors doyen, Bertold von Henneberg, qui, lorsqu'il fut archevêque, nomma Breydenbach pour qu'il occupât son poste de doyen. Depuis cette nouvelle position, à laquelle correspondait la coordination du chapitre, Breydenbach put mieux impulser ses projets, en publiant l'encyclopédie l'année suivante et le récit du voyage une année plus tard. Ce dernier est pour tous ces motifs une œuvre extraordinaire de la presse incunable, Peregrinatio in terram sanctam, si bien illustrée avec les gravures de Rewich, y compris l'impressionnant dépliant de plus d'un mètre et demi montrant une perspective de la ville de Venise, que nous aimerions pouvoir enfin offrir.7 En ce qui concerne l'encyclopédie illustrée de plantes médicinales, Breydenbach découvrit que 6 Breydenbach ne mentionne pas quelle fut la cause du décès, mais ainsi le conte Félix Fabri, dominicain d'Ulm, qui coïncida avec eux depuis la Palestine jusqu'en Egypte et qui écrivit l'histoire de son propre pèlerinage dans un manuscrit (découvert et publié en 1843 comme Fratris Felicis Fabri Evagatorium in Terrae Sanctae, Arabiae et Egypti peregrinatoniem, Stuttgart, Societatis Litterariae Stuttgartiensis, 3 v., v. 3, p. 162), apportant de nombreuses informations omises par Breydenbach dans sa chronique. 7 Bernhard von Breydenbach: Peregrinatio in terram sanctam, Mainz: Schöfer, 1486. L'œuvre fut traduite à l'allemand, au français et au castillan, en impression de Paulo Hurus, à Saragosse, en 1488, en utilisant les xylographies originales, sous le titre de Viaje de la tierra santa (Voyage en terre sainte). Si l'on désire se délecter de toutes les implications de cette initiative éditoriale, on ne peut pas manquer la lecture de la magnifique (bien que partial) étude de Elizabeth Ross, Picturing experience in the Early printed book: Breydenbach's peregrinatio from Venice to Jerusalem.- Penn State press, 2014. Braydenbach s'est épargné quelques travaux en copiant sans les citer des textes d'autres sources, tels que la description de Jérusalem, qu'il a tirée d'un manuscrit de la bibliothèque du couvent de dominicains d'Ulm. À ce sujet, Fabri, op. cit., v.1, p.182. pendant son absence en 1483, l'imprimeur Schöffer s'était empressé de préparer et d'imprimer pour son compte un herbier illustré afin de pouvoir le présenter en mars 1484 lors la proche foire de Francfort, qui était alors dans le territoire du diocèse de Mayence, peut-être pressé par la sortie récente du premier herbier imprimé, la transcription du texte et des images primitives d'un codex de l'abbaye de Montecassino, un manuscrit du Herbarius Apulei (Roma, Johannes Philippus de Lignamine, 1481).8 L'herbier qu'imprima Schöffer, connu sous le nom d'Herbarius latinus,9 renfermait un contenu assez précaire, rédigé en latin, concernant 150 plantes. Les xylographies qui l'illustraient, bien que plus élaborées que celles de l'Herbarius Apulei, présentaient encore les plantes en style gothique et avec des formes disproportionnées car elles étaient copiées d'herbiers manuscrits. Ce qui n'eut aucune importance parce que le produit fut un succès à Francfort et avant de finir l'année deux autres éditions en avait été tiré. Mais face à ces herbiers, le volume produit par Breydenbach introduisait des nouveautés considérables. Il était beaucoup plus vaste, passant de 150 à 435 chapitres. Il dépassait l'idée d'herbier en incorporant 24 simples du royaume animal et minéral. Le texte préparé par von Cuba n'était pas une copie d'un codex mais une compilation 8 ISTC, ih00058000; GM, 2300. L'argument de William M. Ivins jr. sur cette copie du codex de Montecassino et sur le changement conceptuel qui suppose le transfert des dessins d'un codex à des xylographies taillées qui maintiennent l'information, est gracieux. Voir "The herbal of Pseudo-Apuleius", The Metropolitan Museum of Art Bulletin 2 (1944) 7: 218-221. 9 Rogatu plurimorum inopum nummorum egentium appotecas refutantium occasione illa, quia necessaria ibidem ad corpus egrum spectantia sunt cara simplicia et composita. authentique de nouvel ordre qui rassemblait toute la tradition médicale comme elle avait été spécifiquement recueillie en Allemagne centrale, en y incorporant les prescriptions des médecines grecque, latine, arabe et salernitaine en synthèses très précises (avec les dénominations des plantes et des simples en allemand, latin, grec et arabe). Les illustrations, coloriées, abandonnaient le style gothique pour le style réaliste en cherchant expressément à représenter l'original en tenant compte de ses proportions et se sa morphologie. Et, ce qui s'avérerait fondamental, il fut imprimé en langue vernaculaire, Breydenbach incluant lui-même une introduction dans laquelle il faisait allusion à l'œuvre comme « Ortus sanitatis, auss teütsch Ein gartten de der Gesundthery », Ortus Sanitatis, en français, le jardin de la santé. En termes actuels, ce serait l'irruption d'un Atlas de botanique médicinal exhaustif. Il fut ainsi imprimé une année après l'herbier de Peter Schöffer, sur la même presse, le 22 mars 1485. Le succès de l'œuvre fut complet et fulgurant. En août 1485, cinq mois après la première impression, apparut aussi à la vente à Augsbourg une nouvelle impression, sortie cette fois de l'atelier de Johann Schönsperger, à pleine page, pour laquelle il avait fait copier les xylographies, parfois en les calquant de celles imprimées, ce qui fit qu'elles apparurent inversées (côté droit des images à gauche et vice versa). Nous ne savons pas si Breydenbach avait autorisé cette seconde édition du Gart der Gesundheit. Quoiqu'il en soit, Schönsperger la republia de nouveau en 1486 en changeant complètement sa composition typographique, en présentant le texte sur deux colonnes, avec un nouveau jeu de xylogra- phies, reproduites à une échelle un peu plus réduite afin de pouvoir les insérer dans la largeur des colonnes. Dans ce format, il l'imprima de nouveau en 1487 (édition à laquelle correspond l'exemplaire que nous offrons), 1488, 1493, 1496 et 1500. Et il ne fut pas le seul, parce qu'à partir de 1487 furent aussi tirées des éditions à Strasbourg, Ulm et Lübeck. Et, quand elle fut traduite au latin en 1491, elle avait été imprimée neuf fois en allemand. Le Gart der Gesundheit était déjà devenu le modèle de ce que devait être un herbier imprimé, le format pour toute œuvre de `matière médicinale'(y compris les nombreux commentaires sur Dioscoride du siècle suivant) et il devint en soi un type standard de publication : les Hortus sanitatis, les jardins de la santé. Curieusement, pour illustrer les commentaires sur le Gart der Gesundheit, on s'en remet généralement aux xylographies de la mandragore mâle et la mandragore femelle, précisément deux des quelques images qui, au lieu de reproduire la plante originale de manière réaliste, vont à leur représentation idéalisée. Iconographiquement, l'apparition de la gravure d'un éléphant avec une image proportionnée, dont il s'agit probablement de la première représentation imprimée, est toutefois très surprenante, ce qui ne manque pas de surprendre, parce que cela faisait des siècles qu'on ne voyait pas un éléphant en Europe et qu'on lui attribuait l'aspect extravagant avec lequel l'avaient imaginé les copistes de codex qui n'en avaient jamais vu aucun et qui le dessinaient à partir des descriptions reçues à travers les textes de l'antiquité qu'ils copiaient, par exemple, de Pline le vieux.10 10 Sur la représentation des éléphants durant le Moyen-âge, le Ref. C - 0594 Tout libraire et tout bibliophile enthousiaste serait enchanté de vendre (ou d'acheter) un exemplaire complet et propre de cette icone éditoriale, avec sa cadence prolongée de xylographies coloriées d'époque des plantes, de graines et de fruits d'application médicinale. Il devrait aussi y investir plusieurs dizaines de milliers d'euros (des centaines, si l'exemplaire correspondait à la première édition de 1485). Et, dans ce cas, il aurait un très beau livre. La beauté de l'exemplaire que nous offrons, par contre, se trouve dans le fait qu'il s'agit d'une pièce authentique du musée de la vie : c'est un livre extrêmement utilisé durant une bonne partie de ses plus de cinq cents ans protégé seulement par ses placages en bois massif. Il présente de très divers degrés de détérioration, dans leur majorité des éraflures réparées artisanalement à différentes époques avec les plus divers matériaux. Il est sale et n'a pas de dos, ses plats en placage sont reliées avec des cordes et les tranches, jamais guillotinées, sont détériorées par une utilisation si intense. Mais il hypnotise. La cadence des images, les annotations de tout type, les décomptes d'autres propriétaires vérifiant ce qu'il leur manquait ou quel était l'ordre dans lequel devaient se trouver les pages, tout porte à mille rêveries qui poussent à reprendre le volume récemment délaissé, à sentir de nouveau le bois qui le renferme et l'ouvrir en tournant, peut-être, les trois, quatre ou cinq premières pages pour fuir des premiers sparadraps et commencer à être surpris par les images, les couleurs, les majuscules enlutravail superbe de Uli Westphal: "Elephas anthropogenus", en Zoologischer Anzeiger (2015) 256: 36-41. Et divertissez-vous sur sa page web http://www.uliwestphal.de/ElephasAnthropogenus . Choisissez un éléphant et cliquez sur lui. minées quand change la lettre initiale d'époque, les notes, les citations qui se devinent, ce qui dirait Avicenne ou ce qu'aurait pensé une autre personne faisant précisément la même chose en l'ouvrant de ses mains comme nous-mêmes. Ref. C - 0459 Mensa philosophica Mensa philosophica Optime custos valitudinis studiosis Juvenibus apparata, non minus s[entent]iarum gravitate conducibilis; quam facetiarum enarrationes delectabilis.- [Paris]: Jehan Frellon, n.d. [ca.1510]. 8º (132x87mm.); 50, [2] h.; sign.: A-F8, G4; tipos góticos a 41 lineas; folio 39 malnumerado 29. Reliure moderne en parchemin (XXe siècle), dont le dos porte une inscription ; coupures de catalogues de librairies avec références du livre collées sur contre-plat avant ; petite foliotation nette en nombres ordinaux manuscrite sur coin inférieur du feuillet du début de chaque cahier. Proc.: Ex-libris manuscrite sur page de titre, Caroli Maimbourg, canonicj Tulensis1 1 Charles Maimbourg, fils de Nicholas Maimbourg, seigneur de Housseville, mourut en 1625. Érudit et bibliophile, il fut pronotaire apostolique, chanoine de la cathédrale de Toul et chapelain de la chapelle Notre Dame des Lamentations dans l’Église collégiale de Saint George à Nancy. Refs.: Adams, 1154; Rauner, 18. Post-incunable gothique parisien rare, imprimé par Jehan Frellon, de la célèbre œuvre gastronomique Mensa philosophica. Ayant été attribuée autrefois de temps à autre à Teobaldus Anguilbertus1 et parfois à Michael Scott,2 ceci se répétant encore généralement aujourd’hui dans des catalogues de bibliothèques. Toutefois, les deux attributions doivent être considérées comme erronées à partir de l’étude de Goswin Franken qui, en 1927, en s’en tenant à la généalogie du contenu et des textes 1 L’attribution à Teobaldo Anguilberto procédait de l’épître qui apparaît dans les éditions parisiennes de la Mensa. 2 L’attribution à Michael Scott (XIIIe siècle), premier traducteur au latin de Histoire des animaux d’Aristote (à Tolède, depuis une version en arabe), est due à ce que le premier livre de la Mensa philosophica commence par une référence à ce que dit Scott sur un texte des Saturnales de Macrobe. qui y étaient reproduits, a situé l’origine de cette œuvre dans un lieu de Centre-Europe.3 Ce qui, en outre, est plus cohérent avec le fait que la plupart des éditions, y compris les premiers incunables, furent imprimés dans des localités de l’actuelle Allemagne. L’œuvre, divisée en quatre parties, porte sur l’alimentation. Dans la première y sont abordées les habitudes alimentaires, les heures adéquates pour prendre les repas et l’ordre d’apparition des aliments lors de ceux-ci, tout en parlant d’eux : pain, vin, viandes, volailles, lait, légumes verts… Des questions qui sont reprises dans la troisième partie, en les abordant à cette occa3 Goswin Frenken: “Die älteste Schwanksammlung des Mittelalters (Die Mensa philosophica eines Kölner Dominikaners)”, Jahrbuch des Kölnischen Geschichtsvereins, 8-9 (1927): 105-121. sion d’un point de vue médical diététique, en égrenant les vertus et les dangers pour la santé de 13 classes différentes de repas (englobant les différents aliments dans chacune de ces classes). La seconde partie, par contre, porte sur les types de personnes que l’on peut trouver à différentes catégories de tables, en enseignant les normes sociales adéquates de chacune d’entre elles. La quatrième, enfin, offre une anthologie de proverbes, de blagues et dictons pour faciliter la conversation pendant le repas et l’après-repas. La manière de combiner ces matières fait que le texte soit interprété comme une brève encyclopédie de l’alimentation tendant à la formation « scientifique » et en même temps « sociale » des lecteurs, tout en développant leur corps et leur esprit et, pour cette raison, assimilée à d’autres textes tels que la Summa recreatorum ou le Responsorium curiosorum, puisant aux mêmes sources. Ce sont des œuvres d’un modèle complètement différent à celui des recueils érudits d’anciens savoirs tels que les régimes de la santé ou les matières médicinales car, bien qu’en y incorporant beaucoup de leurs contenus et recettes, il les réunit, les présente et les complète de manière à s’orienter non vers la transmission du savoir scientifique, mais dans sa mise à profit par les personnes. Origine géographique et esprit éditorial proches donc, au jardin de la santé que nous avons commenté dans la fiche précédente.4 Publié à l’origine peu après 1470, ce best-seller renaissance des traités gastronomiques, si rare à trouver dans le commerce de nos jours, continua à l’être jusqu’à la moitié du XVIe siècle et fut commenté, de nouveau, à plusieurs reprises, au début du XVIIe. L’édition que nous offrons, imprimée par Jean Frellon, est exempte de toute mention à une date d’impression. Comme lors de différentes occasions, Frellon en fit des coimpressions avec Jehan Petit, François Regnault ou avec les deux à la fois, tout portant à penser qu’il s’agit d’un de ces cas. En effet, les trois imprimeurs disposaient de marques typographiques des mêmes dimensions et ceci faisait que la page de titre apparaisse avec la marque typographique correspondante, dans les volumes imprimés pour chacun. Plus encore, Frellon élabora la sienne en imitant celle de Jehan Petit, en changeant les lions juchés sur l’arbre qui apparaissaient dans celle de Jehan Petit pour deux renards et deux abeilles.5 Si nous examinons les éditions de la Mensa philosophica imprimées avec les marques de Jehan Petit ou de Regnault, dans le cas où cet exemplaire pourrait correspondre à certaines d’entre elles, nous trouvons des éditions de Petit en 1508, 1512 et 1517 et de Regnault, en 1509 et 1512. En ce qui concerne les éditions de Petit, dans celle de 1508, que cite Vicaire,6 l’épître d’Anguilberto n’apparaît pas au verso de la page de titre, comme dans le cas de notre exemplaire, 4 Voir les attrayantes études de Arthur Sanders Way: The Science of Dining, Mensa Philosophica: A Medieval Treatise on the Hygiene of the Table and the Laws of Health.- London: MacMillan 1936, et celle, beaucoup plus récente, de Iolanda Ventura: “Quaestiones and Encyclopedias”, dans Alasdair A. MacDonald, Michael W. Twomey (eds.): Schooling and Society: The Ordering and Reordering of Knowledge in the Western Middle Ages.- Leuven: Peeters Publishers, 2004, p. 23-42, p. 34-36 pour la Mensa philosophica. 5 Philippe Renouard: Les marques typographiques parisiennes des XVe et XVIe siècles.- Paris: H. Champion, 1926-1928, ref 331. 6 Georges Vicaire: Bibliographie gastronomique, Paris, P. Rouquette et fils, 1898, col . 777-780. sinon à la fin ; celle de 1512 est imprimée en caractères différents7 et celle de 1517 a davantage de lignes par page que la nôtre. En ce qui concerne celles de Regnault, toutes deux sont imprimées en caractères différents.8 Ceux qui se sont le plus efforcés à établir la séquence des éditions de la Mensa philosophica, Rauner y Wachinger,9 la datent de 1515, sûrement sur les pas d’Adams,10 et indiquent qu’il y 7 En colophon, il met l’année 1500, mais les études la repoussent à 1512. Collationné avec l’exemplaire de la Bayerische Staatsbibliothek. 8 Collationné avec l’exemplaire de la Bayerische Staatsbibliothek. 9 Erwin Rauner et Burghart Wachinger: Mensa philosophica: Faksimile und Kommentar.- Tübingen: Niemeyer, 1995, p. 175. 10 Adams, H. M.: Catalogue of books printed on the continent of Europe, 1501-1600, in Cambridge libraries.- Cambridge University Press, 1976, 2 v., ref 1154. en a des exemplaires à la British Library et à la Düsseldorf Universitätsbibliothek. Ils en signalent également un exemplaire à l’Université de Cambridge (que commentait Adams) et un autre dans la Zentral Bibliothek de Zurich, mais dans les catalogues de ces deux institutions nous ne parvenons pas à trouver leur fiche. Pour notre part, nous pouvons seulement ajouter l’existence d’un exemplaire à la National Library of Scotland et un autre, incomplet, dans le séminaire de Mondoñedo (Lugo, Galice, Espagne). Quoiqu’il en soit, nous pensons que l’attribution que fit Adams à 1515 en se basant sur la marque typographique est erronée, car Frellon avait commencé à en user en 1505 ou auparavant et cessa de le faire vers 1514,11 date à partir de 11 L’oeuvrage imprimè en 1505, Serpens antiquus septem peccatis laquelle, avant de déménager pour Lyon, il n’en utilise plus qu’une autre dont il usait simultanément depuis 1510, dans laquelle, au centre, au lieu d’un arbre derrière le blason, apparaît Saint Jean Baptiste tenant l’agneau dans ses bras.12 Pour pouvoir préciser la date avec plus d’exactitude, il serait nécessaire de localiser d’autres sources ou une autre impression datée et imprimée avec le même jeu de types, mais nous n’y sommes pas parvenus; néanmoins le fait que Petit et Regnault eussent imprimé la Mensa Philosophica en 1508 et en 1509, respectivement, nous suggère que l’impression de Frellon avoisinerait aussi ces dates. criminalibus; celui de 1514, Divinarum sententiarum. 12 La marque est celle recueillie chez Renouard, 332, pour une œuvre de 1512, mais Frellon en usa au moins depuis les commentaires In prouerbia par Salomonis de 1510. Ref. C - 0459 Ref. C - 0813 Regimen sanitatis salernitanum De Conservanda bona valetvdine. Opusculum scholae salernitane, ad Regem Angliae: Cum Arnoldi Nouicomensis, Medici & Philosophi antiqui Enarrationibus vtilissimis, denuò recognitis & auctis per Ioan Curionem, & Iacob Crellium.Parisiis: Apud Hyeronimum de Marnef, & viudam Gulielmi Cauellat, sub Pelicano, monte d. Hilarij, 1589.- [sigue, p. 363-475:] Tuendae sanitatis ratio per sex rerum (vt medici vocant) non naturalium ordinem, ex graviourm medicorum scriptis diligenter congesta, opus futuro medico pernecessarium, nunc locupletius & fidelius quam antea edutum, authore Georgio Pictorio Villingano apud Regiam Curiam Enfishemii superioris Alsatuae archiatro.- Parisiis: Apud Hyeronimum de Marnef, & viudam Gulielmi Cauellat, sub Pelicano, monte d. Hilarij, s.d [i.e 1580]. 8º (xmm.); [8], 9-343, [18], 362-476, [11] p.; sign.: A-Z8, Aa8, BB-GG8, Hh4 [verso HH4 blanco]; marque typographique de Jérôme de Marnef, lema In me mors. In me vita. Reliure des débuts du XIXe, plein cuir avec les plats de la reliure originale conservés collés sur les nouveaux ; dos avec nerfs et entrenerf gravé en doré. Coins inférieurs frottés ; petit point de piqûre dans le coin supérieur, transversale au corps du livre d’un côté à l’autre ; coins inférieurs de p. 411 et 433 ouverts ; gribouillage blanc en vers de dernière feuille de sommaire ; ligne de censure du texte des pages 335-343. Prov.: Ex-libris de la bibliothèque du prince russe Augustine Gallitzin;1 ex-libris manuscrit sur la page de titre, lettre du XVIe siècle, ‘Miarces’. ,1 Dimitri Dmitrievitch Galitzine (1770-1840), était un prince russe, fils de l’ambassadeur des Pays-Bas (où il est né), converti au catholicisme sous l’influence de sa mère. Voyageur en Amérique, où il a été ordonné. Il a été nationalisé en 1802 et Il est mort en Pennsylvanie. Refs.: Renouard, Clavellat, 388. Le régime sanitaire salernitain (Regimen sanitatis salernitanum) fut à son origine un vaste poème dont les premières versions semblent remonter au XIe siècle. Il était composé de vers facilement mémorisables qui, résumant les enseignements d’Hippocrate et de Galien, égrenaient comment et avec quoi se nourrir pour conserver une bonne santé. La première fois qu’il circula imprimé, ce fut avec des commentaires attribués à Arnau de Vilanova, celui-ci en ayant été par conséquent longtemps considéré comme l’auteur. La version le plus célèbre et la plus étendue (au moins durant 100 ans) du Régime au XVIe siècle fut celle qui, accompagnée de vastes commentaires écrits par Johaness Curium - professeur de médecine à l’université d’Erfurt entre 1512 et 1561 - et Jacob Crell, fut publiée pour la première 1 1 À Louvain, Johannes de Westfalia, ca. 1480. fois à Francfort, par Christian Egenolph, en 1545. Le texte fut copié immédiatement et son impression cette même année, à Paris, par Gulielmum Cavellat fut répartie entre sa presse (et celle de ses héritiers), celle d’Egenolph (et celle des siens), et plusieurs autres, au moins, de Genève, de Venise et d’Anvers et il en sortirait environ quarante éditions durant les cinquante années suivantes, dans une version avec les commentaires étendus à partir des éditions de 1555. Malgré sa diffusion énorme à l’époque, l’apparition dans le commerce des éditions parisiennes est très rare, mais il nous semble encore plus bizarre que, malgré ce succès extraordinaire, on ne puisse rien savoir de plus sur Curio ou sur Crell. Ni même Renouard, pourtant si méthodique, n’arriva à ajouter une quelconque information sur eux.1 Nous pouvons seulement rapporter que Curio était de Bercka et Crell de Meissen et que Curio avait publié un livre sur la passion du Christ2 et Crell un compendium de catéchisme chrétien en vers grecs.3 Le régime salernitain, présenté comme un présent à un roi normand, après de brefs commentaires sur l’aspect nécessaire de la célébrité pour la bonne vie, s’oriente immédiatement vers les habitudes de repas et de sommeil (dormir après les repas était indispensable dans la tradition aristotélique et hippocratique pour que les nutriments des aliments arrivent de l’estomac au cerveau), pour 1 Philippe Renouard (& Isabelle Pantin, ed.): Imprimeurs et libraires parisiens du XVIe siècle d’après les manuscrits de Philippe Renouard. Fascicule Cavellat, Marnef et Cavellat.- Paris: Bibliothèque nationale, 1986, refs. 64, 87, 146, 196, 288, 332 et 388. 2 Der ander teyl der seligmachende Passion Jesu Christi vnsers eynigen mittlers vnnd höchste[n] priesters.- Nüremberg, ca. 1528. 3 Compendiarii quinque articuli totius Christianae catecheseos.[Breslau], 1548 Ref. C - 0813 égrener ensuite aliment après aliment comment ils affectaient la santé en faisant un vaste examen de leurs propriétés, vertus et complications, quand, comment et avec quoi les prendre, en faisant un retour exhaustif de ce qui était relatif au vin, aux condiments, viandes, volailles, poissons, produits laitiers, fruits et légumes, bière et sel. Après avoir souligné l’importance de l’aspect et de la saveur du repas, le texte change de direction et s’oriente vers les plantes médicinales et leurs vertus et, dans un nouveau revirement, il se focalise vers les « humeurs » dont est constitué le corps humain (et leur régénération par les différentes diètes) en énonçant leurs conséquences sur les tempéraments sanguin, mélancolique, colérique et flegmatique. La dernière partie du poème (et des commentaires) est destinée à la pratique des phlébotomies, les saignées, en indiquant celles qui convenaient et comment on devait pratiquer selon le mal qu’il fallait enrayer. Le texte du régime salernitain était accompagné de trois textes très brefs d’Othon de Crémone - sur l’élection du simple le plus adéquat -, de Philipp Melanchthon, et de Polybe - sur la diète saine -. Nous avons laissé à part la mention au texte de Melanchthon, en réalité un résumé de ce qu’il dit dans son De Anima sur le sommeil et sa contribution à la nutrition, car, dans cet exemplaire, il est traversé par une ligne le censurant du haut vers le bas (photo à côté), sans doute parce qu’il s’agissait d’un des plus significatifs leaders de la Réforme, bien que le zèle du censeur de cet exemplaire se fût étendu au texte de Polybe… Et aux côtés du régime salernitain, dans cette édition imprimée avec numérotation séquentielle est unie, l’œuvre de Georg Pictorius (ca. 1500-1569), Tuendae sanitatis ratio per sex rerum (vt medici vocant) non naturalium ordinem... Imprimée pour la première fois en 1549 à Bâle (à Paris, 1555) elle apparaît dans les éditions de la presse d’héritière de Crevillat depuis 1575. Présentée comme sept dialogues entre Theophrastus et Polylogus, il s’agit d’un exposé de la théorie des non naturels de Galien, les causes externes (air, aliments, travail, sommeil, sécrétions et affections) qui, en agissant sur les choses naturelles (le corps et ses facultés) provoquaient les maladies. Ref. C - 0581 Francisco Valles de Covarrubias (1524-1592) Controuersiarvm medicarvm et philosophicarvm, Francisci Vallesii Covarrvviani editio tertia, ab eodem Autore iterum recognita & aucta. Accesit liber de simplicium medicamentorum facultate eiusdem Autoris. Ad potentissimum & Inuictissimum Hispaniarum Regem Phillippum II.- Complvti: Excudebat Ioannes Iñiguez à Lequerica, Anno MDLXXXIII [1583] [Colophon: Complvti: Ex officina Ioannis Iñiquez à Lequerica, anno MDLXXXII].- [sigue:] Francisci Vallesij Couarrubiani, in schola Complutensi professoris primarij, ac nunc potentissimi Regis Philippi, cubicularij medici, in tertium de temperamentis Galeni, & quinque priores libros de Simplicium medicamentorum facultate, Comentaria.- [Colophon: Execudebat Ioannes Iñiquez à Lequerica: Anno 1583] Fol. (271x188mm.); Controversiarum...: [18], 164 h.; sign.: ¶-¶4, ¶-¶8, 2¶-2¶6, A-T8, V-X6; blason royal xylogravée sur la page de titre; erreurs de foliation, 43 pour 34 et 74 et 75 pour 84 et 85.- De Simplicium medicamentorum facultate: 106 h.; sign.: A-M8, N-N10. Reliure à la hollandaise de parchemin avec coins ; entrenerf étiqueté sur le dos; un peu court de marges qui mangent les premières lettres des apostilles les plus longues. Page de titre et deux feuillets suivants avec coin inférieur restauré. Ancienne trace jaunâtre en ouvrant f.29. Anciennes taches de champignon, spécialement en f. 83-91. Plusieurs petites taches libres (2x2cm.). Deux derniers feuillets avec coin supérieur restauré. Néanmoins et malgré l’extrême minceur du papier, très bon exemplaire. Proc.: Petit ex-libris de tampon au côté droit de la page de titre, illisible. Refs.: CCPB, 000027258-2; Martín Abad, Alcalá de Henares, 942; Palau, 350893. Troisième édition, révisée et augmentée, de la première œuvre publiée par Francisco Valles ‘le devin’, les Controverses médicales et philosophiques sur l’œuvre de Galien dont il réaliserait encore deux autres éditions avant de décéder. Les Controverses s’avérèrent si intéressantes qu’elles provoquèrent une anecdote célèbre. En 1580, le médecin protestant allemand Johannes Kraft [Johannis Cratonis, dans sa forme latinisée], qui disposait d’un exemplaire de la première édition de 1556, décida qu’elles méritaient être diffusées et pensa les éditer. Mais il n’avait, ni n’obtint d’informations- selon ses dires -sur la personne de Valles-, au-delà de ce qui apparaissait dans le livre publié 25 ans auparavant. Il décida donc de la mener à bien sans consulter l’auteur, dont il ne savait même pas s’il était encore vivant, mais il le fit ‘en corrigeant et en polissant le texte’, ce qui revient non seulement à critiquer le latin dans lequel il était écrit et à contredire certaines des propositions qu’il contenait, mais aussi à en changer d’autres avec lesquels il est le plus en désaccord sans se gêner à critiquer son auteur. La traduction est sortie imprimée l’année suivante, en 1582, à Francfort, de la presse des héritiers de Wechel. Quelle ne fut pas sa surprise immédiate lorsqu’il apprit que Valles était vivant et qu’il avait envo- yé le texte révisé et étendu à l’imprimeur Plantino d’Anvers qui avait rejeté l’impression de cette troisième édition précisément parce que le livre venait d’être publié en Allemagne. Valles eut ainsi connaissance de cette impression pour laquelle on ne lui avait pas demandé son autorisation. Il ne lui resta donc pas d’autre solution que de s’en remettre de nouveau à une presse péninsulaire pour publier la mise à jour de ses Controverses.1 Lorsqu’il l’envoya à l’impression, Valles la compléta d’un texte nouveau, Commentaire sur les cinq premiers livres des médicaments simples, de Galien, ainsi présente dans cette première édition.2 L’impression de l’œuvre fut faite de manière préconçue pour sa publication conjointe aux Controverses, en imprimant premièrement celles-ci -colophon de 1582-, puis la nouvelle -colophon de 1583- et en disposant une page de titre conjointe aux deux. La page de titre commune est responsable de l’attribution de la troisième édition des Controverses à 1583 au lieu de 1582. 1 Pour cette anecdote et sur les Controverses, est indispensable l’anthologie préparée par Jose Maria López Piñero y Francisco Calero: Los temas polémicos de la medicina renacentista: Las Controversias (1566) de Francisco Valles y la medicina renacentista.Madrid: Csic, 1988. 2 Il est possible qu’il y ait eu des éditions précédentes, mais elles se sont perdues. Morejón les situe en 1567 et 1569, chez Iberian Books on parle d’une de 1576 et JM Piñero dit qu’elle fut publiée en 1567. Nous ne localisons aucune d’elles nulle part. Ref. C - 0581 Ref. C - 0535 Francisco Valles de Covarrubias (1524-1592) Francisci Vallesii Covarrvbiani, professoris complutensis, In Aphorismos, & Libellum de Alimento Hippocratis, Commentaria.- Compluti: Ex officina Andreae ab Angulo, 1561 (Colofón: Complvti: Excudebat Andreas ab Angulo, 1561). 8º (145x90); 304, [27] h.; sign.: A-Z8, a-r8, s12; iniciales xilografiadas ; [Segunda obra: Hippocratis coi Liber de Alimento, cvm commentarijs eiusdem Francisci Vallesij Couarruiani, h. 255-303.] Reliure plein cuir XVIIe siècle, dos avec entrenerf, décoré de filets et de fleurs dorés. Chants légèrement frottés ; petit point de piqûre dans la partie supérieure de l’entrenerf ne pénétrant pas le corps ; ancienne trace d’humidité, visible dans la moitié inférieure intérieure du feuillets 1 à 82 et de 96 à 122 ; quelques soulignages d’époque du premier aphorisme de la quatrième section, et très fréquents dans le Livre de l’Aliment; points d’oxydation dispersés ; marque de brûlé, probablement de cire, dans le coin supérieur interne des dernières pages du sommaire et la page de colophon, ne gênant pas la lecture. Proc.: Ex-libris manuscrite sur verso de la feuille de garde, ‘Julii Degerine’. Refs.: CCPB, 000027250-7; Chinchilla, I, 232; Hernández Morejón, III, 75-76; Martín Abad, Alcalá de Henares, 557; Palau, 114825. Francisco Valles, le `divin Valles’, professeur de Médecine à l’Université d’Acalá jusqu’à ce qu’il devienne médecin personnel de Philippe II, fut sûrement le médecin espagnol de plus grand renom international au XVIe siècle. Valles, tout comme Érasme, était contraire à la transmission du savoir dogmatique et à la méthode scolastique et, comme Érasme, croyait que la plupart des professeurs de son temps se limitaient à répéter des doctrines, les considérant comme véridiques et à les faire répéter à leurs étudiants. Tous deux avaient la pire opinion possible du fonctionnement de l’enseignement universitaire de leur temps. Pour Valles, en Médecine, il était nécessaire de collationner ce qui était dit sur les différentes maladies et leurs possibles thérapies avec les symptômes et les réactions que l’on observait dans des cas réels de la propre maladie, aussi bien si les observations ratifiaient celles recueillies dans les textes d’Hippocrate, de Galien et des commentateurs antérieurs et plus spécia- lement Avicenne, que si ces observations informaient sur des aspects non recueillis ou, spécialement, s’ils présentaient des contradictions. De cette manière, face aux livres de Médecine qui se limitaient à interpréter les affirmations des classiques, les livres précieux devaient inclure des commentaires qui, rendant compte de cet ensemble d’évidences, exposeraient les conclusions qui pourraient en être déduites en tenant compte, en outre, des observations que d’autres médecins du moment feraient connaître sur ces mêmes maladies et manifestations physiologiques. Ainsi, du point de vue heuristique, de par la prépondérance qu’il accordait à la valeur de l’observation clinique, Valles se montrait plus hippocratique que galénique. C’est pour cela que Valles fit face aux deux legs en s’attelant à la tâche de traduire de nouveau les textes originaux du grec (au latin) et de leur commentaire avec ce patron humaniste que luimême exigeait aussi bien dans l’exercice de la tâche scientifique, que dans celui de la tâche didactique. Un exemple flagrant en est cette première édition, imprimée en 1561, de ses traductions et commentaires des Aphorismes et du Ref. C - 0535 livret De l’Aliment d’Hippocrate.1 La traduction du mini traité De l’Aliment s’avère spécialement significative, une œuvre à laquelle on avait prêté peu d’attention durant le Moyen Âge car Galien avait affirmé en son temps qu’il n’était pas d’Hippocrate. Cette marginalisation est à l’origine du nombre peu élevé de versions latines existant et ainsi, Valles pourrait dire qu’il le sortait de l’ombre. D’ailleurs, nous ne localisons qu’une version antérieure à celle de Valles, ceci étant peut-être dû à notre maladresse; celle que Janus Cornarius (Jean Cornario) inclut, sans en commenter le contenu, dans ses éditions de Hippocratis omnium longe principis, opera quad apud nos extant omnia, depuis 1546. 1 Dans la licence on peut lire: « et ayant composé un livre en latin sur les Aphorismes d’Hippocrate, qui était très utile dans la faculté de médecine, et en plus du travail que vous y avez réalisé, vous y avez investi ; et pour que les étudiants de cette faculté pussent en profiter, vous nous avez sollicité licence pour le pouvoir vendre et l’imprimer… » Ref. C - 0580 Francesco Sansovino (1521-1583) Della materia medicinale libri qvattro. Nel primo & secondo si contengono i Semplici medicamenti con le figure delle Herbe ritratte dal naturale, & la maniera di conoscerle & di conseruarle. Nel terzo s’insegna il modo di preparare & comporre i medicamenti secondo l’uso de i Medici approuati, cosi antichi come moderni. Nel qvarto et vltimo son poste le malattie che uengono al corpo humano, con i loro rimedi contenuti nel presente uolume. Con le tavole de nomi delle herbe per ordine d´alfabeto in diuerse lingue.- In Venetia: Appresso Gio. Andrea Valuassori detto Guadagnino, MDLXI [1561]. (Colofón: MDLXI [1561]) 4º (202x140mm.); [19], 332, [2] h; sign.: *4, a-d4, A-3Z4, 4A-4N4, O6; 195 gravures sur bois de plantes (planche 8/122x66mm.); cul de lampe. Reliure italienne d’époque plein cuir ; dos avec nerfs, craquelé; entrenerf gravure ; dos respectueusement restauré pour en consolider la fragilité provoquée par quelque termite. Bon état général, bien que le papier soit un peu terni dans les marges et dans les plis 2D, 2K, 2L, 2V, 3A, 3F, 3G et 4O ; cuir de coiffe et pied, absent; garde avant absente ; trois premiers cahiers (*-b4) ayant un peu souffert, replacés dans le corps, avec trace d’humidité dans la marge supérieure et sur le coin du premier cahier ; feuille a4 absente (la deuxième du tableau en grec des noms des plantes). Un peu court de marge supérieure, sans arriver en aucun cas au texte. Prov.: Aucune donnée sauf une date, 1663, sous l’anagramme de page de titre, et une situation, 19.1, sous l’impressum. Refs.: Bradley, I, 281, y III, 239; Cicogna, Insc. 4, p. 53; SBN, IT\ICCU\RMLE\006306. Les multiples facettes de Francesco Sansovino, y compris celle d’imprimeur depuis 1551, visent toutes à la promotion de la langue vernaculaire. Elles couvrent depuis d’innombrables traductions de classiques et de contemporains du grec et du latin à l’italien (Aristotle, Plutarque, Palladio, Justinien, Ausone, Tite-Live, Augustin d’Hippone, Guicciardini, Mexia,...), jusqu’à de propres études, passant par l’édition littéraire d’anthologies, la rédaction de textes à caractère thématique encyclopédique ou l’édition critique des grands italiens (Dante, Bocaccio). En fixant seulement l’attention , par exemple, sur le triennat 1560-1562 qui enveloppe cette œuvre, on peut constater que Sansovino écrivit une Histoire universelle sur les Turcs tirée des meilleurs auteurs (qu’il a élargie et corrigée au fil des années), l’anthologie de Cent contes choisis (avec de nombreuses rééditions), les Observations de personnages importants (également rééditée de nombreuses fois), les Lettres de Bembo à Cardinaux, princes et autres grands dignitaires et les Discours d’hommes illustres… tout en publiant, dans le domaine scientifique, le texte encyclopédique Agriculture tirée des meilleurs auteurs, qu’il voulut déguiser comme œuvre d’un certain Giovanni Tatti, qui n’était autre qu’un pseudonyme,1 cette encyclopédie de produits médicinaux Quatre livres de matière médicale, la traduction de Agriculture de Crescencio (1561) et celle de Secrets médicinaux de Pietro Bairo (1562). (Plus tard, en 1577, il traduisit aussi Agriculture de l’espagnol Herrera). En ce qui concerne cette Materia medicinale, le premier de ses quatre livres est un compendium de plantes et de fruits ayant des vertus médicales élaboré par Sansovino où chacune des 195 variétés 1 Il le suggère Emmanuelle Antonio Cicogna: Delle Inscrizioni Veneziane Raccolte Ed Illvstrate.- Venezia: Giuseppe Orlandelli, 1824-1853, 6 v., v. 4, p. 55, et ceci est considéré comme certain dans le Servizio Bibliotecario Nazionale italien. Ref. C - 0580 qui y sont incluses reprend ce qui en fut dit depuis Dioscorides, auquel il donne de la prééminence, jusqu’à Crescenzio, en passant par Galien, Pline, Mesue, etc., en accompagnant chaque recension d’une image de la plante, xylographiée avec grand détail. Et ici surgit la surprise : sans aucun doute les blocs xylographiques qu’il utilisa furent ceux que depuis 1554 employait Vincenzo Valgrisi, conçus à ses frais par Giorgo Liberale, dans ses éditions continues des Commentaires aux six livres de matière médicinale de Dioscoride de Mattioli (voir notre fiche C-0083). Inouï, car les deux livres, de deux ateliers différents, étaient concurrents sur le même marché. Pour faciliter la lecture du répertoire, Sansovino le précéda de listes des plantes en 6 langues différentes : italien, latin, grec, allemand, espagnol et français. Il dédia le deuxième des livres (f. 225-263) aux composés, en commençant par le vin, dont l’élaboration, le traitement et les variétés (y com- Ref. C - 0580 pris quelques liqueurs) en couvrent 26 pages, et dans le troisième (f. 264-309) il réalisa un recueil de produits pour la préparation de médicaments. Finalement, dans le quatrième livre (f. 310-332), Sansovino compila quels remèdes sont pertinents pour chaque maladie, en les ordonnant par le nom de la maladie. Le répertoire de Sansovino est rare dans le commerce et aussi bien les exemplaires qui apparaissent occasionnellement comme la plupart de ceux conservés dans des bibliothèques, sont datés de 1562 aussi bien dans la page de titre que dans le colophon. Celui que nous offrons présente, toutefois, page de titre et colophon datés en 1561 et il s’agit, soit d’un exemplaire d’essai ou, évidemment, du premier tirage. Dans la limite de nos vérifications, il y a quatre variantes successives de cette œuvre : page de titre et colophon de 61 (le cas de cet exemplaire), page de titre de 61 légèrement modifiée et colophon de 62 (comme les exemplaires de…), page de titre et colophon de 1562 (la plupart) et cas anormaux de page de titre de 1562 et colophon de 1561, comme celui qu’a manipulé Cicogna, dont la seule explication possible est l’emploi de ce qui restait du dernier cahier de 1561 en composant un volume en 1562. Du premier état, nous localisons seulement, outre celui que nous offrons, l’exemplaire existant dans la Bibliothèque nazionale di Florence (qui est catalogué avec la page de titre mal décrite, comme s’il était du second état).1 Par l’étude des exemplaires, il est possible de 1 Il est possible qu’il en aille de même pour certains des dix autres exemplaires du second état assignés, consignés dans le SBN italien avec celui de Florence et qu’ils soient du premier état. constater que le texte de la page de titre et de la dédicatoire du premier au second état est légèrement modifié, la présentation au lecteur est altérée et la date du colophon est mise à jour. Dans le passage du deuxième au troisième état, le seul changement sera la mise à jour de la date de la page de titre. De la page de titre du premier état auquel correspond notre exemplaire, il manque plusieurs mots présents dans les postérieurs (relevés) : « Nel primo & secondo de quali si contengono i Semplici medicamenti con le figure delle Herbe & con le lor virtù, ritratte dal naturale... ». Les changements dans la dédicatoire au baron de Chisteila éliminent des erreurs ou polissent le langage, comme dans la phrase « per la materia piu tosto concedutane da Dio per sua bontá.. » qui est changé pour « per la materia piu tosto conceduta a gli huomini da Dio per sua bontá... », ou « Prego adunque il signore, che le conceda... » qui devient « Intanto il Signore, le conceda... ». Mais dans la présentation au lecteur, d’une correction comme « Vido finalmente... » changé pour « Visi dà finalmente... », on passe à supprimer une information (disparition de « ...Pietro di Crescentio, il qual noi traducemmo l’anno passato.. ») et à se censurer. En effet, on peut seulement trouver la protestation de Sansovino, suprêmement intéressante, contre les critiques qu’il prévoyait, dans les exemplaires rarissimes du premier état. En version plus ou moins libre il dit ainsi : « Il ne me reste qu’à m’armer pour me défendre de ceux qui m’envient et qui prétendent me blesser en disant comment j’ai osé m’immiscer dans cette matière si je ne suis pas médecin, ou des ignorants qui veulent récupérer ce qu’ils ne connais- Ref. C - 0580 sent pas. À cela, je dois répondre que Pline n’était pas non plus médecin et qu’il écrivit et composa des prescriptions pour les offrir aux autres et que beaucoup d’autres écrivirt des choses intelligentes sans exercer aucune profession ; sans dire que les matières contenues dans ce livre ne sont pas miennes mais celles d’autres écrivains... ».1 La présence de cette proclamation a son origine dans une norme liée à la religion catholique : un bon chrétien que se sentirait malade devait aller chez le médecin. Bien que la norme ait été imposée et opérait pour combattre l’accès à sorcelleries et envoûtements à cause du risque de cet accès à faciliter la transmission de croyances contraires aux dogmes de la foi catholique, les médecins lui ont trouvé un sens corporatif en changeant leur sens pour combattre ce qu’ils considéraient comme l’intrusion d’autres talents qui pouvaient les priver de leurs profits : seuls les médecins pouvaient parler de santé.2 1 2 D’ailleurs, depuis la fin du XVIe siècle et pendant le XVIIe on verra comment ces médecins qui, à des fins sanitaires, publiaient des textes pour divulguer les remèdes et les soins pour les maux les plus communs, se protégeaient, en mettant la charrue avant les bœufs, avec des manifestations explicites de bon chrétien disant qu’il fallait aller chez le médecin et que la visite chez le médecin était le principal des remèdes existant. Ref. C - 0143 Garcia de Orta (ca. 1500-1568) Aromatvm, et simplicivm aliqvot medicamentorvm apvd Indos nascentivm historia: Primùm quidem Lusitanica lingua per Dialogos conscripta, D. Garcia ab Horto, Proregis Indiae Medico, auctore. Nunc verò Latino sermone in Epitomen contracta, & iconibus ad viuum expressis, locupletioribusque annotatiunculis illustrata à Carolo Clusio Atrebate - Antuerpiae: Ex officina Christophori Plantini, Architypographi Regij, clc. lc. LXXXIII [1574] 8º, (168x111mm.); 227, [5] p.; sign.: A-O8, P4; marque typographique sur page de titre, devise Constantia et labore ; 27 xylographies, de plantes et de graines, certaines d’entre elles pleine page. Reliure moderne en carton sobre et bien exécutée, avec pièce de titre; petit point de xylophage dans la marge supérieure des quatre premières feuilles; papier de mauvaise qualité qui a facilité son obscurcissement, plus accentué dans les cahiers C et F ;papier occasionnellement sale, avec trace violacée sur les pages 94 et 95, dénotant un traitement contre la moisissure ; petite marque d’humidité dans la marge supérieure de la seconde moitié du livre ; coin inférieur de B1 restauré ; marge interne ouverte, sans décollement, dans la dernière page. Prov.: Pas de données. Refs.: Barbosa, II, 327; Bradley, III, 240; Brunet, IV, 241; Colmeiro, 419; Durling, 3415; Palau, 99516; Pritzel, nova, 4316. Le médecin portugais García de Orta, fils d’un juif espagnol résident au Portugal durant la diaspora, mais où il fut obligé de se convertir en nouveau chrétien, étudia la Médecine à Salamanque et exerça au Portugal pendant 10 ans, au cours desquels il obtint une place d’enseignant à l’Université de Lisbonne. En 1534, il s’enrôla comme médecin dans la flotte du capitaine de mer Martim Alfonso de Sousa à destination des Indes portugaises, s’installa à Goa, sur la côte occidentale du continent Indien, en 1538, après quatre années de navigation. À Goa il devint célè- bre et se fit une clientèle importante qui incluait le Sultan. C’est à Goa qu’il écrivit et imprima en 1563 les œuvres qui lui apporteraient une renommée mondiale, les Colóquios dos simples e drogas e cousas medicinãis da India.1 Durant son séjour en Inde, l’Inquisition déchaîna une persécution contre les nouveaux chrétiens au Portugal, ce 1 Coloquios dos simples, e drogas he cousas mediçinais da India, e assi dalgu[m]as frutas achadas nella onde se tratam algu[m] as cousas tocantes amediçina, pratica e outras cousas boas, pera saber cõpostos pello Doutor garçia dorta, fisico del Rey nosso senhor, vistos pello muyto Reuerendo senhor, ho liçençiado Alexos diaz..Impresso em Goa: por Ioannes de endem, 10 Abril 1563. qui obligea beaucoup de juifs convertis à vivre de nouveau l’émigration forcée, parmi eux la famille de García de Orta, dont une des sœurs voyagea à Goa, mais joua de malchance car l’Inquisition s’y déplaça aussi. Bien qu’apparemment, García de Orta n’eût pas subi de son vivant la persécution, immédiatement après son décès en 1568, sa sœur, elle, fut arrêtée et brûlée vive sur un bûcher l’année suivante. Le fanatisme de ces décennies contre les juifs et les nouveaux chrétiens dans la colonie portugaise se dédia aussi au brûlement de livres, d’œuvre ou de propriété des persécutés,2 les actes culminant dans la célébration d’un autodafé en 1580 lors duquel fut rétroactivement condamné García de Orta parce que juif, sa tombe fut profanée et ses restes brûlés.3 Mais le texte de García de Orta était arrivé en Europe et, parmi tant d’autres, jusqu’aux mains du botaniste flamand Charles de L’Escluse (Carolus Clusius), qui en prépara une version en latin imprimée à Anvers, dans l’Officina Plantiniana, en 1567. Le succès de cette version fut énorme. Sans changement d’imprimerie, il fut par exemple publié à nouveau en 1574 (édition à laquelle correspond l’exemplaire que nous offrons), 1579, 1582 (réimp. de 1579) et 1593.4 3 Pour la relation entre la diaspora et le progrès scientifique médical centré sur le cas de García d’Orta voir Jon Arrizabalaga, “Garcia de Orta in the context of the Sphardic diaspora”, en Palmire Fontes da Costa (ed.): Medicine, Trade and Empire.Farnham: Ashgate, 2015, pp. 11-32. Si l’œuvre d’Orta était construite comme un vaste dialogue entre le propre Orta et un certain Ruano, dans lequel l’exposition de chaque épice et simple médicinale était raconté et contextualisé dans les voyages durant lesquels il l’avait rencontré, en intercalant, le cas échéant, ce qu’en aurait dit un auteur classique ou moderne, la version latine due à Clusius élimine toute la littérature en en faisant un texte scientifique botanique précis, altérant l’ordre de présentation de chaque plante pour les regrouper conformément à la taxonomie à laquelle le botaniste avait recours, en y ajoutant de sa plume des notes plus ou moins longues (par l’une d’elles, en parlant de l’ivoire, nous pouvons savoir que peu avant, ils avaient réellement pu voir un éléphant en Belgique). En échange d’une très grande sobriété qui contraste avec l’œuvre contée de García de Orta, dans cette impression scientifique plantinienne Clusius ajouta des illustrations : vingt-deux xylographies également précises réalisées à partir de l’observation d’exemplaires auxquels il put accéder dans des pharmacies, à travers des amis naturalistes des collectionneurs ou qui lui furent envoyés par des correspondants botaniques. Si dans la première impression, de 1567, apparaissaient 16 xylographies dessinées par Peeter van der Borcht et sculptées par Arnold Nicolai, fidèles de Plantin, dans celle de 1574, elles passèrent à 27 (toutes présentes dans notre exemplaire) et seulement une de plus dans celle de 1579 (du calamus aromatique). Peut-être que la présence de ces xylographies fait que cette édition de 1574, tellement rare dans le commerce, soit si appréciée. 4 Sur les éditions de la version de Clusius de l’œuvre de García de Orta, le splendide chapitre de Florike Egmond “Figuring exotic nature in Sixteenth-century Europe: Garcia de Orta and Carolus Clusius”, en Palmire Fontes, op. cit, p. 167-193. 2 Augusto S. Carvalho signale que ceci est peut-être la cause qu’il y ait si peu d’exemplaires de la première édition de Goa de l’œuvre de Orta. Cfr. Augusto S. Carvalho: “Garcia d’Orta”, en Revista da Universidade de Coimbra, 13 (1934): 61–246, p. 132134. Ref. C - 0143 Ref. C - 0083 Pietro Andrea Mattioli (1500-1577) Petri Andreae Matthioli Senensis, medici caesarei, et serenissimi Principis Ferdinandi Archidvucis Avstriae, &c. Commentarij in VI. libros Pedacij Dioscoridis Anarzabei de Medica materia, ab ipso autore recogniti, et locis plus mille aucti. Adiectis magnis, ac nouis plantarum, ac animalium Iconibus, supra priores editiones longè pluribus, ad viuum delineatis. Accesserunt quoque ad margines Graeci contextus quàm plurimi, ex antiquissimis codicibus desumpti, qui Dioscoridis ipsius deprauatam lectionem restituunt. Cum locupletissimis indicibus, tum ad rem herbariam, tum medicamentariam pertinentibus.- Venetijs: Apud Felicem Valgrisium, MDLXXXIII [1583] Gran folio (340x230mm.); 2 v.- Vol. 1: [140], 583 p., [1] h. blanc; sign.: a8, []2, b8, c-d6, e-i8, A-Z8, Aa- Mm8-Nn10; gravure provenant d’une autre œuvre intercalée après la page de titre avec le portrait de Caspar Bauhin, datée en 1598.1 Gravure avec le portrait de Mattioli, verso de b2; erreurs de signature, f4 comme D4 et G2 comme G3; erreur de pagination, 314 comme 341.- Vol. 2: 772, [12] p.; sign.: a-3a8, 3b10, 3c6. À la fin du volume, appendice: De ratione distillandi aquas ex omnibus plantis; et quomodo genuini odores in ipsis aquis conservari possint. 1 Publiée dans la edition de 1598 de les oeuvres de Mattioli compilés et annotés par Bauhin: “Petri Andreae Matthioli,... Opera quae extant omnia, ...” Reliure plein cuir, XVIIe siècle I, dos avec six nerfs décoré avec des fers et double pièce de titre; chants dorées à la roulette; mors ouverts en surface ; quelques éraflures cautérisées sur les plats ; chants et coins quelque peu élimés; gardes de couleurs avant et arrière des deux volumes absentes; un feuillet légèrement bruni (i.e v.1 : A8, B6,… v2 : n ss6,) ; annotations manuscrites très occasionnelles. - Vol. 1 : légère auréole d’humidité dans marge supérieure interne, quelques feuillets légèrement brunis (i.e. A8, B6,…); petite galerie sur le coin inférieur des cahiers c et d ; petite trace de xylophage sur la partie basse de la marge inférieure, qui passant de point à galerie et vice versa apparaît et disparaît dans son parcours entre les pages 116 et 461 ; taches légères, de couleur grise sur p. 317 et marron sur p. 417 ; déchirure dans la marge inférieure de p. 337 et perte par arrachage dans la marge droite de p. 385 et du coin supérieur de la p. 583. - Vol. 2 : Petite trace de xylophage, soit galerie, soit point, entre les pages 289 et 416 ; point de piqûre qui entre au milieu du chant à partir de p. 585, prolongé comme point dans la marge droite jusqu’à la fin ; petite auréole marron sur le bord de la marge supérieure de p. 91 à 186 et 235 à 345 ; déchirure intérieure générée sur imprimerie de p. 770. Loin de l’impression qui pourrait naître de cette tentative de description méticuleuse, les défauts mentionnés sont à peine perceptibles grâce à la beauté solide de l’exemplaire. Proc.: Ex-libris manuscrit, Johaness Amadeus Le Fort, Med. Doct. die Martis nonâ 1714; ex-libris collé “Colladon-Martin” du pharmaceutique et botaniste suisse Jean Antoine Colladon;ex-libris manuscrit du botaniste suisse Adolphe Secrétan “Ex-libris Adolphi Secrétan-Gaudy, Confignonensis, anno 1830”. Refs.: Bradley, I, 279; Pritzel, nova, 5985. Joli exemplaire de la seconde et dernière grande édition latine de les six livres de la matière médicinale de Dioscoride commentés par Mattioli. L’œuvre de Dioscoride, qui fut autant citée que peu vérifiée pendant le Moyen Âge, a été considérée, au XVIe siècle, comme la pharmacopée la plus complète de l’antiquité, étudiée et diffusée en éditions avec des commentaires de Miguel Servet, Leonardo Fuchs, Pietro Andrea Mattioli, Amato Lusitano, Andrés Laguna et bien d’autres. Dans le cas de Pietro Andrea Mattioli, résident à Trente, celui-ci démarra son travail sur les six livres de la matière médicinale de Dioscoride vers 1533, sa première publication étant la traduction des cinq premiers livres à l’italien, en 1544, depuis la version latine de Jean Ruelle (qui avait été imprimée pour la première fois à Paris, Officina Henrici Stephani, en 1516).1 Employée par Miguel Servet pour ses commentaires, la version de Ruelle fut aussi la plus suivie durant le XVIe siècle jusqu’à ce qu’en 1598, JeanAntoine Sarasin (Saracenus) publiât à Francfort celle qui, à partir d’alors fut considérée comme la version définitive.2 La différence entre la version vernaculaire de Mattioli avec les autres était qu’elle coupait court aux prurits philologiques dans les commentaires, il lui donnait une orientation plus botanique et y incluait davantage de plantes discordant du Dioscoride, s’engageant dans sa voie personnelle de rapprochement progressif à la distance botanique et d’éloignement pondéré de la médecine. Toutefois, le succès extraordinaire des commentaires de Mattioli sur les six livres de la matière médicinale de Dioscoride face au reste des éditions et aux commentaires surgit quand, en janvier 1554, il incorpora à l’édition des centaines d’illustrations d’herbes, de fleurs et de plantes, avec des xylographies sculptées à partir de dessins du peintre Giorgo Liberale. Des gravures qui reproduisaient les plantes avec une splendeur et une fraîcheur idéales en omettant tout indice de défaut, rupture ou absence de frondaison.3 L’édition souda aussi définitive- 1 Di Pedacio Dioscoride Anazarbeo Libri cinque della historia, & materia medicinale tradotti in lingua uolgare italiana da m. Pietro Andrea Matthiolo sanese medico.- s.n.: s.d., 1544 [Colofón: Venetia: per Nicolo de Bascarini da Pauone di Brescia, il mese d’ottobre 1544]. 3 Petri Andreae Matthioli medici Senensis Commentarii, in libros sex Pedacii Dioscoridis Anazarbei, de medica materia. Adiectis quam plurimis plantarum & animalium imaginibus, eodem authore.- Venetijs: in officina Erasmiana, apud Vincentium Valgrisium, 1554. 2 Pedacii dioscoridis anazarbaei de materia medica, lib. V. Eiusdem de venenis libri duo. Interprete Iano Antonio saraceno lugdunaeo, medico.- [Frankfurt]: apud heredes Andreae Wecheli, Claudii Marnium & Ioan Aubrium, 1598. ment son entente avec l’imprimeur vénitien Vincenzo Valgrisi, de telle sorte qu’en 1568, ils avaient apparemment déjà vendu pas moins de 32.000 copies de l’œuvre. Le succès lui apporta un degré de notoriété qui lui permit d’établir un réseau de nombreux correspondants que lui faisaient arriver aussi bien de nouvelles informations sur les plantes commentées que des renseignements sur de nouvelles plantes et remèdes naturels qu’il n’aurait pas encore recueillis. Mais il lui apporta aussi une suffisance qui le porta à s’ériger en autorité en matière de Dioscoride niant aux autres la possibilité de mieux l’interpréter, arrivant à soulever plusieurs polémiques à cause de son incapacité à supporter les critiques, les plus retentissantes étant ses confrontations avec Melchior Wieland (1520-1589) et avec Amato Lusitano (1511-1568) qu’il nommait, de manière offensive, Amathus, avec un hache, en latin, ignorant. Son accès à la célébrité fit qu’il fût appelé à la cour De Bohème à Prague cette même année de 1554 comme médecin personnel d’un des enfants de Ferdinand I de Habsbourg, empereur du Saint Empire. De là il renforça de plus en plus le dense réseau de correspondants qui lui faisaient arriver des échantillons et des informations sur les plantes4 et, là aussi, il put accéder à un manuscrit du Dioscoride, le codex Constan4 Richard Palmer égrena déjà comment Mattioli très tôt et pendant tout son cycle « dioscoride » vécut essentiellement du travail d’herborisation des autres en promettant de les citer et de les mener vers la renommée, en se basant sur le fait que son texte était adopté comme « herbier national » pour l’étude des plantes dans les universités italiennes. Cfr. Ricard Palmer: “Medical botany in northern Italy in the Renaissance”, en Journal of the Royal Society of Medicine, 78 (1985): 149156. tinopolitain, du VIe siècle, quand l’empereur l’acheta à Ogier Ghiselin de Busbecq qui l’avait trouvé en 1558, à Istanbul. C’est alors que Mattioli convainquit son imprimeur, Valgrisi, pour qu’il finançât un nouveau contrat à Liberale, afin qu’il préparât plus de dessins de plantes ainsi que le graveur Wolfgang Meyerpeck, pour tailler en bois de poirier les dessins de Liberale dans une dimension spectaculaire. Une fois qu’il disposa de plus de 700 xylographies, il publia à Prague, aux frais de Valgrisi et imprimée par Jirí Melantrich z Aventino (15111580), une édition en Tchèque de ses commentaires - aujourd’hui presque mythique - et une autre, en 1563, en allemand. Toutefois, il ne présenta pas ces éditions comme un commentaire à la matière médicinale de Dioscoride, dont il n’inclut pas le texte ni même ne mentionnait dans la page de titre, mais en les intitulant Nouvel Herbier, avec les plus belles illustrations jamais vues. D’ailleurs, cela s’avérait plus approprié parce qu’il n’avait pas non plus inclus ses propres commentaires aux chapitres du deuxième livre qui traitent des animaux, ni des cinquième et sixième livres de la matière médicinale originale parce qu’ils ne traitaient pas de plantes. Au contraire, dans l’édition en allemand, il ajouta en appendice, très bien illustré de fours de distillation, son texte sur l’obtention de fragrances distillées de l’eau des plantes. Mattioli prépara probablement cet herbier pour lui disputer son marché, en offrant des illustrations, qu’il ne pourrait pas concurrencer, aux herbiers illustrés qui circulaient habituellement depuis des décennies en Allemagne et, spécialement, celui De historia stirpium commentarii insignes, de Leon- hart Fuchs, paru en 1542 avec plus de 500 plantes bellement illustrées. Et ceci explique sûrement pourquoi, dans les éditions suivantes de la matière médicinale de Dioscoride commentée par Mattioli, les cinquième et sixième livres n’ont pas de gravures de grandes dimensions. Mais le succès des nouvelles illustrations ne fut réellement extraordinaire que lorsque Vicenzo Valgrisi prépara une nouvelle édition en latin soignée et élargie pour son marché habituel, avec les commentaires de Mattioli étendus et de nouveaux précédés selon qu’il convenait du texte de Dioscoride, accompagnée du summum d’environ mille xylographies, la plupart d’entre elles de grandes dimensions, qu’il imprima à Venise en 1565, en maintenant en appendice le bref traité Sur la distillation d’eaux de toutes les plantes et comment faire que leurs eaux conservent leurs authentiques arômes. Après avoir reproduit cette édition avec le texte, lors en italien, en 1568, Valgrisi ne réalisa plus un si grand effort d’imprimeur et il imprima les éditions suivantes, jusqu’à son décès en 1573, avec les petites xylographies de l’édition de 1554 en maintenant le texte de l’édition de 1565. Ce n’est que plusieurs années après que son fils Felice, seul dirigeant l’imprimerie, imprima de nouveau tout d’abord l’édition majeure, premièrement en latin en 1583 (qui correspond à l’exemplaire que nous offrons) puis en italien en 1585, dont il fit un tirage spécial de 25 exemplaires sur «un très beau grand papier, idéal pour recevoir sans aucune transparence tout type de couleurs ».5 À cette époque, il y 5 “...in carta reale bellissima et attissima a ricevere senza trasparenze ciascuna sorte di colori’, debemos la cita, que hemos avait huit ans que Mattioli était décédé victime de la peste à Trente, en 1577, où il était retourné alors en 1571 après le décès de l’Empereur. Face à celle de 1565, cette édition de 1583 que nous offrons couvre moins de pages parce que Felice Valgrisi utilisa des types un peu plus petits que ceux qu’avait employés son père, ce qui lui permit de disposer 69 lignes par feuillet là où son père en avait composé 61, et 15 au lieu de 10 quand le feuillet comportait une gravure. De sorte que si pour le père, les textes de Dioscoride et les commentaires de Mattioli avaient occupé 1459 pages, pour son fils Felice ils en occupèrent 1355 qu’il scinda, en outre, en deux volumes pour une meilleure manipulation de l’œuvre. Face à l’édition de Vincenzo de 1565, celle de Felice de 1583 contient 5 gravures de plus, l’une d’elles appartenant à la collection de grande dimension et deux autres xylographies sont différentes (p. 816 et p. 897 dans l’éd. de 1565 et p. de 170 et 249 de la v. 2 dans l’éd. de 1583). Une autre différence est que l’édition de 1583 contient un erratum botanique : La Cymbalaire qui est une plante pendante, fut imprimée à l’envers pour que les fleurs apparaissent, en supposant que cela était logique, dans la partie haute de la plante. Nous trouverons l’explication au fait que Mattioli ne s’efforçât pas à préparer de nouveaux contenus après l’édition de 1565 dans un chapelet de circonstances. Il y avait des années que Mattioli n’ « herborisait» pas et qu’il vivait cotejado, a Ilaria Andreoli: Ex officina erasmiana: Vincenzo Valgrisi e l’illustrazione del libro tra Venezia e Lione alla metà del ‘500.Tesis doctoral. Université Lumière Lyon 2, 2006. du travail que d’autres réalisaient pour lui ; il était pris par la préparation d’autres œuvres et dans le panorama botanique était apparue une nouveauté dont l’accès supposait une grande masse de travail: les herbes et simples en provenance des Indes orientales et occidentales que Monardes et Fragoso depuis l’Espagne, Clusius depuis les Flandres et García de Orta depuis l’Inde faisaient découvrir. En ce qui concerne les planches en bois de poirier sculptées par Meyerpeck à partir des dessins de Liberale, celles-ci eurent un destin extraordinaire. Ayant été mises au rebut, le botaniste Duhamel de Monceau les retrouva plus de cent ans plus tard et les acheta, en employant 154 d’entre elles dans l’illustration de son Traité des Arbres et Arbustes en 1755, après quoi il les conserva. Deux cent ans plus tard, elles furent redécouvertes dans ce qui avait été sa demeure, commencèrent à être dispersées et plus d’une centaine furent mises aux enchères durant les années quatre-vingt-dix du XXe siècle. Ref. C - 0083 Ref. C - 0576 Juan Fragoso (ca. 1530-1597) De svccedaneis medicamentis liber denuo auctus, Ioanne Fragoso Toletano Medico & Regiæ Maiestatis chirurgo autore. Eiusdem animaduersiones, in quamplurima medicamenta composita, quorum est usus in Hispanicis Officinis.- Mantuae: Excudebat Petrus Cosin, anno 1575, vendese en casa de S. Yuañes, librero. [Colofón: Mantuae: excudebat Petrus Cosin, anno 1575]. 8° (140x92mm.); 404, [20] h.; sign. A-Zz8, a-g8 (g8 blanca); à partir du folio 228, “Eiusdem Ioannis Fragosi animadversiones in nonnulla medicamenta composita, quorum est usus in Hispanicis officinis”.1 1 Observations sur certains des médicaments composés qui sont préparés dans les pharmacies espagnoles. Reliure postérieure très belle en cuir moucheté, dos avec nerfs et entrenerf et ornementations dorées. Pied et coiffe judicieusement restaurés. Papier légèrement bruni dans toute l’œuvre. Ancien margeage un peu grossier de la marge extérieure de feuillets 5 à 8 ; coin de feuillet 402 perdu à l’origine. Prov.: Sans données. Refs.: CCPB, 000010388-8; Pérez Pastor, 94. Juan Fragoso, médecin de la chambre de Philippe II, est célèbre pour ses Discursos de las cosas Aromaticas, arboles y frutales, y de otras muchas medicinas simples que se traen de la India Oriental, y sirven al uso de medicina, œuvre écrite après la lecture de la traduction au latin que fit Carolus Clusius (Jules Charles de L’Escluse) de l’œuvre de García de Orta Coloquios dos simples e drogas he cousas mediçinais da India (voir notre réf. C-0143). Dans ces Discours, Fragoso comparait méticuleusement ce qui disait García de Orta avec ce que les médecins ou les botanistes avaient précédemment dit sur ces mêmes plantes et simples. À cette occasion, la persistance de Fragoso tend vers une orientation politique sanitaire pratique : la guérison des maladies oblige à disposer des médicaments adéquats, mais il pouvait être constaté que, dans la pratique médico-pharmaceutique en Espagne de cette époque, au moment de préparer les médicaments composés, se présentaient des problèmes de deux types: le manque de certains produits qui étaient requis pour les préparations et le manque de rigueur dans la réalisation des préparations. Pour contribuer à corriger les deux problèmes, il élabore cette œuvre difficile à trouver dont nous offrons la première édition, dans laquelle, après avoir décrit une méthode pour trouver des susbstituts aux médicaments, il présente un répertoire de simples et de composés les plus nécessaires et après les avoir commentés, il offre l’indication d’un autre simple ou composé pouvant être employé à leur place. Simple ou composé alternatif qui, à son tour, est recueilli et commenté dans le même répertoire, en indiquant comment l’employer. Dans la seconde partie, intitulée (en latin) Observations sur certains des médicaments composés qui sont préparés dans les pharmacies espagnoles, il regroupe ces médicaments composés selon le type de préparation qui en résulte : prescriptions magistrales (narcotiques communs), pilules, sirops, « lochs », boules, huiles, onguents, emplâtre, eaux, ‘conditis’ et poudres. Cette seconde partie se transforme ainsi en une véritable pharmacopée du XVIe siècle ayant la vertu, pour chacun des composés, d’informer sur les proportions précises qui doivent être employées pour chacun des éléments requis dans leur élaboration, en se plaignant de temps à autre de différentes manières de ceux qui, à la vue de leur travail, donnaient l’impression que les pharmacies étaient plus fréquemment intéressées par l’appât d’argent que pour la santé des patients. Ref. C - 0576 Aussi bien dans la première que dans la seconde partie, Fragoso apporte, pour soutenir ses dires, non seulement des auteurs classiques, médiévaux et salernitains tels que Hipócrates, Galeno, Dioscórides, Avicena, Ibn Masawaih (Mesue), Arnao de Vilanova, Nicolaus Praepositus, Nicolaus Myrepsus ou Antonio Guaynerio, mais aussi des médecins et des botanistes contemporains comme Nicolo Delli, Andrea Alpago, Carolus Clusius, Valerius Cordus, Deffenius von Kronenburg, Girolamo Fracastoro o Fernando de Sepúlveda (et même des humanistes comme Anuce Föes, pour garantir le véritable sens des textes d’Hippocrate). D’autre part, il s’avère significatif que Fragoso ne fasse mention dans cette œuvre à aucun des produits nouveaux qui arrivaient des Indes, ni orientaux ou occidentaux. Cela voudrait dire qu’il manquait encore aux drogues et simples d’outre-mer une importation et un commerce qui rendît possible leur distribution généralisée dans les pharmacies espagnoles. Curieusement, dans le feuillet 402, apparaît une petite gravure de la forme des pots utilisés pour obtenir des poudres (précipités) par distillation. Ref. C - 0575 Cristóvāo da Costa (ca. 1540-1599) Trattato di Christoforo Acosta Africano Medico, & Chirurgo, della historia, natvra, et virtv delle Droghe Medicinali, & altri Semplici rarissimi, che vengono portati dalle Indie Orientali in Europa, Con le Figure delle Piante ritratte, & disegnate dal viuo poste a’ luoghi proprij. Nuouamente recato dalla Spagnuola nella nostra Lingua. Con due Indici, vno de’ Capi principali, l’altro delle cose di più momento, che si ritrouano in tutta l’Opera.- In Venetia: Presso à Francesco Ziletti, MDLXXXV [1585]. 4º (222x168mm.); [52], 342 [i.e. 340] p.; sign. a-d4, e6, f4, A-Z4, Aa-Ss4, Tt6 [donde f4, blanca]; marque typographique sur page de titre; 47 xylographies le long du texte, certaines en pleine page, dont 45 de plantes et d’arbres tropicaux et deux d’Éléphants ; erratum dans l’impression du registre, qui omet ceux des préliminaires, il indique l’existence de cahier portant signature Uu, qu’il est inutile de chercher et signale que tous les cahiers sont «doubles», sauf le Tt qui est «triple» alors que le cahier e l’est aussi. Reliure en peau marron, avec plat arrière déformation ancienne; dos avec trois nerfs décorés, avec entrenerfs et pièce de titre décorés dorés; coiffe restaurée ; consolidation savante de l’entrenerf inférieur attaqué; coins ouverts, mais renforcés. Marges du papier avec oxydation à divers degré tout au long de l’œuvre ; cahiers A et Kk quelque peu ternis ; auréole d’humidité dans coin inférieur de cahiers Z, Aa et Bb.Bb. Prov.: Pas de données Refs.: Bradley, III, 276; Colmeiro, 239; Palau, 1694; Pritzel, nova, 13. Cristóvāo da Costa, mieux connu sous le nom de Cristobal de Acosta - ainsi publia-t-il son œuvre célèbre pour la première fois en castillan, à Burgos, en 1578-, et d’Acosta l’africain - parce qu’il naquit dans une colonie portugaise en Afrique, arriva à Goa (Inde) enrôlé comme médecin au service des troupes du vice-roi portugais Luis d’Ataíde (1517-1580) récemment nommé, en 1568, quelques mois après le décès de García de Orta (voir notre réf. C-0143). Aux Indes orientales il suivit les troupes à Goa, Cochin et dans d’autres cantonnements, où en marge de son ac- tivité médicale, il maintint différents jardins de plantes médicinales qu’il employa comme une de ses sources d’information botanique. Il revint en Europe en 1572 et, après s’être établi à Burgos (Espagne), vers 1576 il fut engagé comme médecin par cette municipalité, à laquelle il dédia en 1578 son Tractado Delas Drogas, y medicinas de las Indias Orientales, con sus Plantas debuxadas al bivo por Christoual Acosta medico y cirujano que las vio ocularmente. En el qual se verifica mucho de lo que escrivió el Doctor Garcia de Orta, imprimé dans la même ville par Martín de Victoria. Acosta main- tint sa relation avec la ville jusqu’en 1587, où il se retira pour vivre en ermite, publia encore deux œuvres, quoique de caractère religieux. Pardo Tomás signale que cette trajectoire n’était pas peu fréquente dans le monde ibérique : « un jeune soldat travaillant comme médecin et chirurgien, développe un intérêt dans l’observation de la nature, produit une œuvre, essaye de se faire une place dans le débat intellectuel et termine par se retirer du monde pour des motifs spirituels car il souhaite préparer le salut de son âme ».1 Le Traité sur les drogues et les médecines des Indes orientales écrit par Acosta eut un destin varié. Carolus Clusius, dans la tâche de rediffusion des progrès de la botanique à laquelle il se dédia, fit une version latine qui fut imprimée par Plantino à Anvers en 1582 (rééditée en 1593), comme il avait 1 José Pardo Tomás: “East indies, West Indies: Garcia de Orta and the Spanish treatises on Exotic Materia Medica”, dans Palmire Fontes da Costa (ed.): Medicine, Trade and Empire.Farnham: Ashgate, 2015, p. 195-211, cite à p. 207. traduit avant au latin Monardes, García de Orta et Fragoso. Comme il l’avait fait avec les Colloques de García de Orta, il ne traduisit pas l’œuvre mais en fit une version latine plus brève, en altérant l’ordre de présentation des plantes, mais aussi des 47 gravures grand format de l’originale, qui avaient été taillées en suivant des dessins d’observation effectués par Acosta lui-même, n’en inclut qu’une, celle de l’arbre du clou. Ainsi, l’ensemble des gravures qui illustrait l’édition de Burgos du livre d’Acosta peut être seulement contemplé soit dans cette première édition soit dans l’édition vénitienne de Francesco Ziletti, qui en commanda la copie pour la traduction italienne, de plus grande dimension et de plus belle facture que l’original, imprimée en 1585, à laquelle correspond l’exemplaire que nous offrons. Cette édition est la seule qui reproduit le texte dans son intégralité, ainsi que les gravures originales, y compris les deux consacrées aux éléphants. Effectivement, le dernier chapitre du li- vre abandonne le royaume végétal et offre un Traité de l’Éléphant et de ses qualités, la première étude occidentale sur l’éléphant indien, dans lequel aux côtés de sa description et de son comportement, étaient détaillées les vertus de leurs défenses : « ils utilisent l’ivoire ordinairement pour tonifier la vertu vitale, rafraîchir le foie et restreindre les purgations blanches des femmes : il soigne les obstructions diurnes et calme les douleurs d’estomac, et c’est un remède à la jaunisse ou maladie royale, l’estomac vide, en en donnant une dragme avec du vin quand il n’y a pas de fièvre, et quand il y en a, avec de l’eau de houblons ou de chicorée ; et son utilisation dans les boissons rend les femmes fécondes à la grossesse. Il s’agit de l’ivoire froid et sec au premier degré, étant entendu qu’on utilise seulement celui des dents de l’éléphant,».2 Cette édition fut imprimée sur un papier épais en fil et avec le temps fut constatée sa tendance à perdre son éclat (dans cet exemplaire, seuls les cahiers A et Kk, et légèrement FF) et à l’oxydation, qui dans cet exemplaire apparaît à divers degrés et heureusement seulement dans les marges. L’imprimeur Ziletti a dédié cette édition à Melchior Wieland (1520-1589), éminent professeur de botanique allemand résidant à Padoue, que les italiens appelaient Melchiorre Guilandino, un petit dédommagement pour les infortunes du passé à essayer précisément d’étudier les plantes médicinales des Indes orientales. En effet,3 Wieland, après avoir étudié la méde2 Page 327 dans cette édition italienne, 426 dans l’édition originale en castillan. 3 Curieusement, on ne sait pas grand chose sur Wielan. Ce qui suit provient du texte de Ziletti dans cette édition, ainsi que des pages que lui consacre Andrew D. Berns en su The Bible and Natural Philosophy in rennaissance Italy: Jewish and Chris- cine à Könisberg et à Rome, arriva à Padoue où il compléta ses études dans son université avec le célèbre Gabriele Falloppio, pour qui il travailla. Wieland publia quelques brefs textes en 1557 et 1558 (l’un critiquant Mattioli et nourrissant son ressentiment).4 Par la vente de plantes et un parrainage et des lettres de présentation du sénateur Marino Cavalli - l’un des réformateurs de l’Université de Padoue pour la république vénitienne, il voyagea à Constantinople vers 1558, où il obtint l’autorisation du Sultan pour traverser son territoire et à accéder aux pays voisins. Mais, à cause d’une guerre, il ne put pas traverser la Perse et dut faire demi-tour en passant par Alep, Damas et Jérusalem, puis passer en Égypte avec l’idée d’essayer à nouveau d’entrer en Inde, cette fois par la voie de la Mer Rouge. Comme cela ne lui fut pas non plus possible, il pensa, sans renoncer à son objectif, prendre la route maritime depuis Lisbonne, pour cela, il alla en Sicile et il s’embarqua vers le Portugal, mais la malchance fit que le navire fût abordé par les pirates, luimême fut blessé, emmené prisonnier à Alger et offert comme présent à un des enfants de Barberousse, qui le vendit comme domestique dans une vente aux enchères publique. Ayant perdu ses documents et les échantillons qu’il avait rassemblés lors du voyage, il passa encore neuf mois de servitude jusqu’à ce qu’il fût sauvé par Falloppio, qui paya pour lui deux cents écus d’or. Mais la mauvaise fortune qui l’avait déjà empêché de réaliser le voyage botanique dont il rêvait aux Indes joua tian physicians in search of truth.- Cambridge University Press, 2015, pp. 71-83. 4 Apologia adversus Petrum Andrea Mattiolum liber primus, qui inscribitur Theon.- Padua: Gratiosus Perchacinus, 1558. Ref. C - 0575 de nouveau contre lui, et le navire sur lequel il revenait d’Afrique vers l’Italie fit naufrage. Il fut sauvé quand, après de nombreux jours accroché à une planche, le sauva un autre navire qui se dirigeait à Gênes, faisant courir l’information de sa valeur en Italie. Falloppio lui vint de nouveau en aide, en lui procurant du travail dans le jardin de plantes médicinale de l’Université de Padoue en 1561, université dans laquelle il donna, aussi, des classes à partir de 1567. En tant que responsable du jardin de plantes médicinales, Weiland inventa une machine d’irrigation, dont aucune description ne nous est parvenue. En tant que professeur, en plus de la publication d’un livre consacré au papyrus et à son emploi dans l’écriture,5 il demanda l’autorisation de tenter de nouveau son voyage aux Indes orientales mais ne l’obtint pas. De sorte que, pensant que ses peines le justifiaient (au moment même où il était le botaniste le plus éminent de la République vénitienne), Ziletti lui dédia cette merveilleuse édition du Traité des drogues et des médecines des Indes Orientales, de Cristobal de Acosta. 5 Melchioris Guilandini Papyrus, hoc est commentarius in tria C. Plinii maioris de papyro capta.- Venetia: apud M. Antonio Ulmum, 1572. Ref. C - 0780 Johannes Jakob Wecker (1528-1586) Antidotarivm speciale à Io. Iacobo Weckero Basiliense, ex opt. avthorvm tam veterum quàm recentiorum scriptis fideliter congestum, methodice digestum, & ampliùs triente auctum, cum duobvs elenchis locupletiss.- Basileae: per Evsebivm Epsicopivm, & Nicolai Frat. haeredes, MDXXCIIX [1598] Folio (326x211mm.); [12], 475, [25] p.; sign.: (:)6, a-z6, A-R6, S4, T6; marque typographique sur page de titre. Reliure de l’époque, abîmée, avec une dégradation sur le chant avant et dans le coin supérieur avant ; la moitié supérieure du dos et les manques de cuir sur les charnières, remplacement systématique sans ambition ; restes de lis et de croix dorés sur entrenerfs; plats encadrés en filet doré avec des supra-libris conventuels. Papier quelque peu terni avec des auréoles d’humidité de différentes dimensions, spécialement dans la seconde moitié du livre. Manque de papel dans la marge supérieure de la première page. Prov.: Ex-libris manuscrit sur page de titre de la bibliotheque ‘aux Augustins de Rennes’. Refs.: Ferguson, II, 534; Herzog, 263. Version définitive (les versions préalables étaient de 1574 et de 1581) de l’Antidotarium speciale du médecin suisse Joahaness Jakob Wecker, publiée deux ans après son décès à la demande de sa veuve, Anna Weckerin, qui, pour sa part, avait acquis une grande réputation dans le collectif médical proche grâce à ses recettes de cuisine pour subvenir aux nécessités des patients. D’ailleurs, pressée par les collègues de son défunt époux, elle écrivit un livre de recettes de cuisine, Ein Koestlich new Kochbuch, qui fut publié en 1597, l’année de son décès, où elle mettait l’accent sur ce qui était le plus nécessaire pour les régimes des malades.1 1 Le titre au complet est Ein Koestlich new Kochbuch: Von allerhand Speisen an Gemuesen Obs Fleisch, Gefluegel, Wildpet, Fischen und Gebanchens. Nicht allein vor Gesunde: sondern auch und fuernemblich vor Ktancke in allerley Kranckheiten und Gebraesten.... - Amberg: Michael Forster, 1597. Sobre Anne Wecker, por ejemplo, el capítulo diez de Albrecht Classen: The Power L’œuvre de Wecker, qui d’abord étudia et enseigna les sciences humaines (1544-1560) pour ensuite passer un doctorat en médecine à l’université de Bâle et qui par son activité lors de la peste de 1565 remporta le contrat de premier médecin de la ville de Colmar, fut reléguée dans l’ombre à cause de la notoriété qu’il connut suite à la persécution dont il fut l’objet suite à la publication en 1582 de Les dix-sept livres des secrets, qui devint un best-seller européen, condamné immédiatement par l’Index romain, circonstance qui l’obligea à abandonner la pratique de la médecine pour retourner à Bâle et se consacrer à l’enseignement de la philosophie, la logique et la rhétorique.2 Les livres de secrets étaient des formules renfermant des solutions pour des situations pratiques de la vie quotidienne qui allaient de colorants à remèdes médicaux, en passant par l’alimentation d’animaux, remèdes contre la vermoulure ou des onguents pour éviter la chute des cheveux. Une variante qui s’étendit notamment seraient les livres de demeure rustique, avec des réponses à tout ce qui nécessaire dans une exploitation agricole, pour sa maison, ses habitants, ses animaux et son agriculture. Ayant des racines dans les «De Rustica» latins, on peut suivre toute une généalogie jusqu’aux «Dictionnaires de vie pratique dans la ville et dans la campagne» du XIXe siècle ou « les maof a woman’s voice in Medieval and Early modern literatures: New Approaches to German and European Women Writers and to Violence Against Women in Premodern Times.- Berlin: Walter de Gruyter, 2007, pp. 340-366. 2 De secretis libri XVII. Ex variis authoribus collecti, methodiceque digesti per Ioannem Iacobum Weckerum Basiliensen, Medicum Colmariensem.- Basileae: [Conrad Waldrkirch], 1582. nuels industriels» du XXe siècle. Mais autre variante a une relation avec la science, la philosophie naturelle comme on la nommait et, plus concrètement avec l’expérimentation. Son origine doit être située dans l’Académie des secrets - la première société de science expérimentale constituée et créée à Naples par un groupe de médecins et d’humanistes dont le nom le plus révélateur est celui de Girolamo Ruscelli (1500-1566) dont la transcendance devrait être située dans la publication sous pseudonyme, soit du collectif, soit de Ruscelli, du livre des secrets d’Alessio Piemontese, imprimé en 1555 à Venise, par Sigismondo Bordogna. Un livre qui commençait avec des indications très prometteuses pour conserver la jeunesse et retarder la vieillesse, matière ayant une grande tradition manuscrite et imprimée. L’œuvre eut un immense succès, sa croissance augmenta jusqu’à atteindre plusieurs centaines d’éditions dans toutes les langues de l’Europe entière durant les deux cent années suivantes.3 Parmi ses traducteurs et diffuseurs, Wecker fut toutefois, celui qui ouvrit une voie qui s’avérerait conflictuelle. Après avoir traduit au latin le livre de Ruscelli en 1559 (et ainsi être celui qui contribua le plus à sa diffusion initiale en Europe), il publia, durant les années suivantes, de nouvelles éditions (1560, 1561, 1563, 1568…, et la traduction à l’allemand en 1569),4 3 Le titre original en était Secreti del reverendo donno Alessio Piemontese. 4 Sur les traductions du livre de Ruscelli par Wecker, voir John Ferguson: Bibliographical notes on Histories of Inventions and Books of Secrets: part V.- Glasgow: Strathern & Freeman, 1889, pp. 30-33. dans lesquelles, reprenant en outre les modifications de Ruscelli, il ajouta davantage de secrets recueillis d’autres auteurs. Jusqu’à ce qu’il en changeât le format en 1582 et que la chance tournât. Dans Les XVII livres des secrets, il introduisait une approche de philosophie naturelle qui commençait par comment connaître la vérité ultime, les possibilités de l’homme dans la connaissance et la nature de Dieu, puis passait à présenter les secrets (Entendez par là solutions) pour des situations et des problèmes dans des domaines tels que le corps (ses maux, la santé et ses remèdes), les animaux terrestres, les poissons, les oiseaux (leurs soins et utilisation), les métaux , les pierres et les gemmes, les maisons (position, potager, revêtement, sources…), le climat, les sciences, les arts mécaniques ou différents comportements humains, offrant ainsi le catalogue des techniques employées en Europe dans les préparations de laboratoire. En se centrant exclusivement sur cet aspect, en 1574 Wecker publia la première version d’un Antidotarium Speciale, authentique pharmacopée des remèdes et des médicaments divisée en trois livres, qu’il étendit en 1581 et dont la dernière version, comme cela a été dit plus haut, fut lancée à la publication par sa femme après le décès de Wecker. Il nomma cette pharmacopée spéciale parce qu’elle recueillait les prescriptions pour élaborer les médicaments conformément à trois caractéristiques principales : la matière qui était compromise dans son élaboration - depuis le feu jusqu’aux excréments d’animaux, en passant par les graines ou les os auxquels il consacre le premier livre; la consistance ou la manière d’appliquer le médicament - depuis des eaux ou sirops, jusqu’aux cataplasmes, pilules ou encens, auxquels il consacre le second livre ; et ceux destinés à la toilette - depuis des lotions jusqu’à des huiles, en passant par des bains ou des onguents-, objet du troisième livre. Tout ceci, sous cette première division il fait une classification strictement galénique des prescriptions, des médicaments et des remèdes en fonction des qualités et des degrés, et thérapeutique, pour les organes ou les maux auxquels ils sont destinés. Ce livre de formules serait ainsi un archétype de la complexité dans lequel dérivait l’édifice des remèdes dans la recherche de la santé (et de la beauté) constitué sur la base de la médecine hippocratique-galénique. Ref. C - 0780 Ref. C - 642 Antoine de Fouilhoux Discovrs de l’origine des fontaines. Ensemble quelques histoires de la guarison de plusieurs grandes et difficiles maladies, faicte par l’usaige de l’eau medicinale des fontaines de Pougues en Nivernoys, par M. Anthoine du Fouilhoux Docteur en Medicine, demeurant à Neuers. Item le traicté de la faculté & maniere d’vser de ladicte eau de Pougues, composé par M. P. Qui a esté imprimé d’autresfois à Paris. – A Nevers: Par Pierre Roussin, Imprimeur de Monseigneur le Duc de Neuers, MDXCII [1592]. 4º menor (156x99mm); 103 p.; sign.: A-N4.- A1 verso, xylographie à toute page de Pougues - Nevers, montrant la situation des sources de Saint Léger et de Saint Marcel. Reliure magnifique de la moitié du XXe siècle en chevreau grenat, filet gaufré sur les plats, dos avec nerfs, entrenerf gravé en doré, chants avec filet doré et contrechants dorés à la roulette, toutes les tranches dorées. État superbe d’un exemplaire très bien relié auquel, avec effort, il faudrait seulement reprocher d’être légèrement court de marges, une tache sur la page 19 et une minuscule et fine galerie sur le bord de la marge inférieure des pages 51 et 53. Prov.: De la bibliotheque du Château de La Chaux. Refs.: Brunet, IV, 639-640; Lelong, 3166. Cela peut actuellement surprendre, mais en matière d’hydrologie, jusqu’à 1674 on n’avait pas compris que toute l’eau des rivières venait du ciel, aussi bien celle qui descendait des neiges accumulées que celle qui ruisselle sur la surface lorsqu’il pleut ou qu’il neige, comme celle qui, après s’être infiltrée dans la terre, finit par surgir dans les sources. Pendant ce temps, étant donné que la terre était le centre du monde, dans la terre (et qui dit la terre dit aussi la mer), et non dans le ciel, se trouvait l’origine de tout. De cette manière, toute explication sur l’origine de l’eau dans les sources devait en être une qui l’expliquerait depuis le protagonisme de la terre et de la mer. L’exception fut Bernard Palissy mais, en son temps, personne ne l’écouta.1 Ainsi, il ne faut pas s’étonner que la conception scientifique d’Antoine du Fouilloux, médecin à Pougues à la fin du XVIe siècle, fût absolument aristotéli1 Discours admirables de la nature des eaux et fontaines tant naturelles qu’artificielles...- Paris: Martin le Jeune, 1580. que, pour la physique de l’eau et les sources, et hippocratique, pour ses vertus médicinales et la manière de les vérifier. Ainsi, après avoir consacré les premières pages à examiner les différentes théories sur la formation des sources, il finit en disant : « Dont nous pouvons seurement conclurre, que entre toutes les autres opinions, celle que Aristote apporte pour l’origine & source des fontaines, est la plus probable, & la mieux receue : Combien que l’on peult dire qu’il n’a pas assigné seulement le commencement des fontaines proceder d’vne seule cause, c’est à sçavoir de la mutation, & changement, de la vapeur en eau, faicte par la force du froid, dans les concauitez de la terre des montaignes, mais aussi, de l’aggregation des pluyes faicte aux cauins de la terre. La premiere, est la principale, l’autre n’est sinon qu’vne aide, & secours pour faire etoistre les dites eaux. Que si quelquesfois il nous semble que l’eau monte en hault, eu esgard au lieu d’où la fontaine prend son commencement, quand cela suruient il ne fault point attribuer à la condition de sa nature, ny à l’ordre vniversel, mais à vne force, & violence d’vne eau poussant l’autre, comme l’on void faire par certains engins & instruments, où toutesfois il fault remarquer que l’eau ne monte iamais plus hault qu’est la source d’ou elle est tiree, tellement qu’elle rebrousse son cours quant elle est venue à l’egal de ceste haulteur : & quant elle n’y est venue, elle deualle, bien qu’elle semble monter. Quant est des parolles du Sage qui dit, que les riuieres sortent de la mer, elles ne se doiuent point entendre uniuersellement, mais indeterminément de quelques riuieres seulement, non point de toutes. » Ceci fut ainsi imaginé pendant dix-huit siècles : que la mer était connectée sous terre avec des cavernes dans lesquelles l’eau était réchauffée avec le feu intérieur et montait sous forme de vapeur par des tubes jusqu’à ce que le froid des montagnes lui redonne la forme d’eau pour surgir dans les sources, dans un système dont était était seulement discuté la contribution ou non des pluies en entrant dans la terre. Une fois établi l’origine des sources, Fouilloux se mit à traiter de l’eau comme simple médicinal, ses vertus pour différentes maladies et les qualités concrètes de l’eau de Pougues, pour, ensuite en venir à l’essence de son texte, rendre compte des différentes « expériences » qu’il mena à bien (le dernière, en avril 1592), dans lesquelles il vérifia comme changeaient les symptômes et les affections des personnes qui étaient traitées avec elle. Le second des traités, à partir de la p. 59, est l’œuvre de Jean Pidoux, le grand-père maternel de la Fontaine et le médecin d’Henry III. Le titre complet de l’œuvre, qui avait été imprimée huit années auparavant, à Paris, par Nicolas Nivelle est De la vertu et maniere d’vser de ladite eau des fontaines de Pougues. Ensemble un advertissement sur les bains chauds de Bourbon l’Arcambault. Ce fut Pidoux qui incita Henry III à faire traiter ses quelques coliques avec l’eau des sources de Pougues et ceci lui fit visible- ment tant de bien que sa mère, Catherine de Médicis, ne douta pas non plus à aller elle aussi à la recherche du remède, la ville devenant un centre thermal. Première édition extraordinairement rare (Brunet la cite en s’en remettant à Lelong) de cette œuvre à succès, dont nous avons seulement pu localiser cinq exemplaires dans des bibliothèques l’Europe et d’Amérique : l’un en Espagne, dans la Real Academia de Medicina de Séville, deux en France, dans la Bibliothèque de l’Institut et dans la Bibliothèque Méjanes d’Aixen-Provence, et deux aux États-Unis, dans les universités de Harvard et d’Illinois. Ref. C - 0642 Date Réf. Oeuvre Prix € 1497 C-0594* Gart der Gesundheit, Augsburg 1510 C-0459* Mensa philosophica, Paris 1580 C-0813 Regimen sanitatis, Paris 1583 C-0581* Valles - Controversias, Alcalá de ... 1.670,00 1561 C-0535* Valles - Aphorismos, Alcalá de Henares 1.210,00 1561 C-0580* Francesco Sansovino, Venezia 2.790,00 1574 C-0143* Garcia de Orta, Antwerpen 1583 C-0083 Mattioli - Dioscórides, Venezia 1575 C-0576* Juan Fragoso, Madrid 2.320,00 1585 C-0575* Cristobal de Acosta, Venezia 4.650,00 1598 C-0780 Wecker - Antidotarium, Basle 1592 C-0642* Fouilhoux - Fontaines, Nevers 11.160,00 5.580,00 930,00 3.250,00 13.950,00 840,00 5.580,00 Pour l’expédition hors de l’Espagne de oeuvres de plus de 100 ans il faut un permis d’exportation: Pour les références avec astérisque (*) prévoir un delai de dix jours pour l’envoi. • Lamentablement, l’autorisation officielle d’exportation pour le reste peut demander jusqu’à 45 / 60 jours. • Nous ne demandons pas de paiement jusqu’à ce que nous avons cette autorisation. 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