01.07 Discours de clôture du colloque sur Philippe SEGUIN à l

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01.07 Discours de clôture du colloque sur Philippe SEGUIN à l
PREMIER MINISTRE
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SERVICE DE PRESSE
Discours du Premier ministre François FILLON
Clôture du colloque sur Philippe SÉGUIN,
« La politique : ″une affaire de volonté″ »
Hôtel de Matignon – 57, rue de Varenne 75007 PARIS
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
Mesdames et Messieurs et chers amis,
D’abord, ce serait tout à fait impudent de ma part de vouloir tirer les enseignements d’un
colloque qui a été extrêmement riche et auquel je n’ai pas assisté, en tout cas pas en totalité. Je
voudrais juste peut-être évoquer à l’instant les compétences de Philippe SEGUIN en matière
de football pour dire qu’elles étaient tout à fait exagérées !
J’ai un souvenir, c’était un match de Coupe de France, il me semble que c’était Lens contre
Nantes, mais je ne suis pas tout à fait sûr parce que je ne suis absolument pas compétent sur ce
sujet, et j’étais accompagné d’un de mes fils qui avait 6 ans, qui était, lui, très compétent qui
avait une échappe aux couleurs des Canaris. Et en croisant Philippe SEGUIN au stade,
Philippe SEGUIN lui a dit en regardant son écharpe « tu t’es trompé, ce n’est pas Nantes qui
va gagner » et le petit bonhomme, haut comme cela, s’est planté devant lui et lui a dit « si, ce
sera Nantes, ce sera 3/0 » et ça a été 3/0. Donc … !
Mesdames et Messieurs et chers amis,
Philippe SEGUIN nous a quittés il y a un an. Il y a eu le temps de la tristesse et du deuil. Il y a
maintenant le temps de la fidélité et de la réflexion. D’où vient que sa disparition ait provoqué
une émotion si profonde chez nos concitoyens ? En quoi sa pensée garde-t-elle une actualité et
une force d’inspiration pour ceux qui croient en la France ? Et comment nous montrer dignes
de son exemple et de ses exigences ?
Telles sont quelques-unes des questions que ce colloque a posées, et je ne saurais assez
remercier Catherine SEGUIN, Arnaud TEYSSIER, Vincent ROGER, Jean de BOISHUE,
grâce à qui il se tient aujourd’hui. Mes remerciements se tournent aussi vers Bernard
ACCOYER et vers toutes ses équipes qui ont immédiatement répondu présents pour organiser
cette journée.
Ma gratitude va enfin vers tous les animateurs et les orateurs de ce colloque qui ont si
brillement dirigé et éclairé cette journée. Ils viennent, comme vous avez pu le constater,
d’horizons très divers. Certains furent des proches de Philipe SEGUIN, d’autres non, et c’est
précisément cette diversité d’analyse que nous souhaitions, parce c’est elle qui nous a semblé
la plus fidèle à la personnalité de Philippe, lui qui dans sa singularité et sa liberté ne se
reconnaissait ni dans les chapelles, ni dans les clans.
Certains observateurs ont cru déceler dans ce colloque les signes d’une incurable nostalgie
française. Ceux qui disent cela négligent les liens entre le passé et l’avenir. Être moderne, ça
n’est pas être sans mémoire !
L’héritage de Philippe SEGUIN est vivant, et ce qui est vivant transcende les clivages et
nourrit tous les rivages. Cet héritage appartient à tous les républicains. Il ne se prête à aucune
captation, à aucune querelle de partage, parce qu’il se définit moins par une étiquette ou un
dogme que par l’intégrité d’une trajectoire qui suscite le respect et dans laquelle chacun peut
trouver pour lui-même des ressources politiques et morales.
Sa personnalité exceptionnelle, chaleureuse et ombrageuse, touchée tour à tour par la
mélancolie et par l’espérance, sa profondeur intellectuelle et sa ténacité d’homme d’action
formaient un bloc indissociable. Et aucun de ces aspects ne doit occulter les autres.
Tout, en lui, était guidé par une notion qui avait à ses yeux valeur de principe : je veux parler
de la souveraineté. Souvenons-nous des termes dans lesquels il la définissait en 1993, dans
l’un de ses grands discours, comme la mission historique de la France.
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« Cette mission, disait-il, consiste à montrer à tous les peuples que le destin des hommes et des
femmes, pris collectivement et individuellement, le destin des communautés comme celui de
chaque être, est maîtrisable ; montrer que les êtres, si ils le veulent, sont souverains.
Souverains au double sens du mot souveraineté : souverains comme peuple, face au monde tel
qu’il va, c’est ce que l’on appelle la souveraineté nationale ; et souverains comme individus
face aux pouvoirs, c’est ce que l’on appelle la souveraineté populaire. »
C’était l’intuition centrale de Philippe SEGUIN qui s’exprime ici, avec des accents presque
métaphysiques. Elle est indissociable de son idée de la politique comme refus de la fatalité,
maîtrise d’un destin, projet collectif qui rend possible et tout à la fois transcende la poursuite
légitime du bonheur personnel.
Politique d’abord, République toujours, citoyenneté encore et aussi: c’était là la devise de
Philippe SEGUIN. Méfions-nous, disait-il, de tous ceux qui veulent gommer ou faire
disparaître la politique.
Toute sa vie durant, il fut animé par le souci de défendre sa spécificité, sa noblesse, face aux
simulacres qui prétendent s’y substituer : l’emprise du spectacle, le partage des prébendes, la
technocratie, l’intimidation des logiques économiques. Il lutta contre les conformismes, les
opinions ou les solutions toutes faites qui dépossèdent les citoyens de leur capacité de
raisonner, de délibérer et de choisir en conscience les perspectives de leur existence. Il affirma
sans relâche que la politique ne se délègue pas, ne s’exerce pas par procuration, en un mot que
la politique ne s’aliène pas.
De là découlent tous les traits qui firent la force de son caractère et de son parcours.
Ses admirations de jeunesse, jamais reniées, pour MENDÈS-FRANCE tout d’abord, puis pour
le général de GAULLE, qui incarnèrent par excellence cette haute idée qu’il se faisait de la
chose publique.
Son destin personnel, qui fut lui-même celui d’un être libre et souverain, né sans fortune et
sans privilège, mais que n’impressionna aucune fatalité sociale, qui brisa les déterminismes, et
qui accéda aux plus hautes responsabilités par son seul talent et sa seule volonté.
La puissance de sa réflexion, de ses argumentaires, de son éloquence, qu’il cultiva sans
relâche au nom du respect dû à l’intelligence des citoyens.
Les colères légendaires où le plongeaient le spectacle de la compromission, l’abaissement de
la pensée, le renoncement au libre-arbitre.
Son goût de l’histoire, sans laquelle un pays s’oublie lui-même, oublie ses valeurs, oublie le fil
des conquêtes et des progrès qui le conduisent jusqu’au temps présent et qui font partie des
données fondamentales de sa souveraineté.
Son attachement à l’idée de la nation, qui demeurait, pour lui, le cadre dans lequel les peuples
éprouvent directement leur capacité d’agir sur les choses et d’être maîtres de leur destin.
Son combat contre le traité de Maastricht, qui ne fut pas un combat contre l’Europe, mais un
combat contre l’affaiblissement du politique. « La souveraineté nationale appartient au
peuple », rappelait-il, en citant l’article 3 de notre constitution, au commencement de son
grand discours de mai 1992, où il demanda que l’adoption de ce traité de Maastricht soit
tranchée par référendum, parce qu’aucune assemblée ne peut déléguer un pouvoir qu’elle
n’exerce qu’au nom du peuple.
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De là découlent aussi les grandes lignes de l’action menée par Philippe SEGUIN dans toutes
les charges qu’il exerça.
Il lutta contre toutes les formes d’enlisement et de déclin, pour la modernisation sans laquelle
une nation perd la maîtrise de son avenir face au bouleversement des temps.
Député des Vosges, puis maire d’Épinal, il redynamisa le tissu économique d’une région
sinistrée par la crise du textile et de la sidérurgie, et il promut la participation des citoyens à la
vie politique locale.
Ministre des Affaires sociales, il misa sur l’emploi, mais en réformant le Code du travail et
tenta d’infléchir la course des dépenses de santé.
Président de l’Assemblée nationale, il revalorisa notre Parlement avec la session unique et
l’élargissement des droits de l’opposition.
Premier président de la Cour des Comptes, il donna une dimension nouvelle à nos juridictions
financières et il ne cessa de nous mettre en garde contre la dérive des comptes publics qui
menace, là aussi, notre souveraineté.
J’ajouterai qu’il défendit inlassablement la solidarité des peuples francophones, où il voyait
l’un des creusets d’une conscience politique et d’une communauté d’esprit – non plus
seulement d’intérêts – à l’échelle internationale.
Oui, la politique était pour Philippe SEGUIN une affaire de volonté, une affaire de courage,
comme elle était aussi une affaire de lucidité, d’intelligence et d’honneur.
Il nous a transmis une flamme qui le rattache aux grandes personnalités politiques de notre
histoire. A ceux qui surent affronter la solitude au nom de leur morale. A ceux qui, au lieu de
poursuivre les titres et les prestiges, gagnèrent l’estime de toute la Nation.
Cette flamme, elle ne doit pas s’éteindre.
Être fidèle à Philippe SEGUIN, c’est embrasser l’Histoire en s’instruisant de ses continuités
mais aussi de ses ruptures. C’est continuer de croire au cadre protecteur et émancipateur de la
Nation. C’est nourrir un patriotisme éclairé ouvert sur les desseins du monde : l’Europe, la
grande Europe à laquelle la Russie doit être associée, la Méditerranée, le Québec, tous ces
espaces chers à Philippe SEGUIN sont autant d’ouvertures vers lesquelles l’universalisme
français doit tendre.
Être fidèle, c’est réinvestir en permanence l’idéal républicain en rappelant à chacun qu’il faut
donner à son pays autant que l’on reçoit de lui. C’est être authentique face aux lumières
trompeuses du monde médiatique.
C’est agir pour la modernisation de la France, sans ignorer ses héritages mais sans non plus les
sacraliser parce que ce sont les réalités qui dictent les actes et pas les songes. C’est aujourd’hui
poursuivre le développement de notre compétitivité, maintenir l’exigence de réduire notre
déficit et notre dette publique. C’est dire la vérité aux Français sur les bouleversements qui
sont à l’œuvre dans le monde d’aujourd’hui. Le centre de gravité de l’économie mondiale a
basculé vers l’Est et le Sud. Les pays émergents représentent aujourd’hui la moitié de la
production industrielle mondiale. Il y a vingt ans, c’était un tiers. Bientôt, très bientôt,
l’économie chinoise dépassera celle des Etats-Unis. Cette mutation brutale, ça n’est plus un
horizon lointain. Elle est devant nous.
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Alors que tant d’autres négligeaient de regarder hors de nos frontières, Philippe SEGUIN fut
l’un des premiers à nous alerter sur le devenir et les conséquences de la mondialisation. S’il
est une leçon que nous devons retenir de lui, c’est pourtant que la lucidité n’est pas le
fatalisme. Certes, la mondialisation est un fait et c’est se bercer d’illusions que de concevoir
notre avenir à l’écart de ce tournant historique. Mais c’est une autre illusion que de croire que
nous devons nous résigner à la subir sans pouvoir agir sur son cours.
Philippe SEGUIN analysait la mondialisation comme un risque à partir du moment où elle
signifie la subordination du politique à la sphère économique prise pour référent absolu. Mais
il tenait que ce risque peut être contré, que l’avenir est ouvert et qu’il n’y a pas de
déterminisme implacable.
L’effacement du politique n’avait à ses yeux d’autre cause que l’illusion que l’on se fait de son
impuissance. « C’est une façon sournoise de renoncer à la politique que de prendre l’ordre
international tel qu’il est », écrivait-il.
S’il existe une chance dans la crise qui a frappé l’économie mondiale, c’est d’avoir accéléré la
prise de conscience que le retour de la politique est non seulement nécessaire, mais
fondamentalement possible.
Je crois pouvoir dire que la France y a pris toute sa part. Au plus fort de la tourmente
économique, Nicolas SARKOZY a été, avec à l’époque Gordon BROWN, à l’initiative du
G20 des chefs d’État et de Gouvernement. C’est l’un des premiers jalons d’une mondialisation
politique, où des nations se rassemblent pour agir sur le cours des choses au lieu de le subir.
Tel est le sens des priorités que la France va défendre cette année à la tête de ce G20 :
poursuivre la réforme du système monétaire international ; contrer la volatilité excessive des
prix des matières premières ; améliorer la gouvernance mondiale ; favoriser le développement
des pays les plus pauvres ; enfin, accorder une attention plus grande à la dimension sociale de
la mondialisation – et je veux me souvenir devant vous que cette priorité nouvelle, introduite
cette année par la France, était l’ambition même de Philipe SEGUIN au sein de l’Organisation
internationale du Travail.
Philippe SEGUIN nous appelait à croire que la France a une action sur le monde, qu’elle peut
modifier sa marche, comme d’autres nations et avec d’autres nations.
Lui être fidèle, aujourd’hui, c’est continuer à œuvrer pour l’ambition d’une Europe politique.
Tandis que les pays émergents ont commencé à se relancer à grande vitesse, la crise a frappé
doublement notre continent: comme crise économique et financière d’abord, comme crise de
la dette souveraine ensuite.
En mettant l’Europe au défi, ces deux phases de la crise ont révélé la justesse du diagnostic
qu’avait porté Philippe SEGUIN dès le début des années 90. Elles ont montré l’impossibilité
de confier le destin des peuples à une sorte de pilotage automatique. Elles ont incité les
responsables des nations européennes à reprendre les commandes. Parce que l’Histoire n’est
pas finie et la réalité nous réserve encore de ces moments où les sociétés humaines ont besoin
de débattre et de trancher le nœud gordien, si elles veulent conserver la maîtrise de leur destin.
L’Europe, disait Philippe SEGUIN, n’a de sens que si elle est une entreprise politique, c’est-àdire – et je le cite – «un grand dessein par lequel les peuples s’inscrivent dans l’Histoire». Si
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nous l’oublions, les événements nous rappelleront à l’ordre et alors, l’Histoire nous
submergera.
L’Europe doit être un instrument de souveraineté. Elle doit répondre aux défis de la
conjoncture par la volonté politique. Et cette volonté n’est pas abstraite. Elle vient des nations
qui composent l’Europe et des chefs d’État et de Gouvernement élus par les citoyens de ces
nations.
Je crois que Philippe SEGUIN appréciait la manière dont Nicolas SARKOZY, lors de la
Présidence de l’Union, avait redonné ses lettres de noblesse à la politique contre une certaine
forme d’impuissance. Face à la crise, la France a joué un rôle déterminant dans la réactivité
européenne. La tourmente et l’urgence ont enclenché des prises de décision inédites sur le
continent. L’avenir nous dira si les évolutions qui sont actuellement en cours répondront au
vœu profond de Philippe SEGUIN de voir émerger une Europe politique. Ce qui du moins est
sûr, c’est que les mentalités ont changé et que la nécessité de franchir de nouvelles étapes est
aujourd’hui largement ressentie.
L’idée d’une convergence progressive en matière fiscale, voire en matière sociale, au sein de
la zone euro ; le besoin de faire de l’Europe un moteur de la croissance et de l’emploi, à
travers la recherche, l’innovation, la compétitivité industrielle ; l’affirmation, enfin, de la
puissance européenne dans le monde : ces ambitions que nous avons pour l’Europe sont
aujourd’hui entendues et déterminent l’agenda des prochains mois et des prochaines années.
En France, l’enjeu de souveraineté est aujourd’hui celui de la réduction de la dépense et de la
dette publique. A la tête de la Cour des Comptes, Philippe SEGUIN l’exprimait avec toute son
autorité. La crise de la dette souveraine a montré le caractère éminemment politique de cette
tâche. A force d’emprunter sur les marchés pour financer leurs dépenses, les États se sont
exposés à subir la dureté de leurs lois. Leur puissance régalienne n’est plus une caution
absolue qui autoriserait des emprunts avantageux et sans limite. Leur capacité de rembourser
est maintenant soupçonnée.
Certes, la France reste l’une des meilleures signatures financières en Europe et les structures
de notre économie ne présentent pas les faiblesses spécifiques qui ont plongé certains de nos
voisins dans une situation difficile. Mais nous ne pouvons pas ignorer les avertissements ;
nous ne pouvons oublier l’augmentation spectaculaire de notre endettement depuis trente ans ;
nous ne pouvons pas nous cacher une réalité. Nous sommes en 2010 le deuxième emprunteur
dans le monde. Et nous devons faire aujourd’hui les efforts nécessaires au maintien de notre
réputation, de notre rang et de notre liberté d’agir.
Maîtriser nos comptes, ce n’est pas plier devant les spéculateurs et les agences de notation.
C’est chercher à réduire notre dépendance à l’égard des marchés et c’est par conséquent veiller
au maintien de notre indépendance.
Nul mieux que Philippe SEGUIN ne nous aurait rappelé que les missions des États ne peuvent
se traduire simplement dans les termes de la comptabilité et du rendement. L’orthodoxie
budgétaire n’était pas pour lui une fin en soi. Mais il refusait le laxisme, ce laxisme qui
menace notre liberté d’action et notre mode de vie. Plus nous sommes en déficit, plus nous
empruntons et plus nous devons courir après le remboursement des intérêts de notre dette. Ce
cercle vicieux doit être rompu. Le désendettement est la condition d’un État fort, d’un État
respecté et d’un État, maître de son sort.
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La discipline budgétaire est une exigence politique, parce qu’à travers elle c’est la
souveraineté de la Nation qui est en cause. C’est une exigence morale, parce qu’il n’est pas
admissible de faire peser sur nos enfants le fardeau de notre dette. Et enfin, c’est une exigence
sociale, parce que nous ne pouvons accepter l’idée que notre modèle de solidarité soit un jour
brutalement compromis par l’asphyxie de nos finances publiques. Nous devons redoubler
d’efforts pour préserver notre mode de vie. Nous devons nous battre avec nos atouts pour créer
de l’activité et de l’emploi.
Tout au long de sa carrière politique, Philippe SEGUIN a vu le fléau du chômage gagner la
société française. Être fidèle à Philippe SEGUIN, c’est tenir le fil de la cohésion sociale. C’est
chercher à faire converger les intérêts économiques et les intérêts sociaux en réconciliant la
productivité et le dialogue social, en imposant une éthique au capitalisme dont certains travers
sapent la légitimité. Être fidèle, c’est œuvrer au rassemblement de tous les Français lorsque
l’essentiel est en jeu parce qu’il n’y a pas un peuple de droite contre un peuple de gauche mais
il y a seulement des citoyens dont l’esprit de responsabilité doit être sollicité.
Je ne veux en aucun cas prétendre que Philippe SEGUIN aurait donné son approbation
unilatérale à tout ce qui aura été fait depuis 2007. Je me souviens de son indépendance et je la
respecte trop pour cela. Mais je veux croire que nous n’aurons pas été étrangers à son esprit, à
ce qu’il nous a appris et à l’exemple qu’il nous a donné.
Mesdames et Messieurs,
Ce que nous révèle l’émotion qui a touché les Français dans leur ensemble au moment de sa
disparition, je crois que c’est au fond que nos concitoyens savent faire la différence entre la
politique authentique et les simulacres. C’est qu’ils sont fiers de leur pays et de leur histoire.
C’est qu’ils savent honorer ceux qui tiennent leur intelligence en estime; ceux qui les appellent
à viser au plus haut; ceux qui refusent l’emprise du superficiel.
Tel était Philippe SEGUIN, qui disait souvent, en citant Démosthène, qu’il faut préférer les
paroles qui sauvent aux paroles qui plaisent. Dieu sait pourtant que nous aimions ses grands
discours et qu’à leur manière ils plaisaient aussi.
Philippe SEGUIN nous manque, mais son souvenir est gravé dans nos mémoires. Il demeure
présent dans cet hôtel de Lassay qu’il a marqué de son empreinte, comme toutes les
institutions où il fut en responsabilité.
«Quiconque oublie l’Histoire, l’Histoire l’oubliera », écrivit-il un jour. Lui n’oubliait pas
l’Histoire, et il ne sera pas oublié. Il y a aura toujours, Mesdames et Messieurs, des êtres libres
et courageux qui viendront forger leur résolution dans le souvenir de Philippe SEGUIN. Il y
aura toujours des Français pour entendre sa voix murmurer que la dignité de la politique et
l’honneur de la République sont entre les mains de chaque citoyen.
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