Compte rendu de la conférence Luxe "Le beau pour tous" au musée

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Compte rendu de la conférence Luxe "Le beau pour tous" au musée
Compte rendu de la conférence Luxe "Le beau pour tous" au musée des Arts Décoratifs du Louvre
La conférence du 3 décembre était une rencontre autour du livre « Le beau pour tous »,
consacré à Maïmé Arnodin (1916-2003) et Denise Fayolle (1923-1995) et paru aux Editions
L’Iconoclaste.
Au Jardin des Modes, à Prisunic puis dans leur agence de publicité Mafia, ces pionnières du
style ont fait appel aux plus talentueux graphistes, photographes et designers pour mettre du «
beau dans l’ordinaire » et irriguer l’industrie et le commerce d’un esprit de création. L’auteur
Sophie Chapdelaine de Montvalon a réuni près de 300 documents inédits issus d’archives
privées, notamment ceux de Peter Knapp, Emmanuelle Khanh, Guy Bourdin, Roman
Cieslewicz et Jean-Michel Folon. Terence Conran, fondateur d’Habitat, le photographe Peter
Knapp et la journaliste Claude Brouet, sont intervenus sur ces deux femmes libres et sur leur
démarche visant à faire « la navette entre la fantaisie et la raison » pour faire descendre le style
dans la rue, le démocratiser sans en entacher la beauté et aiguiser notre regard sur la beauté
des objets quotidiens.
Claude Brouet, ancienne directrice de Elle magazine mais également fondatrice d’une ligne de
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prêt à porter pour Hermès est revenue sur le parcours extraordinaire de ces deux femmes qui
étaient Maimé Arnodin et Denis Fayolle. Elle expliquait qu’elles avaient voulu comprendre
comment dans la France d’après guerre l’esthétique s’était fait une place dans la vie
quotidienne. C’était un combat de tous les jours contre la laideur, essayer d’effacer les horreurs
de la guerre. Elle se sont donc toutes deux demandées pourquoi une chose belle devait
nécessairement être chère. Elles ont voulu introduire des lignes simples et épurées, et apporter
de la création , elles possédaient toutes deux de fortes personnalités.
À cette époque le Prêt à porter était en train de naître, il y eut des regroupements de
confectionneurs et il était toujours inspiré de la Haute Couture qui était protégée. Ce prêt à
porter n’était pas très créatif mais devenait de mieux en mieux.
Le style des années cinquante est inimitable : juke-box et rock’n’roll, motifs géométriques des
papiers muraux, tables recouvertes de Formica, pieds de chaises tubulaires. C’est le monde
des jeunes gens qui ne sont pas encore intégrés à la société que construisent leurs parents.
Après les années de privation de la guerre, la société de consommation apporte le progrès et
l’espoir. La jeunesse de tous les pays d’Europe occidentale accueille avidement les plaisirs liés
au style de vie venu des Etats-Unis.
A la fin des années cinquante, le mot « beatnik » commence à faire son apparition. Alors qu’aux
Etats-Unis ce mouvement a une connotation intellectuelle (avec le refus de « l’American way of
life »), en arrivant en Europe le mot ne conserve plus que son implication vestimentaire.
L’uniforme qui caractérise le « beatnik » se compose d’un blue-jean et d’un blouson. Le fait
important est que ces changements vestimentaires s’appliquent tout autant aux hommes qu’aux
femmes. On ne vit plus de la même façon. La jeunesse est devenue une classe d’âge
économiquement et culturellement autonome. Elle a de l’argent de poche. La durée des études
a augmenté ainsi que le nombre des étudiants. Bref, la jeunesse se révèle être une « classe
sociale » avec son esthétique propre et ses modes de vie. Cette évolution a atteint les classes
moyennes, qui contribuent de ce fait au lancement d’un style. Car si la haute couture vise la
perfection, le style c’est d’abord la spontanéité créative, l’idée de l’état brut, l’apport subit d’un
nouveau tissu, d’un nouveau coloris, d’une nouvelle forme. A la croisée de cette évolution
Maïmé Arnodin a détecté une nouvelle génération de stylistes dont un en particulier: Gérard
Pipart, qui s’est fait connaître en couture par la maison Nina Ricci et en travaillant également
pour Chloé.
Le prêt à porter restait toujours très cher. La rencontre entre Maimé Arnodin et Denise Fayolle a
été la clé d’un énorme succès et a duré des années. Maimé Arnodin a ouvert un bureau de
style avec des vêtements accessibles à tous. Elle était soucieuse d’apporter de beaux
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vêtements de bonnes qualités et peu coûteux. Elle les présentait à Prisunic une châine
commerciale que l’on pourrait comparer de nous jours à Monoprix, et ensuite Claude Brouet les
proposait aux lectrices de Elle magazine.
Peter Knapp un autre invité très prestigieux présent lors de la conférence est un photographe,
graphiste, peintre, cinéaste et vidéaste Suisse. Il a été directeur artistique du Nouveau Fémina
et des Galeries Lafayette, directeur artistique du Journal Elle à la fin des années 50 et a
travaillé pour de nombreux autres magazines féminins tels que Vogue, Stern, Sunday times,
Fortuna, sans compter les nombreuses expositions photos qu’il a effectué. Arrivé au journal Elle
en 1960 où les reproductions de mode étaient encore des dessins et pas des photos, Peter
Knapp nous raconte que dans ces années là, les maîtres absolus qui terrorisés étaient les
couturiers. C’est à partir des années 60 où les photographes de mode sont devenus plus libres
et à partir des années 70 les models devenaient les vedettes, non plus les photographes.
Ce souffle de jeunesse qui régnait sur la mode a cette époque a rendu les vêtements plus
confortables c’était un mouvement formidable et très enthousiaste avec par exemple l’arrivé du
bermuda de Denise Fayolle ou encore des premiers jeans comme mentionné auparavant. Les
lectrices des magazines féminins réagissaient très bien à tous ces nouveaux genres de
vêtements. Dans les années 50-60 les maisons de Haute Couture présentaient leurs défilés
dans leur propre maison, calmement et c’est devenu dans les années 70-80 un véritable show
médiatique. En créant un cahier de coloris Maimé Arnodin voulait que les industriels s’en
imprègnent et que ça influence les créateurs. La marque que Maimé Arnodin et Denise Fayolle
avaient crée s’appelait Prisu et était une certaine partie de la collection Prisunique. C’était une
mode sans prétention, ni détails inutiles, c’était très tonique comme par exemple les pulls en
Shetland c’était simple et très gai. Dans le magazine Elle, on avait envie de liberté, de porter un
vêtement qui aurait une influence sur les photographes.
Le Dernier invité de marque de cette conférence était Sir Terence Conran, créateur, designer
de meubles et entrepreneur Londonien très réputé, fondateur de la société Habitat. Il a évoqué
sa rencontre avec Denise Fayolle et Maimé Arnodin de manière très anecdotique et a insisté
sur le fait que faire leur connaissance avait eu une énorme influence sur son travail et sur sa
collection à Londres. Leurs idées venaient du courant artistique allemand, le Bauhaus. La
marque Prisu a remporté un très gros succès et a su gagner le respect et la fascination des
créateurs, designers, photographes, détaillants et industriels de l’époque. Elles sont aujourd’hui
encore un modèle de réussite et d’innovation aux yeux de tous, et ne cessent d’influencer les
jeunes designers.
Hartmann Nadège et Yin Fangxiong
3ème cycle Management des Entreprises du Luxe et de la Mode , promotion 2009
Paris ESLSCA Business School
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