Trompe l`œil, peinture murale ........ un parcours, une

Transcription

Trompe l`œil, peinture murale ........ un parcours, une
Carolus (Carol Gertsch)
Trompe l'œil, peinture murale ........ un parcours, une
expérience, une réflexion...
Ce dossier est en travail, voici un aperçu ......
.
détails du crépi, du mur ......
Ruth Streckeisen-Thomas,
Suzanne, Jean-Marc Riesen, Pierre-Alain Zermatten, Patricia Monnet, Marie-France Perret et
quelques autres, Monique Wiedmer, Soleil, Valérie Veya , Catherine Bergeon, .Muriel Brocard,
Sunila Sen Gupta, Rosette et d'autres aides plus occasionnels.
Merci aussi à tous ceux qui m'ont permis de travailler, merci de leur confiance, de leur commande.
Voici un article extrait d'un texte de Oliver Kurth dans le journal Equilibre de novembre 1999 :
Changer le regard pour donner du bonheur
Il revient dans les Montagnes neuchâteloises de temps à autre, nous en avons profité: Carolus,
mieux connu par ici de son vrai nom, Carol Gertsch, continue à distiller sa profonde humanité sur les
murs qui s'offrent à lui. Autant d'œuvres qui marquent la mémoire collective, pour être à la portée de
tous. La peinture murale et le trompe-l'œil, des arts mineurs?
Une montgolfière a l'envol, de curieuses girafes, une interprétation de la liberté à découvrir, une
Joconde nourrissant des pigeons: autant d'images, d'invitations au voyage, qui garnissent les murs
de notre région.
Luminosité, générosité, partage de la vision d'un monde meilleur, portes ouvertes sur la quête d'un
équilibre à retrouver, reconquête d'une sérénité perdue, enfouie, jugulée. Carolus, de ses débuts sur
les façades chaux-de-fonnières, a gardé le goût de l'esthétique. Apparente simplicité? Vraie
profondeur. Perspectives: littérales, morales, pas banales.
Faut-il qu'une œuvre soit incompréhensible, inabordable, pour que la démarche qui l'a enfantée soit
digne d'intérêt ? C'est ce que l'on semble croire dans les coteries médiatico-artistiques les plus
courues. Carolus, lui, joue sa partition loin de ces tumultes en eaux troublées.
L'image m'intéresse profondément, depuis toujours, souligne-t-il. De la. peinture à l'informatique, elle
a, toujours suscité chez. moi une réflexion. Le trompe-l'œil et l'art mural sont souvent considérés
comme mineurs. La démarche n 'est pas prise au sérieux. Tant pis ! Ce que je fais, c'est de l'art de
rue. De magie. C'est l'aspect ludique qui m'intéresse: jouer avec le regard, avec les gens, pour
changer leur vision des choses. Offrir une alternative à la réalité, tout en me servant de cette réalité.
Il revendique le don d'images plaisantes, saines, heureuses. Il a pas plusieurs lectures possibles de
mes peintures murales, il faut y voir les symboles. Ce peut être une pomme, un globe terrestre, une
nature foisonnante.
A qui appartient la rue, se demande-t-il. Le problème aujourd'hui, c'est qu'on ne peut pas décorer sa
maison comme on le veut. On s'en empêche soi-même parfois. Par nature, bien sur mon travail se
voit de tous. Ça induit pour moi une certaine autocensure. Et au final, une autorégulation. Voir, et
prendre ce que l'on veut.
Langage universel intemporel.
II sourit souvent franchement, sincèrement, et raconte, dans la foulée, cette anecdote: J'ai créé en
trompe-l'œil une veste suspendue, à Singapour. Un Chinois s'y est laissé prendre: il a eu. la même
réaction qu'un Occidental. Peut-être parce que mon langage est universel.
Quelqu'un a dit: «L'artiste nous prête ses yeux pour voir le monde». J'éprouve un intérêt pour la
préhistoire, raconte Carolus. On y voit des hommes décorer leurs flèches, ils savent pourtant bien
que ça ne les rend pas plus efficaces. Dès lors, pourquoi le font-ils? L'histoire de l'art, c'est en fait
l'histoire de l'homme, racontée par l'évolution de sa perception.
Le trompe-l'œil en peinture murale: personne, finalement, n'est obligé de s'arrêter pour y plonger.
Perception non forcée. Vouloir partager, c'est savoir inviter.
détails d'un trompe l'œil (Vue de Crémone)
Les hommes ont toujours peint sur tous les supports, du grain de riz au palais .... sur une coquille
d'œuf ou sur un mur, son visage ou sa maison....... un totem, un avion, un sarcophage, un éléphant
ou un vase ........certaines peintures traversent les siècles, d'autres s'effacent à la première pluie
La décoration murale est un art aussi ancien que l'architecture elle-même.
"être peintre, à une certaine époque c'était peindre le mur de la caverne, plus tard celui des églises et
des palais....A notre époque, peindre c'est aussi bien décorer le mur d'un centre commercial,
concevoir une affiche pour le métro que de peindre sur son chevalet...Il y a toujours une valeur
d'usage de l'art que les hommes ont toujours pratiqué. Les marchands ont faussé le jeu, en le faisant
passer derrière la valeur de placement" nous dit Dominique Maraval dans le Livre du Mur peint.
Qui n'a souhaité, un jour, savoir entrer dans une image, et y vivre?
J.M.G. Le Clézio
Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, mais les jugements qu'ils portent sur ces
choses. Epictète
Venons maintenant à La Chaux-de-Fonds avec un article de M. Jean-Denis Moschard, qui avait écrit
une page dans "ouvert sur" de l'Impartial, suite à une réflexion commune.
Notre environnement urbain et la peinture murale
«Une ville doit être bâtie de façon à donner à ses habitants la sécurité et le bonheur». Cette vérité fût
prononcée par Aristote au temps de la Grèce antique. Les contraintes de notre époque ont voulu que
la sécurité devienne notre préoccupation principale. Nous avons de ce fait les espaces, les fonctions,
les circulations. Chaque activité est définie dans un lieu et un espace donnés. Nous avons créé un
environnement rationnel au détriment de la promenade, du rêve, de l'imaginaire.
Il nous faut redéfinir le terme de bonheur. Selon Larousse, il signifie: «état de parfaite satisfaction
intérieure». Dans le thème qui nous concerne il signifie, l'état de se sentir soit même en communion
avec la communauté dans laquelle nous vivons.
Entre la ville et ses habitants des liens d'amitié, de connivence doivent être tissés. La ville peut être
riche d'événements, elle peut nous nourrir de musique, de théâtre, d'architecture, de peinture ou tout
simplement de rencontres et d'air du temps. Elle est notre miroir. On devrait y ressentir notre
présence, notre bonheur. Nous devrions pouvoir en être fier, pouvoir y flâner à notre guise tout en y
admirant ses richesses. A gens heureux, ville gaie.
San Francisco - Painted Ladies -
LE MUR PEINT EST FAIT POUR CÉLÉBRER LA VILLE, ACCOMPAGNER LE PROMENEUR QUI
LUI JETTE UN COUP D'ŒIL EN PASSANT, C'EST SON MIROIR.
.
Fabio Rieti est un artiste français. A Paris, il a peint des murs borgnes, des murs tristes. Il a fait
sourire des espaces oubliés. Il se sert lui, du trompe l'œil pour taquiner le passant. Il y a plus de vingt
ans, mes trajets quotidiens d'écolier à La Chaux-de-Fonds me montraient une ville grise et triste.
Heureusement quelques taches de verdure, quelques curiosités animaient mes courses.
Je cherchais refuge dans les hautes herbes du Creux-des Olives. Je chantonnais les chansons
d'Edith Piaf en longeant la patinoire ouverte. Les petits ruisseaux du Parc des Crétêts
m'enchantaient. J'observais les trains sous la Passerelle. Le Pod était accueillant et humain. Les
escaliers du Gymnase étaient le siège de conversations interminables lors des recréations. Le
«progrès» a banni ces petits plaisirs momentanés. Cependant, à ma surprise, la grisaille des
bâtiments se retire lentement pour faire place à la couleur. Certains propriétaires, de connivence
avec des artistes locaux ont fait revivre notre environnement. C'est ainsi que nous voyons nos
sévères maisons jurassiennes tourner au crème, jaune, rose, bleu ou vert. Un détail, une fresque ont
été repris, restaurés. Un trompe l'œil surgit, nous fait sourire. Dans les catalogues de fabricants de
peinture, la palette des couleurs est sans limite. Le règlement d'urbanisme n'impose ni ne prescrit,
chaque propriétaire est libre de colorer sa maison tel qu'il le désire, en dehors de la vieille ville et
dans certains quartiers résidentiels bien distincts. La réalité nous montre cependant que le choix
d'une teinte n'est pas facile. Les conséquences ne sont pas toujours heureuses.
Le mur urbain se caractérise par les points suivants:
1. Son support: Un mur appartient à un bâtiment. Borgne, il est simple ou découpé. Il est le résultat
d'un manque d'attentions par les constructeurs ou, suite à la destruction
d'une construction
mitoyenne. Façade secondaire ou sans grand intérêt architectural, elle offre peu d'intérêt aux yeux
des passants. Façade principale d'intérêt esthétique ou architectural il contient des propositions, des
détails, dignes d'être sauvegardés et même, accentués.
2. Son échelle: La taille d'un mur est prédominante. L'impact visuel d'un garage ou d'un hangar est
en effet modeste par rapport à une façade imposante.
3. Son environnement: La position d'un mur par rapport à sa situation géographique joue un rôle
important. Le même mur qu'il soit situé en pleine campagne ou dans une cité historique dialogue
avec son environnement direct. Il peut améliorer ou détruire un site.
LE RAVALEMENT DE FAÇADES
Les façades de toute construction doivent être régulièrement nettoyées, le crépi remplacé et repeint.
Ces procédés impliquent un rajeunissement des surfaces en changeant plus ou moins l'aspect d'un
bâtiment. Cependant, le choix d'un matériau et d'une couleur n'a pas pour but que la protection. La
texture et la couleur sont de moyens d'expression accessibles tous. Les propriétaires d'une maison
peignent les murs pour embellir un support jugé défectueux, il cherchent à «faire propre». Il y
cependant confusion entre beauté et propreté dans l'esprit de bien des gens qui, à la patine
chromatique d'un matériau vieilli préfère l'éclat d'une peinture neuve dont les couleurs sont en
désaccord avec la qualité visuelle de l'environnement. Le blanc est la couleur hygiénique par
excellence. Son utilisation, primitivement sous forme de lait de chaux est utilisée aujourd'hui
régulièrement au mépris des couleurs dominantes de l'habitat local.
La couleur dans l'habitat reflète aussi un certain code social qui peut varier, selon les régions et le
pays. Chez nous, le noir ou le violet sont par exemple des teintes de deuil et seront peu utilisées. Si
elle est parfois un moyen d'identification, la couleur est souvent ressentie comme la possibilité d'une
individualisation de l'habitat.
Un symbolisme des couleurs nous est dicté par notre culture, notre histoire, nos coutumes. La
religion chrétienne nous propose un éventail de teintes bien précises: le bleu est la couleur du ciel, le
rouge évoque le sang et l'amour divin, le vert l'espérance. Le blanc et le violet sont les symboles
respectifs de pureté, de deuil et pénitence.
Devant ces symbolismes multiples, l'habitant se trouve très démuni lorsqu'il faut choisir une ou
plusieurs couleurs dans les vastes gammes proposées aujourd'hui par les fabricants de peinture.
Nous noterons qu'à La Chaux de Fonds, le rajeunissement des façades offre une palette de teintes
souvent agréable malgré certaines erreurs grossières. Je ne citerai qui quelques endroits que
j'arpentais régulièrement comme, exemple heureux: Le quartier de l'Hôtel de ville, du Grand Temple
et de l'Industrie, quelques immeubles le long des rues Numa-Droz, du Grenier et du Doubs.
LE MUR PEINT PUBLICITAIRE.
Du point de vue technique, le mur peint publicitaire peut-être classifié comme mur peint artistique,
son échelle, son support, son impact sur le public et l'environnement sont les mêmes. Son intention
cependant est différente: c'est le message d'un commerce, d'une entreprise, d'une institution.
Comparé à l'affiche, le mur offre la monumentalité et la durée. Il n'obéit pas aux règles éphémères de
stratégie publicitaire, sa fonction n'est pas de lancer un nouveau produit, mais de présenter
avantageusement une image commerciale. Son existence est une action de relations publiques. Je
note pour illustrer, les façades d'un magasin de meubles (Leitenberg), d'une entreprise d'installations
sanitaires (Corthési). le long de la rue du Grenier, la façade sud d'une entreprise de peinture
(Röossli) à la rue Cernil Antoine.
Que pensez des centaines de m2 de messages publicitaires ?
Tour de France de la PUB
LE MUR PEINT ARTISTIQUE.
Le mur peint est indissociable de notre environnement urbain. Art de plein air. il est l'un des arts de la
rue. Art mural, il utilise le mur comme support. Art public, il s'adresse à nous tous, habitants ou
passants occasionnels. Qu'une œuvre murale soit volontairement intégrée à son environnement ou
au contraire, dure, agressive, il y a de la part de l'artiste une «prise de possession l'espace comme
support d'expression». Je laisse ma plume à Carol Gertsch qui sera plus à même d'exprimer sa
position d'artiste.
«Ma passion de la peinture murale et du trompe l'œil date depuis très longtemps, en fait j'aime
l'image dans tous ses états, du graffiti au cinéma en passant par la photographie...
En peinture, je me suis toujours exprimé par un langage figuratif. Mes peintures murales ont un lien
avec ma peinture de chevalet par exemple la fenêtre, la pomme, les drapés... et la découverte du
soleil (j'ai travaillé dans le sud de la France ces trois derniers étés). Mais la peinture murale n'est pas
l'agrandissement d'une toile, c'est une intervention sur un lieu et la peinture murale a une réelle valeur
dans son concept avec sa forme particulière de discours avec la rue, les gens (et la structure du
support et de l'histoire du lieu). Je pense qu'une peinture murale en tant qu'intervention dans un
espace public, doit être une «image» qui change la qualité de notre regard sur un environnement, et
faire découvrir ou redécouvrir une surface, un volume, en fait tromper l'œil en interrogeant, faisant
rêver les gens dans la rue.
extrait du livre de Daniel Boulogne "Actualité du Mur peint"
(Gauche)Paris 4e. Pierre Delavie , Mur publicitaire, rue du Renard - (Droite)Paris 16e, mur publicitaire, reproduction d'une
affiche ancienne, rue d'Auteuil
"A entendre...il y a une réelle demande populaire pour d'autres peintures murales à La Chaux-deFonds, bien sûr cette «mode» vient d'ailleurs, mais elle doit s'affirmer ici et maintenant".Une ville
colorée correspond maintenant à un besoin de la population. Comme je l'ai dit mon art a toujours été
figuratif et il est regrettable que le mur «abstrait» aie commencé par être mal accueilli et
malheureusement le débat populaire se situe mal entre la façade de Marché 18
et celle de Numa-Droz.
Une information devrait mieux faire connaître la peinture murale aux gens».
Le mur peint impose sa présence. Il doit donc se faire admettre et pour cela se faire comprendre. Ses
deux pôles d'intérêt sont le rejet et la banalisation. Une peinture non figurative a une expression
élitiste que la majorité du public ne pourra ou ne voudra pas comprendre. Le pignon de Marché 18 a
incité bien des controverses. Cette œuvre à mon avis, détruit l'image que devrait se faire la peinture
murale artistique. Elle n'embellit, ni ne magnifie le lieu, elle essaie vainement de masquer la
destruction d'un immeuble voisin.
La rue est-elle un laboratoire de recherche artistique et intellectuelle ? Cet exemple pourrait prouver
le contraire.
La banalisation est plus difficile à définir. Nous pensons toujours à l'image de petits nains peuplant un
jardin méticuleusement bien tenu. Une scène de Blanche-Neige ou de Bambi peut enthousiasmer de
jeunes enfants. Elle ne nous fera que sourire brièvement. Entre ces deux extrême nous pouvons
formuler une foule de références historiques, culturelles, régionales, artistiques ou mythologiques. Je
pense à un hommage rendu à une personnalité locale telle que le Corbusier, Cendrars, Chevrolet,
Léopold-Robert....
Notre passé industriel horloger est honoré par le Musée d'Horlogerie. II fournirait un thème évident.
Nous poumons également honorer nos montagnes, nos légendes.
Des références artistiques internationales sont de même intéressantes. L'apparition du personnage
de Magritte dans certaines peinture de Carol Gertsch a une valeur eu culturelle indéniable. Un autre
moyen d'expression est de représenter en façade ce que l'intérieur d'un immeuble contient. Le club
Aïkido de la rue des Terreaux illustre bien cette approche par un graphisme approprié.
Un des buts de la peinture murale artistique est de créer l'émerveillement. Einstein aurait dit:
Quelqu'un qui ne peut être émerveillé, peut se considérer comme mort. Emerveillement signifie,
grande admiration. Dans mes propos, il signifie aussi surprise, excitation des sens.
L'IMPERMANENCE DES COULEURS
Sous l'action du soleil et des intempéries, les matériaux se patinent et vieillissent. Le bois devient
gris, les tuiles se décolorent, la pierre résiste bien malgré certains changements de teintes. La
peinture cependant est vouée à une disparition relativement rapide. Nous assistons à l'effacement
des enseignes commerciales peintes en façade, à la destruction de faux-marbres dans les cages
d'escaliers....Nous avons l'option de les rénover à leur jeunesse d'antan ou de les supprimer. Toute
peinture murale subit le même sort.
dégâts dus à l'ouragan "Lothard"
le crépi part avant la peinture !
Nous pouvons également accélérer le processus en effaçant ou en repeignant une surface. Une
œuvre jugée trop agressive ou contraignante peut être améliorée ou anéantie. Elle n'a cependant ni
les propriétés éphémères d'un drap suspendu lors de l'exposition Plein Art. Un montage temporaire
ne suscite que des sentiments timorés. Des girafes curieuses, un chat à la poursuite d'une souris, ou
des cigognes traversant un mur inspirent davantage le rêve. "
La peinture murale est parmi toutes les formes d'art contemporain, celle qui s'offre à l'appréciation et
à la critique du public le plus nombreux.
La préface "Des murs dans la ville" de Gille de Bure écrite par Bernard Noël - nous dit : "Qui s'en
souvient ? Il fut un temps où la ville était la cité, et ce mot-là désignait quelque chose d'harmonieux
comme un visage. La langue conserve ainsi des paradis perdus— peut-être même les a-t-elle
inventés, elle qui crée la mémoire et les dieux ? La cité représente une communauté ayant développé
un habitat et des relations dans lesquels la solidarité tempère l'intérêt. De la cité sont nées la charte
et les franchises. Et l'art aussi bien : un art qui, n'étant pas séparé, n'avait pas besoin de se forcer
pour être populaire.
Le mot « ville » est trouble, c'est un abîme qui engloutit des sens contradictoires. La ville est diverse,
multiple, changeante; elle accumule et elle accélère; elle juxtapose, mêle, croise. Tout cela, qui la
rend fascinante, est également ce qui la porte à l'indifférence. Aller à la ville consiste à entrer dans
l'anonymat. Voilà le lieu où l'homme ignore son semblable au point de partager la même maison,
parfois la même Câble et le même banc sans que rien soit mis en commun.
Le Piéton des Halles, Paris, par Fabio Rieti
L'ordre de la ville exige l'isolement — trait par lequel surtout la ville s'oppose à la cité. Plus la ville
grandit, plus les ghettos se multiplient : il y en a un derrière chaque fenêtre autour de chaque
passant. Les maisons, d'ailleurs, y deviennent des piles de boîtes, et on les aligne sous le nom de
blocs ou d'ensembles. Autrefois, on construisait pour l'œil et la beauté venait de surcroît,
nécessairement; aujourd'hui ; on construit pour le rendement, et il n'en vient que l'uniformité. La Cité
portait à la démocratie : la place et la rue y étaient lieux de rencontre; la ville ne ménage, entre ses
blocs, que des lieux de circulation, et elle appelle une gestion bureaucratique qui s'organise
naturellement en pouvoir totalitaire. Quand le fonctionnel devient le seul critère. Il faut que tout
obéisse à la norme, et la norme a trouvé le matériaux le mieux adapté à l'anonymat et à l'uniformité
qui découlent en effet de son règne : c'est le béton.
Harbor Freeway Overture 1991-3 par Kent Twitchell, Los Angeles (Downtown - 8th Sreet at the Harbor Fwy)
Quand la terre sera lavée de cette laideur, on parlera peut-être de l'Age du béton pour symboliser la
barbarie intelligente, qui voulut raccourcir la vie aux dimensions de l'utilité."
L'histoire imagée d'une peinture, aux Home des Lauriers à St-Imier
EMS Lausanne - en travail
Laissons cette fois la parole à Gille de Bure :
"Des murs dans la ville, Cache-misère pour les uns, animation plastique pour les autres, les murs
peints n'ont cesse de se multiplier depuis une vingtaine d'années.
Ici, là et ailleurs, le phénomène a pris des dimensions considérables, rebondissant aux quatre coins
du monde dans des registres artistiques, institutionnels, politiques, militants ou spontanés.
Echappant aux lois et aux règles codifiées de l'expression plastique, ce phénomène a permis à des
artistes de rencontrer de nouveaux publics, à des individus de clamer
au grand jour leurs revendications, à des politiciens de mieux manipuler les foules, à des publicitaires
d'accélérer le mouvement sans fin de la spirale de vente...
Oasis de poésie dans des océans de béton, marquage de la ville, événements ponctuels d'un
quotidien anecdotique, cris d'angoisse ou clameurs sauvages, relevant autant d'une tradition
populaire que d'une règle aristocratique, les murs peints sont moins objets de culture qu'éléments de
civilisation.
Peindre les murs est une activité aussi ancienne que les édifier. Plus ancienne, même, si l'on se
réfère aux peintures rupestres. Bien vivace est encore la tradition séculaire des maisons peintes
comme en Pologne ou dans le sud de l'Afrique, les fresques habillant les édifices religieux et sacrés
comme en Inde ou en Roumanie. On n'en finirait pas de multiplier les exemples, de l'Irlande au
Mexique, de la Malaisie à la Norvège.
- Femme Soninké décorant un mur de la concession familiale. (Mauritanie) photo de Margaret Courtney-Clarke, 1989
- Le"Asir" un petit territoire au sud-ouest de l'Arabie Saoudite, à fa frontière du Yémen - Photos de Thierr
- Bhoutan
- Shekawati (Inde du Nord)
Mais le mur peint en tant que tel, le mur peint de façon délibérée, le mur investi de l'extérieur et a
posteriori, est un phénomène somme toute assez récent et en passe de devenir une culture des rues
à l'échelle mondiale.
Par ailleurs, le motif réel de l'existence du mur le fait lire de façon différente à chaque fois. Que sa
raison d'être soit à vocation culturelle et à caractère artistique, que sa naïveté soit doublée d'une
richesse d'expression infinie ou que sa planification n'ait pour objectif que l'efficacité, et la perception
qu'on en a bascule de l'émotion à l'admiration, de la surprise à la gène.
Faut-il d'ailleurs opposer le « mur sauvage » à la « commande sociale '» ? Y-a-t-il véritablement
différence entre un mur militant et un mur de propagande ? Entre un mur d'artiste et un mur
publicitaire ? D'un côté la spontanéité et la poésie, de l'autre la propagande et la publicité. Là, comme
partout, la langue est double : elle libère et elle aliène en utilisant des termes qui se ressemblent,
mais dont il faut déceler la contradiction pour s'exprimer avec eux.
Harald, le sprayeur de Zurich
sur les murs de Paris
décoration de bennes de chantiers - Chernex - Montreux
Cette apparition des murs peints « modernes •> dans les années soixante-septante correspond à un
mouvement généralisé — comme notamment à l'avènement d'un cinéma différent utilisant des
canaux de diffusion autres — tendant à faire éclater le cercle magique de la diffusion de l'art et de sa
production. Tous les concepts de création collective, de participation, d'implication sociale de l'art, de
rôle de l'artiste dans la société, d'expression populaire, de civilisation et d'universalité de l'image sont
contenus dans ces incidents urbains. La montée de l'oppression, du totalitarisme, de la manipulation
et de la centralisation à outrance s'y faufilent aussi plus souvent qu'à leur tour." Mais ces « cadeaux
de la rue » offrent à tout piéton de la ville une lecture différente de l'espace urbain. Conjuguées à tous
les temps les peinture murale racontent des histoires. Elles sont des bouts de notre quotidien, des
reflets immobiles de nos rêves, de nos idéaux, des miroirs de nos existence dans un quartier, dans
une ville .......
Projet non réalisé pour "Boat Quai" à Singapour
Proposition - Like in a theater, a opening curtain, opened itself on an old scène. In an old renovated area, when the life has
disapeared, it could be nice to suggest with some painting the past, as example an old house, people (lifesize) eating, working ( a
rickshaw waiting) or old boats, or a chinese New Year scene, or...
Projet non réalisé sur "Orchard Road" à Singapour
extrait du journal "La Boélée" no 2 par R.G. Zaslawski
Construisons des villes amies des enfants
Partout, les enfants expriment les mêmes désirs. Ils souhaitent boire une eau potable et manger à
leur faim. Ils ne veulent pas tomber malades. Ils veulent avoir des espaces pour apprendre,
s'épanouir et jouer. Ils veulent connaître leurs voisins. Dans tes villes en particulier, ils aspirent à la
paix, à la sécurité et à l'élimination de la violence. Et ils nous disent qu'ils veulent s'associer avec les
adultes pour construire un monde meilleur. Lorsque l'intérêt des enfants est au centre des
préoccupations sociales, la société devient plus humaine. Lorsque les enfants sont oubliés, la société
perd l'équilibre.
La Convention relative aux droits de l'enfant nous rappelle notre obligation de mettre les enfants au
centre de notre vision du développement. Ce document se distingue des autres instruments
internationaux des droits de l'homme parce qu'il donne de larges moyens d'axer nos efforts vers cet
objectif et de mener une politique d'intérêt général dans le monde entier.
extrait des "droits de l'enfant et de l'habitat - rapport d'un séminaire de l'UNICEF à New York en février 1996
La ville et l'enfant, extrait d'un article de Liliane Palandella paru dans le mensuel L'éducateur
le19 juin 1986
"Autrefois fragile et convoitée, la ville se resserrait à l'intérieur de ses hauts murs. nid chaud et
protecteur, peut-être étouffant parfois. Quand elle l'a pu, elle a fait sauter ses enceintes et s'est
étendue, tantôt dans la verdure, tantôt dans des cités-dortoirs plus ou moins conviviales, tantôt
encore, dans des favellas de paille et de tôle. Comme l'enfant, la ville a eu plus ou moins de chance;
ici, dotée en forces humaines et moyens financiers, elle se développe sous surveillance, essayant
d'équilibrer ses différents désirs ; là, submergée par le nombre et en panne de ressources, elle est
soumise à la loi de la jungle et, en croissance anarchique, elle finit par étouffer physiquement et
moralement ceux qui la vivent; plus loin, somptueuse et policée, mais vidée d'habitants et livrée aux
seuls commerces et bureaux, elle est devenue froide comme une couverture glacée de magazine;
ailleurs encore, restée plus modeste, elle offre une aire plus humaine, peut-être plus sourcilleuse
aussi de bonnes manières et plus confinée dans la naphtaline.
Entre l'enfant, et la ville, l'affection ne naît pas du hasard; les liens d'amitié, de connivence doivent
être tissés patiemment, sur une trame de connaissances réciproques. Car elle est riche des mille
potentialités présentes en ces lieux; elle peut lui apprendre à se nourrir de musique et de théâtre,
d'architecture et d'histoire, de peinture et de poterie, ou tout simplement de rencontres et d'air du
temps; elle peut le fortifier au contact de l'expression sans cesse renouvelée de la créativité
humaine, l'aidant à devenir à son tour responsable de son cadre de vie. Par contre, agressive ou
indifférente, elle ne lui offrira que béton et pollution, voire même pour certains, la seule zone entre
usine et voie ferrée, où ils pourront, certes, inventer un jeu d'un morceau de carton, mais resteront
privés des conditions et des références qui en prolongeraient le sens, ne trouvant finalement que la
violence comme exutoire à l'absurde."
C'est une nécessité de construire, de (re)dimensionner la ville pour une relation harmonieuse de
l'enfant et la rue.
photographie d'un circuit imprimé - carte d'ordinateur
400 ans avant le Christ, en Grèce, Parrhasios provoque en étrange duel Zeuxis, l'artiste entre tous
honoré. «Toi dont le génie est incontesté, lui dit-il, je te défie ; voici couleurs vives et pinceaux :
Peins un objet de ton choix, je ferai de même. Que soit sacré maître peintre parmi les maîtres celui
dont l'œuvre sera parfaitement semblable à ce que l'œil perçoit de la réalité !»
Zeuxis accepte le combat pacifique. Les deux hommes travaillent longtemps en secret derrière les
murs ensoleillés de leurs demeures. Vient le jour du jugement. Voici les deux ouvrages que deux
voiles dissimulent, au plein soleil de midi, devant l'assemblée souveraine des poètes. Zeuxis d'un
geste simple fait glisser le tissu, révèle son chef-d'œuvre. Chacun alors contemple une opulente
grappe de raisins noirs que l'on dirait à peine vendangée tant elle semble charnue, juteuse et
chaudement sucrée. On salive à sa vue, deux moineaux innocents passant par là en veulent picorer
les grains, on s'émerveille : un homme est l'égale des Dieux quant son art séduit les oiseaux. Zeuxis
triomphe. "Que Parrhasios dévoile maintenant son oeuvre" dit-il. "Dévoile-là toi-même" réponds
Parrhasios. Celui qui le défia tend la main et s'étonne. Aucune étoffe palpable ne dissimule le
tableau. Ce voile de soie blanche dont les plis semblent bouger au vent léger est illusoire:: il est peint
en trompe-l'œil. L'assemblée troublée par ce piège à raison salue avec respect, décerne à Parrhasios
la palme et se disperse, prise de crainte brumeuse devant un art pour le coup trop divin pour être
honnête.
Architectures peintes en trompe l'œil par Miriam Milman, éditions Skira, Genève 1992
Bien avant que la construction de la perspective scientifique leur donne toute leur ampleur, les
architectures peintes en trompe l'œil ont modifié l'environnement en suggérant un espace
structurellement différent. De Pompéi à nos jours, le trompe-l'œil a enrichi le mur par une dimension
nouvelle, pour permettre au regard l'accès à un monde imaginaire au-delà des limites imposées par
le mur bâti. En établissant de nouveaux rapports avec l'architecture réelle, il en a modifié aussi bien
l'apparence que la signification. Les architectures peintes en trompe l'œil ne sont pas seulement un
décor gratuit dont la raison d'être ne serait rien d'autre que d'embellir ou de modifier la perception des
dimensions d'un espace. A travers les âges, selon l'époque ou la destination, le message des
architectures peintes en trompe l'œil est souvent complexe et subtil, visuellement fascinant, mais
aussi riche conceptuellement.
«Le simulacre n'est jamais ce qui cache la vérité - c 'est la vérité qui cache qu 'il n'y en a pas. »
«Le simulacre est vrai.» Jean Baudrillard
Jeu de contradictions, les architectures peintes en "trompe l'œil utilisent l'échelle humaine pour se
glisser dans l'univers de la réalité. Elles créent un espace fictif qui se substitue à l'espace réel,
bâtissant un monde mystérieux, en même temps proche et lointain. On croit y saisir les contours de
l'imaginaire pour les voir disparaître aussitôt dans les profondeurs d'un miroir déformant. Un pas suffit
pour transformer l'illusion d'une réalité apparente en une certitude d'avoir découvert la réalité de
l'illusion. Il ne s'agit pas, comme dans la fable de Zeuxis, de vérifier la matérialité de ce qui a été
représenté. On se surprend en revanche d'analyser avec ravissement les prodiges d'un art dont on
croit reconnaître le subterfuge avant même que de se laisser emporter par lui.
Contrairement au trompe-l'œil de chevalet, les architectures feintes ne réfléchissent pas la réalité par
une image fidèle et symbolique. Si elles en reprennent les éléments, c'est pour faciliter le passage
vers un monde d'illusions, dont elles constituent l'ouverture. Les lois de la perspective ont donné au
trompe-l'œil architectural la légitimité et l'apparente objectivité du rationnel. Elle ont laissé croire
qu'en perçant les plafonds, en dilatant les espaces et en déchirant les murs on peut atteindre
l'horizon de l'univers et l'infini absolu.
Pourtant, mis à la portée du spectateur, le point idéal et mystique de l'infini n'a jamais été représenté,
il s'est toujours dérobé. Ainsi, le point de fuite, existant mais invisible, resta, comme l'a dit Pozzo,
«d'essence divine». Cette perpétuelle fuite correspond peut-être à une non-existence.
Le trompe-l'œil architectural jette le doute sur l'espace vécu et son contenu car il y accepte le figuratif
et le transcendant. Il devient ainsi le lieu de séjour aussi bien des êtres vivants que des créatures
d'essence divine ou des témoins immobiles et curieux. Aussi, dans le vertige des simulacres et des
réalités qui alternent, certains acquis défient toute mise en question. Sur les hauteurs inatteignables
des parois, des angles s'escamotent, des courbures s'effacent et des détails agressent. Illusion ou
réalité? Est-il vraiment nécessaire de décider?
Dans le kaléidoscope mouvant de ces constructions fictives, la vérité se cache, la raison se rend et le
regard accepte le pouvoir magique de l'apparence qui mystifie.
Le trompe-l'œil architectural est un jeu fascinant aux multiples implications, dont il faut rester le
complice attentif.
Kaiserhof à Munich (à gauche) - Hundertwasser a encouragé chaque ouvrier à participer à la décoration des façades
et des murs intérieurs de son immeuble .Seule consigne de l'artiste: éviter à tout prix la ligne droite, responsable, selon lui,
d'une bonne partie des maux de la société actuelle. (Maison à Vienne)
En fin de parcours, on peut s'interroger si le trompe-l'œil architectural de demain doit nécessairement
avoir le rôle d'opposition avec son support, creusant ce qui a été conçu pour être plein et ouvrant ce
qui a été conçu pour être fermé. En multipliant les plans de référence et les réflexions spéculaires
des surfaces, à travers les fausses matières et les fausses échelles, le trompe-l'œil, libre de toutes
contraintes, pourrait chercher de nouveaux espaces. Image imaginaire d'une réalité de rêve, fuite du
regard vers des horizons lointains, il prendrait sa place lors de la création d'une architecture
organique libérée des formules et des schémas pétrifiés dont la dynamique saurait jouer avec un
espace ambigu. Peut-être une renaissance d'un certain Baroque...
Miriam Milman
Je me permets de citer quelques auteurs, pour le moment sans leur avoir demandé leur autorisation.
Leurs livres, qui sont des références en la matière, sont cités dans la Bibliographie.
Quoi de plus quotidien, de plus familier qu'un mur ?
Obstacle infranchissable, symbole d'enfermement, marquage de la contrainte, il peut être aussi
enceinte protectrice, source d'énergie, suggérer la douceur de la caresse, la stabilité rassurante ou
accueillir l'expression de la spiritualité.
Le mur, comme d'autres éléments simples de l'architecture, permet d'approcher la complexité du
rapport de l'homme à l'espace.
"Le Mur - un itinéraire architectural" de Evelyne Péré-Christin (Editions Alternatives, Paris 2001)
Claude Yvel
TROMPE-L'ŒIL ILLUSION
Tant que la peinture a prétendu représenter le monde, être une fenêtre ouverte, on ne pouvait distinguer
l'illusion et le trompe-l'œil comme des démarches particulières. L'illusion de voir un visage, une
perspective, un paysage était alors essentielle : la peinture avait à peu près le monopole du trompel'œil... Aujourd'hui l'œil est trompé en permanence: il vit branché sur un monde d'images en réduction
capable de susciter plus d'émotions que la réalité. En regard de cette formidable industrie du semblant,
les moyeux plastiques risquent de paraître dérisoires. S'ils ne le sont pas. c'est que la peinture propose
désormais un trompe-l'œil manifeste. Elle a laissé à d'autres l'illusion réaliste, l'effet de perspective n'est
plus tout à fait l'affaire du tableau : il se reproduit, automatiquement, à chaque seconde sur le tube
cathodique. Les trompe-l'œil de l'art avouent leur forfait. Ils sont bien les seuls : la nature elle-même il
n'a jamais fini de tricher avec l'horizon.
extrait d'un cours "L'art et sa méthode" Editions Fabbri
Nicole Salmon - collage
Nous voyons parfois un nuage comme un dragon ;
Parfois une vapeur en forme d'ours ou de lion,
Un château fort avec ses tours, un rocher abrupt,
Une montagne fourchue, un bleu promontoire
Couronné d'arbres, hochant la tête aux yeux du monde,
Et moquant nos yeux d'illusions...
W. Shakespeare, Antoine et Cléopâtre
"Les murs ne sont pas toujours au dehors et dans tous
les murs il y a une lézarde, dans toute lézarde très vite il
y a un peu de terre, dans cette terre la promesse d'un
germe, dans ce germe fragile il y l'espoir d'une fleur et
dans cette fleur la certitude ensoleillée d'un pétale de
liberté. Les murs les plus cachés sont souvent audedans et dans ces murs aussi il y a des lézardes.........
Laisse pousser les fleurs elles sont les germes de la vie
à venir"
Apprivoiser la tendresse de Jacques Salomé (Editons Jouvence)
Le mur peint, le trompe-l’œil sont des oasis de poésie, des clins d’œil de gaieté,
d'imagination, d'expression... dans votre quotidien.
Dans la rue ils établissent un dialogue avec le passant. Là où la banalité s'installe, Ils brisent le mur
de l'indifférence pour nous parler en images et en couleurs !
Musée Tony Garnier, Lyon
petit détail du mur des Canuts (1200m2)
POUR UNE POLITIQUE DE LA COULEUR
L'AVENIR DES CITES OU LA PRISE EN CHARGE DU CADRE DE VIE PAR LES HABITANTS
"Tout individu est un créateur en puissance. Mais rares sont ceux qui ont été préparés à tirer parti de
ce pouvoir de création qui sommeille en chacun de nous. Nous ne pouvons plus nous permettre ce
gaspillage d'énergie psychique qui consiste à ignorer la masse fantastique de potentialité créatrice
inemployée, en continuant à confier à quelques individus privilégies ou chanceux le soin de créer
pour les besoins de l'humanité tout entière. L'artiste est plus que jamais appelé à jouer un rôle
primordial comme catalyseur de créativité pour une société vouée irrémédiablement à assumer sa
dimension créatrice sous peine de disparition.
L'art considéré, non plus dans une perspective de consommation passive, mais comme le pouvoir de
rêve que se donne toute société pour mieux se percevoir, constitue un remarquable vecteur de
créativité.
De ce point de vue, le métier de plasticien peut se définir comme créateur d'espaces à regarder, à
parcourir, à vivre ou à remettre en question. Dans toute intervention plastique visant à la prise en
charge du cadre de vie par les usagers, qu'il s'agisse de création d'images, d'objets, de peintures
murales, de jeux ou d'environnements. l'artiste cherchera avant tout à provoquer la participation du
public auquel s'adresse sa production. L'intérêt de la production artistique dans la cité est son pouvoir
révélateur, la possibilité, à partir d'une proposition plastique, d'engendrer un processus, individuel ou
collectif, de création qui peut ensuite se propager par une réaction en chaîne.
- Diego Rivera Palais national de Mexico - l'histoire du Mexique (petite partie)
- en train de peindre avec Precita Eyes - Mission District, San Francisco
Los Angeles
Ernest Pignon-Ernest - Fiac 2003 et un détail d'un photographie géante d'un artiste chinois
RÉHABILITATION OU GRAFFITIS
Les graffitis et autres dégradations doivent alerter tous ceux qui se sentent concernés par les
problèmes de l'aménagement du cadre de vie. Ils témoignent avant tout du besoin qu'éprouvent les
habitants de s'approprier l'espace dans lequel ils vivent. C'est le cas, en particulier, des jeunes pour
qui c'est un moyen de nous faire signe en nous montrant qu'ils sont concernés par la question et que
nous devons compter avec eux dès qu'il s'agit de toucher à leur cadre de vie, puisque nous n'avons
pas pensé à les consulter pour la conception et la réalisation du cadre, dans lequel ils sont obligés de
vivre.
Pourquoi alors ne pas prendre en charge de façon positive ce besoin d'appropriation, au lieu de lutter
contre ses manifestations au prix de coûteux ravalements qui, pour être efficaces, devraient être
renouvelés à peine les chantiers terminés. Il suffit pour le faire, de mettre à la disposition des
usagers, les moyens plastiques leur permettant d'exprimer positivement ce besoin d'appropriation
avec, pour les gestionnaires de l'entreprise de réhabilitation, une série d'avantages matériels
appréciables, tant au niveau budgétaire que pour la dynamique sociale ainsi créée."
Los Angeles
L'esprit de participation des artistes qui se sont exprimés et qui ont choisi d'élaborer leurs œuvres a
l'intérieur d'un cadre de vie de manière multiforme, à l'air libre, à travers les murs peints, les
fontaines, les sculptures monumentales. les animations temporaires sont l'expression de la nouvelle
dimension de la fête au quotidien qui traduit également l'exigence exprimée par le public. Les sols
comme les murs-pignons, les bâches peintes, la signalétique comme la communication en général
donnent une image neuve de la ville.
Il faut bien le dire, la rue était à nous et nous l'avons perdue, et c'est peut-être aux artistes de nous la
faire retrouver, car le public est, plus que jamais, « demandeur ». Cette faim culturelle mérite d'être
prise en compte.
par DAMEL DANETIS Créateur plasticien ; responsable de la formation des professeurs d'art
plastique à l'Université de Paris VIII
extrait du livre "La couleur et la nature dans la ville" - Académie Nationale des Arts de la rue - Ouvrage collectif réalisé sous la
direction de André Parinaud - Editions du Moniteur, Paris
Steinenstrasse à Lucerne (la rue s'allonge de plusieurs maisons en enfilade)
En art comme en politique, partout triomphent le faux, le leurre, l'illusion.
La publicité glorifie l'artifice, la mode nous propose ses looks, les
médias nous abreuvent de simulacres d'une réalité de plus en plus
impalpable. Nous assistons à une vogue du factice, du simili et du
synthétique, du trompe-l'œil et du clin d'œil. Le faux serait-il la vérité de
nos temps de crise, notre valeur-refuge ?
Du journalisme aux pirates de l'art, des sosies ou l'effet placebo, des
faussaires de génie aux imposteurs de toutes sortes,
le faux c'est aussi, l'espace d'un vertige, une porte qui s'entrouvre sur
une brève éternité, un séisme instantané, un vacillement du réel.
L'ère du faux - collectif dirigé par Pascale Froment et Brice Matthieussent.
Editions Autrement - Mutations/poche - no 4
détail du trompe l'œil à la Maison du Peuple à St-Imier
Sans envie de démocratie, la ville n'est qu'une petite machine fonctionnelle. Sans l'envie de ses
habitants d'être ensemble, elle n'est qu'une quotidienneté répétitive. Les villes ne sont pas des
oeuvres à contempler. Contrairement au théâtre, les citadins ne sont pas de simples spectateurs. Car
la ville n'existe que si ces habitants se l'approprient."Les maisons font la ville, les citoyens font la cité"
disait Jean-Jacques Rousseau
en train de peindre "la grande aventure humaine", toile de 11 x 8 m
"Quand l'homme ne sera plus dominé par la machine, qu'il aura trouvé les facteurs essentiels de la
vie et favorisera en priorité l'échange et le respect de l'autre (...) alors la Cité revivra"
Lewis Mumford, La Cité à travers l'histoire, 1961-1964
- détail de "La Leçon de perspective", peinture murale à la Fondation Sandoz au Locle
- un gnome
Bibliographie - la peinture murale - le trompe l'œil - l'image
- Le trompe l'œil - Architectures peintes en trompe l'œil
(2 livres de références de Miriam Millman, Editions Skira Genève)
présentant l'histoire de la peinture murale et une réflexion sur le trompe l'œil)
- Le Mur - un itinéraire architectural d'Evelyne Péré-Christin, Editions Alternatives, Paris 2001
- Trompe l'œil en pays neuchâtelois, par Marcel Rutti édité par La nouvelle revue neuchâteloise (no 69
printemps 2001)
- Die zweite Dimension (peintures murales de Los Angeles) Taschenbücher
- Gemalte Illusionen (peintures murales à Berlin) dito
- Wandmalerei -zwischen Reklamenkunst, Phantasie und Protest (Dumont)
- Painting the towns - Murals of California, par Robin J. Dunitz et James Prigpff, Editions RJD enterprises
à Los Angeles 1997
- Le trompe l'œil contemporain de Martin Monestier (Editions Place des Victoires, Paris 2002
- Le Livre du mur peint - art et techniques - D. Durand et D. Boulogne, Syros Alternatives, Paris 1991
- KunstHausWien par Hundertwasser, edité chez Taschen 1999
- "The painted House" par Graham Rust, édité chez Knopf, New York
- Architectural painting de Lawrence Grow, Editions Rizzoli, New York 1986
- Murs, photos Magnum, édité chez Pierre Terail, Paris 1998
- SITE, l'architecture comme art, essai de P. Restany et B. Zevi, Academy Editions, Paris 1981
- Des murs dans la ville, Gilles de Bure
- L'œil ébloui, photos de C. White et textes de Georges Perec
- L'effet trompe l'œil dans l'art et la psychanalyse, collectif, édité chez Dunod 1988
- Espèces d'espaces de Georges Perec, Editions Galilée 1985
- L'ère du faux, collectif, Editions Autrement, Paris 1992
des livres sur des artistes :
- Hunderwasser, le peintre-roi aux cinq peaux, par Pierre Restany, Editions Taschen 1998
- Ernest Pignon-Ernest, catalogue du Musée d'art moderne et d'art contemporain de Nice - exposition
"Sudari di Carta" (images de Naples) du 24 novembre 1995 au 10 mars 1996
- Roy Lichtenstein, cheminement de sa grande peinture murale à New York - mural with blue brush-stroke
- Fabio Rieti, Edité chez Herscher 1992
- Big Art - Megamurals & Supergraphics
- Diego Riveira - illustrant la révolution mexicaine)
- Pignons sur Rues - peintures murales de Paris
- Murs peints - Cité de la Création - Editions les créations du Pélican 1994
à consulter également des livres d'histoires de l'art sur : - Les grottes préhistorique (l'art pariétal) - peinture
au sol (kolam, mandala, peinture navajo.... - la fresque (Giotto........)
- film d'Agnès Varda - Murs Murs - sur la peinture murale contemporaine aux USA, particulièrement celle
des ethnies, des quartiers, des gangs......délimitant leur territoire et affichant leur culture minoritaire
- le trompe l'œil, film de la TV suisse romande, émission VIVA 1h
Pour la partie pratique, technique :
- La Couleur et la Nature dans la Ville - Académie Nationale des Arts de la Rue (Moniteur)
- Architekturmalerei an Fasaden - DVA
- Les couleurs de la France (Moniteur)
(et les deux autres livres sur l'Europe et le Monde)
- La fresque de Dominique Ménard-Darriet, Editions Fleurus, Paris
et divers livres, dont - Peintures et finitions à l'ancienne - Technique picturales anciennes - Le Décor peint -L'imitation de bois, marbres ..............
extrait de prospectus "touristiques"
livres sur l'architecture :
- L'urbanisme de Michel Weill - Editions Les essentiels Milan
- Histoire de l'architecture de Gérard Monnier - Que sais-je? Presse Universitaire de France 1994
- Les grands interrogations esthétiques de Bertrand Vergely, Editions les Essentiels Milan
- Art et Urbanisme d'Alain Charre - Que sais-je - Presse Universitaire de France 1983
- La ville en mouvement de Francis Godard - Découvertes Gallimard
- Les architectes de la liberté d'Annie Jacques et Jean-Pierre Mouilleseaux - Découvertes Gallimard
- L'harmonie de la maison par le Feng Shui de Karen Klingston - Editions J'ai Lu 1999
- La maison écologique de Karen Christensen - Editions J'ai Lu 1998
Livres sur La Chaux-de-Fonds :
- Faust et Le Corbusier de Marc Alb. Emery, La nouvelle revue neuchâteloise no 3 automne 1984
- Bon pied - bon oeil - guide pour découvrir la ville en parcourant ses rues - collectif, édité par la Ville de
La Chaux-de-Fonds, direction des Travaux publics - 1994
- La Chaux-de-Fonds - INSA - inventaire Suisse d'Architecture 1850-1920 de Jacques Gubler, édité par la
Société de l'Histoire et de l'Art en Suisse 1984
- La Chaux-de-Fonds, le charme discret, collectif, REVUE Suisse 5/95
- "A la recherche de la cité idéale" petit guide de l'exposition à la Saline d'Arc et Senans - été 2000
- La Chaux-de-Fonds - photographies - André Girard - Editions Attinger, Hauterive
- Suisse - guides Olizane par Jean-Robert Probst, Editions Olizane 1993
- 80 jours autour de la Suisse (Tome 1) de Hans Peter Treichler, photographie de Georg Stark, Editions
Mondo 1987
ainsi que pour l'étude et l'analyse de l'image :
L'art et l'Illusion - GOMBRICH Ernst - Gallimard 1987
Ce que l'image nous dit - Gombrich Ernst - Adam Biro 1991
Petite Fabrique de l'image de J-C Fozza, A-M. Garat et F. Parfait - Magnard - Paris 2003
La communication par l'image de C Cadet, R. Charles, J.-L. Galus - Nathan 1998
La Chambre claire de Barthes Roland - Gallimard
Les images qui mentent de Gervereau Laurent -Seuil 2000
Introduction à l'Analyse de l'Image de Joly Martine - Nathan Université
La perspective comme forme symbolique de Panofsky Erwin - Minuit
Le mystère de la chambre claire de Tisseron Serge - Flammarion 1996
Vie et mort de l'image - Regis Debray - Gallimard 1992
Psychanalyse de l'image, de l'imago aux images virtuelles de Tisseron S -Dunod
Les bienfaits des images de Tisseron Serge - Odile Jacob 2002
Derrière les images , Collectif – Musée d’Ethnographie, Neuchâtel 1988
La couleur dans la peinture moderne de Ballas Guila, édité chez Adam Biro 1997.
Les matériaux de la couleur de F. Delamare, B. Guineau - Découvertes Galimard 2000
Les nouveaux médias dans l'art de Michael Rush - Thames & Hudson, Paris 2000
Psychologie du Kitsch - l'art du bonheur de A. Moles - Maison Mame, Paris 1971
Esthétique dans la Nature et dans les arts (Rocher) et le Nombre d'or (Gallimard) - Matila C. Ghyka
Le traité du Regard -. BELTZUNG Alain - Question de - Albin Michel 112
L'art invisible - Scott McCloud - Vertige graphic 2002
Illusions d'optique - Nidel Rodgers (Solar) - L'œil qui pense - Roger N. Shepard (Seuil)
Illusorismes - Sandro Del-Prete (Benteli Verlag Bern) - L'Aventures des figures impossibles et le
Monde des Illusions d'optique de Bruno Ernst (Taschen) - Les Jeux visuels - Franco Agostini (Solar)
et des livres sur des artistes, Escher, Vasarely, Dali, Magritte.....Markus Raetz