Yeux Orphelin d`une image totale, notre regard s`exténue - M

Transcription

Yeux Orphelin d`une image totale, notre regard s`exténue - M
Yeux
Orphelin d’une image totale, notre
regard s’exténue devant la prolifération
d’images dont certaines nous agressent, nous
fascinent. C’est que l’image, dès son origine
mythologique, est saisissante. Méduse, punie
pour arborer fièrement sa belle chevelure,
pétrifie le regard et la pensée. Profondément
érotique quand elle est Gorgô, sexe béant, elle
séduit en même temps qu’elle terrifie, invoquant
d’autres gouffres. Méduse nous indique que la
beauté appelle la cruauté, et qu’elle peut nous
crever les yeux, voire nous sacrifier. Par là
même, dans le risque qu’elle induit,
l’expérience de l’image médusante, à condition
que nous soyons avertis et armés, comme
Persée, peut aussi nous élever, et nous rendre
attentifs, les yeux grand ouverts, à la fragile
complexité de toute apparition, car l’image,
dans tous les sens du termes, « brûle ».
Présentation de Yeux dans
Philosophies de l’image, Murielle DURAND-GARNIER,
Collectif, coll. ABCDaire, M-Editer, 2009

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