les soignants confrontés à l`interruption médicale de grossesse tardive
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les soignants confrontés à l`interruption médicale de grossesse tardive
Jean-Christophe Weber, Catherine Allamel-Raffin, Thierry Rusterholtz, Isabelle Pons Université Louis Pasteur, Strasbourg IRIST (EA 3424) Éthique et Pratiques Médicales <[email protected]> Les soignants confrontés à l’interruption médicale de grossesse tardive L’IMG, un champ privilégié pour l’analyse éthique des pratiques médicales n Notre groupe de recherche se focalise sur l’examen critique des pratiques soignantes, comme point d’appui à l’analyse de l’évolution actuelle de la médecine. Celle-ci nécessite d’être pensée tant elle semble source de malaise et d’interrogations graves, mais aussi de dysfonctionnements, de conflits ou d’altération de la qualité des soins [Cordier, Sicard]. Nous supposons que faire cas des pratiques concrètes est une modalité appropriée pour cette analyse, si elle tente d’articuler l’ensemble de ses dimensions. Le colloque singulier, loin d’être réductible à la mise en application d’un savoir (celui du discours médical) et d’un savoir-faire (celui du soignant) à une mécanique défaillante (le corps d’un patient passif), est immergé dans le champ du langage 136 et de la parole [Lyne, Hurwitz] et en connaît tous les avatars : pouvoir de la parole, poésie de la langue, malentendus, équivoques, invocations… La rencontre humaine est aussi source d’émotions et d’affects de la part du soignant qui influencent la « communication » (verbale et non-verbale) et peuvent infléchir le cours de la rencontre : phénomènes de transfert, contre-transfert, iatrogénie « verbale » voire passages à l’acte. La technicité mise en œuvre n’efface pas cette dimension émotionnelle et affective de la rencontre. La relation du médecin et du patient tend aujourd’hui à se modifier : le soigné désire devenir acteur de sa santé, s’approprier ce qui lui revient dans la démarche de soin, s’affranchir de la tutelle médicale [Elwyn, Stivers]. Ceci va dans le sens d’une reconnaissance plus grande de l’autonomie du patient, inscrite dans le corpus législatif. Cette émancipation reste toutefois intimement mêlée à un besoin ressenti de pouvoir continuer à faire confiance, non seulement à la technique, mais aussi et surtout à la personne du soignant [Weber], ce qui remet en cause la prééminence du modèle biomédical. Dans ce modèle, les médecins sont interchangeables car la subjectivité du médecin ne devrait avoir aucun impact sur le diagnostic et le traitement, et le cas a le médiocre statut d’une anecdote sur laquelle rien ne peut être fondé. La dimension sociale de la pratique soignante a, quant à elle, de multiples lieux de visibilité. De nombreuses situations médicales sont plurielles car elles impliquent plusieurs soignants, médecins et non-médecins, de disciplines multiples, parfois organisés en réseaux, qui comprennent régulièrement des institutions comme l’hôpital. Certaines activités sont réglementées, d’autres fortement encadrées (recommandations des sociétés savantes et référentiels de bonnes pratiques) : le médecin n’exerce pas son art de manière solitaire ni sans devoir rapporter son acte et ses choix à des références extérieures. Le résultat du soin J.-C. Weber, C. Allamel-Raffin, T. Rusterholtz, I. Pons a des répercussions sociales importantes, pour le patient, mais aussi pour sa famille, l’entreprise où il travaille, et l’ensemble de la société : action sur les coûts indirects, dépendance ou handicap, mortalité ou morbidité évitable… Enfin les implications économiques des choix médicaux imposent de plus en plus leurs propres contraintes. S’il est habituel d’opposer le colloque singulier à la dimension collective de l’acte médical, et de mettre en exergue les points de conflits, cette opposition reste souvent schématique. Une analyse éthique des pratiques médicales ne peut faire l’économie de l’étude des multiples dimensions de l’acte et de la problématisation des conflits de valeur éventuels qui n’apparaissent qu’à l’examen de la globalité. Si l’évolution des pratiques soignantes quotidiennes reflète une adaptation aux nouveaux contextes et tente de faire droit à l’ensemble des exigences (sécurité de résultats ; soins selon l’état de l’art ; autonomie et droits des patients ; recommandations éthiques…) la manière dont ces créations empiriques s’inventent, les difficultés auxquelles elles se heurtent, les apories éventuelles, sont rarement étudiées comme telles. Certains travaux examinent l’un ou l’autre aspect, en se focalisant sur un point de difficulté [Green, Hayry, Perneger]. Dans l’analyse éthique des questions de santé, il est habituel de proposer une démarche réflexive dans l’ordre des valeurs qui examine les questions morales générales, la légitimation théorique des normes et les conflits de principes éventuels. Mais le lieu de l’éthique est surtout celui de l’acte quotidien, qui mobilise et engage des agents moraux singuliers. Les valeurs universelles et les principes d’action ne trouvent pleinement leur portée et leur sens que dans leur mise en acte. Un second niveau d’analyse concerne les aspects éthiques du soin tels qu’ils apparaissent dans les pratiques singulières, au ras de l’expérience soignante. Il vise à élucider la normativité effectivement à l’œuvre. La situation de l’Interruption Médicale de Grossesse tardive (après 24 semaines) offre un terrain d’étude privilégié. En effet, il s’agit d’un acte Les soignants confrontés à l’IMG tardive qui fait s’entrecroiser haute technicité et dimension subjective, recommandations techniques et éthiques, pluridisciplinarité et implications personnelles, encadrement législatif et conflits de valeurs. Que la subjectivité des acteurs soit mise à mal dans des pratiques éprouvantes nécessite une attention particulière. Si certains terrains d’observation servent de loupe grossissante susceptible d’une enquête facilitée, les questions qui y sont soulevées ont néanmoins une portée plus générale. Dans cet article nous commencerons par décrire la procédure de l’IMG et rappellerons brièvement quelles sont les grandes questions éthiques de portée générale qui sont débattues et complètent le « paysage » dans lequel évoluent les acteurs qui réalisent ces interruptions tardives. Nous montrerons ensuite comment l’enquête que nous avons menée permet de préciser les difficultés éthiques telles qu’elles sont ressenties et vécues par les soignants. L’interruption médicale de grossesse en France n La reproduction humaine est devenue un domaine hautement médicalisé et technique. Il est possible aujourd’hui de décider d’interrompre une grossesse en fonction de l’état de santé du fœtus. Le dépistage prénatal peut en effet aboutir au diagnostic d’anomalies pour lesquelles la loi autorise, depuis 1975, l’interruption de grossesse sans limitation de terme. Le terme « IMG » employé dans cet article, signifie « interruption médicale de grossesse » et a remplacé dans l’usage, celui d’« ITG » – pour « interruption thérapeutique de grossesse ». Ce sigle couvre, dans les propos des soignants, un acte que la loi désigne comme « interruption volontaire de grossesse pour motif médical ». L’article L.2213-1 du Code de la Santé Publique dispose en effet que « l’interruption volontaire d’une grossesse peut, à toute époque, être pratiquée si deux médecins membres d’une équipe pluridisciplinaire attestent, après que cette équipe a rendu son avis consultatif, soit que la poursuite de la gros- sesse met en péril grave la santé de la femme, soit qu’il existe une forte probabilité que l’enfant à naître soit atteint d’une affection d’une particulière gravité reconnue comme incurable au moment du diagnostic »1. Selon les termes de la loi, l’interruption procède de la volonté de la femme. Le plus souvent en pratique, le gynécologue traitant qui a dépisté une anomalie réfère la femme pour explorations complémentaires dans un centre spécialisé. Dûment informée du diagnostic et du pronostic, le femme doit faire la demande d’interruption de grossesse pour motif médical auprès d’un gynécologue obstétricien d’un établissement de santé référent. Celui-ci a pour charge de réunir le centre pluridisciplinaire de diagnostic prénatal (CPDP). Il s’agit d’une structure agréée par le gouvernement qui comprend au minimum des praticiens de quatre spécialités : un gynécologue-obstétricien, un spécialiste d’échographie foetale, un généticien, un pédiatre-néonatologue. Selon les cas étudiés et le type de malformation décelée, le centre peut solliciter la collaboration d’autres spécialistes pour éclairer le diagnostic ou les possibilités thérapeutiques in utero ou post-natales. Le CPDP rend un avis consultatif, en préalable de l’attestation légale du motif médical délivrée à la femme par deux médecins qui en sont membres. Cette attestation est nécessaire pour que l’IMG puisse avoir lieu. La plupart des décisions d’IMG sont donc l’aboutissement d’un processus dont le point de départ est un diagnostic échographique ou une amniocentèse et sont dominées par la découverte de malformations ou d’anomalies chromosomiques. Les anomalies fœtales qui conduisent à l’IMG ont en fait un pronostic très variable : pathologies létales en période périnatale (ex. : anencéphalie ; trisomie 13 ou 18…) ou dans la première année de vie (ex. : polymalformations avec atteinte d’une fonction vitale) ; pathologies entraînant un handicap grave, parfois létales chez le sujet jeune (ex : myopathies, mucoviscidose, microcéphalies, phocomélies…) ; pathologies entraînant un retard mental mais avec persistance d’une autonomie physique (ex. : triso137 mie 21 sans malformation majeure, syndrome du chromosome X fragile) ; pathologies entraînant un handicap de gravité moindre (ex. : drépanocytose, syndrome de Turner sans anasarque) ; pathologies associées à un risque statistique de handicap (ex : polykystose rénale dominante ; agénésie isolée du corps calleux). Le nombre d’IMG a tendance à augmenter avec le temps, pour plusieurs raisons : augmentation de l’incidence des anomalies (chromosomiques par exemple) en raison d’un âge maternel plus avancé, diagnostic prénatal plus efficace, diminution de la tolérance à l’anomalie2. L’IMG est réalisée tardivement dans quatre types de situations : diagnostics manqués aux deux premiers trimestres (l’anomalie fœtale aurait pu être identifiée plus tôt) ; pronostic impossible à établir avant le troisième trimestre ; diagnostic impossible à établir avant le troisième trimestre ; retard de décision. La possibilité légale d’une IMG tardive permet une approche expectative devant une malformation dépistée plus précocément mais dont le pronostic doit être précisé. Ceci laisse aussi le temps de la réflexion pour les parents [Dommergues]. L’enquête réalisée en Isère sur la période 1989-2000 a révélé qu’un tiers des IMG est réalisée après 24 semaines de gestation, et que c’est presque toujours pour une indication fœtale (et non maternelle) [Guillem]. S’il n’y a pas de limitation légale de terme pour l’interruption médicale de grossesse en France, passé le seuil de viabilité, un praticien confirmé en médecine fœtale effectue un geste actif foeticide avant l’induction du travail, pour prévenir le risque de voir naître un enfant vivant qui ne peut être légalement euthanasié [Senat]. L’analgésie fœtale précédant l’administration intracardiaque ou dans le cordon ombilical du produit foeticide (solution concentrée de Chlorure de potassium ou lidocaïne) est préconisée pour prévenir la douleur fœtale (notamment en cas d’injection intracardiaque qui nécessite de traverser la paroi thoracique), et pour réduire les mouvements du fœtus induits par l’asphyxie cérébrale terminale [Bhide]. La mort fœtale résulte donc soit de l’expulsion d’un fœtus non viable, soit du geste foeticide précédant l’expulsion. L’expulsion est provoquée par la combinaison de deux produits, administrés en deux temps. La mifépristone (plus connue sous le terme de « RU ») est une substance anti-progestérone (hormone nécessaire au maintien de l’utérus dans un état quiescent tout au long de la grossesse) ; elle est prise par voie orale, sous contrôle du médecin ou d’une sage-femme selon les services, le plus souvent à la fin d’une consultation au cours de laquelle est exposé le déroulement de l’hospitalisation à venir (gestes effectués, formalités administratives). La femme retourne alors généralement à son domicile et est hospitalisée 48 heures plus tard pour la suite de l’intervention, presque entièrement et exclusivement effectuée par les sages-femmes en salle d’accouchement. La deuxième molécule, le misoprostol (prostaglandines) est alors donnée par voie vaginale, et renouvelée toutes les trois heures jusqu’à induire les contractions utérines qui annoncent l’expulsion. Des protocoles d’analgésie sont employés comme pour les accouchements, notamment l’anesthésie péri-durale. La femme reste ensuite hospitalisée en unité de gynécologie ou d’obstétrique, selon les services. Le foeticide, quand il a lieu, s’effectue soit avant la prise du RU, soit avant l’administration du misoprostol, soit encore au début du travail induit par le misoprostol. Cette méthode d’IMG par maturation cervicale (mifépristone) puis induction du travail (misoprostol) s’est peu à peu imposée comme le meilleur protocole dans la plupart des pays en dehors des USA [Tang, Ngai]. Aux USA, où la limite autorisée est de 24 semaines, les avortements les plus tardifs emploient des protocoles médico-chirurgicaux qui sont controversés [Gans Epner, Chasen, Porto]. Selon le terme de la grossesse, les modes d’organisation du service et les souhaits des parents, un certain nombre d’actes sont effectués par les sages-femmes après l’expulsion : prise en charge du corps du fœtus (toilette, habillage, présentation aux parents et prise de photographies, autopsie), rites religieux (baptême et cérémonie d’inhumation), démarches adminis- 138 Revue des Sciences Sociales, 2008, n° 39, « Éthique et santé » tratives (inscription sur le livret de famille, papiers destinés à l’obtention d’un congé de maternité, etc.). Certains services proposent en outre un rendez-vous pour une consultation à distance. Cette modalité est très appréciée par les sages-femmes, en raison du retour d’informations qu’elle permet quant à l’état physique et psychologique des patientes. Si ce dernier a été l’objet de nombreux travaux et d’une attention particulière [Rousseau], l’IMG suscite des interrogations morales générales qui contribuent à façonner le paysage dans lequel évoluent les acteurs qui réalisent les interruptions de grossesse. Nous ne faisons ici que les évoquer brièvement comme élément contextuel à l’enquête. L’IMG est un des domaines de la médecine les plus controversés et les plus politisés, si bien que la situation est très variable d’un pays à un autre, ainsi que les questions qui se posent. Par exemple, dans le contexte américain, l’IMG n’est possible que jusqu’à 24 semaines, car la viabilité confère au fœtus un statut moral de patient vis-à-vis duquel sont identifiées des obligations morales basées sur la bienfaisance [Chervenak]. Le corrélat de cette question est l’étendue de l’application du principe d’autonomie reconnue à la mère, les conditions de son exercice et de sa régulation éventuelle par des comités d’experts. La composition de ces comités, la neutralité des praticiens dans l’information donnée à la femme, sont débattues [Dickinson, Dormandy, Rostant, Woodrow]. Une littérature abondante est consacrée par contre à la diversité d’opinions quant aux critères médicaux acceptables ou non pour légitimer une IMG, diversité à laquelle répond une variabilité des pratiques, perceptible d’un pays à un autre, mais aussi dans un pays donné [Mansfield, Norup, Pons, Zahed]. L’objectif social de prévention des naissances d’enfants handicapés apparaît comme une forme extrême de la logique utilitariste qui s’accompagne d’injustice et de discrimination, en disqualifiant les anormaux [Clapton]. Plus rarement l’IMG est questionnée comme politique eugéniste [Aksoy, Savulescu], ou atteinte à la liberté des femmes [Erikson]. L’ensemble de cette J.-C. Weber, C. Allamel-Raffin, T. Rusterholtz, I. Pons littérature professionnelle contribue à donner l’impression d’une pratique qui ne cesse de poser question, y compris chez ceux qui en ont accepté le principe. Le vécu des soignants : questions éthiques de l’expérience quotidienne n L’interruption médicale de la grossesse représente aussi une épreuve pour les soignants [Garel, Green]. La littérature médicale spécialisée est toutefois peu diserte sur le vécu des obstétriciens3. Des témoignages du vécu des sages-femmes et des aide-soignantes impliquées dans les pratiques de l’IMG font état de difficultés subjectives : sentiments d’impuissance, de culpabilité, de gêne, de complicité, de malaise4… Le caractère légal de l’IMG et son approbation par un comité ne suffisent pas à effacer la responsabilité individuelle. On sait par exemple que, si la décision revient en théorie aux parents après une information non directive qui ne doit pas influencer leur choix de poursuivre la grossesse ou de demander son interruption, dans les faits, la décision des parents est influencée par la qualité de l’informateur et pourrait donc refléter les valeurs des professionnels de santé [Dada study group, Bouchard]. Or les gynécologues-obstétriciens éprouvent un malaise profond par rapport aux objectifs et au sens d’un métier dont l’exercice a été modifié: exigences de « qualité » de l’enfant à naître, crainte d’actions judiciaires exacerbée depuis la jurisprudence Perruche, technologie mise au service d’autres objectifs que thérapeutiques, malaise face à l’augmentation de la demande d’IMG [Moyse]. Les contradictions entre les normes se retrouvent dans les épreuves subjectives des agents sociaux. Si les professionnels éprouvent des difficultés à adhérer aux recommandations officielles, alors les pratiques divergent de ces recommandations [Gross]. Or l’importance de l’attitude des soignants dans le vécu des femmes qui avortent Les soignants confrontés à l’IMG tardive est reconnue [Wendt]. S’intéresser au vécu des soignants peut permettre de focaliser sur une dimension de la qualité des soins qui est rarement abordée. La littérature qui aborde la question des attitudes professionnelles se fonde le plus souvent sur des enquêtes réalisées par questionnaires qui privilégient des réponses fermées, le traitement statistique des réponses, la série, et souvent se limite à étudier le degré d’acceptation d’une IMG en fonction du terme de la grossesse, de l’anomalie foetale, et de relier les réponses aux caractéristiques socio-culturelles des praticiens (pays, religion, âge, sexe, …) [Bouchard, Geller, Evans]. Les études qualitatives incluant médecins et sages femmes sont plus rares. Un travail récent souligne – sans toutefois les explorer en profondeur – les difficultés éprouvées par les obstétriciens et les sages femmes : préoccupations morales sur l’étendue des indications, le statut de l’enfant handicapé dans la société, le pouvoir donné aux médecins de décider du droit de naître, les conséquences psychologiques pour les femmes ; remise en question des procédures d’information à propos du dépistage [Garel]. Notre propre recherche vise à approfondir ces aspects, en se centrant sur la réalisation de l’acte de l’IMG. Nous souhaitons mettre au jour les stratégies employées par les soignants confrontés à la réalisation de l’IMG pour rendre cette pratique « supportable », endurable : chacun des soignants élabore une réponse susceptible de faire sens et possible à assumer. Les matériaux recueillis l’ont été à partir d’une enquête qualitative5 par entretiens semi-dirigés auprès de vingt-neuf soignants (obstétriciens, sages-femmes, infirmières, aides-soignantes et psychologues) dans les trois services de gynécologie-obstétrique d’un CHU de province. L’information sur cette recherche a été diffusée dans les services et tous les soignants volontaires pour être interviewés l’ont été, sur leur lieu de travail ou en-dehors, à leur convenance. Les entretiens ont été conduits par une chercheuse indépendante6 des institutions hospitalières, et enregistrés sur bandes magnétiques. Les verbatim ont été retranscrits dans le respect de l’anonymat. Il apparaît que les encadrements légaux et scientifiques balisent certainement les décisions des professionnels, mais ne parviennent pas à supprimer de nombreuses zones d’incertitude, qui sont source d’authentiques embarras éthiques7. Ce qu’on sait faire, ce qu’on est autorisé à faire, est-il pour autant bon de le faire ? La perception par les soignants de la légitimité de leur action est perturbée par les évolutions récentes des lois qui confèrent aux patients devenus « usagers » du système de santé une participation active aux décisions médicales. Nous avons montré que la procédure amenant à une IMG repose sur une circulation narrative assez complexe, entre des médecins et la femme enceinte. L’information qui précède la demande de la femme suppose un diagnostic, lequel est bien souvent malaisé à définir avec suffisamment de précisions pour permettre d’exposer à la femme les conséquences prévisibles pour l’enfant. L’expérience personnelle du médecin détermine sa propre perception des risques, laquelle influence les mots avec lesquels il décrit l’anomalie et envisage le pronostic pour le foetus. De plus, les praticiens sont polarisés par la crainte d’une mise en cause judiciaire au cas où une anomalie n’aurait pas été dépistée. Dans de nombreux cas le médecin ne peut partager qu’un savoir partiel et un pronostic incertain quant à sa gravité. L’inconfort du praticien est amplifié par une hésitation quant au fait de devoir évoquer ou non l’éventualité d’une IMG. Certains des médecins se refusent à prendre une telle initiative, estimant qu’il revient à la mère ou au couple de formuler une demande, d’autres s’en remettent à l’avis du comité qui sera ensuite communiqué à la femme (à qui il reste la possibilité d’accepter ou non), certains enfin abordent la possibilité de l’IMG comme issue possible d’une grossesse entachée par la découverte d’une anomalie. Cette variabilité des pratiques est corroborée par différentes études publiées [Garne]. En élaborant leur décision, les parents se fondent sur 139 le pronostic tel qu’il a été exposé par l’obstétricien [Zahed]. Or ce pronostic – qualité de vie acceptable, futilité des traitements post-natals – n’est pas toujours apprécié de la même manière d’un praticien à l’autre [Bijma]. Memmi a montré que le médecin tout à la fois délègue à la femme l’initiative de la demande et influence son choix [Memmi]. En Allemagne, Erikson constate que le discours médical principal, celui qui exerce le plus d’influence (convaincante, subtile, non coercitive) est celui qui présuppose le désir de la femme d’éviter la naissance d’un enfant affecté d’une infirmité [Erikson]. Nonobstant ces variations, la législation française dispose que l’IMG est une interruption volontaire de grossesse dont le motif médical, examiné par un collectif d’experts, forge la légitimité et la légalité. Le texte de loi, dans sa précision même, organise une zone de flou quant à considérer à qui revient, in fine, la décision de l’interruption : est-ce à la mère qui est volontaire ? Est-ce aux médecins qui donnent leur aval ? L’interprétation des soignants que nous avons interrogés est là aussi sujette à variations, même pour les plus informés d’entre eux qui participent aux réunions hebdomadaires du comité chargé d’examiner les cas. Le modèle idéal pourrait être celui d’une décision partagée, fruit d’un processus décisionnel mûri dans la concertation entre la mère ou le couple et le ou les médecins, parallèlement à l’affinement du diagnostic et du pronostic. Cependant les propos recueillis dans les entretiens suggèrent des nuances : non seulement de nombreux acteurs qui participent aux IMG ignorent les modalités de la décision, mais encore tout se passe parfois comme si, du moins dans les représentations des soignants, il n’y avait pas de sujet de la décision, tant il s’est disséminé (pour mieux se dissoudre ?). Ce constat incite à rester dubitatif quant aux modalités par lesquelles se construisent les consensus : est-ce la nouvelle gouvernance de la culpabilité qui alourdit subjectivement la responsabilité ? Est-ce une valse-hésitation entre les avatars de toute une tradition paternaliste et les revendications souvent mal assurées, et pour cause, de l’autonomie déclarée des usagers [Weber] ? Au-delà de cette question, qui génère des difficultés en raison même des conséquences irréversibles de la décision une fois arrêtée, en surgit une autre, plus vaste encore, à laquelle se confrontent les professionnels interviewés : celle de savoir s’ils sont (encore) dans leur rôle propre de médecin, de sage-femme, quand ils émettent ce qui leur apparaît comme un jugement sur des formes de vie. Certains d’ailleurs réfutent énergiquement cette place, y compris quand elle supposerait de parler « d’indications » médicales à une interruption de grossesse. A cette apparente dissolution de la responsabilité des individus dans la décision fait écho le fractionnement dans le temps et dans l’espace du processus de réalisation de l’IMG, si bien qu’on ne peut savoir exactement ce qu’elle est, quand elle a lieu, et qui en est l’exécutant. Toutes ces incertitudes pourraient bien n’être que des effets de retour de la question cruciale qui traverse les acteurs et qui concerne le bien-fondé, la légitimité, la moralité de l’acte qu’ils doivent concrétiser. L’incertitude éthique n’est qu’incomplètement levée par l’encadrement réglementaire. Les valeurs évoquées par les soignants sont multiples, contradictoires, leurs convictions se heurtent parfois aux valeurs sociales évolutives, alors même qu’ils sont délégués, par la société, à des tâches qu’ils répugnent à accomplir. Car même dans les situations (anomalies létales à court terme par exemple) qui ne prêtent selon eux à aucune remise en cause morale quant à la légitimité d’une interruption de grossesse, cette interruption reste une épreuve subjective, tout particulièrement pour les sages-femmes, en « première ligne » pour être aux côtés des femmes qui y ont recours. Quand ils leur arrive de douter de la légitimité de la décision, en raison de leur propre appréciation de la gravité du cas, et/ou en raison de l’âge avancé de la grossesse, les soignants s’obligent, avec plus ou moins de facilité, à suspendre leur jugement personnel. C’est d’autant plus difficile que les motifs ne sont pas inscrits dans une chair malformée, mais relè- 140 Revue des Sciences Sociales, 2008, n° 39, « Éthique et santé » vent d’une appréciation sociale –parfois vécue comme une normativité culturelle illégitime- sur le handicap inacceptable ou la seule détresse de la mère. L’embarras est alors explicite, bien qu’aucun des médecins interrogés ne se déclare opposé au principe de l’IMG. La nécessité du foeticide au troisième trimestre de la grossesse peut être le point de bascule du jugement personnel, notamment pour des anomalies telles la trisomie 21, au sujet de laquelle fonctionne un consensus apparent pour son dépistage systématique avec l’IMG comme conséquence, jusqu’au point où la nature même des gestes à accomplir opère un partage : certains estiment alors qu’on ne peut plus invoquer la souffrance de l’enfant à naître pour justifier un geste actif de foeticide. Cette observation montre, par contraste, que l’IMG est d’autant plus acceptable et supportable que les gestes à effectuer par les soignants ne sont pas, chacun pris isolément, des gestes mortifères : en-dehors du foeticide, ce sont les mêmes actes, les mêmes gestes que pour un accouchement déclenché à une date déterminée. D’autre part, est soulignée la fragilité de la construction éthico-juridique en vigueur quand il s’agit d’interrompre la grossesse tardivement. Les IMG plus précoces sont plus facilement intégrables dans une perspective analogue à celle de l’IVG. Les IMG tardives nécessitent l’administration directe de la mort et ne permettent pas aux acteurs d’esquiver la question morale de la justification de l’acte. Sont appelées à la rescousse alors des représentations telles qu’une euthanasie prénatale, pour le bien de l’enfant, représentations qui sont pour certains insuffisantes quand l’état fœtal est compatible avec la vie. Cette représentation de l’IMG peut convenir aux soignants en les situant dans une attitude bienveillante, mais elle est fort discutable et escamote complètement la question du pouvoir de la mère sur son fœtus, jusqu’à la naissance. La fragilité de la construction actuelle apparaît encore davantage avec l’éclosion de nouvelles demandes d’IMG, qui inquiètent les praticiens en heurtant leurs convictions. Quand il s’agit prioritairement de la détresse maternelle psychologi- J.-C. Weber, C. Allamel-Raffin, T. Rusterholtz, I. Pons que et / ou sociale devant une anomalie fœtale qu’elle déclare ne pas pouvoir assumer, les médecins ont le sentiment d’être dépossédés de leurs prérogatives d’experts en maladies pour être commis dans le registre de l’impératif social. Dans la mesure où le corps médical est amené à mettre en œuvre l’IMG, acte toujours problématique sur le plan moral, il ne peut se résoudre à n’être qu’un instrument au service de la décision parentale. Le regard social sur le handicap, dont on suppose qu’il pèse sur le ressenti des parents, est un facteur qui modèle de plus en plus la décision dès lors qu’il ne s’agit pas d’une anomalie létale. La souffrance semble être élevée au rang de maladie. L’affinement du savoir médical ne fournit pas pour autant des points de référence pour définir les limites des interventions légitimes sur le corps humain [Memmi]. Il va ainsi de pair avec l’élargissement des critères nonmédicaux, et surtout le seuil de tolérance sociale au handicap. Pourtant, le libellé de la loi n’est pas modifié pour autant. On assiste donc à un double mouvement qui génère des contradictions nouvelles plus qu’il n’en résout : après une période marquée par un pouvoir médical presque exclusif dans la détermination des choix, le mouvement en faveur de l’autonomie des patients se retrouve dans la pratique de l’IMG et le pouvoir médical y est remis en question ; mais dans le même temps, l’extension de la médicalisation de la vie se poursuit et y est particulièrement visible, contribuant à renforcer le pouvoir, sinon des médecins, du moins de la norme médicale, en même temps que cette dernière voit ses contours s’estomper. Conclusion n Le discours médical, y compris les paroles échangées dans une consultation, est immergé dans le registre de la norme. Dans le domaine de la grossesse, la norme n’est pas tant la moyenne au sens d’habituel ou de fréquent, que le type idéal visé par la thérapeutique. Dans toute la médecine l’équivoque des deux registres de signification de la norme se double Les soignants confrontés à l’IMG tardive d’une confusion, entre normal et santé d’une part, entre normal et bien moral d’autre part. Cette diversité de significations est au carrefour de trois systèmes d’évaluation normative : celui importé ou transmis par la physiologie (axe normal/pathologique), celui vécu par le malade qui porte un jugement subjectif sur sa santé, celui véhiculé par l’éthos ambiant, qui parcourt une échelle d’adaptation, d’adéquation et de correction, et qui est globalement orienté par la croyance que la santé et la maladie sont des notions scientifiques, objectives, des jugements de réalité, alors que ce sont des catégories de jugement polémique, des jugements de valeur. Si la position traditionnelle du médecin est d’avoir à répondre à la demande du malade, l’extension des demandes – et des réponses – hors du registre de la maladie pour coloniser ceux de la santé individuelle et collective amène les soignants à s’aventurer sur un terrain où leurs propres repères peuvent s’avérer incertains. C’est particulièrement le cas dans cette zone délimitée de pratiques qu’est l’IMG tardive et son corrélat nécessaire, le foeticide. S’y trouvent questionnés directement les limites que l’on entend donner, tant collectivement qu’individuellement, aux concepts majeurs qui orientent la philosophie du soin et l’éthique du soignant : autonomie du patient, bien visé par l’action médicale, santé, maladie, anomalie… Notre analyse des pratiques soignantes telles qu’elles sont narrées par les acteurs eux-mêmes témoigne d’un « bricolage » inventif qui tente de donner un sens, à entendre à la fois comme direction et signification, à des gestes qui leur semblent parfois au plus loin de l’essence de leur métier. C’est cette distance qui est probablement la difficulté subjective la plus lourde à assumer. Chacun s’en débrouille avec son style propre, car ni la science biologique, ni les cadrages juridiques, ni les procédures certifiées n’épuisent la nécessité d’être présent à la situation, comme sujet : champ de l’éthique. Pour exceptionnelle qu’elle puisse apparaître par rapport à l’ensemble de la médecine, la problématique de l’IMG tardive permet de mettre l’accent sur des questions qui débordent largement vers les pratiques médicales « banales ». S’il est plus difficile de s’en rendre compte, il n’en reste pas moins vrai que toute la médecine se trouve interrogée, sollicitée, interpellée, ou analysée par différents discours : si son attache à la science est à la fois indubitable et cependant toujours objet de débat, la médecine est également un espace où s’expérimentent les transformations du monde par la technologie (biotechnologies), mais aussi par le droit positif (lois dites de bioéthique) ou l’économie de marché (industrie pharmaceutique, mise en concurrence des établissements de santé par la tarification à l’activité), un champ d’exercice de la gouvernementalité (biopolitique) et des jeux de pouvoir (relations médecins-malades, associations de malades, minorités actives, santé publique), un lieu de confrontation des modes d’expertise et des orientations morales. Au carrefour des sciences du vivant et des sciences humaines, entre préoccupations collectives et souci de l’individu, entre transformation de la réalité corporelle et philosophie, la médecine est à la fois le reflet, la conséquence pratique et le vecteur amplificateur d’orientations sociétales ou d’idéologies nouvelles, et elle contribue en retour, par son rôle propre et son impact dans la vie quotidienne, à façonner ces orientations et ces idéologies. 141 Bibliographie Aksoy S. (2001), Antenatal screening and its possible meaning from unborn baby’s perspective, Bio Med Central Medical Ethics, p. 2-3. Bhide A., Sairam S., Hollis B., Thilaganathan B. (2002), Comparison of feticide carried out by cordocentesis versus cardiac puncture, Ultrasound in Obstetrics and Gynecoolyl, 20, p. 230-232. Bijma H., Wildschut H., Van Der Heide A., Van Der Maas P., Wladimiroff J. (2004) Obstetricians’ agreement on fetal prognosis after ultrasound diagnosis of fetal anomalies. 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Rusterholtz, I. Pons Les soignants confrontés à l’IMG tardive Notes 1. Art. L. 2213-1 du code de la santé publique ; Loi nº 2001-588 du 4 juillet 2001 ; Décret n° 2002-778 du 3 mai 2002 ; Ordonnance nº 2003-850 du 4 septembre 2003. 2. De nouvelles indications sont apparues comme l’agénésie du corps calleux, qui certes est mieux diagnostiquée, mais qui a un pronostic incertain et pas forcément péjoratif quand elle est isolée 3. Parfois, ce sont simplement quelques lignes dans un article scientifique qui témoignent de l’impact subjectif pour le médecin impliqué. Ainsi Senat préconise d’abandonner l’injection intracardiaque du foeticide au profit d’une injection dans le cordon ombilical, supposée « moins éprouvante pour le praticien » [Senat]. 4. Certains sont publiés sur la Toile. Voir par exemple : http:/www.sosbebe.org/ handicap/articleimg.html). 5. Recherche menée par le Laboratoire Éthique et Pratiques médicales de l’IRIST, intitulée « Analyse éthique du vécu des soignants qui pratiquent l’interruption médicale tardive de grossesse ». Le projet bénéficie d’un financement de la Délégation à la Recherche Clinique des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg. 6. Isabelle Pons, doctorante en médecine de la faculté de médecine de Toulouse. 7. Ce point est développé dans : Jean-Christophe Weber, Catherine Allamel-Raffin, Thierry Rusterholtz, Isabelle Pons, Isabelle Gobatto, Les soignants et la décision d’interruption de grossesse pour motif médical : entre indications cliniques et embarras éthique, Sciences Sociales et Santé, 2008, vol. 26, n°1, p. 91-118.. 143