Commune de Gavarnie

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Commune de Gavarnie
Commune de Gavarnie
Canton de Luz
Arrondissement d’Argelès
Département des Hautes-Pyrénées
Monographie rédigée en 1887 par l’instituteur
Titre 1er
La commune de Gavarnie est une commune française, frontière de l'Espagne, limitrophe de la
province d'Aragon et située vers l'ouest de la chaîne des Pyrénées.
Ses limites sont : à l'Est et au Sud, la province espagnole d'Aragon, à l'Ouest, la commune de
Cauterêts, et au Nord, la commune de Gèdre.
Gavarnie fait partie du canton de Luz, arrondissement d'Argelès, département des Hautes-Pyrénées
.
Etendue : longueur de Gèdre au port de Gavarnie (II) onze kilomètres environ ; largeur inconnue,
n'ayant trouvé personne qui ait pu me fournir ce renseignement. Le Cadastre m'a pourtant fait savoir
que la superficie du territoire communal est de 7531 hectares se divisant comme suit :
1° - Terres labourables - - - - - - 32 hect . 32 a . 30 c
2° - Prés - - - - - - - - - - - - - - - - - 144
. 27 . 50
3° - Pâturages et rochers - - - - - 6906
. 83 . 00
4° - Bois, futaies et taillis - - - - 186
. 87 . 70
5° - Jardins - - - - - - - - - - - - - - 1
. 12 . 00
6° - Sapinières - - - - - - - - - - - 116
. 78 . 50
7° - Broussailles - - - - - - - - - - 43
. 68 . 90
8° - Canaux - - - - - - - - - - - - - 31 . 70
9° - Grèves et graviers - - - - - - 5
. 94 . 10
10° - Terres vaines et vagues - 90
. 96 . 00
11° - Soldes propriétés bâties 2
. 54 . 70
La distance de la commune au chef-lieu de canton est de 19 kilomètres 700 mètres ; au chef-lieu
d'arrondissement, 38 kilomètres et au chef-lieu du département, 68 kilomètres.
Le pays est tout à fait montagneux. On peut en juger, puisque c'est à Gavarnie et dans un tout petit
rayon environnant que se trouvent les plus hautes montagnes du versant pyrénéen français. Je l'ai
déjà dit, très peu de labourable, quelques maigres prairies enfin une petite quantité de tristes forêts ou
bois ; tout le reste du terrain en montagnes qui à force d'étendue donnent d'assez bons pâturages à la
belle saison. Comme il est dit ci-dessus, le sol est des plus abrupts.
Les montagnes principales de la commune sont :
le Marboré, au sud-est, hauteur 3327 mètres ;
le Taillon, au sud, hauteur 3146 mètres ;
le Vignemale, à l'ouest, hauteur 3298 mètres :
Enfin, le Piméné, au nord-est, hauteur 2863 mètres.
Il y a bien, dans le territoire communal une foule d'autres pics qui mériteraient peut-être d'être cités ;
mais la nomenclature en serait trop longue.
La nature des roches constituant nos montagnes est :
1° le schiste ; 2° le calcaire ; 3° le marbre blanc. Ce sont là les trois qualités dominantes.
Comme curiosités naturelles, on va voir que Gavarnie est assez bien partagé :
1° - Le Cirque dit de Gavarnie. Ce cirque, formé par la nature, défie en le dépassant, tout ce que les
hommes anciens et modernes ont fait de travaux en ce genre. Aussi fait-il l'admiration du monde
entier. Sa hauteur varie de 1400 à 1700 mètres. Son développement au fond est d'environ 3600
mètres. Treize cascades versent leurs eaux au fond du cirque. L'une d'elles, la troisième à gauche,
une des plus belles du monde, puisque les eaux tombent d'une hauteur de 422 mètres, est la célèbre
cascade qui fait l'admiration des nombreux visiteurs français et de toute nationalité qui viennent la
contempler tous les ans. Aux mois de juillet et d'août lorsqu'elle coule dans toute sa force, c'est une
véritable merveille.
2° - La Brèche de Roland. Altitude : 2804 mètres. Vers l'ouest de la cascade, et dans le Cirque se
trouve une sorte d'entaille, ayant au moins, cent mètres de long sur 60 mètres de large, faite sur le
roc. Les parois de cette brèche sont à pic. La tradition rapporte que cette entaille fut faite par Roland,
d'un coup de la fameuse épée, Durandal. Les gens du pays prennent cela comme un article de foi. On
serait mal venu ici de feindre de toute l'exactitude de la légende. Et Roncevaux donc ? ..... La légende
ajoute encore que lorsque Roland eut fait la brèche dont il vient d'être parlé, se sentant poursuivi par
les ennemis, il monte sur son cheval et lui fit franchir, d'un bond la distance qui sépare la Brèche, du
Chaos de Gavarnie, environ 9 kilomètres, et que, par la force du saut, le cheval, de ses pieds, démolit
le roc, ce qui format le Chaos .... Ce Chaos n'est autre chose qu'un grand amas des débris d'un
contrefort d'une montagne appelée le Coumélie, qui s'est écroulé dans le temps en fragments
énormes, probablement à la suite de quelque violent tremblement de terre. Quoiqu'il en soit, la
prétendue brèche de Roland peut servir de passage aux touristes pour passer du Cirque au voisinage
espagnol. Elle aurait servi autrefois, au dire des gens du pays, de passage aux nombreux
contrebandiers, exerçant alors leur triste industrie sur une grande échelle. Hauteur du col de la
Cascade 2948 mètres.
Cours d'eau de la commune : le Gave.
Ce torrent prend naissance au cirque de Gavarnie et destiné à devenir le Gave de Pau, après avoir
reçu dans son cours plusieurs de ses congénères et plusieurs ruisseaux descendant des montagnes,
avant d'arriver à Argelès. Quant au débit du torrent, il est fort difficile d'établir ici une moyenne, vu qu'il
suffit du moindre vent d'Espagne ou d'un peu de pluie pour fondre la neige et par conséquent grossir
le cours d'eau. Aussi les crues ne sont pas rares, surtout depuis les premiers jour de beau temps
jusque vers la fin de juillet.
Le Gave n'est guère guéable ; il n'y a point de gué sûr pour le traverser.
Pour ce qui est des canaux, à part quelques petits filets d’eau dérivés du Gave, pour alimenter
quelques moulins insignifiants, qu'on pourrait appeler moulins de famille, on ne trouve pas ici de canal
méritant d'être cité.
On n'y trouve point, non plus, de lacs. Seulement, deux étangs d'une certaine importance, le premier,
nommé étang de Luou de Loubos et l'autre, étang de la Bernatoire. Ces étangs ne sont pas
poissonneux ni l'un ni l'autre, bien qu'on ait essayé à plusieurs reprises de les en rendre.
Toutes les eaux de la commune, sans exception, sont potables.
Gavarnie n'a point de sources thermales ni autres méritant une mention.
Altitude de la commune : 1350 mètres au-dessus du niveau de la mer.
Le climat est froid, même très froid et rigoureux.
Les vents dominants sont les vents du Sud et du Nord.
Ceux de l'Est et de l'Ouest soufflent rarement.
Pluies assez fréquentes et le plus souvent amenées par le vent du Sud. Neige en moyenne pendant 5
ou 6 mois de l'année au village et à une certaine hauteur ; éternelle au haut de plusieurs pics et dans
certains endroits de la montagne.
Température moyenne de huit à neuf degrés au-dessous de zéro. Cette année, au coeur de l'hiver, au
mois de janvier, nous avons constaté jusqu'à treize degrés au-dessous de zéro. Chaleur moyenne de
20 à 22 degrés pendant environ un mois d'été. C'est le mois d'août.
Salubrité : bonne. Endroit très sain ; air des plus purs. Rarement on a vu des maladies graves ou des
épidémies. Aussi compte-t-on, dans la commune plusieurs personnes plus qu'octogénaires et qui
promettent encore de vivre de longs jours.
Titre 2
.
D'après le recensement de 1886, la population de Gavarnie est de trois cent dix habitants (310). Ce
chiffre tend à s'accroître, la mortalité n'atteignant pas depuis quelques temps, le nombre des
naissances annuelles.
La commune se divise en trois quartiers, savoir :
1° - Quartier du Centre ;
Population, 162 hts.
Nombre de feux : 30
2° - ---------- Rivière-Dessus ; --------------- 48 habitants. ---------------------- 7
ts
3° - ---------- Rivière-Debat ;
--------------- 100 hab
---------------------- 15.
La commune est administrée par un maire assisté d'un adjoint et de huit autres conseillers
municipaux. Autres fonctionnaires : un curé, un instituteur public, une institutrice publique, un facteur
rural, un cantonnier et un garde-forestier ; enfin un garde-champêtre.
Le culte est catholique. La commune est desservie par un prêtre résidant.
Pour les finances, la perception se trouve au chef-lieu de canton, Luz.
Postes et Télégraphes. Les bureaux de ces administrations se trouvent aussi à Luz.
Valeur du centime au principal des quatre contributions directes : 7 francs 40 c.
Revenus ordinaires : 2476 fr.
Titre 3
Productions de la commune :
On cultive 1° le seigle ; 2° de l'orge ; la pomme de terre ; 4° enfin le sol produit du foin.
Quantités moyennes de production :
1° - Seigle, 200 hectolitres;
2° - Orge 200 hectolitres ;
3° - Pommes de terre, 400 hectolitres ;
4° - Foins, 3000 quintaux.
Ces chiffres démontrent qu'à l'endroit de la production, la commune est loin de suffire à elle-même ; il
faut s'approvisionner ailleurs.
Procédés de culture : Hélas ! La routine, la vieille routine... On se sert de charrue en bois des plus
primitives.
Bois et forêts : Environ 240 hectares se divisant en taillis, 105 hectares, et futaies, 135 hectares.
Les taillis servent au chauffage des habitants. On fait une coupe régulière tous les ans. Valeur
moyenne de la coupe 800 f.
Quant aux futaies, on ne peut les exploiter faute de chemins de vidange. Les arbres sont donc
généralement condamnés à mourir sur place ou à être enlevés par les avalanches.
D'ailleurs ces futaies ne donnent que des arbres rabougris, faute de nourriture, puisqu'elles sont
placées à peu près sur des rocs nus. On ne compte pas sur les futaies comme revenu.
Quant aux essences qui constituent les taillis ou les futaies, on trouve le hêtre, le pin, le sapin. Le
hêtre constitue à peu près, à lui seul, les taillis. Donc, le pin et le sapin pour les tristes futaies.
Régime forestier : Les forêts sont sous le patronage de la haute administration forestière et protégées
aussi par la surveillance quotidienne de gardes cantonaux.
Reboisement des montagnes : Malheureusement, le reboisement n'est ici qu'à l'état de projet.
Vignes : La vigne n'est point cultivée dans ces montagnes. Cela s'explique, vu le climat et la rigueur
du temps.
Animaux divers. On peut porter les animaux de la commune aux chiffres suivants, savoir :
1° - Vaches, 250. 2° - Veaux, 120. 3° - Moutons, brebis ou agneaux, 1800. 4° - Chevaux, 60. 5° Mulets et mules, 10. 6° - Anes, 50. 7° - Porcs, 50.
Les animaux dont il est parlé ci-dessus ne sont pas réunis en troupeaux. Chaque propriétaire a les
siens qu'il élève et soigne à sa façon.
Comme volailles, on ne trouve que des poules et le nombre en est encore très restreint puisqu'il y en
a à peine, 300 dans toute la commune. On n'élève point d'autres oiseaux de basse-cour, ni dindons, ni
oies, ni canards, etc.
Chasse. On peut chasser ici l'isard ou chamois, la perdrix rouge, blanche et grise.
Quant à la pêche, on ne rencontre d'autre poisson que la truite.
Ce poisson est assez abondant.
La pêche en est assez fructueuse.
Produits de toute nature. Mines et carrières exploitées ou à exploiter :
On n'en exploite plus aujourd'hui ; mais dans le temps, on en a exploité, de plomb argentifère et de
baryte.
Ces mines pourraient, au dire des gens du pays, s'exploiter encore avec avantage, les filons étant loin
d'être épuisés et les voies de communication étant devenues meilleures et bien plus, par la
construction de la route nationale n°21.
On prétend ici que les frais d'exploitation seraient largement compensés par les produits donnés.
Usines. Il n'y a point d'usines dans la commune.
Moulins. Il se trouve dans la commune plusieurs petits moulins de ménage. Ils ne servent, en effet,
qu'aux besoins des propriétaires locaux.
Manufactures. Il n'en existe pas ici.
Voies de communications :
1° - Route de grande communication n°21, de Luz à Gavarnie, construite en 1863 et 1864.
2° - Chemin muletier, communiquant avec l'Espagne par le port de Gavarnie à Boucharo
3° - Chemin muletier de Gavarnie au Cirque de ce nom et à la cascade.
Toutes les autres voies de communication consistent en de petits sentiers plus ou moins bien tracés
dans la montagne et servant aux touristes ou excursionnistes ainsi qu'aux pâtres et bergers.
Ponts. Il n'y a ici qu'un seul pont méritant d'être cité ; c'est le joli pont de Gavarnie, construit en 1867
avec du marbre extrait des carrières situées sur le territoire communal. A ce sujet j'avais omis de dire
plus haut que le marbre est abondant à Gavarnie.
Les carrières pourraient s'exploiter assez facilement. On y trouverait du marbre blanc d'une assez
grande valeur.
Point de voies ferrées, ni autres moyens de transport. Tout se fait à dos d'âne, de cheval ou de mulet.
Pour communiquer avec les chefs-lieux du canton, de l'arrondissement et du département, il y a la
route dont il parlé plus haut, de Gavarnie à Pierrefitte Nestalas et depuis cette dernière localité, la voie
ferrée pour Argelès et Tarbes.
Il n'y a point ici de voitures publiques ni diligences d'aucune sorte, etc.
Commerce local : Berre estimé, fromages, laine, moutons et vaches, quelques mulets et chevaux.
Produit moyen des ventes de l'année : 20.000 francs
Foire et marchés. Une foire se tient à Gavarnie le 22 juillet de chaque année. Elle est spéciale aux
chevaux et mulets.
Ces animaux y sont conduits de toutes les communes du canton et quelques fois plus loin. Le
débouché est l'Espagne. Les espagnols arrivent en grand nombre pour se pourvoir.
Malgré tout, cette foire perd beaucoup de son ancienne importance.
Comme marchés, les habitants de Gavarnie ne peuvent guère se rendre qu'à celui de Luz, qui se tient
régulièrement le lundi de chaque semaine.
Mesures locales encore en usage. A part quelques vieilles femme qui pour peser leur beurre, se
servent encore de l’ancienne romaine de la livre ou de la prime, la grande majorité de la population
fait usage aujourd'hui du système légal des poids et mesures.
Titre 4
Etymologie probable du nom de la commune : Gave, parce que ce torrent prend naissance au fameux
cirque dit de Gavarnie.
Histoire de la commune. Autrefois, sous le nom de la Madeleine, Gavarnie était une propriété de
l'Ordre du Temple dont quelques membres échappés d'Auch, seraient venus chercher refuge ici.
Cette propriété appartient ensuite aux Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem. Les Templiers
construisirent ici une église et un hôpital, dont on trouve encore des vestiges en remuant le sol à une
petite profondeur. Ce qui rappellerait un peu, au dire de la tradition, le passage ici des Hospitaliers de
St-Jean, c'est qu'il existe, entre le village de Gavarnie et le Cirque, un vaste terrain vague, un peu
marécageux qui aurait été autrefois un lac appartenant aux Hospitaliers et que l'on désigne
aujourd'hui sous le nom de Prade de Saint-Jean.
Après la destruction ou la disparition des Ordres susnommés, Gavarnie devint colonie de Luz. Plus
tard, on en fit une section de Luz, et cette section fut administrée par un adjoint spécial. Enfin, par
ordonnance royale du 5 août 1842, Gavarnie fut érigé en commune.
Traditions. Les crânes de l'église de Gavarnie. On montre dans l'église de Gavarnie douze crânes
conservés dans une sorte de coffre, crânes que l'on dit avoir appartenus à douze hospitaliers qui
auraient été décapités ici. Qu'y a t-il de fondé dans ce dire ? Je crois qu'il serait fort difficile de
répondre d'une manière sûre. Toujours est-il que lorsqu'on voulut, il y a environ quarante ans,
construire une chapelle et un clocher à l'église actuelle (qui a été bâtie sur une partie du terrain occip"
par l'ancien hôpital des Templiers), tout en faisant des fouilles pour y asseoir les fondations, on trouva
à une certaine profondeur et enfermés dans un carré construit et recouvert de dalles, douze
squelettes. Ne seraient-ils point ceux ayant appartenu aux douze Templiers, dont il est parlé plus haut
et dont on montre les crânes ?...
Et tout en démolissant un mur, ancienne ruine de l'hôpital desdits Templiers, on trouva, deux autres
squelettes entiers renfermés dedans. On les trouva placés dans une position verticale. Ils avaient été
crucifiés, car les clous des mains, des genoux et des pieds étaient encore en place où ils avaient été
plantés, traversant les os. Bien des personnes dignes de confiance qui ont été témoin de cette
trouvaille, m'ont certifié le fait et sont prêtes à en témoigner si c'était nécessaire. L'une d'elles, et des
plus respectables, ajoutait même que si elle était riche, elle chercherait le moyen de se faire autoriser
à pratiquer des fouilles sous l'église actuelle et dans les terrains touchant à cet édifice, dans un petit
rayon. Personnellement, j'ai cru devoir noter tous ces dires, sans commentaires.
Mœurs de la localité : bonnes, simples et pastorales.
Culte : exclusivement catholique.
Costumes : On porte ici le costume ordinaire des montagnards pyrénéens. L'antique cape en laine
persiste. C'est le principal vêtement de toilette. Elle n'est pas près de disparaître.
Alimentation : Le laitage, le pain de seigle et d'orge et la pomme de terre forment la principale
nourriture des habitants.
Monuments : Il n'y en a point ici qui méritent d'être cités.
Archives communales : Elles sont en assez bon état depuis l'érection de Gavarnie en commune,
(1842). Celles antérieures à cette dernière date doivent se trouver à la Mairie de Luz.
Mais pour ce qui est de documents officiels pouvant servir à établir l'histoire de la commune, il n'y a
rien ici.
Point d'ouvrages, point de monographies, pas le moindre écrit sur la commune. On est forcé de croire
à ce que l'on voit et s'en rapporter aux dires des braves habitants.
Annexe au titre 4
Historique de l'enseignement et des écoles dans la commune aux diverses époques.
Avant l'érection de Gavarnie en commune, il est impossible de dire comment l'enseignement y été
donné. Personne n'a pu produire le moindre renseignement à cet égard. Les documents font
totalement défaut.
Depuis 1842, il y a eu toujours ici, à ce que l'on assure, des instituteurs et institutrices publics.
Un bâtiment, construit en 1876, a été destiné et approprié pour tenir l'école de garçons. Avant cette
dernière date, l'instituteur faisait sa classe dans des maisons louées, à cet effet, par la commune et
dont elle payait le loyer.
Pour l'école de filles, la commune n'a pas encore de bâtiment spécial. L'institutrice fait sa classe et
loge dans une maison dont la commune a loué deux chambres, moyennant un loyer annuel de quatrevingts francs, inscrits au budget municipal.
J'avais oublié de dire que l'école de garçons comprend un logement bien modeste pour l'instituteur.
Les besoins des deux écoles de cette commune sont à demi satisfaits. On devrait procéder à des
achats de mobilier et de matériel scolaires.
Fréquentation des écoles de la commune. Il est infiniment pénible de constater sérieusement que les
écoles de Gavarnie sont loin d'être fréquentées avec l'assiduité désirable, l'école de garçons surtout.
Cela tient à deux causes principales. D'abord pour les deux sexes, la grande quantité de neige qui
tombe et reste pendant quatre à cinq grands mois, empêche les enfants éloignés de l'école de quitter
leurs foyers. Ensuite, pendant la belle saison, les garçons sont employés par leurs parents à l'endroit
de l'instruction, nous aurons à peu près justifié et fait connaître le véritable état de l'instruction ici. Les
absences sont tellement nombreuses qu'il y en a véritablement de quoi en gémir. Je le répète, c'est
surtout sur les garçons qu'elles portent.
Et pourtant la loi de l'obligation est votée depuis de longs jours ! ....
Malgré le triste état de choses que je viens de signaler tous les conscrits de l'année dernière et tous
les conjoints ont pu signer leurs noms.
Institutions scolaires. Une bibliothèque scolaire est en voie de formation à l'école de Gavarnie
Une concession de livres vient en effet, d'être accordée par M. le Ministre de l'Instruction publique, à
la date du 27 xbre 1886, n'ayant point eu encore l'occasion de pouvoir faire retirer ces livres de la
Préfecture où ils sont en dépôt, il est impossible de faire connaître le nombre des ouvrages concédés.
Ils seront cependant retirés dans peu de jours et catalogués. Le soussigné a l'espoir que la commune
et lui trouveront, de quelque façon, les moyens d'agrandir ou d'augmenter ce que M. le Ministre, dans
sa bienveillance, a daigné commencer.
La Caisse des écoles ne fonctionne pas encore ici, pas plus que la Caisse d'épargne scolaire. Le pays
est pauvre ; il est fort difficile d'engager la plupart des familles à faire quelque sacrifice, même pour
leur propre intérêt ou celui de leurs enfants.
Traitement des maîtres. L'instituteur actuel jouit d'un traitement de 1200 francs. L'institutrice a 600
francs. La commune paye en outre, sur ses rentrées ordinaires, et annuellement une somme de 80
francs pour loyer de la salle d'école des filles et le logement de l'institutrice.
Enfin, pour améliorer le mobilier et le matériel des deux écoles, la commune devrait s'imposer le
sacrifice d'une somme d'environ 200 francs. Après cette petite dépense, les titulaires donneraient
l'enseignement avec beaucoup d'aisance ou de facilité. Cet enseignement produirait de meilleurs
fruits.
Gavarnie, le 20 avril 1887
L'instituteur
Planté
La transcription a été réalisée par Roger ROUCOLLE en respectant la graphie de l’instituteur.
NB – Ce texte est la propriété des Archives Départementales des Hautes Pyrénées. Sa reproduction
et sa vente sont interdites.