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J'ai six ans et je ne veux avoir que six ans Cet extrait gratuit comporte les nouvelles suivantes : « Notre vie de jeunes instits à Blida » et « A mes élèves de Blida » cet extrait gratuit est disponible sur le site de l'auteur www.art-spiaggia.net diffusion par e-mail autorisée Éditeur : Les Éditions du Félibre Laforêt Enregistrement AFNIL : n°9531009 Mas du Félibre - 1822 Chemin St Pierre - 30800 Saint-Gilles ISBN 978-2-9531009-9-0 Ce livre est soumis, en France, à la loi sur la propriété intellectuelle, et hors de France, à la protection du droit d'auteur dans tous les états signataires de la convention de Berne. Le texte et les illustrations de ce livre sont la propriété de l'auteur, exception faite des préfaces signées de leurs auteurs et publiées avec leur consentement. Toute reproduction ou représentation, même partielle, faite sans le consentement de l'auteur, est illicite et constitue une contrefaçon. Seules sont autorisées, d’une part, les reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destiné à une utilisation collective, et, d’autre part, les analyses et courtes citations justifiées par le caractère scientifique ou d’information de l’œuvre dans laquelle elles sont incorporées (loi française du 11 mars 1957, art. 40 et 41 et Code Pénal art. 425). Following applies to United States : All Rights Reserved © Copyright 2011 No part of this book may be reproduced in any form or by any electronic or mechanical means including information storage and retrieval systems, without permission in writing from the author. The only exception is by a reviewer, who may quote short excerpts in a review. Notre vie de jeunes instit' à Blida Le soir, au retour de nos classes, nous nous retrouvions assez régulièrement, tous les six, avec notre travail d’instit' à préparer pour le lendemain, car il faut dire ici, pour beaucoup qui ne veulent rien savoir, que l’instit' quand il a fini sa journée, n'a en réalité pas terminé son travail. Il a encore deux bonnes heures, et c’est le minimum, chaque soir, de corrections des cahiers, modèles d’écriture, préparations de leçons sur fiches, rédaction du cahier Journal de classe, en respectant l’échelonnement dans la journée, sans parler des progressions à établir régulièrement en accord avec les « programmes officiels », les Conseils d’Enseignants, les journées pour les Parents, les Conférences pédagogiques, et autres activités ou contraintes auxquelles il ne peut échapper. Et à rajouter à ça, la Fête des Écoles à préparer. Cette année là toutes les classes primaires s’unissaient sur le Stade pour un « Lendit » impressionnant, chose que je n’ai jamais fait ni revu en Métropole à partir de 1963. Alors, le soir, on se mettait à la seule table, ou assis par terre, ou sur les lits, avec nos piles de cahiers, nos spécimens, à retravailler. De temps en temps, l’un, l’autre parlait, lisait une perle, racontait une anecdote de la journée. On avait trouvé « un truc » d’équipe : Robert Durieux, le matheux, corrigeait tous les cahiers de Maths de nous tous, un autre corrigeait toutes les dictées, etc… on avait une spécialité chacun ! Et ça marchait ! Et un soir, donc avant Noël, quand la nuit tombe juste après 17 heures, nous étions ainsi, quand Michel Rayssac, comme à son habitude bavard et moqueur, subitement se lève, les yeux horrifiés, en disant : « Merde ! J’en ai enfermé un dans le placard et j’ai oublié de lui ouvrir à la sortie de 17 heures ! » Nous étions les cinq ahuris, mais n’avons rien dit, si ce n’est de le presser d’y aller malgré le couvre-feu, et de ramener le jeune chez lui. Et je pense que ça s’est passé au mieux, puisqu’il n’y a pas eu de « suite ». Imaginez ça, aujourd’hui, dans le contexte agressif de l'école face aux parents ! Un drame national en perspective. Plus tard, après la rentrée de Janvier, je corrigeais et travaillais seule dans mon logement de fonction le soir. Mais mes petites « futures 6èmes », qui s’inquiétaient, certaines, pour le concours d’Entrée, m’ont demandé de venir le Jeudi matin chez moi pour un renforcement en Orthographe-Grammaire, et en Mathématiques. Je les prenais par tranche de cinq ou six, dans ma grande chambre, et je les faisais travailler façon « bachotage », car il n’y a que ça pour imprimer des automatismes intellectuels. 4 J’assurais aussi les études du soir, très courantes à l’époque, dans ma classe, et le Jeudi, à midi, je prenais le train pour descendre à Alger assurer l’animation plastique durant quatre heures d’affilée, à l’Institut Zaâtcha. Il me fallait être à nouveau à 8 heures le Vendredi matin à l’École de Strasbourg. J’étais très occupée ! Pas le temps de jouer les Lolita. Le seul avantage : j’arrondissais mon mois. Malheureusement, avec la situation de guerre, je ne pouvais dépenser en sorties, en voyages, je n’avais pas de créneau pour préparer le permis de conduire, donc je n’envisageais pas l’achat d’un véhicule. Une vie active qui se dessinait, avec du travail et des responsabilités, et pas de possibilités d’y échapper de temps en temps. C’était pas folichon ! 5 A mes élèves de Blida De ces petites filles algériennes, pré-adolescentes déjà, de milieux sociaux très corrects (Blida et sa plaine de la Mitidja, était une ville d'une région de l’Algérie prospère, agricole, et sa population arrivait à vivre décemment), Blida était un centre urbain actif. Il y avait un Lycée réputé de Garçons, un autre pour les filles, un Tribunal, d’où l’importance de la ville, de grosses casernes, un grand hôpital militaire, une Base militaire et civile d’aviation, le tout entouré d’une mer d’orangers, sa richesse agricole. Il ne faut pas oublier le Moulin Ricci, où on transformait le blé dur produit sur les hautes plaines intérieures, en produits de consommation comme les pâtes, les farines, les semoules de grande qualité. Il y avait aussi une Station de remonte militaire, d’où sortaient de bons chevaux de race Barbe, sélectionnés. Enfin, sur les pentes de l’Atlas qui se dressait tout près, la forêt authentique de cèdres, les fameux cèdres de l’Atlas, ainsi que, plus haut, les pentes neigeuses de Chréa, attiraient un tourisme dynamique. Mes élèves étaient à l’écoute de tout ce que je leur disais, réussissaient ou non, et j’étais là pour les aider dans ce cas. Pas d’élément perturbateur parmi elles, je n’ai pas rencontré de problème de discipline. Elles m’amenaient des fleurs, des gâteaux orientaux, elles aimaient venir chez moi travailler l’Orthographe et le Calcul, j’avais établi un tarif très modéré pour ces cours collectifs chez moi. Elles m’ont invitée, certaines, dans leurs familles. L’une, Khadidja Redjimi, était la fille du Professeur d’Arabe littéraire du Lycée de Garçons, ce dernier m’a rendu plusieurs fois visite à l’école, en toute convivialité. Une autre, dont le nom m’échappe, m’a invitée chez elle après la classe du Mercredi. Elle habitait une belle villa dans Blida. Sa mère, une jeune femme, m’a reçue, vêtue du costume d’Alger, justaucorps brodé, à manches longues, sur le pantalon typique d’Alger, long, fendu, et tout l’ensemble en velours vert vif (un régal pour mes yeux d’artiste). L’intérieur était meublé de façon riche. Après le café accompagné de pâtisseries, oh ! Stupeur, que j’ai contenue… elle est passée au piano et m’a joué un morceau classique européen ! Pour celles et ceux qui ont des idées toutes faites et inébranlables sur les populations et sur les pays du Maghreb, qu’ils apprennent ici que cette catégorie existait parmi les Algériens. 6 Sensibles à la Culture raffinée française, après la « Conquête » de l’Algérie, une catégorie indigène aisée a appris à s’ouvrir volontairement à cette Culture, sans oublier la leur, trouvant que c’était un « plus » pour eux, pour leurs enfants, pour leur rayonnement. Ça s'est passé ainsi pour les Gallo-Romains, pour les Croisés qui se sont fixés à Jérusalem, et pour bien d’autres… L’enrichissement culturel qui mène à la Prospérité. Il y a un an, le hasard m’a apporté sur mon ordinateur un extraordinaire message, venu de Suisse, écrit et envoyé comme une bouteille à la mer, par l’une de ces fillettes, depuis sexagénaire. Il s'agit de Sahraoui Baya, ce message figure dans les préfaces de ce livre. J’ai mené « mon équipe » jusqu’au Concours d’Entrée en 6ème, et j’ai eu un pourcentage de réussite de 90%. Et la fin de l’année scolaire est arrivée, on a dû se dire au revoir, elles m’ont laissé leur adresse, elles m’ont offert leur petit cadeau de départ (car je quittais le poste, c’était ainsi), et c’était finalement, de ce côté, une belle année. Par d'autres côtés, ce fut une année déconcertante, et même inquiétante. 7 Josette SPIAGGIA J'ai six ans et je ne veux avoir que six ans Éditions du Félibre Laforêt 8 Ensemble des textes disponibles dans l'ouvrage complet 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14. 15. 16. 17. 18. 19. 20. 21. 22. 23. 24. 25. 26. 27. 28. 29. 30. 31. 32. 33. 34. 35. 36. 37. 38. 39. 40. 41. 42. 43. 44. 45. 46. 47. 48. Bou-Haroun .................................................................................... Ma scolarité à l'école primaire ........................................................ De Mustapha à Biquette ................................................................. Habanita .......................................................................................... J'ai six ans ....................................................................................... Je prends le bateau pour Marseille ................................................ La cigarette ...................................................................................... Le Kassour ....................................................................................... Le port d'Alger................................................................................. Le village et le port de Bou-Haroun ............................................... Les prisonniers ................................................................................ Mes trois grandes calamités ........................................................... Noël en Finlande ............................................................................. Rêve ................................................................................................. Toujours à propos de l’École .......................................................... Les cyclamens ................................................................................. La Mouna ........................................................................................ La semaine sainte à Alger ............................................................... Le chemin de croix .......................................................................... Mes tifs ............................................................................................ Le lycée Lazerges ............................................................................. Messali Hadj .................................................................................... Mes années de Beaux-Arts .............................................................. Mes Noëls d'enfant .......................................................................... Le Sirocco ........................................................................................ Mes bonnes fées .............................................................................. Les cabanons de Bou-Haroun ........................................................ Le ravin des voleurs ........................................................................ Mes études secondaires, artistiques et sportives ........................... De la cruauté morale ....................................................................... La caserne de la Rampe Vallée ....................................................... Le marché de Bab-el-Oued ............................................................. Le cimetière de Saint-Eugène ......................................................... La colonie de Yakouren ................................................................... Le jardin de nos grands-parents ..................................................... De la santé et des médecins en Algérie .......................................... Ma formation de Normalienne ....................................................... L'AFEPA .......................................................................................... A mes bijoux .................................................................................... Mes bachots ..................................................................................... La guerre d'Algérie .......................................................................... El Riath ............................................................................................ Des amours sans espoir .................................................................. Concours d'entrée au Lycée Claude Bernard à Paris ..................... Découverte de l'Espagne de Franco ............................................... Des tournures d'esprit diverses ...................................................... Espagne de ma jeunesse ................................................................. Auberge de jeunesse de Béziers ...................................................... 21 25 28 32 36 40 43 48 51 56 61 66 72 80 81 84 87 92 96 98 100 106 108 114 120 124 128 137 143 159 167 173 178 183 187 195 197 207 214 216 221 223 235 238 240 248 250 262 9 49. 50. 51. 52. 53. 54. 55. 56. 57. 58. 59. 60. 61. 62. 63. 64. 65. 66. 67. 68. 69. 70. 71. 72. 73. 74. 75. 76. 77. 78. 79. 80. 81. 82. 83. 84. 85. 86. 87. 88. 89. 90. 10 La porte de ma cage s'ouvre ........................................................... Guelt-es-Stel .................................................................................... Fort Randon .................................................................................... Notre installation au fort ................................................................ Lettre au Général ............................................................................ La chambre du Lieutenant ............................................................. La zaouïa de Guelt-es-Stel .............................................................. Une cage pour une vierge ............................................................... Noël au Bordj .................................................................................. 25 décembre 1958 à Guelt-es-Stel .................................................. Apprendre, découvrir ...................................................................... La première lettre du Lieutenant ................................................... Mon premier stage pédagogique .................................................... Du métier d'institutrice .................................................................. Le temps des amourettes ................................................................ Le permissionnaire ......................................................................... La Gare d'Alger ................................................................................ Attentat à la grenade ....................................................................... Nouvelle brève permission à Alger ................................................. La blouse bleue ................................................................................ A propos du voile ............................................................................ A toutes celles .................................................................................. Attention au rouge à lèvres ! ........................................................... Première échappée belle ................................................................. Auxonne via la Suisse ..................................................................... Mes 20 ans à Pézenas ..................................................................... Camargue... c'est quoi pour moi ? .................................................. Comment on vous apprend que vous êtes une femme .................. De Palavas... De Brassens ............................................................... Blida, mon premier poste ............................................................... Moto et … accident .......................................................................... Ma première classe de Prépa à l'entrée en 6ème .............................. L'épreuve du CAP ............................................................................ L'Institut Zaâtcha d'Alger ............................................................... J'ai inondé Blida .............................................................................. Les sépias ........................................................................................ Notre vie de jeunes instits à Blida .................................................. Une lettre dans le tiroir ................................................................... A mes élèves de Blida ...................................................................... Ma petite sœur Christine ................................................................ L'affaire Jacques Muriot ................................................................. Castiglione et Tefechoun ................................................................ 268 270 272 276 278 281 285 292 294 298 303 306 308 310 312 315 321 323 325 327 328 331 334 335 340 345 352 355 357 359 364 366 369 371 373 377 378 380 382 384 386 389 Epilogue........................................................................................... 393 Dépôt légal à parution Première parution : novembre 2011 - Tous droits réservés - L'ouvrage papier est imprimé par Jouve - 12 rue Landelles - 35510 Cesson-Sévigné Achevé d'imprimer en novembre 2011 Éditeur : Les Éditions du Félibre Laforêt Enregistrement AFNIL : n°9531009 Mas du Félibre - 1822 Chemin St Pierre - 30800 Saint-Gilles ISBN 978-2-9531009-9-0 11