Téléchargez le discours de la présidente du Conseil régional

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Intervention de Madame Valérie PECRESSE
Présidente de la Région Ile-de-France
Assemblée plénière du CESER
Jeudi 25 février 2016
Monsieur le président du CESER,
Mesdames et Messieurs les vice-présidents,
Mesdames et Messieurs les présidents de commission,
Mesdames et Messieurs les conseillers,
Madame la directrice générale,
Intro :
Je vous remercie de l’occasion que vous me donnez de vous
présenter le programme de la nouvelle majorité du Conseil
régional d’Ile-de-France.
Mais je voudrais d’abord profiter de cette occasion pour saluer les
liens étroits qui unissent les deux assemblées régionales, le
Conseil régional d’Ile-de-France et le Conseil économique, social
et environnemental régional.
Grâce à ses compétences, ses personnalités et la qualité de ses
travaux, le CESER est un acteur majeur de la politique régionale.
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C’est pourquoi je compte m’appuyer pleinement sur votre
assemblée et votre expertise pour la mise en œuvre du
programme de la nouvelle majorité.
Mon projet :
Vous le savez, les Franciliens ont approuvé le 13 décembre
dernier un projet d’alternance pour faire de notre Région la
première d’Europe pour la croissance, l’innovation et l’emploi.
La Région Ile-de-France est une terre de grande promesse. Elle
recèle plus de richesses, de talents, d’énergie et de créativité que
la plupart des autres grandes régions d’Europe.
Faut-il le rappeler ? L’Ile-de-France, ce sont 12 millions
d’habitants et une des démographies les plus dynamiques du
continent. Ce sont 400 000 entreprises, des milliers de start-ups
et des industries numériques de premier plan. Ce sont des
universités et des pôles de recherche de réputation mondiale. Ce
sont des filières industrielles d’excellence dans l’automobile,
l’aéronautique, la santé, le luxe, l’environnement...
Et pourtant, on est saisi d’un sentiment de gâchis devant tous ces
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atouts si peu encouragés, si mal exploités.
Car l’Ile-de-France est aussi la région de toutes les inégalités.
Inégalités territoriales : d’un côté Paris et la petite couronne avec
des transports qui fonctionnent, des lycées renommés, une vie
culturelle foisonnante. Et de l’autre, la grande couronne, négligée
depuis des années, oubliée des transports, de la culture, des
investissements publics...
Inégalités sociales : à l’ouest les emplois et les entreprises, et à
l’est, les logements, et bien des difficultés sociales et des
quartiers ghettos.
Entre les deux, un réseau de transports saturé, parfois vétuste,
dans lequel galèrent tous les jours 4 millions de Franciliens. Voilà
des années qu’on nous promet le rééquilibrage à l’est : où est-il ?
Inégalités en matière d’accès à l’emploi des jeunes : il y a ceux
qui ont des diplômes et qui ont fait des stages et n’ont aucune
difficulté à trouver un emploi. Et il y a ceux qui n’ont ni l’un ni
l’autre et restent à la porte du monde du travail.
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Je veux réduire ces fractures. Je veux rendre à notre Région son
énergie et sa créativité. Qu’elle soit à l’avant garde de l’Europe
pour l’innovation. Qu’elle soit exemplaire en matière de qualité de
vie. Qu’elle fasse de nouveau rêver.
Je veux lui rendre son ambition tout simplement.
 Je veux que les entrepreneurs - de la plus petite à la très
grande entreprise - trouvent auprès de nous le soutien qu’ils
sont en droit d’attendre : des procédures plus simples, des
marchés publics plus accessibles, des factures payées dans
les délais, une attention particulière en cas de difficulté,...
 Je veux que les demandeurs d’emplois soient formés aux
métiers qui recrutent aujourd’hui et à ceux qui recruteront
demain. Il y a actuellement plus de 100 000 emplois non
pourvus en Ile-de-France chaque année et des gisements
d’emplois nouveaux dans les secteurs d’avenir. Pourquoi ne
pas en faire profiter les 700 000 demandeurs d’emplois
franciliens ?
 Je veux que tous les jeunes aient la même chance d’accéder
au marché du travail et non pas seulement les diplômés du
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supérieur. Nous allons demander à tous ceux qui reçoivent
une subvention de la Région de prendre au moins un jeune
en stage.
 Je veux que les classes moyennes ne soient pas repoussées
aux franges de notre territoire par une politique du logement
qui entretient la pénurie de logements et maintient des prix
prohibitifs... Mais qu’émergent des quartiers agréables à
vivre, écologiques, bien desservis par les transports, dotés
de commerces et de services de proximité.
 Je veux que les lycéens soient heureux d’apprendre dans un
cadre digne et que leurs enseignants puissent faire leur
travail dans de bonnes conditions. Nos lycées doivent être
modernisés, connectés et sécurisés.
 Je veux que les usagers des transports ne se retrouvent plus
piégés matin et soir dans des trains d’un autre âge,
inconfortables et si souvent en retard, mais qu’ils voyagent
dans de bonnes conditions.
Ce ne sont pas des vœux pieux mais des engagements que j’ai
pris devant les Franciliens pour les six années à venir.
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Je suis consciente de l’ampleur de la tâche mais l’attente de nos
concitoyens est, elle aussi, est immense.
C’est pourquoi nous allons lancer tous ces chantiers dans les
semaines qui viennent. Nous avons d’ailleurs déjà commencé. Le
Conseil régional a adopté le mois dernier le « bouclier de
sécurité » : il s’agit d’un ensemble de mesures destinées à
renforcer la sécurité dans les transports, les gares et les
établissements scolaires, et à lutter fermement contre la fraude
aux titres de transports, qui est source de délinquance. Ces
mesures sont indispensables pour rétablir la confiance de nos
concitoyens dans la puissance publique.
La semaine dernière, nous avons voté une série de mesures
importantes en faveur de l’emploi : le programme de 100 000
stages pour les jeunes Franciliens ; la revalorisation de
l’apprentissage qui est un véritable passeport pour l’emploi des
jeunes ainsi que la création d’une cellule de veille pour prévenir
les plans sociaux dans les entreprises en difficulté.
J’ai également, comme présidente du Stif, engagé la « révolution
des transports » qui permettra, grâce à la rénovation du matériel
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roulant et la régénération du réseau, de doter notre territoire d’un
réseau de transports en commun plus étendu, plus moderne, plus
confortable, plus sûr, plus fiable.
Le 21 mars prochain, je réunirai une Conférence régionale pour la
croissance, l’emploi, la formation, l’innovation sociale et
environnementale à laquelle seront associées toutes les forces
vives de la Région, y compris bien entendu les membres du
CESER.
Nous y définirons les grandes orientations de notre stratégie
économique. Quelles sont les conditions pour faire de l’Ile-deFrance un territoire plus attractif ? Comment rapprocher ceux qui
innovent – les universités et les centres de recherche – de ceux
qui investissent, c’est-à-dire les entrepreneurs ? Quelles
formations faut-il mettre en place pour préparer les Franciliens
aux métiers de demain ? Comment aider les entreprises en
développement à se financer ? Quelles innovations sociales
devons-nous encourager pour répondre aux nouvelles façons de
travailler ?
Nous abordons tous ces sujets sans a priori ni tabou. Notre
ambition est d’apporter des solutions concrètes et innovantes.
Le rôle du CESER :
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Vous le voyez, nous avons ouvert beaucoup de chantiers depuis
notre arrivée à la tête de la Région. Pour les mener à bien et en
ouvrir d’autres, tout aussi éminents, je compte sur une
collaboration étroite et fructueuse avec le CESER.
Dès le mois prochain, conformément au rôle qui vous est dévolu,
je saisirai le CESER du nouveau projet de budget pour 2016.
Vous le savez, ce budget est bâti sous de fortes contraintes, à la
fois en raison du calendrier et de la situation financière de la
Région.
Nous avons été confrontés à notre arrivée à une double impasse
budgétaire. D’une part, l’ardoise de 300 millions d’euros laissée
par le Pass Navigo à tarif unique, une mesure prise par nos
prédécesseurs à quelques mois de l’élection régionale et qui
n’était pas financée.
Nous devons d’autre part faire face à une diminution de nos
ressources de 140 millions d’euros, résultant de la baisse de 75
millions d’euros de la dotation globale de fonctionnement et d’une
ponction de 65 millions d’euros sur la CVAE au titre de la
péréquation.
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L’urgence a donc été, depuis notre arrivée, de trouver des marges
de manœuvre pour que le Pass Navigo unique ne pèse pas sur le
budget de la Région. Si nous avons obtenu, avec le
gouvernement, une solution pour 2016, il nous reste à trouver un
financement pérenne de cette mesure.
Nous avons également entériné des économies sur le
fonctionnement avec une diminution du train de vie de la Région,
un audit des organismes associés et la rationalisation des
surfaces immobilières…
Car nous devons aussi nous donner les moyens de renforcer
l’investissement, notamment dans les lycées, les transports, la
sécurité, l’enseignement supérieur… Les urgences ne manquent
pas !
Au delà de ce premier budget, je veux mettre en place une
nouvelle gestion des deniers publics, plus économe, plus
rationnelle, plus transparente.
Nous avons lancé audit financier et juridique afin de dresser un
état des lieux complets et de partir sur des bases saines. Je
souhaite que chaque euro dépensé par la Région le soit au
service du territoire et de ses habitants.
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Nous allons utiliser à plein les possibilités offertes par la révolution
digitale pour renouveler nos pratiques démocratiques. Un
exemple ? L’attribution des subventions sera désormais un
processus totalement ouvert et transparent, du dépôt de dossier à
la décision finale.
De la même façon, les données budgétaires de la Région seront
facilement et rapidement accessibles afin de permettre à tout
citoyen de comprendre ce que la Région et ses organismes
associés dépensent. Car l’Ile-de-France doit aussi être à la pointe
de l’innovation démocratique : une vraie « smart région »
au
service de ses habitants.
J’invite d’ailleurs le CESER à prendre part à cette révolution
collaborative que permettent les nouveaux outils numériques.
Votre assemblée aurait beaucoup à gagner à s’ouvrir davantage,
à mieux associer les citoyens à sa réflexion et à faire connaître
plus largement ses travaux. Certaines auditions pourraient être
ouvertes au public, notamment aux lycéens de la Région, et
certains de vos rapports pourraient être diffusés en anglais...
Les travaux du CESER :
Vous avez lancé ces derniers mois plusieurs travaux sur des
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sujets importants.
 Je pense, par exemple, à la question de l’avenir de la filière
bois, dont vous vous êtes autosaisis. Je vous confirme que
c’est un sujet qui intéresse l’exécutif car le bois est une filière
d’avenir pour notre politique d’agriculture et d’aménagement
du territoire.
 Vous menez par ailleurs une réflexion sur « la stratégie
européenne de la Région Ile-de-France, en lien avec la
gestion des fonds européens pour 2014-2020 ». Ces travaux
seront très utiles dans la perspective de notre nouvelle
stratégie vis-à-vis de Bruxelles.
 Il en va de même de vos travaux sur l’insertion par
l’activité économique : j’aimerais qu’ils soient versés aux
débats que nous allons avoir dans les semaines à venir sur
l’économie et l’emploi.
 J’ai enfin noté que vous travaillez sur le dispositif régional
d’accueil des touristes. C’est une préoccupation majeure
de la Région compte tenu de l’importance de l’industrie
touristique dans l’économie régionale et de la période
particulièrement difficile qu’elle traverse. Je me rends
d’ailleurs au Japon à la fin de la semaine avec la maire de
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Paris pour relancer l’attractivité touristique de la Région.
Nous serons amenés à revoir notre dispositif d’accueil d’ici
l’été et je souhaite disposer d’un premier rapport d’étape de
votre commission pour cette date.
Mais je compte aussi sur le CESER pour apporter son expertise
sur d’autres sujets. Je pense notamment aux transports. Je sais
que votre commission transports souhaite travailler sur le thème
des besoins de mobilité, des offres nouvelles et de leurs impacts.
Au-delà du sauvetage du Pass Navigo à tarif unique dont je vous
ai parlé, je veux engager rapidement les mesures ambitieuses de
la « révolution des transports » que nous allons lancer. Et
notamment le remplacement du matériel roulant et la rénovation
du réseau qui devraient permettre aux trains d’arriver – enfin ! - à
l’heure.
 Dans cette perspective, je voudrais que le CESER puisse
analyser l’impact que les retards et dysfonctionnements
actuels causent à l’économie francilienne. Cela nous
permettra d’évaluer le gain que ces investissements
représenteront pour la Région. Une heure de retard pour des
dizaines de milliers de travailleurs, ce sont des millions
d’euros de travail perdu pour les entreprises.
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Nous allons par ailleurs développer des offres nouvelles pour
améliorer la mobilité des franciliens.
 Je pense notamment au plan Mille bus pour la Grande
couronne. Je voudrais que le CESER puisse évaluer le gain
que ces mobilités nouvelles vont apporter pour l’économie
régionale.
Enfin vous savez que je vais lancer de grands investissements
sur les routes d’Ile-de-France pour les décongestionner au
maximum. Un ensemble de projets cohérents seront mis sur la
table : élargissements d’autoroutes, création de déviations
locales, création de places de parking dans les gares …
 La encore, je crois que le CESER apporterait une aide
précieuse en évaluant l’impact de la congestion routière sur
nos routes franciliennes.
De la même façon, votre expertise serait précieuse en matière
culturelle. Notre politique dans ce domaine est fondée sur
l’encouragement de la création artistique, la valorisation du
patrimoine régional et l’accès du plus grand nombre à la culture.
Le rapport que vous avez adopté en décembre sur les moyens
de « Favoriser l'accès des Franciliennes et Franciliens à
l'ensemble de l'offre culturelle » va nous être précieux notamment
pour mettre en place les outils de lutte contre les déserts culturels.
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 Je souhaiterai que le CESER dans le cadre des travaux de la
commission culture se saisisse du sujet du développement et
de l’amélioration de l’éducation artistique dans les lycées
franciliens.
En matière d’habitat, je souhaite que la commission ville habitat
et cadre de vie du CESER puisse réfléchir au thème de l’habitat
intelligent afin de mettre les innovations technologiques au service
d’un meilleur habitat. Je pense tout particulièrement aux
personnes les plus fragiles, personnes âgées ou en situation de
handicap par exemple. Ces travaux devront s’insérer dans la
problématique plus large de « Smart Région » afin de promouvoir
les innovations technologiques pour mieux répondre aux besoins
de tous.
Conclusion :
Vous le voyez, je souhaite que le CESER joue un rôle très actif
dans la nouvelle politique que je veux mettre en place en Ile-deFrance.
Le symbole de cette collaboration rapprochée sera le nouveau
siège régional dans lequel nous emménagerons tous d’ici la fin du
mandat. Ce déménagement sera le signe fort que la Région Ilede- France est rassemblée et unie au service des Franciliens. Je
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souhaite, vous le savez, que nous allions nous installer au-delà du
périphérique, dans un quartier populaire, afin de montrer notre
volonté de sobriété et de rééquilibrage du territoire. Cette maison
commune nous permettra aussi de mieux accueillir les
Franciliens.
Ensemble, nous ferons de l’Ile-de-France une collectivité plus
ouverte, plus réactive, plus innovante. Une collectivité qui
considère les Franciliens non pas seulement comme des usagers
mais comme de véritables partenaires.
Je vous remercie.
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